Archives de la famille Malefoy (31 octobre 1981) - Le masque respectable
Résumé : 31 octobre 1981. Le Seigneur des Ténèbres vient de tomber face à Harry Potter, le Ministère se déchaîne. Lucius Malefoy met tout en œuvre pour protéger sa femme et son fils des représailles des officiels.
Disclaimers : Tout ici est propriété de J.K. Rowling
Ratings : K
Notes : Année 1789, France. La monarchie est abolie, le système féodal des ordres et des privilèges abandonnés. Craignant pour leur patrimoine et leurs vies, menacés par les paysans et les bourgeois victorieux, les nobles prennent la fuite.
Près de deux-cents ans plus tard : 1981, Royaume-Uni. Lorsque Lord Voldemort tombe, ses partisans, pour la plupart issus de familles de Sang-Pur, traqués par les Aurors, doivent rapidement trouver une solution s'ils veulent épargner aux leurs la honte et la prison d'Azkaban.
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- Là, Drago, là…
La voix de Narcissa Malefoy était douce pour son fils de dix-sept mois à peine, tandis qu'elle le berçait dans sa chambre de nourrisson, au soir du 31 octobre. Le Manoir Malefoy, dans le Wiltshire, était plongé dans l'obscurité, et Narcissa sursauta lorsque son mari fit brusquement irruption dans la pièce.
- Narcissa, éructa-t-il dans un souffle.
Se tournant vivement, un doigt sur ses lèvres entrouvertes en un sourire pour lui faire signe de ne pas réveiller le bébé endormi, la jeune femme se décomposa en voyant l'expression de Lucius.
- Quoi ? demanda-t-elle d'une voix inquiète.
- Le Seigneur des Ténèbres est tombé.
- Quoi ? répéta-t-elle d'une voix perçante.
- Silence ! lui intima Lucius d'un ton anxieux. Il est tombé, Cissy. A Godric's Hollow, d'après les murmures. Le Ministère… le Ministère sera bientôt là.
Narcissa frémit, serrant davantage Drago contre elle. En baissant les yeux sur le visage poupin, elle vit les yeux gris de son fils unique braqués sur elle, parfaitement éveillé à présent. Un sourire étirait la bouche sans dents.
- Cissy, je veux que tu prennes Drago et que tu t'en ailles d'ici, c'est compris ? Ils vont venir me chercher, je dois préparer ma défense, pouvoir leur prouver que j'ai agi pour le Seigneur des Ténèbres contre ma volonté. Mais je veux d'abord être sûr que vous serez en sécurité, tous les deux.
- Chez Bella…
- Non, coupa Lucius.
Sa main se referma sur le bras de Narcissa.
- Bella est partie. Avec Croupton, Rodolphus et Rabastan.
- Pourquoi ? Et où ont-ils bien pu… ?
- Frank et Alice Londubat, répondit-t-il au regard paniqué de sa femme. Ils sont Aurors… Ils pensent… qu'ils auraient des informations.
Il y eut un bref silence. Narcissa contemplait son mari, le visage sans expression. L'horreur se lisait au fond de ses yeux.
- Ils vont les tuer, Cissy, tu connais ta sœur. Si jamais ils sont arrêtés… tu ne peux pas aller chez eux, c'es trop dangereux. On pourrait t'accuser d'avoir été complice…
- Mais Drago…
- Ils s'en ficheront complètement, Narcissa. Ils veulent que nous tombions, ils n'auront pas le moindre scrupule à savoir s'il y a des enfants ou…
Il s'interrompit, posa les deux mains sur les frêles épaules de sa femme.
- Je veux que tu ailles chez ta tante.
- Chez Walburga ?
- Oui. Elle ne sera pas inquiétée. Son fils, Regulus, a trahi la cause de Lord Voldemort un an après son engagement, et il a été exécuté pour cela.
Il vit le frisson de dégoût courir le long de l'échine de Narcissa, mais n'y prêta pas attention.
