Titre : Juste une question de survie…

Pairing : HP/DM

Rating : M

Résumé : Après la dernière bataille et sa victoire contre le mage Harry a disparu corps et bien. Quatre ans plus tard sa meilleure amie demande à un enquêteur hors pair de retrouver sa trace…

Note de l'auteur : Une fic HPDM (qui a dit encore ?^^) qui se passe après la guerre, il y aura environ une dizaine de chapitres, j'en posterai un par mois (sans faute ^^ en alternance avec Is Written…) .

Merci à ma béta et amie Mie qui corrige mes textes avec soin…grosses bizzz à toi.

Avertissement : Cette fic parle d'amour entre messieurs...vous êtes prévenus^^ ...


1 er chapitre : Mon pire cauchemar ...

PROLOGUE

Il fallait qu'il parte.

La tension qui l'habitait aurait dû diminuer après sa victoire contre le monstre pourtant elle était à son comble.

Il n'en pouvait plus, l'impression d'avoir son cœur enserré dans un étau ne le quittait pas, sa tête était prête à exploser.

Il ne voulait plus les voir… aucun d'entre eux… son boulot était terminé, qu'ils continuent si le cœur leur en disait, lui, il fallait qu'il fuie tout ça, cette merde qui le suivait, l'emprisonnait, lui dictait sa conduite depuis ses onze ans.

Il allait vomir s'il restait une minute de plus, la seule chose qu'il ressentait, c'était cette nausée persistante qui prenait vie au cœur de ses entrailles, qui grossissait jusqu'à l'étouffer.

Il allait vomir…

QUATRE ANS PLUS TARD

« Granger ? »

Une tête blonde et pâle passe par l'entrebâillement de la porte, deux billes d'acier fixent la jeune femme assise à son bureau.

POV DRACO

« Entre Draco ! »

J'entre dans une pièce remarquablement ordonnée, le bureau de Granger ne pourrait être autrement.

Je demande abruptement.

« Quelle affaire est si urgente que tu ne pouvais m'en informer par parchemin interposé ? »

Elle me regarde d'un air ennuyé, je sais que je pourrais être un peu plus aimable et moins direct mais nous fonctionnons comme ça tous les deux, je l'agresse gentiment et elle me répond du tac au tac. Hermione n'est pas une femme qui se laisse démonter facilement, elle ne bat pas des cils lorsque que je suis en face d'elle, elle ne me regarde pas comme si j'étais un demi-dieu, attitude qu'adoptent la plupart des femmes me concernant. Pourtant elle me respecte et c'est réciproque, c'est la fille la plus intelligente que je connaisse et nous avons appris à devenir amis.

« C'est à propos d'Harry. »

J'aurais dû m'en douter quand elle a cet air inquiet et tourmenté, il est forcément question de ce Cher Harry.

Elle marche de long en large et je prévois qu'il ne découlera rien de bon de cette nervosité qu'elle n'essaie même pas de me cacher.

« Viens-en au fait maintenant ! »

Elle se tourne vers moi, les yeux pleins de larmes, je déglutis péniblement, s'il y a bien une situation où je ne sais quelle attitude adopter c'est devant une femme qui pleure. Qui plus est, pas n'importe quelle femme, Hermione Granger, un roc, une féministe convaincue, pas une midinette qui s'épanche avec facilité. Ça me trouble bien plus que je ne veux me l'avouer.

Elle tortille un peu, un mouchoir entre ses mains puis s'effondre en larme en me fixant avec l'air d'un chaton qui aurait perdu sa mère.

« Je vais me marier dans quatre mois Draco… »

Reniflement intempestif, larmes qui inondent son joli minois, qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça ?

J'essaie de ne pas trop m'approcher, je suis incapable de consoler quelqu'un dans cet état répugnant.

Je demande maladroitement.

