Arc-en-ciel – Skins

Titre : Les gars

Auteur : Armenius

Jour/Thème : Arc-en-ciel (oui, encore)

Fandom : Skins

Personnage/Couple : Cassie

Rating : K+/PG

Disclaimer : Jamie Brittain/Bryan Elsley

- Hey, les gars, venez vite, y a un arc-en-ciel !

- Chris, t'as jamais vu d'arcs-en-ciel ?

- Bien sûr que si ! Mais là, c'est pas pareil.

- Qu'est-ce qui est différent ?

Ils sont tous là aujourd'hui, c'est ça la différence. Chris le premier. Tony, Sid, Michelle, Jal, Maxxie, Anwar.

- Là, il fait beau !

Soupir de lassitude généralisé.

- Chris, tu connais le principe de l'arc-en-ciel au moins ?

Michelle vient de poser la question qui nous brûlait les lèvres. Michelle, la belle Michelle, la trop jolie Michelle, qui fait tourner la tête de tout le monde et fait battre les cœurs. Toujours coquette, toujours souriante. Même avec son brushing défait par la pluie, elle reste fraîche comme une fleur, les joues rosies, les yeux brillants. Le nez retroussé. Je me suis toujours dit qu'il avait quelque chose de bizarre son nez. Peut-être parce qu'elle le plisse constamment. Comme une fille fière de son bonheur et dédaigneuse de celui des autres.

Si elle savait...

Elle est vraiment très naïve, Michelle.

Avec son gloss rose lilas impeccable.

- Evidemment : c'est quand il y a de la pluie et du soleil en même temps, et hop ! Un arc-en-ciel.

- C'est bien le souci, Chris. Il arrive toujours un moment où il recommence à faire beau pour que l'arc-en-ciel apparaisse.

Tony est intervenu à son tour. Il a toujours les mots qui cassent, même si ces mots-là n'atteignent jamais Chris et ne font que glisser sur lui. Tony le manipulateur qui se croit toujours capable de tout. C'est sûrement vrai au fond. Il n'y a qu'à voir ce qu'il fait subir à cette pauvre Michelle en allant voir ailleurs. Enfin ça, elle ne le sait pas. Et les rares fois où elle l'a surpris avec une autre, il lui a suffit d'un regard, un seul, pour rétablir toutes les illusions de la tendre Michelle. C'est pitoyable. Un unique regard indigo, si profond qu'il fait tomber n'importe qui dans ses abysses.

Oh, il n'est pas méchant. Il aime simplement s'amuser. Sauf qu'il n'a pas compris qu'il le faisait de plus en plus à ses dépens. Tony, le manipulateur manipulé, qui croit tout savoir alors qu'il ignore tout de lui-même. C'est chou.

- Arrêtez un peu, il ne fait pas beau.

- Jal, qu'est-ce que tu racontes ? Y a du soleil et Dieu nous offre un arc-en-ciel pour saluer cette belle journée. C'est un bon présage.

- Parce que tu crois en Dieu ? s'étonne Maxxie.

- Bien sûr. Pas toi ?

Maxxie ne répond pas. Ca vaut mieux. Et puis que dirait le puissant Dieu à un jeune homme gay ? Et petit en plus.

Ses yeux bleu clair s'égarent vers Anwar un moment. Depuis que celui-ci a décidé de devenir Musulman, le doux Maxxie ne sait plus à quel saint se vouer. A croire qu'il se sentirait presque coupable d'être homo depuis qu'Anwar lui en fait le reproche. C'est tellement dangereux les amis, ils ont tellement d'influence sur nous… Même Maxxie avec sa volonté de sauver les autres. Après tout, il est s'est presque laissé prendre au jeu de Tony. Presque. Lui aussi sait manipuler les autres quand il veut.

Mais il est trop gentil, Maxxie. Trop sensible. Il ne réalise pas tout ça.

- Tu devrais Max, ça t'aiderait à voir le côté positif des choses.

Comme toujours Chris ne tient pas compte du silence des gens et met le doigt là où ça fait mal. Sans s'en rendre compte. De manière anodine. Le silence se fait plus lourd ensuite mais lui s'en branle. Il ne s'aperçoit de rien et continue son chemin. Il le trace, indépendant, dans le sol et dans les cœurs, mais ça, il l'ignore aussi. Il fait aussi des ravages des fois, inconsciemment comme toujours, et ça blesse. Mais il reste fidèle, heureux, avec ses couleurs et son pull vert. Comme l'herbe qu'il fume. Comme l'espoir aussi ?

