Disclaimer:
Les personnages de Tolkien... bah ils sont à Tolkien. Le pauvre - qui doit à l'heure actuelle se retourner dans sa tombe - n'avait sans doute jamais pensé à la création de ses personnages, qu'un personnage secondaire de la Communauté de l'Anneau deviendrait le personnage principal de milliers d'adaptations écrites plus tard. :p Mais bon, il avait p'tête pas la gueule d'Orlando Bloom en tête quand il a créé ce perso ;-)
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ONLY ONE LIGHT
Chapitre 1 - Monde #34756
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Aragorn descendit de son cheval d'un mouvement assuré, ses bottes métalliques claquèrent contre le sol rocailleux avec un bruit lourd. Derrière lui, six autres gardes firent de même. Aucun ne parlait, l'expression sombre de leur visage trahissait leur agitation et leur inquiétude. Aragorn s'avança vers la tour sombre face à eux, la Tour de la Joie, cette prison ou les suppliciés attendaient le verdict concernant leur sort, la plupart du temps fatal. Les six gardes suivirent Aragorn en silence comme un seul homme. Seuls demeurèrent en arrière, deux gardes, assis sur la carriole de métal et de bois, qui transporterait le prisonnier jusqu'à son lieu d'exécution. Chacun d'eux avait sa main sur la manche de son épée, et se préparait silencieusement aux évènements qui allaient suivre. Vu le prisonnier qu'ils étaient venus chercher avec leur Roi, il y aurait certainement du grabuge. Ce genre de prisonnier ne se laissait pas emmener bien gentiment. Surtout celui-la...
Aragorn et sa garde passèrent la lourde porte en chêne massif qui s'ouvrit à leur approche. Le gardien s'effaça devant eux et ils commencèrent à descendre les escaliers en colimaçon vers les profondeurs. Le froid et l'obscurité des lieux étaient écrasants. Les torches enflammées, fixées au mur, ne brisaient guère les ténèbres, mais au contraire, alourdissaient l'ambiance en faisant reluire l'humidité qui ruisselait sur les murs. Quelque part au fond de la spirale que les sept hommes descendaient, un rat émit un couinement agressif qui sembla rebondir sur les parois de la tour.
Apres s'être enfoncés sur plusieurs dizaines de mètres dans le donjon, les sept hommes arrivèrent à un emplacement où la lumière du jour de pourrait jamais pénétrer. Les escaliers venaient de s'arrêter et s'évasaient en une petite pièce circulaire de laquelle partaient 5 corridors qui semblaient s'enfoncer dans les ténèbres. Sur le côté, un geôlier était assis, à demi ensommeillé près d'une torche dont les flammes projetaient une lumière faible et vacillant sur les murs recouverts de mousse et de moisissure. Le geôlier se secoua pour sortir de sa torpeur et se leva maladroitement à l'approche de son Roi.
"Sire", fit-il d'une voix rocailleuse tout en s'inclinant. Aragorn regarda par dessus son épaule vers le couloir est.
"Est-il prêt?", demanda-t-il d'une voix d'où ressortait son aptitude naturelle à commander. Le geôlier leva vers Aragorn un visage ou la fierté et la joie mauvaise se mélangeaient. "Oui, il est enchaîné comme demandé, et les menottes sont solides". D'un mouvement involontaire trahissant son agitation, il s'essuya le visage avec un tissu sale, se souvenant du péril qu'avait été cette opération. Aragorn acquiesça simplement de la tête et le dépassa, le regard sombre et une expression déterminée sur ses traits. Le geôlier le suivit du regard alors que les six autres hommes le dépassaient à leur tour. "Je serai soulagé quand il aura quitté ces murs et qu'il se retrouvera avec 20 centimètres de moins!", lança-t-il par-dessus son épaule. Il n'aimait pas se trouver si proche de ce prisonnier. Dès l'exécution, il irait s'enivrer à la Taverne du Chêne Sacré, racontant à qui voudrait bien l'écouter la manière dont il s'était retrouvé gardien du meurtrier le plus recherché des Terres du Milieu, et la manière dont il l'avait enchaîné pour son exécution; omettant bien sur de préciser l'aide qu'il avait amplement reçue d'une demi-dizaine de gardes armés jusqu'aux dents.
