Un Timelord à Baker Street
Rose entra en riant dans le Tardis, le Docteur à sa suite. Il referma vivement la porte et la rejoignit près de la console de navigation. Sans attendre, elle se jeta dans ses bras pour l'embrasser avec passion.
— Merci de m'avoir enfin emmenée sur Barcelona, la planète, pas la ville !
— Ce fut un plaisir ! Répondit son compagnon. Alors, comment as-tu trouvé les chiens sans truffe ?
— Marrants ! Un peu effrayants, mais marrants !
— Bon, où veux-tu aller maintenant ?
Avant que Rose ait eu le temps de répondre, le Tardis s'ébranla, manquant de les envoyer valdinguer par-terre.
— Eh ! S'exclama le Docteur. Tu pourrais au moins attendre qu'on te dise où aller !
Il s'agrippa à la console pour voir dans quel espace-temps le vaisseau avait décidé de les transporter.
— Il nous emmène où et quand ? Demanda Rose, à moitié couchée sur la banquette derrière lui.
— Hum... la Terre... rien de bien original... Londres... encore moins... début du 21e siècle... Dis-donc mon vieux, tant qu'à nous faire une surprise, t'aurais pu choisir un peu plus exotique !
— Remarque, sourit la jeune femme, ça fait longtemps que je ne suis pas allée faire un coucou à ma mère...
— Ah ! Cette chère Jackie ! S'exclama le Seigneur du Temps en se redressant.
Le Tardis venait de se poser. Le Docteur se tourna vers sa compagne.
— Bon... si nous allions voir pourquoi il a tant tenu à nous amener ici ?
Rose prit la main de son ami en souriant :
— Allons-y !
John s'éveilla en sentant qu'il était seul dans le lit. Il jeta un bref coup d'œil au réveil qui affichait 3 heures du matin, puis soupira profondément. Il se leva, enfila un boxer et un peignoir avant de se rendre dans le salon où il était à peu près sûr de trouver son amant. Il ne fut donc pas surpris lorsqu'il vit Sherlock, entièrement nu, assis sur le fauteuil face à la porte grande ouverte. John leva les yeux au ciel avant de prendre un plaid pour le poser sur le corps de son compagnon.
— Je t'ai déjà dit cent fois au moins de ne pas te balader dans cette tenue. Je te rappelle que Mrs Hudson habite ici et qu'elle a la fâcheuse manie de monter sans prévenir.
— Compte tenu de l'heure et de la profondeur de son sommeil, il n'y a aucun risque à ce que je la croise.
— Tout de même... grommela le médecin.
Il se redressa et alla se chercher une bouteille d'eau dans le frigo. Lorsqu'il revint, il remarqua que la main droite de Sherlock jouait distraitement avec un objet qu'il ne pouvait distinguer d'où il était. Il s'approcha et demanda :
— Qu'est-ce que c'est ?
Le détective consultant ne jeta même pas un regard à l'objet qu'il posa sur le guéridon, sous la lampe.
— Rien. Retournons au lit.
John le regarda quitter la pièce, enroulé dans le plaid. Il allait le suivre lorsque sa curiosité le poussa à voir quel était l'objet que son amant avait ainsi abandonné. Il fut surpris de découvrir qu'il s'agissait d'une montre à gousset, ornée de symboles étranges, dont le boitier ne s'ouvrait pas. Il ne se rappelait pas l'avoir déjà vue dans l'appartement, mais compte tenu que Sherlock ramenait sans cesse du bric-à-brac chez eux, il ne s'en soucia guère plus longtemps. Il reposa la montre, éteignit la lampe et retourna dans la chambre. Son amant s'était déjà recouché. John s'allongea à ses côtés et se blottit contre lui. Quelques minutes plus tard, alors qu'il commençait à se rendormir, il fut réveillé par la sonnerie du portable de Sherlock. John était tellement sûr de l'identité de l'importun qu'il était déjà debout avant que son compagnon ne décroche et ne lance dans le combiné :
— Inspecteur Lestrade ! Où doit-on vous retrouver ?
En sortant du Tardis, Rose mit quelques instants à reconnaître les lieux, n'ayant pas eu l'occasion avant d'y venir de nuit.
— C'est Covent Garden ?
