J'aurai mis le temps à me décider à poster cette histoire mais maintenant, c'est fait. J'étais plutôt satisfaite de mes passages jisboniens mais je trouvais toujours des problèmes dans les passages d'enquête. Mais j'ai finalement réussi à obtenir quelque chose qui me convient.

Il y aura 3 chapitres (je posterai peut-être les 3 aujourd'hui d'ailleurs… Ou au pire, 2 aujourd'hui et 1 demain). Le premier est légèrement plus court que les autres.

Evidemment, il est de notoriété publique que la série Mentalist m'appartient(à prendre au 1000ième degré)

Bonne lecture à tous !

Du genre 'champagne'…

Chapitre 1

Un vrombissement résonna dans la chambre de Lisbon, qui ouvrit les yeux dans un sursaut imperceptible. La lumière que répandait l'écran de son téléphone dans la pièce lui éclaira ses vêtements qui trônaient au bout de son lit et la porte de son armoire entrouverte. Elle tendit la main jusqu'à sa table de chevet en plissant les yeux pour attraper l'appareil qui vibrait toujours et elle le porta à son oreille.

- Lisbon.

- Agent Lisbon, ici Hightower. On a un meurtre sur les bras et je sens que ça va être une affaire délicate avec laquelle la presse va se régaler, donc je veux une équipe compétente qui règle le problème au plus vite sur ce cas.

Son ton était ferme et anxieux à la fois, et Lisbon ne se fit pas répéter le message deux fois.

- Vous pouvez compter sur mon équipe, madame.

- Parfait.

Elle mémorisa l'adresse de la scène de crime et raccrocha rapidement pour contacter les membres de son équipe et les conditionner comme Hightower venait de le faire avec elle. Affaire délicate, attention à la presse. Seul Jane ne sembla pas se soucier de ces précisions mais elle ne s'inquiéta pas pour autant c'était dans ses habitudes. Elle se faufila dans sa salle de bain et prit une rapide douche pour se réveiller et ainsi pouvoir être à l'affût du moindre indice dissimulé, du moindre détail important.

Etant la plus éloignée de l'endroit où avait eu lieu le meurtre, elle arriva sur place après son équipe. Des bandeaux jaunes entouraient déjà la maison et leur couleur ressortait étrangement dans la lumière du seul lampadaire de la rue. Le paradoxe entre la scène de crime et le reste du quartier la frappa comme à chaque fois qu'elle découvrait un meurtre en pleine nuit. Tout était calme, paisible, et les voisins dormaient tranquillement sans même imaginer un instant qu'un crime venait d'avoir lieu à quelques mètres de leur habitation. Elle s'approcha d'un policier et lui montra son badge.

- Agent Lisbon, du CBI, dit-elle d'un ton sec.

- Bonjour, lui répondit celui-ci sur un ton de reproche.

Oui, c'était vrai, peut-être aurait-elle pu se montrer un peu plus polie, un peu plus humaine. Elle se força à sourire.

- Excusez-moi, dit-elle. Bonjour, Agent Lisbon du CBI. Vous permettez ?

Elle indiqua le ruban jaune et le policier le souleva pour la laisser passer tout en lui rendant son sourire. Elle se baissa et s'engagea sur le gazon humide de la petite propriété en observant tout autour d'elle. Elle entra dans la maison dont toutes les pièces étaient allumées et il lui fallut moins d'une seconde pour repérer le malaise sur le visage de Cho.

- Bonjour, Patron.

- Cho, qu'est-ce qu'on a ?

Hightower ne lui avait donné aucun renseignement sur la nature du meurtre excepté le fait que l'affaire allait être délicate, et elle se demanda si la victime était quelqu'un d'important.

- Ce n'est vraiment pas beau à voir, patron, déclara Cho, presque mal à l'aise. Suivez-moi.