Mais il allait d'abord le voir repasser une dernière fois devant lui lorsque les gardes l'emmènerait dehors et cette perspective était loin de le rassurer.
Aragorn et ses six hommes s'avancèrent dans le couloir sombre ou les cellules se succédaient indéfiniment les unes aux autres, ignorant les bras tendus vers eux et les appels plaintifs des suppliciés. Ils finirent par s'arrêter face à l'une de ces cellules. A première vue, rien ne la distinguait des autres cellules, mais Aragorn savait pertinemment que le froid, l'humidité, et par-dessus tout, l'obscurité, devaient être un enfer pour la personne s'y trouvant. Il fit un signe de tête à deux des gardes qui s'avancèrent avec une torche.
La lumière révéla l'intérieur de la cellule, sale et décrépie comme tout le reste de cette horrible tour. Sur un banc contre le mur, était assis le prisonnier qu'ils étaient venus chercher. Comme annoncé, il avait les jambes et les bras enchaînés dans un alliage d'argent dont la résistance était proche de celle du mythril. Le prisonnier avait ses coudes posés sur ses genoux et sa tête reposait sur sa poitrine, comme s'il dormait paisiblement. Pourtant Aragorn savait qu'il était conscient de leur présence. Espérait-il retarder l'inévitable en feignant le sommeil? La lueur des flammes révélait de l'état du prisonnier qu'il avait été battu plusieurs fois récemment, du sang séché sur ses bras, sa tunique et dans ses longs cheveux clairs en était le témoin. La lueur des flammes faisait également ressortir au cou du prisonnier une chaîne argentée au bout laquelle pendait un anneau doré d'apparence insignifiante. La respiration du prisonnier était calme, presque inaudible.
Aragorn le fixa un instant avant de prendre parole d'une voix qu'il essayait à tout prix de garder calme. "C'est bon, je sais que tu es réveillé et que tu nous entends. Pas la peine de continuer cette comédie, Legolas de Mirkwood!"
Le prisonnier ne tressaillit même pas, preuve qu'il ne dormait point, mais releva lentement la tête vers le Roi, et Aragorn eut l'impression d'avoir reçu une gifle en plein visage, tant l'expression de l'elfe face à lui avait l'air innocente malgré le venin qui se voyait dans ses yeux. Il se demanda si c'était là la dernière vision que Arwen avait eue de ce monde mais serra les dents pour chasser cette pensée. Le temps des pleurs viendrait plus tard, quand la Reine serait vengée.
Legolas pencha la tête de côté avec un sourire enfantin et démarra d'une voix claire comme le cristal, "J'ai attendu le moment de nos retrouvailles, Aragorn. Avec impatience..." Son doux sourire était une insulte pour Aragorn, mais le Roi essayait de se maîtriser et fit juste un signe à l'un des gardes d'ouvrir la grille. En entendant la lourde clef tourner dans la serrure rouillée, Legolas leva un sourcil étonné, puis reporta son attention sur Aragorn. "Ainsi tu vas me laisser une dernière fois admirer la beauté de la nuit et des étoiles avant le coup fatal? C'est un immense plaisir que tu me fais là...".
Toujours ce sourire. Ce sourire calme que Aragorn aurait voulu effacer de son visage à coup de poing, il laissa les gardes rentrer dans la cellule pour en faire sortir le prisonnier. Legolas se laissa mener dans le couloir docilement, boitant un peu, du aux dégâts causés par les séquences de passage à tabac répétées depuis qu'il avait été amené dans la Tour de la Joie. Les lourdes chaînes entaillaient sa peau claire aux chevilles et rendaient sa marche douloureuse. Mais la douleur faisait partie de la vie. Sans la douleur, on était mort.
