Auteur : Haganemaru
Bêta : Tamaki
Genre : Angst/Hurt/Confort/Romance/POV/TS/OOC
Pairing : Harry Potter x Draco Malfoy
Disclaimer : JKR est la propriétaire et la créatrice de cette Saga énorme qui est Harry Potter, merci à elle.
Résumé : Je ne sais pas à qui appartiennent ces mains… je ne sais pas pourquoi elles sont toujours là quand j'ai besoin d'elles… je ne vois pas la personne qui est là, cet être invisible qui me soulage… cet être invisible qui semble lié à moi de façon inéluctable.
Spoil : Jusqu'au tome 6 sans la fin que je modifie et je ne prends pas en compte les horcruxes ni le tome 7 dans son intégralité.
Note de l'auteur :
Cette fic se fera en deux POV, il s'agit d'un POV de Harry dans un premier chapitre et un POV de Draco qui se trouvera dans le suivant.
Bien que j'adore les caractères de Harry et de Draco dans la version de J., je ne peux m'empêcher de faire d'eux des êtres différents, c'est la magie du OOC sûrement, Harry est en toute logique différent dans sa façon de voir et de réagir.
Il n'y aura pas de lemon dans cette fiction, je ne sais pas encore l'ambiance du fandom HP, mais comme chez Naruto, on m'en réclame souvent malgré moi, je préfère prévenir qu'il y aura du lime mais rien de plus poussé et vous comprendrez assez vite pourquoi.
Note « bonus » : J'ai écrit cette fiction en écoutant non-stop « Running Up That Hall » de Placebo. Ce n'est pas une song-fic, juste qu'elle m'a donné le ton désiré pour cette fiction qui est assez décalé avec ce que j'écris d'habitude.
Bref, sur ce…
Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, accoudé au mur près de la porte d'entrée de la tour d'astronomie, emmitouflé dans ma cape pour résister au vent froid d'Ecosse. En ce début de mois de novembre, le temps est déjà frais et je ne suis pas sûr à 100% que Ginny va venir me retrouver…
Après tout, mon « il faut qu'on parle, Ginny » assez froid l'a surprise mais je n'en peux plus. J'en ai assez de ses regards en coin, de ses sourires patients et de ses câlins envahissants, je ne suis pas un chiot à consoler de la perte de son jouet…
Et l'idée de voir Voldemort en tant que jouet est assez horrible en soi…
Peu avant le repas, j'ai juste eu le temps de passer voir Madame Pomfresh à l'infirmerie pour lui demander comment allait l'alité. Mon regard passait par-dessus son épaule et fixait le corps allongé de Malfoy, encore inconscient, avant que Ron ne vienne me chercher.
Je ne m'approche jamais de celui que j'ai « sauvé ». De toute façon, je suis arrivé trop tard.
Hermione semble comprendre mon point de vue même si elle n'accepte pas si facilement. Il faut dire que Malfoy était une plaie avant son coma, que c'est de sa « faute » si la fin de la guerre s'est déroulée plus rapidement mais je ne pouvais pas le laisser entre les griffes de Voldemort, pas après avoir vu qu'il renonçait à tuer Dumbledore.
Malgré tous les propos qu'on peut entendre sur lui, Malfoy fils n'est pas un assassin. J'ai vu sa peur, j'ai vu sa haine pour Voldemort, j'ai vu ses pleurs plus d'une fois, un assassin n'agit pas ainsi. D'après ce qu'on avait compris des messages codés que Rogue nous envoyait malgré tout, après leur fuite à tous les deux, il pensait réellement avoir tué Albus Dumbledore. Il nous apprit également que Malfoy était enfermé dans les cachots de Little Hangleton où les Mangemorts « jouaient » avec lui.
Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pendant ces deux mois presque complets et tant qu'il est « endormi », nous ne pouvons pas réellement savoir ce qu'il a subi. D'après Severus et sa mère toujours à ses côtés, le nombre de doloris quotidien avait dépassé les dix, je me demande encore s'il se réveillera de son coma sain d'esprit.
Je ne peux m'ôter de l'esprit cet éclair de soulagement dans son regard quand j'ai fait exploser la porte de sa cellule, le peu de temps où nos regards sont restés connectés avant qu'il ne referme les yeux lentement, sombrant enfin. Je me souviens encore de m'être précipité sur lui, pensant le voir rendre son dernier souffle mais non, cet enfoiré « dormait » pour moi. Je le revois encore, lui allongé de tout son long sur une paillasse, affaibli par les coups et moi accroupi à ses côtés, ensanglanté de la bataille et ayant encore en tête le regard surpris de Voldemort quand mon sortilège de mort l'a frappé.
Mine de rien, il ne s'y attendait pas à celui-là, me pensant trop faible sûrement…
- Harry ?
La voix de Ginny se fait entendre à côté de moi, me ramenant à Poudlard et non plus dans les cachots de Voldemort. J'ouvre lentement les yeux, cillant malgré tout en voyant le nez de Ginny presque collé au mien. Son regard noisette ne me quitte pas, une lueur d'espoir clairement visible alors que son sourire presque maternel fait monter en moi une sensation que je qualifierais comme de la « lassitude ». J'ai maintenant dix-sept ans, je ne suis plus un enfant à materner.
Je la recule doucement de mes mains posées sur ses épaules, décollant nos corps avant de passer une main dans mes cheveux noirs, repoussant de ma vue mes mèches décoiffées par le vent avant de remonter mes lunettes sur mon nez d'un index agacé. Son regard ne me quitte pas, détaillant la cicatrice que j'ai encore sur la mâchoire. Je pense qu'elle ne s'effacera jamais, souvenir d'un coup de griffes de Greyback avant que Remus ne s'occupe de lui. Ma robe de sorcier est pour une fois totalement fermée sur mon corps, cachant les bandages de mon bras droit, vestiges de cette guerre qui a ravagé plusieurs corps dans mon entourage.
- Harry ? redemanda Ginny en fronçant ses sourcils roux. Tu voulais me voir ?
- Oui, Ginny… on a à parler… je crois.
C'est difficile à dire… difficile à faire. Je vais lui briser le cœur et je le sais, mais je me sens différent. Je ne suis plus « son » Harry, celui qui était souriant et un peu insouciant, celui qui était un pur et dur Gryffondor, qui fonçait sans prévenir et sans se soucier des conséquences. Je pense que voir la dureté de nos « erreurs » avec le cas de Malfoy m'a fait redescendre sur terre assez vite.
Comment accepter qu'une personne de son âge soit torturée de plus d'une façon par des adultes, par des parents, par des gens ayant la même pureté de sang.
Si j'avais été « le Sauveur », j'aurais vu la détresse de Malfoy avant ce jour-là, je l'aurais réellement aidé malgré la haine qui nous opposait. Si je n'avais pas été « influencé » par mes à priori sur lui à cause de sa façon de traiter les gens, peut-être que j'aurais été un de ses amis… mais je ne peux pas revenir en arrière, je ne le souhaite pas non plus.
Ma mâchoire se crispe légèrement, et vu le regard de Ginny sur celle-ci, le muscle doit se dessiner, signe que ce que je vais dire ne va pas lui plaire… et cela se confirme par la suite.
Elle réfute tous les propos que j'avance, toutes les réponses évoquées, ses larmes brillent dans ses yeux noisette, elle a la respiration laborieuse mais dès que je veux avancer une main pour la poser sur son épaule, elle me repousse violemment. Je la vois crisper ses mains sur le tissu de sa robe de sorcier noire et je me tends un instant, prêt à invoquer un bouclier avec la magie sans baguette, je n'oublie pas son impulsivité. Ses cheveux croulent sur son visage qu'elle garde baissé pour que je ne distingue pas son expression. Sa voix devient de plus en plus dure alors que la mienne se charge de lassitude. J'aurais voulu que cela se passe bien ou du moins rapidement, ce n'est pas le cas.
Elle me redemande pourquoi, je ne sais pas quoi lui répondre et ça me fait mal. Je me détourne de son regard et lui tourne le dos, lui laissant une ouverture pour un possible sortilège de vengeance mais rien ne vient. Je pars alors m'accouder au parapet de la tour, les bras croisés et la tête basse en entendant son « salaud » murmuré derrière moi avant qu'elle ne parte en claquant la porte.
