Titre : Amelioration

Auteur : Cheryl Dyson

Traduction : ReachingforHeaven

Rating : T

Résumé : Harry et Draco sont de retour à l'école pour leur huitième année, et les choses sont vraiment différentes maintenant qu'une menace de mort imminente ne pèse plus sur les épaules du brun. Que peuvent-ils bien faire pour améliorer les choses ?

Note de l'auteur : J'ai écrit cette fic pour la communauté HD HOLIDAYS sur Livejournal. Il y a tellement de fics stupéfiantes là bas, ça prendrait des mois pour toutes les lire. WOW ! Donc, il s'agit totalement d'une fic sur les fêtes, mais ça ne me pose aucun problème de semer du gingembre partout où je vais, alors profitez-en ! ET VOUS GAGNEZ LE CADEAU COMPLET !

Note de la traductrice : « Ouais ben il était temps ! » - je sais, je sais… Mais bon, que voulez-vous, c'est l'époque des concours ! Bref, désolée =) D'ailleurs je tiens à passer un message de soutien à tous les étudiants de France et de Navarre, qu'ils soient en prépa, en fac ou encore au lycée - COURAGE. ON VA LES VAINCRE, CES EXAMENS. Sur ce, bonne lecture à tous, et profitez bien de ce petit avant-goût de Noël que nous offre Cheryl Dyson ! Fa lalalala lalalala ! (Merci à mon beta au fait, F., toujours aussi génial que d'habitude.) La deuxième partie arrive dans deux jours !

Note sur les chansons : Dooonc. J'ai essayé de traduire les chansons par leurs équivalents français. Et pour « Les Douze Jours de Noël » (que je ne connaissais pas en français, je l'avoue), j'ai trouvé une dizaine d'équivalents français, qui varient pas mal selon les régions apparemment ; finalement j'ai pris la version la plus proche du texte =)

PART ONE

La dernière année de Harry à Poudlard commença aussi étrangement que ce à quoi il s'était attendu. L'école était en ruines à certains endroits, même avec les efforts continus qu'ils avaient tous faits. La Cérémonie de la Répartition fut rapide ; soit parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'élèves de première année, soit parce que leurs parents les gardaient loin de Poudlard. La fête qui suivit fut assez calme. Les élèves étaient moroses durant les premières semaines de cours, presque encore choqués par la guerre. De nouveaux professeurs avaient rejoints l'équipe déjà présente, comblant les manques évidents.

Les quelques élèves de retour pour leur « huitième année » avaient été mélangés aux septième année. Heureusement, l'inconfort que cela avait provoqué avait disparu après quelques jours seulement. Les dortoirs avaient été complètement réoganisés, au plus grand soulagement de la plupart des élèves. Harry se trouvait toujours dans le même dortoir que Ron, mais Neville avait été transféré quelque part ailleurs et trois élèves plus jeunes avaient été placés avec lui.

Malgré l'étrangeté générale et leurs fréquents serrements de cœur, Harry et ses amis s'adaptaient assez bien, se réhabituant assez facilement aux cours, aux leçons et aux révisions. Harry découvrit qu'il était plus détendu qu'il ne l'avait jamais été, sûrement grâce au fait que Voldemort avait cessé de hanter son esprit. Il était étonnant de constater à quel point l'absence d'une menace de mort imminente pouvait changer l'attitude de quelqu'un.

Malfoy était toujours là, bien sûr, jetant des regards noirs à tout le monde, souriant d'un air narquois et longeant les murs tel une pâle copie de qu'il avait été ; il se pavanait à nouveau, encadré de suiveurs, bien que Crabbe et Goyle aient été remplacées par un étudiant massif de cinquième année nommé Smead et un sixième année plus mince - mais à l'air mauvais - qu'ils surnommaient Bark. Smead semblait apprécier le son de sa propre voix et discutait tout le temps, s'attirant un regard noir de Malfoy au moins six fois par heure. Bark ne disait rien ; il se contentait de hocher docilement la tête à chaque fois que Smead ou Malfoy prononçaient - tout en léchant ce qui semblait être un stock interminable de bâtons de réglisse, qui coloraient ses lèvres, sa langue et parfois ses dents d'une déplaisante couleur violet foncé.

