Titre : Obliviation

Auteur : Cheryl Dyson

Traduction : ReachingforHeaven

Rating : M

Disclaimer : De toute évidence, rien n'est à moi - je veux dire, est-ce que je ressemble à J.K. Rowling ou à Bloomsbury ?

Résumé : Quand Harry décida d'abandonner le programme d'entraînement des Aurors pour s'occuper de son jeune filleul Teddy pendant l'été, il avait déjà bien assez à s'occuper sans que Pansy Parkinson ne dépose un Draco Malfoy muet sur le pas de sa porte.

Notes de la traductrice : Voilà une nouvelle traduction de Cheryl Dyson, d'une fic écrite dans le cadre de la communauté hd_smoochfest sur LiveJournal ! Je sais que j'ai mis un peu de temps, mais je voulais traduire tous les chapitres avant de poster la première partie. Je pense publier un nouveau chapitre tous les quatre/cinq jours du coup - il faut quand même laisser le temps à mon beta de relire tout ça et de corriger mes nombreuses fautes de frappes et autres :D Voilà voilà, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !

Part One

Harry rencontra le nouveau Draco Malfoy, complètement métamorphosé, un mardi après-midi. Il venait juste de réussir à persuader Teddy de s'assoir pour prendre un thé quand on frappa bruyamment à la porte. Le brun l'ignora jusqu'à ce que Teddy lui demande, « Est-ce que tu vas aller voir, Oncle Harry, ou est-ce que tu veux que je le fasse ? »

Harry réprima un soupir. A deux heures de l'après-midi, il ne pouvait s'agir que d'avocats ou de reporters, et il n'était d'humeur à s'occuper ni des uns ni des autres ; mais il avait essayé d'apprendre à Teddy le sens du concept de la politesse, ce qui incluait le fait d'accueillir les gens qui se présentaient à sa porte et de renvoyer les visiteurs indésirables. Poliment.

« Reste ici et finis ton jus de fruit » dit-il avant de se rendre à la porte, la baguette à la main - juste au cas où. Il ne s'était pas du tout attendu à voir Pansy Parkinson et Draco Malfoy sur le pas de sa porte.

« Ne reste pas là à nous fixer d'un air ahuri, Potter, invite-nous à entrer » exigea Parkinson.

Harry songea qu'il aurait préféré laisser deux lions enragés se balader dans sa maison, mais il fit un pas de côté et leur permit d'entrer. Malfoy lui adressa un léger sourire ; le Gryffondor, surpris par ce manque d'animosité, ne put que cligner des yeux.

« Assied-toi, Draco » lui ordonna Pansy alors qu'Harry fermait la porte et les suivait dans le salon. Malfoy s'assit docilement sur le sofa, puis se contenta de le fixer, l'air d'attendre quelque chose. Parkinson commença à faire les cent pas près de la cheminée. « Très bien, Potter, étant donné que tout le monde s'en fiche complètement, je te l'ai amené. » Elle indiqua Malfoy d'un ongle parfaitement manucuré. « Soigne-le. »

Harry haussa les sourcils et secoua la tête. « Je… je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire. »

Parkinson leva les yeux au ciel. « Tu vis sous un rocher ou quoi ? Tu sais sûrement ce qui s'est passé ? »

Le brun jeta un coup d'œil à Malfoy et fronça les sourcils. Il connaissait une partie de l'histoire, bien sûr. Tout le monde était au courant. Des Mangemorts sans scrupules étaient entrés par effraction au Manoir Malfoy ; ils avaient tué Lucius et Narcissa, avant de mettre le feu au bâtiment. Les elfes de maison avaient réussi à éteindre l'incendie avant que les dommages ne soient trop graves. Draco n'était pas chez lui quand tout cela était arrivé. « Je suis au courant pour l'attaque, oui » admit Harry, adressant un regard presque sympathique au blond, mais le visage de Malfoy était curieusement impassible, et il fixait d'un air énigmatique.

« Est-ce que tu savais aussi que Draco a été à Sainte-Mangouste pendant presque un mois ? » demanda-t-elle.

Harry fit non de la tête. « Je me suis absenté » dit-il. Il s'était mis en vacances pendant l'été pour s'occuper de Teddy, et aussi pour prendre le temps de réévaluer sa vie et de décider si oui ou non il voulait continuer sa formation d'Auror. Tout ce qu'il avait été auparavant si certain de désirer lui semblait maintenant consister avant tout de politique, de rapports - et sutout manquer complètement d'excitation.

« C'est ce qu'on m'a dit. Tu as donc dû manqué la partie de l'histoire où quelqu'un est retourné au Manoir pour finir le travail. Draco a été attaqué, et on lui a jeté un sortilège d'Amnésie. Il ne se rappelle quasiment de rien. » Sa voix était emplie d'amertume quand elle ajouta, « Il se souvient à peine de moi ! »

Malfoy fronça les sourcils en le regardant ; il fouilla dans la poche de sa robe et en sortit un petit bloc-notes et une Plume Auto-encreuse. Il écrivit pendant un moment avant de montrer son carnet à Pansy. Elle ferma les yeux comme si elle essayait de se contenir, puis fit quelques pas vers lui pour jeter un coup d'œil à ce qu'il avait écrit. Harry regarda leur échange, perplexe. Parkinson se redressa et adressa au blond un sourire indulgent.

« Je sais que tu te souviens de moi au Bal de Noël, Draco. Mais c'était il y a huit ans. » Elle soupira et jeta un regard noir à Harry. « Tout le monde s'en fout complètement, au Ministère. Ils ne sont même pas capables de retrouver les responsables du meurtre de ses parents, et ils n'en ont rien à faire qu'il soit devenu… comme ça. »

L'expression de Malfoy devint plus familière, se changeant en un regard hautain. Il griffonna à nouveau quelque chose sur son carnet.

« Pourquoi - ? » commença Harry.

