Chapitre 36

Un an plus tard, un quinze juillet.

La journée qui avait commencée un peu grisâtre laissa apparaître un beau soleil qui illumina l'orphelinat et son parc, ainsi que le village et la mairie qui allaient connaître un événement extraordinaire.

Lucia, qui attendait sur la place du village la venue de Harry et de Ludovic, regarda une dernière fois les enfants plus petits pour voir s'ils se tenaient tranquilles. Nikola la rassura d'une pression de la main et d'un doux sourire.

-Ne t'inquiète pas, ils ont compris que la journée était importante pour tu sais qui. Les enfants resteront calmes, n'aie aucune crainte.

-Tu crois qu'ils vont bientôt arriver ?

Nikola l'attrapa par la taille et déposa un baiser sur ses jolies lèvres roses. Il avait tellement de chance de l'avoir rencontré, et surtout qu'elle lui ait pardonné. Ils avaient pris le temps de se connaître, de se parler, de dîner ensemble, puis de passer à autre chose. Non, il ne regrettait rien, il était amoureux fou d'elle. Il l'admira dans sa robe blanche et rouge légère, et ses escarpins de la même couleur.

Lucia incarnait la grâce à l'état pur, ses boucles rousses bougeaient avec élégance à chaque mouvement de sa tête, elle était si belle !

-Je crois qu'ils ne vont plus tarder, je me demande qui de Harry ou de Ludovic est le plus long à se préparer, rit-elle en regardant Nikola, son compagnon depuis maintenant trois mois.

-Je parierai pour Ludo, moi, pouffa le jeune homme.

-C'est super que les deux couples aient décidés de se marier le même jour, dit Lucia. Tu ne trouves pas ?

-Si, la cérémonie n'en sera que plus belle et plus forte en émotion.

-Mais qu'est-ce qu'ils font ? s'impatienta la jeune femme.

En fait dans la grande demeure, Harry était en train de lacer ses chaussures quand le jeune cuisinier était entré dans sa chambre avec quatre jupes entre les mains, et un air de profonde contrariété sur le visage.

-Je t'en supplie, mon frère, laquelle dois-je mettre ?

-Vas-tu porter ce pantalon blanc pour la cérémonie ?

-Ben oui, pourquoi ?

-Pour rien, mais à mon humble avis tu devrais mettre la liquette rose pâle, celle que tu as acheté il y a un mois et que tu n'as jamais mis, et rien ne t'empêche de mettre une jolie ceinture par-dessus, qu'est-ce que tu en dis ?

-Mais comment je n'y ai pas pensé plus tôt ! s'écria Ludovic en se précipitant dans sa chambre pour décrocher de son cintre cette fameuse liquette en soie sauvage.

Severus et Tony sortirent de la voiture avec Antoine à leur côté, quand ils arrivèrent sur le parking de la mairie.

-Mais que font-ils ? demanda le financier en regardant pour la centième fois la montre à son poignet.

-Aucune idée, gamin. Ils doivent se faire beau je suppose, rigola le grand-père de Ludo.

Tony sourit aussi, son Ludovic était toujours beau. Hier soir il lui avait ôté une petite jupe fantaisie tout à fait à son goût, puis le pantalon ensuite, un vrai bonheur…..La prochaine fois il faudra qu'il pense à enlever d'abord le pantalon et à faire l'amour à Ludo seulement revêtu de sa jupe, ça allait être…..

-Tony ?

-Hein, quoi ?

-Tu rêves là ! ricana Severus Snape tandis que le vieil homme à ses côtés pouffait de rire.

-Les voilà ! les averti Jennifer qui tenait Baba par la main tandis que Carl portait son autre fille dans les bras. Et puis je ne sais pas pourquoi vous vous inquiétiez, ils ne sont pas en retard quand même, se moqua-t-elle.

-Chérie, tu sais que Severus et Tony sont soucieux quand leur moitié n'est pas près d'eux.

-Tu ne crois pas tu exagères là ! le reprit Snape.

Jared et Mark s'approchèrent des futurs maris qui avaient revêtus chacun un costume noir très chic rehaussé d'une chemise de soie très fine. La cérémonie allait être intime, enfin devait l'être jusqu'à ce que Harry et Ludo décident d'inviter tous les grands-pères et leur femme qui les avaient aidés à l'orphelinat.

-On n'est pas en retard ? s'excusa Harry qui avait enfilé un costume clair que Severus trouva absolument magnifique sur son compagnon.

-Non, mon amour, juste à l'heure, lui dit-il en le ramenant contre lui pour réajuster son nœud de cravate. Tu es sublime comme ça.

-Toi aussi.

-Tu es prêt, tu ne regretteras pas ?

-Certainement pas, aucune chance que je regrette un jour de t'avoir épousé, Severus.

Tony regarda son Ludo magnifique discuter avec Antoine en rigolant de bon cœur. Que racontait le vieil homme pour que son futur mari pouffe comme un gosse ? Le détective s'approcha d'eux et enlaça son ange qui se retourna vers lui, les yeux rieurs.

-Que t'a encore dit comme bêtise Antoine ? murmura Tony contre son oreille.