Malgré tout, les larmes coulent sur mes joues. Ginny… c'était le symbole vivant de ma mère disparue. Ses cheveux de feu, son caractère courageux et sa gentillesse… mais je ne pouvais pas lui donner une moitié d'homme tant que je ne sais pas où mon « autre moi » se trouve. Je sais très bien que j'aurai à répondre de mon choix devant Ron, je ne sais même pas s'il me considérera encore comme son ami après ça…
Je pense que maintenant, j'ai perdu ceux qui ont fait ma famille depuis sept ans… et ça me fait mal. Sirius disparu, Remus encore alité à Sainte Mangouste surtout à cause de son combat contre Greyback, Tonks à ses côtés alors qu'elle vient d'apprendre sa grossesse.
Une grossesse, un renouveau pour les hommes, une âme pure et assez forte pour avoir résisté à l'attaque et aux sortilèges… mon filleul comme ils le souhaitent tous les deux.
Un rire étranglé se fait entendre dans le froid du soir alors que je pose mon front contre mes bras repliés. La seule femme avec qui j'aurais pensé partager ma vie et mon avenir vient de partir en claquant la porte, la seule femme que je trouvais maternelle au point de donner naissance à de beaux enfants qu'elle protégerait, j'ai été assez fou pour lui dire de ne pas m'attendre…
Soyons réaliste, je ne sais pas quand cette partie manquante de mon âme reviendra. Je ne peux pas continuer à être avec Ginny s'il existe un vide en moi. Je ne sais pas à quoi c'est dû mais…
C'est… une sensation étrange de plénitude qui me sort de mes pensées pessimistes. Je rouvre les yeux, regardant mes pieds par-dessous mes bras et je vois très bien qu'auprès de moi, le vide est là, il n'y a personne à mes côtés, personne pour m'entourer de ses bras et pour poser sa tête sur ma nuque…
Alors pourquoi j'ai l'impression qu'on m'enlace timidement d'une étreinte presque fragile, douce et tendre ? Je me redresse lentement avant de pivoter sans briser cette sensation, me retrouvant avec le vide et la porte de la tour d'astronomie fermée face à moi. Je sens toujours ces membres légers autour de mes épaules et j'ai la sensation que mon front repose sur un autre. Mes yeux s'écarquillent un peu plus, libérant les larmes encore contenues en eux, larmes qui coulent doucement sur ma peau avant de disparaître au niveau de ma mâchoire avec une caresse délicate, provoquant un frisson violent alors que malgré moi, je me crispe.
L'étreinte se fait progressivement inexistante, la sensation de « tout » disparaît, me laissant froid et incomplet. Je lève ma main mais elle ne se referme que sur un vide qui l'a toujours été, m'arrachant un tremblement violent. Ma respiration se fait haletante tandis que de longues minutes passent.
J'atteins enfin la poche de ma robe de sorcier pour ressortir ma baguette que je tiens de façon ferme malgré mes tremblements. J'essaie de découvrir qui se cacherait sous une cape d'invisibilité ou un sortilège de camouflage en lançant un sort de révélation mais personne n'apparaît près de moi, je suis seul dans la tour… seul avec mon sentiment d'incompréhension et de vide que je ressens maintenant pleinement.
Un frisson me fait prendre conscience que cela fait maintenant près d'une demi-heure que je fixe le vide autour de moi avec un air hagard et je me décide à rentrer. Je sais que sur mon trajet, je vais passer devant l'infirmerie qui renferme toujours des malades « quotidiens » et Malfoy…
Mes pas ne croisent personne. A cette heure, il ne doit y avoir que Severus Rogue qui circule dans les couloirs mais j'ai, pour une fois, la chance de ne pas le rencontrer, conservant le peu de points d'avance que nous avons sur les Serpentard qui, pourtant, disparaîtront dès le premier cours de Potions.
Madame Pomfresh sort au même moment de l'infirmerie et me dévisage avec un sourire tendre sur son visage rondouillard. Ses cheveux gris sont légèrement ébouriffés par ses mains agacées et son uniforme impeccablement mis. Son regard s'adoucit en me regardant alors que mes yeux posent leur question muette habituelle.
- Non, Monsieur Potter, aucune évolution sur le cas de Monsieur Malfoy.
- Mais… ça fait maintenant trois mois qu'il dort ! m'exclamai-je.
- Un coma sorcier peut durer des années, Monsieur Potter. Il a besoin de se reposer.
- Je sais bien… soupirai-je en détournant le regard pour fixer la porte me séparant du corps de Malfoy. Madame Malfoy est encore auprès de lui ?
- Bien sûr ! me répondit-elle avec un ton doux. Elle ne le quitte pas ou très peu.
Je lui souris avant de m'éloigner, répondant à son salut d'un geste de la main. Depuis l'arrivée de Malfoy, je peux venir la voir une à deux fois par jour lorsque je le peux. Si au début, elle s'inquiétait de me voir venir sans arrêt, elle en a pris l'habitude maintenant, me répondant sincèrement alors que le secret médical aurait pu être invoqué.
J'ai entendu Madame Malfoy elle-même autoriser Madame Pomfresh à m'informer de l'état de son fils. Je ne m'approche jamais réellement de la mère de Malfoy. Je ne sais pas vraiment quoi lui dire, je ne peux même pas justifier mon comportement envers l'enfoiré qui a fait de mon adolescence un sacré merdier pendant notre parcours à Poudlard, mais maintenant qu'il n'est pas là avec ses yeux froids et sa moue hautaine, les cours sont trop tranquilles pour moi.
Je n'aurais jamais cru dire et penser ça un jour, mais je m'ennuie de Malfoy. Il était une constante de ma vie que je détestais quand elle était active, mais maintenant…
Ma main droite vient frotter mon front d'un geste las alors que je donne le mot de passe de la semaine au tableau de la grosse dame qui garde l'entrée de notre salle commune. « Liberté » est vraiment simple à deviner, je me demande à quoi Dumbledore pensait en le trouvant… quoi que ce soit toujours mieux que ses mots de passe hypercaloriques.
Je relève les yeux pour tomber sur le regard furieux et azur de mon meilleur ami… ou de celui qui fut mon meilleur ami.
L'attaque verbale vient presque aussitôt, me faisant grincer des dents mais je conserve un visage froid alors qu'Hermione, à ses côtés, me fixe avec attention. Elle est la seule à qui j'ai parlé de ce manque en moi, et elle le comprend parfaitement. Elle est une femme, elle aurait refusé de sortir avec Ron s'il ne lui donnait pas « tout » de lui. Alors pourquoi je n'aurais donné qu'une partie de moi à Ginny alors qu'elle mérite à son tour un homme complet ?
Je soupire en regardant Ron et le laisse aux bons soins d'Hermione qui me fait signe de partir, elle va s'occuper de Ron. En montant dans le dortoir des septièmes années, je croise Ginny, adossée au mur, avec Parvati qui me fusille des yeux en entourant de son bras gauche les épaules de la rouquine. Je regarde rapidement Ginny et la vois me tuer du regard et encore une fois, un soupir las se fait entendre de ma part, faisant sursauter violemment Parvati qui se met à son tour à me hurler dessus, je crois que je suis parti pour la nuit si Neville, Dean et Seamus s'y mettent à leur tour.
Et pourtant, après un regard pensif et surpris de mes trois amis, un seul « Pourquoi ? » vient vers moi. Tout en retirant ma robe de sorcier que je pose sur mon coffre, leur tournant le dos, j'explique mon point de vue comme je l'avais déjà exposé à Ginny et malgré leur incompréhension manifeste, Dean et Seamus partent se coucher en me tapotant l'épaule. Neville s'approche et croise mon regard vert avec calme.
Un doux sourire se forme sur ses lèvres alors que ses yeux marron se font tendres. Il me tire dans ses bras, déclenchant des rires amusés derrière nous, et me donne une étreinte « virile », me faisant comprendre que mon choix était le mieux pour Ginny. Il me le murmure lui-même à l'oreille avant de me repousser vers la salle de bain où je me rendais.
C'est sous la douche que je me surprends à penser à cette sensation que j'ai ressentie à la tour d'astronomie. Je n'en ai parlé à personne encore, je ne sais pas ce que c'est et là, avec l'eau brûlante courant le long des muscles de mon dos, je me dis qu'elle avait été différente de la sensation que j'ai éprouvée avec Neville.
Si en compagnie de Neville, j'ai ressenti du soulagement face à un homme qui me comprend, seul avec cette sensation d'enlacement, j'étais… complet, comme abouti.