— Ah ! Covent Garden ! S'exclama son compagnon. Ses petites boutiques, ses spectacles de rue, ses...
— Ses disparitions mystérieuses ! Lança une voix masculine derrière eux.
Le Docteur fit volte-face, se retrouvant nez-à-nez avec un homme en imperméable au visage familier.
— Inspecteur Lestrade ! Quelle surprise !
— Bonsoir, Docteur. Je suppose que votre présence ici n'est pas un hasard.
Rose interrompit leurs retrouvailles :
— Vous vous connaissez ?
Ce fut le policier qui répondit :
— Le Docteur m'a aidé à résoudre une affaire plutôt... sensible, dirons-nous, il y a quelques mois.
— C'était quand je me suis retrouvé seul après le départ de Martha, expliqua le Seigneur du Temps. Pour répondre à votre question, Lestrade, mon arrivée ici cette nuit est totalement fortuite. Mais vous avez parlé de « disparitions mystérieuses »...
— J'ai déjà appelé un expert, mais puisque vous êtes là... enfin, si ça vous dit...
Le Docteur sortit son papier psychique et le montra à l'inspecteur.
— « Docteur John Smith, Scotland Yard, Bureau du Surnaturel ». Hum, nous n'avons pas un tel département au Yard.
— Maintenant si !
— Alors, suivez-moi !
Quelques instants plus tard, ils entraient dans un appartement au 2e étage d'un immeuble tout proche. Un homme était assis sur son sofa, l'air affolé. Une jeune femme métisse l'interrogeait. Elle leva les yeux vers Lestrade et lança en voyant les nouveaux venus :
— C'est qui, eux ?
— Des experts, répondit son supérieur. Vous pouvez y aller, Sergent Donovan. Nous prenons la relève.
La policière se leva en grommelant à propos d'experts « bizarres », puis quitta la pièce.
— Monsieur Walters, voulez-vous bien raconter à nouveau ce qui s'est passé.
L'homme hocha la tête. Il était au bord des larmes.
— Michael et moi étions au lit quand il a... disparu... Une drôle de lumière orange l'a enveloppé... et « pouf ! » il n'était plus là...
Rose s'assit sur le sofa à ses côtés et lui posa une main réconfortante sur l'épaule.
— Nous allons tout faire pour le retrouver. N'est-ce pas, Messieurs ?
Lestrade fit un signe de tête au Docteur et ils passèrent dans l'autre pièce.
— C'est la seconde disparition de ce genre depuis le début de la semaine. La première est une femme, Betty Collins, mère de trois enfants, qui s'est évaporée sous les yeux de son mari il y a trois nuits.
— Même lumière orange ?
L'inspecteur hocha la tête en signe d'assentiment, puis soupira :
— On n'a pas cru le mari, Alan Collins, car il a un passé d'alcoolique. On a tous pensé qu'il avait bu un verre de trop et que sa femme en avait eu assez... même si ça nous a paru étrange qu'elle lui laisse les enfants... Mais avec la disparition de ce soir, c'est impossible que ça soit une coïncidence... Et franchement, votre arrivée tombe à point nommé. Je ne suis pas certain que l'expert que je mandate habituellement soit capable de résoudre cette affaire-ci, même s'il parvient presque toujours à me surprendre...
Le taxi déposa les deux hommes au pied de l'immeuble. John grimaça en voyant que la très peu aimable Sergent Sally Donovan se trouvait là. Elle ne sembla pas non plus ravie de leur présence. Lorsqu'ils passèrent près d'elle, elle détourna le regard, les ignorant totalement. Sherlock ne parut même pas s'en apercevoir. Il entra dans l'immeuble et se dirigea directement vers le 2e étage d'où leur parvenait la voix de Lestrade. Lorsqu'ils arrivèrent en haut, l'inspecteur était en train de parler avec un inconnu, vêtu d'un costume marron à fines rayures et chaussé de Converses rouges.
— Ah ! Vous voilà ! Lança le policier en les voyant entrer. Voici Monsieur Sherlock Holmes, l'expert dont je vous parlais à l'instant. Et le Docteur John Watson.
— Un médecin ? Vous êtes légiste ?
— Non, je suis juste là en tant que consultant. Et vous êtes...
