Blabla du 20/10/2010 : Oui, insultez-moi, frappez-moi, je suis impardonnable. Presque deux mois pour pondre un seul chapitre. C'est terrible, et j'en culpabilise toute seule, mais que voulez-vous, je suis davantage la victime du syndrome de la page blanche, que le tyran de mes lecteurs... En bref, je n'ai peut-être pas posté sur feufeunet pendant ce long délai, mais je n'ai pas été oisive non plus : je travaillais sur un projet de roman en dehors de ce site. En tous cas, sachez que je vous remercie tous pour vos reviews d'encouragement, et qu'à chacune que je lisais, je me sentais à la fois fière de mériter une review pareille, et misérable de ne justement pas la mériter à cause de mon retard...! Mais voila, je suis là, je pense à vous et les chroniques de Minerva continuent à faire partie de moi... Je ne vous promets pas un rythme de parution effréné, mais je vais tenter de ne plus exagérer comme ça ! Quant aux Chroniques de Maeva, elles sont bien vides ces temps-ci... oh il y a bien eu un petit Londonien pendant un court séjour dans les alpes, mais rien qui ne m'ait vraiment marquée. R.A.S comme ont dit !

Et sinon, Réponse aux Reviews (j'espère que je n'ai oublié de répondre à personne, si c'est le cas, dites le moi et je me taperai sur les doigts !)

Shinakun : comme souvent, tu me fais une petite remarque sur un ton anodin, et en même temps tu mets le doigt sur un point crucial ! Bien joué, mais je ne te révèlerai rien pour l'instant ! Mais il me semble que tu as déjà la puce à l'oreille ! Merci pôur ta review, c'était un plaisir de la lire !

Natsuki : Contente que le chapitre précédent t'ai plu ! J'attendais avec impatience de pouvoir faire un chapitre sur l'auberge, et je pense sérieusement qu'il y en aura d'autres. Après, je suis surprise que tu sois surprise (tu me suis là, ou...?) qu'artémis se fiance avec Hadrien ! Mais tant mieux, c'est que c'était pas trop flag ! Et effectivement, on se doute que Minerva échappera à son mariage vu qu'elle continue à s'appeler McGonagall !

Realgya : Je connais aussi les longues reviews écrites avec passion et patience (si ces deux termes sont capables de s'associer !) qui à cause d'une mauvaise manip disparaissent tout d'un coup... L'horreur, et tout de suite après, la flemme de penser à tout ce qu'y a à retaper ! Du coup je te remercie pour cette deuxième version de ta review ! Concernant mon rythme de parution, disons qu'il est malheureusement irrégulier. Il est au rythme de mon inspiration, et de mes disponibilités. Mais il me faut en général un an pour un tome (c'est horriblement long, je sais !) Pour Madddey, disons qu'il est plutot du genre perso tertiaire. Je le voyais très important quand j'ai commencé mes chroniques, mais peu à peu, je me suis rendue compte qu'il comptait moins que bien d'autres persos, et de fait je l'ai un peu délaissé. Et Virgile, tu n'as pas tort de penser qu'il est promis à un "sort particulier" pour ne pas te citer ! Ensuite, je te remercie mille fois pour tes compliments, que je ne m'imagine pas mériter, mais qui me font sourire de plaisir toute seule... Et merci de lire ma fic, et d'avoir pris le temps de me laisser une review !


TRIPLE BARRIQUE

Je l'ignorais encore, mais les deux semaines que je passais dans la demeure McGonagall allaient être les dernières. Les dernières chez ma mère, je veux dire. Nos relations ne s'étaient pas améliorées : je ne lui adressais officiellement plus la parole, et elle considérait mon silence avec une indifférence révoltante.

– Tu es stupide, me disait Firmin avec mauvaise humeur, elle t'aime et prend soin de toi. Tu la remercie plutôt mal de se soucier de ta sécurité.

Mais je lui répondais invariablement :

– Elle se débarrasse de moi avec ce mariage arrangé.