« Tu as retrouvé la raison et tu penses que tu fais une Enorme Erreur ? »

« Idiot ! »

Elle me foudroie de son regard mouillé et je la retrouve un peu mais j'aimerais vraiment qu'elle arrête de se répandre de la sorte, ce n'est pas digne d'elle.

« Non ce n'est pas ça… »

Elle essuie son nez d'une manière fort peu élégante et murmure :

« J'aimerais juste qu'il soit là... Tu comprends, il a toujours fait partie de nos vies, c'est un peu notre frère d'adoption, Ron et moi on ne sera pas pleinement heureux ce jour-là si Harry n'est pas à nos côtés. »

Et revoilà la complainte du survivant disparu, du mort-vivant je devrais dire…

Celle-là, j'espérais ne plus l'entendre.

Ce crétin a toujours adoré faire parler de lui et comment focaliser toutes les attentions sur sa digne personne une fois qu'il a réussi à vaincre ce cher Tom ? Et bien, je vous le donne en mille, il a disparu tout bonnement ! Laissant tout un essaim de groupies en délire se ronger les sangs en pensant qu'il lui était peut-être arrivé quelque chose de grave. Ce type est un pervers, il savait pertinemment que tout le monde se précipiterait à sa recherche, mais il n'a bien évidemment laissé aucun indice, rien, nada, même pas une petite lettre expliquant qu'il allait couler des jours heureux sous d'autres cieux.

Ce qu'il a fait, j'en suis certain.

Après deux ans de recherches minutieuses, l'affaire a été classée par le ministère et Potter déclaré officiellement mort, même si son corps n'a jamais été retrouvé. Une cérémonie ridicule a été célébrée, un hommage posthume bidon pour un garçon qui doit siroter des cocktails sur une petite île paradisiaque en se foutant bien de ce que nous devenons tous.

Et moi, en ce petit matin pluvieux, je suis dans le bureau de sa chère Hermione qui sanglote sur son amitié perdue et va sûrement me demander un service que je suppute ne pas vouloir lui rendre.

Je me lève un peu énervé. Je fais face au visage rougi et humide et grogne :

« Qu'est-ce que tu veux de moi exactement Hermione ? »

« Retrouve-le Draco ! Il n'y a que toi qui puisses nous le ramener. »

« Hein ? Tu entends ce que tu dis ? Le ministère a mis ses meilleurs limiers sur l'affaire et Potter est resté introuvable, comment veux-tu que moi je mette la main sur lui ? Si tant est que j'en ai le désir. » J'ajoute pour lui monter ma volonté de ne pas me mêler de cette affaire qui ne me regarde pas.

Nouveau reniflement, mouchoir trempé qui n'absorbe plus rien, larmes dégoulinant sur ses joues, je ne savais pas qu'elle pouvait contenir autant d'humidité.

« Je sais cela, mais il n'ont jamais engagé le meilleur... et le meilleur c'est toi. »

Ben tiens, la flatterie maintenant, elle me prend vraiment pour un idiot si elle croit que je vais mordre à l'hameçon.

J'essaie de reprendre mon calme.

« Ecoute Hermione je t'aime bien, mais je ne tiens pas du tout à retrouver Potter, il a été déclaré officiellement mort et même si je n'en crois rien, nous allons nous contenter de cette explication ok ? »

« NON ! »

Ses yeux me lancent des éclairs et ils n'ont plus l'air de vouloir se répandre, tant mieux, c'est encore en colère que je la comprends le mieux.

« Harry est vivant quelque part, je le sais, je le sens et je voudrais le revoir, comprendre pourquoi il nous a tous quittés de cette façon sans aucune explication, je veux pouvoir lui pardonner, ne plus lui en vouloir, ne plus m'inquiéter pour lui chaque jour que Merlin fait et ensuite il fera ce qu'il voudra. »

Sa détermination m'impressionne, je savais qu'elle souffrait de son absence mais je croyais qu'avec le temps elle n'y pensait plus autant.

