Bonsoir !
Je suis vraiment contente de publier ce nouveau chapitre parce qu'il m'a pris la tête celui-la x) J'espère donc qu'il vous plaira ! Comme toujours, un immense, un gigantesque, un énorme merci pour toutes vos reviews qui ne cessent de me redonner le moral et l'envie d'écrire toujours plus ! Vous êtes plutôt quand même super chouettes =) Et évidemment, un merci tout aussi grand à Loufoca-Granger pour ses corrections !
Petit résumé des chapitres précédents : Après le meurtre de sa mère par Travers, Drago parvient à briser les défenses de Poudlard et se retrouve nez à nez avec Hermione. Après des premières heures de cohabitation difficiles, il semble que les deux ennemis commencent à s'apprivoiser. Nous apprenons également qu'à l'occasion de la bataille de Poudlard, Drago a su retrouver grâce aux yeux de son Maître en récupérant le diamant de Viviane, porté alors par Hermione. Il lui épargnera la mort.
Quant à Harry et compagnie, fatigués de ne plus avancer et de se sentir engloutir par la guerre, ils décident (sous l'impulsion de Ron) d'essayer de voir ce qu'il en est à Poudlard et éventuellement trouver un nouvel horcruxe...
Chapitre 13 :
Le sort de réchauffe que Drago lui avait lancé à peine avait-il retrouvé sa baguette, n'avait visiblement pas suffi. Hermione resserra la couverture autour de ses épaules du bout de ses doigts encore glacés. Elle avait la désagréable impression que tous ses organes étaient congelés, tapissant l'intérieur de son corps de glace. Les tremblements qu'elle avait essayé de contenir devant Drago la secouaient violemment à présent. Elle n'essaya même pas d'empêcher ses dents de claquer les unes contre les autres.
Lentement, elle se laissa glisser du canapé et s'approcha un peu plus près du feu. Les flammes léchaient presque son bras, lui procurant une agréable sensation. Elle aurait voulu sauter à pieds joints dans le feu, afin de réanimer son corps mort.
Il fallait avouer qu'elle n'avait pas été très futée. Courir en chaussettes dans la neige avec une température n'excédant pas le zéro degré n'était pas l'idée la plus brillante qu'elle avait eue.
Drago avait disparu. Il avait attendu qu'elle monte dans son dortoir pour changer de vêtements et enfiler un pull épais pour s'éclipser sans rien dire. Cela faisait bien une dizaine de minutes qu'elle était seule. Et bien que l'idée qu'il soit parti pour de bon lui effleura l'esprit, Hermione préféra ne pas l'envisager. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle appréciait la compagnie de Drago. Il avait beau être silencieux, excessif et parfois violent, il savait aussi se montrer attentionné, imprévisible, humain. De toute façon il ne devait pas être bien loin. Sa cape de voyage était encore là.
Alors que la jeune femme tentait de se convaincre qu'il n'avait pas fui, le tableau s'ouvrit sur Drago. Son regard d'acier se posa immédiatement sur le canapé nu puis glissa jusqu'à Hermione. En quelques enjambées, il fut près d'elle. Il ne dit rien, n'exprima rien. Il se contenta de poser une bouteille de whisky pur feu entre Hermione et les flammes. Le regard de la jeune femme fit plusieurs allers-retours entre l'alcool et Drago sans qu'elle ne fasse le lien. Enfin, elle demanda :
- C'est pour quoi ça ?
Drago se laissa tomber dans un fauteuil non loin de là.
- C'est pour te réchauffer. Rien de plus efficace.
Hermione écarquilla les yeux et se releva d'un coup, comme si des ressorts lui avaient poussés sous les pieds. Elle s'éloigna vivement de la bouteille veillant à mettre une large distance de sécurité entre ce dangereux objet et elle.
- Je ne bois pas ça, dit-elle enfin le nez retroussé.
Drago leva les yeux au ciel mais n'ajouta rien avant quelques secondes.
- Deux gorgées ne vont pas te tuer. Au contraire, tu me remercieras.
- Je ne crois pas, non.
Drago haussa les épaules, l'air indifférent.
- Enfin, tu fais comme tu veux.
Hermione sembla hésiter, son regard voletant tout autour de la pièce sans jamais se poser sur la bouteille.
- C'est juste que…je n'ai jamais fait ce genre de chose, se justifia t-elle alors que ses joues reprenaient quelques couleurs.
- Quel genre de chose ? Insista Malefoy, un léger sourire moqueur flottant sur ses lèvres.
C'était incroyable, cette faculté qu'il avait de mettre les gens mal à l'aise. C'était toujours tout ou rien. Un instant il était vide, un mur de pierre et l'instant d'après, ses yeux exprimaient un tourbillon d'émotions. Et Hermione aurait préféré qu'il ne manifeste rien à cet instant précis. Mais l'intérêt soudain qu'elle avait éveillé était bien là, présent, et visiblement pas prêt de s'en aller. Un jour elle apprendrait à se taire quand il le fallait. Un jour.
