Titre : Morts

Auteur : Anders Andrew

Rating : T (pour thèmes violents parfois)

Genres : Il d'agit d'un recueil d'OS. Sans doute de plusieurs genres, allant du franchement gore à l'humour potache

Notes : ce recueil a pour origine la communauté 30 morts, sur livejournal, qui propose de choisir un personnage (de préférence, particulièrement haïssable) et d'écrire toutes sortes de morts affreuses sur ce même perso.

Le premier thème est "Mort naturelle"


Le corps reposait dans un modeste cercueil en bois, sur l'autel.

Izaya avait le visage ridé et les yeux clos. Il portait un costume noir, qui lui assombrissait les traits. Ses cheveux, jadis d'un noir de jais, ressemblaient aujourd'hui aux fins filaments d'une toile d'araignée.

Il était mort dans son sommeil. C'était Namie qui l'avait découvert, un matin, gisant dans son lit, la main crispée sur sa poitrine, le visage déformé par la douleur.

Il était mort dans son sommeil, paisiblement. C'était ce que l'on avait dit à ses deux sœurs.

Namie Yagiri assistait également à la cérémonie funéraire. Elle regardait autour d'elle les bancs vides, et fit semblant de renifler dans son mouchoir pour cacher un sourire en coin. Jusqu'au bout, il aura été impopulaire. Lui qui aimait tant les hommes, il avait réussi à s'en faire haïr au point que personne ne pleure à son enterrement.

Au premier rang, se trouvaient les sœurs d'Izaya, Kururi et Mairu. C'étaient elles qui avaient organisé les obsèques; elles étaient les seules qui regretteraient un peu l'ancien informateur.

Soudain, les portes de l'église s'ouvrirent en grand, dans un fracas qui retentit sous les voûtes, faisant tinter toutes les oreilles.

Shizuo Heiwajima, toujours aussi fort, et malgré son grand âge, se tenait là, repoussant à bout de bras les deux battants lourds, bardés de métal. Il portait toujours son éternel costume de barman, et ses longs cheveux blancs retombaient en mèches raides sur ses lunettes aux verres teintés.

- Izayaaaaaaaa !, rugit-il.

Sans se préoccuper de quiconque, il se précipita à grands pas vers le cercueil, ses semelles claquant sur les pierres glacées.

- ENFOIRÉ !, hurla-t-il, hors de lui.

Namie cru qu'il allait renverser le cercueil. Mais il ne le fit pas. Il se figea au bord, contemplant le cadavre de son meilleur ennemi, les yeux écarquillés.

Son regard était de braise, son expression indéchiffrable.

Il éclata de rire.

Derrière lui, Kururi, la plus fragile, se mit à pleurer, et Mairu essaya vaguement de la consoler, une main sur son épaule, e.

- Tu es MORT !, s'exclama Shizuo.

Et sa voix résonna en un triomphe retentissant, empli de rage et d'exaltation, qui se répercuta à l'infini contre les vitraux colorés.

- Fini. C'est fini ! Je n'aurais plus jamais à sentir ton aura pestilentielle dans cette ville. Plus jamais je n'aurais à surveiller derrière mon épaule. Plus de coups foireux, plus d'embrouilles tordues…FINI !

Heiwajima retira vivement ses lunettes, les yeux fous. Ils étaient à moitié aveugles, et pourtant aujourd'hui, ils brillaient d'une lueur de démence intense; folie qui n'avait fait que grandir au fur et à mesure que sa vie se transformait doucement en enfer, grâce aux sournoises manœuvres d'Orihara. Shizuo avait toujours eu cette instabilité émotionnelle en lui, et Izaya avait tout fait pour l'accentuer, jusqu'à le réduire en une loque sans avenir. En témoignait l'état lamentable de ses vêtements et l'odeur exécrable qu'il dégageait. Il vivait à présent de la rue et n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Néanmoins, il était là. Vivant, alors qu'Orihara était mort. Dans la nuit. Une crise cardiaque. Pouf.

- Tu m'as rendu complètement dingue pendant toutes ces années et maintenant…maintenant…

Il passa la main sur ses paupières, incrédule. Une larme coula sur sa joue.

- Maintenant…que tu n'es plus là…je vais enfin pouvoir vivre…

Il y eut un nouveau bruit; il se retourna.

Namie venait de quitter l'église. En ce disant qu'elle irait bien faire un peu de shopping. Pourquoi pas manger au restaurant…


Ding dong, la méchante sorcière de l'Ouest est morte !