Le temps s'est arrêté. J'ouvre les yeux.

Quelle est cette douleur ?

Ces liens qui m'oppressent ?

Je sais pas. J'en sais rien. Je ne sais plus.

J'ai fermé les yeux. Mais c'était il y a longtemps. J'ai fermé les yeux, alors que la mort brulait encore mes narines. Son odeur écœurante, ses cris. Était-ce la mort ? M'a-t-elle emporté ?

Je croyais savoir. Je croyais que j'étais forte. Forte, la Griffondor insurmontable. J'étais invincible et cette croyance m'a tuée.

Je savais tout. J'ai toujours tout su. Sauf ça. Non. Non ! Je ne peux pas l'accepter.

« Non ! »

Ta main crispée sur ta baguette. Tes yeux si froids et ton visage si dur.

Alors c'est toi, Drago ? Toi qui me tueras ? Qu'elle ironie ! Je suis seule, il n'y a que toi. C'est dans tes yeux que je rendrais l'âme. Tu seras la dernière personne. La dernière personne à me voir.

A jamais...

Tu n'y arrives pas. Tu as toujours été lâche Drago. Toujours.

Mes tes yeux sont si froids aujourd'hui, et ton visage est si dur.

Vas-tu le faire ?

Vas-tu y arriver ?

Prononcer deux mots, deux simples mots qui voleront ma vie. Deux mots interdits.

Fais- le !

Je n'ai plus peur.

Je ne supplierai pas.

Je ne m'humilierai pas.

Je suis ici, devant toi, et la mort, tu la croiseras dans mon regard. Je te hanterai tu m'entends ? Je te hanterai ! Jusqu'au bout. Mes yeux seront tes bourreaux. Regardes moi ! Fixes moi ! Ne détournes pas les yeux ! Regardes moi !

« Retourne toi, Granger... »

« Non ! »

Chaque seconde est un battement de mon cœur. Et à chaque seconde, je m'attend à le voir s'arrêter.

Qu'est-ce que ça fait de mourir ?

Je ne sais pas. En fait je n'ai jamais su. Rien. Rien du tout.

Tes yeux sont deux blocs de glace. Et ta voix n'est plus trainante. Elle est pressée. Elle est stressée.

Tu n'y arrives pas, Drago.

Tues-moi maintenant, ou tu ne le feras jamais.

Je lis dans tes yeux.

Je vois la mort qui s'y dessine.

Ça y est...

Tu vas le faire.

Soudain tu baisses ta baguette.

Que fais-tu ?

J'ai l'impression de voir la mort qui s'impatiente derrière toi.

Mais tu l'ignores. Comme tu l'as toujours ignorée.

« Ils te tueront de toute façon »

« Je sais »

« Alors, Pourquoi tu es là ? Tu devrais t'enfuir, tu devrais avoir peur ! Tu devrais être à genoux devant moi, me supplier de te laisser en vie ! Pourquoi ? Pourquoi es-tu si impassible ? Tu devrais avoir peur. Ils me l'avaient dit... »

Ce n'est pas à moi que tu parles. C'est à toi même.

Tu t'assois. Tu t'assois à terre et enfouis ta tête dans tes mains.

J'ose un pas. J'en ose un deuxième. Et je pose une main sur la tienne. Tu ne me repousses pas. Tu ne bouges pas. Je ne comprends pas.

Alors, moi aussi je m'assois. Je m'assois à côté de toi. J'entends des cris. On t'appelle, mais je bouge pas.

J'entends des pas. Un martellement sur le sol. Un chant, annonçant ma mort. Elle proche, je la vois dans le coin de la pièce.

Les pas se rapprochent.

Je regarde la mort.

Tu saisis ma main. C'est violent, brut, bestial. Tu la saisies et les larmes coulent sur tes joues.

De l'autre main, je les saisis au vol.

Je pose mes lèvres sur ta joue et bois tes larmes.

Les gouttes salées me font du bien. Tu te laisses faire.

Je me relève, tes yeux m'implorent, ta main serre toujours la mienne.

Je m'empare de ta baguette.

Les pas sont trop proches.

Je m'empare de ta baguette et la pointe vers toi.

Tu lâches ma main.

Tu as compris.

La porte s'ouvre.

Je regarde la mort.

« Avada Kedavra »

Je regarde la mort, tapie dans le fond de la pièce et je lui souris.

Je lui souris et elle me rend mon sourire.