« Ça fait neuf jours que ma fille a disparu et vous m'en informer seulement à l'instant? », s'écria la voix de Vanya.

Grand-Mère Sissi était assise sur le fauteuil dans le salon du manoir des Howard, le regard vide.

« Madame Walters ne voulait pas vous alarmer trop tôt… », débuta la voix rauque du professeur Snape. « Nous avons effectué des recherches concernant… »

« Des recherches? Et ça ne vous tentait pas de nous impliquer ma femme et moi? Il s'agit de notre fille pour l'amour du ciel! », s'écrit Isaak, ses yeux gris fixant le maître des potions avec mépris.

Vanya tournait autour de l'immense salon, le bruit sourd qu'émettaient ses talons hauts raisonnants dans la tête de la pauvre grand-mère.

« Vanya, je t'en prie, assied-toi. », supplia Sidalya.

Vanya se retourna vigoureusement vers sa mère, qui semblait avoir vieilli de 10 ans.

« Tu m'avais promis que tu t'occuperais bien d'elle! », accusa-t-elle avec colère.

La vieille femme se leva d'un bon et se dirigea vers le couloir sombre qui menait éventuellement à l'entrée de l'énorme demeure.

« Mère! Revenez ici! », s'écria Vanya alors que le professeur Snape quittait à son tour le salon, sa longue cape voletant derrière lui.

Il dévalisa les quelques marches et s'avança droit sur Sidalya, lui barrant le chemin.

« Ce sont ses parents. », raisonna-t-il.

« Ils n'ont pas voulu d'elle et maintenant ils me blâment pour ce qui lui arrive… »

Le professeur Snape resta partial.

« Mais elle est tout de même leur unique fille. »

La vieille femme baissa la tête.

« Nous sommes ici parce que nous avons besoin de cet objet. C'est notre seul et unique espoir. », ajouta-t-il.

Des pas se faisaient entendre derrière eux.

« Elle est ma fille. J'ai le droit de tenter de la retrouver également. », s'éleva la voix de Vanya.

La grand-mère leva la tête et échangea un regard avec le professeur Snape. Ce dernier lui fit savoir visuellement qu'elle devait accepter.

Ce qu'elle fit.

Chapitre 44 : Jour 108 – Espionne d'une nuit

Samedi le 22 Août 1936

Lorsqu'Amélia regarda l'heure pour la vingtième fois au moins sur la petite montre gousset en cuivre qu'elle s'était procurée dans un marché aux puces, elle vit qu'il était finalement une heure du matin. Elle jugea alors qu'à cette heure, il était suffisamment sécuritaire de sortir de sa petite chambre afin de commencer ses recherches sur la bague. Uniquement armé d'une chandelle ivoire pour illuminer son chemin, la jeune sorcière enfila son cardigan dans les teintes de bleues puis s'avança dans le long couloir sombre qui menait éventuellement aux escaliers.

Dans le manoir, il faisait noir comme sous terre, seuls les bruits de la nuit brisaient le silence suspicieux qui régnait dans l'immense demeure. Pendant un court instant, elle songea aux jumeaux; ils auraient été fiers d'elle et auraient trouvé cette quête particulièrement intrigante.

Désormais arrivée au rez-de-chaussée, la jeune fille se mit à marcher sur la pointe des pieds, malgré le fait qu'il n'y avait aucune chambre sur cet étage. Il y avait de nombreuses pièces dans le manoir, certaines cachées dont Amélia n'avait aucune idée de l'existence, d'autres biens évidentes, mais tout aussi défendues d'y pénétrer, comme le bureau de Mr Van Drosky. Mais la jeune fille était déterminée à enfreindre quelques lois afin d'atteindre la bague, chose qu'elle avait d'ailleurs faite à multiples reprises dans le passé.

L'exploration du manoir en pleine nuit lui rappela ses nombreuses escapades dans le château de Poudlard. Elle avait vraiment l'impression d'être revenue dans le présent à cet instant précis, bien qu'elle était toujours prisonnière dans le passé.

