Bêtas : Mokonalex et Fredjs
Note de l'auteur : Cette petite fic aura une suite. "Bonne année, Professeur !" sera mise en ligne pour le premier de l'An.
Bonne lecture et Joyeuses fêtes de fin d'année.
Severus Rogue était sorti discrètement de la Salle sur Demande et avait emprunté un passage secret afin de rejoindre ses cachots sans être vu de quiconque. Seulement vêtu de sa chemise blanche, il avait tremblé de froid durant tout son trajet de retour, pestant de ne pas avoir sa baguette afin de se lancer un sortilège de chauffage ou même de conjurer quelques vêtements chauds. Salazar Serpentard qui gardait l'entrée de l'appartement des cachots leva un sourcil étonné en le voyant arriver dans ce singulier appareil mais ne fit aucun commentaire. Il ouvrit simplement le portrait à l'annonce du mot de passe.
Aussitôt, le Maître des Potions frigorifié se précipita dans la salle de bain et ouvrit en grand le robinet d'eau chaude de la douche. Il se déshabilla rapidement et se précipita sous le jet chaud en soupirant d'aise. Les deux mains appuyées contre le mur carrelé et la tête baissée, il laissa l'eau presque brûlante le réchauffer puis se mit à réfléchir tout en se saisissant d'une éponge naturelle et d'un flacon de potion de douche parfumé au bois de santal.
Severus énuméra posément tout ce qu'il savait de l'inconnu de la nuit. D'abord, il était petit, et léger, car il n'avait eu aucun mal à le soulever de ses coups de rein alors qu'ils faisaient l'amour. Ses cheveux n'étaient pas très longs et sentaient la pomme. Etant donné que c'était un shampooing à la mode parmi les élèves et même les professeurs, ce n'était pas un critère très sûr pour aider à l'identification du personnage. Ceci dit, cela pourrait en éliminer quelques uns. Ensuite, il connaissait la Salle sur Demande, donc il était élève ou l'avait été par le passé. Et puis, il y avait le fameux suçon qui bien que dissimulable derrière un Glamour, ne pourrait pas disparaître tout seul en moins d'une semaine. Il était le seul à avoir des potions anti-hématomes, n'ayant pas encore livré Poppy qui s'était trouvé en panne, deux jours auparavant. Si l'inconnu voulait se faire soigner, il le saurait. L'homme était jeune et n'avait pas de barbe ou presque, parce que sa peau était encore douce, même le matin.
Tout en se savonnant, Severus songea aux délectables expériences de la nuit. Il aurait certainement encore plus apprécié, s'il avait pu toucher à sa guise le corps qui lui avait donné tant de plaisir. Déjà, il avait été soulagé d'avoir été enlevé par un homme. Quand on était gay, c'était un fait important. Toute la nuit, enfin… tout le temps où il avait été réveillé, il avait espéré que ce soit ce petit trouble fête de Potter avec ses grands yeux verts, son joli minois, et son petit cul moulé dans son pantalon d'uniforme. Le sale gosse était vraiment un délice pour les yeux, mais la terreur des cachots était persuadée que le Sauveur du Monde Magique était hétéro et qu'il passait d'une fille à l'autre. Pourtant, il ne se souvenait pas l'avoir vu avec quiconque du sexe féminin, à part bien sûr, cette désagréable Je-Sais-Tout de Granger, qui le suivait comme son ombre avec son idiot d'acolyte.
Tout en massant pour la seconde fois ses longs cheveux noirs avec son shampooing ultra-doux préféré, Severus réfléchissait à la meilleure façon de mener son enquête. Il fallait qu'il se méfie du Directeur comme de la Dragoncelle, car ce vieux fou était tout le temps au courant de tout ce qui se passait dans le château et il n'avait vraiment pas envie que sa pitoyable et presque inexistante vie intime soit exposée au regard concupiscent et égrillard de ce vieux bouc.
Parmi les élèves de 7ème année, qui étaient encore dans le château, déjà il n'y avait aucun Serpentard, ce qui réduisait le champ des investigations. Il restait bien un ou deux Poufsouffles mais aucun d'eux n'aurait osé, ils avaient bien trop peur de lui. Il restait donc les Gryffondors et les Serdaigles. Chez les Lions, il n'y avait que Potter dans cette catégorie d'âge et chez les Aigles de Filius, Lloyd Ackerley et Terry Boot. Il pouvait rayer Boot, il n'était resté que pour ne pas laisser seule sa petite amie Sally-Ann Perks, selon les indiscrétions de Filius Flitwick et Pomona Chourave qui trouvaient cela très romantique. Ackerley avait le nez dans un bouquin du matin au soir et n'aurait même pas su le temps qu'il faisait dehors si on le lui avait demandé. Celui là, Severus était prêt à parier qu'il n'en aurait jamais eu l'idée, ni même l'audace.
Il ne restait donc que Potter, à moins qu'il ne s'agisse d'un 6ème année… Cette pensée fit sursauter le Serpentard qui horrifié, espérait qu'il n'avait pas sans le savoir, commis ce crime impardonnable. Il ne se sentait pas du tout, mais alors pas du tout, l'âme d'un pédophile.
Sinon, il y avait les professeurs et leurs invités. Tout en se séchant avec une épaisse serviette de bain aux couleurs de sa Maison, l'ancien espion essaya de se souvenir si l'un de ses collègues avait invité quelqu'un au château. Minerva avait passé le repas du Réveillon entre Hagrid et Poppy Pomfresh, Filius avait été assis entre l'un de ses élèves et Pomona Chourave. Sinistra avait papoté et gloussé avec sa copine Vector toute la soirée, tandis que Madame Bibine avait tenté – sans succès – de draguer Miss Harper, la nouvelle prof d'étude des Moldus. Madame Pince avait été assise près de cet idiot de Rusard, qui avait eu son horrible chatte sur les genoux tout le repas (le félin avait même mangé dans l'assiette de son maître avec lui, pouah !). Et puis, il y avait les absents… Babbling qui était partie dans sa famille et l'autre demeurée de Trelawney que son 3ème œil n'avait pas dû avertir que c'était Noël et qui était restée dans sa tour.
Voyons… il n'avait oublié personne, non ?
Il écarquilla les yeux d'horreur en se rappelant qu'il y avait bien eu quelqu'un d'autre. Cette espèce de petite tapette de McCrory, qui était une véritable caricature du gay selon les Moldus.