Je me frotte doucement le bras droit où des cicatrices dues à un Sectumsempra envoyé par un Mangemort sont encore visibles. Malgré mes gestes, malgré mon corps qui se met en « autopilote » pour me laver et me soigner avant d'aller me coucher, je ne peux m'empêcher de repenser à la tour d'astronomie…
C'est ainsi, alors que je me couche en fermant les voilages de mon baldaquin pour m'isoler, arrachant étrangement un ricanement de Dean, que je me demande si cette sensation sera là le lendemain pendant le cours du Professeur Sinistra. Je m'endors sur cette question avec un soupir en entendant les pas colériques de Ron près de son lit, j'espère qu'Hermione l'a un peu calmé… et qu'il reste mon ami malgré tout.
Pourtant, je dus attendre presque deux semaines avant d'avoir un autre « contact » avec cet être invisible. Deux semaines durant lesquelles j'ai parlé à Hermione qui éplucha tous les livres possibles de la bibliothèque qui lui avaient encore échappé et où Ron comprit enfin mon point de vue pour sa sœur et malgré une colère certaine, il me « pardonna de ma folie » pour redevenir mon meilleur ami.
Deux semaines où le cas de Malfoy fils resta inchangé. Je sais par Madame Pomfresh que Narcissa Malfoy peut rester à Poudlard auprès de son fils, son procès ayant été instruit rapidement, elle reste sous la surveillance des Aurors et devrait, normalement, ne pas pouvoir quitter le domicile que le Ministère a mis à sa disposition. Je dois dire que j'ai dû jouer de mon influence et celle de Dumbledore pour que le lieu de résidence « offert » aux deux Malfoy restants passe d'un appartement insalubre à… une demeure insalubre. Je ne sais pas encore si ce fut un avantage pour eux de leur avoir offert l'hébergement dans l'ancienne demeure des Black mais vu le regard soulagé de Narcissa Malfoy, rien ne pourrait lui faire plus plaisir.
Le cas de Lucius Malfoy fut lui aussi réglé assez vite. A l'inverse de Narcissa qui n'avait jamais été une Mangemort active, ne participant à aucun raid, chose que nous avions apprise en même temps que le Magenmagot par le père de Malfoy, lui était resté un Mangemort actif et le revendiquait presque. Il prit sur lui la faute de son fils, Draco ayant « ouvert » Poudlard pour sauver sa mère, et selon une dette de sorcier qu'il avait contracté envers son fils, le Magenmagot ne pouvait juger Draco sur ces actes. Lucius finirait sa vie à Azkaban, Draco serait libre à son réveil et même si les biens des Malfoy étaient confisqués jusqu'à sa majorité et majorés d'une taxe, cela leur laisserait de quoi vivre décemment.
Et un jour, la sensation revint. Je me retrouve face à mon chaudron en plein cours. L'examen de fin d'année approchant, même si nous ne sommes que début décembre, Rogue a décidé de nous donner ce qui revient le plus souvent lors des ASPIC. Je ne suis toujours pas au point avec les potions, même si je me débrouille pour les recettes simples, il en restera toujours une qui me bloque : le Polynectar, potion pourtant habituellement maitrisée en quatrième année.
Je pense que le regard noir et pensif de Rogue sur moi me déstabilise beaucoup également, je ne peux que fixer l'eau dans mon chaudron, essayant de me rappeler ce que j'ai révisé avec Hermione la veille quand je lui ai dit - en retard, peut-être - que Rogue nous ferait une « interrogation » sur les potions apprises en quatrième année. J'ai eu beau répondre à toutes les questions d'Hermione, je bloque systématiquement sur une potion et, ma « chance » jouant, il a fallu que je tombe sur celle-ci quand le bout de parchemin de Rogue vint se poser sur ma table.
Je connais les ingrédients, je sais que Rogue m'a facilité le travail en me donnant du sisymbre cueilli à la dernière pleine lune et les chrysopes cuits pendant vingt et un jours. Il veut voir la manœuvre et c'est là que ça coince et que je commence à sentir ma respiration s'accélérer sous l'effet de la panique.
Offrez-moi un Mangemort, je ne panique pas. Donnez-moi une potion à faire, c'est la crise d'angoisse. Ce doit être une phobie que je développe à ce niveau-là.
Cependant, alors que je tends ma main vers la poudre de corne de bicorne précédemment pilée pour en prendre une poignée afin de la jeter dans l'eau, je sens une main se poser sur mon poignet pour me stopper, me faisant écarquiller les yeux avec une expression un peu affolée qui intrigue Rogue qui garde son attention sur moi.
Je vois parfaitement ma main tendue, je ne distingue rien d'autre autour de moi. Il n'y a aucun membre maintenant ma main, aucun corps me soutenant, personne pour m'entourer de ses bras et se coller à mon dos. Je ne perçois pas les traces qu'aurait dû faire des doigts autour de mon poignet, aucune aspérité sur ma peau alors que la « main » invisible vient mêler ses « doigts » aux miens alors…
Alors pourquoi je sens un corps se coller à moi ? Pourquoi je peux sentir un menton se poser dans le creux de mon cou ? Une autre « main » qui vient se plonger rapidement dans mes cheveux comme pour me calmer ?
Ma respiration s'apaise effectivement peu à peu alors que je reprends possession de mes moyens. Je déglutis doucement et silencieusement en adoucissant mon bras droit où est posée cette sensation douce, la laissant me guider. C'est avec une suffocation mentale que je vois ma main se lever au-dessus de mon chaudron, des doigts invisibles faisant s'entrouvrir les miens petit à petit alors que ma main libre se fait lever lentement pour mélanger la substance.
Je regarde mon corps agir sous le commandement de cette entité inconnue mais vraisemblablement humaine, je vois la potion prendre forme petit à petit. Mon corps me renvoie des signaux me signalant que « l'autre » est toujours là et effectivement, je sens quelque chose s'enrouler autour de ma taille alors qu'il me fait mélanger une dernière fois la potion terminée dans les temps.
Rogue s'approche pour vérifier mon chaudron, déjà méfiant avant d'être près de moi et, alors qu'il vient se poster à mes côtés, l' « autre » part, son « bras » se déroulant de mon corps et me laissant seul…
Seul et étrangement incomplet.
Ma potion est réussie avec une perfection qui fait froncer les sourcils de Rogue et je dois dire qu'il me faut toute ma ruse pour ne pas faire de même. Il ne dit rien de plus, me regardant avec attention tandis que je lui rends son regard avant de partir plus loin. Une fois son dos tourné, je ne peux m'empêcher de me retourner vers… rien. Le vide se situe derrière moi, il n'y a personne. La porte reste fermée, il n'y a personne d'autre dans la salle.
Je ne comprends pas et c'est cette incompréhension qui m'amène, plus tard dans la journée, à Alastor Maugrey qui est venu en tant que Professeur de Défense contre les Forces du Mal. Je voudrais savoir s'il y aurait un sortilège autre que le « Revelo » pour détecter une présence invisible. Il me suggère d'essayer le « Prodo », cette locution latine pourrait réussir à montrer un ennemi à coup sûr…
Mais cette présence est-elle bel et bien un « ennemi » ? Quelqu'un désirant me faire du mal me procurerait cette sensation d'accomplissement ?
C'est après un énième « câlin » invisible, étreinte indétectable pour les autres, effectué en plein déjeuner alors que je parlais à Hermione de ce cours de Potions que nous avons décidé de demander conseil aux fantômes de Poudlard afin de savoir si l'un d'entre eux « manquait » à l'appel.
Hermione avait bien perçu ma légère crispation, mon blanc dans la conversation alors que mes yeux s'écarquillaient lentement. Elle n'avait pourtant pas vu ces douces caresses que je recevais, ces massages lents qui décrispaient mes épaules, ces mains invisibles qui parcouraient mes bras, ma nuque et mon cou. Moi qui fuyais les contacts, j'en venais à espérer plus d'attouchements.
Attouchement que je ne voyais pas.
Sir Nicolas avait été clair, aucun fantôme de Poudlard n'avait ouïe dire d'un « nouveau venu » dans leurs locaux… et aucun fantôme ne pouvait toucher un vivant de cette façon.
Hermione grince des dents en me voyant partir voir Madame Pomfresh pour un énième compte rendu sur le cas de Malfoy mais ne me dit rien de plus sur cette « obsession » que je développe selon elle. Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose m'attire vers l'infirmerie, j'ai besoin de savoir. Avant de quitter la Grande Salle, je la vois se replonger dans son livre sur « Les mystères du subconscient sorcier ». Ce que je ne comprends pas vraiment.