Legolas passa devant Aragorn et s'arrêta, tournant vers lui un visage calme. Les gardes autour de lui étaient aux aguets, prêts à frapper au moindre signe, aussi infime fut-il, d'hostilité de la part de l'elfe. "Tu souffres, Aragorn, je le sens." Aragorn ne répondit pas et continua de fixer Legolas d'un regard haineux, Legolas poursuivit, se penchant légèrement vers le Roi, "... pourtant je pourrais mettre fin à ces souffrances si tu le désirais...". Il cligna des yeux et son expression se fit douce et presque rêveuse. "C'est bien ce que tu désires, n'est-ce pas? Revoir Arwen et vivre une éternité auprès d'elle...". Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres alors qu'il poursuivait, levant les bras légèrement vers Aragorn pour lui montrer les chaînes. Ce mouvement causa une réaction instantanée chez les gardes car ils se saisirent tous de Legolas en même temps pour le maîtriser; mais Legolas ne broncha pas, continuant à fixer Aragorn, ses bras enchaînés relevés vers lui. "Libère-moi de ces liens... et je t'aiderai à la rejoindre." Aragorn sentit une brûlure monter de ses entrailles et se rependre dans sa poitrine; il dut serrer les dents pour qu'aucune expression n'apparaisse sur son visage. "Tu es ma proie la plus résistante, Aragorn", reprit Legolas, "Ma dernière proie. Ce serait dommage de finir cette uvre sur une note aussi piètre qu'une simple exécution, ne penses-tu pas?". L'elfe s'avança légèrement vers Aragorn, semblant ignorer les efforts des gardes qui le maîtrisaient. "Ne veux-tu pas régler cela comme un combat ultime?". Sa voix se fit plus suave, "Une simple exécution ne pourra pas étancher cette soif de revanche qui a trouvé refuge en toi...".
Face à lui Aragorn tentait de garder son calme et fit signe aux gardes d'emmener Legolas vers l'extérieur. Legolas sentit sa chance d'accomplir le dernier chapitre de son uvre lui échapper et il sortit sa dernière carte. "Ne veux-tu pas te venger personnellement?", commença-t-il, essayant de résister frénétiquement aux gardes qui l'entraînaient, "alors que je n'ai eu aucune pitié pour Arwen... alors même qu'elle me suppliait pour sa vie... et celle de l'enfant qu'elle portait en elle?"
Il y eut un moment de silence presque palpable alors que les gardes ralentissaient leur mouvement, glacés par cette dernière nouvelle. Legolas vit l'expression figée d'Aragorn alors que toute couleur semblait avoir été lavée de son visage. L'expression de l'elfe se radoucit, "je vois... elle ne te l'avait pas dit...".
Tout contrôle qu'Aragorn avait espéré garder sur lui-même vola en éclat alors qu'il se jeta sur l'elfe en un hurlement dément. Legolas eut juste le temps de se jeter un arrière pour éviter que les mains d'Aragorn ne se referment sur sa gorge et ce fut la chaîne qu'il portait autour du cou que les mains vengeresses saisirent... Et brisèrent...
Legolas eut vaguement conscience de l'anneau qui rebondissait sur le sol en un bruit presque cristallin, toute son attention était portée sur le Roi contre lequel il essayait de lutter, les chaînes l'entravant ne l'aidaient en rien. Les deux combattants tombèrent sur le sol poisseux du couloir alors que les gardes s'écartaient brusquement. Aragorn avait bloqué Legolas sous son propre poids et le rouait de coups, à défaut de pouvoir l'étrangler ou lui déchirer la gorge de ses propres mains.
Legolas se débattait sous lui, essayant difficilement avec ses mains de s'assurer une prise qui lui permettrait peut-être de prendre l'avantage sur Aragorn. Il devrait faire vite car si les gardes intervenaient, il ne pourrait pas arriver à ses fins. Les chaînes qui étaient censées l'entraver pourraient se révéler être ses alliées. S'il parvenait à tuer Aragorn maintenant, après plus rien n'aurait d'importance... Il devait terminer son uvre...