- Son autre fils, Sirius - il vit le visage de sa femme se crisper, cette fois dans une expression de colère - est membre de l'Ordre du Phénix. Personne ne s'en prendra à elle, te répété-je, et c'est là-bas que je veux que tu ailles. Tu y seras en sécurité. Elle vit seule avec Kreattur depuis la mort d'Orion, il y a deux ans.
Narcissa approuva d'un signe de tête nerveux.
- Et… et toi ?
Sa voix tremblait à présent.
- Je vais rester ici, murmura Malefoy. Il faut encore que je dissimule certaines de nos… possessions dans la pièce secrète sous le grand salon. Elle résistera à leurs perquisitions. Et que je règle d'autres détails pour les assurer de ma bonne foi. Dobby !
Il y eut un « Crac ! » sonore et un elfe de maison, de la taille d'un enfant, au nez en forme de crayon et aux grandes oreilles de chauve-souris, posa sur Lucius Malefoy ses yeux verts de la taille d'une balle de tennis.
- Le maître a appelé Dobby, monsieur ? couina-t-il, apeuré.
La voix de Lucius, à nouveau glacée et hautaine, claqua dans la douce atmosphère de la chambre d'enfant.
- Je veux que tu descendes dans mon bureau et dans les sous-sols, et que tu entreposes tout ce que les officiels du Ministère ne doivent pas trouvés dans la salle secrète, c'est compris ? Ensuite, tu reviendras ici pour accompagner Mrs. Malefoy et Mr. Drago chez Walburga Black.
- Oui, maître, acquiesça l'elfe d'un ton tremblant en s'inclinant très bas.
- Bien. Gare à toi si je trouve la moindre chose compromettante quand je viendrai vérifier.
Manifestement, l'elfe n'avait pas besoin de la mise en garde. Il lança à Mr. Malefoy un regard effaré et transplana à nouveau dans un bruit de pétard. Aussitôt, Lucius se tourna vers Narcissa et sortit sa baguette.
- J'envoie immédiatement un Patronus à Walburga pour la mettre au courant de la situation.
Son épouse hocha faiblement la tête. Malgré l'urgence de la situation, elle restait figée, debout, parfaitement immobile. Lucius s'approcha doucement d'elle.
- Je viendrai vous rejoindre dès que je le pourrai, promit-il d'une voix sourde.
Des larmes, à présent, coulaient le long des joues pâles de Narcissa, et Lucius lui-même se surprit à sentir les siens s'embuer.
- Tout ira bien, ma chérie.
Il savait qu'il prononçait des paroles creuses, il savait que d'un instant à l'autre, les Aurors pouvaient surgir, l'emmener, l'emprisonner. Son regard gris s'égara sur son fils, dont il caressa doucement la joue. L'enfant rit et gazouilla de plaisir. Un pâle sourire étira les lèvres exsangues de Narcissa.
- Partez tous les deux, supplia Lucius.
Elle posa Drago dans son lit d'enfant, où il se mit debout, s'agrippant aux barreaux avec une expression consternée en voyant qu'il n'était plus le centre de l'attention générale. Il émit un sanglot à la vue sa mère qui s'activait autour de la pièce, préparant diverses affaires, et son teint rougit dangereusement lorsqu'elle quitta la pièce à la recherche d'habits de rechange, dans la chambre conjugale.
- Chut, Drago…
La voix de son père apaisa l'enfant, qui tendit une main à travers le lit. Les doigts tremblants de Lucius effleurèrent lentement les petites mains de son fils unique, et Narcissa fit à nouveau irruption dans la chambre. Elle fit un mouvement négligent de sa baguette magique.
- Failamalle, susurra-t-elle, et une valise qu'elle avait fait surgir de nulle part commença à se remplir toute seule d'habits qui se pliaient dans les airs.
Un nouveau geste de sa baguette magique, et une chaude tenue pour bambin apparut dans sa main, qu'elle passa sur la tête de Drago pour qu'il n'ait pas froid.
- Crée le Portoloin pendant que je l'habille, pressa-t-elle son époux.
Lucius hésita.
- Je ne veux pas que tu y ailles par Portoloin, Cissy.