D'un pas-de-souris, elle s'avança le long du couloir menant à l'entrée. Certes, les grands escaliers en demi-lunes ne menaient pas au bureau du maître, mais plutôt aux chambres des enfants. Néanmoins Amélia savait où trouver d'autres escaliers. Elle poursuivit son chemin et s'arrêta seulement lorsqu'elle fut arrivée devant les grandes portes menant au fumoir, là où les hommes se retrouvaient pour jouer aux cartes, discuter de politique ou simplement boire un coup. Amélia y avait pénétré que très peu de fois, mais avait remarqué qu'il y avait des escaliers en colimaçon dans le coin est de la grande salle. Avec précaution, elle poussa l'une des grandes portes, soulagée à l'idée qu'elle ne grince pas. Elle la referma silencieusement derrière elle et poursuivit son chemin dans la quasi-noirceur. La petite chandelle qu'elle tenait toujours entre ses mains était son unique source de lumière, mais ne lui permettait que de voir à une trentaine de centimètres d'elle seulement.

Comme prévu, elle trouva les escaliers rapidement et mis un pied sur la première marche avec hésitation. En réalité, elle n'avait jamais visité cette partie du manoir. Elle savait que cet escalier menait certainement à nombreuses pièces mystérieuses, mais elle savait également que son accès était strictement interdit. Elle songea au fait qu'il y avait de fortes possibilités que des sorts de tout genre protègent les lieux, mais la jeune sorcière sans baguette décida tout de même de prendre le risque.

En arrivant au deuxième étage, la jeune fille tenta de discerner ces lieux qui lui étaient parfaitement inconnus. En avançant de quelques pas, le bras tendu vers l'avant, éclairant son passage, Amélia distingua plusieurs fauteuils et maintes étagères contenant nombreux livres poussiéreux et d'étranges récipients de verres refermant nombreuses substances dont la sorcière préférait ignorer.

Elle passa en dessous de ce qui lui semblait être une arche menant à une autre pièce, celle-ci étant beaucoup plus petite; Amélia soupçonnait en réalité qu'il s'agit d'un couloir menant à une autre pièce, mais elle n'aurait pas parié sa vie sur ce fait, et c'est à ce moment précis qu'elle perçut une lueur de lumière tamisée. Aussitôt, elle s'immobilisa. S'il y avait de la lumière dans cette pièce alors que toutes les autres de la maison étaient éteintes, c'est qu'il y avait forcément quelqu'un d'éveiller à l'intérieur.

Avec précaution, elle s'avança dans l'allée et réalisa que la lumière provenait d'une porte mal enclenchée. La curiosité l'emporta et en un instant, elle fut accroupie derrière la porte, observant subtilement ce qu'il se trouvait derrière.

La pièce était immense. Assis à un large pupitre de chêne, Mr Van Droski tenait une plume à la main et semblait écrire quelque chose de particulièrement important si l'on se fiait aux plis formés dans son front dû à la concentration.

Amélia resta clouée au pied de la porte un bon moment, observant à travers la fine fente les alentours avec empressement à la recherche du seul petit objet qui conclurait une partie de sa quête.

Elle la repéra lorsque Mr Van Droski s'étira les bras, révélant ses mains et bien évidemment la bague qu'il portait au doigt. Ce qui suit, par contre, parvint à surprendre grandement la jeune fille alors qu'elle l'observa enlever la bague et l'entreposer dans un petit coffre argenté sur son bureau.

Amélia parvint à sourire, ravie de finalement confirmer où se situait la bague, la nuit. Elle décida tout de même d'attendre davantage, espérant qu'il irait se coucher bientôt. Amélia, heureusement, n'était pas fatiguée pour le moins du monde, l'adrénaline la poussait jusqu'au bout.

Pourtant, Mr Van Droski ne semblait pas quitter son bureau de sitôt. Amélia décida de patienter davantage, plus encouragée à chaque instant.

Tout était si silencieux que la jeune fille arrivait à entendre la pointe de la plume du maître du manoir griffonner sur le parchemin. Ne voulant pas détourner les yeux un seul instant, Amélia ne remarqua pas que la cire brulante de sa chandelle s'apprêtait à couler.

Elle s'en rendit compte seulement trop tard, lorsque la cire s'écoula sur le dos de sa main, ce qui la fit sursautée. Un son subtil sortit de ses lèvres, qu'elle referma aussitôt.

