Auteur : lifelesslyndsey

Traductrice : Moi

Spoilers : -

Rating : M

Genre(s) : Humour/Hurt/Comfort

Disclaimers : Tout l'univers des Cullen appartient à Stephenie Meyer. L'histoire que vous allez lire appartient à lifelesslyndsey. Quand à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.

Notes : Pour ceux que ça intéresse de lire cette histoire en version originale, le lien se trouve dans mon profil.


- Chapitre 1 : Chatpire -

-PoV Peterpire-

Seattle la Pluvieuse.

Bienvenue à la maison.

J'étais assis au plafond, entrain de changer les ampoules de ma demeure récemment achetée. C'était une maison à deux étages, de style Victorien, beaucoup plus grande que ce dont j'aurais jamais besoin, mais elle était située sur une immense colline au nord d'une spacieuse communauté sécurisée pleine de voisins inamicaux. Juste comme je les aimais.

Malheureusement, l'agent immobilier avait oublié de mentionner que l'ancienne propriétaire collectionnait, à défaut d'un meilleur mot, des chats. Pas des figurines de chats ou des jouets; pas des pulls à motifs félins ou des calendriers, mais une quantité de chats de gouttière. Certaines personnes avaient des nains de jardins ou des flamands rose en céramique. J'avais des chats. J'étais désormais la vieille dame aux chats. Une meute, une horde, un putain de troupeau de chats. Si mes frères d'arme pouvaient me voir maintenant...

Jamais au cours de toute ma vie avais-je regretté le fait que je n'avais pas d'odeur jusqu'au moment où j'avais ramené mes fesses brillantes au bout de cette allée, me créant un passage à travers les chats tout comme Moïse s'était créé un passage à travers la Mer Rouge. Avec n'importe quel autre Vampire, ils auraient tous fuis, complètement terrifiés. Cependant, je n'avais pas d'odeur, pas de petit boost pour activer leur gêne du combat-ou-la fuite. Mais, j'avais besoin d'amis. Faute de grives, on mange des merles, je suppose.

Peut-être que je devrais tout simplment les manger.

Après avoir brièvement considéré que mon entrée était désormais un jardin pour vampire végétarien, je sautai au sol et haussai les épaules en repensant à ma vie pathétique. Seattle était censée être un nouveau départ. Tout ce que j'avais, c'était une immense maison vide et un jardin rempli de décorations vivantes. Peut-être que je pourrais manger les livreurs d'IKEA demain. Putains de chats.

Ils exigeaient que je les nourrisse.

J'avais eu l'intention de les laisser mourir de faim, mais ils ne la fermaient pas. Un génocide de chat m'avait traversé l'esprit, mais je n'avais pas pu m'empêcher de me dire qu'ils étaient là les premiers, ils avaient marqué leur territoire en premier. Gémissant et grognant, je me frayai un passage à travers dix-sept chats de gouttière collants, affamés et dévorés par les puces, jusqu'à ma voiture.

Et donc c'est comme ça que je me retrouvai dans une allée dédiée entièrement aux chats. Pas juste de la nourriture pour chats, mais des jouets pour chats et des litières pour chats et des vêtements pour chats et des paniers pour chats et tout un tas d'autre putain de conneries.

Putain de décisions.

Et revoilà ce truc de Libre Arbitre.

Soupir.

Qui aurait cru qu'il y aurait vingt marques différentes de croquettes pour chat? Je ne voulais même pas penser aux pâtées pour chats. On allait définitivement pas aller là. Je ressemblai déjà à un putain de con après avoir passé vingt minutes à examiner de la nourriture pour chat. J'étais un foutu mec. Un foutu vampire. J'aurais dû juste manger les chats et en finir. Mais là encore, les chats mangent cette saloperie, donc ils peuvent pas avoir bon goût. J'en resterais aux humains.