Harry pensait que les subalternes devaient être en rupture de stock.

Il avait rendu sa baguette à Malfoy deux semaines avant le début des cours, s'étant arrangé pour le retrouver sur le Chemin de Traverse. Ils s'étaient rencontrés dans la rue, Harry flanqué de Ron et Hermione, Malfoy de Pansy Parkinson et Blaise Zabini. Harry lui avait tendu sa baguette avec un simple « Merci ». Malfoy l'avait prise sans prononcer un mot, hoché brièvement la tête et transplané, suivi de ses amis.

« Connard ingrat » avait murmuré Ron.

Cependant, à l'école Malfoy l'ignorait complètement. Il ignorait quasiment tout le monde et avait choisi de faire profil bas en cours, l'air de vouloir uniquement réussir son année - et ensuite disparaître pour toujours. Il ne prenait même pas la peine de maltraiter les élèves plus jeunes, bien que ses suiveurs le fassent volontiers quand il ne se trouvait pas avec eux pour les en empêcher.

Cette ambiance irréelle avant disparu depuis longtemps quand arriva la première semaine de Décembre.

D'une façon toute à fait inattendue, l'école toute entière sembla tout à coup envahie par une ambiance de fête. En peu de temps, Hagrid et Flitwick décorèrent Poudlard d'une joyeuse explosion de houx, de résineux, de guirlandes et de lumières féériques qui recouvraient quasiment chaque centimètre carré.

Les étudiants chantaient dans les couloirs. Les chouettes et les hiboux étaient occupés à transmettre des commandes et à ramener des cadeaux. Les repas étaient accompagnés de friandises et de bonbons, de pâtisseries scintillantes de sucre glace, de fruits confits, et de chocolat sous toutes les formes possibles.

McGonagall, toujours prête à prendre un train en marche, profita sans attendre de la fièvre joyeuse provoquée par les fêtes de fin d'année pour mettre en place un concours. Harry pensait secrètement que McGonagall était contrariée à cause des piètres performances des quatre équipes de Quidditch - aucune d'entre elles ne pouvait se vanter de ses performances sur le terrain - et qu'elle espérait qu'un peu de rivalité pourrait raviver l'esprit de compétition de chacune des Maisons.

« Un concours de décoration ? » demanda Ron d'un air dubitatif. « Elle est devenue tarée ou quoi ? Regardez moi cet endroit. Si on rajoute encore des décorations, on va voir un foutu renne et un bonhomme de neige géant débarquer dans les couloirs. »

« Hagrid et les autres professeurs ont seulement décoré les endroits communs, Ron » dit Hermione, tout en les conduisant à travers le Hall d'Entrée - bien que son attention semble uniquement fixée sur le livre qu'elle tenait ouvert devant elle. « On va nous assigner des couloirs spécifiques et identiques dans les étages supérieurs. Est-ce qu'une fois de plus, tu n'as pas écouté ? »

Harry n'avait pas vraiment écouté, lui non plus. Son attention avait été fixée sur la table des Serpentards, les regardant attentivement pour voir comment ils réagissaient à cette annonce. Comme on pouvait s'y attendre, ils avaient eu l'air assez peu excités en entendant la nouvelle.

Malfoy avait eu l'air de s'ennuyer ferme, Zabini avait éclaté de rire, Parkinson avait jeté un regard noir à la Directrice comme si elle n'en croyait pas ses oreilles, et les deux gorilles de Malfoy avaient pris une expression d'incompréhension totale - ce qui ne changeait pas vraiment de d'habitude.

« Les Serpentards vont s'en sortir sans problème » commenta Dean Thomas. « Ils ont juste à ramener quelques arbres et leur jeter un sort pour les rendre verts. »

Harry sourit, sachant que Dean avait en partie raison. Ils allaient tous devoir décorer leurs couloirs selon les couleurs de leur Maison. Les filles de Gryffondor étaient déjà en train d'y réfléchir, se disputant à propos de clochettes et de guirlandes.