— Docteur John Smith, répondit l'homme en sortant sa carte.
Après l'avoir lue, Watson souffla :
— J'ignorais que le Yard avait un Bureau du Surnaturel.
— C'est assez récent. Et nous ne sommes que deux pour le moment.
Surpris que Sherlock reste silencieux, John se tourna vers lui. Il se figea devant le regard glacial que son amant posait sur Smith. Au moment où il allait l'interroger sur son attitude, Holmes lança à l'attention de Lestrade :
— Pourriez-vous m'expliquer les raisons de ma présence ici ?
L'inspecteur hocha la tête et les conduisit dans le salon. Il leur présenta la jeune femme qui se trouvait là, Rose Tyler, comme étant la partenaire de Smith. Ensuite, il leur raconta la disparition de Michael Hollands dans les détails. Pendant tout le temps de son récit, Sherlock ne détacha pas son regard de Smith. Celui-ci ne semblait pas s'en rendre compte, trop occupé à observer les lieux. Enfin, lorsque Lestrade eut terminé, le Détective Consultant demanda :
— J'aimerais voir la chambre où les évènements ont eu lieu.
Le policier les y conduisit. Alors que Sherlock détaillait la pièce, Smith sortit un objet étrange, comme une sorte de gros stylo, de sa poche. L'instrument émit un bruit de grésillement et une lueur bleutée apparut à son extrémité.
— Qu'est-ce ? Demanda Watson, intrigué.
— Hum... ça sert à mesurer certaines radiations...
Rose intervint :
— Tu as trouvé quelque chose ?
Il se tourna vers la jeune femme et lui adressa un regard énigmatique, comme s'il voulait lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas parler de ça devant les autres. Alors que John essayait de deviner ce que ça pouvait être, il vit avec surprise son amant quitter la pièce en lançant :
— Vous n'avez pas besoin de moi sur cette affaire, Lestrade.
Avant que le policier ait eu le temps de réagir, Sherlock était sorti de l'appartement. John bredouilla :
— Je vais... désolé...
Il partit à la suite de son compagnon et le rattrapa dans les escaliers. Il lui attrapa le bras pour l'obliger à s'arrêter. Sherlock lui adressa un regard noir, se dégagea et continua de descendre. Une fois dehors, John dépassa son amant pour se planter devant lui. Holmes soupira profondément avant de souffler :
— Vas-tu me laisser appeler un taxi ?
— Je veux d'abord que tu m'expliques ce qui t'arrive ! Tu agis bizarrement, enfin plus que d'habitude, depuis qu'on a rencontré ce John Smith.
— Ce n'est pas son nom, répondit simplement Sherlock.
— Quoi ? Comment ça ?
— Cet homme, qui qu'il soit, ne s'appelle pas John Smith et ne fait pas partie de Scotland Yard.
Il ne laissa pas le temps à John de répondre et repartit rapidement en vue de trouver un taxi. Durant tout le trajet jusqu'à leur immeuble, Sherlock resta silencieux. Son amant n'osa pas l'interroger, conscient qu'il n'obtiendrait sûrement pas de réponse cohérente. Une fois dans l'appartement du 221B Baker Street, Holmes se laissa tomber sur le sofa. John alla préparer du thé. Lorsqu'il revint dans le salon, son amant triturait à nouveau entre ses doigts fins la montre à gousset qu'il avait laissée sur le guéridon quelques heures plus tôt.
— Sherlock ?
— Cet homme est un mystère...
Il s'assit brusquement, faisant sursauter son amant.
— Je ne comprends pas, John ! Pour la première fois de ma vie, quelque chose m'échappe totalement ! Quelle frustration !
— De quoi parles-tu ?
— Qu'as-tu vu sur la carte qu'il nous a présentée ?
— « Docteur John Smith, Scotland Yard, Bureau du Surnaturel ». Pourquoi ?
— Je n'y ai vu qu'un papier blanc.
— C'est impossible ! C'était écrit...
— Je t'assure qu'il n'y avait rien. Tout au moins que je n'y ai rien vu.
— Comment est-ce possible ?
— Ça ne l'est pas ! Et c'est bien ça qui me tue ! Je me torture les méninges depuis tout à l'heure pour comprendre ! Mais les informations que cet homme me renvoie sont totalement incohérentes !