Elle marcha derrière son agent et le suivit lorsqu'il monta à l'étage, s'engageant dans un petit couloir aux couleurs pastelles. Très doux, pensa-t-elle. Cho s'arrêta devant une porte entrouverte et la désigna du doigt.

- C'est ici. Vous m'excuserez, j'ai déjà vu la scène une fois et prit quelques notes là-dessus, ajouta-t-il en montrant un bloc-notes du doigt. Bonne chance.

Lisbon fronça les sourcils en dévisageant Cho. C'était le seul agent qui ne laissait transparaître aucune émotion lors des enquêtes, alors pourquoi soudainement ne voulait-il plus revoir une scène de crime deux fois ? Elle l'entendit faire demi-tour et redescendre l'escalier, comme si le diable en personne se trouvait dans cette chambre. Elle reporta son attention sur la porte et son regard fut attiré par une suite de petites lettres colorées indiquant « Chambre de Maëlan ». Elle jeta un œil par l'interstice et son estomac se contracta lorsqu'elle aperçu deux pieds ensanglantés de taille minuscule. Elle prit son courage à deux mains, transforma son visage en un masque inexpressif et poussa délicatement la porte. Dans un coin de la pièce, le médecin légiste discutait avec son stagiaire, lui expliquant des choses avec des termes inconnus à Lisbon. La jeune femme posa son regard sur le sol et découvrit une des scènes les plus monstrueuses qui lui fut donné de voir. Allongé sur le ventre, portant une simple couche-culotte, la tête tournée vers elle et les yeux encore ouverts, un nourrisson avait un couteau planté dans le dos. Son corps était recouvert de coupures de la tête aux pieds et il reposait dans une marre de sang, sur un doux tapis blanc. Lisbon détourna le regard et ravala le sanglot qui lui serrait la gorge avant de prendre une inspiration pour parler au médecin légiste.

- Bonjour. Vous avez des informations ?

- Pour l'instant, tout ce que je peux vous dire c'est que la victime est morte depuis une heure et demi environ, avec une marge d'erreur de dix minutes. Et étant donné la quantité de sang présent sur le sol, j'ai bien peur que le meurtrier ai d'abord fait toutes ces marques au couteau sur le corps de la victime, avant de la tuer.

Lisbon acquiesça et un 'Bien, merci.' sortit de sa bouche plus par habitude que par politesse. Elle fut prise de nausées mais examina quand même un peu la pièce. Des murs bleus, un lit blanc avec des draps bleus, un sol en linoleum bleu avec un tapis blanc, une fenêtre en PVC bleu marine, et pour finir, tout ce qu'on peut trouver dans une chambre de bébé. Peluches, mobile, jouets, et dans un coin de la pièce, une poussette. Sentant son estomac s'agiter, elle décida qu'elle reviendrait faire une observation poussée lorsque les médecins auraient enlevé le corps de la pièce.

A l'étage inférieur, elle retrouva Cho qui lui donna les premières indications concernant l'enquête.

- Apparemment, la voisine a entendu la mère de l'enfant rentrer vers une heure du matin et il se serait passé environ cinq minutes avant qu'elle ne hurle en sortant de chez elle. La voisine est sortie en courant mais la mère était déjà remontée dans sa voiture pour s'enfuir. Pour moi, il y a deux possibilités. Soit c'est la mère et elle s'est enfuie pour échapper à la police, soit ce n'est pas elle et elle s'est enfuie par désespoir.

Lisbon regarda sa montre. Deux heures et quinze minutes. La victime était morte environ une heure et demi auparavant, autrement dit vers minuit quarante-cinq.

- Ce n'est pas impossible que la mère soit l'assassin en effet, déclara-t-elle. Où sont les autres ?

- Euh… Rigsby est dehors, il essaie de calmer Van Pelt.

Lisbon acquiesça, comprenant que sa jeune agent ait été sensible à la scène de crime.

- Mais elle n'a pas encore vu…, dit vaguement Cho en indiquant l'étage supérieur. Elle a juste aperçut les pieds du bébé.