Il vit les sourcils de sa femme se froncer, et il s'empressa d'ajouter :
- Installer un Portoloin sans autorisation pourrait m'attirer plus d'ennuis que je n'en ai déjà… Tu vas devoir transplaner avec Drago jusqu'au Square Grimmaurd.
Il lui sembla un instant qu'elle voulait protester, puis elle parut renoncer à toute discussion.
- Très bien.
Un nouveau « Crac ! » indiqua que leur elfe de maison venait à nouveau de faire irruption dans la chambre.
- Dobby a fini le travail, Monsieur, Dobby a rangé tous les mauvais objets sous le parquet du grand salon.
- Parfait. Tu vas accompagner Mrs. Malefoy chez sa tante, à présent. Pars avec les valises.
Dobby s'inclina, prit la valise que Narcissa avait posé sur le sol lambrissé et disparut avec elle. Lucius prit son fils dans ses bras pour le tirer du petit lit.
- Au revoir, Drago, chuchota-t-il en déposant un baiser sur la petite touffe de cheveux blonds si clairs et si fins qu'ils en paraissaient presque transparents. Sois sage.
Il se tourna ensuite vers son épouse, qui tortillait ses longs cheveux blonds, les lèvres tremblantes. Il lui adressa un sourire qui se voulait rassurant et elle fondit en larmes. Lucius, troublé, la serra contre lui, embrassant chacune de ses joues, ses lèvres. Drago, apeuré par les pleurs de sa mère, s'agita vainement contre le torse de son père.
- Là, Drago, là… fredonna sa mère et, comme par magie, l'enfant se calma.
Elle prit le bébé dans ses bras, le serrant contre elle comme par crainte qu'on ne le lui enlève, comme on allait peut-être lui arracher son époux. Lucius et elle échangèrent un dernier baiser, un dernier regard, à la fois languissant et déterminé, et Narcissa, dans un voile de cheveux blonds, tourna sur elle-même avant de disparaître, leur fils contre sa poitrine.
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La poignée en forme de serpent bascula de l'intérieur et s'ouvrit sur Narcissa Malefoy, prostrée sur le perron, sa baguette crispée dans une de ses mains, l'autre tenant son fils contre sa hanche.
- Walburga !
L'exclamation était silencieuse, un murmure presque. La vieille femme eut un sourire froid qui tendit sa peau parcheminée. Elle était belle encore, comme tous les Black, mais à cet instant, Narcissa trouva dans ses yeux une lueur profondément désagréable.
- Narcissa.
Le timbre était neutre, froid, mais cette réticence s'évanouit lorsque son regard se posa sur le petit garçon qui la fixait, intrigué, dans les bras de sa mère.
- C'est le petit Drago ? demanda-t-elle d'un ton plus aimable.
Narcissa, manifestement nerveuse, eut un bref signe de tête. Sa tête se tournait régulièrement à droite et à gauche, surveillant la rue déserte. Le sourire de Walburga s'élargit, un sourire maléfique, à la vue de l'agitation de Mrs. Malefoy.
- Voilà bien longtemps que tu n'étais pas venue voir ta vieille tante, Cissy.
Ladite Cissy ne prit pas le temps de se répandre en obséquiosités.
- Tu as eu le Patronus de Lucius ?
- Oh, oui, bien sûr. C'est donc cela qui t'amène…
Elle s'écarta enfin et Narcissa se rua à l'intérieur, évitant de peu de renverser un hideux porte-parapluie en forme de jambe de troll.
- Kreattur ! appela Walburga.
Un elfe, encore plus affreux que Dobby, son nez sale en forme de groin, la peau distendue, apparut dans l'escalier. Narcissa décida qu'elle haïssait cette maison.
- Oui, maîtresse ? demanda l'elfe en s'inclinant profondément.
- La chambre que je t'ai demandée est prête ? questionna Mrs. Black d'un ton sévère.
- Oui, madame, répondit servilement Kreattur. La chambre du deuxième étage.
- Va donc dire à Dobby d'y déposer les affaires de Mrs. Malefoy et de son fils.
