Disclaimer : Ils sont à Tokita/Yadate/Tomino je les emprunte et j'essaye de ne pas les abîmer, en tout cas, ils ne se sont encore jamais plaints. Les autres personnages ne faisant pas partie de l'univers de GW sont ma propriété.

Genre : Tranche de vie.

Bêta auditrice : Tenshimizu

Bêta lectrice : Histugayakun.

Acteurs : Heero, Duo.


Constellation familiale


Après le putsch, Duo n'avait pas eu envie repartir pour L2. La vie qui l'y attendait, il n'en voulait pas. Il n'en pouvait plus de voir le regard amoureux et triste de Hilde quand elle le regardait et qu'ils travaillaient ensemble.

La vie militaire et entrer chez les Preventers, ce n'était pas pour lui, il avait testé durant deux mois. Il s'était bien amusé durant une mission avec les anciens pilotes, mais le reste ne lui avait pas plu.

En perdant sa place dans un dortoir de la caserne, Maxwell avait été ravi par la proposition d'Heero de venir squatter son canapé clic-clac dans son F2 qui se situait non loin de la caserne et du QG. C'était une proposition à court terme, le temps qu'il se retourne, qu'il trouve un autre emploi, un autre logement,

Deux ans plus tard, Duo n'avait toujours pas quitté le F2 du métis. Cependant, il avait quitté le clic-clac pour passer dans la chambre à coucher d'Heero. Ça s'était fait petit à petit, en un an, quand Heero s'était rendu compte qu'il n'appréciait pas du tout quand Maxwell découchait ou qu'il le voyait partir pour une sortie entre copains.

Le temps passant, Duo avait fini par trouver une profession qui lui convenait, il l'avait découverte un peu par hasard et bêtement.

Une nouvelle fois, Maxwell était sans emploi, il avait fini son contrat d'étalagiste dans la grande surface où travaillait sa voisine de palier. Cette dernière était mariée à un Preventer. Tout comme Duo, elle connaissait les moments de solitude quand son époux partait en mission pour maintenir l'ordre dans le monde.

Elle s'était liée d'amitié pour le jeune homme volontaire. Quand un travail se libérait dans la grande surface, elle ne manquait jamais de le prévenir, s'il était sans emploi.

Alors que leurs deux hommes étaient partis en mission, Josiane invite Duo à venir souper à l'appartement.

-« Ne fais pas attention au désordre. » Dit-elle en ouvrant la porte. « Ce n'est pas toujours évident de gérer un ménage, deux enfants quand on travaille à temps plein. Daphné et Robert venez dire bonjour à Duo. »

Deux petites bombes blondes de six et huit ans lui arrivent dans les bras.

-« Tu veux que je vienne faire ton ménage demain, je m'ennuie à être chez moi sans rien faire ? » Demande-t-il en venant retrouver la jeune femme dans la cuisine.

-« Duo, ce n'est pas pour ça que je te l'ai dit ! » S'offusque Josiane.

-« Je sais, mais je ne suis pas fait pour l'inaction. » Soupire le jeune homme.

-« Si tu viens, je te paie. » Affirme-t-elle.

-« Josiane ! »

-« C'est à prendre ou à laisser. »

µµµ

La voisine avait tellement été enchantée du travail de Duo qu'elle lui redemandait de venir la semaine suivante.

Ne voulant pas de problèmes, Maxwell se renseigne auprès de son syndicat. Ce dernier lui dit de s'inscrire pour les « bons d'aide » créés par l'Etat pour diminuer le travail en noir. La personne qui engage un travailleur paie 7,50 crédits. L'état prend en charge une partie des frais et c'est aussi en partie retouchable aux contributions pour ceux qui emploient quelqu'un. Ce dernier touche plus ou moins dix crédits de l'heure.

Il décide de s'inscrire dans ce système, surtout que Josiane a parlé de Duo et de sa façon de faire le ménage aux autres membres du supermarché. Plusieurs personnes sont déjà intéressées par ses services.

Heero, lui, est heureux de voir que son homme s'en va au travail l'esprit serein, pas comme à l'époque où il faisait simplement des remplacements. C'est sûr que leur appartement n'est plus aussi bien rangé qu'avant. Après vingt-six heures de ménage chez les autres, Duo n'a pas toujours envie de faire le sien aussi bien qu'avant, mais Yuy met la main à la pâte et travailler ensemble c'est toujours mieux.