Il entendit plus qu'il ne vit Aragorn dégainer son épée, et se crispa. S'il devait mourir aujourd'hui, il devait entraîner le Roi avec lui. Dans un élan désespéré, Legolas passa ses mains enchaînées derrière la nuque d'Aragorn et d'un mouvement circulaire, parvint à resserrer la chaîne autour du cou du Roi, l'attirant vers lui alors que les gardes bondissaient pour intervenir.
Aragorn se débattait pour se libérer de la prise de l'elfe. "Du mythril, hein?", murmura Legolas alors que le visage du Roi touchait presque le sien. Aragorn sentit le souffle de son ennemi sur ses lèvres. "Essayons de voir comment tu vas réussir à les briser pour t'en sortir", ajouta Legolas en resserrant sa prise d'un coup sec. Les maillons de la chaîne entrèrent dans la peau et la chaire du cou du Roi. Legolas perçu alors une ombre qui passait au-dessus de lui et sentit que son temps s'était raccourci considérablement. L'instant d'après, il sentit une douleur intense dans l'épaule gauche. Un coup d' il rapide lui appris qu'une épée y était plantée. L'absence de douleur était la mort. La douleur était la vie. Mais déjà son bras gauche perdait de sa force et Aragorn commençait à se dégager. Legolas ne pourrait pas le tuer de cette facon-ci. Mais il pouvait encore frapper autrement. En un dernier effort il tira Aragorn vers lui. "Ca n'était pas très loyal...", lui dit-il d'un ton presque déçu, faisait référence à l'intervention d'une tierce personne dans leur combat. L'instant d'après il colla brutalement ses lèvres contre celles de son ennemi pour une insulte suprême. Aragorn se débattit automatiquement comme s'il venait de toucher un nid de serpent et parvint à se propulser en arrière, brisant l'emprise de l'elfe. Le garde qui avait planté son épée dans l'épaule de Legolas, lui asséna un coup de pied à la tempe et la vision de l'elfe s'assombrit un moment.
Aragorn se dégagea des chaînes qui entouraient son cou et se releva en toussant pour reprendre son souffle, s'essuyant la bouche avec dégoût. Il se tourna vers le garde qui l'avait aide et qui retirait son haulme pour s'éponger le front, revelant des cheveux mi-longs blonds fonces. "Merci, Boromir ", parvint à dire Aragorn avant de reporter son attention sur Legolas qui revenait déjà à lui.
"Ce saloppard se régénère beaucoup trop vite", dit Boromir en assenant un coup de pied dans les côtes de Legolas qui poussa un gémissement de surprise et de douleur. "Tu vas souffrir longtemps avant de mourir, crois-moi!", ajouta Boromir d'une voix ou colère et mépris se mélangeaient étroitement. Aragorn, debout, essayait de reprendre contrôle sur lui-même. Il comprenait la réaction de Boromir: lui aussi avait perdu un être proche aux mains de cet elfe assassin, son frère Faramir.
"Emmenez-le dehors", dit Aragorn en se frottant la gorge meurtrie. Legolas, traîné par les gardes, jeta à Aragorn un regard et un sourire victorieux. Il n'avait peut-être pas réussit à le tuer, mais il avait pu au moins l'atteindre psychologiquement et s'en sortir pas trop mal, s'il faisait abstraction de son épaule d'où le sang ruisselait. Tout le temps où les gardes le traînèrent jusqu'aux escaliers, il ne quitta pas Aragorn des yeux. Les gardes veillaient bien à ne pas permettre aucune attaque de l'elfe vers leur Roi. Boromir marchait aux côtés d'Aragorn et son regard ne prédisait rien de bon pour Legolas, mais l'elfe ne parut même pas remarquer sa présence. Il avait l'air d'ignorer tout ce qui n'était pas Aragorn. Ce fut ce que les gardes pensèrent. Ce fut ce que le geôlier pensa quand le groupe passa près de lui.