- Boire.
Elle lâcha ces derniers mots, mortifiée. Drago haussa un sourcil, amusé.
- Tu veux dire que tu n'as jamais bu une goutte d'alcool ?
- Bien sur que si ! Enfin non. J'ai déjà dû tremper les lèvres dans une coupe de champagne…
- Ce truc moldu ? Dégueulasse.
Elle le fusilla du regard et frémit dans sa couverture.
- Tu fais comme tu veux Granger mais moi, il se pencha sur son fauteuil pour atteindre la bouteille, je bois.
Drago la déboucha en un tour de main et apporta le goulot à ses lèvres. Cependant, il ne les atteignit pas. Hermione s'était précipitée sur le jeune homme et lui avait littéralement arraché le whisky des mains.
- Surement pas, le sermonna t-elle avec sévérité.
Une bouffée de colère oppressa Drago mais lorsqu'il darda ses yeux gris sur Hermione, toute impatience s'effaça, laissant place à une surprise non feinte puis à un amusement franc.
Dans sa précipitation, la couverture avait glissé des épaules de la jeune femme et gisait lamentablement à ses pieds en un tas de lambeaux difforme. Ses cheveux fous tombaient épars de chaque côté de son visage délicat aux traits ingénus, et ses yeux, immenses, le dissuadaient sérieusement de toute tentative. Le pull qu'elle avait enfilé était trop grand et lui arrivait au dessus des genoux tandis que ses mains se perdaient dans les manches. Seuls des doigts fermement serrés autour du goulot dépassaient. Elle était là, noyée dans une masse de vêtements et tentait d'être sérieuse. Crédibilité zéro, Granger.
Alors Drago rit. Franchement. Cela dura quatre secondes, peut-être cinq, avant qu'il ne se reprenne. Mais c'était largement suffisant. La détermination autrefois exprimée par Hermione s'était évanouie. Quel son étrange. Quel beau tintement ! Une mélodie jamais soupçonnée. Oui, il lui semblait bien qu'elle venait d'entendre Drago rire pour la première fois. Ce n'était pas ce ricanement trainant qu'elle lui connaissait. C'était autre chose de beaucoup plus vrai et d'incroyablement séduisant.
Drago profita de son moment d'hésitation et bondit vers elle dans l'espoir de lui arracher la bouteille des mains. Mais les réflexes d'Hermione étaient bons. Stupéfaite, elle recula vivement, trébucha sur un pli du tapis et lâcha la bouteille alors qu'elle tentait de se rattraper à un objet quelconque. Drago suivit la trajectoire de la bouteille des yeux mais tout allait trop vite. Lorsqu'il comprit où elle allait atterrir, il cria :
- Baisse-toi !
Dans une vaine tentative de protection, il agrippa ses épaules et la poussa à terre. Ils roulaient déjà derrière le canapé quand une puissante déflagration secoua la pièce. Un nuage de fumée dense envahit l'atmosphère, les privant d'oxygène. Haletant, hoquetant, Drago tira difficilement sa baguette et d'un simple mouvement, le nuage noirâtre disparu. Serrés l'un contre l'autre, aucun des deux protagonistes n'osaient bouger, reprenant doucement leur respiration.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Souffla finalement Hermione, le visage ravagé par l'incompréhension.
- La bouteille a atterri dans la cheminée.
La jeune femme pinça les lèvres. L'alcool et le feu n'avaient jamais fait bon ménage, c'était bien connu. Elle se pencha légèrement afin d'estimer les dégâts. Le foyer était méconnaissable. Autrefois taillé dans une pierre claire, il était aujourd'hui dissimulé sous une épaisse couche de suie. Des morceaux de roche jonchaient le sol recouvert de débris en tout genre. Le bois qui servait à alimenter le feu avait été pulvérisé et il ne restait plus une trace de la bouteille. Hermione grimaça et revint vers Drago.
- Si McGonagall voyait ça…Souffla t-elle dépitée.
Cette remarque fit sourire Drago. Il se leva douloureusement, constata à son tour les dommages et d'un coup de baguette redonna jeunesse à la cheminée.
- Et voila. McGonagall n'y verra rien.
Il appuya sa réflexion d'un clin d'œil qui fit lever les yeux d'Hermione au ciel. Puis, l'aidant à se remettre debout, il ajouta :
- Cette aventure aura tout de même servi.
- De quoi tu parles ?
- Tu ne trembles plus.
C'était vrai. Les lèvres d'Hermione avaient retrouvé leur couleur rosée et ses joues leur teinte soutenue. Ses dents avaient cessé de s'entrechoquer et son corps menu n'était plus parcouru de spasmes réguliers.