« Ne pensez pas que vous allez pouvoir vous défiler » les mit en garde Hermione. « Ca nous fera du bien. On a tous besoin d'un peu de distraction. »

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En dépit des honorables intentions de McGonagall, les choses avaient dégénéré jusqu'à un stade que la Directrice n'aurait pas pu imaginé. Le sabotage et les coups fourrés étaient devenus quotidiens. Harry et Ron rôdaient au coin du couloir en partie décoré des Serpentards, au sixième étage, dissimulés sous la Cape d'Invisibilité. Chaque maison s'était vu attribuer un étage sur la base de la méthode appelée « alphabétique », c'est-à-dire que Gryffondor avait hérité du troisième étage, Pouffsouffle du quatrième, Serdaigle du cinquième et Serpentard de l'étage le plus proche de la tour de Gryffondor.

Les Serpentards s'étaient plaint amèrement, bien sûr, d'avoir à faire tout le trajet des cachots jusqu'au sixième étage.

« Ca a l'air bon » murmura Ron. Ils n'avaient pas besoin d'être particulièrement discrets, puisque les seuls autres occupants du couloir étaient deux filles de troisième année en train d'accrocher des guirlandes et un Serpentard de septième année qui les regardait faire, l'air de s'ennuyer.

Harry pensait que leur couloir était splendide. Les Serpentards avaient choisi un thème hivernal, recréant un décor d'extérieur, comme Dean l'avait prédit, mais ne l'utilisant que comme base pour en faire une merveille de glace scintillante et d'argent étincelant. Les arbres étaient couverts de neige, de véritables flocons tombaient du plafond de pierre et s'accumulaient sur le sol. Il y avait des stalactites dans les buissons et les arbres, des éclats de vert et de blanc qui provenaient des fées survolant les branches. Des résineux gigantesques étaient parés de toutes les sortes possibles de guirlandes argentées, et décorés de vert chatoyant et de rubans d'argent.

Le sol avait été entièrement couvert de glace, excepté un chemin de graviers blancs et une petite clôture blanche ornée de guirlandes vertes et à laquelle on avait accroché des nœuds argentés.

« Ils ont une chance de gagner » dit Harry, comparant les décorations avec le rouge et l'or éclatants de leurs propres couloirs. Les Gryffondors avaient catégoriquement refusé d'utiliser du vert, alors ils avaient choisi un thème de Casse-Noisette et de soldats de plomb. Harry trouvait que l'endroit ressemblait plutôt à une boutique de jouets géante.

« Est-ce qu'on est là pour admirer leur boulot, ou est-ce qu'on est là pour le saboter ? » demanda Ron d'un air mécontent.

« Pour le saboter » s'empressa de répondre Harry. La nuit précédente, quelques Serpentards s'étaient introduit à l'étage de Gryffondor (malgré les deux sentinelles qu'ils avaient postées et un barrage de Sortilèges d'Alerte - bien que des sorts similaires n'aient pas arrêté Harry et Ron non plus) et avaient habillé tous les Casse-Noisettes géants de robes et d'écharpes aux couleurs de Serpentard.

« On pourrait faire fondre le bassin » suggéra Ron.

Harry y réfléchit, mais cela lui sembla trop simple et trop facile à annuler. Ils se devaient de faire quelque chose de plus grand. Ils se devaient de dépasser le cadre des blagues banales. Ils devaient réfléchir comme… comme George Weasley.

« Je crois que j'ai trouvé » dit Harry et il adressa un grand sourire à Ron.

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Cela leur prit un certain temps pour mettre leur stratagème au point. Ils avaient demandé leur avis à quelques-uns des Gryffondors les moins scrupuleux (donc pas à Hermione) et avaient fini par passer un appel par Cheminette à George. Selon l'ancien jumeau Weasley, le plan était simple - mais avant que le sortilège n'ait été jeté et qu'ils ne soient retournés se coucher, l'horloge avait déjà sonné quatre heures moins le quart.

Quatre heures de sommeil n'étaient définitivement pas assez, mais Harry n'allait certainement pas manquer le spectacle. Il tira Ron hors de son lit ainsi que leurs autres complices, et se dépêcha de descendre jusqu'au couloir du sixième étage. Ils arrivèrent juste au moment où un groupe de Serpentard apparaissait, légèrement essoufflés après avoir monté autant d'escaliers - cela faisait en effet pas mal de chemin depuis les cachots.

Malfoy ne se trouvait pas avec eux, ce qui désappointa fortement Harry.