µµµ

AC 202, Royaume de Sank

Maxwell adore son travail. Il est fier de lui quand il quitte une maison, un appartement et qu'il voit que tout y est rutilant. Il aime aussi voir ce que les gens réalisent pour décorer leur habituation et il s'en inspire pour leur logement.

Il écoute la radio tout en travaillant. Il est seul dans les maisons la plus part du temps alors il s'organise comme il veut.

Tout en lavant la salle à manger de chez Josiane, il écoute une émission sur des expériences d'inconnus, parfois il y va de son SMS quand il se sent concerné. Ici, il est intrigué, l'émission s'appelle « la thérapie par la constellation familiale». Cette méthode permet de mettre en lumière des évènements que l'on croit oubliés et leurs implications cachées. On revit ou on porte inconsciemment le fardeau des générations antérieures. L'objectif d'une telle thérapie est de permettre à chacun d'occuper sa place et d'être libéré de l'influence du passé.

Cette thérapie se fait en prenant des personnes pour représenter des situations données. Ces gens vont ressentir des émotions intenses qui vont donner des indications sur ce qui s'est joué dans le passé et qui modifie le présent.

Duo écoute, il reste un peu septique. Cependant les témoignages sont saisissants. Dans deux jours, il y aura une constellation dans la salle de l'hôtel de ville. Heero est encore en déplacement. Il irait bien voir de ses yeux, une représentation, juste pour se faire une idée.

En entendant qu'il ne reste plus que quelques places comme spectateur, Duo téléphone immédiatement pour être sûr d'en avoir une.

En passant dans la cuisine, il entend le vécu d'une femme qui avait peur d'être abandonnée, qui avait l'impression de ne pas être entière et que la constellation familiale à mis à jour que sa maman aurait perdu sa sœur jumelle pendant la grossesse. Ses parents ne lui avaient jamais dit pour ne pas la traumatiser. Comment des étrangers avaient pu ressentir cette information ? Ça intriguait encore plus Maxwell.

µµµ

C'est impatient qu'il se rend le mercredi soir à la réunion dans la salle de l'hôtel de ville. Il y a une trentaine de personnes. Un cercle de vingt chaises et une dizaine en retrait pour les spectateurs. Duo décide de s'installer là, il sera plus à l'aise.

La dame présente à l'émission radio est là et se présente.

-« Bonjour, je vois des têtes connues et des inconnues. J'aime ce moment où je ne sais rien, où je ne sais pas ce que je vais ressentir, c'est comme sauter dans le vide. Dans le présent, il n'y a pas de problème. Tout vient de l'inconscient et de la mémoire de l'inconscient qui est dans notre corps. Nous allons essayer de changer notre point de vue sur une situation. Si je change de point de vue, les gens sont obligés de changer. Faire ce genre de thérapie, nous oblige à travailler sur nos peurs. Si on vit dans la peur, on rate tout. Le contraire de l'amour, c'est la peur. Est-ce qu'il y a des personnes qui n'ont jamais assisté ou participé à des constellations ? »

Duo lève la main, il regarde autour de lui. Ils sont une dizaine. Chose étrange, ils se sont tous installés sur les chaises extérieures au cercle. La thérapeute sourit.

-« Est-ce qu'il y a des personnes qui n'ont jamais assisté à des constellations ? »

Maxwell lève une nouvelle fois la main, ils ne sont plus que cinq. Avec cette simple phrase Duo ressent une différence, tout est dans le subtile.

-« Si vous êtes là, c'est que vous avez déjà entendu parler des constellations familiales. Nous allons commencer la séance. Le mois dernier, je m'étais entretenue avec Sylvie qui aurait dû être parmi nous. Elle est hospitalisée et c'est sa cousine Yolande qui vient en son nom. Elle va vous lire son passé et poser sa question. »

La femme tend le micro à une autre assise à côté d'elle. Elle déplie un papier et commence à lire.