« Il ne peut pas parler, Potter ! C'est évident pourtant, non ? Il a perdu la moitié de sa foutue mémoire ; il ne peut plus parler et il a perdu sa baguette… Putain, il est quasiment devenu un Cracmol maintenant ! Même avec une baguette, il ne peut plus lancer aucun sortilège. Je veux que tu le soignes ! »

Le brun la regarda, bouche bée. Draco Malfoy ? Muet ? Incapable de lancer des insultes, de faire des remarques d'un air supérieur, ou de cracher ses habituelles paroles haineuses et méchantes ? Cela ressemblait presque à un don du destin ! Comme une sorte de justice divine. « Mais, s'ils n'ont pas pu l'aider à Ste Mangouste, qu'est-ce que tu veux que je - ? »

« Je m'en fiche, Potter. Fais appel à ton énervante copine tellement intelligente et au reste des crétins de Gryffondor, et trouve une solution ! D'après moi, tu as une dette envers lui. »

Malfoy avait arrêté de griffonner après avoir jeté un regard noir à son ami, réalisant qu'apparemment Parkinson n'avait pas du tout l'intention de lire ce qu'il avait écrit. Il fit une boule de papier avec la feuille, puis il jeta un coup d'œil autour de lui - peut-être pour essayer de décider ce qu'il allait en faire.

« Comment ça, j'ai une dette envers lui ? » demanda Harry.

« Tu avais une dette de vie envers sa mère. Maintenant qu'elle est morte, la dette est passée sur Draco. »

Le brun leva les yeux au ciel. « Il me doit une dette de vie. Elles doivent s'annuler, toutes les deux. »

« Oncle Harry ? J'ai fini mon jus de fruit. »

Harry baissa les yeux et découvrit Teddy près d'eux, qui essayait de se faire le plus discret possible. Il baissa la main pour caresser les cheveux de son filleul, qui étaient bruns à ce moment-là. On lui avait appris à l'école à faire en sorte que ses cheveux et ses traits soient les plus « normaux » possibles quand il rencontrait des gens nouveaux. Avant qu'Harry n'ait le temps de lui demander de retourner à la cuisine, Parkinson s'avança vers lui et s'accroupit pour se mettre au même niveau que Teddy.

« Bonjour, toi » dit-elle d'un ton joyeux. « Quel charmant jeune homme ! Mon nom est Pansy. »

Teddy rayonna. « Je m'appelle Teddy Lupin ! » annonça-t-il. « Lui, c'est mon Oncle Harry. »

« Je sais. Nous sommes de très vieux amis. Et voilà Draco Malfoy - il te dirait bien bonjour, mais il ne peut pas parler. »

Teddy écarquilla les yeux et il fixa Malfoy du regard. « Tu ne peux pas ? »

Le blond secoua la tête, l'air solennel.

« Alors comment tu fais pour demander des biscuits ? »

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Malfoy et Harry le fixa à son tour. Il n'avait jamais vu une expression pareille sur le visage du blond - de l'amusement, oui, mais jamais dépourvu de toute malveillance. Lorsqu'il pencha la tête pour écrire sur son carnet, il avait un air ouvert et amical. Teddy se dépêcha de le rejoindre pour découvrir ce qu'il faisait.

« Oh, tu prends des notes ! Je sais lire ! » annonça Teddy d'une voix forte. Il se retourna pour regarder Harry d'un air fier. « Je peux lire ses notes ! »

Harry eut un sourire encourageant ; il se demanda comment il allait détacher Teddy de Malfoy, et surtout comment il allait se débrouiller pour faire partir l'ancien Serpentard de chez lui.

« Je sais, Teddy, tu lis très bien pour ton âge. Est-ce que ça te dérangerait d'aller - ? »

Parkinson lui coupa la parole. « En fait, je dois partir, Potter. Je vais juste laisser Draco ici avec toi, et revenir voir comment il va samedi. » annonça-t-elle d'un ton neutre, avant de passer près de lui et de se diriger vers la porte.

« Quoi ? » demanda Harry, faisant volte-face et lui jetant un regard noir. « Tu ne peux pas faire ça ! »

« Et bien, il ne peut pas venir avec moi, Potter. Je pars en Suisse avec Mère pour le reste de la semaine. Je suis sûre que tu seras capable de l'aider. » Elle parla un peu plus fort. « Salut, Draco ! Je vais revenir bientôt pour m'assurer que Potter ne te maltraite pas ! »

« Le maltraiter ? Attends ! Il ne peut pas rester ici ! »

Parkinson ouvrit la porte. « Bien sûr que si. Tu as plein d'espace ici, et il ne te dérangera absolument pas. Tu verras. A samedi, Potter. » Après ces quelques mots, elle descendit les marches du perron, lui adressa un salut presque coquet et transplana. Harry fixa du regard l'endroit où elle avait disparu, avant de jeter un coup d'œil aux alentours pour vérifier si des passants moldus se trouvaient dans la rue. Heureusement, il semblait qu'il n'y avait personne.

« Merde » murmura-t-il, et il referma la porte. Il retourna au salon, et s'arrêta net sur le pas de la porte. Malfoy était étendu sur le sol près de Teddy. Pendant un instant terrifiant, Harry pensa qu'il y avait eu un accident, puis il remarqua qu'ils avaient tous les deux des dragons en peluche appartenant à son filleul dans les mains.

« … et celui là est un gentil dragon » était en train d'expliquer Teddy. « Il arrive et il écrase les méchants dragons qui mangent les gens. Comme ça ! » Le garçon frappa ses autres dragons avec celui qu'il tenait tout en poussant une sorte de rugissement. Ses cheveux avaient pris une couleur bleu électrique. Harry soupira, se massant les tempes pour essayer de se débarasser du mal de tête qui le lançait soudainement.

« Teddy, qu'est-ce que je t'ai dit à propos de casser tes jouets ? » demanda-t-il.

« Mais tu les répares toujours pour moi, Oncle Harry. »

« Je sais, mais ça commence à me fatiguer d'avoir à le faire. Tu devrais essayer de les laisser intacts pour un moment, ok ? »

« D'accord » dit Teddy d'un air triste. « Draco, n'écrase pas les dragons. Harry a dit qu'on devait jouer gentiment. »

Malfoy hocha la tête et croisa le regard d'Harry avec un sourire, que ce dernier ne lui retourna pas.

