Auteur : Drusilla

Paring : HG/SS, pour de bon cette fois.

Rating : M

Disclaimer : J'emprunte Severus et Hermione, un peu Poudlard et beaucoup de magie. Rowling sera, je suis sûre, partageuse.

Résumé : Les années qui s'écoulent ne changent rien à la douleur. C'est un mensonge d'affirmer que ça ira mieux avec le temps. La douleur ne s'atténue pas. Mais on apprend à vivre avec.


Voilà enfin la suite de Mon Ange, comme promis. L'histoire est déjà finie (mais c'est toujours le cas quand je publie), un chapitre tous les lundi. Je ne réclame jamais de review, car je pense que si vous avez aimé vous me le direz, mais j'avoue que je ne comprends pas, beaucoup de monde me met en alert que ce soit de publication ou juste pour l'histoire, mais je n'ai que peu de review. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à me le faire savoir, c'est réconfortant. Et n'oubliez pas que les critiques constructives sont ce qui permet d'améliorer son écriture.

Bonne lecture à tous


Les ailes de la vie

Chapitre 1 : Joyeuse Saint Valentin

Le vacarme résonnait dans tout l'appartement. Février battait son plein et le froid recouvrait le nord de la planète, n'épargnant pas Londres. Le pauvre hibou porteur du message cognait de toutes ses forces à la fenêtre, espérant chaleur et nourriture. Mais la propriétaire endormie ne semblait pas prête à lui ouvrir. Elle avait simplement rabattue les couvertures au dessus de sa tête en grognant.

Il n'était pas question qu'elle se lève. Elle avait pleuré toute la nuit avant de s'endormir, épuisée. Elle ne voulait pas se lever. Le désespoir la rendait lasse, elle voulait rester sous les draps et disparaître, se faire oublier du temps. Mais voilà, aujourd'hui plus que jamais, elle devait se lever. Parce que c'était la Saint Valentin. Parce que ce foutu hibou n'allait pas cesser de frapper.

Elle avait bien tenté deux ans auparavant, mais l'animal était aussi tête de mule que son propriétaire. Cela faisait cinq ans qu'il s'évertuait à la lever à neuf heure, une journée où elle aurait préféré rester sagement couchée. Faut dire que la seule fois où elle avait été levée, trois ans auparavant, ce fut une catastrophe. Son copain de l'époque n'avait pas supportée de la voir recevoir une carte, ou bien de sourire en la lisant.

Depuis elle avait choisi de rester diaboliquement célibataire pour la saint valentin. Sauf cette année. C'était lui qui avait fait le choix, la plaquant comme une merde la veille. La rabaissant plus bas que terre avant de l'abandonner. Comme les autres. Elle serra les dents tandis qu'une nouvelle vague de larmes l'assaillait. Désespérante. Elle était désespérante. Arrivée à en laisser un hibou dehors.

Le pauvre animal continuait de taper de toutes ses forces au carreau, sachant qu'elle viendrait et que comme chaque année, elle se ferait pardonner en lui offrant du pain et de l'eau. Effectivement, elle finit par sortir la tête, une tête pas belle à voir, les cheveux en bataille et les yeux rouges. Elle se redressa dans le lit, et saisit le peignoir au bout. Il faisait froid, ce qui aggrava sa culpabilité de laisser le volatile dehors.

Elle ouvrit la fenêtre, récupérant la missive – et un coup de bec – au passage. Puis elle se dirigea dans la cuisine avec l'animal derrière elle. Il se posa sur une chaise, regardant d'un air curieux l'enveloppe qu'elle venait de jeter sur la table. L'eau coulant dans la bouilloire lui rappela qu'il avait soif et il hulula pour en informer son hôte. Cette dernière s'empressa de lui remplir un récipient et de lui émietter une tranche de pain.

Pendant que l'eau bouillait et que le hibou se restaurait, elle tendit une main tremblante vers la carte. Depuis 5 ans qu'elle avait quitté Poudlard, il n'avait jamais manqué lui en envoyer une. Chaque année à neuf heures du matin. Elle aimait, malgré ses railleries, savoir qu'il pensait à elle. Elle ouvrit la missive et se délecta de l'écriture fine et régulière, à l'image de l'esprit de son auteur.

Les quelques mots la firent sourire. Pas de grandes déclarations, pas de fleurs ni de chocolats, pas de promesses insensées qu'elle n'aurait pu croire. Juste quelques mots. Assez pour lui rappeler qu'elle n'était pas seule. Qu'il continuait de penser à elle, et même de l'aimer. Il était là. Ai envie de demander ce qu'elle attend lol La bouilloire siffla.

Seulement elle était seule. Une carte par an, jamais une visite ! Elle ne l'avait revu qu'une fois. Le jour de sa maîtrise de potion. Elle ne l'avait pas vu avant d'avoir terminé son exposé clair et précis devant le jury. Mais au moment où, pour la première fois de l'histoire, le jury s'était levé pour applaudir sa prestation, elle avait croisé son regard au fond de la salle. Un regard plein de fierté, plein d'amour, bien différent de celui plein de douleur qu'ils avaient échangé alors qu'elle montait pour la dernière fois de sa vie dans la diligence et qu'il restait sur les marches de Poudlard.