°NON ! Ce n'est pas possible ! Pas cette petite tantouze ridicule qui tortille son cul du matin au soir ! JE REFUSE QUE CE SOIT LUI ! Pitié, n'importe qui mais pas lui ! Je dois savoir, je dois savoir. Véritasérum ! Je vais lui coller le flacon dans le gosier et par Merlin, il va avouer ses plus horribles secrets !°
Négligeant son peignoir de bain vert foncé et noir, cadeau de l'an dernier d'Albus Dumbledore, Severus se précipita nu comme un ver dans sa chambre à coucher, pour s'habiller de ses éternelles robes noires pleines de boutons. Il se rua ensuite, l'œil mauvais, dans sa réserve personnelle et perché sur l'échelle, attrapa sur l'étagère la plus haute, le convoité petit flacon de Véritasérum.
— Je te tiens ! McCrory ! Tu vas me payer ça, je t'assure, tempêta-t-il, seul dans la petite pièce sombre.
Un gargouillement interrompit sa tirade vengeresse. Le petit déjeuner était passé depuis un bon moment et la faim se faisait sentir. La Terreur fulminante sortit de la réserve et se précipita vers la cheminette de son salon afin de commander aux Elfes, de quoi se sustenter. L'enquête se poursuivrait une fois qu'il aurait mangé. Après tout, même les plus grands détectives devaient se nourrir !
Dans la Tour de Gryffondor quasi déserte, Harry Potter rongeait son frein. Il s'était faufilé discrètement jusqu'à son dortoir, à l'aide de sa cape d'invisibilité et s'était mis en pyjama, chaussons et robe de chambre. Trousse de toilette à la main, il avait traversé la Salle Commune sous les yeux admiratifs de deux premières années qui déballaient leurs cadeaux au pied du sapin installé par Minerva McGonagall.
— Harry ! Tu as des cadeaux !
— Hein ? Où ça ? répondit le jeune sorcier en se retournant vers ses deux jeunes condisciples.
— Là, sous le sapin ! Tout ça, c'est pour toi !
Il avait regardé l'énorme pile d'un regard désabusé. Il avait déjà reçu ce qu'il attendait. Ses amis lui avaient envoyé des hiboux et Albus Dumbledore avait fait un des Elfes du château déposer un paquet au pied de son lit. Il ne l'avait d'ailleurs pas remarqué tout de suite, étant emballé de papier rouge, la même couleur que tous les couvre-lits de la Tour de Gryffondor. Le paquet avait contenu quelques livres, des chocolats et deux paires de chaussettes ornées de balais et de vifs d'or.
— Vous n'avez qu'à vous amuser à les ouvrir et garder ce qui vous plaît. Moi, je vais prendre ma douche et demander un petit déjeuner aux Elfes, j'ai dormi trop tard pour descendre dans la Grande Salle.
Et sans plus se soucier du tas de paquets multicolores, Harry avait poussé la porte à doubles-battants qui menait à la salle de bain des garçons. Là, il s'était déshabillé et s'était prélassé sous le jet d'eau chaude sans se douter que son amant faisait la même chose au même moment, huit étages plus bas. Ce n'est qu'en se présentant devant l'un des lavabos, brosse à dents à la main, qu'il avait remarqué le suçon sur le côté gauche de son cou. Il était bien large, violacé et rouge. Un vrai chef d'œuvre qui ne passait pas inaperçu.
— Merdeuuuu ! pesta-t-il devant le miroir. Il ne m'a pas raté, le salaud !
— En effet, s'amusa le miroir, je dois avouer que tu es bien décoré, un vrai sapin de Noël !
— Je ne t'ai pas demandé ton avis, ronchonna le Gryffon en tâtant la tache rouge du bout des doigts.
— Mal élevé, pesta le miroir magique.
— Pas élevé du tout, plutôt, déclara Harry qui voulait avoir le dernier mot. Et ferme-là quand on ne te demande rien, toi. Tu sais, sept ans de malheur, ça ne me fait pas peur…
— Serpentard !
—Vieille vitre fêlée !
— Minus habens !
N'ayant pas envie d'être surpris en train de se disputer avec un miroir, Harry prit sa baguette et un rictus sur le visage lança un Silencio sur ledit miroir.
— Il n'y a rien de tels que les miroirs moldus ! déclara-t-il à son reflet. Au moins, celui-ci nous foutra la paix !
Une fois ses dents brossées, Harry récupéra sa trousse de toilette et sa baguette, jeta un Glamour sur le suçon, puis quitta la salle de bain. Quelques élèves étaient sortis des dortoirs et assis par terre, déballaient les cadeaux abandonnés par Harry, tout en poussant des cris de joie.
— Merci, Harry ! lança une seconde année, qui avait attaqué la boite de chocolat Honeydukes qu'elle venait de déballer.
— De rien ! répondit le jeune sorcier depuis l'escalier à vis menant aux dortoirs.
Une fois seul dans la chambre ronde, Harry retourna s'asseoir sur son lit et appela Dobby, qui transplana aussitôt.
— Harry Potter, Monsieur, que peut faire Dobby pour vous ?
— Apporte-moi un petit déjeuner, Dobby, s'il te plaît. Au fait, est-ce que tu sais si Sever… heu… je veux dire, le Professeur Rogue est rentré chez lui ?
— Le méchant Professeur est chez lui, Harry Potter, Monsieur. Il a commandé un petit déjeuner aux Elfes il y a deux minutes. Est-ce que le Professeur Rogue a aimé son cadeau de Noël ? Harry Potter, Monsieur.
— Oui, Dobby, beaucoup… il a beaucoup aimé. Enfin… je crois.
L'Elfe de Maison regarda Harry avec suspicion.
— Il ne m'a pas dit qu'il avait aimé, rajouta précipitamment Harry dans un souci d'apaisement. Mais il avait vraiment l'air très content. Donc… je suppose que oui. Mais tu sais bien comment il est, il ne dit jamais rien de gentil. Tu le sais, non ?
— Oui, Harry Potter, Monsieur. Les Elfes, aux cuisines, n'aiment pas le méchant Professeur, il fait peur aux Elfes, il crie beaucoup, avoua Dobby. Le Professeur Rogue est un méchant sorcier qui faisait de la Magie Noire avec l'ancien maître de Dobby. Dobby sait, Dobby a vu.
