Crédits des personnages à JK Rowlings

Termes anglais :

Hogwars : Poudlard

Snape : Rogue

Hogsmeade : Pré-au-lard

Musique de fond :

Venus – Beautiful days

C'est sensé se passer au milieu du tome 7 mais la chronologie de certains événements et la présence / absence cde certains personnages ont été altérées.

Histoire en trois chapitres.

[spoiler tome 7] Les Mangemorts sont en effervescence : Greyback a capturé Harry Potter et l'a ramené au manoir Malfoy. Trois portraits d'adolescents captifs, chacun d'une manière.


Captifs

- Blaise Zabini -

Le garçon ne pouvait s'empêcher d'écouter la neige crisser sous ses bottes. C'était un bruit tellement agréable et particulier ! La nature avait revêtu son manteau blanc en avance cette année, inspirant un calme singulier en ces temps troubles. Elle semblait avoir figé la faune et la flore. L'adolescent était aussi perdu dans la contemplation de son souffle, fumée blanche régulière. L'hiver était sa saison préférée et cette année son cadeau de Noël serait exceptionnel. Il allait prononcer son premier Avada Kadavra. Un rictus troubla le beau visage. Plus qu'un rite de passage, il s'agissait d'une jouissance ultime, un dépucelage en quelque sorte. Bien sûr, il participait déjà aux tortures avec les autres mais on lui avait refusé le droit de tuer. En plus, lui poursuivait ses études alors il n'avait droit à ce genre d'extras que pendant les vacances.

« Quelle connerie, l'école, marmonna-t-il entre ses dents. L'école de la vie, c'est ici. »

Il longea un cours d'eau gelé jusqu'à la roseraie.

Devant la grande baie vitrée, il aperçut enfin une silhouette. Un garçon se tenait droit (raide ?) sur un banc de pierre et fumait.

De là où il était, Blaise pouvait voir une fine pellicule de neige recouvrir la cape noire de son ami. Il y avait aussi à ses pieds un chien. Que fichait Draco avec un chien ? Et pourquoi pas un elfe de Cornouaille ? Pis encore, Draco pouvait-il s'occuper de quelqu'un d'autre que sa petite personne ?

Bah, peu importait, tant que Draco s'occupe de lui, le reste il s'en moquait.

« Draco ! s'exclama-t-il. Quelle idée de rester comme ça sous la neige ! »

Le garçon blond tourna la tête vers son ancien camarade, impassible, puis fixa à nouveau l'horizon.

Blaise s'installa à côté et prit une cigarette qu'il alluma.

« C'est quoi ce… chien ?

- Un chien, répondit l'autre, atone.

- Et il a un nom ?

- Non. Il est là. C'est tout.

- Ça n'est pas un animagus au moins ?

- Bien sûr que non. »

Zabini regardait le dalmatien. C'était un bel animal en soi et, chose curieuse, il semblait attaché à Draco. Vu sa taille, il n'était plus un chiot. Comment et quand était-il arrivé au manoir ? Ça n'était qu'un chien mais Draco était très secret. Blaise lui écrivait régulièrement d'Hogwarts mais jamais il ne recevait de réponse. Oh, ça ne le chagrinait pas plus que ça mais ça l'agaçait. Rien n'avait changé : Draco recevait mais ne donnait rien en retour. Il en était ainsi depuis qu'ils se connaissaient. Même à présent que les Malfoy était en disgrâce et se débattaient pour rester en vie, l'adolescent préservait une attitude fière et conquérante contrairement à Lucius, il ne semblait pas courber l'échine ni quémander la moindre attention. Il était là. Debout et droit.

C'est ça qui m'attire chez lui, évidemment, songea Blaise.

La conversation sur le canidé apparaissant stérile et inintéressante de toute façon, Zabini entreprit la lourde et délicate tâche de lui narrer les derniers potins de l'école.