« Qu'est-ce que vous avez fait, bande de crétins ? » leur demanda l'un d'entre eux en apercevant les Gryffondors.

« Rien » répondit Dean avec un grand sourire innocent.

Les Serpentards traversèrent avec précaution la partie décorée du couloir, cherchant des yeux des signes de vandalisme, baguettes à la main. L'endroit avait l'air normal, tout aussi charmant qu'il l'avait été la nuit précédente.

« Je ne vois rien » fit une Serpentard d'une voix cassante. Harry trouvait qu'elle ressemblait à une girafe.

« Il y a forcément quelque chose » répondit Blaise Zabini, « ou ils ne resteraient pas plantés là l'air d'attendre quelque chose. »

« T'as raison ! » La fille se retourna et agita sa baguette en direction des Gryffondors. « Vous tous ! Venez là. Vous allez passer en premier. »

Harry regarda Ron, qui lui lança un regard légèrement alarmé pendant un instant, mais Harry se contenta de rire et dit, « D'accord. » Il haussa les épaules et commença à marcher en direction des Serpentards. Le chemin avait été enchanté pour repousser la neige, donc il n'y avait aucune chance qu'il ne glisse sur le gravier qui crissait sous ses pieds. Les autres Gryffondors le suivirent.

Blaise Zabini les regarda passer avec méfiance. Harry lui adressa un sourire joyeux, s'attirant un regard noir. Ils parcoururent le chemin et Harry admira la vue tout en avançant. Les Serpentards avaient vraiment fait du bon boulot. Le couloir était magnifique. Le plafond avait été enchanté pour ressembler à un grand ciel bleu, mais des flocons de neige continuaient de tomber. Harry soupçonnaient que les murs étaient le prochain élément sur la liste de tâches des Serpentards, comme les pierres sombres étaient toujours visibles derrière les arbres.

Il se retourna pour jeter un coup d'œil derrière lui et remarqua qu'un premier Serpentard s'était avancé avec précaution sur le chemin. Les Gryffondors accélérèrent le pas, par un consentement mutuel et silencieux. Ils atteignirent rapidement le bout du couloir et se retournèrent.

Les Serpentards parvinrent jusqu'au milieu du chemin sans problèmes - puis cela se produisit. Zabini fut le premier à lâcher un cri étranglé, et la fille de Serpentard cria. Les Gryffondors éclatèrent tous de rire.

« Potter ! » rugit Zabini, mais son hurlement ne fit que faire rire Harry plus fort.

Les garçons de Serpentard portaient tous des petites robes de Noël, d'un rouge éclatant, avec des ourlets de fourrure blanche bordés de larges fils dorés. Leurs torses étaient à peine couverts par de minuscules gilets et des chapeaux de fête ornés de clochettes blanches et dorées étaient perchés sur leurs têtes. Des bois avait poussé sur le crâne de la seule fille de Serpentard, et elle portait également un harnais avec des cloches.

« Un appareil photo ! » hurla Ron, tout en essuyant des larmes de rire. « On aurait dû amener un appareil photo ! »

« J'en ai un ! » dit Dennis Crivey, prenant photo après photo dans un cliquetis continu avec le vieil appareil photo de son frère. A la vue de l'objet, Harry sentit son cœur se serrer un peu, même si savoir qu'il y allait avoir des preuves photographiques fit redoubler son hilarité.

« Courez ! » cria Dean alors que les Serpentards habillés de robes - ou en renne - se précipitaient vers eux.

Les Gryffondors se dispersèrent.

« Jolies jambes, Zabini ! » hurla Ron en agrippant le bras de Harry, alors qu'ils couraient jusqu'au coin du couloir. Harry devait admettre que Zabini avait en effet des jambes agréables à voir. Mais il aurait préféré voir celle de Malfoy. Juste pour en rire, bien sûr.

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D'une façon assez surprenante, les Serpentards ne se vengèrent pas sur les Casse-Noisettes du couloir des Gryffondors cette nuit-là ; ou du moins, ces derniers ne se rendirent compte de rien.

Harry descendait prendre son petit déjeuner, Dennis Crivey à sa suite. « Eh, Harry, pourquoi est-ce qu'on ne s'est pas retrouvés avec des costumes de Père Noël en même temps que les Serpentards ? »

« Pourquoi tu me demandes ça, Dennis ? Tu en veux un ? » demanda Harry.