-« Bonjour, je m'appelle Sylvie, j'ai perdu ma maman à neuf ans d'un cancer. Depuis maintenant trois ans, je me bats contre plusieurs cancers. Dès que j'en ai vaincu un, dans le trimestre un autre membre est atteint. J'ai peur de finir comme ma maman et laisser ma fille de huit ans seule. »

-« Très bien, maintenant Yolande, allez chercher quelqu'un dans la salle pour représenter Sylvie. »

Yolande se lève et commence à parcourir les chaises des yeux puis elle se dirige vers une dame d'une quarantaine d'années qu'elle aide à se lever.

-« Maintenant, un représentant pour la maladie. »

Presque sans hésiter, la femme se dirige vers un homme assis dans le cercle devant Duo. Ce dernier a des difficultés à ne pas écarquiller les yeux. Un homme représentant de la maladie. Maxwell s'avance sur sa chaise pour mieux observer.

Dans un premier temps, les deux représentants ne bougent pas. Ils s'observent puis la dame commence à se plier sur le côté de plus en plus, alors que la maladie devient agressive. Plus la malade ploie, plus l'homme monte ses bras au-dessus de sa tête en avançant vers la dame.

L'animatrice se lève et vient chercher une femme dans le public en lui disant.

-« Vous êtes le destin. »

La femme d'une trentaine d'années reste trois secondes sans bouger puis elle s'avance en souriant en tendant la main vers la malade. Directement, celle-ci se redresse et essaye de l'attraper. L'homme lui devient encore plus agressif et se rue vers la malade qui arrive à attraper la main du destin. Cette dernière l'entraîne avec elle, loin de la maladie.

L'animatrice se lève et va chercher une femme et un homme qu'elle emmène vers l'endroit de la saynète où le destin fait virevolter la malade pour l'éloigner de la maladie.

-« Voici la vie et son époux, la mort. »

Le destin emporte la malade vers la vie. L'homme qui incarne la maladie essaye atteindre une dernière fois la malade, sans succès. L'homme qui joue la mort se tourne dos à la scène et la maladie s'en va.

L'animatrice tape dans ses mains et fait asseoir sur le sol les acteurs. Elle tend le micro à la femme qui a joué la malade.

-« Dès que je me suis mise dans sa peau, j'ai vraiment eu l'impression qu'on m'écrasait. Je ne savais que ployer de plus en plus devant la maladie qui était très agressive. Quand vous avez fait entrer le destin, j'ai vraiment ressenti l'envie de m'accrocher, d'avoir une porte de sortie. Je ne voulais plus le lâcher, comme la vie qui est venue peu après. » Dit-elle avant de tendre le micro à l'homme qui a joué la maladie.

-« Moi, je n'ai ressenti d'une impression de dominance. Je devais la soumettre, m'attaquer à elle. Plus elle pliait, plus je me sentais fort. Quand le destin est entré en jeu, j'ai ressenti son espoir. Je devais agir vite sinon j'allais perdre. Quand la vie est venue, j'ai essayé de m'accrocher mais aussi bien la vie, que le destin, ne voulait pas me laisser ma victime. J'ai dû m'incliner. » Soupire l'homme avant de tendre le micro à la jeune femme qui a joué le destin.

-« Je me sentais joyeuse, prête à tout surmonter. La maladie ne me faisait pas peur. J'avais envie de l'aider pour qu'elle s'en sorte alors je lui ai tendu la main et j'ai commencé à la protéger. »

-« Pareil. » Dit l'actrice de la vie.

La jeune femme tend directement le micro à l'homme qui interprétait la mort.

-« Moi, je sentais bien que je n'avais pas ma place alors je me suis mis de dos. » Dit-il en tendant le micro à l'animatrice.

Un jeune homme assis à côté de Duo se lève.

-« Est-ce que les choses se passent toujours comme ça ? »

-« Bien sûr que non, parfois c'est la maladie qui l'emporte. Chaque histoire est différente, donc chaque constellation aussi. » (1)

La séance étant finie. Tout le monde se lève. La présentatrice vient vers Duo.

-« Je vois que vous êtes intrigué. »

-« J'admets que ça me semble très bizarre. »

-« Venez avec moi. » Ils font une dizaine de pas sur le côté et elle reprend. « Je sens aussi qu'il y a un manque à combler, que vous n'êtes pas là par hasard. »

-« Je crois que c'est le cas de toute personne ici. » Avoue-t-il méfiant.