« Et donc, Millicent a préparé une potion et cette pauvre Daphné s'est retrouvée avec des boutons hor-ribles sur tout le visage pendant une semaine mais elle n'a pu rien dire étant donné qu'elle se serait faite engueuler par Goodwin – tu sais, le remplaçant de Snape. En tout cas, c'était trop drôle. On avait pris des paris avec les gars et j'ai gagné. Jamais Millicent n'aurait accepté de perdre son chéri surtout face à Daphné. »

Blaise ne s'était pas vraiment attendu à un commentaire enjoué. Jamais son ami n'avait attaché d'importance aux petites histoires des autres sauf si c'était lui qui les manigançait. Il se demandait depuis combien de temps l'ancien Préfet n'avait pas souri. L'avait-il déjà vu esquissé autre chose qu'un rictus ? Oh, il y avait bien les blagues faites à Potter et Weasley mais cette époque était si lointaine à présent qu'il se demandait si elle avait vraiment existé.

Blaise tenta une autre anecdote de dortoir mais aucune réaction ne troubla Draco.

Il contempla alors le paysage devant eux. Les arbres étaient lourds de la neige et le sol n'était qu'un tapis blanc, sans aucune touche de couleur. Même le ciel. A bien y réfléchir tout était achrome. Le chien qui dormait à leur pied était noir et blanc, eux deux n'étaient que deux silhouettes recouvertes d'une cape noire. Draco aussi était en osmose avec ce monde terne : ses yeux bleu clair étaient transparents et froids comme la glace, son visage qui aurait dû porter les couleurs rosées du froid saisissant était exsangue et ça n'était pas ses cheveux blonds, presque blancs comme son père, qui égaieraient le personnage.

En le détaillant, Blaise se rendit compte qu'il avait eu tort. Draco avait changé. Son insouciance et sa méchanceté avaient déserté son visage. Il semblait toujours aussi dur mais usé aussi, usé par des soucis d'adultes : il portait un fardeau qui incombait à son père mais ce dernier, en étant incapable, avait attribué cette tâche à son fils qui lui, s'y appliquait chaque jour, la tête haute.

Zabini le trouva tout simplement superbe… et inaccessible. A ce moment-là, il aurait donné n'importe quoi pour soulager son ami ne serait-ce qu'une minute.

« Tiens, dit-il en sortant un paquet de sa poche. Joyeux Noël ! »

Draco le regarda étonné et ouvrit le paquet. Il contenait un peigne en jade vert. L'objet, finement ciselé, devait être de bonne facture.

« Tu me prends donc pour une de tes maîtresses, rétorqua Draco en refermant le papier de soie sur l'objet.

- Ne sois pas bête. C'est un bel objet.

- Et tu crois que j'ai le temps de me préoccuper de mon apparence ces temps-ci ? »

La remarque blessa Blaise. Il allait reprendre le paquet mais Draco l'avait déjà fourré dans sa poche.

« Et si nous allions à Hogsmeade ?, s'exclama Zabini pour rompre l'atmosphère. Bon, tu t'imagines bien que… par les temps qui courent ça n'est pas très… festif mais… au moins il y a de la couleur et du bruit. Tu vas attraper la mort en restant comme ça, prostré dans le froid. »

Draco réagit enfin et le regarda, presque étonné :

« Je ne suis pas prostré.

- Que fais-tu alors ?

- Je réfléchis.

- On peut savoir à quoi ? »

Un cri perçant d'oiseau déchira le silence feutré.

« Peu importe. Si toi tu ne vas pas mourir de froid, moi si, dit Blaise, mimant la colère. Dépêche-toi. J'ai vu des bottes en cuir de dragon superbes et je les veux ! »

Il se leva en tirant son ami par le bras.

Le chien leva la tête et se redressa brusquement à la suite de son maître.

Blaise informa Lucius qu'ils partaient quelques heures et reviendraient pour le souper. L'hôte ne pouvait rien refuser à ses « invités ». D'autre part, les Zabini jouissaient de privilèges dont lui et sa famille étaient privés.

