Mon p'tit blabla : Il s'est fait attendre mais le voici le voilà le dernier chapitre de « Confessions autour d'un chaudron » ! Je m'excuse bien évidemment pour le temps écoulé entre la publication de l'avant-dernier chapitre et celui-ci mais je suis certaine que vous voudrez bien me pardonner, entre temps un petit garçon a pointé le bout de son adorable nez ^^ Il n'y aura pas de réponses individuelles à vos nombreuses reviews, qui pourtant m'ont fait un immense plaisir, car sinon je pense que vous aurez ce chapitre dans… longtemps. Je m'efforcerai par contre de répondre à vos reviews pour celui-ci (je ne garantis pas la rapidité de la réponse par contre, désolée). Ce ne sera possible que pour celles qui sont connectées en laissant leur review et acceptent les messages privés pour les autres auxquelles je n'aurai pas moyen de répondre : par avance merci. Je ne vous embête pas plus et vous souhaite à toutes une bonne lecture !

Une dernière chose : Merci une dernière fois à Khalie. Vous pouvez lui faire une standing-ovation, sans elle je ne sais pas où en serait cette fic.


Chapitre 31 : La fin d'une ère

J + trois ans, sept mois et quatre jours !

Une fois partie, elle ne l'a effectivement plus vu durant les trois jours suivants. Réfugiée chez ses parents, à l'abri dans sa chambre d'enfant, elle repense avec amertume à tous ses rêves de petite fille. Oui, elle est une sorcière et une femme accomplie, respectée par ses pairs au niveau de sa carrière, mais pour ce qui est du sentimental… Il ne reste rien. Severus a dévasté son cœur, ses espoirs. Sur son lit, elle pleure, une main berçant son ventre, sur ce qui a été, ce qui aurait pu être et ce qui ne sera plu.

Ces trois mêmes jours, le sorcier les a passés entre son laboratoire, sa bouteille de whisky pur feu et le parc où il a connu Lily. Malheureusement, le souvenir de la jeune femme ne lui est d'aucun secours. Il n'a pas de réponse. Au troisième levé de soleil, il se contemple sans joie dans le miroir et se convainc de prendre une douche. Il ne peut pas laisser paraitre sa souffrance, il ne peut pas être faible. Après avoir avalé quelques potions, il est prêt.

Hermione se traine jusqu'à la fenêtre après une nuit blanche et, observant l'aube dérouler ses couleurs, sait qu'elle n'a plus le choix. Il est temps.

A l'heure dite, il sent les barrières du manoir vibrer, se plier et céder, libérant un passage avant d'aussitôt se refermer. Elle est là.

- Severus.
- Hermione.

Raides dans leur douleur, ce bref salut est déjà presque trop. Leurs regards s'accrochent un court instant avant de se détourner, fuir la souffrance de l'autre et dissimuler la sienne. Sans plus une parole, chacun perdu dans son monde, ses souvenirs, ses désillusions et ses regrets, ils œuvrent en parfaite harmonie à l'élaboration de leur ultime potion. Les années passées à travailler ensemble leurs permettent en effet de ne pas se gêner malgré la tension qui existe entre eux. Leurs mains se frôlent sans jamais se toucher, menant la danse d'un ballet aérien connu d'eux seuls. Les volutes de fumées ne suffisent à masquer les regards qui se perdent sur l'autre. Ultime échange, ultime désir, inachevé… tout comme leur histoire au goût amer. Voici cinq heures qu'ils brassent, coupent, écrasent, mélangent. Cinq heures qu'ils sont côte à côte pour une dernière valse de magie, ne s'étant éloigné de quelques mètres que pour enfiler leurs robes de protection lorsque cela est devenu indispensable à leur sécurité. C'est un peu plus d'eux qui disparait. Le breuvage est presque fini.

- Je te verserai une pension.
- Je ne veux pas de ton argent.

Quelques mots échangés par deux voix vides, éteintes, à leur image. Enfin un peu de vie, une émotion, la douleur mal contenue dans un aveu.

- Je veux un père pour notre… mon enfant. Je te veux toi.

Brièvement, leurs yeux s'arriment, se sondent et laissent percevoir une myriade de sentiments : l'espoir, la peur, la peine, le renoncement. L'atmosphère est lourde d'incompréhension. La potion est terminée, tout comme leur histoire.

Hermione, les yeux embués de larmes, accroche pour la toute dernière fois sa robe à gauche de la porte qui la mènera hors du laboratoire, hors de cette vie.

Les lèvres pincées par la douleur, Severus l'observe. Son cœur s'emballe. Il est comme un enfant impuissant face à la souffrance de sa mère, un adolescent amoureux d'un mirage qui embrasse son Némésis… un homme qui commet la plus grosse erreur de sa vie, pourtant marquée par toutes celles qu'il a déjà faites. C'est un murmure qui lui échappe presque malgré lui, une supplique qui sonne comme un cri aux oreilles de la sorcière.