-« Oui et non, des gens qui ont trouvé la paix intérieure continue à venir pour aider les autres à la trouver. Que vous manque-t-il ? »

-« Rien je suis heureux en ménage, dans mon travail. »

-« Possible mais je ne vous sens pas entier comme s'il vous manquait une partie de votre passé. »

Maxwell écarquille les yeux, puis réalise que la conclusion est un peu normale, c'est le principe de la constellation familiale. Trouver dans le passé ce qui détruit notre vie actuelle. Sans se trouver incomplet, il y a une énigme dans sa vie qui l'intrigue. Qui est-il ? Pourquoi a-t-il été abandonné ?

Il sait que Heero a les mêmes manques et s'il a fait cette démarche c'est en leurs deux noms. Son amant est plus perturbé par le trou dans sa vie. Son manque d'assurance vient de là aussi. Si sa vie à lui a été jalonnée de personnes qui l'aimaient personnellement. Son compagnon n'a pas pu puiser une stabilité dans l'amour des premières personnes qui l'ont construit. Alors oui, il se dit que si ça marche pour lui, il pourra proposer à l'homme de sa vie de tenter l'expérience pour trouver une stabilité.

-« C'est vrai que je ne connais rien de mes origines. » Finit-il par avouer.

-« Nous pouvons tenter de le découvrir, afin que votre démarche ouvre les portes aux septiques. » Lâche la thérapeute en lui souriant. « Le prochain rendez-vous est dans un mois, vous pouvez déjà vous inscrire. » Dit-elle en se rendant près d'autres personnes qui l'attendent.

Duo s'inscrit directement. Il ne parlerait de la motivation de sa démarche qu'une fois qu'il aurait des résultats. Il ne voulait pas donner d'espoir à son compagnon mais il lui en parlerait. Il ne voulait pas faire toutes les démarches dans son dos.

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Yuy est rentré de mission depuis le matin. Après le débriefing, il attend son amant à l'appartement. Il adore voir le visage de Duo s'éclairer quand il découvre qu'il est rentré. C'est une raison pour laquelle, il ne le prévient jamais de son retour. Il aime trop voir les yeux de Maxwell briller de plaisir quand il réalise qu'il est là. À ce moment là, Heero sait qu'il est aimé et attendu surtout.

Le preventer sait que son homme travaille le vendredi jusqu'à 13h. Il serait là au plus tard pour 14 h. Il aura faim alors il prépare des sandwichs avec un bol de soupe. Quand il entend la clef tourner dans la serrure, il quitte la cuisine pour l'accueillir. Duo laisse tomber son sac de travail et se précipite dans les bras de son amant puis il s'éloigne pour le regarder de la tête au pied.

Ils ne parlaient jamais du travail du métis. Maxwell préférait jouer à l'autruche et surtout ne pas savoir les risques que son compagnon peut encourir. Cependant quand il revient de mission, il doit vérifier qu'il est en un morceau.

-« Je n'ai rien. » Rassure-t-il en le tirant à lui puis il l'entraîne vers la cuisine pour se sustenter d'abord d'aliments puis de quelque chose de plus charnel.

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Maxwell se repose sur le torse de son amant, un doigt tournant autour du mamelon à sa portée. Il raconte sa semaine des anecdotes qui lui sont arrivées chez certains particuliers. Il finit par sa soirée du mercredi. Ça fait un moment qu'il sent Heero plus tendu depuis la moitié de son histoire.

-« C'est de l'arnaque. » Lâche Yuy.

-« Je ne crois pas. »

-« Si, c'est un gourou qui te fait miroiter quelque chose puis après tu deviens accroc. Tu as payé quelque chose ? » Demande le militaire sur la défensive.

-« Oui, dix crédits, on a eu droit à un café et un morceau de cake. »

-« Vous étiez combien ? » Questionne le métis même s'il est un peu rassuré.

-« Trente. »

-« Elle se met au moins deux cent cinquante crédits en poche, par séance. Si elle en fait vingt le mois, elle gagne cinq milles crédits le mois. Tu vois, elle ne fait pas ça pour rien : c'est quatre fois plus que toi en un mois. » S'indigne-t-il.

-« La salle coûte cent cinquante crédits. J'ai demandé à Claude, tu sais bien qu'il travaille à la mairie. » Sourit Maxwell de voir son homme si prévenant, qu'il cherche à le protéger.