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Hogsmeade ne regorgeait pas de sa foule habituelle et joyeuse mais était tout de même plus animé que le triste paysage enneigé. Même Draco semblait avoir repris des couleurs.

Ils firent quelques boutiques de confiseries et de vêtements sans rien acheter mais les deux semblaient se divertir à leur façon.

Ils terminèrent leur sortie par une Bierraubeur bien méritée. D'autres adolescents attablés leur jetaient des regards inquiets : si aucun d'eux n'avaient vraiment su ce qu'il s'était passé à la Tour d'astronomie, tous avaient entendu le nom de « Draco Malfoy » circuler et associé à la marque des Ténèbres qu'ils avaient vu dans le ciel après la mort de Dumbledore. De plus, il n'était pas revenu à l'école, décuplant ainsi les rumeurs à son sujet. Certaines étaient erronées, d'autres vraies mais ça, ils l'ignoraient.

Un regard meurtrier de Blaise mit fin à ces observations et ils purent finirent leur consommation dans la tranquillité.

« Nous devrions rentrer, dit Draco après avoir consulté sa montre à gousset. Ta mère ne va pas tarder. »

Blaise laissa échapper un soupir car effectivement sa mère était d'un autre acabit que celle de son ami sans la craindre, il n'osait pas la contrarier pour autant. Son huitième époux venait de « disparaitre » et elle était d'humeur maussade lorsque cela se produisait, même si comme les précédents époux, il lui avait laissé une somme d'argent colossale pour la consoler. Aussi, valait mieux-t-il être ponctuel.

Quand ils sortirent, la nuit était tombée. Quelques lumières éparses évoquaient Noël mais les rues étaient quasiment désertes. Avec le nouveau régime en place, un couvre-feu était en vigueur.

De retour au Manoir, on leur annonça que le dîner était servi. Ils rejoignirent les autres et écoutèrent les discussions sans y prendre part toutefois. Blaise avait des étoiles plein les yeux : au moins il n'était pas attablé avec les abrutis de son âge. Ici se tramaient les véritables actions, pas des broutilles d'adolescents en mal d'aventure. Il ne perdait pas une miette des deniers exploits de Bellatrix Lestranges.

« C'est ton soir, mon petit Blaise, dit-elle en avalant une rasade de vin. Tu es prêt au moins ? Tu ne vas pas mouiller ta robe ?, ricana la sorcière.

- Bien sûr que je vais mouiller ma robe, douce Bellatrix. Mais ça sera avec du sang. »

Les deux rirent.

Le repas se termina enfin et tous les sorciers descendirent dans les prisons. On pouvait y entendre des reniflements mais chaque prisonnier devait être terré dans l'obscurité car on ne voyait personne. On laissa à Lucius l'honneur d'en ouvrir une.

« Joyeux Noël, fils », murmura Ornella Zabini, resplendissante en dépit de sa récente « perte ».

Blaise pénétra dans la cellule et aperçut une jeune femme recroquevillée dans un coin sombre. Il leva sa baguette puis la baissa. Non, il fallait que le plaisir dure. Il ne fallait pas gâcher cette première fois à cause de son impatience.

« Endoloris ! », gronda-t-il.

Un éclair vert éclaira la salle et foudroya la victime.

« Endoloris ! Endoloris ! Endoloris ! », scanda-t-il, excité.

Il leva sa baguette une cinquième fois mais il fut stoppé. Il se tourna vers le gêneur.

« Ca suffit !, dit Draco un peu hésitant.

Une lueur folle consumait le regard de Blaise. Une ivresse le submergeait. Il repoussa son ami et visa à nouveau la prisonnière.

« Endoloris ! Endoloris ! Endoloris ! Endoloris. »

Le rire dément de Bellatrix ponctuait ses attaques. Il se sentait invulnérable et tout puissant.

« C'est fini, tonna Draco, sûr de lui cette fois.