'bébé'. Le mot heurta Lisbon de plein fouet et elle sortit de la maison pour retrouver ses deux autres subordonnés. Elle tentait d'éviter ce mot depuis qu'elle avait découvert la scène et il avait fallut que Cho le dise. Même si elle savait que c'était lui qui avait raison, elle lui en voulu un court instant de l'avoir dit à voix haute.

- Van Pelt ? Appela-t-elle en s'approchant de la jeune femme.

- Patron, dit Van Pelt d'un air gêné, des sanglots dans la voix. Je suis désolée, je n'ai pas réussit, j'ai…

- Van Pelt, tenta de l'interrompre Lisbon.

Mais la jeune femme était lancée et parlait en agitant ses mains comme pour reprendre de l'assurance.

- …vu la scène de crime. Mais je vais y aller, c'est mon travail, je vais y aller. J'ai juste besoin de temps, mais je vais y aller maintenant, c'est bon, je…

- N'y allez pas, la coupa Lisbon d'un ton sec.

Elle plongea ses yeux humides et sombres dans ceux de Van Pelt et échangea avec elle un regard plutôt significatif.

- C'est un ordre.

A quoi bon ? L'important était de collecter les indices, pas de voir la victime. Ils auraient des photos et cela suffirait amplement pour effectuer une bonne enquête. Il n'était pas nécessaire qu'une personne supplémentaire voit cela. D'ailleurs, elle ne forcerait pas Jane à y aller non plus. Cette réflexion lui ramena les pieds sur terre.

- Jane est en retard, qu'est-ce qu'il fait ? demanda-t-elle alors que Cho venait la rejoindre.

- Non, patron, il était là quand je suis arrivé. Il m'a souhaité bonne chance quand je suis entré dans la maison et il est repartit en voiture, ne me demandez pas où, je n'en sais rien.

- Jane a vu la scène ?

Cho confirma d'un signe de tête.

- Bon…, dit Lisbon en grimaçant. On a récolté ce qu'on pouvait comme informations pour ce soir.

Puis soudain, elle reprit une voix sûre et déclara :

- Cho, dites à la voisine qu'elle rentre chez elle et qu'elle se repose, on passera la voir demain. On a récolté ce qu'on pouvait pour cette nuit, rentrez chez vous et rendez-vous demain à huit heures tapantes. Souvenez-vous, enquête délicate, n'oubliez pas de prendre des pincettes, d'accord ?

- D'accord, répondit Rigsby en se dirigeant vers sa voiture.

- Bien patron, dit Cho en s'éloignant à son tour.

Lisbon se retourna, attendant une réaction de Van Pelt. La jeune femme acquiesça simplement et murmura, la voix encore fragile :

- Merci patron.

Puis elle s'éloigna de sa supérieure, ses cheveux prenant une couleur presque noir dans la nuit sombre et menaçante.

Sur le chemin du retour, Lisbon tenta de joindre Jane plusieurs fois mais sans succès. C'est avec surprise qu'elle découvrit sa voiture garée sur le bord de la route, à environ deux kilomètres de la scène de crime. Sans hésiter, elle se gara derrière lui et descendit du véhicule, aidée par la lumière que diffusait la lune.

- Jane ?

Un air glacial s'engouffra dans son manteau et seul le bruissement des feuilles bousculées par le vent lui répondit.

- Jane ? Vous êtes là ?

- Lisbon ?

Elle poussa un soupir de soulagement en entendant la voix du consultant. Elle entendit des pas s'approcher et Jane sortit de derrière un arbre, marchant dans les hautes herbes qui longeaient la route.

- Qu'est-ce que vous faites ? lui demanda Lisbon.

- Venez, lui dit Jane en lui faisant signe de le suivre.

Avant qu'elle n'ait pu répondre, il fit demi-tour et disparut de nouveau derrière l'arbre d'où il était apparut. Lisbon le suivit non sans hésitation, grimpant le petit talus qui était en face d'elle. Arrivée au dessus, elle découvrit une vue plutôt jolie. Un ruisseau slalomait entre des arbres plus ou moins hauts et la lune reflétait sur l'eau cristalline.