Merde, c'est quoi la foutue différence? Felix, Sheba et putain de Friskies? C'est que des os d'animaux et des céréales de toutes façons. Si c'était comme ça que ça allait se passer, alors mes putains de petits chats n'auraient qu'à se bouffer entre eux. Ça pourrait se transformer en maladie du Chat Fou. On pourrait créer une épidémie féline, réduire la population féline mondiale par leur propre peste. Le Grand Homme le fait tout le temps. Je pourrais être le Dieu des Chats.

Voilà les choses auxquelles je pensais lorsque le destin tourna la page du Grand Livre que j'étais entrain de lire. Sa voix allait tout changer. Un nouveau chemin avait été créé, une option. Un choix. Et revoilà ce truc de Libre Arbitre. Chienne de vie.

"Putain de Vampires. Même à Wal-Mart."

Les mots furent marmonnés dans un souffle, mais je les entendis. Par réflexe, ma tête se redressa et chercha la source de ces mots, une petite femme aux yeux chocolat qui tenait une boîte de gâteaux à la fraise. Elle plongea son regard dans le mien, sans même cligner des yeux. Qui est cette humaine? Comment a-t-elle entendu parler des vampires? Pourquoi n'a-t-elle pas peur? Devrais-je la manger?

Qu'est-ce que je fous maintenant?

Comme si elle pouvait lire mes pensées, elle haussa les épaules, laissa tomber ses gâteaux dans son caddie et s'éloigna tranquillement, comme si elle n'avait pas passer les cinq dernières minutes à fixer une dangereuse créature mythologique droit dans les yeux. Je fus momentanément abasourdi, tellement abasourdi que j'attrapai les deux premiers paquets de croquettes qui me tombèrent sous la main avant de me diriger vers les caisses.

Elle était dans la file d'attente à côté de la mienne, et ne me prêta absolument aucune putain d'attention; rien, même pas un coup d'oeil ou un clin d'oeil. A la façon dont sa bouche bougeait, je conclus qu'elle était entrain de siffloter un générique de télévision...Andy Griffith apparemment. Tout ce que je pouvais faire, c'était la fixer avec l'expression la plus mauvaise que je pouvais avoir et essayer de forcer cette minuscule humaine à avoir peur.

Aie peur de moi. Aie peur de moi. Aie peur de moi.

Contrôle mental de Jedi.

Ce n'est pas un vampire qui se tient devant toi.

Rien.

Ça ne me menait nulle part, elle était absolument absurde. La petite humaine se tourna vers moi, me sourit, et fit une énorme bulle rose avec son chewing-gum avant de jeter ses achats sur le tapis de caisse.

C'est quoi ce délire?


-PoV Bella-Poo-

"Sors de la maison," dit-elle. "Ça te fera du bien," dit-elle. "Le passé est le passé," disent-ils. Ma psy est une connasse.

Si le passé est vraiment le passé, alors pourquoi ai-je passé les cinq dernières minutes avec une boîte de gâteaux à la fraise dans les mains à regarder un vampire regarder de la nourriture pour chat? Je ne sais pas vraiment ce qu'un vampire pourrait faire avec de la nourriture pour chat. Est-ce qu'il a un chat? Peut-être qu'il aime jouer avec sa nourriture avant de la manger. Mais là encore, il pourrait s'en prendre aux humains. Je ne suis pas vraiment sûre. Qui sait? Je sais que ce vampire a l'air plutôt irrité, son regard voyageant entre les différentes marques de nourriture, et sa bouche bouge à toute vitesse, donc je sais qu'il se parle à lui-même. Peut-être que lui aussi est fou. Je me demande si il entend des voix...

N'y a-t-il donc plus rien de sacré? N'y a-t-il donc aucune partie de ma vie qui est intouchable? Je ne peux même pas aller faire des courses sans être assaillie par le passé. Wal-Mart devrait être un havre anti-vampires. Dieu seul sait qu'Alice n'achèterait jamais rien ici. Ça me donne envie d'aller acheter des culottes en coton blanc de grand-mère juste pour l'énerver. Par lots.