« Teddy, est-ce que tu veux bien emmener tes jouets là-haut et les ranger ? J'ai besoin d'une minute pour parler avec Malfoy. »

« Je pensais que son nom était Draco. »

« Oui, d'accord. J'ai besoin de parler à Draco. En privé. »

Teddy poussa un bruyant soupir, mais il réunit ses dragons et les emmena hors de la pièce. « Salut, Draco, et merci d'avoir joué avec moi. »

Malfoy sourit et lui adressa un signe de la main en se relevant. Teddy traversa le hall avec bruit, puis monta les escaliers en sautillant. Harry secoua la tête, avant d'admettre, « Il est gentil. Je l'ai chez moi cet été, Andromeda est partie en Italie pour des vacances bien méritées. »

Malfoy hocha la tête poliment, et Harry réalisa qu'il avait vraiment perdu la mémoire. Ses yeux ne montraient aucun signe de reconnaissance à la mention de sa tante Andromeda. « Est-ce que tu te souviens de moi ? » demanda-t-il avec douceur.

Malfoy hocha à nouveau la tête, l'air presque impatient cette fois. Il ressortit son carnet et griffonna quelque chose pendant un moment avant d'arracher la feuille de papier et de la tendre au brun.

Je t'ai vu dans une boutique de vêtements quand on était enfants et je me souviens que je voulais être ton ami.

Harry prit une brusque inspiration, surpris et se sentit curieusement coupable. Il avait rejeté l'amitié de Malfoy quand ils étaient plus jeunes. Il devait sûrement s'en souvenir, non ? Il leva les yeux et commença à parler, mais Malfoy avait recommencé à écrire et déchira une nouvelle feuille.

Et tu m'as sauvé d'un feu.

Harry le fixa du regard, et ne découvrit en face de lui que des yeux écarquillés et innocents qui le fixaient d'un air étonnamment… admiratif. C'était presque dérangeant, en particulier quand il remarqua que sans son habituelle expression hautaine et agressive, Malfoy était assez séduisant en vérité.

« Est-ce que tu te souviens pourquoi ? » demanda Harry.

Malfoy fit non de la tête et fronça les sourcils. Si son comportement était simulé, on pouvait dire que le blond était un sacré bon acteur. En dépit de son agacement, Harry était curieux. Il ne parvenait pas à trouver une raison logique qui expliquerait pourquoi Malfoy ferait semblant d'être muet, et il était vrai que ses parents avaient été assassinés. Il indiqua le sofa d'un geste et attendit que l'autre homme soit assis pour prendre lui-même place sur une chaise en face de lui.

« Est-ce que tu te souviens de quoi que ce soit à propos de comment tu as… perdu la mémoire ? Est-ce qu'on t'a attaqué ? »

Malfoy lui sourit avec une ironie désabusée, plongea à nouveau la main dans la poche de sa robe et en sortit un parchemin plié. Il chercha avec la pointe de sa plume pendant un moment, puis se pencha vers le brun pour lui passer la feuille.

Pansy m'avait dit que tu allais me demander, avait-il écrit.

Sur la page s'étalait une écriture ronde, très différente des lignes élégantes de Malfoy, et on pouvait y lire un compte-rendu assez supercifiel des observations et des hypothèses de Parkinson. Elle l'avait retrouvé inanimé sur le sol de sa chambre au Manoir Malfoy, après que son ami eut manqué leur rendez-vous pour le déjeuner. Les elfes de maison avaient apparemment été incompétents, et avaient refusé de parler à Parkinson - sauf pour lui demander de « soigner Maître Draco ». Le blond ne se souvenait de rien en ce qui concernait les évènements précédant son accident. Elle avait écrit : Draco ne se rappelle de presque rien concernant sa période adulte. Il a seulement quelques souvenirs qu'il n'arrive pas vraiment à relier les uns aux autres, bien qu'il semble se souvenir de la plupart de son enfance. Les Guérisseurs disent qu'ils ne savent pas si son état est permanent ; mais je pense en fait qu'ils préfèrent simplement rester évasifs plutôt que de nous dire la vérité. Je veux que l'ancien Draco revienne. Elle avait souligné de deux traits la dernière phrase.

Harry leva les yeux quand Draco agita une autre feuille sous son nez. Il la prit et lut, Est-ce que j'ai tellement changé ? Le brun eut un sourire ironique. Le simple fait que Draco Malfoy se trouve dans sa maison et qu'ils ne soient pas en train de se hurler des insultes ou de s'échanger des maléfices et des coups répondait à la question.

« Cela reste à voir, je suppose. Viens, si tu dois rester ici, je pense qu'on devrait te trouver une chambre. » Harry se leva, mais le blond resta assis, toujours en train d'écrire. Il déchira la page et la lui tendit.

Je ne veux pas être un poids. Je peux retourner chez moi, ou à l'hôpital.

Harry secoua la tête. La demeure des Malfoy avait été incendiée. Il avait lu le rapport et savait qu'il y avait tout de même eu pas mal de dommages. Et Ste Mangouste… Et bien, il ne souhaitait à personne d'avoir à y passer un certain temps. Lui-même s'y était retrouvé assez souvent pour vouloir éviter les lieux jusqu'à la fin de sa vie. Et en vérité, Harry était assez curieux ; cela ne serait sûrement pas si difficile de supporter Malfoy pendant quelques jours, et il pourrait découvrir quels souvenirs il lui manquait précisément. Hermione allait probablement être intriguée, elle aussi.

« C'est bon. Parkinson - Pansy a raison. J'ai beaucoup de place. En fait, tu peux même choisir ta chambre, il y en a plein. »

Il conduisit Malfoy à l'étage où ils furent rapidement rejoints par Teddy, qui sauta littéralement de joie quand il apprit que l'ancien Serpentard allait rester, et commença à lui faire faire la visite de la maison tout en décrivant les caractéristiques de chacune des pièces.

