NB : Bienvenue dans cette nouvelle histoire. Embarquez dans un voyage dans le temps qui vous propulsera à l'époque des Maraudeurs.

Bonne lecture


CHAPITRE I

« Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir. » Anatole France

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Avec des « si » on pourrait refaire le monde à notre image pour le rendre parfait, oublier le passé et construire un nouvel avenir. Ce serait vraiment trop beau, n'est-ce pas ? Mais ne dit-on pas qu'avec la magie, tout est possible ?

...

Au Seigneur des Ténèbres,

Je sais que je ne serai plus de ce monde bien avant que vous ne lisiez ceci mais je veux que vous sachiez que c'est moi qui ai découvert votre secret. J'ai volé le véritable Horcruxe et j'ai l'intention de le détruire dès que je le pourrai. J'affronte la mort dans l'espoir que lorsque vous rencontrerez un adversaire de votre taille, vous serez redevenu mortel.

R.A.B.

...

Tout cela pour rien ! Tout ce chemin, tous ces dangers pour un faux médaillon ! Ce dernier valsa à travers la pièce pour s'écraser violemment contre le mur. Une aura de rage régnait dans la chambre d'Harry Potter et ce depuis son retour de Poudlard. Les Dursley n'osaient même pas intervenir ni même faire la moindre remarque, non seulement parce que la colère du survivant était intense au point de faire trembler les murs de la maison mais aussi parce qu'ils étaient au courant de la mort de Dumbledore et du danger qu'ils encourraient à rester ici. Chacun dans leur chambre, les yeux ouverts, dans un silence pesant, ils sursautaient lorsqu'ils entendaient les impacts des objets s'écrasant sur le sol et se brisant bien trop souvent en mille morceaux. Puis, comme à chaque crise, le calme finit par revenir et Harry se laissa choir sur son lit, les doigts emprisonnant ses cheveux en bataille et les paumes de main contre ses tempes, cherchant à calmer cette colère et cette angoisse qui lui enserraient le cœur.

Aucune larme ne coulait le long de ses joues, ses yeux étaient bien trop secs pour pouvoir déverser sa tristesse, il avait déjà bien trop pleuré. Pour la énième fois depuis son retour à Private Drive, Harry replaça le bout de parchemin à l'intérieur du médaillon et le referma en un petit clap sonore, seul bruit dans le silence de la maisonnée. Il le fit tourner entre ses doigts, le contemplant encore et encore. Il n'avait rien d'exceptionnel, il n'était rien comparé à celui qu'il avait entrevu dans la pensine de Dumbledore, à travers le souvenir de cet elfe de maison accusé du meurtre de sa maîtresse. Dumbledore... Poudlard ne sera plus jamais comme avant. Voldemort avait porté un coup fatal à la communauté sorcière qui se battait contre ces idéaux de pureté du sang. Et avec les mangemorts présents dans les hautes sphères du Ministère de la Magie, le gouvernement ne tardera pas à tomber.

Le médaillon échoua dans un coffre en bois au milieu d'une myriade d'autres objets aussi étranges les uns que les autres. Il y avait un vieux journal troué, celui de Tom Jedusor et accessoirement un ancien Horcruxe tout comme la bague d'Elvis Gaunt qui traînait au fond de la boite, un croc du Basilic, quelques petits bocaux contenant divers ingrédients, une marmite rapetissée et encore bien d'autres choses, formant un véritable bric-à-brac. Un objet trônait dans ce désordre, un petit écrin précieux à l'intérieur duquel se trouvait un bijou magnifique et étrange. Le pendentif était semblable à un retourneur de temps, le même qui portait Hermione en troisième année, une longue chaine de métal au bout de laquelle pendait un petit sablier de verre cerclé d'argent.

Harry fit balancer la chaine devant ses yeux, ses prunelles olive fixées sur le sablier. Il s'en voulait d'avoir menti à ses amis mais il le devait. Cette fois-ci, il ne pouvait pas les embarquer dans cette aventure, il ne savait pas lui-même s'il allait survivre au voyage. Oui, Harry allait partir mais c'était un voyage particulier. Un voyage dans le temps. Le Survivant avait modifié cet objet pour qu'il ne le renvoie pas seulement quelques heures en arrière mais quelques années. Il avait utilisé les vieux grimoires que Dumbledore conservait dans son bureau, de la magie ancienne et puissante qu'il n'était pas sûr d'avoir réussi à maitriser. L'un d'eux lui avait apporté la solution, écrit d'après les note de Dumbledore et des précédents directeurs pendant l'Antiquité, voire même avant. Pas de nom d'auteur mais un étrange symbole dont il ne restait qu'un étrange bâton avec quelques feuilles d'or résistantes et des courbes autours incomplètes et effacées par le temps.