Sans doute puisqu'il avance.

- Tiens, aujourd'hui par exemple : il fait beau et… on a de la weed ! s'exclame-t-il en tirant fièrement un sachet d'herbe de sa poche.

Jal lève les yeux au ciel et insiste tout de même :

- Il ne fait pas beau, je te dis ! Regarde ces nuages noirs.

Elle désigne d'un signe de tête l'horizon qui s'assombrit dangereusement. Elle a raison. L'orage approche. Il vaudrait mieux qu'elle soit rentrée avant que le déluge ne commence parce que ce n'est pas sa robe-salopette jaune qui risque de la protéger. Ni ses chaussettes montantes d'ailleurs. Les bottines passent encore. Elles sont bien les seules.

C'est tout à fait elle. Les pieds sur terre mais le reste dans les nuages. Ou quelque part ailleurs, dans des souvenirs un peu brumeux, de ceux qu'on ne voit pas et que personne ne verra jamais.

- Jal, toi aussi, ça t'aiderait de croire en Dieu. Dans cette situation, au lieu de voir la partie du ciel qui est grise, tu regarderais celle où il y a du soleil. Et tu serais contente, achève Chris.

Quelques gouttes s'écrasent sur nos épaules.

- Oh non ! Putain de temps de merde ! Et l'arc-en-ciel disparaît !

- Chris, oublie ton foutu arc-en-ciel et rentrons avant que ça ne se mette à tomber sérieusement !

Sidney est intervenu à son tour. Il n'a pas vraiment écouté tout ce qui a été dit jusque là mais quand il s'agit de se mouiller, il finit toujours par se réveiller. Généralement pour éviter les embrouilles. Sauf qu'il a le talent incroyable de les attirer malgré lui et de s'y enfoncer quand on essaie justement de l'en sortir.

Il est toujours paumé. C'est sûrement pour ça qu'il se contente du présent. Sid, dans son tee-shirt pour enfant marqué d'un vieux slogan - « Buvez du jus d'orange ! » dit-il. Sa personnalité est à l'image qu'il renvoie : le regard fuyant bien qu'agrandit par ses verres en cul de bouteille, il se cache sous un bonnet et se sent mal dans ses baskets trouées. C'en est attendrissant.

J'ai parfois l'impression qu'il reflète l'attitude que je dégage. Sans que je parvienne à me trouver attendrissante moi-même.

- Hey Cassie, vas-y, prends une photo de nous avec l'arc-en-ciel en arrière-plan. Fais vite, il est en train de se barrer !

J'esquisse un sourire. Anwar est surexcité comme d'habitude. Il s'exclame, s'agite, danse presque. Ce soir, c'est la fête. Il va pouvoir draguer. Comme à chaque soirée où il va. Et comme à chaque fois, il rentrera tout seul. Ca ne l'arrêtera pas pour autant. Il continuera de foncer sur les filles comme un taureau sur la cape rouge du torero. Sans aucune subtilité.

Et c'est sans subtilité qu'il m'a tirée de mes pensées, m'empêchant par la même occasion de me traîner trop loin dans leurs dédales. Ignorant du fait qu'il me sauve peut-être. Tous ignorants.

Ils se rassemblent, se poussent, se râlent dessus, se marchent sur les pieds. Je fige le moment sur mon portable. Ils accourent alors tous vers moi, sautant, se bousculant encore, grognant les uns sur les autres.

- Merde, c'est con, on n'aperçoit pas l'arc-en-ciel ! se lamente Anwar.

- On a mis trop de temps à réagir, il a disparu avant, raisonne Tony.

- C'est normal, avec le temps que vous avez mis à vous placer et à prendre la pause… réplique Jal.

Chris lance une remarque bien sentie, Anwar renchérit sur le coup, Michelle défend sa meilleure amie. Tous se mêlent plus ou moins et la conversation prend les mêmes allures que la photo.

De toute façon, ils ont tous tort. L'arc-en-ciel est là. Je le vois bien moi.

Il suffit de les regarder.