Tandis que Drago continuait à remettre la salle commune en ordre à coup de baguette magique, Hermione prit réellement conscience des derniers jours qui venaient de s'écouler. Elle en avait appris bien plus qu'en sept ans sur Drago Malefoy. Il n'était en rien ce qu'elle s'était toujours imaginé. Et bien qu'il soit mangemort, elle espéra pour la première fois qu'il ne parte pas. Ce n'était pas par peur de solitude ou parce que sa présence était rassurante. Non, c'était bien plus que ça. Elle aimait sa compagnie de la même manière qu'elle aimait celle d'Harry ou de Ron. Elle aimait le temps passé à ses côtés, apprendre à connaître cet individu dont chaque nouvelle facette discernée le rendait encore plus intriguant. Il était froid puis prévenant. Coléreux et doux. Insultant et drôle. Sensible et impassible. Violent et attentif. Il était si difficile à cerner que ça en devenait finalement une véritable énigme. Le plus étrange dans tout cela était probablement le nombre de fois qu'il l'avait épargnée d'une mort certaine. Il semblait partisan des convictions de Voldemort, pourtant. Alors pourquoi était-elle toujours là ? Et pourquoi s'évertuait-il à la protéger ?
Hermione réalisa qu'elle n'avait aucune réponse à ces questions muettes et qu'elle n'en aurait probablement jamais.
C'était la guerre. Autant Drago qu'Hermione étaient pris dans deux camps opposés, supposés mener une bataille sans merci l'un contre l'autre. Prisonniers de leurs convictions et opinions ils étaient bien loin d'être libres. Certes, ils pouvaient aller où bon leur semblait et vivre la vie qu'ils voulaient mais ils se savaient raccrochés à leur camp. Celui à qui ils devaient fidélité et dévotion. Autant pour l'un que pour l'autre. Les possibilités devenaient alors bien minces. Leur futur était déjà tracé. Une large route bien droite et infinie menant vers un destin dont l'issue restait encore incertaine. Une chose était cependant indéniable. Ces deux chemins ne se croisaient pas. Et qu'arriverait-il si le sort était défié ?
Drago lança un dernier sort et se laissa tomber dans un canapé, à côté d'Hermione. Tous deux contemplaient silencieusement la cheminée flambant neuve lorsque Drago demanda naturellement avec de légers accents moqueurs :
- Alors comme ça je suis brave et courageux ?
Hermione accusa silencieusement le coup et ne put s'empêcher de rougir. S'était-il vraiment senti obligé de ressortir ses piètres excuses maintenant ? C'était bas et franchement pas indispensable. Elle eut la désagréable sensation que ce ne serait pas la dernière fois qu'elle en entendrait parler.
- C'est tout ce que tu as retenu ?
- Vu la vitesse à laquelle tu parlais, c'est plutôt pas mal.
- Imbécile.
- Idiote.
Hermione soupira longuement espérant marquer de cette façon la fin de la conversation. Mais Drago ne l'entendait pas de cette oreille.
- C'était un sacré éloge de ma personne que tu nous as fait là-bas, insista t-il.
Morte de honte, Hermione ne baissa pas les yeux et répliqua :
- Je pense tout ce que j'ai dis.
Quelques instants de silence suivirent cette déclaration.
- Ce n'est pas vrai.
Hermione l'interrogea du regard.
- Je semble courageux à tes yeux mais je ne le suis pas. J'aurais dû tuer Dumbledore mais je n'ai pas eu le cran de le faire. J'ai été faible ce soir là et j'ai dû rattraper mon erreur tous les jours depuis. J'ai dû retrouver grâce aux yeux du Maître.
Inconsciemment, il caressa du bout des doigts son tatouage par-dessus sa chemise. Hermione suivit du regard son geste.
- Tu as réussi.
Ce n'était pas une question mais une simple constatation que Drago approuva d'un signe de tête. La jeune femme n'en demanda pas plus. Peu importe ce qu'il avait fait pour devenir le favori. Elle ne voulait pas le savoir. A vrai dire, elle ne voulait plus rien entendre. Elle souhaitait seulement qu'il cesse de parler, de déballer ces paroles dont elle assimilait douloureusement les atrocités. Mais il continua, prit d'un élan invisible.
- Même si mon Maître m'accorde sa considération maintenant, je regrette tous les jours de ne pas avoir pu exécuter ses ordres.
- Tu veux dire que tu regrettes de ne pas avoir tué Dumbledore ? Demanda Hermione d'une voix étranglée.
- Tout le temps. C'est probablement mon plus gros échec.