— Mais non, il n'est pas vraiment méchant, il fait semblant. Tu sais bien qu'il le fallait, mais c'était parce qu'il était un espion.
— Le Professeur Rogue fait toujours l'espion alors, termina Dobby, sûr de lui.
Et sans attendre l'Elfe disparût en claquant les doigts. Harry eut à peine le temps de soupirer et de penser aux cadeaux qu'il avait reçu de ses amis : des livres avec Hermione, mais pour une fois de la lecture légère deux places pour un match de Quidditch des Canons de Chudley de la part de Ron bien entendu, avec une carte lui disant d'y aller avec qui il voudrait (sous-entendu… LUI) et une carte de Noël faite main bourrées de mièvreries sentimentales dont il n'avait que faire, de la part de Ginny. Arthur et Molly, comme d'habitude, lui avaient expédié une boite de fondants du chaudron faits maison et un pull Weasley : cette année il était bordeaux avec encore une fois un grand H jaune dessus.
Dobby revint et posa un plateau bien garni sur les genoux d'Harry qui était retourné dans son lit et adossé contre ses oreillers, regarda l'Elfe idolâtre lui servir une tasse de thé bien chaud et parfumé à la bergamote.
— Dobby ? Tu as bien donné le paquet au Professeur Dumbledore, pas vrai ?
— Dobby a mis le paquet sous le sapin, Harry Potter, Monsieur. Et Dobby sait que le Professeur Dumbledore était très content. Le Professeur Dumbledore a mis les chaussettes neuves. Harry Potter, Monsieur.
— Excellent ! Tiens, j'ai quelque chose pour toi aussi, Dobby.
Harry glissa la main sous son traversin et en retira un petit paquet enveloppé de papier rouge et or : celui que McGonagall avait laissé dans la Salle Commune à l'usage des élèves.
— Joyeux Noël, Dobby !
L'Elfe de Maison se mit à pleurer et à gémir en criant qu'Harry Potter était un grand sorcier et que lui, misérable Elfe libre, ne méritait pas un si grand honneur ni un si grand ami. Enfin bref, rien d'inhabituel, quoi…
— Dobby, cesse de te lamenter, veux-tu ? demanda Harry en mordant à belles dents dans un muffin aux raisins secs et à la pâte d'amandes, un grand verre de jus d'oranges pressées dans l'autre main. Ouvre plutôt ton paquet et dis-moi si tu aimes.
L'Elfe se jeta sur le papier et le mit en pièces comme un gamin de quatre ans impatient. Avec des petits cris de délectation, il retira du papier deux paires de chaussettes aux motifs et couleurs inversées, idéales pour dépareiller comme le faisait tout le temps Dobby, une paire de bottines fourrées taille enfant, provenant d'un magasin moldu et une écharpe à franges en laine épaisse et douce couleur fuchsia.
Harry continua tranquillement ses agapes matinales en regardant Dobby, qui assis sur la carpette réchauffant le plancher ciré, avait d'abord enfilé deux chaussettes différentes et jouait avec les velcros qui fermaient les bottines qu'il venait de mettre. L'écharpe était déjà enroulée quatre fois autour de son cou.
— Dobby, je te donnerai encore des pulls Weasley, j'en ai qui sont trop petits. Je les mettrai à ta taille, tu auras chaud et tu seras très élégant.
Cette déclaration anodine eut pour effet de faire encore pleurer l'Elfe à chaudes larmes. Par Merlin, mais il était devenu une vraie fontaine. Finalement, Harry demanda gentiment à Dobby de bien vouloir rapporter le plateau aux cuisines pendant qu'il s'habillait. Dobby hocha vigoureusement la tête, un large sourire dévoilant ses grandes dents. Il prit le plateau dévasté des genoux d'Harry et transplana immédiatement.
°Fiouuuuu ! J'ai super bien mangé. J'avais drôlement faim. On dirait que ça creuse de faire l'amour. En tout cas, j'ai passé une super nuit, c'était génial. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin. °
Le jeune Gryffondor fouilla dans sa malle à quatre pattes sur le plancher. Depuis qu'il était débarrassé des Dursley, il avait refait sa garde-robe au complet dans Londres moldu d'abord, puis dans les meilleures boutiques du Chemin de Traverse. D'ailleurs, certaines de ses robes de sorcier avaient fait rager Drago Malefoy qui jusqu'à présent avait toujours été la seule gravure de mode de Poudlard. Mais c'étaient les vacances, et Harry n'avait pas envie de s'habiller en sorcier. Il enfila donc des sous-vêtements et des chaussettes, neufs et d'excellente qualité, un jean noir très moulant, une chemise en flanelle écossaise à dominante rouge et le pull Weasley que Molly lui avait envoyé. Il n'avait pas jeté les vêtements des Dursley, il les portait le plus souvent à la place de ses uniformes scolaires car Ron avait fait une crise de jalousie en voyant les habits neufs et ne lui avait pas adressé la parole pendant trois jours, malgré les efforts de Neville et Hermione pour lui faire comprendre qu'il était ridicule. Harry portait donc ses vieux pyjamas usés pour aller se coucher et ses jeans trop grands les week-ends. Il profiterait de sa nouvelle garde-robe lorsqu'il aurait définitivement quitté Poudlard. Mais là, Ron était absent et il pouvait laisser libre cours à sa coquetterie.
Le garçon avait envie d'aller faire un petit tour dans le château, histoire de voir si quelque chose s'était passé. Après tout, il avait offert un colis terriblement dangereux à ce vieux fou de Dumbledore, et dedans il y avait la nouvelle version du marécage portable mis au point sous le règne de Dolores Ombrage. Allez donc savoir ce que le vieil homme en avait fait ! Le connaissant, on pouvait s'attendre au pire. Et puis… peut-être qu'au repas de midi dans la Grande Salle, il pourrait apercevoir l'élu de son cœur ? Quoique… à tout bien considérer, ce n'était peut-être pas une très bonne idée. Il fallait qu'il se méfie des représailles éventuelles.
Surtout, il ne devait rien changer à ses habitudes et faire comme si de rien était. Et compter sur Albus Dumbledore pour semer la pagaille…
Severus Rogue lui, avait avalé son petit déjeuner en 4ème vitesse et à présent, vêtu comme à son habitude de sa robe noire à boutons et d'une grande cape qui voletait derrière lui, il arpentait les couloirs du château avec un flacon de Véritasérum dans la poche et sa tête des mauvais jours. Il venait du bureau de Dumbledore et avait appris de la Gargouille, que le vieil homme n'était pas dans ses quartiers. Alors qu'il descendait le Grand Escalier de marbre, il croisa un petit groupe de jeunes Poufsouffles qui pouffaient et gloussaient en s'exclamant que c'était trop génial et que le Directeur était fou.