Dennis rougit violemment. « NON ! Non, bien sûr que non. Je me demandais juste - »

Harry éclata de rire. « Calme-toi, Dennis. C'était une blague. Le sortilège a été déclenché par le blason de Serpentard sur leurs robes. »

« Génial » souffla Dennis.

Harry hocha la tête, pensant qu'en effet son plan avait été des plus ingénieux. Un garçon de Serpentard le dépassa dans le couloir, chantant à voix basse, « Décorons l'arbre de Noël… »

« Cette nuit nos cœurs ont des ailes, falalalalaaaaa la la la laaaa » reprit Harry, se surprenant lui-même. Dennis se mit à chanter lui aussi et ils se regardèrent tous les deux, étonnés, alors qu'ils entonnaient le couplet suivant. « Mettons nos habits de dentelle, falala lalala la la laaaa ! »

Harry essaya de se taire de toutes ses forces, utilisant même ses mains pour se bâillonner, mais sa bouche refusait de se laisser faire. Sa mâchoire continuait de bouger même avec ses mains plaquées sur ses lèvres, et il chantait assez fort pour attirer l'attention. Les curieux autour d'eux se mirent à hurler de rire. Dennis avait l'air tout aussi mortifié que lui, et il continuait lui aussi à chanter, les paroles de la chanson à moitié étouffées par ses propres mains.

Harry entendit un ricanement familier ; il releva les yeux et vit Malfoy devant lui, debout à côté de Blaise Zabini. Le garçon à la peau sombre avait l'air très fier de sa petite vengeance, mais le blond apparaissait simplement amusé.

Heureusement, Harry s'arrêta de chanter à la fin de la chanson. Il baissa les mains et regarda Dennis.

« Le premier jour de Noël… » entonna soudainement Malfoy, puis il s'arrêta tout aussi brusquement.

« … j'ai reçu de mon ami un moineau tout en haut du pommier… » chanta Harry à sa suite, incapable de s'en empêcher. Il écarquilla les yeux, horrifié, quand il se rendit compte qu'il allait devoir chanter jusqu'à la fin de la comptine - et il ne se souvenait même pas de la plupart des paroles. Dennis s'y mit lui aussi, l'air pitoyable.

Zabini et une foule d'élèves de plus en plus importante les entouraient, riant et les encourageant ; certains d'entre eux chantaient même avec eux. Malfoy s'était contenté de croiser les bras, appuyé contre le mur, et souriait d'un air amusé. D'une certaine façon, son attitude était encore plus humiliante que le reste.

Harry attrapa Dennis par le bras et l'entraîna vers la Grande Salle. Il ne parvint pas à parler tout en chantant, mais son intention était assez claire - et ils réussirent à prendre la fuite.

Ils descendirent donc tout droit jusqu'à la Grande Salle. Le premier Gryffondor qui les entendit chanter entonna à son tour les paroles et les autres les rejoignirent immédiatement, jusqu'à ce que chaque Gryffondor de la pièce soit forcé de chanter à plein poumons Les Douze Jours de Noël.

Harry essaya de sentir irrité - mais d'un autre côté, la situation était plus facile à supporter maintenant que toute la Maison partageait son malheur. Apparemment, le sortilège ne procurait pas magiquement aux victimes la connaissance des paroles - Ron chanta la comptine tant bien que mal, remplaçant les phrases par celles qui lui venait à l'esprit.

Les autres élèves les écoutèrent, stupéfaits, exceptés les Serpentards, qui eux riaient aux éclats. Quand la chanson se termina, l'un d'entre eux entonna Vive le Vent, mais McGonagall mit brusquement fin au sortilège. Harry arrêta de chanter avec soulagement, et dirigea toute son attention vers son petit-déjeuner. Il croisa le regard de Malfoy, et lui adressa un sourire un peu forcé et un signe de la tête. Leur blague avait été ingénieuse.

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La vengeance aurait dû être plus douce.

Harry pensa que c'était parce qu'il n'avait pas participé à la planification, cette fois. En fait, il n'avait pas du tout été impliqué. Il suspectait plusieurs des filles de se trouver à l'origine de la dernière évolution de la guerre entre les Gryffondors et les Serpentards, parce qu'il était peu vraisemblable qu'un des garçons ait eu une idée pareille. Si Harry avait su, il serait sûrement intervenu pour empêcher ça.