Et encore une fois, la seconde de la journée, je me retrouve à la porte de l'infirmerie, immobile et silencieux, regardant avec un petit sourire Narcissa Malfoy chantonner entre ses lèvres, les yeux fermés, en caressant la main de son fils. Même si elle pouvait être très froide en journée et en compagnie d'autres personnes, quiconque la verrait avec son fils la trouverait… très maternelle, comme Molly Weasley pouvait l'être.
Mon regard se porte sur Malfoy et je ne peux m'empêcher de tiquer encore une fois en voyant ses cheveux mal coupés. D'après ce que j'avais entendu de Severus, Bellatrix Lestrange avait coupé la longue chevelure de Malfoy, ruinant la fierté du plus jeune sous le regard presque horrifié de ses parents. Je ne peux que confirmer en voyant le sourire triste de Narcissa alors qu'elle recoiffe tendrement son fils, repoussant ses courtes mèches de cheveux derrière ses oreilles.
Je me souviendrai toujours du sourire en coin de Madame Pomfresh quand elle m'apprit que Narcissa massait le crâne de son fils avec une potion de « repousse » afin que les cheveux de Malfoy redeviennent ce qu'ils étaient avant puisqu'il ne pouvait la boire. Malgré moi, je ne peux qu'approuver Narcissa, son fils avait possédé de beaux cheveux blonds d'une agréable longueur, cela avait été un crime, un de plus contre lui, de les lui couper.
Je me demande quand Malfoy décidera de se réveiller… il doit lui manquer quelque chose de réel pour qu'il se plonge ainsi dans l'inconscient.
Malgré moi, je me crispe légèrement quand je vois que Narcissa Malfoy tourne son attention sur moi et me fixe sans rien dire. Je ne m'approche pas d'elle, je ne sais pas quoi lui dire. D'un côté, j'ai sauvé son fils, d'un autre, j'ai enfermé l'homme qu'elle aime. Je lui ai offert un toit sachant que je ne pourrais pas vivre dans la demeure des Black, trop de souvenirs se rattachant à Sirius me torturant, mais c'était également un juste retour des choses vu que Malfoy et elle sont des descendants directs.
Je la salue d'un mouvement de tête avant de repartir en silence. Je ne croise plus personne avant de monter dans les dortoirs et d'aller me coucher sans manger, je sais que je vais me faire hurler dessus par Hermione et Ron mais je m'en fiche, ce vide en moi me coupe l'appétit de plus en plus souvent… les rares fois où je mange de bon cœur sont les moments où une main invisible me caresse la nuque.
Ma nuit est étrange, je ne peux pas me rappeler de mon rêve avec certitude, tout ce que je sais, c'est que ce n'était pas un cauchemar. C'était flou, lent. Il y avait une autre personne avec moi, invisible encore une fois. De ce que je pouvais sentir de son corps allongé de trois-quarts sur le mien, c'est que c'était un homme. Qui était-il ? Je ne saurai jamais la réponse et pourtant, alors que je regarde avec une fixation étrange mon pantalon de pyjama souillé de mon sperme, je me demande quelle était la teneur exacte de ce rêve…
Et surtout, en était-il un réellement ?
Les jours passent et ne se ressemblent pas. Mes hormones semblent s'affoler de plus en plus, ma libido, jusque-là bridée, semble s'être réveillée et je ne peux compter le nombre de matins où mon corps est bandé de besoin, m'obligeant à « finir » le travail seul à l'abri de mon baldaquin ou avec l'obligation de changer encore une fois de pyjama.
L'être ne me quitte toujours pas. Si au début, il semblait compatissant et doux, les caresses que je reçois sont de plus en plus appuyées, presque possessives. Il me suit maintenant partout, le bain comme les repas ou les cours.
Hermione m'avança une théorie assez farfelue, même pour elle. Selon son livre, j'aurais créé « Lui », cet être que je ne nomme pas, je ne veux pas encore penser à ce qu'il fut avant d'être « Lui ». Tout ce que j'espère c'est que ce n'est pas le fantôme de Tom Jedusor qui me poursuit. Je frissonne de dégoût malgré moi, attirant un regard surpris d'Hermione qui me fixe avec attention et une main sur la nuque alors qu'un visage se colle à mon cou, me faisant pencher légèrement la tête sur le côté pour lui dégager le passage.
Je peux sentir son sourire contre ma chair, sa satisfaction dans la façon qu'il a de se plaquer à mon corps, debout dans le couloir, la douce possessivité de ses bras autour de ma taille.
Un appel d'Hermione me ramène sur terre, c'est le rouge aux joues que je la fixe avec interrogation, la faisant soupirer et elle me répète sa théorie.
- Harry… selon le livre, tu pourrais avoir séparé ton être en deux personnes… Je pense que ce « fantôme » est ce qui te manque.
- 'mione… ce n'est pas moi qui crée cela.
- Mais selon le livre…
- Je… coupai-je. Ne l'ai pas créé. Je t'ai entendue, il devrait partager mes connaissances, normalement.
- Oui, tout ce que tu sais, « Il » le sait aussi, mais pourquoi tu dis cela ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Je détourne mon regard vers les portes de la Grande Salle, me demandant quand Ron se rendra compte que ses deux amis manquent encore à l'appel et viendra me « sauver » des griffes de sa petite amie.
- Il m'aide en potions, Hermione. J'ai aussi pris « Runes » et « Arithmancie » en option cette année. Il m'aide dans ces cours, Hermione.
- Mais…
- Je ne peux pas avoir ces connaissances, c'est impossible. Runes et Arithmancie, je les ai pris seulement cette année en option pour pouvoir quitter le cursus « Auror ». Les potions… 'mione, tu crois vraiment que je suis un as en potions ?
- … Non, mais…
- Je ne peux pas… ce n'est pas moi, 'mione. « Il » est très bon en potions, vraiment, comme Rogue.
Les bras autour de moi se resserrent, je peux presque sentir sa jubilation dans son grand sourire contre ma peau. Une main vient me flatter la tête comme un maître avec son chiot et je crois que si je ne risquais pas le ridicule, je le cognerais rien que pour ça. Un frisson l'agite, signe d'un rire muet avant qu'il ne me relâche un peu.
Encore une fois, cette sensation de « manque » vient petit à petit et après un salut à Hermione, je pars en direction de l'infirmerie. Un regard lancé par-dessus mon épaule me signale qu'elle est déjà plongée dans son livre, les sourcils froncés comme si quelque chose lui échappait.
Mes pas se poursuivent alors que j'évite le regard des autres, encore fascinés par « le Sauveur du monde sorcier ». Un soupir se fait entendre de ma part et pour une fois, j'entre dans l'infirmerie. Malfoy est seul dans la pièce et cela me fait hausser les sourcils. Jamais, depuis presque cinq mois qu'il est là, Narcissa l'a laissé seul, donc où est Madame Malfoy ?
J'entends un bruit de voix féminines alors que j'avance légèrement vers Malfoy, le fixant un instant. Ces rêves que je fais me donnent une autre vision des garçons autour de moi. Aucun ne me fait frissonner et pire, le fait d'imaginer leurs corps se coller au mien comme le fait le « fantôme » dans la journée, ou mon presque amant onirique, me donne la nausée. Pourtant, lorsque je regarde Malfoy, je repense au nombre de fois où nous nous sommes battus, que ce soit verbalement ou physiquement. Le nombre de fois où nos corps se sont approchés, dépassant la limite du « politiquement correct » pour se parler directement face à face, son nez presque collé au mien.
Mon regard se pose sur l'arête dudit nez et je perçois une petite bosse, petit défaut qui me fait sourire alors que je frotte la mienne. Malfoy n'aura plus ce « nez aristocrate » qu'il avait avant, cette fracture réparée tardivement marque sa détention par Voldemort. Si lui tient son nez cassé d'un Mangemort, je dois le mien à Malfoy lui-même, à son coup de pied en début de sixième année.
Encore une fois, je repense à nos échanges et bizarrement, alors que j'évite les autres dans des combats rapprochés, me servant de la magie pour les tenir à l'écart, je ne peux dénombrer les fois où nos corps se sont acharnés l'un contre l'autre… et jamais je n'ai frissonné de dégoût à son contact. Certes, de colère, de rage, de peine, de fureur, mais jamais de haut-le-cœur dû au contact de sa peau.