Cette dernière nouvelle n'en était pas vraiment une... Mais qu'avait donc encore bien pu fabriquer ce vieux chnock qui fasse glousser ces idiots de Blaireaux ? Pas grand-chose, sûrement, connaissant les pitoyables recrues de Pomona. Mais il semblait qu'il était sur la bonne voie et que le Directeur se trouvait quelque part au rez-de-chaussée. Peut-être la Salle des Professeurs ? Ou alors la Grande Salle ?
Un nouveau groupe d'élèves, toutes maisons confondues sortit justement de la Grande Salle au moment où la chauve-souris géante traversait le hall. Haaa ! Vu leurs sourires hilares, il brûlait ! Le vieux fou n'était pas loin, il allait pouvoir essayer de lui tirer les veracrasses du nez, l'air de rien, en se méfiant tout de même, c'était Dumbledore, après tout…
Il allait lui demander pour commencer, si des visiteurs étaient présents hier au soir dans le château, si non, se ruer sur cette misérable larve de McCrory et lui jeter quelques impardonnables. Voyant la mine des mauvais jours de leur professeur de potions, les élèves s'écartèrent de son chemin en silence, même les Serpentards qui savaient qu'il ne fallait pas risquer de se frotter à leur Directeur de Maison, les jours où il faisait cette tronche. Severus ouvrit une des portes de la Grande Salle et resta figé devant le spectacle qu'il avait sous les yeux.
Albus Dumbledore, toujours vêtu en Père Noël comme la veille, se trouvait présentement assis dans une petite barque qui ressemblait à celles d'Hagrid. Mais ce n'était pas encore cela le plus surprenant, non. Le plus singulier était que cette barque flottait dans le marais qu'était devenue la Grande Salle. Le regard de Rogue parcourut les lieux rapidement. Il vit que la table unique qui les accueillait tous aux repas, avait été déplacée tout près de celle habituelle des professeurs et que le reste de la vaste pièce, était devenu le marécage précédemment cité.
Visiblement, les jumeaux Weasley avaient amélioré leur produit. C'était vraiment très réaliste. Il y avait de l'eau, de l'herbe, des plantes, des rochers et de petits arbres, mais aussi des troncs morts flottants et… des animaux. Etant donné les coassements qu'il entendait, il y avait des grenouilles, et des oiseaux, à cause des pépiements. Et au milieu de tout ça, Albus dans sa petite barque pêchait. Et vu les têtes d'Hagrid et de Minerva, penchés sur le contenu d'un seau en plastique jaune abandonné sur la rive, les poissons ne devaient pas être très catholiques.
— Ahhhh ! Severus, mon cher enfant ! Venez donc me rejoindre ! Je vous envoie une barque !
Et le vieil hurluberlu, sans attendre de réponse, conjura une autre embarcation qui s'avança seule vers le maître des cachots. Assis sur un rocher un peu à l'écart, Harry regarda son amant de la nuit avec émotion. Il retint un soupir en songeant qu'il avait tenu cet homme dans ces bras toute la nuit, qu'il l'avait embrassé, caressé, enfin tout quoi… et que celui-ci l'ignorait, et l'ignorerait toujours.
La mâchoire serrée ainsi que ses poings, Severus fit contre mauvaise fortune bon cœur. S'il voulait des réponses, il allait devoir supporter les délires de ce vieux gâteux d'Albus. Défiant du regard Hagrid et Minerva McGonagall de faire une seule réflexion, Severus monta dans la barque et s'assit sur le banc. L'embarcation glissa aussitôt vers le centre du marécage en direction d'Albus Dumbledore, occupé pour l'heure à remplacer son appât. Lorsque la barque du Maître des Potions aborda celle du Directeur, elle s'immobilisa d'elle-même. Assis sur le banc, les bras croisés dans une attitude de défi, Severus vrilla de ses yeux d'onyx, ceux bleu pâle d'Albus qui gloussa, trouvant tout ceci très drôle.
— Tout va bien, mon petit ? Vous n'étiez pas chez vous, hier soir. Où étiez-vous ?
Et paf ! Albus annonçait la couleur. Il savait que son professeur de potions avait été manquant à l'appel et voulait tout savoir. Habitué aux inquisitions du défunt Seigneur des Ténèbres, l'ancien Mangemort ne montra aucune surprise.
— Mais… j'ignorais que je vous devais des comptes, Albus.
— Meuuu non. Vous ne répondiez pas à la cheminette hier soir, alors je suis descendu et le portrait de Salazar m'a dit que vous n'étiez pas dans vos cachots. C'est dommage, je voulais vous inviter à prendre le thé avec moi, et vous donner vos cadeaux.
Severus fit un geste vague de la main et replia de nouveau ses bras.
— Une blague de Lucius. Enfin, je crois que c'est lui. Qui d'autre… fit-il avec un petit reniflement.
— Ha, aaaaah ! Désagréable ?
— Non, du tout… au contraire. Mais là n'est pas le problème. Je passerai dans votre bureau après… votre… partie de pêche. J'ai quelque chose pour vous aussi.
— Merveilleux !
— Dites-moi, Albus, il y avait-il des invités dans le château hier soir ?
— Non, aucun. Mais pourquoi cette question ? Ne me dites pas que vous avez croisé un intrus ? Les barrières magiques…
Severus interrompit le vieil homme.
— Je n'ai rien vu de tel. Je souhaitais simplement savoir si Lucius avait eu un complice dans le château.
— Vous m'intriguez, mon garçon. Racontez-moi cette petite blague !
— Aucun intérêt. Merci pour ces renseignements, Albus, et… bonne pêche ! Mais dites-moi, vos poissons sont bien étranges.
Severus regardait un sourcil levé et un léger sourire amusé aux lèvres, la bassine en plastique rouge très moldue qui se trouvait au pied du vieux Mage.
— Aaaah, mais c'est parce que ce n'en sont pas ! Je les ai métamorphosés à partir de cailloux et j'avoue que je me suis un peu laissé emporter par mon enthousiasme. Vous voulez une canne à pêche, Severus ?
