Titre : L'inaction est mauvaise pour la santé...ou pas

Rating : M

Pairing : Johnlock

Résumé : [...] Vous avez peut-être déjà remarqué que c'est quand on s'ennuie que les idées les plus stupides nous viennent à l'esprit ? [...]

Spoilers : Saison 1.

Disclaimer : Sherlock et son univers appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle, Steven Moffat, Mark Gatiss et la BBC.


Chapitre 1 : Publication avortée du Dr John H. Watson.

Jeudi, 19 h 35, 221B Baker Street, chambre du 1er.

Avant que vous vous emballiez, cet article n'est pas le récit d'une nouvelle affaire. Depuis le dénouement de « The Great Game », que j'ai posté la semaine dernière, l'infâme Moriarty semble vouloir se faire oublier un moment. Du coup, Sherlock et moi sommes au repos forcé. Personnellement, je ne m'en plaignais pas jusqu'à maintenant. Mais je vous ai déjà parlé de l'effet de l'inactivité, sur mon déjanté de colocataire. S'il ne s'est, heureusement, pas remis à tirer sur les murs du salon, il est difficilement supportable d'être dans la même pièce que lui. Je suis donc seul dans ma chambre depuis des heures, sans trop savoir quoi faire. À vrai dire, je dois l'avouer, je m'ennuie sévère, également. Sherlock a peut-être raison. J'aime le danger autant que lui et l'inaction à forte dose me donne envie de me jeter par la fenêtre. Je suis donc là, à tourner en rond dans cette pièce exigüe et comme à chaque fois que je n'ai rien d'autre à faire que penser, je cogite sur des choses futiles. Par exemple ma nouvelle obsession depuis deux heures : l'orientation sexuelle de Sherlock.

Jeudi, 21 h, 221B Baker Street, chambre du 1er.

Je ne sais pas si je posterai un jour ce texte sur mon blog. Je pense que non. Je l'écris surtout comme un aide-mémoire. Enquêter sur mon colocataire, sans qu'il ne s'en aperçoive, promet d'être une mission difficile, voire impossible. Mais puisque je n'ai rien d'autre à faire, je me lance. Je vais déjà faire le point sur ce que je sais déjà.

1 - Sherlock Holmes se considère marié à son travail. (dixit lui-même)

2 - Il se dit « sociopathe de haut niveau ».

3 - À part, peut-être, avec le DI Lestrade (et moi-même bien sûr) il semble vouloir ne se lier à personne.

4 - Malgré tous ses efforts pour être détestable, il semble être entouré de personnes qui pensent lui être redevable à vie. Il sait d'ailleurs très bien en jouer. Comme exemples flagrants je ne citerai QUE notre chère logeuse, Mme Hudson ou encore cette pauvre Molly Hooper qui passe son temps à jeter des regards énamourés à Sherlock.

Fort de ces constatations, je ne peux qu'en déduire deux choses. Soit le plus jeune des Holmes est un être asexué, doublé d'un manipulateur, tout à fait conscient de son charme. Soit c'est un homme très difficile en amour, en vue du fait qu'il a tendance à tous nous trouver inintéressants, … doublé d'un manipulateur, tout à fait conscient de son charme. En bref, l'être inaccessible dans toute sa splendeur. Un caractère à décourager n'importe qui… sauf moi. Nombreux sont ceux qui se demandent comment j'arrive à vivre avec lui. À vrai dire, je me le demande moi-même, parfois. Mais Sherlock agit comme un aimant sur son entourage. Soit il attire les gens, soit il les repousse. En l'occurrence, je me sens comme un papillon devant une flamme. (Que c'est cliché !) Oui, je suis attiré par cet homme. Pas sexuellement, comprenons-nous bien. Enfin je crois. J'ai déjà tué pour lui et faillis mourir plusieurs fois, mais pour rien au monde je ne le regrette. Au-delà de son intelligence supérieure, j'ai envie de croire que c'est un être foncièrement bon, malgré qu'il soit un handicapé des sentiments. J'ai envie de croire qu'il est capable d'aimer.

Vendredi, 10 h 20, 221B Baker Street, chambre du 1er.

J'ai sauvegardé l'unique exemplaire de ce texte sur une clef USB. Clef que je garde en permanence sur moi. Je ne suis pas assez fou pour laisser trainer ça sur mon ordinateur, avec sa sale manie de deviner tous mes mots de passe. Je n'ai pas beaucoup avancé depuis hier. Il faut dire que mon sujet d'études reste prostré, dans un état proche de la léthargie, depuis notre dernière affaire. Aussi horrible que cela risque de vous paraître, je sais ce qui lui manque, et j'arrive à le comprendre. La stimulation intellectuelle et l'adrénaline, que Moriarty lui a procurée avec son jeu de pistes. De ce que j'ai pu en déduire, c'est la première fois qu'il se retrouve face un ennemi de son acabit et il en reste grisé. Et je hais Jim Moriarty pour ce qu'il fait ressentir à Sherlock. Je le hais pour l'état dans lequel il est à présent. Je le hais pour… Je crois que je suis jaloux.