Paniquée, elle osa jeter un dernier regard vers Mr Van Droski à travers la petite fente de la porte. C'est avec frustration qu'elle constata qu'il semblait avoir entendu ce bruit suspicieux brisant le silence de la nuit, toute trace de tension s'étant envolée de son front. Pire encore, elle le vit se lever brusquement.

Aussitôt, la jeune fille souffla sur la chandelle afin d'en éteindre la flamme. Se trouvant désormais dans la noirceur totale, dans un endroit qu'elle ne connaissait point, elle retourna dans la pièce d'avant, là où se trouvait initialement les escaliers, et se faufila entre les quelques meubles, mais n'eut pas le temps d'arriver aux marches que la porte grinça. Aussitôt, la jeune fille se cacha derrière le meuble le plus près, dos à l'arche, n'osant plus respirer.

Elle entendit quelques pas provenant de derrière et remarqua une onde de lumière bleutée. Elle prit rapidement conscience qu'il s'agissait d'une baguette magique et espéra plus que tout qu'il ne la discerne pas.

Alors qu'il continuait d'avancer, Amélia savait qu'il finirait par la percevoir. Jetant un rapide coup d'œil, elle vit qu'il avait la baguette pointer vers les escaliers. Inquiète plus que jamais, des idées confuses ce mirent à tourner dans sa tête, cherchant une seule et unique excuse valable à lui proférer lorsqu'il la trouverait. Mais elle était dans le néant.

La lueur bleutée de la baguette magique du grand sorcier apparut soudainement dans le coin où Amélia s'était cachée.

Se mordant la lèvre inférieure avec ferveur, elle regarda rapidement à sa droite et décida de se faufiler de l'autre côté de l'énorme coffre, subtilement, mais rapidement. C'est à ce moment qu'elle réalisa qu'elle se trouvait désormais derrière lui, masqué dans le noir. Pendant une fraction de seconde, elle regarda au loin le bureau du maître Van Droski et songea à courir afin d'aller récupérer sa bague et d'ensuite sauter de la fenêtre du deuxième étage et s'enfuir à tue-tête. Bien sûr, cette idée étant parfaitement absurde, elle annula ce plan suicidaire aussitôt.

À la place, elle demeura parfaitement immobile, observant le sorcier revenir sur ses pas. Amélia se faufila de nouveau de l'autre côté du coffre en suivant les mouvements précisément de son arrière-grand-père afin de ne pas arriver de l'autre côté du coffre trop tôt et se faire prendre sur le fait.

Il sembla que la chance fut avec elle, après tout, puisque Mr Van Droski passa à côté du coffre sans jeter le moindre regard sur Amélia, qui s'y trouvait derrière avec la peur bleue se lisant sur son visage, et retourna dans son bureau en fermant la porte derrière lui, la laissant de nouveau seule.

Ne perdant plus une seule seconde, la jeune fille accourut silencieusement jusqu'aux escaliers et les dévalisa le plus rapidement possible.

Ce n'est que lorsqu'elle fut arrivée à sa petite chambre, au sous-sol, qu'elle put respirer normalement. Toujours nerveuse, elle se coucha sur le dos dans son lit, fixant le plafond d'un air soulagé. Il lui fallut nombreuses minutes, peut-être même était-ce des heures, avant que la jeune fille réussisse à s'endormir.

Le matin arriva beaucoup trop vite au goût de la jeune fille, sa nuit de sommeil ayant été particulièrement court, mais elle parvint à enfiler son uniforme et commencer sa journée de travail qui promettait sans le moindre doute d'être longue et pénible. Heureusement, on était samedi, ce qui signifiait plus précisément qu'il s'agissait de sa dernière journée de travail avant son congé du dimanche.

Durant la matinée, elle s'occupa de faire le ménage dans le salon de thé, ce qui était particulièrement ennuyant. Lorsqu'elle eut fini sa rude tâche, elle passa le restant de la journée à aider Abbie dans les cuisines. Les Van Droski étaient absents pour la journée, ce qui était positif puisqu'elle était assurée de passer une journée tranquille, mais d'un autre côté, elle n'avait pas pu voir Sissi.