Et pas seulement parce des gens n'arrêtaient pas d'embrasser Draco Malfoy.

Les couloirs étaient envahis d'un véritable chaos. Tous les Serpentards se retrouvaient avec des branches de gui flottant au-dessus de leur tête - du gui qui refusait de disparaître, et ce même avec un sort. Du gui qui attirait toutes les personnes dans un certain rayon et les forçaient à embrasser celui ou celle qui se trouvait en-dessous. Harry avait regardé avec horreur pas moins de quatre élèves de Maisons différentes (deux filles de Pouffsouffle en quatrième année, un sixième année de Serdaigle, et Dean Thomas) essayer d'embrasser Malfoy. Les filles avaient réussi à l'embrasser rapidement avant que le Serpentard ne les repousse assez brutalement. Dean Thomas avait été écarté brusquement avec un juron avant même que ses lèvres n'effleurent celles du blond, mais le garçon de Serdaigle…

Harry décida que le garçon était un crétin et qu'à l'avenir il devrait régulièrement lui jeter des maléfices. Même si le Gryffondor n'arrivait même pas à se souvenir de son nom. Il avait des cheveux blonds-châtains et était assez large d'épaules, était excessivement intelligent - bien sûr - et il méritait clairement de mourir. Pas parce que Malfoy lui avait permis de l'embrasser, évidemment. Et certainement pas parce que le baiser en question avait duré bien plus longtemps que Harry n'estimait prudent pour quelque chose qui n'était clairement qu'une blague de mauvais goût, et qui n'aurait pas même dû être toléré. Non, le Serdaigle méritait de mourir parce que… son visage avait un air cruel. Tout à fait, décida Harry. C'était les yeux. Ils avaient une nuance mauvaise et glacée, même s'ils brillaient un peu plus après le baiser de Malfoy.

Crétin stupide. Il n'avait probablement jamais été embrassé auparavant, pas avec un regard méchant pareil.

Le reste des tentatives pour embrasser le Serpentard avaient été toutes contrées par un Charme du Bouclier rapidement lancé. Les autres Serpentards ne tardèrent à suivre son exemple, et bientôt les couloirs furent envahis d'élèves se heurtant les uns aux autres, rebondissant sur les Boucliers magiques comme s'ils étaient les balles d'un jeu de flipper moldu.

« Eh bien, ce sort a l'air de s'être retourné contre ceux qui l'ont lancé » dit Harry à Hermione en commentant la situation.

Elle leva les yeux au ciel. « Je n'y suis pour rien. Plains-toi à Lavande Brown et Romilda Vane. Quelles idiotes. »

Harry hocha la tête, certain qu'Hermione se serait assurée que le sortilège ne fasse de l'effet qu'à certaines personnes, au lieu de toutes celles qui se trouvaient dans un certain rayon autour des Serpentards. L'embarras de Dean avait pu se lire clairement sur son visage après qu'il eut essayé d'embrasser Malfoy. Il avait toussé et jeté un regard gêné à Harry, qui avait souri d'un air moqueur et avait demandé, « Alors, c'était comment ? »

« Ta gueule » avait répliqué Dean, et il s'était éloigné à la hâte, prenant bien soin d'éviter chaque Serpentard. Harry pensait que McGonagall allait s'occuper du sort durant le petit-déjeuner.

La plupart des élèves se dirigeait en effet en direction de la Grande Salle - bien que les élèves vêtus de vert et avec du gui au-dessus d'eux soient obligés de s'arrêter en chemin. Harry nota que certains d'entre eux n'avaient pas du tout l'air agacé, bien au contraire. Les lèvres de Pansy Parkinson étaient rivées à celles d'un garçon de Pouffsouffle assez mignon, qui, impuissant, agrippaient les manches de la robe de la Serpentard comme si sa vie en dépendait - mais il n'avait pas vraiment l'air de vouloir se détacher d'elle. A la grande surprise de Harry, Malfoy n'avait pas l'air agacé à la vue de ce spectacle.