Un jour sans prévenir, Firmin avait vissé son regard glacé dans le mien, et articulé :

– Pauvre idiote. Incapable de comprendre que ces fiançailles te mettent à l'abri de dangers que tu ne peux même pas soupçonner.

– Tu es fou, Firmin, avais-je répondu, aussi froide que lui.

Et il m'avait lancé un regard sombre avant de conclure :

– Sans doute.

Il n'y avait plus la moindre trace de colère dans son ton. Juste de l'amertume.

Peu après, le jour de la rentrée arriva, et un beau matin je fus enfin sur le quai de la gare de King's Kross. Les derniers mots que j'adressai à ma mère furent :

– Je ne remettrai plus les pieds à la maison.

Elle s'affaissa. Je n'avais jusqu'alors pas remarqué à quel point elle se tenait voûtée, bien plus qu'à l'ordinaire. Elle semblait porter le poids de ma colère sur ses épaules. Sa main ridée s'approcha de mon bras dans un geste de réconciliation, mais je me dérobai sans un mot. Le regard las qu'elle m'adressa fut comme un hochement de tête : elle acceptait ma rancœur.

– Au revoir, finis-je par lâcher, avec raideur.

Elle se contenta de me regarder tristement. « J'ai fait de mon mieux », semblait-elle me dire. Mais elle ne le dit pas, et je refoulai froidement la vague de remords qui m'avait submergée. Au-delà de ma colère, je ressentais un vif regret de la peine que j'infligeai à ma mère, cependant je ne pouvais pas l'exprimer. C'était la règle d'or chez les Mcgonagall : la Loi du Non-dit, ou « serrer les dents et garder les yeux secs ». Firmin en était l'exemple de la perfection.

Je finis par m'éloigner d'elle lorsque j'aperçus Artémis Evans un peu plus loin. C'était une jeune fille de quatorze ans légèrement plus grande que moi, et plutôt bien en chair. Comme toujours, sa crinière rousse menaçait de s'échapper de son chignon lâche et de nombreuses petites mèches frisées encadraient son visage. A plusieurs reprises, j'avais entendu des professeurs lui reprocher sa coiffure « désinvolte », remarques auxquelles elle réagissait avec… désinvolture. Ce n'était pas une belle fille selon les normes de la beauté de l'époque : tout d'abord sa mâchoire était trop large, et son nez trop retroussé, mais sa bouche bien dessinée et ses vifs yeux bleus rattrapaient le manque d'harmonie de son visage. De plus, son audace et sa vitalité lui conférait un certain charisme.

Artémis m'adressa un signe de la main, et j'aperçus à ses côtés Dolly Horton. Je les rejoignis devant la portière du Poudlard Express, mais avant que je n'ai pu dire un mot, mon amie me tira par la manche, m'indiquant un spectacle du doigt. C'était un garçon qui disait au revoir à son père. Banal, à cela près que le jeune garçon dépassait son paternel de trois tête, et faisait deux fois sa largeur. Banal, à cela près qu'il entrait manifestement en Première année. Absolument démesuré. Un cercle d'élèves et de parents s'étaient formé peu à peu autour de cette scène étrange, et si les conversations s'étaient tues, on entendait distinctement fuser des : « Tu as vu ça ? » ou sa variante : « Mais qu'est-ce que c'est ? »

Le jeune garçon emprisonnait son père, minuscule en comparaison, entre ses bras quand il sembla remarquer le silence surnaturel autour de lui. Comprenant enfin qu'il était l'objet de l'attroupement soudain, il lança un regard paniqué à la ronde, et nous l'entendîmes supplier, malgré son effort pour parler à voix basse :

– Papa, s'il-te-plait, je ne veux pas y aller… Ils vont se moquer de moi, rajouta-t-il, conscient que personne ne perdait une miette du spectacle.

– Mais non, mon garçon. Ils seront bien trop impressionnés par ta stature pour te chercher des ennuis.

Malgré son apparente bienveillance, le père avait parlé avec une conviction un peu trop hâtive. Le garçon, lançant un regard mal à l'aise autour de lui, balbutia :

– Tu… Tu crois ?

