Expliquer le passé de Castiel c'est révélé plus simple que ne l'avait imaginé Dean. Ses parents ne l'avaient pas interrompu, et, Dieu merci, n'avait pas fixé Castiel comme s'il était atteint de la peste. Il savait que son amant détestait que les gens le prennent en pitié. Il l'avait bien vu au Centre, aucun patient ne supportait le regard trop condescendant des soignants, qui poussaient tout avoir vu, tout connaître.
-Et où est-il maintenant, demanda John.
Castiel releva la tête vers lui.
-En prison. Les plaintes ont eu un effet boules de neige. Il n'en a suffi que de quelques-unes pour que la majorité de ses patients portent plainte à leur tour. Enfin, ceux qui étaient en mesure de le faire.
Castiel sentit la main de Dean caresser la sienne, il vit le regard de John sur leurs deux mains.
-Ça vous dérange, pas vrai ?
John le regarda.
-Je ne suis pas homophobe.
-Mais vous n'aimez pas le fait que votre fils soit dans une relation avec un homme.
-C'est… déstabilisant.
John observa les deux hommes et sentit le pied de sa femme cogner sur son tibia.
-Mais j'ai pas les mêmes idées que ton père.
Castiel hocha la tête.
-Et votre mère ? demanda Mary.
Elle avait pensé depuis le début au rôle de cette femme dans les malheurs de son enfant. Elle ne comprenait pas comment une mère pouvait ne pas intervenir en sachant son fis souffrir de cette façon. Elle se doutait bien que Dean avait passé sous silence un grand nombre de choses terribles qui étaient arrivées.
-Ma mère ?
Dean se tourna vers amant. Lui aussi c'était posé la question. Castiel ne parlait jamais de sa mère, (en même temps, Castiel ne parlait jamais de sa famille ou de son enfance), du coup, Dean s'était demandé si la mère de Cas était morte ou si elle s'était opposée à son mari. Parce que Dean ne pouvait concevoir qu'une mère accepte de faire subir des tortures à un de ses enfants. Pas avec la mère qu'il avait eu.
-Eh bien, commença Castiel, je suppose qu'elle est à Forrest City… Près du pénitencier.
-Du pénitencier ? Elle est restée avec votre père ?
-Bien sûr.
-Elle ne l'a pas quitté ?
Castiel secoua la tête.
-Elle croyait en ses idées. Elle y croit certainement toujours.
-Vous n'êtes plus en contact avec eux, n'est-ce pas ?
-Non. Pour moi, je n'ai plus de parents, répondit Castiel.
Le regard de Mary alla de son fils à Castiel.
-J'avoue être profondément choquée par ce que vos parents vous ont fait endurer mais... si vous brisez encore le coeur de mon fils...
Castiel hocha la tête.
-Je sais. Et je ne m'attends pas à moins de vous.
-Bien, maintenant que cela est fait, j'aimerais que vous répondiez sincérement à ça.
-Maman... commença Dean.
-Non, Dean, il n'y a pas de maman qui tienne. Castiel, est-ce que vous pensez pouvoir rendre mon fils heureux ?
-Je ne sais pas si je peux le rendre heureux, mais je sais qu'il me rend heureux.
-Et Cas me rend heureux, rajouta Dean. Satisfaite ?
-Presque.
Dean soupira.
-C'est bon, Dean. Laisse ta mère poser ses questions.
-Et en ce qui concerne le sexe ?
-Maman ! C'est personnel !
-Oh Mary ! C'est... Oh mon dieu, c'est quelque chose que je n'ai pas besoin de savoir.
-John, s'il te plaît, il va bien falloir que tu t'y fasses !
-Pas si tu me colles en tête des images que je ne veux pas avoir, râla John. Ce genre de choses... Ca les regarde. Pas nous.
-Non John, ça me regarde.
Mary se tourna vers Castiel.
-Je suppose que ... Qu'après tout ça, vous ne pouvez pas avoir des relations sexuelles comme vous le souhaitiez ?
-Oh maman ! Cette conversation est gênante !
-Je veux juste m'assurer de ton bien-être.
-Non Maman, là tu t'incrustes dans ma vie privée ! Dans notre vie privée ! Et Castiel ne va certainement pas te répondre.
Dean se tourna vers Castiel.
-Ta mère s'inquiète Dean. Et c'est normal. Je m'en inquiète aussi.
-De quoi ?
Castiel se mordit les lèvres, gênés d'avoir cette conversation face à des inconnus qui se trouvaient être les parents de Dean.
-De toi, moi, nous et le sexe.
-Je ne suis pas un obsédé sexuel !
-Pas un obsédé, Dean. Mais c'est normal d'avoir des besoins.
-Stop ! La seule chose dont j'ai besoin, Cas, c'est d'être avec toi. Pour le reste, on verra plus tard.
Les moins avaient passé et ils avaient enfin pu faire leurs cartons et repartir à Lawrence.
Lawrence était la ville de Dean. Il y avait ses habitudes et par dessus tout, il avait sa famille. Castiel lui était plus reconnaissant d'être venu le retrouver à Seattle afin de les obliger à faire face à leurs sentiments.
L'étude clinique avait pris fin. Castiel pouvait s'autoriser de plus en plus de moments intimes avec son amant bien qu'ils n'aient pas encore fait le grand pas. Pas encore. Peut-être bientôt, au rythme où avancaient les choses. Il y a deux ans, jamais Castiel n'aurait pu imaginer partager, un jour, un appartement avec un homme. Et maintenant, maintenant, il était là, assis à la table de leur salon, devant un repas avec la famille de Dean, avec la famille de son amant.
Et peut être que ce soir, pour l'anniversaire de Dean, il pourrait donner un tout nouveau sens au mot d'amant.