Ce fut l'erreur qu'ils commirent tous quand Legolas se dégagea brusquement et arriva à faire un bon en l'air en se contorsionnant de manière inhumaine pour retomber face au geôlier. Ce dernier eut comme dernière vision un visage angélique aux yeux de démon. "Pour tous tes bons traitements..." fut la douce voix qu'il entendit avant qu'une douleur n'explose dans sa poitrine. Il était mort avant de toucher le sol.
Les gardes tirèrent Legolas en arrière alors qu'il tenait dans ses mains le c ur encore palpitant de son bourreau. Il lui avait ouvert la cage thoracique à main nue en un éclair. Les gardes frémirent et durent réprimer leur réflexe de s'enfuir en courant. Même blessé et entravé, l'elfe était redoutable. Il se tenait fièrement au milieu des hommes armés, sans peur, un sourire aux lèvres. Aragorn vit alors que la blessure à l'épaule de Legolas s'était presque refermée. Comme si l'ardeur du meurtre décuplait sa capacité de régénération.
Le Roi sentit à nouveau l'envie de mettre fin à cette folie le torturer, mais Boromir fut plus rapide, dégaina son épée, la leva au-dessus de sa tête, pour autant que le plafond pierreux lui permettait, et l'abattit sur Legolas.
Le bruit du métal contre le métal résonna dans toute la tour. D'un mouvement fluide, Legolas avait levé les bras et bloqué l'épée de Boromir avec ses chaînes. "Myyyythriiiiiil...", dit-il d'une voix claire et chantonnante, avant de pousser un hurlement de dément et de frapper Boromir d'un coup de pied dans l'estomac. Boromir eut le souffle coupé et se plia en deux sous la douleur. Il aurait été décapité par sa propre épée que Legolas venait de saisir après l'avoir fait tournoyé en l'air, si Aragorn n'avait pas lui-même dégainé son épée et cogné violemment l'arme de Legolas sur le coté. L'épée de Boromir heurta le mur, et Aragorn continua sa lancée en frappant le visage de Legolas du pommeau de son épée. Legolas partit en arrière et retomba contre les gardes qui choisirent ce moment la pour se ressaisir de leur torpeur et plaquer l'elfe au sol afin de le rouer de coups.
Aragorn aida Boromir à se remettre debout. Il vit à l'expression de Boromir que le guerrier plus jeune était tourmenté à l'idée de ne pas avoir pu tuer l'elfe alors qu'il venait d'en avoir l'occasion. Lui aussi ressentait la même chose. L'exécution qui allait survenir dans la soirée ne vengerait que piètrement Arwen, Faramir, et les autres victimes de ce monstre.
Quand les gardes relevèrent Legolas, il était à moitié inconscient et ensanglanté. Aragorn leur signifia de ne pas traîner avant qu'il ne revienne à lui et ne fasse de nouvelles victimes. Les gardes saisirent l'elfe fermement et commencèrent à l'entraîner dans la spirale des escaliers.
Et loin derrière eux, dans le couloir Est presque sombré dans l'obscurité la plus épaisse alors que les torches s'éloignaient, le reflet furtif d'un anneau abandonné sur le sol scintilla brièvement avant que les ténèbres n'engloutissent totalement le corridor.
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Legolas demeura dans les nimbes pendant presque la totalité du trajet vers le monde extérieur. Il avait vaguement conscience d'être traîné sans ménagement dans des escaliers. Il entendait les bruits autour de lui comme au travers de l'eau. Mais il sentit clairement qu'il se rapprochait de l'air frais du monde libre, et il se tendit tout entier vers cette sensation, sentant ses forces lui revenir et la guérison de ses blessures accélérer.