– On va bien rigoler, cette année, chuchota Artémis à mon oreille, le timbre horriblement moqueur.

– Ce n'est pas drôle 'Témis, rétorquai-je furieusement.

Mais les ricanements autour de nous semblaient vouloir me prouver le contraire, alors que j'empoignai ma valise d'un geste rageur. Je montai à bord du Poudlard Express, laissant derrière moi une Artémis subjuguée par le spectacle qui s'offrait à elle. Je ne tardai pas à trouver le compartiment dans lequel étaient déjà installées les sœurs Wealsey. Jumelles jusqu'au bout des ongles, elles semblaient cultiver cette totale ressemblance entre elles, se coiffant et s'habillant à l'identique. A force de les côtoyer, j'avais appris à les reconnaître, mais ce n'était pas une science exacte. Par ailleurs, bien que toutes deux dotées d'un esprit acéré et sarcastique, je savais que Josie se montrait plus mordante que sa sœur, tandis que Kimie était d'un naturel un rien plus doux. Rusées comme pas deux, on aurait dit deux renardes avec leur cheveux roux clairs, leur peau pâle tachetées de son, et leurs yeux verts sur un visage pointu.

– Minnie ! Quelle bonne surprise.

Impossible de discerner s'il s'agissait d'ironie ou non.

– Hmm, grommelai-je en me laissant glisser sur un siège.

Josie laissa tomber, en s'auscultant les ongles :

– Je vois que ton légendaire enthousiasme est toujours au rendez-vous.

Mais je ne répondis pas. Je venais d'apercevoir ma mère sur le quai. Elle fouillait le train des yeux : j'étais convaincue que c'était moi qu'elle cherchait. Mais le train commença à s'ébranler, et elle-même se retourna, accablée. Tandis que nous nous éloignions de la gare peu à peu, j'emportai d'elle l'image d'une petite créature voûtée, ses épaules tombant tristement, et la tête baissée.

Artémis et Dolly étaient entrées dans le compartiment, et s'étaient installées joyeusement à mes côtés. Pour ma part, je ruminai sombrement les derniers propos que j'avais tenu à ma mère. « Je ne remettrai plus les pieds à la maison. » Alors qu'il ne s'agissait là que d'un pathétique rébellion d'adolescente, un prophète aurait aisément pu confirmer mes dires : mais comment aurais-je pu m'en douter, à l'époque ?

Cerena finit par nous trouver, et passa sa tête dans l'embrasure de la porte avec une mine réjouie. Artémis s'exclama aussitôt, en guise de salutation :

– On t'a trouvé un copain, Cerena !

La jeune fille entra dans le wagon. Je constatai avec une certaine affection qu'elle s'était étoffée durant l'été. Habituellement maigre comme un clou, elle semblait à présent beaucoup moins flotter dans sa robe. Elle n'avait pas encore les courbes féminines des Jumelles, ni les rondeurs d'Artémis, mais ses joues presque pleines donnait un nouveau relief à son visage encadré de boucles blondes. Elle était jolie, avec ses yeux bruns en amande, ses sourcils clairs et sa bouche en cœur. Dommage qu'elle soit si effacée, songeai-je, personne ne la remarque jamais.

Cerena, en s'asseyant face à moi, demanda à Artémis, intriguée :

– Qui ça ?

Elle n'avait manifestement pas perçu le sarcasme dans la voix de la Rousse. Cette dernière s'enthousiasma aussitôt :

– Viens, je vais te le montrer ! Faut qu'on le retrouve.

– 'Témis, intervins-je d'un ton irrité, ce garçon n'est pas une bête de foire.

Elle me fixa un instant avant d'afficher une moue boudeuse. J'avais l'impression d'avoir affaire à une enfant punie, mais je savais que pour cette fois, elle allait respecter mon intervention. La voix de Cerena s'éleva, hésitante :

– Artémis, tu ne parlais quand même pas du géant qui est monté dans le train ?

– Quand même pas…

Cerena faillit la croire, avant de remarquer le sourire en coin de la rousse. Un éclat de colère traversa son regard.