Lorsque la fin d'après-midi tira à sa fin, Amélia salua Abbie, retira son uniforme pour enfiler une jupe taupe simple ainsi que ton cardigan qu'elle avait porté la veille, puis sortie par les grandes portes françaises qui menaient à la cour arrière. Elle passa près du grand lac et admira sa splendide vue sur les montagnes un moment, puis reprit le pas vers le côté ouest de la maison.

D'une humeur joviale, elle traversa le champ de pin à l'avant de la majestueuse demeure et se rendit jusqu'à la portière métallique, qui s'ouvrit d'elle-même lorsque la jeune fille fut assez près. Retirant le ruban de ses cheveux, elle tenta de les brosser à l'aide de ses doigts puis les laissa tomber jusqu'à sa taille. Alors qu'elle descendait nonchalamment la côte menant à son arrêt de bus, elle perçut son profil dans la vitrine d'une petite boutique et fut ravie du résultat. Malgré le manque de sommeil, elle paraissait en pleine forme, sa réflexion affichant une jeune femme avec une peau claire et hydratée, de grands yeux lumineux ainsi qu'une silhouette fine. Sachant que l'autobus n'arriverait certainement pas avant une bonne vingtaine de minutes, elle marcha sans hâte, pour une fois, et sifflota un air de piano qu'elle n'avait pas eu la chance de jouer depuis bien longtemps.

Arrivant finalement à destination, elle eut à peine le temps de s'installer sur le banc près de l'arrêt qu'une voiture noire s'arrêta devant elle. Elle soupira, baissant la tête.

« Je peux te reconduire chez toi? », s'éleva la voix du grand blond qui était confortablement installé sur le siège de sa voiture.

« Merci, je préfère prendre le bus. », répliqua aussitôt Amélia, sans même le regarder.

« J'ai quelque chose qui t'appartient. Tu l'as oublié dans ma voiture, la dernière fois qu'on s'est vu... »

Amélia releva la tête et croisa pour la première fois le regard de Dimitri. Il était toujours aussi beau, mais elle crut voir une pointe de fatigue dans ses yeux qui étaient plus pâles qu'à l'habitude. Elle ne put s'empêcher de croire qu'il ne devait pas beaucoup dormir, ces derniers temps. Hésitante, elle se leva et s'approcha de lui. Sur le siège de passager se trouvait son sac, exactement à la même place qu'elle l'avait laissé.

« Je voulais te le rapporter avant, mais je... Je ne savais pas si tu voulais me voir. »

Amélia jeta un autre regard sur lui. Il ne la regardait pas, et semblait particulièrement distant.

« Je te remercie de me le rapporter. », répondit alors Amélia, ignorant son dernier commentaire.

Il passa le sac par la vitrine baissée de la voiture et la jeune sorcière le prit en le remerciant d'un signe de tête.

« J'aimerais beaucoup te reconduire chez toi. », insista-t-il alors qu'elle s'éloignait de nouveau vers l'arrêt d'autobus.

Elle aurait voulu répliquer qu'elle aimerait beaucoup qu'il la laisse tranquille, mais à la place, pour une raison dont elle n'était pas sûre de comprendre, Amélia se dirigea vers le côté passager de la magnifique voiturette noire, et ouvrit la portière. Toujours dans le silence, elle s'installa sur la banquette et referma la porte alors que le bolide reprenait la route.

Bien entendu, il fut le premier à briser le silence.

« Je suis désolé. »

Elle se retourna vers lui, l'observant d'un air curieux. Cherchant ses mots, il s'arrêta sur le bord de la route et se frotta les yeux.

« Ce n'était pas très gentlemen de ma part de te laisser au beau milieu de nulle part. » expliqua-t-il avec déshonneur. « Je me déteste de t'avoir fait ça. Je te jure que j'ai vite fait demi-tour et je t'ai cherché partout. Quand je pense que tu aurais pu te blesser, ou pire encore te faire agresser par un... »

Mais Amélia ne le laissa pas terminer sa phrase.

« Non Dimitri, c'était de ma faute. Je n'aurais pas dû m'acharner sur toi de la sorte, la dernière fois. Je t'ai provoqué, je l'ai cherché. », répliqua-t-elle en l'observant d'un air sincère.