« Viens mon vieux, avant qu'on ne se fasse avoir par ce sortilège » dit Ron, les yeux fixés sur Pansy Parkinson et son « prisonnier ». Pendant un moment, il eut l'air rêveur, jusqu'à ce qu'il ne sente le regard furieux d'Hermione le transpercer. « On n'en a vraiment pas envie ! » ajouta-t-il à la hâte.

« Non, certainement pas » dit-elle d'un air hautain, et elle s'éloigna rapidement dans le couloir. Ron se lança à sa poursuite, s'assurant de bien éviter l'ensemble des Serpentards. Harry les regarda, un large sourire aux lèvres et commença à suivre ses amis, mais son chemin fut soudain bloqué.

Harry écarquilla les yeux et croisa un regard argenté malicieux pendant un instant, avant que le sortilège ne le prenne au piège et qu'il soit pratiquement propulsé en avant. Il grinça des dents et se prépara mentalement, s'attendant à rebondir sur le Bouclier de Malfoy et d'entendre des rires s'élever autour de lui, mais il ne rencontra aucun obstacle.

Il étouffa un « oomph » de surprise quand son torse rencontra celui de Malfoy. Avant qu'il n'ait pu reprendre sa respiration, ses lèvres se plaquèrent sur celles du blond et ses bras s'enroulèrent autour de la nuque de son ennemi le plus agaçant.

Harry écarquilla encore plus les yeux, choqué, et son regard rencontra les yeux gris à moitié fermés du blond. Une seule pensée réussit à se frayer un chemin à travers les méandres de son esprit stupéfait. Je suis en train d'embrasser Draco Malfoy.

L'irréalité de ce fait le paralysa pendant une dizaine de secondes, tandis que les battements de son cœur résonnaient bien trop fort dans ses oreilles. Ses lèvres étaient rivées à celles de Malfoy ; ils ne bougeaient pas, et leur baiser en était à peine un, en vérité.

Mais à ce moment-là, Malfoy bougea. C'était un léger mouvement, il s'était juste décalé, ou il avait soupiré, ou tressaillit. Peu importe ce qu'il avait fait, les lèvres du Serpentard avaient bougé contre celles de Harry, laissant derrière elles un fantôme d'humidité, juste un léger goût, accentué par la sensation du souffle de Malfoy caressant son visage. La combinaison était électrifiant.

Plus ! cria quelque chose à l'intérieur de Harry ; ses mains se resserrèrent, maintenant le blond en place. Il bougea ses lèvres à son tour, les entrouvrant juste assez pour saisir la lèvre supérieure de Malfoy entre les siennes - et sa langue put ainsi obtenir un très léger goût.

Un cri suraigu rompit le silence. Harry s'écarta brusquement, croisa le regard stupéfait de Malfoy pendant une brève seconde, puis recula avec force et avec tant de hâte qu'il trébucha et tomba par terre, se faisant violemment mal à la fesse droite. Il resta bouche bée, fixant le Serpentard qui continuait de le regarder tandis que le hurlement semblait continuer indéfiniment.

Finalement le son sembla pénétrer la bulle qui paraissait les envelopper tous les deux, attirant leur attention. Il s'agissait de Pansy Parkinson, qui les montrait du doigt et qui semblait réellement hurler de rire.

« Potter ! » aboya-t-elle. « Potter le pédé ! »

Harry fronça les sourcils et son regard revint sur Malfoy. Les yeux de ce dernier s'étaient réduits à deux fentes, et il adressait une moue ennuyée à Parkinson. Le Gryffondor fut perplexe pendant un instant, s'attendant à ce que le blond rejoigne l'état d'hilarité générale et le tourne en ridicule.

Harry se remit sur ses pieds, s'empêchant de frotter son postérieur blessé. Il adressa un rictus à Parkinson, dépassa Malfoy sans lui adresser un mot, et se dirigea rapidement vers la Grande Salle. Sa confusion augmentait à chaque pas. Pourquoi le Serpentard avait-il annulé le Sortilège du Bouclier ? Était-ce plus humiliant de laisser Harry l'embrasser ?

Il rougit en se souvenant de l'insulte que lui avait lancé Parkinson. Il supposait que c'était dégradant. Et pourtant, devoir admettre qu'il avait apprécié embrasser Draco Malfoy était bien pire que la honte qui en avait résulté.

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~ TBC