— Hein ? Non, par Merlin ! répondit précipitamment le sorcier. Je tiens à garder mon autorité sur mes élèves, merci bien.
Il regarda encore une fois les poissons d'Albus. Ils étaient roses, mauves, à fleurs… pois et rayures, avec plus de nageoires que la nature en avait prévues, et tous inconnus dans les manuels de pêche ou les grimoires sur les poissons.
— Ce… marécage, je suppose qu'il vient de chez les jumeaux Weasley, non ?
— Tout à fait ! Harry m'a offert tout un assortiment de leurs productions, le cher petit. Je pensais qu'il serait venu pêcher avec moi, mais il a préféré rester assis sur son rocher là-bas. Dommage, je le trouve un peu triste, déprimé. Ses amis doivent lui manquer…
Aussitôt la terreur des cachots chercha Harry Potter sur la rive. Mais le rocher désigné par Albus était désert. Dommage, il aurait été le premier de ses suspects à être soumis à la question. Le morveux ne devait pas être loin, il fallait juste mettre la main dessus.
— Avant que je ne vous laisse, Albus. McCrory, il était dans le château hier soir ?
— Mais oui, pourquoi ? Ce charmant jeune homme vous intéresse ?
— Dans vos rêves ! J'en mange trois comme lui à chaque petit déjeuner. N'espérez pas me coller ce crétin dans les pattes, Albus.
— Moi ? fit le Directeur, avec un faux air innocent, tout en lançant sa ligne dans l'eau.
Severus le regarda avec suspicion, grogna vaguement quelque chose, puis donna un petit coup de baguette sur le bois de la barque. Elle s'éloigna aussitôt vers la rive.
° Bien. Donc pas d'invités dans le château, pas d'intrus non plus, sinon les barrières magiques auraient alerté Albus et McCrory était dans les murs. On avance. Maintenant, je vais m'occuper de ces mécréants qu'on nomme élèves. °
Severus Rogue quitta la Grande Salle et se dirigea vers le couloir des Poufsouffles. Peut-être croiserait-il Boot ou Ackerley, ou même un autre de leur année, comme Potter par exemple. Celui là passait son temps à arpenter le château. Bien entendu, lorsqu'il ne voulait pas le voir, Severus le trouvait tout le temps sur son chemin, surtout après le couvre-feu, et quand il le cherchait : impossible de lui mettre la main dessus !
° Si le responsable me voit, il va être capable de fuir pour éviter d'être démasqué, je dois prendre des mesures… radicales.°
Le professeur de potions avait parcouru le couloir jusqu'aux cuisines et n'avait croisé personne. S'il voulait mettre la main sur ses suspects, il allait falloir employer les grands moyens. Il retourna à longues enjambée dans le hall désert. Et là, il posa sa baguette à plat dans sa main.
— Voyons… Commençons par Boot. Pointe-moi Terry Boot ! ordonna-t-il alors à son artéfact magique.
Celle-ci pivota et désigna… le placard à balais de Rusard ? Le Serpentard se précipita vers la porte dudit placard, et l'ouvrit en grand. Un couple passablement déshabillé se trouvait là en train de faire des choses pas très scolaires. La fille poussa un cri en découvrant l'intrus et tenta de refermer son chemisier largement ouvert sur de maigres appâts.
— MISS PERKS ! REMETTEZ VOTRE UNIFORME ! brailla-t-il furieux. Trente points en moins pour Poufsouffle, pour comportement inadapté. Dégagez immédiatement ! Oh… Miss Perks, retenue avec Monsieur Rusard. Puisque vous aimez tant son placard, vous ferez connaissance avec les seaux et balais-brosses qu'il contient ! POUR NETTOYER LES COULOIRS !
La fille prit ses jambes à son cou en pleurnichant et Severus, un méchant rictus aux lèvres se tourna alors vers le garçon.
— Monsieur Boot… Le Professeur Flitwick sera ravi de savoir ce que vous faisiez dans ce placard. Trente points en moins également, et une retenue avec Hagrid. Je crois qu'il a du fumier de sombral à déplacer.
Devant la grimace que fit Terry Boot, Severus rajouta.
— Vous n'espériez tout de même pas aller en retenue avec Miss Perks, non ? C'est une école, ici, pas une agence matrimoniale ou un bordel de l'Allée des Embrumes ! Foutez-moi le camp !
Terry Boot fila vers le Grand Escalier sans demander son reste et Severus rangea sa baguette, satisfait de sa découverte. Il avait lancé un Revelio informulé sur le garçon au moment où la fille avait quitté le placard en pleurnichant. Et rien, le cou du Serdaigle était vierge de toute trace. Il n'était pas le coupable.
Parfait. Un suspect de moins.
Suspect suivant : Lloyd Ackerley.
La terreur des cachots referma la porte du placard et reprit sa baguette pour lancer de nouveau le Sortilège des Quatre-Pointes, mais il n'en eut pas l'occasion. Une tornade blond sale, enroulée dans une robe rose brodée avec une cape jaune, se jeta sur lui.
— SEVERUS ! Albus vient de me dire que vous me cherchiez ?
— McCrory ! rugit Rogue. Je vous tiens !
L'odieux tyran des Gryffies attrapa le pitoyable professeur de Défense Contre les Forces du Mal par le col, ouvrit la porte du placard de Rusard et le précipita à l'intérieur. Puis il entra à sa suite et referma la porte.
Dans le hall, Poppy Pomfresh, Pomona Chourave, Aurora Sinistra et Septima Vector venaient juste de descendre le Grand Escalier de marbre afin d'aller voir ce que fabriquait Albus dans la Grande Salle. Les mots « pêche à la ligne, barque, poissons, marécage et Grande Salle », ayant trop été entendus toute la matinée dans les bouches estudiantines. Hébétées, elles virent Severus attraper McCrory par sa robe et s'enfermer avec lui dans le placard connu pour être un des haut-lieux du bécotage Poudlardien.
— MINERVA ! cria Vector en se précipitant vers les portes de la Grande Salle. TU NE DEVINERAS JAMAIS !
Pouffant et gloussant comme de vieilles poules ayant trouvé un couteau, les autres chipies coururent à sa suite, trop heureuses du nouveau ragot tout frais.
En voyant Severus Rogue s'entretenir avec le Directeur au beau milieu du marécage des jumeaux, Harry avait pris peur et avait fui la Grande Salle. Il était remonté au 7ème étage dans la Tour de Gryffondor. Là, le hibou des jumeaux Weasley l'attendait une lettre à la main.