Il recommença à marcher par lui-même dès qu'ils franchirent la lourde porte de chêne. Il sentit le vent frais sur son visage tuméfié et ouvrit péniblement les yeux pour regarder le ciel. La vue des étoiles scintillant froidement au-dessus de lui, lui apporta une douce sensation de sérénité alors même que les gardes le poussaient de la pointe de leurs épées vers le chariot-cage qui l'emmènerait vers son lieu d'exécution. Il n'avait pas peur... Il aurait peut-être encore une occasion de tuer d'ici la. Il sourit doucement.
Au bout de quelques pas pourtant, une étrange sensation le frappa, et il fronça les sourcils, ralentissant le pas. Aussitôt il sentit la pointe des épées de gardes dans son dos. Ils formaient un cercle parfait autour de lui et il ne pourrait pas briser ce cercle facilement.
Mais pour l'instant, toute idée de briser ce cercle l'avait quitté. La sensation qu'il éprouvait était nouvelle et lui faisait hérisser les cheveux sur la nuque. Il ressentait la présence de quelqu'un non loin de lui. Une présence horriblement familière... et très puissante... Il s'arrêta et fouilla les alentours du regard. Les battements de son c ur s'étaient accélérés. Oh, son c ur ne battait pas la chamade ! Pas encore... Mais Legolas sentait qu'il *pourrait* battre la chamade... Et très facilement, même...
"AVANCE!" lui hurla un des gardes. Legolas ne parut pas lui prêter attention. L'expression de son visage trahissait de l'anxiété. C'était une expression nouvelle que Aragorn ne lui connaissait pas. Il fronça les sourcils, se demandant ce qui pouvait arriver à son ennemi, soupçonnant une nouvelle ruse.
"Il va se passer quelque chose...", murmura Legolas. L'expression de ses yeux légèrement écarquillés et de ses sourcils froncés oscillait entre la curiosité et la terreur.
La seconde d'après, un sifflement strident trancha l'air et deux flèches vinrent se planter dans la poitrine de Legolas qui fut propulsé en arrière sous la puissance du choc. Réalisant la nouvelle menace, les gardes oublièrent l'elfe pour se déployer autour de leur Roi afin de le protéger. Boromir vit alors une forme sombre sauter du mur de la tour - de la *parois* du mur, plutôt - tout en rechargeant deux flèches dans son arc avec une rapidité effarante. L'instant d'après deux autres flèches venaient frapper Legolas, toujours au sol: l'une dans le ventre, et l'autre à la gorge. Legolas se cabra sous la douleur.
Aragorn réalisa quelque chose: Legolas s'était fait des ennemis redoutables lors de sa carrière de tueur en série, car le nouvel ennemi avait encore rechargé deux flèches et tiré alors même qu'il n'avait pas encore posé pied sur le sol. Deux flèches qui frappèrent encore Legolas sur le torse.
Aragorn vit alors le tireur toucher le sol. Revêtu d'une ample toge noire qui masquait aussi bien son corps que son visage, l'individu jeta un bref coup d' il sur Legolas qui respirait avec difficulté, en train de se noyer dans son propre sang. Aragorn regarda les blessures de l'elfe et comprit qu'il y avait peu de chance pour qu'il arrive à se régénérer, cette fois. Les gardes se précipitèrent pour neutraliser le nouveau venu, et c'est là qu'Aragorn sentit toute détermination combattive le quitter. Le premier garde avait presque touché l'épaule de l'homme quand celui-ci réagit avec une vitesse qu'Aragorn n'avait jamais vue chez un être vivant. Pas même chez un elfe. Pas même chez Legolas.
L'archer inconnu jeta son arc sur le côté, saisit le bras de son assaillant, le brisa en le tordant, et se retourna légèrement de côté pour donner un coup de pied au garde, tout en maintenant sa prise sur le bras brise qui sous la tension, s'arracha de l'épaule. Le corps du garde vola sur une dizaine de mètres et heurta le mur de la tour en un craquement sourd d'os brisés. Le garde n'avait même pas eu le temps de crier, car tout n'avait pas duré plus de deux secondes.