« Ce n'était pas une raison de t'abandonner dans une ruelle alors qu'il faisait sombre dehors. Il n'y a aucune bonne raison d'abandonner une jeune femme sur le bord de la route. Je suis un imbécile. Je m'en excuse. »

« Et moi, je m'excuse de t'avoir jugé aussi durement. », répliqua-t-elle.

« Donc tu me pardonnes? », demanda-t-il avec espoir.

Amélia se tourna vers lui, le sourire aux lèvres.

« Seulement si toi tu me pardonnes aussi.»

« Hmmm... », réfléchit-il d'un air narquois, laissant un sourire sans dents se dessiner sur ses lèvres rosées alors qu'il penchait la tête sur le côté.

« Je te pardonne à une seule condition. », conclut-il en la fixant intensément.

Les sourcils d'Amélia s'élevèrent.

« Viens dîner avec moi. », implora-t-il.

La sorcière soupira, mais ne masqua pas son sourire. En guise de réponse, elle lui tendit la main.

« C'est d'accord. », signala-t-elle.

Son sourire s'élargit alors qu'il lui serra la main. Aussitôt, il remit la voiture en marche, conduisant avec aisance.

« Je connais un endroit super! », répliqua-t-il avec bonne humeur.

Amélia laissa un rire s'échapper de ses lèvres.

« Tu as déjà mangé de la nourriture russe? », demanda-t-il en tournant le coin.

« Je ne le crois pas, non… », répliqua-t-elle en l'observant avec curiosité.

Bien sûr, ce n'était pas vrai. Sa grand-mère, étant partiellement de nationalité russe, avait à maintes reprises concocté des mets typiquement russes, mais elle ne pouvait pas le révéler à lui. Puisque sa grand-mère était justement une enfant à cet instant même.

Il sourit, mais n'ajouta rien.

La voiture roula une dizaine de minutes avant de finalement ralentir afin de se stationner en face d'un restaurant affichant un magnifique panneau or indiquant Rasputin.

Ils sortirent du bolide noir et s'avancèrent vers le restaurant. Dimitri ouvrit la porte à la jeune sorcière, qui lui sourit timidement.

Une jeune femme grande et svelte les salua dès leurs entrées. Dimitri la salua en retour dans sa langue maternelle, ce qui illumina l'hôtesse. Aussitôt, elle l'accueillit plus chaleureusement et débuta une conversation dont Amélia n'en comprit pas un mot. Mais ça lui était égal, puisque c'était la première fois qu'elle entendait Dimitri parler sa langue natale et elle en était fascinée.

Finalement, l'hôtesse les dirigea vers une petite table dans le coin ouest du restaurant, qui donnait vue sur un joli parc d'érables. Dimitri tira la chaise sur laquelle Amélia s'assit puis s'installa en face d'elle, le sourire aux lèvres.

« C'est très joli, ici. », commenta Amélia en regardant les alentours.

Si l'extérieur du restaurant était magnifique, l'intérieur n'en était pas moins que splendide. Amélia avait l'impression de se retrouver dans une cour impériale russe. Les murs étaient or et les détails des multiples moulures étaient si spectaculaires qu'elle ne savait plus où regarder.

« Ce n'est pas que joli, c'est surtout délicieux. », répliqua Dimitri en se frottant les mains.

À cet instant, leur serveur s'approcha et les salua vivement. Visiblement, l'hôtesse l'avait avisé qu'ils avaient des clients russes dans le restaurant puisqu'il ne prit pas la peine de parler la langue natale de l'Angleterre.

Amélia observa Dimitri avec admiration alors qu'il débutait aisément une conversation avec l'homme. Certainement, le serveur ne savait pas qu'elle ne comprenait pas le Russe puisqu'il se retourna afin de débuter avec enthousiasme une conversation avec la jeune femme. Aussitôt, Dimitri répliqua quelque chose qui fit particulière rire le serveur. Finalement, il déposa les menus sur la table et s'éloigna en sifflotant.

Amélia osa lever les yeux vers Dimitri. Ce dernier l'observait intensément, mais pour une fois, la jeune fille ne détourna pas le regard. Au moment où Amélia s'apprêtait à parler, le serveur réapparut, cette fois avec des verres d'eau. Dimitri détourna le regard un instant afin de remercier le serveur, ce qui permit à Amélia de s'emparer d'un des menus devant elle.