« Et celle-là, c'est la meilleure ! » annonça-t-il en ouvrant la porte de la dernière des chambres de l'étage. « Elle est juste à côté de la mienne et celle d'Harry est en face, comme ça tu seras à côté si tu fais un cauchemar et que tu as besoin d'aller dans son lit pour avoir un câlin. Il connait plein de moyens pour faire partir les monstres. »

Harry manqua de s'étouffer et essaya de le cacher avec une quinte de toux ; quand il leva les yeux, il croisa le regard gris de Malfoy qui brillait d'amusement. L'air sembla brusquement s'épaissir et le brun se sentit étrangement fiévreux quand il réalisa que l'idée de Draco le rejoignant dans son lit était bien moins amusante que ce qu'elle aurait dû être.

Malfoy passa un papier à Teddy et le garçon la lut à haute voix, butant juste un peu sur certains mots. « 'Et bien, je pense que je vais prendre cette chambre alors.' Oncle Harry ! Draco veut cette chambre-là ! » Teddy commença à danser sur place, et le blond éclata de rire. Un léger sourire se dessina sur les lèvres d'Harry.

« Très bien. Je vais faire en sorte que Kreattur prépare la pièce. Il peut… euh… emprunter un de mes pyjamas pour cette nuit. » Il se sentit rougir en pensant à Malfoy portant son pyjama, puis se rabroua mentalement. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?

Draco écrivit un autre mot. J'enverrai une lettre à Ste Mangouste pour mes vêtements. La plupart de mes affaires sont encore au Manoir, mais je ne peux pas m'y rendre tout seul. Il grimaça quand il tendit la note à Harry, qui réalisa alors qu'être muet était un handicap terrible dans le monde sorcier. Le blond devait être incapable de jeter des sorts ou même de voyager par le réseau de Cheminette. Il pouvait probablement transplaner, mais pas sans une baguette magique.

« Est-ce que tu peux toujours voler ? Sur un balai, je veux dire » demanda Harry.

Malfoy hocha la tête et ses yeux semblèrent s'animer. L'ancien Gryffondor ressentit quelque chose ressemblant à du soulagement et réalisa qu'il s'était senti désolé pour lui, un sentiment légèrement atténué maintenant qu'il savait que l'autre homme pouvait toujours voler.

« Parc ! Parc ! Parc ! » se mit soudain à hurler Teddy, agrippant la main de son parrain et la tirant avec violence. Pour un enfant si jeune, le petit garçon était une véritable brute.

« Teddy, je ne vais pas être capable d'utiliser mon bras si tu me démets la clavicule » dit Harry.

« Qu'est-ce que c'est, une clavicule ? »

Il lança un regard désolé vers le blond. « D'habitude, j'emmène Teddy au parc l'après-midi. Est-ce que tu veux nous accompagner ? » En fait, il ne s'agissait pas d'une simple question polie - il ne faisait pas assez confiance au Serpentard pour le laisser seul dans sa maison. Pas que Harry ait quoi que ce soit à cacher, sauf si l'on prenait en compte la pornographie qu'il avait dissimulée dans un coffre fermé à clef au fond de son armoire - et il considérait définitivement cet élément comme quelque chose qu'il préférait garder caché.

Teddy reporta son attention, et son étreinte, sur le bras de Malfoy. « Viens avec nous, Draco ! Viens avec nous ! Viens avec nous ! » Ses cheveux étaient également passés du bleu à un rose éclatant. Harry n'avait pas réussi à trouver la moindre logique dans les changements de couleur des cheveux de son filleul - en de rares occasions, la couleur de sa peau pouvait aussi changer.

Malfoy se contenta de sourire et hocha la tête, apparemment pas du tout perturbé par l'excitation du garçon. Harry envoya ce dernier chercher une veste, bien que la journée soit plutôt chaude. Teddy avait l'habitude de finir trempé ; si il y avait de l'eau dans le parc, il finirait toujours par la trouver, généralement en tombant dedans.

Comment ses cheveux font-ils pour changer de couleur ? écrivit Malfoy.

Le brun passa les quelques minutes suivantes à expliquer le principe des capacités de Métamorphage que possédait son filleul, et qu'il les avait héritées de sa mère. Harry refoula une pointe de tristesse en évoquant le souvenir de Remus et de Tonks, et ajouta, « Sa grand-mère est la sœur de ta mère. Teddy est ton cousin. »

Malfoy écarquilla les yeux de surprise, et quand Teddy revint, le blond mit un genou à terre et attira le garçon dans ses bras.

« Hey ! Qu'est-ce que j'ai fait ? » demanda ce dernier, mais il gloussa et entoura la nuque du Serpentard de ses petits bras, prenant bien soin de ne pas lui faire mal avec la licorne en bois qu'il tenait à la main.

Quand Malfoy se releva, Harry fut choqué de voir que ses yeux humides brillaient de larmes contenues. Il retint son souffle quand Malfoy commença à écrire - il changeait rapidement d'opinion à propos du Serpentard, et c'était légèrement alarmant.

Ils ont dit que mes parents ont été assassinés, même si je ne m'en souviens pas. J'ai cru que je n'avais plus de famille.

Harry ressentit une pointe de culpabilité et déglutit, la gorge serrée. « Viens » dit-il, et il attira Teddy près de lui en posant une main sur son épaule. « Je vais nous faire transplaner tous ensemble. Le parc n'est pas loin. » Il n'était pas tout à fait sûr de l'endroit où il devait toucher Malfoy ; il décida finalement de faire comme s'il s'agissait de Ron et passa un bras autour de ses épaules. Le blond s'avança et Harry fut assailli par l'odeur musquée de son eau de cologne. Il se demanda si elle était améliorée avec une formule d'Attraction, parce qu'il se retrouvait soudain un peu déboussolé et avait du mal à respirer. « Accrochez-vous » dit-il sur un ton brusque et il se força à se concentrer sur leur destination plutôt que sur la chaleur de Malfoy à ses côtés.

»»»»

A Hyde Park, il y avait une section cachée uniquement connue des sorcier, ce qui était une chance pour Harry. Côtoyer les Moldus était une entreprise difficile, étant donné le manque de contrôle de Teddy. Après une courte promenade, le garçon en question se précipita vers un groupe de canards ; la plupart s'envolèrent à son approche, mais quelques uns - les plus stupides - se contentèrent de se dandiner rapidement pour se mettre hors de sa portée.