À croire qu'il a oublié qu'il était pilote de Gundam il n'y a pas si longtemps.

-« N'empêche, fais attention à toi. »

-« Bien sûr Heero. J'ai toujours fait attention à moi. »

µµµ

Même si Duo essaye de le masquer, il est impatient d'être au mois prochain et de pouvoir revivre cette étrange expérience. Il sera peut-être un acteur principal cette fois.

Plus le temps passe, plus il se rend compte qu'il est plus serein. Il a déjà un peu changé. Heero est aussi plus souriant, ce qui lui rappelle ce que lui a dit l'animatrice à la fin de la réunion.

-« Si vous changez de point de vue, les gens qui vivent autour de vous changent également de vision. C'est un des effets thérapeutiques. : vous ne dégagez plus de la peur. Vous dégagez de l'amour. La peur est l'inverse de l'amour. »

Cela paraissait bizarre à Duo mais si elle le disait ça devait être vrai. Souvent on n'aimait pas ce dont on avait peur.

µµµ

Les journées avaient filé en petit train-train quotidien. Heero était reparti en mission, il était revenu toujours en un morceau. Il était à la maison quand la nouvelle date pour la constellation familiale arrive.

Duo se prépare, il passe sa veste en entrant dans le salon de manière à ne pas être en retard.

-« Tu es sûr de ne pas vouloir venir ? » Questionne Maxwell qui ne voulait surtout pas que son homme ait l'impression qu'il l'évinçait d'une partie de sa vie.

-« Non, Duo, je te l'ai dit. Amuse-toi bien. »

Il aurait préféré, secrètement, avoir son amant avec lui pour le soutenir. Il est impatient et en même temps, il a peur de découvrir qu'on a voulu le tuer. Parfois son esprit s'emballe et il voit le pire : sa mère l'ayant jeté dans une décharge pour qu'il meure. Il a peur que ses cauchemars ne le rattrapent.

Tout compte fait, il va se mettre dans la salle comme l'autre fois et encore regarder. Le bien être qu'il a ressenti en regardant les autres est suffisant. Il s'en contentera une nouvelle fois.

Arrivé à la salle, Maxwell fait comme il a décidé durant le trajet. Il s'assied sur une chaise en dehors du cercle. La thérapeute arrive et regarde dans la salle, elle vient directement vers Duo.

-« Venez avec moi. »

-« Je ne sais pas, je crois que je me sens mieux là. » Répond-t-il sans se lever.

-« Les non-dits traumatisent, c'est aussi ce qu'on n'a pas digéré. Vous savez, ce n'est pas parce qu'on va découvrir peut-être des choses que tout sera pour un mieux. Ce n'est pas parce qu'on sait où on a mal, qu'on n'a plus mal, mais ça fait du bien de savoir qu'on peut soulager le mal. » Dit-elle en lui tendant la main.

Après un moment de réflexion, il finit par la prendre et la suivre dans le cercle. Elle lui désigne la chaise à côté d'elle où il y a le micro. Sur le siège, il est écrit « invité », voilà pourquoi elle est vide.

Maxwell enlève le papier, il est un peu gêné. Il reconnaît des visages du mois passé, peut-être qu'il y a d'autres personnes qui ont des aspirations et qu'il vient de passer avant eux. Pourquoi l'a-t-elle choisi ?

Quand il se regarde dans un miroir, il se trouve mignon, heureux, à croire que non, qu'il y a quelque chose marqué sur son visage.

-« Bonjour, dit la thérapeute. Je vois des têtes connues et des têtes inconnues. J'aime ce moment où je ne sais rien où je ne sais pas ce que je vais ressentir. C'est comme sauter dans le vide. Dans le présent, il n'y a pas de problèmes… »

Duo ne peut s'empêcher de sourire en réalisant qu'elle dit exactement la même chose que la dernière fois. Au bout d'un certain nombre de séances, ça doit devenir lassant.

Cette fois, il lève la main quand elle pose la question.

-« Est-ce qu'il y a des personnes qui n'ont jamais assisté ou participé à des constellations ? »

Mais il ne la lève pas quand elle demande simplement assisté, la moyenne reste plus ou moins la même.