Il récupéra la missive de parchemin, donna un Miam Hibou au rapace et le laissa sortir par une fenêtre qu'il ouvrit. Dans la lettre, les jumeaux lui demandaient des nouvelles de sa blague. Ils voulaient les détails croustillants, tous les détails. Persuadés que le Sauveur avait utilisé la potion pour embobiner une fille ou même piéger un professeur, ils pressaient Harry de répondre très vite.
Le Gryffondor soupira et jeta la lettre qu'il venait de froisser, dans l'âtre de la Salle Commune et regarda les flammes jaunes réduire le parchemin en cendres. Oui, sa petite opération avait été couronnée de succès, mais il avait un goût amer. Harry ne voulait pas que ça n'arrive qu'une seule nuit. Il voulait Severus Rogue dans son lit toutes les nuits, ou presque. Seulement, il n'avait aucune chance à moins d'investir dans la totalité de la production de FaisDodo des jumeaux.
D'ailleurs, cette potion provoquait-elle une accoutumance ?
Il se fustigea d'avoir eu cette sotte idée et regarda la pendule lorsqu'il vit un groupe de jeunes élèves quitter leurs dortoirs avec pour certains, une serviette de table roulée dans un rond d'argent monogrammé. Il était déjà l'heure du repas de midi ! S'il avait su, il serait resté au rez-de-chaussée, maintenant il devait redescendre.
°Bah, c'est pas comme si tu avais mieux à faire, mon vieux Harry… °
Au moment où Harry arriva dans le hall à la suite de Poppy Pomfresh et des professeures qu'il appelait les chipies, il vit, tout comme elles, Severus Rogue attraper le détesté McCrory et le pousser dans le placard afin de s'y enfermer avec lui. Stupéfait, il resta bouche bée, comme stupéfixé et seul le cri de Vector qui appelait McGonagall lui rendit le sens commun. Son cœur se serra dans un étau de glace et il ne put réprimer un hoquet douloureux. Il fit aussitôt demi-tour et remonta l'escalier quatre à quatre, mordant sa lèvre inférieure pour ne pas sangloter.
Dans le placard à balai de Rusard, Severus regardait McCrory avec mépris, mais celui-ci se méprenait totalement sur l'intérêt du Serpentard pour sa personne.
— Severus… minauda-t-il. Le placard à balais… Comme c'est… romantique….
Il posa sa main sur les pectoraux de son vis-à-vis mais l'ancien espion la frappa d'un coup sec.
— Pas touche !
Le Maître des cachots posa sa baguette sous le nez de McCrory et de l'autre main décapsula son petit flacon de Véritasérum. Il en versa de force une bonne rasade, dans le gosier du blondinet qui bredouillait, ne comprenant pas ce qui se passait.
— McCrory, où étiez-vous hier soir après le repas de Réveillon ?
— Avec Maman, répondit l'efféminé d'une voix neutre.
— Avec Maman…. Répéta Severus en ricanant grassement. Et ensuite, le reste de la nuit ?
— Dans mon lit.
— Seul ?
— Oui.
° Ouf ! C'est pas l'bon. Mais je dois être sûr…°
— Revelio, fit la Chauve-souris géante, baguette pointée sur le cou de son collègue.
Rien. Il n'y avait aucune marque, ni récente, ni même ancienne. De plus McCrory était presque aussi grand que lui, et ses cheveux ne sentaient pas la pomme.
Exit le Professeur de Défense Contre les Forces du Mal.
Retour au suspect précédent : Lloyd Ackerley.
Mais avant de quitter le placard, Severus pointa de nouveau sa baguette sur McCrory, et cette fois-ci, entre ses yeux.
— Oubliettes…
Il sortit, laissant McCrory reprendre plus ou moins ses esprits, quoique de l'esprit, l'idiot n'en avait jamais eu une once, selon son humble avis. Ravi de son petit tour, il arbora momentanément un inhabituel sourire lorsqu'il retourna dans la Grande Salle pour y prendre son repas avec ses collègues.
Son sourire quitta son visage aussi vite qu'il était venu, en voyant les yeux pétillants du Directeur et les joues roses de Minerva à qui Vector chuchotait il ne savait quoi à l'oreille.
— Vous êtes seul, mon petit ? tenta le vieil original qui avait enfin quitté sa barque pour prendre place à table.
— Bien sûr, je n'ai pas besoin de nounou ou de garde du corps, Albus, répondit platement Rogue en allant s'asseoir près de Filius Flitwick.
— Angus n'est pas avec vous ?
— Qui ?
— Le Professeur McCrory.
— Oh, lui… je ne suis pas payé pour le garder.
Severus commença à examiner les plats afin de faire son choix. Une fois servi, il négligea totalement les regards entendus de ses collègues femmes et concentra son attention sur Lloyd Ackerley qui se trouvait non loin de lui. Il espérait pouvoir le viser discrètement avec sa baguette cachée dans sa manche. Un petit Revelio informulé était tout à fait dans ses cordes…
Mais il n'eut pas le temps de mettre ses projets à exécution. McCrory venait de faire son entrée en trottinant, empêtré dans ses robes brodées.
— SEVERUS ! brailla-t-il, pourquoi tu m'as laissé tout seul, hein ?
L'odieux Professeur de Potions leva les yeux vers le plafond de la Grande Salle et poussa un profond soupir, puis il pinça l'arête de son nez entre son pouce et son index, tout en ronchonnant.
— Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour être entouré de cornichons pareils. Somnus ! lança-t-il en pointant négligemment sa baguette vers le trouble-fête.
Celui-ci s'endormit immédiatement et tomba dans le marécage d'Albus. Severus ne leva même pas la tête lorsque Minerva protesta et lévita son collègue hors de l'eau puis le déposa sur la rive. Seuls les cris de joie et les applaudissements de ses Serpentards lui firent lever le nez de son assiette.
— Bravo, Professeur Rogue ! C'était brillant !
— Merci, Monsieur Hopkins.
—SEVERUS ! Vous n'avez pas honte ? Faire ça à votre petit-a…
— Minerva, si vous tenez à atteindre l'âge de la retraite en pleine possession de vos moyens, je vous conseille de ne pas finir cette phrase.
— Groumphhh… protesta-t-elle, la bouche pincée.