- Comment cela ? demanda la voix de Narcissa Malfoy.
D'après la tonalité, elle était en train de revenir dans la salle avec Madame Pomfresh et avec un dernier regard sur Malfoy, alors que je fronce légèrement les sourcils en le voyant amaigri à cause de ce repos forcé, je me recule rapidement. Tandis que je ferme la porte, j'entends malgré moi la fin de la conversation dont le contenu me fait sourire largement, amusé de la position de Malfoy.
- Disons que son corps n'est pas au repos ! expliquait Poppy Pomfresh.
- Mais… il est endormi, son corps dort !
Un soupir nerveux se fait entendre. Je ne sais pas si Narcissa est d'une naïveté charmante ou d'une cruauté sans égale alors qu'elle pousse Madame Pomfresh à expliquer mot pour mot ce qui se passe avec Malfoy.
- Disons que tout son corps n'est pas au repos, Madame Malfoy.
Je l'imagine bien la regarder avec insistance pour lui faire comprendre son point de vue et avec le son étouffé venant de Narcissa, je supprime la cruauté pour garder la naïveté. Je pense que c'était un aspect de son fils qu'elle n'aurait jamais cru voir un jour.
- Et donc… son… corps est en pleine forme ? demanda-t-elle subtilement.
- Voire même plusieurs fois par jour.
- Oh… je vois…
Moi aussi, et jamais je n'aurais cru que Malfoy avait une libido si déchaînée, je ne sais pas de quoi il rêve mais ce doit être chaud. Je glousse malgré moi avant de partir rapidement pour éviter de me faire surprendre par les professeurs qui parcourent Poudlard.
Je me demande comment va être Malfoy à son réveil. Son corps s'est visiblement amaigri, je doute qu'il puisse tenir debout facilement en dépit des massages de sa mère et des potions de Madame Pomfresh. Mais son coma va-t-il aussi jouer sur son mental ? Je fronce les sourcils malgré moi. Malfoy était le second meilleur élève de nos deux maisons, après Hermione, j'espère qu'il ne perdra pas de ses capacités, ce serait injuste pour lui.
Pourtant, un Draco Malfoy faible et sans force… m'attire. Je crois que mon complexe de héros se réveille à plein tube. J'ai envie de le protéger le temps de sa convalescence… pour mieux m'engueuler avec plus tard, sûrement.
Je monte rapidement dans ma chambre et deviens presque aveugle en voyant Hermione couchée près de Ron, les deux en train de s'embrasser avec une passion… que je n'aurais pas voulu voir.
- Ah mes yeux ! criai-je d'une voix horrifiée que démentait mon sourire amusé, plaquant mes mains sur mes paupières.
- La ferme, Harry ! hurla à son tour Ron en rigolant.
- Mais… il y a des mineurs ici !
C'est vrai quoi, je n'avais toujours pas dix-huit ans, j'étais peut-être majeur magiquement parlant mais pas « normalement ».
- Dégage Potter ! gloussa Ron. Va voir ailleurs si on y est.
- Parce que tu veux que je vous voie ailleurs de la même façon ? Tu te reconvertis dans les tortures ?
Mon rire éclate dans la pièce, attirant un regard ébahi de Ron et d'Hermione. Je pense que ça doit leur faire bizarre de me revoir « moi », celui qu'ils connaissaient avant la bataille finale. Leurs sourires se font plus doux malgré eux tandis que je leur tire la langue avec gaminerie en prenant ma serviette et une tenue de rechange. Après tout, à cause de leur câlin, j'allais pouvoir bénéficier de la salle de bain des préfets, ce n'était pas un échec total.
- Le mot de passe de la salle de bain des préfets ? demandai-je avec un rictus.
- Harry ! C'est interdit… commença Hermione.
- Oh ? Donc, je vais attendre ici, assis sur mon lit… continuai-je en posant mes vêtements sur mon lit et en les fixant avec intensité. Que vous ayez terminé vos petites cochonneries.
- « Secret gourmand » ! s'écria Ron, s'attirant un regard courroucé d'Hermione. Quoi ? Il n'allait pas rester là, 'mione !
- Secret gourmand ? répétai-je. Je ne veux même pas savoir ce qu'il s'y passe.
Non vraiment pas même… je veux pouvoir me laver sans que les images ne viennent me torturer.
Je pars presque aussitôt, laissant le dortoir des septièmes années aux deux amoureux et croise Dean et Seamus en larmes tellement ils riaient. Ces deux enfoirés auraient pu me prévenir avant que je ne monte, que le dortoir était occupé. Je shoote dans le genou de Seamus en passant, m'attirant un cri étranglé de rire avant que le tableau de la grosse dame ne se referme derrière moi.
Les couloirs défilent rapidement, je sais où aller. La salle de bain des préfets a déjà servi lors du tournoi des Trois Sorciers à Poudlard. J'arrive enfin au cinquième étage et je ne peux toujours pas regarder fixement la statue de Boris le hagard. J'en ai vu des gens moches, il n'y avait qu'à penser à mon oncle Vernon et son fils pour avoir un bel exemple de mocheté mais Boris les battait à coup sûr. Je me présente devant la quatrième porte à sa gauche, songeant qu'après la guerre, étrangement, Dumbledore avait pensé à changer l'ancien mot de passe de la salle de bain des préfets… ainsi « Fraîcheur des pins » disparu pour « Secret gourmand ».
Effectivement, dès que le mot de passe assez étrange a été prononcé, la porte s'ouvrit, me remontrant ce marbre blanc qui m'avait déjà frappé la première fois… le marbre et cette immense baignoire. Je frissonne à l'idée d'y plonger et je sais que je resterai là où j'ai pied. Malgré moi, je ricane de ma propre incapacité à me détendre dans une piscine et tourne les robinets d'eau qui remplissent rapidement la cuve. Je commence à me déshabiller, évitant du regard la peinture de la sirène qui se redresse pour me regarder avec intérêt. Je pose mes lunettes sur le rebord d'un lavabo et enfin… je viens me couler dans l'eau chaude de la baignoire, soupirant de bien-être.
Le doux fredonnement de la sirène m'entoure avec le bruit feutré de l'eau, c'est tranquille. Mon dos vient s'appuyer contre le bord de la « piscine » qui nous sert de baignoire et je me retourne pour m'appuyer contre celui-ci, croisant les bras sur le rebord et appuyant ma tête sur ceux-ci. Le silence est apaisant, pourtant, il me manque encore quelque chose.
Je me demande pourquoi le cas de Malfoy m'intéresse autant. Ce n'est pas comme si nous étions amis avant son « départ » de Poudlard. Déjà en sixième année, il m'avait intrigué par son comportement, me faisant négliger Ginny à son profit. Pourtant, je me l'avoue… il ne me fallait pas grand-chose pour que je néglige Ginny, Malfoy était tout trouvé.
Une main vient caresser mes cheveux, me faisant soupirer doucement et entrouvrir les yeux. Malgré ma vision plus que floue, je vois bien qu'il n'y a personne. Pourtant, je sens qu' « Il » m'entoure de ses jambes, encadrant mon corps alors que ses mains me massent les épaules.
Merde, je crois que je viens de gémir et vu le temps d'arrêt dans le massage, « Il » l'a entendu.
Les caresses se font plus douces et je me retourne pour qu' « Il » ne voie pas mon rougissement. Les yeux fermés, je n'en sursaute pas moins quand je me fais pousser doucement en avant, décalant mon corps de la surface dure. Un instant plus tard, je perçois contre ma peau nue le « corps » de l'autre qui se positionne. Je ne peux que confirmer ma précédente observation, « Il » est bel et bien un mec.
Un mec visiblement passionné par mes cheveux qu'il tente vainement de recoiffer, essayant d'user du fait qu'ils sont humides de mon bain. Un petit rire m'échappe, un pincement sur mon épaule me fait rire un peu plus fort avant qu'il ne recommence ses caresses sur ma peau, glissant le long de mes bras. Ses mains viennent taquiner mes doigts et je regrette un instant de ne pas avoir gardé mes lunettes, peut-être qu'avec l'eau, j'aurais pu distinguer quelque chose.
- Qui es-tu ? soufflai-je.
Sa réponse est inaudible, pourtant, de sa bouche posée au creux de mon épaule, je sens qu'il me répond. Je ne comprends pas, s'il peut me toucher, pourquoi je ne peux l'entendre. Ses mouvements s'alanguissent, parcourant mon torse, suivant mes cicatrices du doigt. Une de ses mains caresse mon bras droit, cajolant presque les marques du Sectumsempra alors que l'autre est posée sur la trace que j'ai depuis que Queudver m'a arraché un bout de chair.