"Putain de Vampires. Même à Wal-Mart," marmonnai-je d'une voix si basse que je ne m'entendis presque pas moi-même. Mais le Vampire m'entendit, et je soupirai en voyant ses yeux d'un marron boueux se poser sur moi. Des lentilles de contact. Putain. Un mangeur d'hommes. Oh Seigneur, est-ce que lui aussi va vouloir me manger? Parce qu'il peut juste prendre un ticket et faire la queue pour le Buffet-Bella. Qui ne veut pas me manger? J'ai un putain de bon goût.

Chatpire est entrain de me fixer, figé, et je refuse de détourner le regard. Ça continua pendant cinq bonnes minutes avant que son choc ne s'efface, ou que sa résolution disparaisse. Je pouvais presque voir sa petite roue de hamster vampirique tourner dans sa tête, balançant une question après l'autre. Qui est cette humaine? Comment ça se fait qu'elle sait ce que je suis? Qu'est-ce que je fais maintenant?

Tu m'embrasses les fesses, voilà ce que tu fais maintenant.

Oh bordel. Le regarder me lancer un regard noir tout en faisant la queue pour acheter de la nourriture pour chat me donnait envie de me pisser dessus de rire. Tout ce que je pus faire pour ne pas éclater hystériquement de rire fut de chantonner un générique télé. Il voulait grogner, je le savais. Ben, grrr à toi aussi mon grand.

Je me contentai de hausser les épaules avant de partir. J'avais rendez-vous avec une maison vide et un sachet de mini chamallows.

Oh, du chewing-gum.


-PoV Peterpire-

Elle était dans ma tête, me rendant complètement fou. Étant donné que je n'arrivais pas à me décider entre lui donner la chasse, la vider de son sang ou la laisser partir, elle m'échappa dans une Kia Sentry blanche. J'envisageai de la suivre, mais je n'avais pas encore pris ma décision, et franchement, j'avais des questions.

Des questions sans réponses.

Seattle n'est pas différente du Texas et mes jours étaient emplis par la même monotonie et par le même ennui. On ne peut lire qu'un nombre limité de livres avant que les histoires ne commencent toutes à se ressembler. Je ne possédais même pas une télévision, je n'en avais jamais eu. Ce n'était pas une mode à laquelle j'avais adhéré. Va chier; j'allais juste étudier mes repas du mois.

Attention, je me considère pas du genre difficile, mais au cours des années j'ai développé un goût pour un certain genre de proie afin d'apaiser mon esprit brûlant. Étant donné mon poste précédent, j'ai tendance à me sentir plus coupable pour mes actions que les autres vampires. Je ne peux pas justifier de prendre une vie qui n'est pas encore arrivée à sa fin, ce n'est pas mon boulot. C'est le boulot de l'Homme en Blanc, du Grand Homme, du Grand Patron.

Les voix qui résonnaient dans ma tête me menaient là où je voulais aller. J'appelai ça Ange F.M., la radio dans ma tête. La Faucheuse était le DJ et me disait qui devait mourir. Je m'étais toujours demandé si Mr l'Ange de la Mort lui-même, Azrael, râlait quand j'interceptai ses missions.

Bien sûr, il ne savait pas que je pouvais toujours les entendre, aucun d'entre eux ne le savait. Les plans de Dieu et les voix de ses petits mignons résonnaient toujours dans mon esprit. C'était ironique. Tout était ironique.

Mon existence elle-même était le summum de l'ironie.

Parce que mon existence n'était pas censée exister.

Ben merde.

Ça n'a aucun putain de sens, n'est-ce pas?

Laissez-moi vous l'expliquer autrement...

Nan, y'a aucune autre explication.

Cent cinquante ans plus tôt, j'étais ce qu'on pourrait vaguement qualifier d'humain, enfin pour un bref moment de toute façon. C'était une situation temporaire, strictement professionnelle. Je prenais mes ordres auprès du Grand Homme là-haut. Je descendais sur terre et faisais des trucs d'Anges. On était nombreux, éparpillés parmi les humains. On avait une mission à remplir, et on le faisait.

Je suppose que je devrais commencer par le début.

J'étais, à un moment de ma vie exceptionnellement longue, un Ange du Destin; l'un des mignons de Dieu dans un corps d'homme. Ça avait quelques avantages. Sous forme humaine, je pouvais manger...et j'avais une queue. Pas que ça me servait à quoi que ce soit. Je n'avais aucun Libre Arbitre.