Pourtant je ne peux l'aider en rien, elle n'a pas frappé à la bonne porte.

« Pourquoi as-tu pensé à moi Hermione? Il y a des tas d'autres enquêteurs tout aussi efficaces que mon illustre personne. »

Elle me lance un regard énigmatique et me répond :

« Parce qu'il n'y a que toi qui le déteste suffisamment pour pouvoir le retrouver. »

J'ouvre des yeux ronds, son raisonnement m'échappe et je ne comprends pas en quoi ma haine pour Potter va m'aider dans mon enquête.

« Je ne… ? »

« Alors tu acceptes ? Je te paierai Draco, je veux juste que tu me le ramènes ! » Demande-t-elle fébrilement.

Cette fille est décidément complètement folle.

« Non je n'accepte pas ! Et pour ta gouverne, je ne déteste pas suffisamment Potter pour avoir envie qu'il ramène ses fesses par ici, si son choix est de ne plus vivre dans ce monde de dingues, et pour le coup je ne l'en blâme pas, respecte-le ! Et toi vis ta vie sans plus penser à lui, c'est le meilleur conseil que je puisse te donner ! »

J'ai un désagréable pressentiment au creux de l'estomac et je veux sortir d'ici, vite !

« Drac... »

« Hermione, ma décision est prise, je ne me mettrai pas à sa recherche et je te rends un fier service, tu vas économiser ton argent et moi mon temps qui est beaucoup trop précieux pour que je le perde dans une cause perdue d'avance. »

Je m'avance vers la porte sans plus croiser son regard que je sens peser dans mon dos et j'ajoute plus doucement :

« Oublie-le, fais ton deuil, il n'en vaut vraiment pas le coup de toute façon. »

Fais comme moi, ne cherche pas à comprendre Hermione.

Sans croiser son regard et dans un silence pesant je quitte le petit bureau, le cœur lourd parce que je sais que je la laisse malheureuse et déçue.

oOoOoOoOoOoOoOo

Flûte et flûte et re flûte...

Six heures que je potasse ces fichues paperasses sans rien y trouver de concret et je commence à avoir un mal de crâne carabiné.

Je suis pathétique !

Après avoir quitté le bureau d'Hermione, je me sentais nerveux et je culpabilisais parce que j'étais tout de même ébranlé par sa demande.

Tout un tas d'images dérangeantes renaissaient de ma mémoire et envahissaient ma tête comme une litanie sans fin. Je suis allé boire un café aux trois balais en ruminant contre elle. Et, par je ne sais quel cheminement tortueux de mon esprit, je me suis dit que ça ne m'engageait pas beaucoup d'aller jeter un coup d'œil sur le dossier de Potter. Je suis donc allé chercher les quinze kilos de chemises annotées H. P. dans les archives du Ministère et j'ai tout ramené dans mon loft qui croule maintenant sous des centaines de feuilles étalées un peu partout, par terre, sur les tables, le lit et même sur mon lavabo, je me hais d'être aussi soumis lorsque cette fille me demande quelque chose.

« Je peux entrer ? Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? »

Deux yeux dorés me fixent avec circonspection. Mon meilleur ami fronce le nez d'un air dégoûté en apercevant la paperasse envahissant mon appartement ordinairement si bien rangé.

« Entre Blaise ! Je suis ravi que tu viennes me donner un coup de main. »

« Un coup de main ? Tu m'as invité à dîner ! C'est seulement pour ça que je suis venu ! »

J'éclate de rire.

« J'ai commandé deux pizzas, celles que tu préfères, anchois et poivrons, pour me remercier tu me dois bien deux des précieuses heures que tu n'emploies qu'à mater les beaux gosses de notre bar préféré. »

Profond et théâtral soupir de mon copain.

« Tu me fais ch... »

« Chttt...Pas de grossièretés que tu vas regretter dans moins d'une minute, c'est indigne de toi... »

Il hausse les épaules en grognant, il sait qu'il a perdu d'avance parce qu'il ne peut rien me refuser.