L'elfe acquiesça et se volatilisa avec un bruit sonore.
- Viens donc prendre une tasse de thé avec moi, Narcissa. Il y a longtemps que tu ne m'as plus fait cet honneur.
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Pendant que Narcissa s'enfonçait avec Walburga et Drago dans les profondeurs de la « noble et très ancienne maison des Black », Lucius descendait dans la pièce secrète sous le salon par le passage que la cheminée, lorsque le mur de briques du fond de l'âtre s'était effacé, avait révélé. Sa baguette magique levée devant lui pour éclairer l'étroit escalier qui descendait vers la salle, il comptait lentement les minutes. Il était certain qu'il faudrait moins d'une heure au Ministère pour envoyer des Aurors au Manoir, et une demi-heure s'était déjà écoulée depuis qu'il avait appris la nouvelle à Narcissa. Dans le meilleur des cas, il ne lui restait pas plus de vingt minutes pour mettre son plan à exécution.
Il n'eut pas de mal à la trouver. Sa Pensine, posée sur une haute étagère de bois à côté de nombreuses fioles de divers poisons, plus ou moins violents, jetait dans la pénombre son éclat d'un bleu fantomatique. Mr. Malefoy la saisit et la déposa sur le bureau où il conservait la partie de ses richesses qu'il n'entreposait pas dans sa chambre forte de Gringotts. Puis, sa baguette touchant doucement sa tempe, il s'employa à y déverser tous les souvenirs trop compromettants qui lui vaudraient une expédition pure, simple et définitive à Azkaban ; le jour où il avait annoncé à son père son intention de rejoindre les rangs des Mangemorts, celui où il avait juré fidélité à Lord Voldemort, celui encore où la Marque des Ténèbres avait été gravée dans sa chair. Puis, avec l'efficacité que confère la longue pratique d'arcanes interdits, il fit ce que le Seigneur des Ténèbres des Ténèbres lui avait appris, ce que Tom Elvis Jedusor avait fait subir aux esprits sans défense de Morfin Gaunt et l'elfe Hokey. Il modifia sa propre mémoire, avec infiniment plus de talent qu'en serait capable, des années plus tard, Horace Slughorn. Prenant une profonde inspiration, il choisit alors de regagner le salon. Le passage secret venait à peine de se refermer qu'une alarme stridente signala que le sortilège Anti-Intrusion venait d'être brisé. Jurant, Lucius Malefoy pointa sa baguette dans le vide, et le hurlement s'éteignit. Il passa la porte de l'escalier du grand hall pour entendre une voix dure appeler :
- Mr. Malefoy ! Ministère de la Magie !
La porte s'ouvrit d'elle-même et Lucius vida l'ampoule du Philtre de Confusion qu'il tenait à la main avant de la faire disparaître. Son visage prit un air ahuri tandis que son cerveau semblait ralentir. Trois hommes se tenaient sur le seuil de son manoir, les yeux levés vers lui tandis qu'il tentait péniblement de descendre les marches sans les dégringoler.
- Mr. Malefoy ? demanda à nouveau la voix dure.
Lucius hocha la tête, la secoua pour tenter de redonner au cours de ses pensées un peu de netteté. Fichu sort ! Avait-il vraiment besoin de cela pour faire croire qu'il sortait d'une longue période sous Impérium ? Dans le brouillard de son esprit, il identifia la voix dure comme étant celle de Rufus Scrimgeour,
- Je crois qu'il est embrouillé, dit la voix d'un autre Auror, Savage, lui semblait-il.
- Je l'avais remarqué, répliqua d'un ton sec le directeur du Bureau des Aurors.
Il fit un geste dans les airs, et une fiole se matérialisa sous le regard brouillé de Lucius.
- Buvez, Mr. Malefoy. Une Potion d'Aiguise-Méninges.
Sans opposer le moindre signe de résistance, Lucius but docilement la potion et sentit ses pensées s'éclaircir. Il les considéra ce qu'il espérait être une expression intriguée.
- Vous vous sentez mieux, Mr. Malefoy ? s'enquit sans douceur Scrimgeour.