« Il ne va pas tarder à tomber dans le lac » commenta Harry, observant Teddy se précipiter à la poursuite d'un colvert à la tête couleur émeraude avec obstination, qui s'envola avec un cri offusqué quand le garçon lui sauta dessus.

« Je l'ai presque attrapé celui-là, Oncle Harry ! Tu as vu ? »

« J'ai vu, Teddy » lui cria Harry. Il n'était pas sûr de ce que son filleul comptait faire d'un canard si jamais il parvenait à un attraper un, mais il imaginait très bien l'oiseau dans une cage dans la chambre du garçon. Une fois de plus, il se demanda s'il devait lui acheter un animal ; il n'était juste pas certain de quelle serait la réaction d'Andromeda à son retour. Il supposait qu'il pourrait le garder Square Grimmaurd, du moment que ce n'était pas un chien géant ou quelque chose du même genre…

Les méditations d'Harry furent interrompues par la note que lui tendit Malfoy.

Tu n'as pas l'air de m'apprécier.

Il jeta un coup d'œil au blond, tripota nerveusement la mèche qui lui tombait devant les yeux, puis haussa les épaules. Si Malfoy retrouvait ses souvenirs, il s'en souviendrait assez bien tout seul. « On a une certaine histoire, tous les deux » admit-il.

Le Serpentard inspira brusquement et écrivit, Est-ce qu'on a été amants ?

La mâchoire d'Harry manqua de se détacher quand il lut la phrase, et il lui fallut quelques instants pour réussir à produire le moindre son. « Non ! Merlin, non ! »

Malfoy fronça les sourcils et griffonna quelque chose. Le brun regarda Teddy chasser un autre canard jusqu'à ce que l'autre homme lui mette un autre papier sous le nez. Il le prit.

Tu es homophobe ? Je ne voulais pas t'offenser.

« Non, bien sûr que je ne suis pas homophobe » répondit-il d'un ton sec. « En fait, je suis presque sûr d'être - » Il retint la suite de sa phrase, réalisant qu'il ne voulait pas révéler son orientation sexuelle à Draco Malfoy. « Peu importe. Ce que je veux dire, c'est que toi et moi… et bien, on ne s'est jamais vraiment entendus. Depuis qu'on est gamins. Tu ne te souviens vraiment de rien à propos de Poudlard ? »

Il haussa les épaules, avant d'écrire. J'ai des flashs, parfois. Je me souviens de toi en train de jouer au Quidditch et je crois qu'on avait cours de Potions ensemble. Tu n'arrêtais pas de me regarder d'un air furieux, maintenant que j'y pense. Et je me souviens que tu avais deux amis que j'enviais.

Une surprise de plus. Malfoy était jaloux de Ron et d'Hermione ? « Pourquoi ? »

Le blond haussa à nouveau les épaules, et se mordit la lèvre inférieure pendant un instant, attirant l'attention d'Harry. Parce qu'ils étaient avec toi.

Le Gryffondor en eut le souffle coupé et il fixa l'autre homme du regard - les joues pâles de ce dernier avait légèrement rougi, ce qui le surprit complètement. Merlin, il ne pouvait pas être en train d'avoir réellement cette conversation avec son ancien ennemi dont l'horrible personnalité avait toujours empêché Harry de le trouver ne serait-ce que légèrement attirant. Il se demanda si cette perte de mémoire avait aussi éliminé son caractère désagréable ou si ces aspects plus agréables de sa personnalité s'étaient toujours trouvé là, cachés sous la façade hautaine de l'ancien Draco.

Heureusement, Teddy choisit ce moment précis pour glisser dans le lac avec un cri et dans un grand bruit d'éclaboussure, et Harry cessa d'examiner les traits élégants de Malfoy pour s'élancer et récupérer son filleul.

»»»»

Harry s'agenouilla devant la cheminée dans la cuisine et utilisa le réseau de Cheminette pour contacter Luna, qui travaillait à Ste Mangouste, au Département de Pathologie des Sortilèges. Il n'était pas encore tout à fait prêt à appeler Hermione et à admettre que Malfoy vivait chez lui, même si ce n'était que temporaire.

Luna se sembla pas surprise de le voir - mais d'un autre côté, elle ne semblait jamais surprise par quoi que ce soit - et Harry lui expliqua que Pansy avait déposé Malfoy sur le pas de sa porte.

« C'est une chance que Draco se souvienne encore de quelques choses, vraiment » dit Luna. « Tu te souviens de Gilderoy Lockhart ? Il a toujours du mal à se rappeler de son propre nom. Au moins, Draco a conservé la majeure partie de sa personnalité, et la mémoire inhérente de qui il est. On dirait presque que seulement certaines parties de sa mémoire ont été détruites, alors que le pauvre Professeur Lockhart a eut des dommages plus généralisés. »

« Tu penses que les attaquants de Malfoy essayaient de cacher quelque chose en particulier ? » demanda Harry.

« On dirait, oui. »

« Et on ne peut rien faire ? »

« La mémoire est une chose délicate, Harry, et il y a peu de gens qui veulent bien y consacrer du temps. Nous avons d'autres maladies, plus urgentes, à traiter. Il n'y a juste pas assez de Guérisseurs. »

Harry soupira et hocha la tête. La Magie de l'Esprit était un domaine où le nombre d'experts était assez restreint, et les spécialistes préféraient se focaliser sur les anomalies mentales comme les psychoses, ou essayer de déterminer pourquoi certains sorciers étaient des Cracmols. « Et pour le fait qu'il ne puisse pas parler ? »

Luna eut un sourire. « Il n'en est pas incapable, il a juste oublié comment faire. Je suis sûre qu'il peut réapprendre, même s'il va falloir s'armer de patience. Il a besoin qu'on lui explique comme on apprendrait à un enfant, pour qu'il puisse créer de nouvelles connections neuronales. »

Harry doutait de pouvoir réussir à apprendre à Malfoy à parler avant samedi - le jour où il devait remettre le blond entre les mains de Parkinson -, mais au moins il s'agissait de nouvelles prometteuses.