Je sens son nez se frotter contre ma peau et un frisson me prend, hérissant ma chair à mon grand étonnement. J'ouvre les yeux rapidement en rougissant quand je prends conscience que mon corps est loin d'être au repos. Après un temps d'arrêt, surpris par ma crispation, une ondulation de son torse montre qu'il rit de mon trouble.
J'essaie de me dégager de lui mais ses caresses affaiblissent mon envie, me donnant l'occasion de rester là. Je ne le vois pas, je ne sais pas qui il est… pourtant, s'il n'était plus là, je me sentirais si vide. Je repense à Hermione qui m'avait conseillé de parler à un professeur de ce phénomène mais la crainte qu'ils trouvent une solution pour l'empêcher de m'approcher me retient. Je ne connais rien de lui, de ce qu'il fut… mais je refuse l'idée qu'il parte.
Sa main gauche vient prendre mon front pour tirer ma tête vers l'arrière et elle se pose sur une épaule invisible, offrant mon cou découvert à ses caresses devenant appuyées. Un soupir tremblant m'échappe. Malgré la bizarrerie de la situation, ses frôlements commencent à m'exciter et vu leur cadence, il semble également en proie à la même chose.
Je suis resté près d'une heure dans l'eau avec lui et jamais ses mains n'ont quitté mon torse ou mes bras. Il semble aimer ma peau que je sais un peu hâlée par rapport aux autres – merci, Papa –, ses mains doivent connaître tous les reliefs de mon torse et les cicatrices sur mes bras. Sa bouche invisible a parcouru pendant de longues minutes mes épaules et ma nuque, remontant parfois vers ma mâchoire, attirant mon visage sur le côté de façon inconsciente. Jamais il n'effleura ma bouche de la sienne et pourtant, son index en connaît parfaitement le contour ainsi que tout mon visage et ma cicatrice en forme d'éclair qui s'est enfin atténuée avec la mort de Voldemort.
J'ai l'impression qu'il apprend tout de mon corps, ses gestes étant plus familiers, plus poussés. Malgré mon sexe bandé, jamais je ne me suis caressé et il ne l'a pas fait non plus. Ce fut une excitation longue mais pas douloureuse, comme si mon corps était enfin en paix et le manifestait.
Peu après être sorti du bain, une bouche effleura mes boucles noires sur ma nuque avant qu' « Il » ne parte, me laissant seul et encore troublé par ce « jeu » auquel nous nous étions adonnés.
Une relation taboue, impossible entre un « fantôme » et moi… pourtant, si réelle et si satisfaisante.
Je rentre dans la salle commune des Gryffondor et tombe presque nez à nez avec Hermione qui me fixe avec intensité, décortiquant mes rougeurs avec un air attentif. Tout le monde nous regarde avec interrogation, je peux voir Ginny partir avec le nez en l'air, suivie de Parvati qui continue de me bouder, pas que je le regrette vraiment d'ailleurs. Je ne sais pas si Ginny réussira un jour à comprendre que je ne l'aime plus…
Et c'est là que je me rends compte que je n'aime plus Ginny. Je pensais regretter notre séparation, me lamenter un jour sur le fait que cette fille formidable avait été mienne et que j'avais été assez stupide pour la quitter… mais la réalité est tout autre. Notre séparation ne me fait rien alors que l'absence de mon « fantôme » me hante.
Un sourire en coin se forme sur mes lèvres, faisant sursauter Hermione face à moi. Elle m'attire d'une main sur mon bras dans un coin et se met à chuchoter furieusement, le regard inquiet.
- Harry, il faut que tu voies un professeur… ou Dumbledore pour… « ça ».
- Quoi « ça » ? demandai-je.
Je sais de quoi elle veut parler mais je ne suis pas prêt à accepter de voir un professeur pour ça.
- Ça va trop loin, Harry. Tu sembles… enfin, tu as l'air…
- Ecoute Hermione. Je ne fais rien de mal, personne n'est blessé par nos actes… laisse-moi tranquille, d'accord ?
- Harry ! grinça-t-elle entre ses dents. Tu ne te rends pas compte que tu tombes amoureux d'un… esprit ?
Je la fixe un instant, clignant des yeux comme un hibou. Amoureux ? Je ne sais pas vraiment si je peux qualifier mes sentiments d'amour… et je prends conscience que j'ai des sentiments pour « Lui »… pour un esprit invisible dont je ne sais rien.
- Au moins… soupirai-je. On ne peut pas dire que je cours pour son physique…
Je la vois sursauter violemment et m'esquive rapidement vers mon dortoir pour éviter ses cris, chose que me fit regretter Ron ensuite car, visiblement, Hermione avait passé ses nerfs sur les études et les révisions pour les ASPIC, entraînant son petit ami avec elle. Je souris en me couchant, j'ai toujours le sourire en m'endormant… et celui-ci grandit encore plus en percevant une main dans mes cheveux avant que je ne rejoigne les bras de Morphée.
Pourtant, le lendemain fut étrange de mon point de vue. La présence de mon « fantôme » était plus franche, comme s'il essayait de me montrer qu'il était là. Il me frôlait souvent la hanche en un geste possessif, ma main se faisait caresser en cours, ma nuque massée pendant le repas. J'évite avec obstination le regard d'Hermione mais aussi celui de Rogue qui a reporté son attention sur moi depuis que Malfoy est « actif » le jour.
J'ai appris que son corps reprenait un rythme normal, comme s'il allait se réveiller d'un moment à l'autre mais quelque chose « clochait » encore pour son réveil total. Je me demande si mon fantôme ne serait pas l'esprit de Malfoy… chose que je rejette immédiatement, il ne serait pas si tactile avec moi… presque amoureux. Pourtant, malgré moi, je ne peux m'empêcher de penser que les coïncidences entre le « fantôme » et Malfoy sont assez nombreuses, allant du fait qu'ils sont tous les deux des mâles, passionnés par mes cheveux – le nombre de fois où Malfoy faisait des allusions à ceux-ci ne sont plus à compter –, très très bons en potions… et de longs et fins doigts.
Je me mordille la lèvre du bas avant de sourire en pensant aux mains de mon fantôme, ignorant le regard bleu d'un Poufsouffle blond qui me parle depuis maintenant près de dix minutes. Dix minutes que je songe aux points communs entre Malfoy et mon fantôme… dix minutes pendant lesquelles, Sean Douglas me parle de tout et de rien, me regardant fixement.
Une main dure sur mon épaule me fait sursauter et regarder vers la gauche, découvrant la chevelure rousse ébouriffée et le regard bleu surpris de Ron qui me fixe avec insistance avant de m'entraîner en cours. J'essaie de comprendre mais l'incompréhension règne.
- Ron ?
- Merde, Harry ! Tu ne vas pas me dire que tu n'as pas vu qu'il te draguait ce mec !
Oserais-je lui dire que je n'écoutais même pas ce que Sean me disait ? Que j'étais dans mes pensées et que celles-ci étaient concentrées sur Draco Malfoy ?
- Euh… tu crois ?
- Merde, Harry ! soupira Ron avec lassitude. Un mec te drague et tu regardes même pas, t'es désespérant !
- Mais je n'y peux rien moi, je pensais à autre chose… attends, un mec me drague ?
Un court silence se fait avant que Ron n'éclate de rire alors que nous entrons dans le dernier cours de la journée, celui de divination, cours qui nous permettra de nous « reposer » en somme.
- Tu es choqué ? demanda Ron en me fixant.
- Non… pas vraiment… songeai-je.
- Harry, tu me le dirais si tu étais… homosexuel, hein ?
- Ron, je suis sorti avec ta sœur, je te signale, je ne suis pas homo.
- Bisexuel dans ce cas ? Des mecs te branchent ? insista Ron, ignorant le regard agacé du professeur.
- N…
J'allais répondre « non »… sincèrement… mais le regard acier de Malfoy s'est imposé à moi. Malfoy et ses cheveux blonds qui semblent si doux malgré leur coupe déstructurée, Malfoy et son regard gris qui peut se faire acier lorsqu'il est en colère ou argent quand il exprime l'épuisement et le soulagement, Malfoy et son corps fragile dû à son coma… Malfoy qui m'attire malgré son état, bien que je connaisse sa langue de vipère, son regard hautain et son comportement fier de « Sang-Pur» de merde.