- Je… oui, hésita Lucius, se passant la main sur le visage comme s'il s'éveillait d'un long sommeil.
- Mr. Malefoy, trancha Scrimgeour d'un ton brusque. Vous êtes accusé d'être membre des tristement célèbres Mangemorts, et de vous être livré, au cours de la dernière décennie, à de nombreuses activités de violence, de meurtres et d'actes anti-moldus. Vous allez faire l'objet d'une enquête. Veuillez nous suivre sans résistance et garder le silence. Vous êtes en état d'arrestation, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.
S'appliquant toujours à garder une expression égarée, Lucius Malefoy eut un froncement de sourcils, mais tendit sa baguette sans un mot.
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- Nous méprises-tu pour être sur le point de renier le Seigneur des Ténèbres ?
La voix de Narcissa était cassante, mais Walburga, trop occupée à regarder d'un air absent Drago jouer avec une peluche, ne répondit pas immédiatement. Enfin, elle s'humecta les lèvres, ouvrit lentement la bouche comme si elle réfléchissait à la façon dont elle allait s'exprimer. Son visage, à nouveau, avait pris une expression dure.
- Irais-tu jusqu'à dire que je mépriserais alors mon propre fils ? susurra-t-elle d'un ton menaçant en fixant Mrs. Malefoy dans les yeux.
Cette dernière frissonna, et écarquilla les yeux, horrifiée.
- Non, non, bien sûr que…
- Quand Regulus a trahi, il a été exécuté, souffla Mrs. Black. Crois-tu vraiment que j'en voudrais à quiconque de renier sa fidélité à celui qui a assassiné mon fils ? Non, Narcissa. Je suis d'accord avec son idéologie, et toi aussi, je le sais bien. Nous savons toutes deux qu'il faut se débarrasser de la vermine des Sang-de-Bourbe et de ces vauriens, ces profiteurs de Moldus. Mais il y a des façons de le faire et… je n'apprécie pas celles de ton maître.
Elle eut un soupir, puis un sourire dépourvu de joie fit jour sur ses lèvres minces.
- Ton mari est intelligent, Narcissa. Tu ne crains rien, chez moi.
Elle suivit le regard que Cissy posait sur son petit garçon.
- Et ton fils non plus.
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- Vous dites qu'il est innocent ?
Millicent Bagnold regardait Rufus Scrimgeour d'un air incrédule. A regret, celui-ci approuva d'un signe de tête.
- Tout tend à le prouver, Mrs. Le Ministre. Nous avons perquisitionné sa maison, et il n'y a pas le moindre indice qui nous mettrait sur la piste d'activités de magie noire, ou de Mangemorts. De plus, comme nous l'autorise la loi, nos meilleurs Legilimens se sont déjà chargés de sonder le cerveau de Mr. Malefoy, et ils sont prêts à affirmer que cet homme a agi contre son gré. Imperium, très certainement. Et peut-être même du chantage. Vous n'ignorez pas que Malefoy et son épouse ont eu leur premier enfant il y a un peu plus d'un an, et que Vous-Savez-Qui est très porté sur l'art de la menace et de la clandestinité.
- Et cette épouse et ce fils, où sont-ils à présent ?
- Malefoy m'a révélé qu'il avait envoyé sa femme et son enfant chez Mrs. Black pour assurer leur protection.
- Avez-vous interrogé Mrs. Malefoy ?
- Non, Madame le Ministre. La législation actuelle ne l'autorise que si nous en avons besoin pour trancher sur une affaire. Le cas de Lucius Malefoy est très clair. Cependant…
- Cependant, Scrimgeour ?
- Si vous me donniez… plus de moyens… L'autorisation d'interroger Mrs. Malefoy, ou d'utiliser du Veritaserum, je suis sûr que nous pourrions découvrir…
- Découvrir quoi ?
- Madame, Malefoy est un Occlumens très doué, très… habile. Il est possible que…
- Le croyez-vous plus doué que l'ensemble de nos Legilimens d'élite ?