Il avait fait plusieurs essais, parfois concluant, parfois catastrophiques, n'avait-il pas failli mettre le feu à sa chambre la semaine dernière ?! Afin de ne pas prendre trop de risque et de s'assurer de la bonne tournure du voyage, Harry avait fait en sorte que le retourner l'envoie non pas une heure en arrière mais une minute. Il mit plusieurs semaines avant d'y parvenir et quand enfin il se retrouva en face de lui-même, prêt à lancer le retourneur, il sut qu'il touchait enfin au but. Il n'avait pas encore testé la nouvelle version du sablier, il n'avait droit qu'à un seul essai pour se retrouver en 1977. A force de le modifier magiquement, le pendentif avait également subit quelques modifications. Normalement doré, il était à présent argenté et serti de saphirs, d'ailleurs il émanait de lui une étrange lueur bleutée, douce et chaleureuse, rassurante.

Pensif et soucieux, le survivant passa la chaine autour de son cou et glissa le sablier sous son T-shirt afin de dissimuler la lueur diffuse. Un coup d'œil à son réveil lui indiqua qu'il était minuit passé.

- Joyeux anniversaire, Harry, murmura-t-il, guère enjoué et même plutôt fataliste.

Sa main s'abattit sur le couvercle du coffre, scellant la malle avec une lenteur méthodique, réfléchissant à un éventuel oubli. Son regard embrasa la pièce. Non, apparemment il n'oubliait rien. Un doux hululement emplit son cœur de tristesse.

- Hedwige.

La chouette regardait son maitre intensément, comme si elle savait ce qui se tramait dans son esprit torturé. Elle quitta son perchoir et rejoignit l'épaule du sorcier pour se blottir tout contre son cou.

- Tu vas me manquer, ma belle, dit-il tout en se dirigeant vers la fenêtre.

Après une dernière caresse, Harry invita Hedwige à s'envoler, ne lui laissant qu'une plume d'un blanc immaculé. Là où il allait, il ne pouvait l'emmener. Il la regarda s'éloigner aussi longtemps qu'il le put dans la nuit noire et il en profita pour scruter les horizons. Tout semblait calme. Le jeune homme ferma la fenêtre et passa sa cape autour de ses épaules, tapotant sa poche pour confirmer la présence d'une bourse en cuir contenant l'intégralité de son coffre à Gringott : la magie ou comment une simple petite poche pouvait contenir une véritable fortune. En ces temps noirs obscurs, cela apparaissait comme normal voir courant, certains sorciers vidaient leurs coffres et partaient se cacher, en Angleterre ou à l'étranger.

Son regard embrassa la pièce, vérifiant qu'il n'oubliait rien, analysant chaque recoin de sa chambre. D'un coup de baguette magique, il fit en sorte que sa malle tienne dans la paume de sa main et puisse se réfugier dans la poche arrière de son vieux jeans. Sur la pointe des pieds, il quitta la chambre qu'il occupait depuis près de cinq ans. Les Dursley lui avaient permis de quitter le placard sous l'escalier non seulement parce que Dudley venait de récupérer une autre chambre, plus grande, mais aussi parce qu'il avait peur de subir quelques sortilèges. Celui d'Hagrid sur son cousin avait dû les marquer. Sans parler de tante Marge... Harry n'était pas mécontentant de partir, mais d'un côté il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il leur avait causé bien des soucis.

Tandis qu'il descendait les marches de l'escalier sur la pointe de pieds, Harry repensait à sa vie, à ses amis, à tout ce qu'il s'était passé depuis qu'il avait reçu la lettre de Poudlard. Il avait bien ri, pleuré aussi, il avait eu peur mais jamais il ne s'était dégonflé. Est-ce que ce voyage était une fuite ? Non, il ne le voyait pas ainsi. Il ne le faisait pas non plus par pur égoïsme, juste pour vivre avec cette famille qu'il n'avait jamais connue. Non, il voulait avoir la possibilité de se battre dans l'ombre, sans que Voldemort ne connaisse son existence, sans le traquer inlassablement à cause de cette maudite prophétie. Arrivé devant la porte d'entrée, il hésita. Après tout, il y avait encore l'Ordre, ils pourraient se battre ensemble. Il pourrait aussi partir en quête des horcruxes avec Ron et Hermione, ensemble comme toujours. Oui... il pourrait. Mais il avait pris sa décision.