- Je cherchais quelque chose de joli à regarder, annonça Jane d'un ton paisible.

Il n'en fallut pas plus à Lisbon pour comprendre que son but était d'effacer de sa mémoire l'horreur de ce qu'il venait de voir.

- Bon choix, dit-elle en se penchant en avant pour tremper une de ses mains dans l'eau glacée.

Elle se releva trop rapidement et sentit soudain sa tête tourner, puis son estomac se contracta et ses nausées revinrent à grands pas. Lentement, elle déambula jusqu'à l'arbre le plus proche, tentant de calmer les contractions brutales de son estomac.

- Lisbon ? S'inquiéta Jane en la voyant chanceler légèrement.

Il se précipita vers elle et au même moment, la jeune femme s'appuya d'une main sur le tronc d'arbre et vomit une partie de son repas du soir.

- Mince…, murmura Jane pour lui-même. Ça va aller, ajouta-t-il à l'intention de la jeune femme en essayant d'attraper ses cheveux pour les maintenir en arrière.

Lisbon tenta de se redresser mais les nausées la reprirent de plus belle et elle vomit de nouveau. Elle sentait la main rassurante de Jane dans son dos et tenta de se remémorer la dernière fois qu'on lui avait tenu les cheveux alors qu'elle vomissait. Il avait toujours les gestes d'affections qu'il fallait, et toujours au bon moment. Quand elle eut terminé de recracher son repas, elle s'empara du mouchoir que Jane lui tendait et essuya ses yeux pleins de larmes mélangeant fatigue et douleur, puis elle s'essuya la bouche.

- C'est finit…, la rassura Jane. J'ai de l'eau dans la voiture.

Epuisée et chancelante, Lisbon voulut marcher en direction des véhicules mais elle perdit l'équilibre.

- Hey, doucement… dit Jane en la maintenant debout.

Il était juste derrière elle. Il était toujours derrière elle quand il le fallait.

- Ça va…, lui dit Lisbon.

- Je n'en doute pas. Vous êtes en pleine forme, ça va de soi. On va dire que je vous tiens juste pour le plaisir alors…

Lisbon ne put empêcher un léger sourire d'apparaître sur ses lèvres. Elle s'accrocha à Jane pour redescendre le talus et celui-ci la conduisit jusqu'à la voiture pour lui donner un peu d'eau. Ils restèrent un instant silencieux puis Lisbon lui certifia qu'elle pouvait reprendre le volant.

- D'accord mais je vous suis.

- Non, ça va aller.

- D'accord, je ne vous suis pas…

Lisbon plongea son regard dans celui rieur de Jane. Il allait évidemment la suivre avant de rentrer tranquillement chez lui, et elle n'avait pas son mot à dire.

- Merci, Jane.

Le consultant lui sourit avant de monter dans sa voiture. Elle fit de même, démarra et s'engagea sur la route, rapidement suivie par une vieille DS bleue ciel.

Elle poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle se gara devant chez elle, puis elle sortit de la voiture en faisant un signe d'au revoir à Jane. Celui-ci lui répondit puis sa voiture disparut dans la nuit, toujours aussi sombre et menaçante.

La nuit fut courte pour Lisbon. Réveillée à cinq heures du matin sans possibilité de se rendormir, elle n'insista pas et avala un café avant de prendre la route en direction du CBI. Il faisait toujours nuit et la circulation était d'une fluidité sans égal. Arrivée dans l'ascenseur, elle scruta le reflet de son visage sur un côté de la cabine, se tapota les joues pour paraître plus en forme, et la pensée que Jane qualifierait sûrement cet acte de superflu, voir complètement inutile, lui redonna un semblant de sourire. Elle sortit de l'ascenseur et tomba des nues en constatant qu'un de ses agents était déjà là, assis devant son ordinateur, les yeux légèrement froncés.