Ils s'étaient fixés en oubliant le monde autour d'eux. Elle venait de réussir, elle était maître de potion, elle était parvenue au bout de ses rêves. Ses notes allaient dépasser largement ceux de Severus Rogue, pourtant le meilleur. Elle savait pourquoi il était là. Ce jour marquait la parfaite réussite de ce sort qu'il lui avait jeté après la bataille finale. Elle vivait. Elle avançait. Elle gagnait. Elle lui avait simplement souri et avait retourné son attention vers le jury. Lorsqu'elle fut libre de quitter l'estrade, il était déjà parti.

Il n'était pas là hier soir quand elle aurait eu besoin de bras pour la réconforter. Il n'était pas là le matin quand elle se demandait pourquoi se lever. Il n'était jamais là que pour la faire espérer. Elle était nerveusement à bout, épuisée par son travail, déprimée par sa rupture. La colère soudain remplaça la joie et elle reposa violement la tasse sur la table, provoquant un cri de surprise de l'oiseau. Il s'envola pour repasser par la fenêtre de sa chambre, et Hermione s'habilla rapidement.

Trop, c'était trop. Il se foutait d'elle, la laissait seule et prétendait être là pour elle. Elle avait besoin de lui, elle avait toujours eu besoin de lui. Il resterait à jamais le seul à la connaître véritablement. A tout savoir d'elle. Surement le seul à pouvoir l'accepter comme elle était, avec ses démons et ses peurs.

Elle sortit de chez elle en claquant la porte, la verrouillant d'un sortilège, elle qui d'ordinaire préférait un coup de clef dans la serrure. Dans la rue, les bruits de la ville aggravèrent son mal de crâne naissant. Maudit soit-il. Elle allait lui faire entendre son point de vue. Elle tourna rapidement dans une ruelle et transplana vers Pré au lard. On était bien heureusement un samedi, sans quoi elle l'aurait pour la prime interrompu en cours.

Elle marcha rapidement jusqu'au château, priant pour ne croiser personne. Les élèves lui jetaient des regards curieux, la plupart ne reconnaissant pas l'amie d'Harry Potter. Elle n'avait pas été décorée comme héroïne de guerre, ça lui allait parfaitement. Qu'ils aillent au diable avec leur manie de récompenser les assassins. Elle se glissa dans les cachots et entra dans son bureau sans même frapper. Elle prit tout de même la peine de fermer la porte, histoire que leur conversation reste privée, si tant est que ce mot ait une signification dans Poudlard.

Il eut l'air profondément surpris de la voir, démarquant de son habituelle attitude blasée. Elle en aurait ri si elle n'avait pas été aussi furieuse. Il remarqua qu'elle avait pleuré, mais ne pipa mot. Pas besoin de trente ans d'espionnage pour savoir qu'en face d'une femme en colère, mieux valait attendre que ça passe.

- Ce n'est pas vrai ! Tu t'arranges pour bien m'idéaliser maintenant que je ne suis pas en face de toi pour te rappeler que ce monde est atroce. Mais tu vas me laisser tomber, comme tu l'as fait il y a cinq ans, parce que t'es un lâche. Un lâche.

Il s'était levé et avait eu bien tort car elle martelait à présent son torse de toutes ses maigres forces. Les forces d'une femme qui n'a pas dormi, qui a trop pleuré et pas assez mangé. Les forces d'une femme en colère contre l'indifférence de la seule personne à la comprendre.

Il aurait bien voulu se défendre. Lui dire que c'était faux, qu'il voulait simplement la laisser vivre, mais il aurait menti. Oui il était lâche. Oui il vivait la peur au ventre. Il ne voulait pas être celui qui la détruirait complètement. Jusqu'à présent, sa vie seule dépendait de sa réussite, aujourd'hui c'était celle de cette femme qu'il aimait qui était entre ses mains.

Et il ne pouvait pas. Il pouvait la calmer, attraper ses mains, la serrer fort contre lui, la laisser pleurer contre sa poitrine. Avec un petit effort, il pouvait même lui murmurer des mots sans queue ni tête, juste pour la calmer, juste pour la voir sourire comme maintenant. Il pouvait faire ça. Mais pas la détruire. Non.

Lâche. Bien trop lâche. Et par lâcheté, il dut ouvrir les bras et la laisser partir. Elle ne se retourna pas, il lui en fut reconnaissant. Il n'était pas sûr sinon de pouvoir la laisser repartir. Lâche et amoureux. Il n'était qu'un homme.


Voilà, j'espère que vous avez appréciés ce premier chapitre. Je publierai tous les lundi un chapitre.

Bisous

Drusilla