- Épouse-moi.

Elle marque un temps d'arrêt, abaisse lentement la main qu'elle s'apprêtait à apposer sur la poignée, et pivote tout aussi doucement pour lui faire face. L'incrédulité est clairement visible sur son visage. Celui du sorcier est ravagé, plus expressif qu'elle ne l'a jamais vu. Il se maudit pour sa faiblesse et la maudit tout autant pour l'avoir entendu, s'être retournée, le faire espérer. L'hésitation est perceptible, sa voix hachée par l'émotion, lorsqu'elle lui pose une seule question :

- Que fais-tu de tout ce que tu m'as dit voilà trois jours ?

Il ne sait que répondre, ne peut parler. Il a toujours eu tout faux. Lily n'est jamais revenue malgré ses supplications. Il s'est juré de ne plus s'abaisser à cela, de ne plus ajouter le sel de l'humiliation sur les plaies de son cœur déchiré.

- Est-ce que je dois oublier ? Peux-tu me prouver que tu ne changeras pas à nouveau d'avis ? Comment puis-je te faire encore confiance alors que tu m'as…

Sa voix se brise. Elle a mal.

- Je ne pourrai plus repasser par-là, Severus. Je ne le supporterai pas. Je n'imposerai pas cela à mon… notre enfant.

Elle a dit "notre". Peut-être peut-il encore la convaincre de rester. Sans elle, il ne peut plus respirer. Sans elle, c'est la vie qui s'en va. Sans elle, il n'est plus rien si ce n'est une masse de souffance. A nouveau elle se détourne. Il doit faire quelque chose. N'importe quoi… même la vérité. C'est tout ce qu'il lui reste.

- J'ai dit… Ce que j'ai dit, c'était… J'avais mal et je… Je ne suis pas quelqu'un de bien. Je ne suis pas digne de toi… Je voulais que tu souffres également. Je voulais… Je croyais vouloir que tu partes lorsque je l'avais décidé, plutôt qu'après… quand je t'aurai déçue et que tu ne voudras plus de moi. Lorsque tu partiras avec cet être que j'aurai appris à… aimer, peut-être. Mais c'est à double tranchant, n'est-ce-pas ? Ça a trop bien fonctionné et… Je n'étais pas prêt à ne plus te voir. Je le croyais mais j'avais tort. Je t'ai poussée au loin pour toujours et je n'ai pas supporté cette idée. La potion n'était qu'un pauvre prétexte pour te revoir. Je ferai tout pour que tu me pardonnes. J'apprendrai à ne plus faire ça, mais tu devras être patiente avec moi. Je suis toujours… C'est toujours mon plus mauvais côté qui parait lorsque j'ai peur, et je suis terrifié à l'idée de te perdre. Terrifié de devenir père. Je ne sais pas ce qu'est un père. J'ai tué le mien. Je suis terrifié à la simple pensée de te décevoir et que tu partes en emmenant la vie avec toi. Je suis perdu sans toi, Hermione. Reste.

Un long silence s'étire. Il suffoque. Il l'a perdue. Il les a tous deux perdus. Il est vide. Il chancelle. Sa vision se brouille. Il ne peut pas la laisser le voir comme ça… Il n'a plus la force de se battre. Il est vide. Que lui importe qu'elle voie sa faiblesse, ses larmes… Il n'est plus rien.

- Re...

Il redresse la tête et la dévisage, la supplie du regard de continuer, de lui parler encore une fois. Il n'a plus d'orgueil. Elle inspire. Recommence.

- Redis-le.

Il hésite, incertain. Est-ce un jeu ? Est-ce qu'elle se plait à le voir souffrir. Pathétique homme qu'elle met à terre d'un simple mot.

- Redis-le, Severus.

Ce qu'il croit percevoir dans l'ambre de son regard, dans la chaleur qui perce à nouveau dans sa voix, le convainc d'essayer.

- Reste ?
- Non.

La douleur qui le transperce est plus forte que tout ce qu'il a pu imaginer. Plus puissante que lorsqu'elle est partie trois jours plus tôt. Il ne l'avait jamais pensée aussi cruelle. Elle sourit… Pourquoi sourit-elle ? A nouveau, il souhaite lui faire mal, physiquement mal. Mais elle porte la vie. Son enfant. Il ne sait que penser. Il a l'impression que ce moment dure depuis une éternité, alors que seule une toute petite poignée de secondes s'est écoulée avant qu'elle ne reprenne :

- Non, Severus. Enfin oui… Repose-moi ta première question.

Il ne veut pas. Il ne veut pas jouer à ce jeu, ne veut pas espérer, ne veut pas… Il ne veut rien, néanmoins, il est incapable de résister à son regard. Fou qu'il est, il ne parvient pas à renoncer à ce semblant d'espoir qu'elle parvient toujours à rallumer. Résigné à son sort, il murmure à nouveau les mots qu'il ne pensait jamais prononcer :

- Épouse-moi.