– Ce n'est pas très gentil de m'associer à lui.

– Allez Cerena, déride-toi, lui lança Artémis, enjouée. Tu ne vas pas bouder pour une petite boutade entre copines ?

Mais c'était peine perdue, Cerena avait détourné la tête en direction de la vitre, vexée.

– Bonjour l'ambiance, commenta Dolly avec aigreur.

Et renfrognée, elle croisa les bras. Ca commençait bien. Seules les Jumelles, guère concernées par le froid jeté, chuchotaient entre elles. Je crus entendre à plusieurs reprises le mot « Géant ».

– Vous parlez du garçon ? questionnai-je.

– Minnie, sais-tu à quoi on reconnait une conversation privée ? (Josie me fixa, une étincelle narquoise dans le regard.) Au fait que les interlocuteurs parlent à voix basse. Et à titre d'information, ce n'est pas très bien vu de mettre son nez partout. Demande à 'Témis, tu verras.

Cette dernière eut un sourire amusé. Josie reprit :

– Mais puisque nos cachotteries t'intéressent : on se demandait comment nous positionner vis-à-vis de ce garçon.

– Et ?

– Nous resterons d'une indifférence absolue.

– Pourquoi ça ?

Ce fut Kimie qui nous expliqua, avec un mouvement du poignet un peu snob :

– Avec sa particularité, il s'attirera assez d'idiots pour le rendre chèvre, et assez de bons samaritains pour le défendre. Pas besoin de nous.

Puis elle sortit des Patacitrouilles de son sac, et nous en proposa tout en en engouffrant trois ou quatre en même temps.

– Tu es écœurante, Kim, grommela Dolly avec une grimace.

Artémis lui rétorqua, en dévorant à son tour plusieurs friandises :

– Tu dis cha parche que tu as touchours perdu au concours de chelle qui en mettait le pluch dans la bouche.

Elle me tendit le sachet de Patacitrouilles, quelques postillons sur le menton.

– Non merci, je suis de l'avis de Dolly. Moi, je le défendrai, le garçon, rajoutai-je en passant du coq à l'âne.

– On s'en doutait, répliqua Josie. Comme on sait très bien que 'Témis fera partie de ceux qui le surnommeront le « Semi-Géant ».

Mais la rousse secoua la tête dédaigneusement, puis lâcha :

– Trop banal. Je pensais plutôt à « Triple Barrique ».

Et elles s'esclaffèrent. Mais Artémis dû capter mon regard car elle tenta de reprendre son sérieux et soupira :

– Ca va Min', je plaisantais. Nom d'un Troll, tu as presque autant d'humour que Cleveland.

– Ne me parle pas de lui, me renfrognai-je. J'ai pris Divination.

Mais Artémis, gloussa, hermétique à mon humeur :

– Vous avez beaucoup de points communs, le courant devrait bien passer. D'autant plus que depuis le mois de juin, il te doit une fière chandelle.

– Je ne vois pas ce qui te permet de penser ça, tranchai-je, une pointe de mise en garde dans ma voix. Et le sujet est clôt.

En vérité, je savais très bien à quel évènement elle faisait référence. A l'aide de la Broche Bestiale, j'avais ouvert la Malette d'ébène, un objet dérobé au Ministère manifestement par le professeur Cleveland, tandis que ce dernier observait la scène depuis son bureau. Des personnes présentes ce soir là, seule Artémis savait que j'étais à l'origine de l'ouverture de la mallette, involontairement soit-dit en passant, puisque les Atouts qu'elle avait libéré étaient supposés être dangereux.

Les Jumelles ignoraient donc tout de la Broche Bestiale, et de ma part de responsabilité, tandis que Cerena et Dolly n'étaient théoriquement même pas au courant de cette histoire. Malheureusement, la réflexion d'Artémis n'avait pas échappé aux Jumelles qui demandèrent :

– Comment ça, une fière chandelle ?