Un coup de poing dans le ventre. Une violente gifle. Un sol qui se dérobe sous ses pas, le cœur au bord des lèvres. C'est l'effet que lui fit cette dernière remarque. Pourquoi disait-il ça ? Ca n'avait aucun sens. Aucune logique. Ca ne collait pas. Il n'était pas comme ça. Du moins, c'est ce qu'elle avait pensé jusqu'ici. Drago eut un sombre sourire.
- A quoi tu t'attendais ? Je suis un mangemort Granger et je crois en mon clan de la même façon dont tu crois au tien. Nos méthodes sont juste différentes. Mais je sais qu'au fond tu es d'accord avec moi : tout ça est mal.
Il engloba la pièce d'un vaste geste du bras.
- On ne va pas rester cloitrés ici indéfiniment. Je dois retourner auprès des miens et tu devrais en faire de même. On a une guerre à terminer qui stagne depuis trop longtemps. Ils ont besoin de toi là-bas tout comme on a besoin de moi. Et sur le champ de bataille, quand on se fera face, on se battra pour des causes qui nous sont propres.
Avale. Digère. Inspire. Expire. Bien. Refais-le.
Hermione avait beau comprendre ce que Drago disait, elle avait la désagréable impression de ne pas saisir le fond de ses paroles. C'était si brutal, si inattendu. Qu'avait-elle espéré au juste ? Que, peut-être, elle réussirait à le rallier à une cause qu'il pensait perdue d'avance ? Sa cause ?
Drago avait raison. Elle n'était qu'une idiote.
- Et je sais au regard dégouté que tu me lances que j'ai raison. Il faudrait mieux que je m'en aille. On n'appartient pas au même monde.
- Pourquoi maintenant ? Lâcha t-elle subitement d'une voix enrouée. Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Ce n'est pas nouveau. On n'a jamais joué dans la même équipe, toi et moi.
Drago resta silencieux. Oui, pourquoi maintenant ? Lui-même ne le savait pas. Peut-être sentait-il qu'il atteignait le point de non-retour. Qu'il était à deux doigts de franchir une limite invisible. Et ce sentiment qui lui déchirait les entrailles, cette peur inconsciente qu'éveillait cette nouvelle rencontre condamnée, sonnait comme une alarme dans sa tête.
- Et moi ? Est-ce que tu regrettes de ne pas m'avoir tuée ? Ne put s'empêcher de demander Hermione d'un ton voilé.
- Plus maintenant.
- Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?
Hermione se tourna légèrement sur le canapé de telle sorte à pouvoir détailler Drago à sa guise. Ce dernier releva la tête et plongea son regard d'acier dans celui de la jeune femme. Il esquissa un léger sourire puis confessa doucement :
- Toi, probablement.
Hermione sourit à son tour puis pivota en direction des flammes. Elle s'enfonça plus confortablement dans le canapé et laissa naturellement sa tête tomber contre l'épaule de Drago.
- Reste encore un petit moment. Jusqu'à demain. Après on retournera à la réalité de nos vies respectives.
Le jeune homme passa un bras autour des épaules d'Hermione et, par son silence, accepta.
OOOOO
Les bras croisés derrière la tête, Ronald attendait. Les yeux grands ouverts dans l'obscurité de la pièce, il espérait sérieusement que le temps s'accélère. Peut-être existait-il un sort pour ça. Dans tous les cas, il ne le connaissait pas. Il avait dû dormir deux heures, au mieux. Mais son excitation l'avait rattrapé. Il savait qu'il ne s'endormirait plus désormais. Il n'avait plus qu'à attendre.
L'aube. C'est ce qu'Harry avait dit. A travers les rideaux à peine tirés, il distinguait le ciel encore foncé. Il ne le serait plus pour très longtemps. Déjà, les couleurs semblaient s'éclaircir, illuminant le ciel d'un nouvel éclat. Dans le lit en face du sien, Harry se retourna et soupira longuement.
- Tu dors ? Chuchota Ron, dans l'espoir que son ami se soit réveillé.
- Tu penses tellement fort qu'il serait impossible de fermer l'œil, rétorqua Harry en tâtant sa table de nuit espérant atteindre ses lunettes.
Ron empoigna sa baguette et illumina la chambre d'un léger lumos.
- On y va ? C'est l'heure ? Demanda t-il, l'impatience perçant dans le ton de sa voix.
- Le jour sera levé dans une heure, c'est le moment ou jamais.
Ron n'en attendait pas plus. Il se leva prestement, enfila un pantalon qui trainait sur le sol, passa une main dans ses cheveux roux et pressa Harry qui sortait à peine de son lit :
- Active Harry ! Tu sais que maman se lève aux aurores pour préparer le petit déjeuner.
Le survivant grogna quelques paroles incompréhensibles et imita les gestes de Ron. Avant de sortir de la chambre, il enfila une cape et coinça sa baguette dans une des poches.