« Qui travaille sur son affaire ? » demanda-t-il.

« Au Ministère ? Tu as bien plus de chances que moi de le savoir. »

Il secoua la tête. « J'ai pris un congé pour pouvoir m'occuper de Teddy cet été. Je n'ai pas mis les pieds au Ministère depuis un mois. » En vérité, Harry n'était pas complètement sûr de vouloir y retourner. L'entraînement des Aurors n'était pas ce à quoi il s'était attendu - cela ressemblait bien trop à une continuation de l'école pour lui, avec des cours de Théorie Magique Appliquée et des heures de réunions mondaines et des quantités grotesques de papiers à remplir, dont des dissertations où ils devaient régurgiter tout ce qu'ils avaient appris. Seulement une infime partie de tout cela semblait avoir un quelconque intérêt pratique.

Harry aurait pu contacter Kingsley Schacklebot, mais il n'avait pas envie d'avoir à écouter des questions pénibles sur la date à laquelle il comptait revenir ; de plus, il serait étonnant que Kingsley veuille bien lui révéler des informations sur une affaire en cours.

Ce qui lui laissait Ron et Hermione. Ron suivait toujours l'entraînement des Aurors et il serait sûrement prêt à tout faire pour trouver ce dont Harry avait besoin, mais il était tout sauf subtil - et la simple mention du nom « Malfoy » pourrait le faire sérieusement hésiter. Hermione était plus fiable, mais ne serait sans doute pas prête à faire ce qu'elle ne manquerait pas de considérer comme « violer le règlement » - en particulier depuis qu'elle avait commencé à travailler pour le Département de la Justice Magique.

Harry remercia Luna, puis il se rendit au grenier pour envoyer une chouette à Ron et à Hermione. Il avait découvert qu'il était en général plus facile de leur faire face tous les deux à la fois. A sa grande surprise, une troisième chouette se tenait sur un perchoir, entre la sienne et celle de Teddy. En effet, Harry avait fini par céder et il avait fait l'acquisition d'une chouette pour remplacer Hedwige - même s'il s'agissait cette fois d'un hibou trapu aux hurlements perçants, qu'il avait nommé Attila. Son filleul possédait également une chouette, une boule de plumes beige que Teddy avait nommée Olaf.

Le hibou grand-duc de Malfoy était immédiatement reconnaissable. Il hululait d'un air mélancolique, et Harry lui donna une friandise avant d'attacher ses lettres aux pattes d'Attila et d'Olaf, et de les lâcher dehors.

Il rentra presque dans Malfoy en redescendant, arrivant devant les chambres juste au moment où ce dernier sortait de celle de Teddy. Le blond lui adressa un sourire et mima quelqu'un en train de dormir. Harry jeta un coup d'œil dans la chambre de son filleul, et vit Teddy allongé sur son lit, profondément endormi, recouvert d'une couverture légère. L'espace d'une terrifiante seconde, il crut que le Serpentard avait fait quelque chose au petit garçon et que ce dernier n'était pas du tout en train de dormir - puis Teddy se retourna et serra un de ses jouets en peluche un peu plus près de lui. Le cœur du Gryffondor retouva un rythme normal et il se sentit coupable pour avoir permis à de vieux préjugés de brouiller la vue qu'il avait de Malfoy.

Il se retourna vers le Serpentard, qui venait d'écrire une autre note et la lui tendait d'un air impatient.

Il est charmant. Merci de me permettre de passer du temps avec lui. Je ne pense pas que j'aime beaucoup les enfants, mais il se peut qu'il soit la seule famille qu'il me reste.

Harry résista à l'envie de froisser la feuille de papier, son sentiment de culpabilité multiplié par dix après sa lecture. « Et bien, il y a aussi sa grand-mère, ta tante. » Avisant le regard impassible de Malfoy, il ajouta, « Tu sais, la sœur de ta mère. »

Je ne me souviens pas d'elle.

Harry hocha la tête, songeant à quel point cela avait dû être triste pour Andromeda qu'on lui ait interdit de voir le fils de sa propre sœur, simplement parce qu'elle avait choisi d'épouser un fils de Moldus. Pendant un moment, il ressentit une pointe de colère envers Lucius et Narcissa, qu'il repoussa immédiatement - car après tout, ils avaient payé le prix ultime pour les choix qu'ils avaient faits.

« Ton hibou est au grenier, au fait. »

Les yeux de Malfoy s'animèrent d'une lueur joyeuse - il était tout simplement à couper le souffle - et il se précipita vers l'escalier, et Harry ne put que le suivre du regard, stupéfait. Merde, il commençait vraiment à apprécier ce nouveau Malfoy.

»»»»

Harry se trouvait dans la cuisine en train de préparer le dîner quand Malfoy redescendit. Il se retourna pour lui adresser un sourire, mais son visage s'assombrit quand il vit que l'expression agacée du Serpentard.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » lui demanda Harry.

Le blond s'assit à la table et sortit sa plume habituelle et un morceau de parchemin. Je me souviens de mon hibou. Le revoir m'a fait penser à d'autres choses, comme les fois où ma mère m'envoyait des sucreries à l'école. Pansy m'a raconté qu'elle avait été assassinée. J'aurais préféré qu'elle ne me le dise pas, parce qu'alors je pourrais faire comme si elle était encore en vie.

« Mais… C'est mieux de savoir la vérité même si elle est désagréable, tu ne crois pas ? » lui demanda le Gryffondor avec douceur, prenant place en face de lui.

Malfoy eut un faible sourire. J'ai souvent trouvé que la vérité était plus une gêne qu'un atout.

Harry sourit. « Voilà, ça, ça ressemble au Draco Malfoy que je connais. »

Ce dernier prit une expression sérieuse alors qu'il recommençait à écrire, et peu après il lui tendit une autre note. Pourquoi est-ce que tu me détestes ?

Le présent dérangea Harry, même si c'était vrai que quelques heures plus tôt, il détestait encore Malfoy. « Je ne te déteste pas. Je veux dire, je suppose que je t'ai détesté, mais on était à l'école et on devait tous les deux supporter la pression de… pas mal de choses. Les circonstances, tu sais. Ou tu ne sais pas, si tu n'arrives pas à t'en souvenir, mais… » Il réalisa qu'il était en train de bafouiller et que ses paroles n'avaient sans doute pas le moindre sens.