Harry franchit le seuil de la porte et eut un léger frisson quand la bise légère du soir d'été souffla, laissant le froid rougir ses joues et s'engouffrer dans ses vêtements. Malgré la période estivale, il pouvait encore faire un peu froid certains soirs. Ses mains frottèrent ses bras comme pour les réchauffer en vain. Puis, le survivant quitta le 4 Private Drive. Ses pas résonnaient dans le silence de la nuit, il avait l'impression de se retrouver la veille de sa troisième année, lors de l'évasion de Sirius Black. Seulement, cette nuit était bien trop calme. Certes, à cette heure, les volets étaient fermés et les gens sortaient rarement dans le quartier une fois la nuit tombée, mais le silence était presque total. Il n'y avait que le bruit du vent, sifflant de plus en plus violemment sur l'Angleterre et faisant grincer les balançoires des jardins avoisinants.

Inquiet et sur le qui-vive, le jeune homme à la cicatrice sortit lentement sa baguette en ralentissant le pas, guettant le moindre mouvement. Ils étaient là... Un bruit sur sa droite l'incita à rouler sur le côté, évitant de justesse un rayon rougeâtre qui alla s'écraser contre un lampadaire. L'ampoule explosa en mille morceaux, pluie tranchante qui s'abattit sur le survivant. Malgré sa position fœtale, l'un deux lui entailla la joue, lui laissant une trace rougeâtre sur le visage. Cependant, dans l'urgence de la situation, il ne s'en rendit pas compte. Il se releva rapidement et se mit à courir à travers les rues de Little Whinging en zigzaguant pour éviter les sortilèges qui fusaient dans sa direction. Tout en courant, Harry sortit le retourneur de temps de sous son large t-shirt et il se mit à tourner la molette autant de fois qu'il le fallait.

- Allez Drago ! Arrête-le ! C'est le moment.

Cette voix haut-perché... Il l'aurait reconnue entre mille pour avoir hanté ses nuits l'année dernière. « J'ai tué Sirius Black », cette phrase qui tournait en boucle dans son esprit, le torturant chaque nuit suivant le passage de Sirius à travers le voile du ministère. Il n'avait toujours pas fait le deuil de son parrain, il entamait à peine celui de Dumbledore, alors une vague de douloureuse colère s'empara de lui et il osa un regard embué en arrière, les poings serrés. Il voyait bien Bellatrix de l'autre côté de la rue le regarder avec un sourire confiant et démentiel, mais ce qui l'inquiétait, c'était cette silhouette qui se rapprochait dangereusement de lui.

- Non Malefoy, ne fais pas ça !

Trop tard. Drago se saisit de son ennemi et, avec l'élan de sa course, ils tombèrent ensemble sur l'asphalte. Les deux adolescents eurent le souffle coupé mais Drago prit rapidement le dessus, saisissant ses poignets pour le garder immobile. Son visage était tordu par la peur, la même peur, les mêmes tremblements, le même regard lorsqu'il était en haut de la tour d'astronomie, tenant en joue le directeur. Harry aussi avait peur. Non pas de se faire prendre par les mangemorts, mais que Drago soit emporté avec lui. Il avait bien compté, il avait tourné le bon nombre de tours. Le sablier se mit à briller d'une douce lueur bleutée, s'intensifiant tandis que la cadence s'accélérait. Rapidement, autour d'eux, le temps commença à reculer... et Drago le maintenait toujours. La panique s'empara de lui.

- Potter ! Qu'est-ce que tu fais ? Laisse-moi partir !

Il était prêt à abandonner sa mission, à laisser partir le survivant pour sauver sa peau. Voldemort ne le lui aurait jamais pardonné mais à cet instant, cette magie l'effrayait plus que le Lord Noir. Heureusement pour lui, et malheureusement pour Harry, il était trop tard. Le processus était enclenché et ne pouvait être rompu. Lentement, leurs corps se soulevèrent et leurs pieds ne touchèrent plus la terre, ils planaient à quelques centimètres du sol tandis que le temps défilait sous leurs yeux. Au début, ils pouvaient voir les gens marcher à reculons, le soleil suivre le chemin inverse. Bientôt, le défilement fut plus rapide et il fut impossible de distinguer quelque chose. Tout allait bien trop vite. Ils étaient encerclés par un flou total. Un autre problème survint. Drago n'avait pas le bijou autour du cou. Au début, c'était imperceptible, mais au bout d'un moment, Harry sentit le jeune homme blond se cramponner à son bras en hurlant. Il était emporté, comme au cœur d'une tornade. Harry prit son autre bras et chercha à le retenir.

- Tiens bon !