Le plus dur était devant eux. Descendre les deux étages sans faire grincer une seule marche relevait du miracle et lorsque le bois couina sous les pieds de Ron, les deux amis se figèrent, le souffle court. Mais la maison était silencieuse et ils continuèrent leur descente, incertains. Enfin, ils atteignirent le hall d'entrée et poussèrent à l'unisson un soupir soulagé.
- Ginny n'est pas là, chuchota Ron avec un grand sourire. A tous les coups elle ne s'est pas levée !
- Tant mieux, renchérit Harry, rassuré.
C'était un problème en moins. Il préférait savoir la rouquine saine et sauve qu'avec eux, dans un environnement hostile où le danger pouvait frapper à tout moment.
Ils avaient parlé trop vite. Une silhouette se découpa dans l'embrasure de la porte menant au salon.
- Sympa, grinça t-elle, les yeux flamboyants.
Tout sourire disparut du visage de Ron lorsqu'il se tourna vers sa sœur.
- Tu es sure de toujours vouloir venir ? Franchement, tu seras plus un poids pour nous qu'autre chose…
- Affirmative. Et encore plus maintenant que tu viens de dire ça, rétorqua t-elle avec un sourire arrogant.
Harry leva les yeux au ciel et leur fit signe qu'ils continueraient cette conversation en chemin. A peine furent-ils sortis de la maison qu'ils transplanèrent d'un commun accord. La nuit avait été glaciale et avait gelé la neige fraichement tombée, rendant le sol glissant. Presque sans surprise, Ron dérapa en arrivant devant Poudlard s'attirant un rire moqueur de Ginny. Il se releva avec difficulté. Tentant de reprendre contenance, il l'ignora et s'avança d'un pas conquérant vers le portail de Poudlard. Il leva la main, l'approchant lentement de la poignée. Il était plus près. Encore. Toujours plus.
Ginny retint sous souffle. Il ne lui semblait pas avoir vu Pansy si proche. Serait-il possible que…
Ron referma sèchement sa main sur la poignée en fer du lourd portail de Poudlard. Il ne l'activa pourtant pas. Il se tourna juste, ébahi et probablement un peu effrayé, vers Harry et Ginny.
- Bah vas-y gros malin ! Rentre ! L'encouragea Ginny tout en s'approchant.
Mais Harry la retint par un bras.
- Sois prudente, lui souffla t-il avec sérieux. On ne sait pas ce qu'on va trouver la dedans.
La jeune femme se dégagea de sa poigne et haussa les épaules.
- On ne saura pas tant qu'on n'y entre pas. Pousse-toi Ron.
Déterminée, elle rejoignit son frère et le bouscula sans ménagement. A son tour, elle posa la main sur la poignée et ouvrit le portail sans hésitation. Et étonnamment, il ne se passa rien. Rien du tout. C'était comme si aucun sort n'avait jamais condamné l'entrée du château. Les trois gryffondors échangèrent un regard perplexe puis Harry s'avança le premier. Il pénétra les enceintes du château sans qu'aucun événement extraordinaire ne vienne entraver sa progression vers la forteresse. Les autres lui emboitèrent rapidement le pas à la fois anxieux et impatients de connaître les réponses à toutes leurs questions.
OOOOO
Hermione ouvrit difficilement un œil, puis deux. Elle n'avait pas aussi bien dormi depuis des semaines. Un frisson parcourut son corps et elle jeta un coup d'œil ensommeillé vers la cheminée éteinte. Quelques cendres au fond de l'âtre fumaient encore mais c'était bien trop insuffisant pour chauffer une pièce comme la salle commune. Le jour se levait à peine et l'obscurité de la pièce ne lui permit pas de remarquer tout de suite qu'elle était seule. Pourtant, la place sur le canapé à côté de la sienne était irrémédiablement froide. Elle n'eut pas besoin de regarder en direction du fauteuil. Elle savait d'ores et déjà que la cape de voyage avait disparue en même temps que son propriétaire. Ce n'était pas une surprise, il l'avait prévenu que la journée qu'ils avaient passée ensemble la veille serait la dernière. Il était maintenant temps de retourner dans la réalité. Hermione mourrait d'envie de courir dans les couloirs du château à la suite de Drago et de le supplier de rester encore. Mais elle savait qu'il était trop tard. Il était parti depuis bien longtemps. Peut-être même à peine s'était-elle endormie. Et puis qu'est-ce que tout cela signifiait ? Il y a quelques jours à peine, elle rêvait qu'il puisse ne jamais mettre les pieds dans l'école. La jeune femme tenta de se convaincre que les choses étaient mieux ainsi. Sa vie était déjà assez compliquée comme ça. Un mangemort n'y avait pas sa place et encore moins Drago Malefoy. Oui mais voila, il semblait que le jeune homme en question se soit imposé de lui-même dans l'univers d'Hermione et l'après-midi qu'ils avaient partagé la veille n'avait fait que renforcer cet attachement. Ils n'avaient rien fait d'extraordinaire ou d'extravagant. Ils s'étaient contentés de rester dans cette salle commune qui n'avait plus de maison et avaient discuté de tout puis de rien. La guerre n'avait pas trouvé de place dans la conversation et il en était de même pour leurs différences. Ils avaient juste partagé des anecdotes, des révélations, des discours et quelques rires. Drago l'avait haut la main emporté aux échecs version sorciers et pour se consoler de sa défaite cuisante, Hermione était allée chercher des cookies en cuisine. Il avait commenté des figures de quidditch dont elle n'avait jamais entendu parler et elle lui avait expliqué comment traduire les runes. Elle avait exprimé ses rêves et ses espoirs et il lui avait décrit son enfance. Elle avait mimé, moqueuse, la scène du coup de poing qu'elle lui avait asséné en troisième année et il avait superbement ignoré la pique. Et il en avait été ainsi jusqu'à ce que le jour se couche et que la lune monte haut dans le ciel étoilé. Hermione ne se souvint pas des conditions dans lesquelles elle s'était endormie. Seulement de la sensation de bien-être de sérénité qu'elle avait ressenti. Sensation qui avait à présent disparue.