Peut-être avaient-elles fait le rapprochement avec la soirée sur les toits de Gryffondors, mais sans doutes pour ne pas commettre d'impairs, elles n'y firent pas référence. Je glissai, au bout d'un petit moment :

– Ne vous a-t-on pas déjà dit qu'il ne faut pas fourrer son nez partout ?

– Sujet clôt, approuva Artémis, mesurant enfin la portée de ses propos.

Pour donner le change, je déclarai, sous l'œil suspicieux des Weaslettes :

– Au fait, vous n'êtes pas au courant ? Mon frère Hadrien est Préfet-en-Chef !

– Pas étonnant ! Je parie que la Préfète-en-Chef c'est Yolande Retriever.

Josie hocha la tête.

– C'est elle, je l'ai croisée sur le quai, elle avait son insigne toute flambante.

– La chance, laissai-je échapper, rêveuse.

– Te bile pas, Minnie, tu l'auras un jour, cette insigne. Enfin, si Artémis ne t'influence pas trop d'ici là.

J'eu un sourire ravi qui fut interrompu par l'ouverture soudaine de la porte. Virgile Dubois, le Pitre-en-Chef de notre année, se tenait à l'entrée de notre compartiment.

– Coucou les filles, lança-t-il avec son éternel enjouement, si vous n'avez pas encore vu le Géant, dépêchez-vous, son compartiment est déjà plein à craquer.

– C'est quel wagon, questionnai-je en me levant d'un bond.

Virgile eut un sourire béat.

– Cinquième en partant du fond. Elle va bien se marrer, rajouta-t-il à l'attention de mes amies.

Du couloir, j'entendis une des Jumelles lui répondre :

– Oh non… Et les curieux qui sont venus voir la bête de foire non plus…

Je n'eus aucun mal à trouver le compartiment en question : un attroupement s'était déjà formé autour de la porte. Je me frayai un passage, poussant les autres avec brutalité, m'attirant des regards noirs qui ne me firent ni chaud ni froid. J'entrai enfin dans le compartiment où une dizaine d'élèves encerclaient le pauvre garçon en riant grassement. La plupart était en Deuxième ou Troisième année, mais il y en avait quelques uns plus âgés que moi.

– Laissez-le tranquille, aboyai-je sans une seconde d'hésitation.

Comme ils se tournaient vers moi, les yeux ronds, ou fronçant les sourcils, j'insistai avec une irritation :

– Dégagez de là.

Un instant plus tard, ma baguette avait jailli dans ma main, et le cercle d'élève se dispersa peu à peu en râlant. Il ne restait plus que deux minuscules élèves qui me regardaient avec défiance. Je fronçai les sourcils, et ils échangèrent un regard inquiet, incertain de la conduite à tenir. Des premières années. Une rapide inspection m'apprit qu'ils étaient issus de moldus, donc potentiellement crédules. D'un geste furieux, et peut-être un peu exagéré, je décrivis des tourbillons avec ma baguette et l'abattis sur eux en proférant :

TIGRAUTROUSSES !

Ils détalèrent en piaillant, me laissant seule avec le « géant » qui me fixait, les yeux écarquillés.

– Tu leur as vraiment lancé un sort ? balubutia-t-il, admiratif.

– Non, grommelai-je, mais ils le méritaient.

– T'as été vachement convaincante !

Je haussai les épaules en rangeant soigneusement ma baguette dans ma poche.

– Et toi tu ne devrais pas hésiter à les envoyer sur les roses, observai-je d'un ton sec. Ils vont te faire la vie dure, autrement. Je peux m'assoir ?

– Bien sûr.

L'air gêné, il se tassa du mieux qu'il put sur sa banquette, tandis que je prenais place en face. A lui tout seul, il occupait à peu près autant d'espace que moi et mes amies réunies.

– Je m'appelle Minerva McGonagall, déclarai-je soudainement.

– Rubeus Hagrid. Tu es en Première année toi aussi ?

– Troisième année, m'offusquai-je. Tout de même.

Il me sembla que ses yeux se mouillaient. Il reprit de sa voix suppliante :

– Désolé. Je suis tellement… enfin, tu comprends que je ne vois pas la différence.