Deux autres gardes se précipitèrent alors, épées pointées en avant, et près à embrocher leur nouvel ennemi. Ce dernier ne bougea pas, demeurant aussi immobile qu'une statue et ce, jusqu'au moment où les gardes ne furent plus qu'à un mètre de lui. Il lança alors au-dessus de lui le bras sanglant qu'il tenait encore en main, et alors que le bras était toujours suspendu dans les airs, il fit lui-même un bond en hauteur, assénant un coup de pied sur la nuque d'un des gardes, puis, se retournant toujours souplement et sans toucher le sol, lança son bras vers l'avant et transperça la gorge de son autre assaillant. Et avant de toucher le sol, il saisit à nouveau le bras du tout premier garde qui retombait seulement, et s'en servit pour frapper d'un mouvement tournant la tête d'un nouveau garde qui venait de s'avancer. Sous l'impact, le garde fut projeté sur le côté, le nez brisé. L'ennemi ne s'arrêta pas la et bondit vers lui. Avant que le garde ne touche le sol, une main avait traversé sa cage thoracique, saisit la colonne vertébrale, et l'avait extirpé vers l'avant comme quelqu'un qui retournerait un gant.
Aragorn, Boromir et le dernier des gardes regardaient la scène, paralysés. Cette deuxième série de meurtres n'avait pas pris plus de trois secondes. La violence des coups rappelait étrangement les techniques de Legolas; mais leur ennemi se déplaçait avec une rapidité bien plus grande, qui semblait défier toute loi physique. Il sembla à Aragorn que Legolas n'était pas un si grand fléau que ça, tout compte fait.
Legolas, quand à lui, gisant sur le sol et sentant sa vie s'échapper de lui, avait essayé d'ignorer la douleur pour observer le combat. Il voyait les mouvements de manière plus nette qu'Aragorn et les autres humains, mais même pour lui, son adversaire bougeait de manière rapide... Très rapide... Nulle créature ne devrait pouvoir se déplacer avec cette vitesse-la... C'était une question de poids du corps à déplacer... Legolas sentit qu'il étouffait et toussa, sentant le sang chaud s'écouler depuis les coins de sa bouche. Il n'arrivait plus à se régénérer. L'impression de familiarité intense avec cet être coupait toute sa concentration. Il se sentait partir...
Les deux gardes sur le chariot avaient voulu intervenir dès le début, mais voyant ce qu'il était arrivé à leurs quatre frères d'armes, la terreur et la superstition avaient pris le dessus sur leur engagement vis-à-vis des leurs et de leur Roi. Ils avaient sauté du chariot et s'étaient enfuis en hurlant. Aragorn, Boromir et le dernier garde, Oegarh, se rapprochèrent ostensiblement les uns des autres, leurs armes dégainées vers leur ennemi qui les fixait, immobile. Ne pas pouvoir voir son visage et deviner son intention les gênaient fortement.
Soudain l'homme manipula un objet rapidement et le jeta à une vingtaine de mètres, un peu derrière le chariot déserté. Aragorn, Boromir et Oegarh chargèrent en même temps. Un ennemi pareil ne pouvait pas repartir impuni. L'homme ne leur prêta pas attention mais jeta un coup d' il à nouveau à Legolas, et constata que les yeux de l'elfe étaient en train de devenir vitreux.
Comme si soudain il n'avait plus de temps à perdre, il se contenta d'éviter souplement les attaques des trois guerriers et de les propulser à une douzaine de mètres par un enchaînement rapide de trois puissants coups de pieds. Le crâne d'Oegarh se fracassa contre les pierres de la tour en un bruit rappelant une citrouille qui éclate sur le sol. Aragorn et Boromir furent plus chanceux en retombant sur le sol plus loin. Boromir s'en tira avec simplement une fracture de l'épaule, et Aragorn eut juste le souffle coupé pendant quelques secondes en heurtant le sol à plat sur le dos.
Pendant ce temps, l'homme s'était agenouillé près de Legolas. L'elfe était encore vivant, mais plus pour longtemps. L'homme leva une main près du visage de l'elfe et Legolas entendit vaguement une phrase en langage sombre. La phrase semblait se répéter indéfiniment. Il se sentait tomber rapidement.