C'est ce foutu truc de Libre Arbitre, cette merde agit à chaque fois.

Mais je m'égare.

J'étais un Ange. Un Ange du Destin, chargé de contrôler la destinée et de m'assurer que le chemin vaguement tracé par Dieu Lui-même se déroulait sans encombres.

La plupart des gens pensent que le destin est gravé dans la pierre. Ce n'est pas le cas; c'est plus une idée qu'autre chose. Ne vous méprenez pas, le Vieil Homme prend les décisions finales, mais il est plutôt cool. Il aime voir comment les choses se déroulent d'elles-même, vous laisser vivre vos vies et tout. Il ne peut que vous guider, par vous forcer à le suivre. Et c'est là que le Plan Divin entre en action. C'est là que j'entrai en action. On intervient pas souvent. Nos positions sont préventives, observatrices.

Dans Son monde, je m'appelai Micha, et ma fonction était de surveiller le fluctuent Plan Divin. Parfois, le Grand Homme m'envoyait changer les choses lorsque c'était nécessaire. Malheureusement, j'étais envoyé sous forme humaine, parce que sous forme Angélique, j'avais trop de pouvoir. L'Ange de la Mort gardait sa vraie forme, et toutes ses capacités. Sa mission ne changerait pas le Plan. Il était la fin du voyage.

Quand j'étais envoyé sur terre, je perdais mes ailes et tous mes pouvoirs qui n'étaient pas en relation directe avec ma mission. Je devais être humain, ou aussi humain que possible. Mes ordres étaient de restaurer la destinée lorsque quelque chose d'inhumain était intervenu. Je devais changer ce qui devait être changé avant de retourner au Paradis.

Il n'y a qu'un seul moyen pour atteindre le Paradis sans ailes. C'est la même chose pour vous que ça l'avait été pour moi.

Mourir.

Au cours de ma vie, je suis mort quatre cent mille soixante-treize fois.

Je suis retourné au Paradis quatre cent mille soixante-douze fois.

Il manque une mort.

Ma dernière mort. Ma véritable mort. La mort de Peter Micha Legion, l'Ange humain. Il y a environ cent cinquante-huit ans. Ce n'est pas comme si je connais la date exacte de ma damnation ni rien. Le 13 septembre 1851.

Au Paradis, il n'y a que très peu de choses qui peuvent détourner la destinée. Très peu de choses sont hors de Son contrôle. Le Diable était après nous, bien sûr, mais il n'avait que peu d'armes. Il avait accepté de suivre la stricte règle du touche-avec-les-yeux. Il ne pouvait influencer les humains directement, tout comme Dieu. C'était cette règle qui lui avait permit de faire une découverte qui avait presque failli faire pencher la balance entre le Paradis et l'Enfer en sa faveur. Enfin, si il n'y avait pas eu des Anges guerriers comme moi.

Le Diable avait créé une nouvelle race de soldats. Une âme prisonnière dans une enveloppe humaine. Les Anti-Anges.

Les Vampires.

Et ils étaient doués pour changer les plans de Dieu. C'était pour ça qu'ils avaient été créés.

J'étais un exterminateur. Un tueur à gage. Je restaurai la destinée lorsqu'un vampire l'altérait. D'après le Grand Homme, les âmes des vampires étaient noires. Oh, ils avaient une âme, mais elle était sombre et réduite en charpie. Ils étaient des meurtriers au sens le plus propre du terme, vivant de l'essence des autres.

Et le plus effrayant dans tout ça? Tout comme les humains, ils avaient leur Libre Arbitre.

Si un Ange devait jamais convoiter quoi que ce soit, ce serait ça.

Le Libre Arbitre.

Mais, comme je l'ai découvert, ce n'est pas aussi cool qu'on pourrait le croire, en fait.