Je fus prise d'un élan de compassion à l'égard du « petit » garçon. Habituellement, c'était le genre de sentiments que j'éprouvais pour Cerena : Artémis avait peut-être vu juste en les associant.

– Ce n'est rien, dis-je simplement, mais tu as beau être grand, très grand, je te conseille de développer ton sens de l'observation. Ca t'évitera des situations désagréables.

Un embryon de sourire naquit sur ses lèvres. Je rajoutai aussitôt :

– Et ton sens de la répartie. J'ai une amie, comme toi, qui est différente, et…

– C'est une Géante, me coupa-t-il, les yeux brillants d'espoirs.

– Euh non. Mais elle est noire, et…

Bon sang, mais où était Astrée ? Je réalisai soudain que je ne l'avais pas encore vue du trajet. Non seulement, elle aurait dû nous rejoindre, les filles et moi dans le compartiment, mais je songeai également que l'année précédente, elle avait été absente lors de l'arrivée à Poudlard. Je quittai Hagrid sans un mot d'explication, et fonçai au wagon qu'occupaient mes amies. Je les interrompis dans un insouciant éclat de rire.

– Vous n'avez pas vu Astrée ?

– Non Min', pourquoi ? Tu veux l'engager dans la défense de « Triple Barrique » ?

– Artémis, tu…

Mais je n'eus pas besoin de finir ma phrase. Ses yeux s'écarquillèrent brusquement : elle avait compris où je voulais en venir. Je me tournai vers les Jumelles, Dolly et Cerena.

– Vous vous souvenez que l'an dernier elle…

– Oui, m'interrompit Josie. Mais qu'est-ce qui te dit qu'elle n'est pas avec d'anciennes Qafettes ?

Je tranchai d'un ton sec :

– Autant s'en assurer.

Une heure plus tard, lorsque nous nous regroupâmes dans notre compartiment, il fallut se rendre à l'évidence : Astrée Hadassa n'était pas dans le Poudlard Express.

– Personne ne l'a vue nulle part, résuma Dolly en se rasseyant sur la banquette.

Mais Artémis, encore debout, fronça les sourcils.

– Min', on pourrait en parler à Hadrien. Il est Préfet-en-Chef, peut-être qu'il peut contacter Poudlard ?

– Peut-être, approuvai-je, en la remerciant intérieurement de réfléchir de temps en temps. Je l'ai vu tout à l'heure vers l'avant du train.

Nous trouvâmes effectivement Hadri dans le tout premier wagon. Il nous écouta attentivement, avant de demander, de son éternel ton posé :

– Vous êtes bien sûres qu'elle n'est pas…

– Non ! Cria-t-on en même temps.

Mon frère nous fixa un moment, songeur, semblant chercher à déceler jusqu'où pouvait aller la part de vérité dans nos propos.

– Hadri, le suppliai-je. On a vraiment cherché partout.

Il déclara finalement, en nous faisant signe de le suivre :

– Vous allez découvrir un instrument de communication réservé au seul usage des Préfets-en-Chef. Motus et bouche cousue, là-dessus.

La salle des Préfets était une petite pièce rectangulaire, occupée par une longue table en bois en son centre. Hadrien referma la porte derrière nous, et se dirigea vivement vers un miroir mural. De sa baguette, il le tapota, et attendit.

– Ce miroir est relié au…

Il s'interrompit : le reflet du miroir se brouilla, avant de renvoyer l'image d'une salle qui n'avait rien à voir avec la nôtre. Avec ses multiples tableaux, je la reconnus instantanément. Le bureau du directeur Dippet. Ce dernier s'avança vers nous d'une démarche las, son regard indéchiffrable braqué sur mon grand frère.

– Que se passe-t-il, McGonagall ? Je suis occupé.

Hadrien posa une main sur mon épaule.

– Ma sœur a constaté l'absence de…

– Astrée Hadassa, terminai-je, le cœur battant.

L'air agacé, Dippet secoua la tête, et lâcha :

– Je sais.