Il se prit la tête entre les mains en soupirant profondément. John ne l'avait jamais vu ainsi. Même lorsqu'il s'ennuyait entre deux enquêtes, Sherlock ne se trouvait jamais dans un tel état de détresse. Le médecin s'assit à côté de son amant, puis l'obligea à se rallonger en posant sa tête sur ses genoux.
— Ferme les yeux.
— Ça ne m'aidera pas à...
— Chut... Détends-toi et ferme les yeux.
Sherlock obéit, visiblement à contrecœur. John posa ses doigts sur ses tempes, puis commença à les masser lentement. Au bout d'un long moment, alors qu'il croyait avoir réussi à soulager son compagnon, celui-ci souffla :
— Je dois résoudre le mystère de cet homme...
— Je sais. Et je vais t'y aider. Mais pour l'instant, tu dois te détendre.
John jeta un bref coup d'œil à la montre à gousset que Sherlock continuait à tripoter sans paraître sans rendre compte. Quelque chose dans cet objet le rendait mal à l'aise, mais il ne parvenait pas à comprendre ce que c'était. Il chassa cette idée de son esprit et continua à masser le visage de son amant qu'il sentait toujours aussi tendu.
Le départ des deux hommes avait laissé les autres un peu perplexes. Enfin, Lestrade et Rose surtout, le Docteur étant occupé à analyser les moindres recoins de la chambre avec son tournevis sonique. Après quelques minutes de silence, l'inspecteur demanda :
— Vous avez trouvé quelque chose ?
— Des résidus d'énergie quantique, répondit le Seigneur du Temps.
Voyant que le policier ne comprenait pas de quoi son ami parlait, Rose expliqua :
— C'est des restes énergétiques qu'on trouve quand des personnes ont été téléportées.
Le Docteur adressa à sa compagne un regard mêlé d'admiration et de fierté qui la fit légèrement rougir.
— Vous voulez dire que Hollands a été…
— Téléporté, oui ! La question est de savoir où et par qui. Je dois aller analyser plus en détail ces résidus.
— Appelez-moi lorsque vous aurez du nouveau, lança Lestrade.
Il donna sa carte à Rose. La jeune femme suivit son compagnon qui avait déjà quitté la chambre. Au moment où ils sortaient de l'immeuble, elle demanda :
— Que penses-tu de ce Sherlock Holmes ?
— Hum… rien de particulier… pourquoi cette question ?
— Il te regardait bizarrement. Et la façon dont il est parti…
— Les réactions des humains sont parfois, souvent même, imprévisibles. Tu devrais le savoir mieux que quiconque.
— Justement… il m'a donné l'impression d'être plus proche de ton espèce que de la mienne.
Le Docteur stoppa, surprenant Rose qui le dépassa. Quand elle se tourna vers lui, elle remarqua son air soucieux.
— Docteur, ça va ?
— Je… non, ça ne peut pas… non, c'est impossible…
— De quoi parles-tu ?
Il ne répondit pas et reprit son chemin jusqu'au Tardis. Une fois à l'intérieur, il alla directement lancer l'analyse des résidus. Son silence était si inhabituel que Rose finit par le prendre par les épaules pour l'obliger à la regarder et lui demanda :
— Que t'arrive-t-il ?
Il soupira profondément. Son regard était assombri par un voile de tristesse et ses épaules affaissées. Sans répondre, il prit Rose dans ses bras et l'embrassa tendrement. La jeune femme comprit qu'elle ne parviendrait pas à obtenir d'explication pour le moment.
Une sonnette retentit, signifiant que l'analyse était terminée. Ils allèrent voir ensemble le résultat.
— Un rayon téléporteur Micénien… bizarre…
— Pourquoi ?
— Ce n'est pas dans leurs habitudes d'enlever des gens.
— Peut-être que quelqu'un d'autre utilise leur technologie.
— Possible… souffla le Docteur, pensif.
— Tu peux remonter le signal ?
— Yep !