- Laisse-le, l'interrompit sa tante. Laisse-le s'amuser. Il n'a pas ta chance, il ne peut pas faire ça à l'école », gloussa-t-elle.

Mais Draco maintenait sa prise fermement.

Peu à peu, Blaise sentait sa violence refluait. Il reprit conscience. Il était chez les Malfoy et il venait de prononcer un sort impardonnable. Si l'extase d'avoir fait souffrir quelqu'un le quittait progressivement, il en sentait encore la chaleur et la griserie. Il n'arrivait pas à dissimuler ce rictus qui déformait son visage. Il avait goûté à l'interdit et il adorait ça.

« Félicitations. Te voilà des nôtres », le congratula Marcus Flint.

L'ancien capitaine de l'équipe de quidditch, de cinq ans l'aîné de Draco et Blaise, n'avait pas intégré le Ministère tout de suite. Il avait voyagé (mot élégant pour dire qu'il avait perdu une année en fêtes à travers le monde) avant de revenir en Angleterre où son père lui avait enfin obtenu un poste (fantôme). L'ascension des Mange-Morts avait aussi été la sienne.

Blaise était au centre des conversations et des attentions et ça aussi, il adorait. La petite troupe remonta au salon et personne ne remarqua Draco qui quittait le groupe, suivi de son chien, qui l'avait attendu près de l'âtre principal, encore rougeoyant.

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Le lendemain, quand Blaise se leva, il sentit une certaine effervescence électriser tous les occupants du manoir, levés depuis bien longtemps, eux.

Il chercha Draco et le trouva affairé dans une pièce souterraine qui servait de laboratoire. Le chien était dans un coin, roulé en boule.

« Chaaaaalut, bailla Zabini en s'étirant. Tu es levé depuis longtemps ?

- Assez, oui, répondit l'autre, neutre.

- Tu ne m'as pas rejoint cette nuit…

- Mais toi non plus. »

Blaise apprécia l'extrême précision des gestes de son ami : il n'avait jamais volé ses excellentes en potions. Chacun de ses mouvements étaient appliqués et sûrs.

« Voilà l'alihotsy, tonna une voix grave qui surprit Blaise. Aaah, monsieur Zabini est parmi nous. »

Ce dernier se retourna vers son ancien professeur et le regarda droit dans les yeux, sans flancher :

« Snape !, s'exclama-t-il, omettant sciemment le titre de son aîné. Vous avez dû entendre ce qu'il m'est arrivé.

- Professeur Snape », rectifia l'homme en noir.

L'étudiant perdit un peu de son assurance.

« Vous voulez une médaille pour avoir terrorisé une prisonnière ?

- N… Non mais…

- Bien, laissez-nous travailler alors et allez donc vous amuser ailleurs. »

Blaise tourna les talons, furieux. Il avait prononcé un Doloris et on le traitait comme un enfant. Que cette vieille chauve-souris aille rôtir en enfer !

Il ne trouva plus personne lorsqu'il remonta. Il chercha de longues minutes mais les lieux semblaient déserts. Il vit enfin Flint dans sa chambre, en train de jeter des cacahuètes dans sa bouche. Il haussa les épaules et finit par aller dans sa propre chambre.

Quand l'heure du repas sonna, il redescendit au salon. La veuve éplorée qu'étaiit sa mère gloussait à une plaisanterie de Fenrir Greyback. Depuis quand sa mère avait des penchants zoophiles ? Il haussa les épaules et chercha Draco à qui il n'avait pas raconté son excitation de la veille.

Son moment de gloire fut pourtant interrompu. Greyback et sa bande de brigands s'engouffrèrent dans le salon. Ils poussèrent quelqu'un au centre de la pièce. Quand le prisonnier releva la tête, des murmures parcoururent l'assemblée.

« Regardez c'qu'on a trouvé », lança un des types dépenaillés.

Celui qui avait survécu allait devenir sous peu Celui qui allait mourir.


Chapitre suivant : Draco Malfoy