Elle prit une longue gorgée en observant minutieusement la carte de repas. Elle ne connaissait pas le trois quarts, sinon plus, des plats que contenait le menu. Hésitante, elle observa Dimitri qui avait les yeux braqués sur le sien.

« Euh… Dimitri? »

Ce dernier leva les yeux vers elle.

« C'est quoi un Babouch... eu... Babouchkaaaa? »

Ce dernier éclata de rire.

« Attends une minute… », répliqua-t-il en se levant.

Il tira sa chaise de l'autre côté de la table et s'installa juste à côté d'Amélia.

« Le Baboushka est un plat de porc cru. Je doute que tu aimes… »

Amélia fit une grimace, ce qui fit rire Dimitri.

« Le Stichna est un plat délicieux, si tu aimes les fruits de mer… », débuta-t-il en pointant le met affiché dans le menu.

« J'adore les fruits de mer! », affirma alors Amélia avec enthousiasme.

« Ah! C'est si beau de voir un jeune couple heureux! Ça me rappelle le bon vieux temps! », commenta un vieil homme assis en face d'une dame à une table adjacente, qui hocha la tête en guise d'approbation.

Ni l'un ni l'autre ne répondit quoi que ce soit. Dimitri se contenta de lui sourire, comme s'il était secrètement ravi que des étrangers les prissent pour un couple, alors qu'Amélia tentait de masquer son léger malaise.

Alors qu'ils furent chacun leurs choix gastronomiques, Dimitri se réinstalla en face de sa jeune compagne, dégageant un air satisfait. Le serveur fut de retour aussitôt les menus fermés, et prit la commande avec honneur.

Leurs repas arrivèrent beaucoup plus rapidement qu'Amélia l'avait anticipé. Ils eurent droit à une coupe de vin blanc pour accompagner leur somptueux repas.

« Hmmm! C'est délicieux! », répliqua Amélia avec enthousiasme en goutant pour la première fois le Stichna.

Relevant la tête, elle croisa le regard énigmatique de Dimitri et fut aussitôt prise au dépourvu.

« Pourquoi tu me regardes comme ça… », questionna Amélia en détournant le regard, gênée.

« Parce que tu me plais. »

« Je… Tu ne connais pratiquement rien de moi… Et moi de toi… », répliqua Amélia.

« Pourquoi détournes-tu le regard? Je te rends nerveuse? Je ne comprends pas pourquoi tu repousses mes compliments… », questionna-t-il avec amusement.

« Parce que tu es fiancé, Dimitri. », murmura-t-elle en se penchant vers lui, le plus sérieusement du monde.

Toute trace de sourire s'effaça sur le visage du bel homme blond. Il baissa la tête vers son assiette et prit une bouchée d'un air légèrement honteux. Amélia fit de même, ignorant sa présence du mieux qu'elle le pouvait. Elle se sentait idiote de ruiner un si beau moment. Elle voulut s'excuser, mais Dimitri reprit la parole avant.

« Ami alors? »

Amélia releva la tête.

« Quoi? »

« Nous pourrions au moins être des amis? Je veux dire officiellement… », rectifia-t-il.

Amélia lui sourit.

« Oui, j'aimerais bien. »

Puis, elle étira son bras au-dessus de la table. Dimitri sourit en lui donnant pour la deuxième fois dans la journée une poigne de main.

« Bon alors… Pour célébrer notre nouvelle amitié, faisons un jeu de connaissance. »

Amélia hésita, mais la curiosité s'empara d'elle.

« Par où commencer hmmm… Nom complet; Dimitri Kiev Ivan Kodrov, né le 14 novembre 1911 dans une petite ville à Moscou, Russie. Mon père est mort il y a 12 ans et ma mère s'est remariée avec un artiste. J'ai quatre sœurs et un frère. J'ai étudié à Военная магия Москве, qui est connut comme étant la meilleure Institut Militaire Magique de Moscou, en armurerie et sorts critiques. J'ai également suivi une formation en combat et anti sorts. Ma saison préférée est l'hiver, j'aime le vert, mon plat favori est la toshka, je n'ai jamais eu d'animal de compagnie, à part mon vieux hibou têtu, mais j'ai toujours été fasciné par les faucons… J'aime le rugby, curieusement j'aime danser, j'aime les livres de Lockwoodsver. Je n'aime pas dormir, je… »

« Tu n'aimes pas dormir? », questionna alors Amélia avec étonnement.