Puis avisant les Serpentards hilares, qui au lieu de manger regardaient leur professeur de Défense qui ronflait dans l'herbe, trempé comme une soupe, elle s'écria.
— Hopkins ! Cinq points en moins pour Serpentard pour vous être moqué d'un professeur !
Severus leva un sourcil et la regarda momentanément triompher. Sentant l'orage gronder, le Directeur tenta – à sa façon – d'apaiser les esprits.
— Allons, allons… pas d'enfantillages. Laissons donc ce pauvre Angus se reposer, et goûtons donc cette délicieuse tourte à la dinde. Vous m'en direz des nouvelles ! Vous voulez bien me passer le pain, Filius ?
— C'est curieux, fit Poppy Pomfresh qui venait de sécher McCrory d'un geste de baguette. Monsieur Potter n'est pas avec nous. Quelqu'un l'a vu ?
Le Directeur des Serpentards profita que tout le monde se tournait les uns vers les autres, pour lancer son Revelio sur Ackerley.
Rien. Ce stupide rat de bibliothèque n'avait rien sur son cou. Severus balaya la table, s'arrêtant sur chaque élève mâle ayant atteint l'adolescence. Il n'y avait aucun 6ème année garçon, juste une fille, Jessica Stimpson de Gryffondor. Il n'y avait qu'une seule réponse.
C'était Harry Potter.
Il avait passé la nuit, avec ce foutriquet d'Harry Potter, le Sauveur du Monde Magique. Par Merlin, mais qu'est-ce qu'il s'était donc passé dans la tête de cet infernal lionceau ?
— Quelqu'un sait où il est ? s'inquiéta alors McGonagall.
— Sûrement dans son dortoir, répondit un des Gryffons. Il n'en sort pas beaucoup depuis le début des vacances. On l'a vu ce matin qui allait à la salle de bain, il était en retard… il a même raté le p'tit déj. Si ça se trouve, il a oublié l'heure.
La Terreur des cachots réprima un petit sourire. En retard, hein ? Tout comme lui, et pour les même raisons, très certainement. Tranquillement, il finit son repas et ne prit pas de dessert. Il se leva, salua vaguement l'assemblée et se dirigea vers la porte de l'antichambre.
— Vous nous quittez déjà, Severus ? Mais vous n'avez pas pris de pudding ?
Je vous laisse ma part, Albus. J'ai une potion sensible à surveiller. Ohhhh… et j'y pense. Monsieur Hopkins ? Cinq points pour Serpentard, pour soutien à votre Directeur de Maison.
Minerva, outrée, allait protester et répliquer vertement, mais Albus Dumbledore secoua la tête en dénégation.
— Mais Albus, vous avez bien vu comment il a traité ce pauvre Angus ! Comment ose-t-il ! Surtout après ce que nous avons vu !
— Vous n'avez rien vu, Minnie, vous supputez.
— Je suppute, moi ?
— Oui, vous. Il n'y a rien du tout entre Severus et le Professeur McCrory. Severus a quelqu'un dans sa vie depuis peu, me semble-t-il, et je crains que ce pauvre Angus n'ait pris ses désirs pour la réalité, malheureusement.
— Quelqu'un ? fit Chourave. Qui ?
— Ce n'est ni le lieu ni le moment, Pomona. Et nous ne sommes pas là pour colporter des ragots, ma chère.
Harry était retourné dans sa Salle Commune, juste à temps pour y recevoir une beuglante. L'enveloppe rouge de parchemin entre les doigts, il la regardait, stupéfait. Mais qui donc était assez sans cœur pour lui envoyer une beuglante le jour de Noël ?
Il s'était dépêché de l'ouvrir, en voyant qu'elle commençait à fumer. La voix de Ron en était sortie. Il était furieux de n'avoir reçu de la part de son ami, qu'un kit d'entretien pour son vieux balai, alors qu'il espérait au moins le dernier Brossdur ou même un Eclair de Feu 2002, Ron le traitait d'ingrat, de radin et autres douceurs. Derrière la voix de Ron, on percevait celle outrée d'Hermione, qui essayait de l'arrêter et de minimiser les dégâts. L'enveloppe s'était ensuite déchirée puis consumée seule et Harry, nerveusement épuisé, s'était laissé choir sur le vieux plancher ciré, devant la cheminée.
Lorsqu'elle s'alluma en vert, il leva la tête pour découvrir les visages des jumeaux hilares dans les flammes de la cheminette.
— Alors, mec, tu nous racontes ou on doit supplier ?
— Attends, Gred, y a un problème. Regarde, il pleure.
— Quoi ? Héééé ! Harry, p'tit frère, qu'est-ce qui se passe, tu t'es fait gauler par la vieille McGo ?
Harry secoua la tête et souleva ses lunettes pour essuyer ses yeux avec les manches de son nouveau pull Weasley.
Et il commença son récit.
Severus avait pris un passage secret pour s'épargner les sept étages qui le séparaient d'Harry, et aussi aller plus vite. Il était soulagé que ce soit lui. C'était ce qu'il avait espéré depuis le début, mais il ne comprenait pas la motivation du jeune Gryffondor. Ce n'était pas le genre de choses qu'on faisait pour faire une blague, il y avait autre chose là-dessous, et il allait en avoir le cœur net immédiatement. Il tapota son petit flacon de Véritasérum, et sortit du passage secret non loin de l'entrée de la Tour des Rouge et Or.
La Grosse Dame le toisa de façon peu amène.
— Vous êtes bien loin de vos cachots, Professeur.
— Ouvrez donc cette porte et ne discutez pas ! Je n'ai que faire des parlottes d'un vieux portrait écaillé !
Avisant la baguette noire qui tournoyait entre les doigts agiles du potionniste, la Grosse Dame décida qu'il était plus prudent d'obtempérer et ouvrit son portrait avant de battre en retraite. Aussitôt, le Serpentard se désillusionna et entra dans le territoire de l'ennemi. S'il voulait attraper Potter, il fallait le surprendre.
Des bruits de voix l'attirèrent et il entra dans la pièce ronde agressivement colorée de rouge et d'or. Assis par terre devant la cheminette, Harry Potter, une joue posée sur son genou replié, écoutait les jumeaux Weasley dont les deux têtes apparaissaient dans les flammes.
— Bon, si je comprends bien, fit l'un des jumeaux, tu nous as demandé de la potion FaisDodo pour endormir quelqu'un que tu voulais séduire. Idée bizarre…
— Mais ça a marché, Fred, objecta le second jumeau.