Ou plutôt non, il ne tombait pas. Il avait l'impression d'être aspiré hors de son propre corps.
Aragorn qui releva la tête à ce moment-la vit une lumière briller légèrement autour du corps de Legolas, puis être brusquement absorbée par son assaillant. Legolas devint parfaitement immobile. Aragorn vit l'homme se relever et eut l'impression que leur ennemi venait de gagner en puissance. Il ne pouvait pas expliquer d'où venait cette certitude, mais c'était ce que ses nerfs à vifs ressentaient. Boromir reprit ses esprits à ce moment-la, et vit soudain une colonne de lumière intense jaillir de l'autre coté du chariot et un vent fort se lever. Leur ennemi sembla bondir vers cette lumière et s'y dissoudre. L'instant d'après la colonne de lumière disparut, comme si elle n'avait jamais existé. Aussi brusquement que le vent s'était levé, il se calma.
Aragorn fut le premier à être debout et à nouveau il aida précautionneusement Boromir à se remettre sur ses pieds. D'autres gardes commençaient à jaillir de la tour, alertés par les bruits de combat, mais ne trouvèrent que les deux guerriers, au milieu de cadavres mutilés. Parmi eux, le corps du prisonnier, dont la poitrine et la gorge étaient hérissées de flèches. Aucun n'était capable de formuler une pensée correcte sur ce qui venait de se passer. Certains de gardes firent un signe de la main, rappelant à s'y méprendre les signes effectués par les vieilles femmes superstitieuses afin de conjurer le mauvais il. Aragorn avança lentement parmi les morts, les yeux fixés sur Legolas. Il s'arrêta près de lui, debout et l'arme toujours en main, sur ses gardes, bien que doutant qu'il s'agisse d'une nouvelle ruse de la part de l'elfe. Il observa le corps et le visage de Legolas. Boromir le rejoint péniblement peu de temps après et lui aussi regarda Legolas. Apres un moment, il tourna vers Aragorn un visage ou l'horreur était peinte.
"Est-ce que tu as déjà vu une chose pareille, Aragorn?", dit-il en un souffle. Aragorn ne put prononcer aucune parole et se contenta de secouer la tête, les yeux toujours rivés sur Legolas.
Les traits de l'elfe étaient figés, comme si un froid immense l'avait saisit. Sa peau semblait avoir bleui sur ses muscles séchés semblables à ceux d'une momie. Comme si toute vie avait été aspirée hors de lui. Pas uniquement son âme, comme il avait cru voir plus tôt... Mais toute trace de vie aussi infime que celle contenue dans les fibres-mêmes de son corps.
Aragorn recula d'un pas, les yeux écarquillés. En ce moment, toute rage envers Legolas s'était éteinte. Elle se réveillerait plus tard, quand la tristesse d'avoir perdu Arwen se ferait trop fortement sentir. Et à ce moment-la, il se demanderait s'il n'avait pas rêvé tout ces évènements, ou si sa rage de voir Legolas exécuté n'avait pas exagéré sa perception des faits s'étant déroulés cette nuit.
Mais pour le moment il ne pouvait que souhaiter une seule chose: Que la créature responsable de cette horreur soit loin. Très loin d'eux. Très loin de leur monde... Et ne réapparaisse jamais...
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A suivre...
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Bon, d'accord... Je sais ca a demarre plus ou moins normalement et ca finit dans le gore... Enfin... ca finit... C'est loin d'etre fini, d'autres chapitres vont suivre. Et que les fans-only de Legolas attendent de lire le chapitre 2 avant de decider si elles (ils?) se barrent en claquant la porte ! :p
Pour la cotation de l'histoire, je sais pas s'il faut mettre PG13, R ou N17... pour moi PG13 est bon... mais ca depend d'une personne a l'autre... OO;
Commentaires, pleaaaase? :)))))))