Dimitri éclata de rire.

« De tout ce que je t'ai dit c'est ça que tu retiens? », répliqua-t-il avec humour.

« Je… C'est juste que c'est étrange… »

« Ouais… Je ne sais pas trop… Pendant un instant, on ferme les yeux. Lorsqu'on les ouvre, sept ou huit heures se sont écoulées… C'est en quelque sorte perdre de son temps. », expliqua Dimitri avec sérieux.

Amélia n'avait jamais perçu le sommeil de cette façon, certainement parce qu'elle adorait dormir, mais elle dut avouer qu'il n'avait pas entièrement tort dans son affirmation.

« Ton tour maintenant! », répliqua-t-il en se frottant les mains avec satisfaction.

Amélia leva les yeux au ciel, le sourire aux lèvres. Ce qu'elle affichait à l'extérieur était totalement différent de ce qu'elle ressentait à l'intérieur. Elle devait faire attention à ce qu'elle lui révèlerait.

« Nom complet; Amélia Kay Howard Walters… Je suis née le 1er décembre 19… »

Elle s'interrompit, ses yeux fixant les sourcils arqués de Dimitri, qui attendait la suite avec intérêt en siphonnant son verre d'eau. Puis elle le vit froncer les sourcils.

« Quel âge crois-tu que j'ai? », questionna-t-elle soudainement afin de gagner du temps pour calculer mentalement la fausse année de sa naissance.

Le sorcier l'observa silencieusement. Pendant un moment, elle vit dans ses yeux la panique.

« T'inquiètes, je suis bel et bien majeure… », assura Amélia. « Je suis née le 1er décembre 1918, dans le comté de Doucet, en Angleterre. Je… J'ai vécu avec Azena depuis que je suis ici. J'ai étudié à Pou… »

Elle hésita une seconde.

« Dans une petite institution pour jeunes filles… », reprit-elle avec maladresse. « J'y ai appris le piano et la peinture. J'aime le rouge, ma saison favorite est l'automne, j'adore la crème glacée à la vanille. Contrairement à toi, j'aime dormir, c'est selon moi une façon de régénérer son corps et de reposer son esprit. J'aime nager, j'adore lire, j'ai déjà eu un loup comme animal de compagnie… »

« Un loup? »

Elle lui sourit en retour.

« Je n'ai pas terminé encore! », taquina-t-elle. « Je n'aime pas les carottes cuites et je déteste le fait que je suis une Crackmol. »

Dimitri redevint sérieux.

« Tu as déjà essayé avec une baguette? »

Amélia hésita.

« Oui, bien sûr voyons… »

« Peut-être que ce n'était pas la bonne pour toi et… »

« Dimitri. Je t'en prie. », répliqua Amélia avec désarroi.

« C'est vrai! Il y a des milliers de baguettes! », insista-t-il.

« Pourquoi tu t'acharnes ainsi? », questionna alors suspicieusement Amélia.

L'observant sérieusement, il répondit:

« Comment as-tu parlé au serpent, à la barrière? »

Cette dernière afficha un air surpris.

« Je te l'ai dit… Je n'ai pas réellement… »

« Amélia, je t'ai entendue… Je t'ai vue! », répliqua-t-il avec certitude. « Tu as parlé à ce serpent, il y a quelque chose de magique en toi! »

« Je ne connais que deux mots, d'accord! Rien d'extraordinaire là-dedans! Je pourrais te les apprendre, il faudrait que tu pratiques, mais une fois que tu sais ses deux foutus mots… », elle s'interrompit en fermant les yeux.

« Amélia… », commença-t-il en déposant sa main sur celle de la sorcière. « Je t'en prie, dis-moi la vérité. Je ne te poserai pas de question à savoir pourquoi tu mens ou quoi que ce soit… Je ne révèlerai jamais à personne ton secret. Je veux simplement que tu sois sincère avec moi… »

Amélia inspira longuement.

« D'accord, tu gagnes. Je ne suis pas une Crackmol. »

Dimitri recula la tête.