La jeune femme se leva péniblement, les articulations endolories et s'approcha de la fenêtre qu'elle ouvrit doucement. Immédiatement, un vent d'air glacial s'engouffra dans la pièce emportant avec lui les derniers restes de chaleur de la pièce. Le paysage était calme et silencieux. Désert de toute présence humaine. Avec un soupir, la jeune femme referma la fenêtre. Il faisait encore nuit mais le jour ne tarderait plus à présent. L'aube se levait.
D'un pas lent et peu enthousiaste, Hermione monta à l'étage persuadée qu'une douche bien chaude lui ferait le plus grand bien.
Le chemin jusqu'aux portes de Poudlard était périlleux. Ron trébucha à plusieurs reprises, manquant à chaque fois de finir les fesses dans la neige sous le regard réprobateur de Ginny qui finit par lui lancer un sort d'anti-dérapage. Mais Harry n'avait remarqué aucune de ces scènes, perdu dans les pensées que le paysage lui remémorait. Il n'était plus venu depuis la bataille de septembre, dernière date à laquelle il avait vu Hermione. La neige avait peut-être recouvert le sang et les décombres mais pas les souvenirs. Il les entendait encore, ces cris qui déchiraient la nuit. Ces hurlements de désespoir qui finissaient par s'évanouir et mourir en même temps que leurs émetteurs. Et tout ça pour quoi ?
Il soupira, agacé, et shoota dans la neige dont les flocons se perdirent dans une masse difforme. Il fronça les sourcils et s'approcha. Deux grosses boules de neige posées négligemment l'une sur l'autre semblaient avoir été abandonnées là. Il interpela Ginny et Ron, déjà loin devant lui, et remarqua pour la première fois les traces de pas dans la neige qui descendait du château à la grille. Quelqu'un était venu là avant eux. Ce même quelqu'un qui avait visiblement essayé de faire un bonhomme de neige. C'était à ne rien y comprendre. Ron et Ginny arrivèrent enfin à sa hauteur et il leur fit part de ses découvertes.
- Qui que ce soit, ça m'étonnerait beaucoup que ce soit un mangemort. J'imagine mal Tu-Sais-Qui faire mumuse dans la poudreuse, observa justement Ron.
- Un enfant, peut-être ? Suggéra Ginny.
Harry secoua la tête.
- Regarde la taille des empreintes. Ca ne correspond pas.
- C'est peut-être un grand enfant ?
Ni Ginny, ni Harry ne prit la peine de répondre à cette remarque.
Il n'avait cessé de neiger ces derniers jours et la poudreuse avait largement eut le temps de recouvrir d'autres potentielles traces. Dans quels genres d'embrouilles venaient-ils de fourrer les pieds ? Plus prudents, ils reprirent leur route vers le château, prêt à faire face à l'ennemi. Mais les couloirs du château semblaient aussi déserts que le parc. Les trois gryffondors redécouvrirent avec nostalgie et peine ces grands escaliers, ces galeries ouvertes et ces longs corridors de pierre. Ginny frôla du bout des doigts de nombreux tableaux vides avant de s'arrêter brutalement, alarmant Harry et Ron.
- Où sont-ils ? Les tableaux, les armures, les fantômes, les elfes ? Poudlard parait si…mort. Regardez toute cette poussière, tous ces décombres. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? La bataille n'a quand même pas pu…
Elle n'eut pas le courage de terminer sa phrase et s'appuya contre le muret du couloir ouvert. Les deux garçons la rejoignirent en silence et elle continua :
- On ne trouvera rien ici. Il n'y a plus personne.