« Eh... M... »

« Oui je t'aime aussi Blaise... Maintenant viens que je t'explique ce que je recherche... »

Il saisit un dossier qui traîne sur mon canapé, en lit l'intitulé et relève vers moi un regard chargé d'incompréhension.

« C'est quoi ton problème Dray ? Pourquoi as-tu ramené chez toi tout ce qui concerne l'enquête faite sur Potter ? »

« La belette et Hermione vont bientôt se marier. »

Il hausse un sourcil interrogatif.

« Et ? »

« Et ils aimeraient que ce crétin de Potter soit de la fête... »

Son front se plisse d'inquiétude.

« Et ? »

Je sens qu'il va m'engueuler mais je me lance quand même.

« Et elle m'a demandé de le retrouver... »

« ET TU AS ACCEPTE ? NON MAIS JE REVE ! »

Il arpente mon salon en se massant les tempes comme si le ciel allait lui tomber sur la tête. Il est parfois très mélodramatique et puéril dans ses réactions...

« NON ! » Je hurle. « Calme-toi à la fin ! »

« Non quoi ? » Demande-t-il

« Non je n'ai pas accepté, je lui ai même conseillé de faire son deuil, je lui ai dit que le mieux était de l'oublier... Mais... »

« MAIS ? »

« Depuis je n'arrête pas d'y penser et je suis allé emprunter le dossier au Ministère pour l'étudier une fois de plus, peut-être qu'un indice est passé à la trappe, que quelque chose leur a échappé. »

Blaise stoppe brusquement devant moi, il se penche vers mon visage, je recule un peu devant son regard grave. Il m'empoigne par les épaules et me pose la question pour laquelle je n'ai aucune réponse satisfaisante.

« Pourquoi fais-tu ça Draco ? »

Je me dégage aussi gentiment que possible. Je m'éloigne et murmure :

« Peut-être parce que je la comprends, si toi tu avais disparu de cette façon je ne m'en serais jamais remis, je me poserais tout le temps la question : Est-il mort ou vivant ? Pourquoi est-il parti ? Que devient-il ? C'est son meilleur ami Blaise, elle ne peut pas l'oublier et je réagirais exactement comme elle ! »

Je sens deux bras qui m'enlacent alors que je fixe les toits de la ville qui s'étalent derrière ma baie vitrée. Un baiser furtif sur ma tempe et dans mon oreille un simple chuchotement :

« Je serais toujours là pour toi Dray, tu n'as rien à craindre, je suis ton meilleur ami et surtout je suis beaucoup moins con que Potter, je saurais ce que je perds en partant. »

Je me libère de son étreinte, me retourne et plonge au fond de ses yeux.

« Tu vas m'aider ? »

Gémissement désespéré et borborygme incompréhensible.

« Je prends ça pour un oui mon chéri ! » Dis-je ironique.

« Viens j'ai encore dix huit dossiers à compulser autant te dire que nous en avons pour le reste de la nuit. »

Il empoigne une pile de papiers et s'affale lourdement sur mon tapis Italien en soupirant et me foudroyant du regard.

« Par où je commence ? »

« Tu essaies de trier les infos le concernant par thèmes, les lieux qui ont été visités par les enquêteurs après sa disparition, les personnes qui ont été interrogées, on verra peut-être ressortir un point commun de tout ce fatras. »

Vers le milieu de la nuit, après avoir avalé dix cafés, mangé deux pizzas, cinq paquets de biscuits au chocolat (Les préférés de Blaise, j'avais tout prévu...) nous commençons à avoir le moral qui baisse...

Je m'énerve facilement quand quelque chose ou quelqu'un me résiste, là c'était encore Potter qui me mettait les nerfs à vif, enfin pas vraiment lui, mais cette enquête le concernant et qui avait été menée en dépit du bon sens.