« Mais tu n'as pas de baguette? »

« Malheureusement, non. »

« As-tu déjà étudié dans une école de… »

« Dimitri, tu m'avais promis de ne pas me poser d'autres questions… »

Il baissa la tête.

« Désolé, tu as raison. »

Puis, il la releva et croisa son regard.

« Merci d'avoir été sincère avec moi. Je saurai garder ton secret précieusement. Après tout, les amis, ça sert à ça. », ajouta-t-il avec un clin d'œil.

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune sorcière. Elle avait confiance en Dimitri et se sentait étrangement bien maintenant qu'elle lui avait dit la vérité. Du moins, une petite partie de la vérité.

La fin du repas se déroula merveilleusement bien. Ils avaient pu discuter de tellement de sujets, Amélia était ravie d'enfin connaitre plus de choses au sujet de Dimitri. Durant toute la soirée, elle n'avait même pas songé une seule fois à la bague d'onyx.

Alors que le serveur apportait la facture, Dimitri s'empara de l'addition et ils sortirent finalement à l'extérieur. L'air frais de la fin d'été ne fit qu'embellir sa soirée. À cet instant précis, Amélia était heureuse. Parfaitement heureuse.

Alors qu'ils étaient dans la voiture de Dimitri, Amélia eut soudainement cette envie de révéler davantage de ses secrets.

« Poudlard. »

« Pardon? », questionna Dimitri d'un air confus.

« J'ai étudié à l'école de sorcellerie à Poudlard, en Écosse. »

« Oh… »

Ils restèrent en silence un bon moment. Seulement le vrombissement de la voiture se faisait entendre.

« Tu sais… Je pourrais te procurer une baguette, si tu le voulais… »

Amélia releva la tête.

« Quoi? »

« Une baguette… Nous pourrions aller ensemble te procurer une baguette magique… Je ne connais pas les endroits où ils en vendent, ici… Mais je pourrais me renseigner… »

« Ollivanders. »

« Ollivanders? », répéta-t-il d'un air songeur.

« C'est sur le chemin de traverse. »

« Parfait! Allons s'y! »

« Je… Je ne peux pas… »

« Pourquoi? »

« Je… Je ne… Je ne peux pas avoir une baguette sur moi… J'ai révélé au Van Droski que j'étais une Crackmol… »

« Et alors? »

« S'ils me surprennent avec… Ils vont savoir que j'ai menti… Ils vont me faire boire du véritasérum et je serai foutue… »

« Dans ce cas, tu n'as qu'à la cacher… »

« Je… Je ne sais pas trop… », répliqua Amélia, hésitante.

« Je t'ai dit que j'ai étudié les sorts… Je pourrais facilement dissimuler ta baguette… »

Amélia soupira.

« Peut-être un jour… Mais pas maintenant. », répliqua-t-elle.

S'il y avait une chose qu'elle désirait plus que tout, mise à part retourner chez elle dans le futur, c'était se procurer une baguette magique. Mais elle avait terriblement peur qu'on la surprenne. Après tout, elle ne travaillait pas pour une simple famille Moldue, elle travaillait pour les Van Droski, une grande famille de sorciers doués. Elle n'était pas encore prête à prendre ce risque. Pas encore.

.oOoOo.

BACK FROM THE DEAD! ******

Ça faisait siiiii longtemps que je n'avais pas mis en ligne un chapitre! Je suis désolée pour ceux et celles qui attendaient avec impatience la suite.

J'espère que ce chapitre vous a plu malgré tout!

Pour débuter, un groooooooooos merci pour vos reviews c'est trop cool! Je suis consciente que beaucoup d'entre vous ont peut-être un peu oublié l'histoire et qu'il peut être étrange de reprendre la lecture en plein milieu d'un nouveau chapitre après autant de temps, mais j'espère que vous avez quand même aimé et que vous serez curieux et curieuse de lire la suite. Oh – Parce que la suite, ça promet ^_^

Oh! En passant… J'ai déjà mangé du Toshka. C'était épouvantable hahaha ne commander jamais ça! En gros, pour certaines de mes chères lectrices françaises, je pourrais comparer ce plat avec une portion triple de boudin.

À bientôôôôôôôôôt!

xoxo