Juste au moment où Ludovic allait répondre il entendit Severus l'interpeller et lui désigner une femme élégante qui s'approchait d'eux. Elle hésitait, elle ne savait où se diriger jusqu'à ce qu'elle aperçoive son fils dans la foule.

-Qui est-ce ? s'enquit Ludo qui vit que l'apparition affectait Tony qui s'était raidi et qui fronçait les sourcils de contrariété et de colère.

-Une personne que je croyais ne plus revoir, lui apprit le détective. Je te présente…. ma mère, Ludovic.

Tony tourna la tête de l'autre côté pour bien signifier à la femme qu'il n'était pas heureux de sa présence.

-Tu ne vas pas faire ça ! s'écria le jeune homme à ses côtés en voyant que son compagnon allait faire comme si de rien n'était.

-Je vais me gêner, tien !

-Elle est venue jusqu'ici pour te voir et certainement pour te parler, si tu n'y vas pas, j'irai moi.

-Elle t'insultera comme ils l'ont fait pour moi, Ludo.

-Ton père apparemment n'est pas là, quant à ta mère peut-être regrette-elle ses paroles, écoute-la au moins !

-Tu ne vas pas me lâcher avec ça, hein ? murmura Tony en regardant de nouveau sa mère qui avait cessée de marcher et qui regardait dans sa direction avec espoir.

-Vas-y, tête de mule !

Tony souffla tandis que Ludo le poussait gentiment vers la femme.

-D'accord j'y vais, capitula le détective en s'éloignant d'un pas lent vers la personne indésirable.

-Bonjour, Tony, dit sa mère quand il se retrouva devant elle avec un air frondeur qu'elle ne lui connaissait pas. Il faut dire aussi qu'elle ne l'avait plus revu depuis qu'il avait dix-sept ans.

-Bonjour, répondit-il sans ajouter mère ou maman.

-J'ai appris que tu te mariais aujourd'hui…..

-Et vous vous êtes dit qu'une petite insulte ou deux seraient dans l'ordre des choses ? demanda-t-il avec rancœur.

-Tu n'y es pas du tout, Tony. Mon fils unique se marie, c'est important pour moi tu sais !

-Non je ne sais pas, et puis il est trop tard pour des repentirs, j'ai une autre vie et comme vous le voyez je suis attendu…..au-revoir.

-Tony, s'il te plait, laisse-moi une chance de racheter mes fautes, l'implora la femme qui avait vraiment l'air sincère. J'ai changé, j'ai enfin compris, j'ai…..

-Laisse-lui une chance, chuchota Ludovic qui avait rejoint Tony.

L'homme se retourna vers lui, un peu perdu il devait bien se l'avouer, il tendit la main vers Ludovic et enlaça sa taille en le ramenant vers lui.

-Elle ne sait pas qui tu es sinon elle s'enfuirait en courant, ironisa le détective.

-Il est ton futur mari, Tony, répondit madame Maxwell. Et je suis enchantée de vous connaître, jeune homme.

-Que vous arrive-t-il, mère ? vous vous fourvoyez avec de sales homos maintenant ?

-Non, Tony, quelques années après ton départ je me suis posée pleins de questions, je ne comprenais pas ce que tu étais devenu et encore moins notre réaction implacable à ton père et à moi à ton encontre. C'est pourquoi j'ai décidé d'ouvrir les yeux, et quand de charmants voisins se sont installés près de chez nous, il y a cinq ans, j'ai appris à les connaître.

-Ne me dites pas qu'ils étaient gays ?

-Eh bien….. oui.

Tony rigola amèrement et Ludo le calma d'une pression sur la main qu'il ne lâcha plus ensuite d'ailleurs.

La mère de Tony raconta en quelques mots sa rencontre avec ses nouveaux voisins, leur amitié malgré les hurlements de son mari. Elle raconta aussi son divorce deux années plus tard, elle raconta sa vie qui avait changée du tout au tout et de ses nouveaux amis qu'elle appréciait de plus en plus, et qu'elle avait fait connaître à tout le quartier qui les avait adopté également tellement ils étaient gentils, serviables et adorables.

-Voulez-vous assister à notre union ? lui demanda Ludo en lui prenant le bras. La cérémonie va bientôt commencer et j'aimerai assez épouser mon homme si cela ne vous fait rien.

-J'en serai ravie, affirma la mère de Tony en se dirigeant, accompagnée de son fils et de son compagnon, vers les invités qui commençaient à entrer dans la salle de la mairie.

Le mariage civil se fit dans la joie et la bonne humeur, les vœux furent prononcés par Severus et Harry en premier puis par Tony et Ludovic. Un baiser sensuel scella les épousailles des mariés.

Deux secondes après on entendit un grand-père qui grogna sa satisfaction en lançant un « Je suis été sûr que ça allait finir comme ça, moi ! » ce qui fit bien rire toute l'assemblée.

-Pépé ! tu te fais encore remarqué !

-Mais non, gamin, rétorqua Antoine alors que Tony éclatait de rire.

Daniel et Marjorie furent heureux de voir enfin leurs parents réunis, et tous les enfants applaudirent joyeusement dans un formidable brouhaha de félicitations et d'embrassades.

Dans un coin de la pièce Harry et Severus s'embrassaient, Ce faisant le serment de s'aimer pour la vie entière.

FIN