« Peut-être que si tu écris ce dont tu te souviens à propos de Poudlard, je pourrais essayer de te raconter ce qui te manque ? Je pourrais aussi trouver une Pensine, peut-être. Ils n'ont pas essayé ça à Ste Mangouste ? »

Malfoy secoua la tête. Je ne pense pas que mon cas les ait assez intéressés.

Harry fut sur le point de protester. Ses expériences avec le personnel de l'hôpital avaient toujours été positives - mais il referma brusquement la bouche, reconnaissant qu'il avait probablement reçu un traitement particulier, et que ce ne serait certainement pas le cas pour le fils de Mangemorts reconnus.

Est-ce que tu veux vraiment m'aider, ou préfères-tu que je parte ?

Il lu la feuille de papier, puis releva la tête et croisa le regard calme de Malfoy. Il savait qu'il devrait lui demander de partir. Après tout, Harry devait déjà s'occuper de Teddy, et Draco Malfoy ne lui avait jamais attiré autre chose que des ennuis. Cela dit, il devait toujours une dette de vie à Narcissa et maintenant qu'elle était morte, il ne serait jamais capable de la rembourser. Il était sûr que son dernier souhait aurait été qu'Harry aide son fils.

Et il ne pensait pas que qui que ce soit d'autre veuille bien aider Draco. Pansy avait tout du moins confirmé cette théorie en l'amenant ici.

Malfoy ferma les paupières, et Harry réalisa qu'il avait attendu trop longtemps pour parler. Il tendit la main et agrippa le tissu de sa manche alors que le blond semblait prêt à repousser sa chaise et à partir.

« Non ! Je… Je veux aider » dit Harry, sans relâcher la manche de Malfoy. « S'il te plait, ne t'en va pas. »

Il raffermit la pression qu'exerçaient ses doigts pendant un instant, puis se détendit. Le Serpentard l'étudia pendant un moment avant de hocher la tête. Harry sentit un soulagement dont l'intensité le surprit l'envahir et il se rendit compte qu'il désirait vraiment aider l'autre homme - même s'il songea avec ironie qu'Hermione ne manquerait pas d'attribuer cet élan à son « habitude jouer les héros ».

« Merci » dit-il. « Maintenant, il est temps que je nous fasse à dîner, alors si tu veux bien écrire ce que je t'ai proposé pendant ce temps-là, je te récompenserai par un exemple de mes médiocres talents de cuisinier. » Harry relâcha la manche de Malfoy avant de placer impulsivement sa main sur son poignet et de le serrer légèrement entre ses doigts. Même s'il s'agissait d'un geste étrange, cela lui semblait d'une certaine façon… parfait.

Le Serpentard jeta un coup d'œil à sa main mais n'essaya pas de se dégager. Finalement, il hocha la tête et haussa les épaules. Harry finit par relâcher sa prise ; il ressentit une pointe de quelque chose ressemblant presque à de la fierté quand il réalisa qu'il avait réussi à toucher Malfoy d'une façon amicale - et qu'il avait survécu. Peut-être qu'il s'agissait vraiment d'un nouveau départ.

Le blond recommença à écrire et Harry retourna à ses fourneaux. Kreattur avait bien essayé de s'occuper des repas, mais ses compétences en matière de cuisine étaient épouvantables, alors c'était à son maître qu'était revenue la tâche de tous les nourrir. Grâce à ses années de quasi-esclavage chez les Dursley, le brun trouvait qu'il n'était pas un mauvais cuisinier. Du moins, Teddy ne s'en plaignait jamais - sauf quand son parrain lui faisait manger certains légumes verts, mais il supposait que c'était tout à fait normal.

Il avait prévu de faire un simple plat de pâtes, mais puisque Malfoy était là il décida d'essayer de cuisiner des faux-filets à la poêle et des pommes de terre bouillies. Le grésillement de la viande dans la poêle couvrait largement le bruit de grattement que faisait la plume de Draco, alors Harry prenait soin de lui jeter un coup d'œil de temps en temps pour vérifier que le Serpentard continuait bien à écrire. Le blond avait la tête penchée au-dessus de son parchemin et griffonnait à toute vitesse, ayant déjà rempli facilement une première page. De temps en temps, il ouvrait légèrement la bouche et triturait sa lèvre inférieure entre ses dents blanches.

L'odeur de la nourriture devait avoir réveillé Teddy qui faisait sa sieste ; il apparut bientôt sur le pas de la porte, baillant, avant de se diriger vers la table et de monter sur les genoux de Malfoy. Ce dernier repoussa immédiatement son parchemin et sa plume - ce qui impressionna Harry, en quelque sorte, même s'il était déjà évident que le blond s'était déjà pris d'affection pour le petit garçon.

Teddy posa la tête sur l'épaule de Malfoy et cligna des yeux d'un air endormi, serrant contre lui sa peluche préférée pour dormir - un petit loup. « Qu'est-ce qu'y a à manger ce soir, Oncle Harry ? »

« Du steak » répondit ce dernier, et il se saisit d'un des morceaux de viande à l'aide d'une fourchette avant de la déposer dans un plat. Il fit rapidement de même avec les deux autres.

« Vraiment ? Pas des pâtes ? »

« Vraiment, pas des pâtes. » répéta Harry avec un sourire. Il essuya les pommes de terre avec un sortilège, puis fit glisser les féculents dans un plat avant de les faire léviter jusqu'à la table. Il restait aussi une salade qu'il avait faite plus tôt dans le bac à légumes, alors il la sortit aussi, tout en prenant au passage du pain croustillant et du beurre.

« Tu dois être spécial » entendit-il son filleul murmurer à Malfoy.

Le dîner fut assez calme, surtout étant donné que Draco ne pouvait pas parler et qu'Harry ne préférait pas discuter de choses importantes devant Teddy.