Harry glissa doucement ses doigts entre ceux de la rouquine et serra sa main, bienveillant.
- On savait qu'il y avait peu de chances de trouver quelqu'un ici. C'est pour l'horcruxe que nous sommes venus, Ginny.
La jeune femme secoua la tête, chassant les prémices d'un sanglot et se recomposa un masque déterminé.
- Oui, tu as raison. Je suis désolée. Continuons.
Elle joignit le geste à la parole, passa devant Ron et continua sa route, sans plus adresser un seul regard aux tableaux. Harry et Ron échangèrent un coup d'œil soucieux avant de lui emboiter le pas.
- Bon, nous avons le médaillon, la coupe de Poufsouffle, la bague de Jedusor et le journal, énuméra Harry tout en avançant. Il nous manque un objet ayant probablement appartenu à Serdaigle. D'après tes recherches, Ron, elle avait un diadème qui est aujourd'hui perdu. Voldemort a dû le trouver. Je suis sûr que c'est le dernier horcruxe caché. Et il ne peut être qu'ici.
- Et tu as une idée plus précise du ici ? Demanda Ginny par-dessus son épaule.
- Pas pour l'instant. Mais ça ne nous empêche pas de chercher.
Ron, qui était resté silencieux jusque là, s'arrêta devant une volée de marche qu'il pointa du pouce.
- Eh ! On n'est pas loin de notre salle commune. On pourrait y faire un tour, histoire de…Enfin vous savez quoi. Et puis avec un peu de chance, mes fondants du chaudron seront encore bons. J'ai une faim de loup. Bah quoi ? On n'a pas eu le temps de déjeuner, se sentit-il obligé d'ajouter sous le regard réprobateur de sa sœur.
Harry haussa les épaules. Pourquoi pas, après tout. Il pourrait récupérer quelques unes de ses affaires qui lui tenaient à cœur comme l'album photo de ses parents ou encore son balai volant. Un éclair de feu, ça ne s'abandonne pas comme ça. Ginny se laissa aussi convaincre et d'un même pas, tous trois prirent la direction du tableau de la grosse dame.
OOOOO
Alors qu'Hermione sortait prudemment de la douche, elle prit soudainement conscience d'un fait. Il fallait qu'elle parte. Drago était retourné chez les mangemorts et il avait réussi sa mission. Il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour prévenir son maître et d'ici quelques heures, elle pouvait être sure qu'une armée de mangemort aurait prit d'assaut la forteresse. Son sac était déjà prêt, soigneusement caché sous un canapé de la salle commune. Elle n'avait plus qu'à s'habiller et passer par la cuisine afin de prendre quelques provisions. Pour la suite, elle aviserait. Elle était restée en vie jusqu'ici et rien ne l'empêchait de tenir encore. Il lui suffisait juste de trouver un nouveau repère.
Tout en réfléchissant à une cachette potentielle, elle enfila des sous-vêtements et piqua un pantalon et un pull dans l'armoire de Parvati. Il lui restait bien quelques vêtements à elle sur le lit qui était auparavant sien mais les affaires de sa colocataire étaient de bien meilleure qualité. Enfin, la jeune femme frotta vigoureusement ses cheveux dans une serviette et, bien qu'ils soient encore humides, les attacha sur le sommet de son crâne.
Elle s'apprêtait à descendre dans la salle commune lorsqu'elle revint sur ses pas, attrapa un autre pull qu'elle cala sous bras et sortit pour de bon de la chambre. On n'est jamais trop prévenant. Elle pourrait utiliser un pull supplémentaire.
Hermione devait bien avoir dévalé la moitié des marches lorsqu'elle les entendit. Des voix. Elle en perçut au moins deux. Des voix masculines. Un instant, elle espéra que Drago était revenu mais elle dut vite se rendre à l'évidence. Les jambes tremblantes, elle s'adossa au mur et tenta de contrôler son rythme cardiaque. C'était impossible. Pas maintenant. Pas si tôt. Malefoy aurait au moins pu lui laisser une heure ou deux d'avance supplémentaire. A quoi avait-il pensé, cet idiot ? Comment allait-elle se sortir de ce pétrin à présent ? Il n'existait aucune autre issue à la tour gryffondor que le tableau. Hermione resserra le pull contre sa poitrine et tira sa baguette de la poche de son pantalon. Allez, Hermione. Tu as un avantage sur eux : ils ne savent pas que tu es là. Prends-les par surprise et tire toi vite fait, s'encouragea t-elle silencieusement. Les jointures de ses doigts blanchissaient autour de la baguette qu'elle serrait plus fort au fur et à mesure que les voix se rapprochaient. Elle distinguait presque ce qu'ils disaient à présent. Enfin, le tableau grinça. Ca y est. Ils étaient entrés.