C'est un sourire radieux qui prend place sur le visage aimé, alors qu'elle s'élance dans ses bras. Un arc en ciel au milieu des larmes. Il ne comprend pas ce qu'elle lui dit, ce qu'elle lui chuchote. Il sait juste qu'elle est à sa place, contre lui. Il s'accroche à elle. Il ne la laissera plus jamais partir. Peut-être même le lui dit-il. Qu'elle est à lui, à lui seul. Qu'il fera tout pour elle. C'est l'espoir, la joie, le pardon, le commencement de la vie… leur vie à deux et de celle inattendue qu'ils ont conçue et qui grandit en elle.

Elle essuie ses larmes et il n'en a cure. Elle le voit pleurer, il devrait la détester pour cela, mais tout ce qu'il voit c'est qu'elle est là. Elle l'aime. Il est libre et Hermione le sait. Elle sait que Severus vivra, qu'il vient de faire un pas vers le lendemain, vers la vie toute entière. Il vient d'abandonner le gros de sa chape de tourments en acceptant son rôle d'homme, et par là même celui de père. Elle sait qu'il y aura encore des moments difficiles, que Severus lui-même sera impossible et qu'elle le poussera à bout plus d'une fois. Toutefois, elle croit sans l'ombre d'un doute qu'ils surmonteront le tout. Elle sera son point de repère si nécessaire, tout comme il est son port d'attache. Il a enfin accepté son amour pour elle, enfin accepté d'aimer et d'être aimé. Et lorsqu'il l'embrasse, il lui fait passer tout ce qu'il ne peut exprimer avec des mots. Il est là pour elle et le sera toujours. Il s'efforcera d'être un homme dont elle peut être fière… Et un père. Il fera tout pour être un père.

L'après-midi touche à sa fin lorsque Cassandre, discrète, se faufile jusqu'au bureau. Le propriétaire des lieux doit manger. Elle le forcera si cela est nécessaire. Trois jours que cela dure et, parole d'elfe, ça suffit ! Elle ne le laissera pas dépérir. C'est là sa mission. A peine a-t-elle entrouvert la porte que la créature se fige. Souriante, elle repart avec son plateau, laissant le couple tendrement enlacé. Et si les mains de Severus caressant le ventre d'Hermione ne la trompent pas… Cassandre est heureuse. Enfin l'avenir resplendit.


Mon p'tit blabla de fin : Et voilà, c'est la fin. J'espère qu'elle n'est pas trop... naise ou Severus totalement hors caractère. Je ne pouvais pas faire autrement, mettez cela sur le compte des hormones ^^ Je suis un peu triste de quitter cette fic qui m'aura suivi tout au long d'une belle aventure. Elle m'aura accompagnée durant ma grossesse et maintenant que mon fils est là je tourne une page. Libre à vous d'imaginer la vie de Severus et Hermione si l'envie vous prend. Je les laisse ici, prêts (du moins le croient-ils) à faire face aux péripéties d'une grossesse puis des débuts d'une vie à trois tout comme je le suis de mon côté.

Je vous remercie toutes d'avoir partagé ce bout de chemin en ma compagnie. J'espère que vous aurez passé d'aussi bons moments à me lire que j'en ai eu à écrire cette fic et découvrir vos petits (ou longs) messages. Je ne sais pas quand, ou si, je serai à nouveau amenée à publier quelque chose sur ce site. Pour l'instant je rêve de nuits de sommeil ininterrompues, de repas chauds à une heure décente bref d'un rythme de vie à peu près normal et si quand je plonge mon regard dans celui de ma petite grenouille, à défaut d'oublier la fatigue je fais avec, je n'ai définitivement pas l'énergie, le temps ou l'inspiration pour écrire quoique ce soit avant… très longtemps je pense.

Je vous dis donc au revoir et peut-être à une prochaine fois au détour de quelques mots glissés sur le web si ma plume me titille. Merci encore pour tout et bonne route à toutes (et tous si un représentant masculin se perd par ici, sait-on jamais).

Nb : Comme Khalie me l'a fait remarquer, Némésis est une déesse (celle de la justice distributive, la vengeance divine, la jalousie et la colère) donc féminin mais je me réfère plus au fait qu'à présent Némésis est employé en tant que synonyme d'ennemi. Cet usage provient du souhait que puisse avoir un individu pour exercer la vengeance contre son pire ennemi, tel que l'aurait fait la déesse Némésis pour administrer la justice distributive. Je voulais qualifier ainsi James du point de vue de Severus donc je l'ai masculinisé. Désolée pour cette entorse à la vérité. Si vous le souhaitez, vous pouvez faire un saut sur le site lesdefinitions . fr par exemple, j'y ai piqué la phrase « cet usage (…) justice distributive ».