Tous les documents sont en vrac et il nous est impossible de nous y retrouver dans tout ce bordel. Je commence à désespérer quand Blaise se tourne vers moi l'air intrigué et me demande :

« Pourquoi le Ministère n'a pas pu repérer Potter magiquement ? Nous les sorciers avons tous une traçabilité non ? »

Je me frappe le front du plat de la main, comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ?

« Bien vu Blaise, effectivement Potter aurait dû trahir sa présence, où qu'il soit, au moindre acte de magie qu'il commettait, pourquoi personne n'y fait allusion dans ces dossiers ? »

« Si ! Quelqu'un y fait allusion, pas grand-chose trois lignes tout au plus... »

Il me tend une feuille de papier légèrement froissée sortie du dossier qu'il est en train de compulser.

Je la parcoure brièvement des yeux.

- Nul acte magique provenant du dénommé Potter n'a été perpétré depuis sa disparition. Aucune trace originelle de sort n'a pu être détectée, tant résultant de sa baguette que de sa magie corporelle.

« Ça veut donc dire que Potter n'a lancé aucun sort depuis qu'il s'est évaporé. »

« Oui ! Quatre ans sans avoir recours à la magie pour un sorcier, tu crois que c'est possible ? » Me demande Blaise l'air stupéfait.

Je hausse les épaules en signe d'ignorance.

« C'est Potter ! Je n'ai jamais réussi à comprendre ce type pendant les sept ans où je l'ai côtoyé à Poudlard alors maintenant qu'il a disparu, ne me demande pas de jouer les devins ! »

« En même temps, il a vécu chez des moldus pendant onze ans, ça peut éventuellement expliquer le fait d'arriver à vivre comme eux. »

Continue Blaise en suivant le cheminement de sa pensée.

« Ou alors... »

Je le regarde avec attention, attendant la fin de la phrase qui ne vient pas.

« Ou alors quoi ? »

Il me fixe un peu gêné et murmure :

« Ou alors il est mort… »

Je me prends la violence de cette conclusion comme un coup de poing dans la figure.

« Non ! »

Blaise fronce les sourcils.

« Pourquoi ? Ça expliquerait qu'il n'ait jamais été repéré, de plus les autorités l'ont officiellement déclaré mort alors c'est une possibilité à ne pas négliger. »

« Non il n'est pas mort ! » Je ne sais pas comment formuler cette intuition qui ne me quitte pas.

« Je le sens Blaise... »

« Quoi ? »

« C'est difficile à expliquer mais j'ai toujours ressenti Potter comme une sorte de poids que j'aurais sur l'estomac, et j'ai toujours cette impression pesante quand je pense à lui alors je crois que s'il était mort je le saurais, le poids ne serait plus là... Cet imbécile vit quelque part dans ce monde et je vais découvrir où Blaise ! »

« Je croyais que tu avais dit non à Hermione ? Tes raisons m'échappent quand même un peu Dray, je veux bien adhérer à ton beau discours sur l'amitié et tout le saint-frusquin, mais on se connaît depuis que nous sommes gamins et tu ne me feras pas croire que tu n'as aucun intérêt personnel à retrouver Potter. »

Je me relève un peu énervé d'être si limpide. Blaise me connaît trop bien, évidemment je veux aider Hermione mais ce n'est pas la raison première, il a raison.

Il est planté sur ma moquette, me fixant de son regard insupportablement goguenard et interrogatif.

Je hausse les épaules d'un air dédaigneux, il éclate de rire.

« Alors tu me la dis ta raison, la vraie, celle que tu caches sous tes propos pompeux ? »

« ... »

« Ecoute Dray si tu veux vraiment que je continue à t'aider tu me donnes une explication plausible sinon je rentre chez moi me vautrer dans le lit moelleux qui me tend les bras. »

Il est vraiment chiant à toujours vouloir disséquer le pourquoi et le comment de mes actes, il me pousse immanquablement dans mes retranchements et même si je l'adore il me gonfle souvent.