- Ne me lâche pas, Potter !

Il était vraiment effrayé, même paniqué et Harry n'en menait pas large. Certes ils se détestaient depuis leur première année mais voulait-il avoir sa mort sur la conscience ? Non, certainement pas. Plus de mort. La force qui tirait Drago était de plus en plus forte et Harry sentit ses mains glisser lentement. La peur se lisait dans leurs regards respectifs. Harry lui hurlait de tenir. Il tentait de le retenir, enserrant ses doigts autour de ses poignets. L'une de ses mains lâcha, leur arrachant un cri de terreur. Harry utilisa alors ses deux mains pour qu'il s'accroche mais il glissait plus encore. Puis ses doigts se refermèrent sur le vide. Le cri de Drago lui perça les tympans et il hurla son nom mais l'instant d'après, il sentit son corps chuter brutalement et il se retrouva propulsé par terre. Le choc fut plutôt rude et Harry eut vraiment du mal à reprendre ses esprits. Il était allongé dans l'herbe, les bras en croix et sous une pluie torrentielle. L'eau coulant sur son visage l'aida à remettre rapidement ses idées en place et très vite il se redressa en criant le nom de Malefoy. Une réponse parvint à ses oreilles.

- Ohé ! C'pas bientôt fini c'boucan ! Ya des gens qui dorment ici !

Harry ne réagit même pas à cette réflexion, perdu dans ses pensées et regardant tout autour de lui. Qu'était-il devenu ? Il était réellement inquiet pour le blond, craignant le pire. En transplanant on risquait d'être démantibulé, alors un voyage dans le temps mal préparé... Et puis, Drago était-il vraiment mauvais dans le fond ? Il se contentait simplement de suivre le chemin de son père et malheureusement, l'année dernière, Voldemort l'avait pris en grippe. Il a dû se rendre compte que oui, il détestait les moldus et les sans-de-bourbe, mais irait-il jusqu'à tuer ? Non... n'avait-il pas baissé sa baguette alors qu'il devait tuer Albus Dumbledore ?

Pas besoin de tergiverser plus encore sur la question, Harry était seul à présent, Drago avait disparu. Il devait se concentrer sur sa mission et d'abord se repérer. Normalement, il devrait être dans le Little Whinning du passé... Mais comment savoir ? Il était perdu au beau milieu de la nuit et sous une pluie intense qui l'empêchait de voir correctement à plus de deux mètres. En frissonnant, le jeune homme abattit la capuche de sa cape sur sa tête pour se protéger de la tempête. Sa main palpa la poche arrière de son pantalon, vérifiant la présence de la malle réduite ainsi que de sa bourse qui était toujours accrochée à sa ceinture.

En retrouvant le trottoir de la rue, Harry passa près d'une poubelle et aperçut un journal, certes détrempé par la pluie, mais l'encre n'avait pas encore coulé. Il put lire aisément qu'il s'agissait de l'édition de la veille, celle du 30 juillet 1977. Il avait réussi ! Il était revenu vingt ans en arrière. Soulagé, Harry laissa l'angoisse s'échapper et éclata de rire et en sauta de joie. Si Hermione était là, elle serait assurément fière de lui... ou complètement jalouse comme en potion l'année dernière. Personne n'aurait jamais osé faire ce qu'il a fait parce que d'une, c'était un procédé considéré comme impossible, et de deux, changer le passé pourrait avoir de graves conséquences sur le futur... A cette pensée, le sourire du survivant s'évanouit. Il ne pourra plus jamais revenir ! En venant ici, il avait déjà changé le cours du temps. Son présent n'existait plus.

Et il n'imaginait pas à quel point la moindre de ses actions pouvait avoir des répercussions. Harry partit en gardant le journal sous son bras, tel un trophée. Il se mit à courir dans les rues pour vite trouver une rue à l'abri des regards indiscrets pour appeler le magicobus, bousculant dans sa course une personne. C'était Eddy, un sans-abri approchant de la quarantaine, bien connu dans le quartier. Il n'était pas bien méchant, bien au contraire. Cette nuit-là, Eddy aurait dû s'arrêter près de la poubelle et s'emparer du journal avant de retourner dans la rue où il dormait. Mais le regard d'Eddy ne fut pas attiré par le journal et il continua sa route. Un peu plus loin, une voiture dérapa en voulant s'arrêter brusquement à un feu tricolore, les pneus crissèrent sur le macadam et l'engin percuta violement le sans-abri. Ce fut à nouveau le silence dans les rues de Londres, les phares de la voiture accidentée éclairant dramatiquement le corps d'Eddy, étendu sur le sol.