- Non, sans doute pas, mais…
- Il suffit, Scrimgeour. Cet homme s'est repenti et il est présumé innocent - bientôt amnistié, si je ne me trompe. D'autres Mangemorts rôdent, Scrimgeour. Vous savez ce qui est arrivé aux Londubat, n'est-ce pas ?
Cette fois, la voix de la Ministre tremblait clairement.
- Oui, Madame, admit Scrimgeour, plus pâle que jamais.
- Plutôt que de vous acharner sur Malefoy, je veux que vous vous employiez à traquer les coupables pour venger cet acte terrible. Alastor Maugrey vous attend pour commencer son enquête.
Scrimgeour hocha la tête.
- Oui, Madame.
- Allez montrer l'ordre de libération de Malefoy à Croupton pour qu'il le signe également, dit Bagnold en apposant une signature rageuse sur le parchemin avant de le tendre à l'Auror.
Scrimgeour le reprit sans un mot et quitta le bureau. Fol Œil l'attendait à côté de la porte. Il avisa l'air sombre de Scrimgeour.
- Elle a refusé de poursuivre contre Malefoy, hein ? dit-il de sa voix rocailleuse.
Son collègue acquiesça.
- Elle veut qu'on laisse tomber les petits malfrats comme Malefoy pour mettre la main sur les tortionnaires des Londubat.
Maugrey grogna.
- L'un dans l'autre, elle n'a pas tort, concéda-t-il avec mauvaise humeur tandis que Scrimgeour montait dans l'ascenseur et enfonçait d'un doigt rageur le bouton de l'étage de la Justice Magique. Malefoy est une canaille, mais c'est un lâche. Maintenant qu'il n'a plus de soutien, il n'est plus dangereux. Les fanatiques comme les Lestrange, en revanche…
Il eut un nouveau grognement qui n'engageait à rien. Scrimgeour ne répondit pas.
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Lucius Malefoy transplana sur le seuil de la maison des Black sitôt après qu'un employé du Ministère lui eut signifié qu'il était libre de quitter la salle d'interrogatoire, où il était détenu en attendant que les Aurors et la Justice Magique statuent sur son sort. La porte s'ouvrit presque immédiatement et la tante de Narcissa, Walburga, eut un sourire rusé.
- Ainsi, tu t'en es tiré, Lucius…
Elle s'écarta pour le laisser entrer. Un bruit de pas précipité retentit dans l'escalier, il entendit une respiration précipitée et Narcissa, ses cheveux blonds encore emmêlés, les yeux creusés de cernes des nuits blanches qu'elle avait passées à calmer Drago et à espérer que son époux lui revienne, surgit dans le couloir.
- Lucius !
- Cissy…
Il l'embrassa avidement, puis prit son fils dans ses bras.
- Drago… Tu m'as manqué.
Il ébouriffa les cheveux blonds de son fils, qui le regarda d'un œil brillant.
- Pa-pa, articula-t-il consciencieusement sous les yeux émerveillés de ses parents.
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Lucius Malefoy déambulait d'un pas nerveux dans son manoir. La nouvelle de l'arrestation de sa belle-sœur Bellatrix, de son mari Rodolphus, de Rabastan et de Bartemius Croupton Junior avait fait la Une de la Gazette du sorcier, mais ce qu'il craignait, ce n'était pas les rumeurs d'être associé à une telle famille, à un tel scandale, mais bien que Bella ou quiconque autre de la bande ne choisisse de coopérer et de vendre des noms en échange d'une remise de peine. Si jamais le nom de Malefoy venait à nouveau se mêler à l'affaire… Mais rien n'arriva, nul membre du Ministère ne revint frapper aux hautes portes du manoir. Lucius Malefoy fut rassuré. Rien, désormais, ne pourrait plus menacer sa femme ni le petit garçon en pyjama de soie vert qui rigolait en voyant sa mère faire apparaître des bulles de savon multicolore au dessus de son berceau.
Sur un sourire à des lieues de sa véritable personnalité, Lucius Malefoy reprenait le masque respectable de l'imminent et généreux aristocrate.