-« Sylvie va bien, elle a surmonté sa chimio. Au dernier scanner la maladie reculait. » Reprend la thérapeute. « À côté de moi, j'ai… »

-« Duo Maxwell. »

-« Il va vous raconter un peu sa vie et ce qu'il aimerait découvrir. » Dit-elle en lui tendant le micro.

Il ne s'attendait pas à être parachuté de la sorte. Il essaye de se rappeler ce que Yolande a dit l'autre fois.

-« Je m'appelle Duo Maxwell, je viens de L2... Je ne connais rien sur mes origines. J'ai été recueilli dans une bande à je-ne-sais-pas quel âge.» Il se gratte le crâne à la recherche des mots avant de reprendre. « À huit ans, après le décès d'une bonne partie de mon clan dû à la grippe noire. J'ai été recueilli à l'Eglise Maxwell jusqu'à sa destruction. J'y ai tiré mon nom de famille. »

Il voit deux, trois personnes mettre leur main sur la bouche pour ne pas crier. Il se demande s'il va continuer, mais il en a trop dit pour ne pas finir ce qu'il vient de commencer.

-« J'ai fini par être recueilli à douze ans par un scientifique qui a pris soin de moi mais il est décédé en AC 195. Depuis, je me gère seul... Ce que je voudrais c'est savoir, même si je n'ai pas trop d'espoir, c'est mes origines. » Conclut-il en rendant le micro.

-« Bien, Duo, allez chercher quelqu'un pour vous représenter. »

Maxwell se lève, son regard parcourt la pièce puis il se dirige vers un homme d'une trentaine d'années. Il ne sait pas pourquoi il est attiré par lui.

-« Bien, maintenant choisissez votre mère. »

Duo écarquille les yeux. Il ne s'attendait pas vraiment à ça. Il avait pensé à Solo mais pas à sa mère.

Après un court moment d'hésitation, il choisit une jeune femme aux cheveux châtains coupés court qu'il place face à sa représentation instinctivement.

-« Votre chef de bande. » Ajoute la thérapeute.

-« Solo ? »

-« Si c'est son nom. » Sourit-elle pour l'encourager.

Maxwell parcourt à nouveau les chaises du regard, il y a un jeune homme de son âge. Il s'avance vers lui pour lui demander de venir. Ce dernier se lève directement.

-« Bien, venez-vous asseoir près de moi. »

Duo s'exécute et regarde les trois personnes en face de lui. Le représentant de Solo s'éloigne des deux autres tandis que lui et sa mère se rapprochent. La femme passe un bras autour des épaules de sa représentation, le guide vers un endroit et le fait s'accroupir puis elle s'éloigne rapidement pour se cacher derrière un pilier imaginaire.

Maxwell n'arrive pas à détacher son regard de son représentant qui est assis sur le sol dans une attitude de bébé qui joue avec n'importe quoi.

Celui qui joue le rôle de Solo commence à soulever des choses, circuler sans approcher de l'endroit où Duo est.

-« Qu'est-ce que faisait Solo ? » Demande la thérapeute.

-« D'après le père Maxwell, les jeunes livrés à eux-mêmes fouillaient les décharges à la recherche de nourritures et de choses à revendre. »

En donnant l'explication, Maxwell se demande comment celui qui joue le rôle peut savoir ce genre d'information.

Solo quitte l'espace de jeu et la femme vient récupérer le petit Duo. Ils repartent ensemble.

Pour Duo, il y a du soulagement. Il n'a pas été simplement abandonné. Non la scène le prouve, sa mère a choisi et surveillait qu'il parte pas avec n'importe qui, mais pourquoi ? Ça le soulageait. Cependant ça éveillait d'autres questions dans son esprit.

Dans l'espace de jeu, reviennent sa mère et le petit Duo, qu'elle replace au même endroit avant de partir. Là, Solo finit par trouver le petit Duo et partir avec lui en le serrant contre lui.

La thérapeute frappe dans ses mains et les acteurs viennent s'asseoir sur le sol face à Maxwell. L'animatrice tend le micro à la représentation de la mère de Duo. Ce dernier est pendu à ses lèvres.