Il pianota sur le clavier, tourna quelques molettes et appuya sur des boutons. Une carte du Royaume-Uni s'afficha sur l'écran. Un point rouge apparut sur Londres au moment où l'image zoomait. Elle se figea sur le quartier de Canary Dwarf, sur un immeuble qui leur rappelait de mauvais souvenirs à tous deux. Le Docteur grommela :
— Encore eux…
— Tu crois que c'est Torchwood ? S'étonna Rose. Je pensais que Jack et son équipe avaient tout récupéré après l'attaque.
— Je le croyais aussi… mais le rayon téléporteur vient bien de là. Il n'y a aucun doute possible. Et il y a des chances que nous y trouvions les deux disparus.
Sherlock était étendu sur le sofa les yeux clos, mais ne dormait pas. John finit de ranger la vaisselle du petit-déjeuner, puis alla rejoindre son compagnon qui souffla :
— Lestrade arrive…
— Comment…
Le médecin s'interrompit au moment où des coups furent frappés à la porte. Il alla ouvrir et se trouva face à l'inspecteur.
— Messieurs, les salua le policier.
Sherlock ouvrit les yeux, mais ne bougea pas.
— Du nouveau sur l'affaire ? demanda John en désignant un siège à leur visiteur.
Lestrade resta debout et répondit :
— Pas encore. Je venais m'assurer que tout allait bien. Vous êtes parti plutôt précipitamment cette nuit.
— Vous n'aviez pas besoin de mes services, souffla Sherlock.
Au moment où l'inspecteur allait répliquer, son portable sonna. Il s'excusa auprès de ses hôtes avant de répondre.
— Lestrade !… Oui… Vraiment ?… Où ça ?… Canary Dwarf, c'est noté.
Il consulta sa montre et reprit :
— Je serai là dans une vingtaine de minutes.
Lorsqu'il eut raccroché, il lança :
— Je dois vous laisser. On a peut-être une piste.
Il quitta la pièce. Dès qu'il fut sorti, Sherlock bondit sur ses pieds et attrapa son manteau sous le regard ébahi de John.
— Où vas-tu ?
— À Canary Dwarf !
— Je croyais que cette affaire ne t'intéressait pas.
— L'affaire non, mais le mystérieux John Smith oui.
— Comment peux-tu savoir… non, laisse tomber !
John prit sa veste et suivit son amant qui avait déjà quitté l'appartement. Un taxi les déposa en plein cœur du quartier d'affaires.
— Et maintenant ? Où allons-nous ? demanda le médecin.
Sherlock fit un tour sur lui-même et se figea soudain. John suivit son regard.
— Tiens, je ne savais pas qu'il restait encore une vieille cabine de police ici !
Son compagnon s'approcha de la petite construction bleue, soufflant :
— C'est parce qu'il n'y en avait pas avant aujourd'hui...
— Ils n'utilisent plus ces cabines depuis des décennies. Pourquoi en auraient-ils construit une nouvelle ici ?
Holmes ne répondit pas, posant sa main sur le bois. John était inquiet de le voir aussi perturbé par ce qui, pour lui, n'était qu'un détail. Le détective ferma soudain les yeux en portant une main à son front.
— Sherlock ? Ça va ?
— Ce n'est qu'une migraine... elle va passer...
— On devrait rentrer si tu ne te sens pas bien.
— Non, je dois absolument « le » voir et résoudre ce mystère.
— Pour ça, il faudrait déjà pouvoir le trouver.
Sherlock se redressa et se dirigea vers un immeuble condamné.
— Il est ici.
John ne prit même pas la peine de lui demander comment il le savait. Il suivit son amant qui venait de pénétrer dans le bâtiment par une porte mal fermée.
Dès qu'ils étaient entrés dans l'immeuble, Rose avait attrapé la main de son compagnon. L'endroit lui rappelait de trop mauvais souvenirs. Elle avait du mal à résister à l'envie de fuir en courant. Le Docteur semblait à peine plus à l'aise qu'elle, visiblement sur le qui-vive. Il suivait le signal du téléporteur Micénien sur l'écran d'un PDA bricolé. Cela les conduisit jusqu'aux sous-sols, dans les décombres de l'Institut Torchwood. Alors qu'ils progressaient dans un couloir sombre, le portable de Rose sonna, les faisant tous deux sursauter.
— Allô !
— Ici l'Inspecteur Lestrade. Je viens d'arriver dans le bâtiment. Où êtes-vous ?