- Van Pelt ?

- Oh, patron, vous êtes déjà là ? Il est à peine sept heures…

- Vous avez dormi ? demanda alors Lisbon sur un ton de reproche en évitant de répondre à la question.

Déstabilisée, Van Pelt bégaya :

- Je… Oui, j'me suis reposée… J'ai dormit un peu.

- J'ai besoin que mes agents soient en pleine forme et sur le qui-vive toute la journée. Van Pelt.

- Je sais, patron. Je serai opérationnelle, vous pouvez compter sur moi, déclara alors la jeune rousse.

- Bien, dit Lisbon en se radoucissant. Je ne vous ai rien donné à chercher, sur quoi est-ce que vous vous êtes concentrée ?

La jeune patronne s'approcha curieusement de sa subordonnée et observa l'écran qui affichait une liste de noms de famille.

- Je cherchais les enquêtes qui pourraient ressembler de près ou de loin à ce qu'on a. Je les ai toutes parcourues et il n'y en a qu'une qui ressort sur les huit.

Van Pelt double-cliqua sur un des noms de famille et une photo apparut à l'écran, suivie par un tas d'informations écrites en blanc sur un fond noir. Le cliché représentait un bébé allongé sur le ventre dans son lit, apparemment tué à coups de couteau.

- Malgré certaines similitudes, je ne pense pas qu'il y ait de lien entre les deux enquêtes, avoua la jeune femme en évitant de regarder la photo. A part l'utilisation du couteau, le mode opératoire n'est pas vraiment le même.

- Je suis assez d'accord avec vous. Mais gardez-moi ça quand même au chaud quelque part, si on ne trouve aucune piste, on accordera peut-être plus d'importance à votre trouvaille.

- Bien, patron.

- Et si vous voulez vous occuper, allez chercher le téléphone portable que l'on a trouvé sur la scène de crime et fouillez dans les messages, les photos, tout ce qui peut nous apprendre quelque chose.

- D'accord.

Lisbon s'éloigna de la jeune femme et se dirigea vers son bureau.

- C'était une bonne initiative, Van Pelt, dit-elle avant de disparaître derrière ses stores.

Elle posa son sac sur son bureau et alluma son ordinateur avant de se faire un récapitulatif de ce qu'elle et son équipe avaient à faire dans la journée. En premier lieu, interroger la voisine et récolter un maximum d'informations du médecin légiste. Ensuite, lancer un avis de recherche afin de retrouver la mère de l'enfant et d'éclaircir un ou deux points obscurs. Après cela, ils devraient retourner examiner la scène de crime de fond en comble et tenter d'y trouver quelque chose qui pourrait les mettre sur une piste plausible. Et pour finir, il fallait gérer Jane. Cette dernière tâche se trouvait à la fin de la liste, mais elle en faisait toujours partie. A peine la jeune chef s'assit-elle sur sa chaise que son téléphone sonna à l'autre bout de son bureau, près de son porte-manteau. Elle se releva, se précipita vers sa veste et plongea la main dans sa poche pour en retirer son portable.

- Agent Lisbon.

- Agent Hightower. La mère du bébé a été retrouvée.

Elle frissonna une nouvelle fois en entendant le mot 'bébé'.

- Elle s'est jetée dans un canal avec sa voiture, elle est morte noyée.

- Et merdre, lâcha-t-elle.

- Il ne reste plus qu'à espérer qu'il y ait un papa quelque part sinon vous allez vous retrouver dans le flou le plus total, déclara Hightower.

- Effectivement. D'un autre côté, s'il n'y pas de père, ça fera une personne en moins sur cette terre qui aura perdu sa femme et son enfant…

Il était inutile pour les deux femmes de préciser de qui Lisbon voulait parler.

- On peut le voir comme ça, oui… Je suis en route vers les bureaux, je vous vois plus tard.