Je ne sais pas vraiment ce que je dois lui dire sans encourir ses foudres ou bien pire ses sarcasmes.

« D'une certaine façon, il me manque. »

« HEIN ? » Hoquette-t-il de surprise.

Il me fixe, bouche ouverte, brusquement muet.

Je lui ai cloué le bec au beau métis.

Je ricane doucement.

« Incroyable non ? Ce n'est pas ce que tu crois Blaise, ce qui me manque est difficilement définissable, nos engueulades sans doute, notre rivalité, la haine que je ne nourrissais que pour lui, nos petites tortures quotidiennes, enfin tu vois tout ces petits riens le concernant qui ont alimenté notre relation pendant si longtemps. J'ai l'impression de n'être plus tout à fait complet...En fait, j'aimerais peut-être moi aussi faire mon deuil de ces drôles de rapports que nous entretenions... et le savoir dans un ailleurs d'où je serais exclu m'y aiderait je crois... »

Blaise hoche la tête, satisfait de mon explication et il me fait un de ses sourires dont il a le secret. Un sourire qui dit 'ne t'inquiètes pas je suis là pour t'aider' un sourire qui me fait me sentir un peu moins seul.

POV HARRY

« HAAARYYYY ! »

Flûte ! Je me suis dépêché, mais cette fille est plus collante qu'un niffleur avec une pièce d'or. Je ne me retourne pas et allonge le pas mais elle me rattrape et trottine à côté de moi en essayant de suivre mon rythme.

« Kimberley qu'est-ce que tu veux ? » Dis-je sans la regarder.

Je sens qu'elle me sourit d'un air extatique comme chaque fois qu'elle essaie d'obtenir de moi un rendez vous ou une faveur quelconque.

« Pourquoi tu te sauves à la fin de chaque cours ? J'ai l'impression que tu me fuis Harry ! »

Bien vu ! Pas aussi stupide que je l'aurais pensé au prime abord.

« Veux-tu que nous allions boire un café ? Il fait un peu frais aujourd'hui et... »

Quand même un peu bornée...

« NON ! »

Je me suis arrêté brusquement et j'affiche cette fois un air franchement contrarié.

« JE NE BOIS PAS DE CAFE ! JE NE PARLE PAS APRES LES COURS ! JE SUIS UN OURS QUI N'AIME PAS LA COMPAGNIE ! »

Sur ces paroles assassines, je repars en direction de mon appartement sans me retourner, en espérant qu'elle ne me suivra pas jusque là, ça m'embêterait un peu d'avoir à la tuer.

Mais visiblement, je marche seul et soulagé je regagne mes pénates avant qu'elle ne se décide à découvrir enfin l'immeuble miteux où j'habite.

New-York.

C'est ici que j'ai atterri après... les événements.

Rien de mieux qu'une grande métropole pour devenir invisible. Depuis quatre longues années, je me suis perdu dans cette fourmillante citée qui m'a avalée et digérée comme un peu plus de huit millions d'autres personnes avant moi.

Un insecte parmi les insectes.

Vivant.

Ce jour où tout s'est terminé enfin, j'ai senti que j'étais allé au-delà de ce que je pouvais leur donner. L'homme qu'ils redoutaient tous était mort, beaucoup de nos amis l'étaient aussi, et j'eus brusquement une immense nausée de ce que j'avais commis avec l'assentiment des miens

Un jouet, je n'avais jamais été que cela. Pas moi... Jamais...

Juste une marionnette dont on avait tiré les ficelles pendant des années pour enfin en couper les fils.

Un pantin désarticulé.

Pour tous.

Pour mes parents qui ont eu l'inconscience de faire un enfant dans le monde de terreur où ils vivaient, quel acte imbécile que celui de donner la vie quand on n'est même pas certain de voir le prochain jour se lever.