— Au sous-sol, secteur 32, répondit la jeune femme après avoir jeté un coup d'œil autour d'elle.
— Je vous rejoins.
Elle raccrocha. Quelques minutes plus tard, le policier apparut à l'autre bout du couloir.
— Vous avez trouvé quelque chose ? demanda-t-il au Docteur.
— Le signal vient de cette direction, souffla le Seigneur du Temps en désignant une porte face à eux.
Lestrade tenta de l'ouvrir mais elle était verrouillée. Le Docteur sortit son tournevis sonique pour la débloquer. Lorsque ce fut fait, ils pénétrèrent tous les trois dans un grand entrepôt qui ne contenait qu'une sorte d'immense boîte translucide en plexiglas. À l'intérieur se trouvaient les deux disparus, étendus sur le sol, visiblement inconscients. Ils en firent le tour plusieurs fois, mais le cube ne comportait aucune ouverture d'aucune sorte. Au milieu de la boîte se trouvait une sorte de dispositif électronique qui émettait une lueur orangée.
— Voilà le téléporteur, souffla le Docteur.
— Nous devons les sortir de là ! s'exclama Lestrade. Voyez-vous un moyen d'ouvrir cette chose ou d'y entrer ?
Le Docteur ressortit son tournevis sonique et sonda les parois transparentes. Au bout d'un long moment, il posa sa main droite à plat sur le plexiglas, à hauteur de ses genoux. Un sifflement se fit entendre alors qu'une ouverture apparaissait. Lestrade et Rose se précipitèrent vers l'homme et la femme inconscients. Le Docteur se dirigea quant à lui vers le dispositif. Il l'étudia un instant, puis finit par appuyer sur un bouton. La lumière orange s'éteignit. Au même moment, les deux disparus s'éveillèrent. Pendant que l'inspecteur les rassurait et leur expliquait où ils se trouvaient, Rose rejoignit son compagnon.
— C'était un accident, apparemment, souffla celui-ci, le regard fixé sur le dispositif.
— Un accident ?
— La programmation du téléporteur a été perturbée par l'utilisation du dispositif qui ouvrait la brèche vers le Vide. Du coup, il s'est déclenché tout seul et a pris des humains au hasard.
Lestrade les rejoignit.
— J'ai appelé une ambulance. Ils vont bien, ils souffrent juste de déshydratation. Cette chose ne risque pas de recommencer à enlever des gens ?
— Je l'ai désactivée et je vais la mettre en sécurité dans le Tardis.
— D'accord. Merci pour votre aide, Docteur.
Le Seigneur du Temps lui adressa un signe de tête et un sourire. Le policier retourna près des deux victimes pour attendre les secours.
Rose reprit la main de son compagnon et l'entraîna vers la sortie, peu désireuse de rester plus longtemps dans cet endroit. Ils s'arrêtèrent au bout de trois mètres en voyant deux hommes entrer dans l'entrepôt. Holmes et le Docteur s'affrontèrent du regard un long moment. Le Détective lança d'un ton calme :
— Vous n'êtes pas humain.
Son ami lui adressa un regard abasourdi.
— Qu'est-ce que tu…
— Je ne le suis pas, acquiesça le Docteur.
Une lueur de soulagement traversa le regard acier de Sherlock. Il glissa sa main droite dans sa poche de manteau et en sortit une montre à gousset qu'il commença à triturer distraitement. Rose sentit son compagnon se crisper à côté d'elle, le regard fixé sur la montre.
— Non… pas encore… murmura-t-il.
— Docteur ?
Il ne répondit pas, mais paraissait avoir vu un fantôme. Il fit deux pas en direction du détective qui ne bougea pas.
— Puis-je voir votre montre, Monsieur Holmes.
L'homme parut surpris, mais lui tendit l'objet. Le Docteur recula d'un pas, reprit la main de Rose dans la sienne et la tira vers l'extérieur. Une fois dehors, il s'adossa au Tardis, le visage caché entre ses mains. Affolée par son attitude, sa compagne se colla contre lui et lui demanda :
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— C'est un… non… il… cet homme… c'est un Seigneur du Temps…
Une voix masculine inconnue retentit à quelques mètres d'eux :
— Je savais bien que vous finiriez par le retrouver !
La suite tout de suite ! ^^