Evidemment, ce dernier ne cessait de bavarder, expliquant à Malfoy les subtilités des relations qu'entretenaient ses différents jouets les uns avec les autres. Il avait pris la mine sérieuse d'un professeur de Poudlard, ne dérivant qu'une seule fois pour prévenir le blond que les choux de Bruxelles avaient un goût épouvantable et qu'ils n'étaient pas faits pour l'alimentation humaine. Il suggéra qu'Harry ne devrait plus jamais en faire, même si Malfoy venait à en apprécier le goût. Ce dernier sourit, hocha la tête, et parut intéressé par tout ce que lui raconta le petit garçon.

Harry ne put s'empêcher de sourire ; il n'avait fait des choux de Bruxelles à Teddy qu'une seule fois avant de les ajouter rapidement à la liste des aliments que le garçon refusait de toucher.

Après le dîner et une tarte à la pêche avec de la crème anglaise en guise de dessert - qu'il avait achetée, parce qu'Harry ne possédait pas les compétences nécessaires pour réaliser de bonnes pâtisseries - Teddy persuada Malfoy de l'accompagner dans sa chambre pour une partie de Bataille Explosive. Le brun aida Kreattur à nettoyer après le repas ; puis il profita de l'occasion pour rattraper le retard qu'il avait pris dans sa correspondance, songeant qu'il était plutôt agréable d'avoir un autre adulte chez lui pour l'aider à s'occuper de son filleul.

Finalement, après plusieurs parties de cartes, une histoire racontée par son parrain et deux voyages dans l'escalier pour aller chercher de l'eau Teddy se coucha, laissant ainsi à Harry le loisir de lire attentivement les notes que Malfoy avait écrites.

Je me souviens m'être déguisé comme un Détraqueur pour te faire peur, mais je ne sais pas pourquoi.

Harry s'en rappelait, lui aussi. « Tu étais un crétin » dit-il. « Je ne pense pas que tu voulais vraiment que je me tue, même si ça aurait pu être le cas si Dumbledore n'avait pas été là. Bien sûr, ça c'était quand de vrais Détraqueurs se sont ramenés. » Il expliqua brièvement les circonstances qui avaient été à l'origine de cet incident, puis enchaîna avec la deuxième histoire mettant en scène des Détraqueurs et où Ombrage avait été impliquée cette fois.

Malfoy sourit. Je me souviens d'Ombrage.

Le Gryffondor fronça les sourcils, se remémorant l'attitude de Malfoy et de ses subalternes quand ils faisaient partie de la Brigade Inquisitoriale. « Tu étais un peu assoiffé de pouvoir à cette époque. »

Le blond réprima un éclat de rire. Ses yeux gris étincelaient d'amusement quand il croisa le regard d'Harry de l'autre côté de la table. Je sais qu'Ombrage était horrible, mais c'était mieux d'être en bons termes avec elle. Ca au moins je m'en souviens.

Harry, par réflexe, se frotta la main. On n'y voyait presque plus les mots maintenant, devenus des lignes qui avaient presque disparu et qui n'étaient visibles que dans un éclairage particulier, mais le souvenir ne s'effacerait jamais. « Tu as raison là-dessus » murmura-t-il.

Parle-moi de la guerre.

Harry prit une brusque inspiration après avoir lu ces mots. Il détestait parler de la guerre, en particulier parce que cela finissait souvent par lui faire faire des cauchemars provoqués par ses souvenirs tout sauf agréables des évènements. Il supposa que ça ne lui poserait sûrement pas trop de problèmes de discuter du rôle de Malfoy dans la guerre, d'une manière générale.

« Est-ce que tu te souviens de Dumbledore ? » demanda Harry.

Malfoy hocha la tête et écrivit, Seulement vaguement. Il ressemblait au Père Noël et semblait toujours bien trop joyeux. Je pense que tu étais son préféré. Pansy m'a dit qu'il était mort. Est-ce que c'est arrivé pendant la guerre ?

Harry hocha la tête, ne désirant soudainement pas révéler au Serpentard le rôle qu'il avait joué durant cet évènement particulier. Il se souvenait à quel point le blond avait eu l'air terrifié à l'époque, déchiré entre son devoir et ce qu'il savait être juste. Il pouvait s'en rendre compte plus clairement maintenant ; à ce moment là il s'était contenté de détester Malfoy. Mais maintenant, assis en face de lui et confronté à son regard qui avait simplement l'air curieux, Harry sentit les derniers restes de colère se dissoudre. Dumbledore avait su ce qu'il faisait.

« Tu veux vraiment savoir ce qui s'est passé durant la guerre ? » lui demanda-t-il.

Malfoy secoua la tête. Est-ce que tu as des souvenirs agréables à partager à propos de nous deux ?

Harry éclata d'un rire surpris en entendant sa question. « Nous ? Tu veux dire, toi et moi ? » Le Serpentard hocha la tête. « Il n'y avait pas de nous. On n'a jamais été amis. »

L'expression du visage de Malfoy s'assombrit, faisant regretter ses paroles au brun. Il chercha quelque chose à dire pendant que l'autre homme recommençait à écrire, mais le blond se leva et lui tendit la page. Je suis très fatigué. Merci pour m'avoir permis de rester. Je vais essayer de trouver un autre endroit où aller dès demain.

Harry se mit à son tour sur ses pieds et leva la main dans un geste apaisant. « Non. Attends, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je veux dire, on n'était pas amis à l'époque, et c'est pas comme si on l'était devenus maintenant non plus, mais j'ai dit que j'allais t'aider et j'étais sérieux. Je suis sérieux. Je veux - j'aimerais bien que tu restes. »

Il se passa une main dans les cheveux, parvenant à peine à croire qu'il venait presque de supplier Draco Malfoy de rester chez lui. Ce dernier grimaça, mais n'écrivit rien d'autre - ce qui n'indiqua pas au Gryffondor quelles étaient ses intentions. Finalement, il soupira et hocha la tête avant de faire volte-face, de traverser le couloir et de monter l'escalier. Harry entendit la porte de sa chambre claquer et il se rassit dans un soupir, se demandant dans quels ennuis il s'était encore fourré, et pourquoi il attachait une telle importance au fait d'aider le Serpentard.