Pour ma tante et mon oncle qui m'ont maltraité pendant mes dix premières années assouvissant par là leurs bas instincts pervers et leur indécence à ne pas tolérer un enfant qui leur était différent par bien des aspects.

Pour Dumbledore qui, plus que les autres, s'est joué de moi en me cachant les événements les plus importants de ma vie, ne m'en distillant avec parcimonie que d'infimes miettes lorsque mes questions devenaient trop pressantes et surtout en m'abandonnant au moment où j'avais le plus besoin de son affection et de sa présence.

Et puis tous les autres, mes amis les plus proches, les sorciers de notre monde qui m'ont déifié en espérant que j'allais les sauver.

Je l'ai fait.

Et je me suis consumé et perdu.

La nausée, c'est tout ce qui me restait une fois que tout ce cirque a été terminé.

Je regardais autour de moi, je ne distinguais que des pleurs, du désespoir, des hurlements de joie, un immense brouhaha d'où je voulais m'extirper. La panique m'a envahi jusqu'à l'explosion. Brusquement, leur vue à tous me dérangeait, je n'étais plus à ma place, c'était juste une question de survie. Je ne voulais pas qu'ils m'enlacent, qu'ils me congratulent, qu'ils me plaignent, qu'ils pleurent sur ce qu'ils avaient perdu, sur ce qu'ils avaient retrouvé.

Surtout pas qu'ils me remercient.

J'avais besoin d'air, de fraîcheur, de silence et d'obscurité.

Je suis parti.

Sans remord, sans regret, sans me retourner.

Ma cape m'y a aidé, je me suis éclipsé alors que mes deux meilleurs amis voulaient que l'on se retrouve tous les trois dans je ne sais quel endroit du château. Même eux je ne désirais plus les voir, je ne pouvais plus supporter le moindre contact, je désirais juste fuir cette odeur de mort et de sang même si je n'avais encore aucune idée de ce que cela impliquait.

J'ai couru sans m'arrêter jusqu'à la lisière de la forêt interdite où j'ai vomi ma vie dans l'herbe humide en sanglotant.

L'homme perçoit derrière sa lourde porte les pas légers du garçon, nul besoin de les entendre, il sait que c'est lui et il sait que le moment est arrivé.

Il soupire de lassitude, il aimerait que tout ça soit enfin oublié, classé, que cela fasse partie d'une autre existence. Que sa vie ne soit plus entachée par tous ces gens qui l'ont pris en otage, lui ont fait partager leurs problèmes et l'ont entraîné bien malgré lui dans ce jeu de massacre d'où personne n'est sorti indemne, surtout pas ces deux là.

Il sait qu'il va ouvrir la porte sans frapper comme à son habitude, il est la seule personne dont il tolère cela.

Il plonge le nez dans ses parchemins pour que le jeune homme ne perçoive pas son trouble.

POV DRACO

J'entre sans frapper, je suis toujours surpris d'avoir ce privilège.

« Séverus ? Je pourrais te parler ? »

« Entre ! »

Il paraphe un document puis ajoute :

« ...Mais dépêche-toi j'ai peu de temps à t'accorder. »

Il n'a même pas levé la tête des paperasses qu'il est train de compulser. Toujours accueillant mon parrain.

Je prends la liberté de m'asseoir dans le fauteuil qui lui fait face sans qu'il m'y invite.

Il griffonne nerveusement des notes sur un parchemin à présent et je n'ose le distraire de son travail. Il lève enfin la tête lentement. Ses pupilles d'ébène me transpercent alors j'essaie de fermer mon esprit pour qu'il n'y fasse aucune intrusion intempestive.

Il le sent et me fait un nano sourire, ce qui, de sa part, est déjà un exploit en soi.

« Que désires-tu Draco ? À voir ton état de nervosité je suppose que c'est important, vas-y je t'écoute. »

Pas de mensonge ni de faux semblant, Séverus va toujours droit au but.