-« J'ai ressenti beaucoup d'amour pour l'enfant, mon enfant. Ça lui déchirait le cœur de devoir l'abandonner, le confier à des étrangers mais elle le faisait pour le protéger. De quoi, je ne saurai le dire mais elle faisait un acte d'amour. » Dit-elle avant de donner le micro au représentant de Duo.

-« Je devais être petit. Je tenais à peine assis mais je n'ai pas ressenti qu'on m'abandonnait. Je sentais qu'elle restait là, tout près. L'autre personne m'a accueilli sans haine. » Dit-il avant de tendre le micro.

Le représentant de Solo le prend et commence.

-« C'est possible que je n'avais pas plus de treize ans ? »

-« Oui, dans mes souvenirs, à sa mort, il ne devait pas avoir dix-huit ans. Il n'était pas encore ce qu'on considérait comme un adulte. » Admet Maxwell.

-« J'étais jeune mais vieux, des responsabilités plus que je n'en voulais. Quand j'ai découvert l'enfant. Je n'en voulais pas, mais en même temps je savais que je devais le prendre pour lui éviter le malheur. Pour lui éviter des tourments que j'ai connus. Je l'ai vraiment ressenti comme : il aura une vie heureuse, j'y veillerai. »

-« Merci. » Dit Duo la gorge nouée.

Il n'en sait pas beaucoup plus. Cependant il est soulagé de savoir qu'il a été aimé aussi bien par sa mère que par Solo.

Il se demande également comment on peut ressentir ça. Il reviendra le mois prochain. Il veut être un jour un représentant pour comprendre ce qu'on peut ressentir. Il se doute qu'il n'y a pas d'arnaque mais tant qu'il ne l'aura pas vécu de l'intérieur, il aurait un doute. La vie avait fait qu'il devait tout vérifier pour être certain qu'on ne le trompait pas.

C'est nettement mieux dans sa peau que Duo rentre chez lui. Heero sent de suite que son compagnon est plus serein. Il coupe la télévision pour lui consacrer son attention et lui laisser raconter son expérience.

Maxwell voit bien qu'il est septique en l'écoutant parler et tout raconter.

-« Je sais c'est étrange. J'aimerai pouvoir vérifier ces dires. » Conclut Duo.

-« Je ne vois pas comment. Si tu n'es pas né dans un hôpital, il n'y a pas d'échantillon ADN qui pourrait te renseigner sur tes parents dans la banque de données. Et ça, tu le sais déjà puisqu'on n'a rien trouvé quand on a crée ton identité. »

-« Je sais. En tout cas, ça reste très plausible avec les choses que j'ai vues et vécues dans mon enfance. J'ai vu Solo recueillir un gamin de dix-huit mois déposé devant la porte de notre retraite. »

-« Je ne dis pas que c'est faux. » Rappelle Heero.

-« Je sais et toi tu as passé une bonne soirée ? » Questionne-t-il en se blottissant dans les bras de son amant.

-« J'ai regardé un film, ça m'a distrait. »

-« Tu aurais préféré que je reste ? » Questionne Duo.

-« Bien sûr que non. Ça fait même du bien d'avoir l'appartement que pour moi pour une fois. »

-« Tant mieux. J'ai envie de continuer, j'irai sûrement le mois prochain. » Admet Maxwell en donnant un baiser dans le cou de son compagnon.

-« C'est un loisir qui ne coûte pas trop cher si… »

-« Je fais attention à ne pas me laisser embrigader dans une secte, je sais. » Coupe-t-il.

-« Je me méfie, j'ai besoin de toi. »

-« Je me méfie aussi. Cependant tu ne peux pas savoir l'émanation de ressentis qu'il y a pendant une représentation. La tasse de café est agréable après. On papote un peu. On peut prendre des nouvelles de certains. »

-« J'ai rien trouvé de compromettant, c'est même une méthode reconnue. » Avoue Yuy.

-« Heero ! » Rit Maxwell de savoir que son homme y a sûrement passé une partie de sa soirée.

-« J'ai fait ça avant le film. » Rétorque-t-il en lui caressant la joue.

-« On va dormir ? »

-« Je te suis. »

Duo s'extrait des bras de son homme. Ce dernier se lève, coupe la lumière pour venir retrouver son compagnon au lit.

À Suivre…


(1) Description d'une constellation familiale vue sur Youtube.

Merci à Abeille qui m'a signalé une erreur de calcul grotesque