Vendredi, 15 h 05, 221B Baker Street, chambre du 1er.

Traumatisé ! Je suis traumatisé ! Vous avez peut-être déjà remarqué que c'est quand on s'ennuie que les idées les plus stupides nous viennent à l'esprit ? Eh bien j'en ai fait la terrible expérience, pas plus tard que cet après-midi. En effet, après plusieurs heures de piétinement, de triturage de méninges et une tentative avortée de lire un roman policier inintéressant, une envie folle de respirer l'air frais des rues de Londres m'a pris, sans prévenir. « Je pourrais même passer voir Sarah. » Me suis-je dis ! Quel imbécile ! Vous vous demandez surement pourquoi je suis autant remonté contre moi-même ? J'y viens. Vous serez surement d'accord, il était hors de question de mettre le nez dehors, sans être présentable. Il fallait bien sûr que je m'habille, mais avant tout que je prenne une douche. C'est, vous vous en doutez peut-être, à ce moment précis, que les choses ont dérapé. Je descendais donc à l'étage inférieur, surpris de ne pas trouver mon détective de colocataire dans le salon et me dirigeais tout naturellement vers notre salle de bain. J'ouvrais la porte, quand je tombais sur un Sherlock immergé dans la baignoire remplie d'eau fumante. Il m'aurait immédiatement repéré…s'il n'avait pas été…comment dire…trop occupé. Mon Dieu. Il était là, devant moi, totalement nu (élémentaire, dans un bain chaud) et je n'arrivais pas à détacher mon regard de son corps, de cette main qui allait et venait à un rythme lent, puis de plus en plus désordonné à mesure qu'il approchait de sa délivrance de son visage, de cet air extatique si loin de son habituelle froideur, de ses traits crispés et rougis par le plaisir qu'il se procurait. En cet instant précis, il était…magnifique. Et je ne voulais, ni ne pouvais, détourner mes yeux de lui. J'étais tétanisé sur place et les seules choses dont j'étais réellement conscient, c'était l'érection dure et brûlante contre mon aine et les gémissements de Sherlock, qui emplissaient la pièce. Quand, mû par je ne sais quel instinct, il leva les yeux vers moi. Bizarrement, il ne sembla pas trouver ma présence incongrue, l'esprit déjà loin. Quand il jouit, il rejeta la tête en arrière, tout en gardant son regard ancré au mien. J'ai cru que mes jambes allaient céder sous mon poids, quand par je ne sais quel miracle, j'ai trouvé la force de sortir de la pièce, en refermant la porte derrière moi et m'enfuis sans réfléchir. Ce n'est qu'une fois dans la rue, dans mon vieux survêtement de l'armée qui me sert de pyjama et des sous-vêtements poisseux, que je me retrouvais obligé de rentrer à l'appartement, ne serait-ce que pour me changer. Je remontais donc les escaliers quatre à quatre, passais pas la pièce commune, trop heureux de ne pas y croiser l'objet de mes pensées, et courus m'enfermer dans ma chambre. J'en suis donc là, à m'épancher sur mon ordinateur. Que vais-je faire ? Comment pourrais-je le regarder en face à présent ? Et que dois-je penser du fait d'avoir été excité au plus haut point, par cette vision ?

Vendredi, 21 h, 221B Baker Street, chambre du 1er.

J'étais allongé sur mon lit, je m'étais endormi sans m'en rendre compte quand j'entendis un appel dans l'escalier. « John ! Lestrade vient de m'appeler ! On a une affaire ! Tu viens ? » Il me donna l'impression de vouloir faire comme si rien ne s'était passé et, à vrai dire, pour le coup ça m'arrange. Je viens de lui hurler un « j'arrive ! » à travers ma porte. À plus tard.

Samedi, 9 h 15, 221B Baker Street, chambre du 1er.

Affaire résolue après une longue nuit blanche. Je vous en ferais, bien sûr, un compte-rendu détaillé, dès que possible. Me retrouver face à Sherlock fut une épreuve. L'interminable trajet en taxi aurait pu se faire dans un silence de plomb, mais c'était sans compter sur mon ami, qui s'est obstiné à me faire la conversation sur des banalités. À croire qu'il prenait plaisir à me voir déstabilisé par sa désinvolture. Il semblait se moquer de ce que je nommerai, à présent, « l'incident » ou vouloir en donner l'impression. Je me sentais donc soulagé, quand nous arrivâmes enfin, sur la scène de crime. Par la suite, prit par l'action, j'en oubliais tout le reste. Jusqu'à ce matin, quand enfin rentré, fourbu et épuisé, je ne trouvais pas le sommeil. Rien d'autre à faire que penser. Incapable de penser à autre chose. Mes pensées tournent en rond depuis des heures et moi aussi, entre les quatre murs de ma chambre. Il faut que j'en parle à quelqu'un, sinon je vais devenir fou. Mais à qui ?