« Voilà, j'ai commencé à compulser le dossier de Potter au Ministère... »

Je le fixe attendant une réaction mais son visage de marbre ne cille pas.

« Granger m'a demandé de le retrouver, elle aimerait qu'il soit présent à leurs côtés lors de leur mariage à elle et à Weasley, j'ai refusé de prime abord mais l'affaire me perturbe, j'aimerais comprendre comment un sorcier aussi puissant que Potter a pu disparaître sans laisser aucune trace, sans que personne même au bout de quatre ans n'ai aucune nouvelle. Dans son dossier, il y a des kilos de papier sans aucun intérêt, avec Blaise nous avons passé deux nuits à trier et relire toutes les notes qui s'y trouvent mais rien n'est ressorti de notre recherche pourtant minutieuse. »

Il me regarde avec dédain

« Ta réponse est dans ta question. »

« Pardon ? »

Il fronce un peu les sourcils comme si j'étais particulièrement obtus.

« Comme tu viens de le souligner, Potter est un sorcier particulièrement puissant, il avait donc tous les atouts en main pour se rendre invisible et je pense que c'est ce qu'il a fait. »

« Comment et pourquoi ? »

Une ombre fugace passe sur son visage, il se rembrunit.

« Ce n'est pas mon problème ni le tien, laisse Potter où il se trouve et vis ta vie. »

Son regard se penche sur le parchemin abandonné et il reprend son occupation là où il l'avait laissée.

Leur immobilisme à tous m'énerve plus que je ne saurais l'expliquer mais le sien est encore plus douloureux, il me fait sortir de mes gonds. Je souffle doucement pour ne pas exploser et réitère ma question.

« Comment et Pourquoi ? Séverus j'ai besoin de toi ! »

Il me lance un regard peu amène cette fois, il a senti la colère que j'essaie en vain de masquer. Je ne veux pas m'énerver mais j'ai cette impression désagréable depuis une semaine que ce dossier me résiste envers et contre tout. Cette situation m'humilie.

« Aide-moi... » Je déteste le ton plaintif de ma voix et j'essaie de le contrebalancer par un regard que j'aimerais incisif.

Je vois l'ombre fugace d'un sourire sur ses lèvres et ça m'angoisse un peu. Pourtant lorsque il reprend la parole, c'est sans émotion aucune.

« Je t'aiderais à une condition Draco. »

« Laquelle ? »

« Expliques-moi pourquoi tu tiens tant à retrouver Potter. »

Je me sens blêmir parce qu'à lui je ne pourrais pas raconter d'histoire. Il opine posément du chef pour appuyer ma pensée.

« En effet, tu ne pourras pas me tromper alors respecte mon intelligence et n'invente pas de raison bidon. »

Il me regarde, un rictus sardonique s'étalant sur ses lèvres fines. Il ne sera dupe de rien. Il me connaît mieux que quiconque et si Blaise a compris la partie émergée de mes motivations, lui, en comprendra le sens caché, et mon impatience ne fera que confirmer ce dont il se doute.

Je le fixe et tentant d'infiltrer son regard de braise, je me dénude et lui offre ma vérité sur un plateau. Son esprit puissant se saisit de ma vulnérabilité consentie. Il l'explore, la fouille, l'absorbe comme une simple goulée d'air, je me crispe et me cambre, j'ai la désagréable impression de me désagréger sur ce fauteuil, par le biais intrusif de ce regard perçant qui me prend, me pénètre et me vide de ma substance.

Une secousse douloureuse et je suis de nouveau seul.

Il fronce désagréablement son nez et murmure adouci :

« Je t'aiderai ! »

Je soupire de soulagement, mon secret sera mieux gardé qu'au fond d'un tombeau.

J'ai confiance en lui.

OoOoOoOoOoOoOoO

Merci d'avoir lu jusque là…