— C'est pas le problème, Georgie. Harry s'est attaqué à Rogue ! Tu imagines ? Mec, t'es pas clair, toi, Voldy a dû t'abimer le cerveau plus qu'on ne pensait. Pourquoi tu as fait ça, Harry ? Me dis pas que t'es amoureux de la Chauve-souris des cachots !
— Si.
— Par la barbe de Merlin ! soupira Fred en frottant son visage d'une main lasse. Bon, tu as couché avec lui, deux fois, et ensuite tu l'as vu pousser McCrory dans le placard de Rusard et y entrer avec lui.
— Oui.
— T'as pas pensé qu'il voulait lui jeter un sort ou un truc du genre ? tenta George.
Harry haussa les épaules.
— Et quand tu reviens ici, tu as une beuglante de ce petit con de Ron, parce qu'il trouve pas son cadeau assez cher.
— Rappelle-moi de lui frotter les oreilles, Gred.
— Rappelle-moi plutôt de ne pas Avada Kedavratiser ce petit crétin, Forge. Tu lui avais acheté quoi au fait ?
— Un kit d'entretien pour son balai. Et à Hermione un livre sur les potions, écrit par Salazar Serpentard et que j'ai traduit du Fourchelang. Je pensais le publier après l'école, si elle le trouvait bien.
— Mais ce sont des beaux cadeaux, de quoi se plaint-il ? Il n'a jamais eu autant avec les parents à Noël ! Il abuse !
— Harry, fit alors George, tu nous as pas dit si c'était bien, cette nuit, avec Rogue. C'est dingue, on savait même pas que tu étais gay, t'aurais pu nous l'dire, à nous.
— C'était super génial… répondit le jeune sorcier à lunettes un peu à contrecœur.
— Ouais, et maintenant tu as les boules et te morfonds parce que tu es amoureux et que tu ne pourras plus recommencer. NAN ! On te donnera plus de potions FaisDodo ! On pensait que tu voulais faire une blague à Rusard ou à ce crétin de Malefoy, mais coucher avec un prof ! T'es chié… complètement chié.
— Fred, arrête de lui faire la morale, il est assez malheureux comme ça, tu vois bien.
— Tu l'as pas violé au moins ?
— T'es fou ? hoqueta Harry, choqué que son ami puisse penser une telle chose.
— Bordel, Harry, tu l'as attaché, mec ! C'est un enlèvement et une agression ! Si ça se sait, t'es bon pour Azkaban !
— Qui a fait quoi ?
— Pardon, George ?
— Je te demande qui était le dominant ou qui était le dominé, si tu préfères.
— J'étais le dominé.
— Encore heureux ! pesta Fred. Tu n'as plus qu'une seule chose à faire, Harry. Espérer qu'il n'apprenne jamais que c'est toi, et l'oublier.
Une voix sirupeuse se fit alors entendre et une silhouette sombre vêtue d'une robe à boutons et d'une grande cape noire se matérialisa dans la pièce.
— Je crains fort que ce ne soit trop tard, Messieurs.
Harry se leva brusquement comme mû par un ressort et poussa un cri de panique. Les jumeaux s'étaient écartés de leur âtre sous l'effet de surprise et la communication coupa. Le jeune sorcier tenta de fuir vers son dortoir mais Severus Rogue le rattrapa en trois grandes enjambées, le souleva et le porta sur son épaule comme un sac de pommes de terre.
— Je vous tiens, Potter. Nous avons des tas de choses à nous dire. Après tout, vous n'avez guère été loquace, cette nuit, il me semble.
Faisant fi du garçon qui se tortillait pour lui échapper, en poussant des hurlements à réveiller Voldemort en Enfer, Severus monta l'escalier qui menait aux dortoirs. Une plaque sur la porte lui indiqua le bon endroit et il entra dans la pièce ronde. Un seul lit portait des traces d'occupation et avait une malle aux initiales HP à ses pieds. Le Maitre des Potions jeta son fardeau sur le lit et verrouilla la pièce magiquement. D'un geste de baguette, il conjura ensuite les mêmes sangles qu'Harry la nuit précédente, et le Gryffon eut les mains attachées au dessus de sa tête.
Effrayé, Harry le regarda les yeux écarquillés.
Severus avait été surpris par la conversation entendue, entre Harry et les jumeaux. Ce n'était donc pas une blague, mais une pitoyable tentative de séduction, si ce qu'avait dit Harry était vrai. Mais les larmes du jeune sorcier faisaient pencher la balance en sa faveur… Le Serpentard s'assit sur le lit et regarda son prisonnier.
— Ça fait un drôle d'effet, pas vrai ? Imagine en plus ne rien voir, ni entendre…
— Vous… vous allez me faire quoi ? murmura Harry, pâle et tremblant.
— Te rendre la pareille, Harry, s'amusa la terreur des cachots avec un léger sourire.
En trois coups de baguette magique, Harry fut déshabillé, ainsi que Severus et les rideaux du baldaquin fermés.
— Pro… Professeur ?
— Severus, Harry, répondit celui-ci en plongeant sur le corps du Rouge et Or pour attaquer ses lèvres.
— Mais… mais… comment ?
Le monstre des cachots leva le Glamour d'un geste de baguette.
— Si je n'avais pas surpris ta conversation avec les jumeaux Weasley, je t'aurais démasqué comme ça.
— Tu as fait exprès !
— Bien sûr. A dire vrai, j'espérais que ce soit toi depuis hier soir.
— Vrai ? Mais… pourquoi ?
— Peut-être que j'ai envie de recommencer ce qu'on a fait, en toute discrétion bien entendu. Et peut-être que lorsque tu auras finis tes études, nous pourrions approfondir notre… relation. Si tu es d'accord bien sûr.
— Oui, oui, Bien sûr que je veux ! Je ne veux même que ça ! J'y pense depuis ce matin. J'ai… j'ai eu du mal à partir, je veux dire, à quitter la Salle.
— C'est ce que j'ai cru comprendre, en effet.
Severus s'allongea sur Harry et d'un geste de la main, il défit les liens qui retenaient le jeune sorcier. Aussitôt, le Gryffon s'accrocha au cou de son partenaire et ses jambes entourèrent la taille fine de l'aîné.
— Joyeux Noël, Professeur !
— Joyeux Noël à vous aussi, Monsieur Potter…
FIN