- Bien, madame.

Lisbon raccrocha et ses pensées se bousculèrent. Elle ne pouvait éliminer la possibilité que la mère ait eu le temps de tuer son enfant mais le fait qu'elle soit sortie de sa maison en hurlant et qu'elle se soit suicidée juste après ressemblait plutôt à un acte de désespoir. A moins que ce ne soit la honte qui l'ait poussée à vouloir mourir ?

Jane regardait fixement le plafond du grenier du CBI lorsque l'on frappa à la porte.

- Mmm ?

- Jane ?

Il se redressa en reconnaissant la voix.

- Bonjour Lisbon !

La jeune femme entra et referma la porte derrière elle. Jane observa son visage avec attention.

- Je vous demanderais bien si vous avez bien dormi, mais pas besoin d'être Einstein pour voir que ce n'est pas le cas.

- Vous serez gentil de ne pas faire de commentaire sur ma super mine, répliqua Lisbon en esquissant un sourire avant de s'approcher du consultant.

- Je peux ? demanda-t-elle en montrant du doigt une place à côté de lui.

- Oui, bien sûr.

Elle s'assit et rejoignit ses deux mains avant de les poser sur ses cuisses.

- La mère s'est suicidée cette nuit en se jetant à l'eau avec sa voiture, annonça-t-elle alors.

- Oh…, murmura Jane. C'est encore plus triste.

Lisbon acquiesça, espérant secrètement qu'il allait lui exposer une théorie qui confirmerait ce qu'elle pensait, de façon à ce qu'elle puisse lui rétorquer qu'il avait tort et qu'il fallait considérer les faits et seulement les faits.

- La question est : pourquoi ? S'enquit Jane.

Il sentit le regard agacé de sa supérieure et il comprit que ce n'était vraiment pas le moment de faire traîner les choses.

- En ce qui me concerne, je pense que ce que la maman a vu était trop douloureux pour qu'elle imagine un instant pouvoir survivre à ça, et que c'est pour ça qu'elle a décidé de se donner la mort.

- Et pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas être la honte d'avoir fait du mal à son fils ? proposa Lisbon comme si elle-même était persuadée qu'il s'agissait de cela.

- Parce qu'elle aurait recouvert le corps de son enfant. Le sentiment de honte est directement suivit par l'envie de cacher, je dirais même le besoin de cacher. Ce qu'elle n'a pas fait.

Jane tourna son regard vers Lisbon et ajouta d'un ton sûr, comme s'il détenait la vérité absolue :

- Elle n'est pas l'assassin. Et je suis sûr que vous pensez comme moi mais comme vous n'avez pas le droit de prendre position, vous allez me dire que j'oublie de prendre en compte le fait qu'elle avait le temps de commettre le crime, et qu'il faut tenir compte des faits et uniquement des faits.

Un sourire naquit sur les lèvres de Lisbon alors qu'elle levait les yeux au ciel d'un air exaspéré.

- Pas du tout, déclara-t-elle avant de se lever dans l'intention de partir.

- Menteuse. Attendez, Lisbon, dit Jane en se levant pour la rejoindre.

Il se mit à sa hauteur et la regarda dans les yeux.

- Vous avez mangé ce matin ? S'inquiéta-t-il.

Lisbon avait déjà préparé son mensonge avant de venir le voir. Elle avait l'intention de prétendre avoir dévoré une tartine de confiture, un yaourt et une banane, mais il venait juste de la traiter de menteuse et cela la coupa dans son élan. Elle fit simplement 'non' de la tête.

- Je vais chercher des beignets, déclara-t-il en passant devant elle pour sortir.

La jeune femme le regarda descendre les escaliers sans rien dire. De toute façon, il était inutile de tenter de le freiner dans son élan lorsqu'il avait une idée précise en tête.

- Jane !

- Oui ?

- Soyez là dans une demi-heure, l'équipe sera au complet et on va se répartir les tâches.

- Je serai là.