Malfoy qui m'avait toujours attiré, par la colère, par la haine… par l'attirance d'un corps pour un autre… et ce depuis toujours.
- Harry ? demanda Ron, surpris par mon silence et ma soudaine pâleur.
- Je… je crois… mais pas tous les mecs… un seul.
- Qui ça ?
Je n'ai pas le temps de répondre que le professeur Trelawney vient m'annoncer ma mort future, une constante dans ma vie – et dans ce cours – qui ne changera jamais… mais aussi un bonheur prochain en amour. Propos qui font rire aux éclats Ron et se redresser les filles de notre maison et de celle des Poufsouffle, avec nous pour ce cours. Je ne peux pas dire à Ron que son ennemi personnel est le mec sur qui je flanche…
C'est toujours aussi pensif que l'heure passe rapidement, Ron essayant de me faire cracher le morceau mais je ne pouvais que secouer la tête et lui sourire avec amusement. Je vois d'ici le tableau si je lui dis clairement que Malfoy me plaît physiquement. Il virerait au blanc, manquerait de s'évanouir, devrait s'asseoir avant de se relever pour me tirer par le bras, direction l'infirmerie. Je souris en coin en pensant que si Ron me menait à l'infirmerie, nous tomberions directement sur Malfoy et là, Ron s'évanouirait pour de bon.
J'adore mon meilleur ami… mon frère de cœur… mais je doute réellement qu'il ait ledit cœur assez accroché pour que je lui avoue être attiré par « la Fouine ».
L'heure d'étude passe assez vite, étonnement, je n'ai eu aucun « contact » de mon fantôme, j'en viens à me demander où il se trouve vu qu'il n'est jamais si longtemps sans venir me « voir ». C'est pensif que je me dirige vers la Grande Salle avec Ron et Hermione pour souper, je croise Sean qui me sourit avec un air qui me fait froid dans le dos et là, au contraire de tout à l'heure, je suis attentif et détourne le regard de ce blond insipide.
Il n'avait pas ce « pouvoir » de me mettre hors de moi en un seul regard comme Malfoy le faisait. Je ne sais même pas si Malfoy est attiré par les hommes ou par les femmes… ou par les deux, ne boudons pas notre plaisir. S'il y a bien un « secret » défendu, c'est la sexualité des Serpentard. Ce fut d'ailleurs un choc assez visible quand Nott et Zabini, le meilleur ami de Malfoy, furent pris à s'envoyer en l'air dans une salle de cours vide par Ron et Hermione. Il n'y a que nous trois au courant et vu le regard soulagé des deux Serpentard le lendemain, alors qu'aucune rumeur ne circulait, le secret restait encore et toujours inconnu des autres.
J'avale rapidement mon repas sous le regard de mes amis, prétextant une fatigue soudaine pour m'isoler. Je monte immédiatement dans la tour des Gryffondor, croisant Neville qui en redescendait avec rapidité, je pense qu'il a dû oublier l'heure. C'est avec un sourire amusé que je vais donc profiter de la salle de bain des septièmes années. Salle de bain qui avait été modifiée par Fred et Georges pendant leur septième année, la rendant maintenant luxueuse. De longs miroirs longeaient les douches et les murs de la salle d'eau. Souvent, je me suis retrouvé gêné en début d'année en découvrant la « surprise » que les jumeaux nous avaient annoncé avec un ricanement. Les professeurs n'avaient pu défaire le sortilège des deux Weasley et les miroirs étaient restés.
La gêne resta peu de temps et nous nous sommes habitués à nous voir pendant la douche lors de nos ablutions… ou autres. Je me déshabille rapidement, posant mes affaires sur la commode non loin pour pénétrer dans la cabine de douche. Mes lunettes sur le nez après un sortilège de « repousse-eau » afin de toujours voir ce que je fais. Si la veille, j'avais manqué la possibilité d'apercevoir les bras qui m'entouraient sous l'eau du bain, cela n'arrivera pas aujourd'hui.
C'est ce à quoi je pensais en allumant l'eau chaude qui déferla sur moi, provoquant une buée qui se déposa peu à peu sur les miroirs, voilant le reflet de mon corps encore un peu trop maigre selon Molly. Machinalement, je me savonne avant de me figer en sentant la poigne dure autour de mon biceps. Mon regard se baisse et oui, je peux apercevoir le contour de doigts sur ma peau, même si la marque ne se voit pas, c'est une sensation étrange.
Par contre, je ne comprends pas pourquoi il refuse de me laisser me retourner. Son corps se colle au mien et je frissonne en sentant sa bouche et surtout ses dents me mordre la nuque. Mon cri résonne dans la pièce et je ferme les yeux. En dépit de la dureté de ses caresses, mon corps recommence à se bander. Ses mains rudes passent sur ma peau, pincent ma taille et malgré mon sursaut pudique, une de ses mains vient entourer mon sexe pour le caresser avec art.
- Mais que…
L'autre main se pose sur ma bouche alors qu'une autre morsure se fait sous mon oreille, me faisant ouvrir les yeux et je bloque mon regard devant moi. Je pense que cela se verra et malgré l'inconfort de la prise, je ne me débats pas, attendant de voir ce que mon fantôme avait. Je sais que je ne…
Je peux distinguer des mots se former sur le miroir, petit à petit le mot « mien » s'inscrit d'une écriture fine et légèrement penchée. Je pourrais presque la qualifier d'aristocrate. Un gémissement m'échappe tandis que mes hanches donnent un coup de reins en avant dans la poigne invisible qui me maintient. La bouche sur mon cou s'entrouvre, une langue semble venir lécher ma peau et je n'ai qu'un seul regret à ce moment, c'est de ne pas en ressentir la chaleur.
Le corps derrière moi n'est ni froid, ni chaud, il ne dégage rien de plus que les contacts et maintenant, ces mots qui s'inscrivent, me disant que je lui appartiens, que je suis à lui, seulement à lui. La possessivité de ses mots me plaisent malgré moi, personne n'avait revendiqué ma présence de cette façon et – je me bafferai sûrement ensuite pour l'avoir pensé – je dois dire que ça m'excite encore plus.
- Qui es-tu ? soufflai-je en gémissant.
Une jambe vient écarter les miennes et je me crispe légèrement mais ses mains sur mon corps ont vite fait de m'alanguir une nouvelle fois. Son rythme sur mon sexe s'accélère et je peux sentir son corps érigé contre mes fesses nues. Sa main libre me caresse le torse, passant souvent sur mes tétons tandis qu'il lèche ma mâchoire, remontant près de ma bouche. J'évite cette langue exploratrice, les yeux figés sur le miroir face à moi.
Reflet indécent d'un jeune homme en proie au désir le plus manifeste, dévergondé et choquant, ne se caressant point mais ressentant un plaisir suprême sous les paumes invisible d'un fantasme plus que réel.
La « conversation » continue, les caresses également. Son « tu sais qui je suis, Potter » me fait me figer avant qu'un mouvement plus dur me fasse râler entre mes dents un nom… le sien…
- Mal… Malfoy ?
« Tu es à moi, Potter. » L'arrogance de ses propos me paralyse un instant avant que sa bouche ne revienne à la charge de ma nuque, la parcourant avec ardeur. Son prénom m'échappe dans un gémissement et je le sens se décaler pour venir me coller sur le côté, sa main sur mon sexe me serre un instant, m'arrachant une plainte assourdie avant de reprendre le mouvement de va-et-vient. J'ouvre les yeux que j'avais, malgré moi, fermé dans le mouvement et voit les mots « Je ne laisserai jamais quelqu'un me prendre ce qui est à moi… encore moins un Poufsouffle » s'inscrire. L'écriture est plus nerveuse, comme agacée et je prends conscience qu'il est jaloux.
Un sourire ravi se forme sur mes lèvres et avant que je ne comprenne vraiment, je sens une bouche venir prendre la mienne violemment. Sa langue vient chercher la mienne et si, là, quelqu'un entrait dans la salle de bain, je pense qu'il se demanderait à quoi je joue à embrasser le vide. Ma respiration s'accélère, sa main sur ma nuque se crispe pour éviter que je me recule. Mes mains ne peuvent le toucher, il a l'entier contrôle de mon corps et de mes réactions tandis que je m'affaisse sans force contre le mur et le miroir.