- Ca fait drôle d'entrer sans mot de passe, remarqua la première voix.
Elle sembla vaguement familière à Hermione mais son esprit était bien si embrumé par la peur et l'adrénaline qu'il n'était plus en mesure d'analyser quoi que ce soit. C'était le moment ou jamais. Elle se décolla du mur de l'escalier, descendit les quelques marches qui la séparait des mangemorts et attaqua sans réfléchir.
- Stupéfix !
Le sort rata sa cible de peu et ricocha sur un mur, attirant ainsi l'attention des nouveaux venus. Rapidement, Hermione se plaqua au mur alors qu'un des mangemorts répondait à son maléfice. Une vive lumière rouge lui frôla la joue. Bravo ma fille pour l'effet de surprise ! Se morigéna t-elle. Elle laissa tomber le pull à ses pieds, prête à mener un combat qui s'annonçait mal engagé. Elle n'avait pas eu le temps de voir combien ils étaient mais la rapidité avec laquelle ils avaient lancé le sort prouvait qu'ils n'étaient pas novices. La jeune femme inspira profondément et se découvrit une nouvelle fois :
- Expelliarmus !
Encore raté. Un objet explosa quelque part dans la pièce. Elle attendit une réplique du côté de ses combattants mais il ne se passa rien. Absolument rien. Et le silence qui emplissait la pièce devenait interminable.
Ginny avait levé sa baguette, décidée à avoir cet intrus qui les attaquait à visage couvert mais Harry abaissa violemment son bras de la main. La rouquine lui lança un regard mêlant courroux et incompréhension mais il ne le remarqua pas. Il gardait ses yeux émeraude résolument fixés sur le pan de mur derrière lequel se cachait leur attaquant. Ron, bouillonnant d'impatience, leva à son tour sa baguette mais d'un signe, Harry le dissuada de toute tentative.
- Mais…Commença le rouquin.
Harry le fit taire d'un seul regard. Lentement, il s'approcha alors des escaliers menant aux dortoirs des filles et prononça, doucement, si doucement que, ni Ron ni Ginny, ne furent certains d'avoir bien entendus :
- Hermione ?
Un nom, un seul, qui paralysa toute la pièce. Le cœur d'Hermione sembla retomber lourdement dans sa poitrine lui coupant partiellement la respiration. Son prénom dans cette bouche. Associé à cette voix. C'était impossible. Ses jambes allaient lâcher. L'adrénaline qui semblait la porter jusque là disparut subitement, la livrant à ses propres émotions. Fébrilement elle s'accrocha à la rampe fixée à même la pierre et descendit la dernière marche qui la séparait de ses rivaux.
Trois secondes. Trois longues secondes. C'est le temps qu'il leur fallut à chacun pour comprendre la situation. Puis un sanglot brisa le silence, immédiatement suivi d'un éclat de rire. Ce fut le signal. Harry n'attendit pas plus. Il ne lui fallut qu'une enjambée pour arriver au niveau de son amie qu'il entoura précipitamment de ses bras. Il la serrait si solidement que les pieds d'Hermione ne touchaient plus le sol. Ca la fit rire si fort, si intensément, qu'Harry ne retint pas sa joie plus longtemps et rit à son tour. Ginny et Ron s'approchèrent alors, forçant Harry à la lâcher. Ginny prit le relai, les joues trempées de larmes. Lorsqu'elle daigna la laisser respirer, Hermione se tourna vers Ron qui semblait dépassé par les événements. Les bras ballants, la bouche entrouverte et les yeux hagards, il paraissait perdu. Hermione pouffa et l'attira dans ses bras.
- Ne fais pas cette tête, idiot.
Cette dernière réplique fit rire Ginny et Harry dans son dos. C'est surement à cet instant qu'elle prit réellement conscience de la situation. Les choses allaient redevenir comme avant. Ils étaient réunis pour de bon. Ils l'avaient retrouvée et étaient tous sains et saufs. Et pour la première fois depuis des mois, Hermione pensa réellement qu'ensemble, ils pourraient mettre fin à la guerre. Pleine d'espoir et de rêves trop longtemps oubliés, elle leur raconta sans peur sa version de la nuit où tout avait changé.
Et voila pour les retrouvailles tant attendues ! J'espère qu'elles vous conviendront =) Comme vous vous en doutez, les choses vont changer à partir de maintenant puisque Hermione réintègre officiellement l'Ordre du Phénix... Quant à Drago, il va devoir faire face à son camp. Qu'adviendra t-il de Poudlard ? Quelle est le mystère qui entoure le diamant de Viviane ? Quand Hermione et Drago vont-ils se recroiser ? La suite au prochain épisode...
En attendant, dites moi ce que vous avez pensé de ce chapitre =)
A bientôt !
Sonia