Je fus envoyé en mission au Texas, à la recherche d'un clan de Vampires, à la recherche de trois femmes pour être exact. Elles transformaient des humains à tour de bras, et ça créait un putain d'effet papillon. Plus de Vampires signifiait moins d'âmes pures, plus de Vampires signifiait plus de meurtres, plus de Vampires signifiait encore plus de Vampires. C'était un cycle sans fin. Plus. Plus. Plus.

Ça aurait dû être simple. Me faire passer pour un Confédéré, me faire attraper par Maria, la tuer, et mourir. Mes mains étaient des armes mortelles, tout ce que j'avais à faire, c'était me mettre en situation et j'étais prêt. Je savais où et quand et j'attendis que cette petite garce se pointe.

Comme je l'ai dit auparavant, le futur n'est pas gravé dans la pierre, parce que de nombreuses choses peuvent altérer le Destin. Il y a très peu de faits établis, j'avais juste une idée, une connaissance basique des choses, si vous voulez. Mais je savais qu'elle m'attaquerait. Cependant, le Destin n'avait jamais parlé de lui.

Putain de Jasper Whitlock.

Le pion du Diable lui-même.

Et bizarrement, mon putain de meilleur ami. Maintenant en tout cas...

Comme prévu, elle m'attaqua sans hésistation, prête à me tuer comme un petit goûter humain, mais l'hésitation se tenait à ses côtés, avec des yeux rubis et des cheveux dorés. Il savait que quelque chose était différent chez moi, et ses yeux voyagèrent sur ma peau humaine. Il avait un don, c'était certain. Et avec ce don, il sut que même si je paraissais humain, j'étais quelque chose d'autre.

Il le dit à Maria.

Puis il me transforma.

Ce n'était pas prévu dans le plan.

J'étais mort. J'étais mort, mais je n'avais pas péri. J'étais piégé dans mon corps, sans aucun moyen de rentrer chez moi. J'étais mort. J'étais mort. J'étais mort.

J'étais un putain de vampire.

Et j'étais affamé.

Le Diable est intelligent, il a créé les Vampires avec une seule chose à l'esprit. Meurtre, chaos, destruction. Mais ce truc de Libre Arbitre est inconstant. Je passai mon année de nouveau-né à massacrer des petites villes, mais lorsqu'il fut révélé que j'avais effectivement un don, un reste de mon passé d'Ange, que je n'avais pas mentionné, Maria me garda comme animal de compagnie.

Elle me garda parce que je savais des trucs. Tout simplement. Je. Savais. Des. Trucs.

Je pouvais toujours entendre des choses. Mon Bruit Blanc (1) d'Ange captait encore des extraits. Des ordres, un Gospel des choses à venir. C'était comme si je n'étais pas censé entendre tout ça, mais que je le faisais quand même. Des petites informations traversaient le champ statique qui protégeait mon cerveau chaque foutu jour. Et putain, ça me rendait complètement dingue.

Ce n'était pas comme si je pouvais voir le futur. Je ne voyais rien du tout. Je savais.

Je passai des années à lutter pour m'accepter tout en faisant tout ce que Maria voulait. J'avais été une pure essence autrefois; j'avais été entièrement et foncièrement bon. Je n'avais pas à être damné. Je devais me battre pour mon âme. Libre Arbitre, m'étais-je rappellé. C'était mon choix de tuer, de massacrer sans fin. Je luttai de toutes mes forces pour me préserver, pour résister à la tentation du sang, et putain c'était dur.

Ce fut Jasper, l'homme qui m'avait transformé, qui me sauva à la fin. Ils venaient pour lui...ma propre race. Mais il était un homme bon et je le savais. Je l'avais vu dans le tremblement de sa main. Il était un homme bon qui était perdu, mais des éclats de doutes et d'espoir brillaient dans ses yeux. Ses yeux rouge sang. Je discernai rapidement son don. Il pouvait ressentir les émotions. J'imagine que mes émotions appartenaient à un autre plan, et que c'était ce qui avait déclenché son...radar ou quoi que ce soit à mon sujet. Je voulais le sauver. Mais d'abord, je devais me sauver moi-même.