Dans un râle assourdi, je me crispe entre ses doigts, jouissant presque sans bruit alors qu'un sourire naît sur ses lèvres collées aux miennes. Cet enfoiré de Malfoy aime le pouvoir qu'il a sur moi, qu'il ait gagné sur mes réactions… l'ascendant qu'il possède sur mon corps. Une dernière fois, sa langue effleure la mienne et il disparaît, me laissant haletant contre le miroir. Je me fixe, baissant les yeux sur mon sexe à moitié retombé, vidé de son désir que Malfoy a fait naître en moi pendant ces longs mois.
Maintenant que je sais qui il est, cela change-t-il pour moi ? Ne voudrai-je plus de lui ? Pourrai-je oublier cette sensation de plénitude que je ressens quand il me caresse ?
Sans un regard de plus sur mon corps, je fixe la conséquence de mon désir sur le sol, mon sperme qui disparaît dans la tuyauterie, suivant l'eau chaude qui s'écoule. Je me relave rapidement avant de sortir tout aussi vite. Il faut que je sache… que j'aille le voir… je dois le voir.
Ma tenue réenfilée, je me précipite dans mon dortoir où j'ignore soigneusement les regards de Dean et Seamus qui me fixent ou plus précisément qui fixent mon cou avec ébahissement, alors que je les frôle en passant. Manifestement, Malfoy a réellement laissé sa trace sur mon corps. J'arrive dans la salle commune comme un boulet de canon et croise le regard d'Hermione qui se fige en me fixant avant de se lever. Je la vois avancer vers moi avec rapidité avant de me montrer son livre.
- Qu'est-ce qu'il y a, Hermione ? demandai-je avec empressement.
- Dedans… il est dit que dans certains cas de coma sorcier… le comateux s'accroche mentalement à la dernière personne qu'il a vue…
Je la regarde avec intensité tandis qu'elle me confirme ce que je savais déjà. Hermione Granger est réellement la plus intelligente sorcière de sa génération.
- Par contre, il ne peut pas la toucher avec cette projection astrale… s'il déteste la personne.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? questionnai-je avec avidité.
- Que… ce « fantôme » doit avoir développé un sentiment d'amitié… ou d'amour envers toi… rectifia-t-elle en fixant mon cou.
- Et tu sais qui il est, n'est-ce pas ?
Je la vois se mordre la lèvre du bas en acquiescant et je lui serre l'épaule en lui demandant de mettre au parfum Ron et quitte la tour des Gryffondor avec rapidité. Les couloirs défilent mais je ne vois que ce point devant moi, je me mets même à courir sous le regard des quelques élèves encore présents dans les couloirs. La porte de l'infirmerie est enfin là, sous mes yeux et je me stoppe d'un coup, manquant de tomber à cause d'un dérapage incontrôlé.
Calmement, j'ouvre la porte pour découvrir que Malfoy est seul dans l'infirmerie. Doucement, je pénètre dans les lieux, le regard figé sur lui. Encore une fois, je me dis que son corps aura besoin d'une remusculation, de soins, d'une nourriture décente et surtout… d'une bonne coupe de cheveux. Je souris malgré moi devant l'idiotie de mes pensées et arrive à son chevet. C'est la première fois que je suis si proche de lui.
Machinalement, je tends la main pour repousser une mèche plus courte qui lui retombe sur le front. Déjà qu'avant, il était très pâle, il avoisine la blancheur immaculée des draps sous lui maintenant. Mon doigt vient appuyer sur l'os de son nez qui a été cassé et je ricane. Le son résonne dans la pièce et je me demande comment l'esprit de Malfoy va pouvoir se « recoller » à lui.
Je tire une chaise vers moi et m'assois près de lui. Le silence m'insupporte et rapidement, je me mets à lui parler en fixant sa main proche de la mienne. Je ne sais pas pourquoi je n'ose pas la prendre directement et use de moyen anti-Gryffondor en touchant sa peau de mon auriculaire de temps en temps. Je lui raconte tout ce qui s'est passé depuis son sauvetage, comme quoi sa mère est là chaque jour, qu'elle prend soin de lui, que j'irais même à lui offrir le coiffeur pour elle et surtout pour voir sa tronche à lui, son air agacé et presque nauséeux quand il se rendra compte que je fais œuvre de « charité » envers ses cheveux.
Je vois sa main bouger un peu et continue de me moquer de lui, déclarant qu'il ressemble à un rat anorexique ou à un mannequin de Jean-Paul Gautier, créateur qu'il ne doit pas connaître. Je lui ricane presque à la face qu'il a perdu son titre de « Prince » de Poudlard au profit d'un autre, que les Serpentard sont devenus amis avec les Gryffondor en son absence – chose totalement fausse mais qui fait agiter sa main encore une fois –.
Tout en lui parlant, je continue mon manège avec ses doigts, les caressant des miens en ignorant que derrière moi, la porte venait de s'ouvrir pour laisser passer les silhouettes de Narcissa Malfoy et Severus Rogue… ce que j'ai appris ensuite en fixant la fenêtre face à moi. Ma voix se coupe un instant et Narcissa me fait signe de poursuivre avec un sourire et malgré le regard noir de Rogue qui me menace de m'étrangler si je prononce un mot de trop, je continue la « mise en boîte de Malfoy ».
Je reprends donc mon récit, inventant des choses qui l'insupportent, des choses fausses qui le font frémir et qui amènent un regard surpris des deux adultes sur lui. Comme quoi Ron a décidé de lui prendre un cheveu pour une potion de Polynectar et de danser la Macarena sur la table des Serpentard en plein repas du soir, quand tout le monde est présent. Je me moque du fait qu'il ne connaît pas la Macarena, cette chanson moldue datant de nos treize ans que j'avais fait découvrir un été à Ron en compagnie d'Hermione.
Un gloussement retentit derrière moi, et en regardant dans le reflet de la vitre une nouvelle fois, je vois Hermione et Ron qui se placent contre la cloison sous le regard menaçant de Rogue qui a la main de Narcissa sur la manche.
Un soupir ramène mon regard sur Malfoy et je le vois froncer les sourcils. Je continue donc sur ma lancée, comme quoi Hermione vient de m'apporter des rubans rose fushia pour les nouer dans ses cheveux, qu'il sera « choupinette » lorsqu'on lui aura fait ses couettes. Que Parvati ou Lavande est prête à nous fournir du maquillage pour le déguiser en parfait drag-queen et, alors que j'allais enchaîner sur l'explication… une voix me coupe.
- La… ferme… abru…ti.
Un sourire se forme largement sur mes lèvres alors que Narcissa accourt près de son fils, me regardant avec des yeux embués de larmes. Je pense que je vais être de trop mais alors que je commence à me lever, une main se referme sur mon poignet. La prise est douce et légère, je sens qu'il n'a pas beaucoup de force dans son bras. Mon regard se relève sur le visage de Malfoy et je vois ses yeux gris entrouverts. Il cligne plusieurs fois des paupières comme pour rétablir sa vision et se passe la langue sur ses lèvres sèches. Narcissa lui tend un verre avec une paille et même si elle lui retire le liquide assez vite, il s'étrangle un peu, pas habitué à boire couché.
- Bin alors, Malfoy ? Tu as décidé de plus jouer à la Belle aux bois dormants ?
- Va… te faire… Potter ! souffle-t-il en tournant son regard vers moi.
Un sourire en coin naît sur ses lèvres alors qu'un identique se dessine sur les miennes. Je ne sais pas ce qu'on fera ensemble, si on continuera ensemble. Mais alors que sa main quitte mon poignet sans que son regard ne me lâche, je me rends compte que ma sensation de vide a disparu à son réveil.
C'est sous nos regards qu'il se rendort malgré lui, trop faible pour tenir. Madame Pomfresh arrive aussitôt, appelée par Ron et l'ausculte, déclarant qu'il était tiré d'affaire mais dormait simplement. Je me lève alors et regarde Narcissa qui me remercie muettement et semble comprendre quelque chose. Elle a vu nos mains liées quand elle s'est approchée.
Tandis que je me recule pour lui laisser la chaise, je regarde une dernière fois le corps affaibli de Malfoy et lui chuchote mentalement un « Dors bien, Draco » avant de partir, suivi de Ron et Hermione qui voulaient tout savoir.
Je suis pressé d'être à demain… quitte à ce que nos enguelades reprennent…
Et… fin de la première partie,
La suite, c'est avec un POV de Draco donc…
A dans deux semaines
N'hésitez pas à me reviewer avec votre avis )