Jasper était si complètement submergé par son propre esprit qu'il commençait à se perdre. Ça faisait très longtemps qu'il était avec Maria et qu'il combattait dans cette guerre vampirique. Je le regardai gâcher vampire après vampire, tuant, transformant et tuant à nouveau. Il ne faisait aucun doute pour moi que si j'avais toujours été Micha, l'Ange du Destin, j'aurais été envoyé pour débarasser le monde de lui. Je me demandais quand son Ange viendrait pour lui. Je savais que ça ne serait pas pour tout de suite.

Et c'est là que le Libre Arbitre entra en scène.

Je n'étais plus Micha.

Et je ne voulais pas tuer Jasper. Je voulais le sauver. C'était un concept nouveau pour moi, vu que je n'avais jamais eu le choix auparavant. Ce n'était pas à moi de le sauver. Mais...j'avais le choix, et je choisis de le sauver. Je devais juste me barrer d'ici d'abord.

Donc, ma vie étant la définition même du mot ironie, ça n'aurait pas dû me surprendre que Jasper me sauve en premier. Je souris lorsqu'il me laissa partir, parce que je savais qu'il avait changé son destin en faisant ça. Son âme semblait plus propre, moins sombre. Ce sentiment d'espoir devait grandir en lui jusqu'à ce qu'il soit prêt à rompre tout contact avec Maria. Je reviendrais pour lui, je saurais quand.

Le jour où il me laissa fuir fut le premier jour où je déployai mes ailes en tant que vampire. Je savais qu'elles étaient là, prisonnières sous ma peau. J'étais mort et elles m'étaient revenues. Elles étaient à moi. La Mort ne pouvait pas me ramener au Paradis comme un mortel, mais elle m'avait rendu mes ailes.

Mes ailes noires et entâchées, une vision de mon âme. Des ailes qui ne pouvaient pas voler, qui ne pouvaient pas me ramener à la maison. Mais elles étaient à moi, et je les étirai en grand, déchirant le métal qu'était devenu ma peau. Ça me fit mal, et je grognais sauvagement. Mais j'avais récuppéré mes ailes, et je ne pus pas m'empêcher de sourire un peu.

Cinquante ans plus tard, Jasper trouva son âme soeur, une petite chose brillante. J'étais revenu et je l'avais aidé à s'enfuir, et il avait passé quelques années avec moi, mais ce n'était pas son chemin. Non, il trouva son chemin avec l'aide d'une femme, qui l'attendait dans un restaurant.

Je fus à nouveau seul.

Et où est-ce que ça me laissait? J'étais un Ange dans le corps d'un démon, avec tous les défauts et aucune des qualités. J'avais des ailes qui ne pouvaient pas voler. Je pouvais marcher sur l'eau ou au plafond, mais je ne pouvais pas rentrer chez moi et je devais boire du sang. La seule qualité que j'avais c'était mon Libre Arbitre, et ma queue. Et franchement, les deux me surprenaient parfois. J'avais toujours été un petit con indécis.

Au moins, je savais toujours des trucs.

Je savais quelles âmes avaient fait leurs temps et attendaient d'être fauchées.

Et je savais que je trouverais mon prochain repas à l'Institut contre le Cancer de Seattle, situé au 1100 de la 9e Avenue de Seattle, dans l'état du Washington. Sous la forme de Sophia Ebbings, à qui il restait trois mois à vivre et à souffrir.


(1) Un Bruit Blanc est une réalisation d'un processus aléatoire dans lequel la densité spectrale de puissance est la même pour toutes les fréquences. Okay, maintenant que j'ai sortis ma science (enfin, la science wikipédia, parce que je suis toujours et avant tout une littéraire dans l'âme), j'vous la fait en français... Vous savez ce grésillement horrible qu'on entend lorsqu'une télé est mal réglée, ce bruit qui accompagne la neige à l'écran? Bah, c'est ça un Bruit Blanc.


Prochain chapitre : Pneupire

[Mode Saw-v2 ON]

Vous voulez la suite ? Moi, je veux des reviews... Vous savez ce qu'il vous reste à faire !

[Mode Saw-v2 OFF]