Je m'étais attendue à tout. A ne pas être crue, à passer pour une gamine paranoïaque, à être considérée avec sérieux ou encore à déclencher la panique, mais certainement pas à ce manque absolu de réaction. Peut-être n'avait-il pas bien compris. Je ne pus m'empêcher d'insister :

– Monsieur, vous savez qu'elle n'est nulle part dans le Poudlard Express ?

La main d'Hadrien se resserra sur mon épaule, en signe de désapprobation.

– Miss McGonagall, m'assena sèchement Dippet, je sais ce que signifie « absente ». Nul besoin de chercher à m'expliquer ce mot.

Je sentis mes joues me brûler, mais ne baissai pas le regard.

– Comment avez-vous su, Monsieur, interrogea Artémis, sans se soucier de se montrer malpolie.

Il ne répondit pas, j'en profitai pour poser la question qui me brûlait les lèvres :

– L'avez-vous retrouvée ?

A nouveau son mouvement de sourcils agacé à mon attention. Je devais avoir le don de mettre le doigt sur les points cruciaux et gênants. Il se contenta de dire d'un ton peut-être moins assuré qu'il ne laissait paraître :

– Ca ne saurait tarder, Miss McGonagall. Vous serez tenue informée à votre arrivée à Poudlard.

Artémis et moi, nous mîmes nos amies au courant de notre entrevue avec Dippet, chacune y allant de sa réaction :

Cerena : « Si le directeur est au courant, euh, tout va s'arranger alors. Tout va s'arranger, hein Min' ? »

Les Jumelles : « C'est ce qu'on appelle le politiquement correct. « Pas d'inquiétudes, on vous tient informée »… sauf si ça se passe mal. Là, on ne dit plus rien. »

Dolly : « De toutes manière Astrée est trop assidue pour manquer une journée de cours. Elle sera là demain. »

Artémis : « Le pire dans l'histoire, c'est que si ça m'arrivait à moi, tout le monde penserait que c'est une nouvelle façon de me faire remarquer… »

Ses dernières paroles n'étaient pas fausses. Parfois, Artémis était capable d'une grande lucidité à propos d'elle-même mais c'était rare. Josie rajouta aussitôt, un sourire sardonique aux lèvres :

– Regarde un peu les choses en face, 'Témis. La seule raison qui pourrait te faire manquer une rentrée à Poudlard, ce serait pour te rendre intéressante.

Deux heures plus tard, nous arrivions enfin à Poudlard. J'étais entre temps passée par tous les états d'âme : frayeur, colère, sueurs froides, panique, nervosité, et finalement silence de mort. J'avais tenté de me persuader que rien de grave n'était arrivé, qu'Astrée se payait un jour de vacance en plus, qu'elle serait à Poudlard le lendemain, comme l'an passé mais aux tréfonds de moi-même, j'avais un mauvais pressentiment qui persistait. Parce que, bien qu'il n'y avait pas eu de conséquences, mon amie avait déjà été absente à la même période l'année précédente, et peut-être même pour des raisons identiques. Parce qu'elle avait refusé d'en parler, et de fait rendait le sujet bien moins anodin qu'il pouvait y paraître.

Dans les diligences, je ne contrôlais plus mon anxiété, et à force de tripoter nerveusement les boutons de ma robe de sorcier, j'en arrachai plusieurs involontairement. Quand nous fûmes enfin dans la Grande Salle, pour la cérémonie de répartition que le commun des élèves attendait avec impatience, je pris directement la direction de la table des professeurs, suivie d'Artémis, Cerena, Dolly et les Jumelles. Dumbledore entra dans la salle au même moment, et m'apercevant, s'avança jusqu'à moi. Son visage était bien plus soucieux que d'ordinaire.

− Vous ne l'avez pas retrouvée, n'est-ce pas, professeur ? m'enquis-je en sentant mon cœur s'emballer.

Mais il ne prit pas le temps de répondre à ma question, et dit d'une voix douce :

− Miss McGonagall, vous allez venir avec moi.

− Et nous, s'indigna Artémis, avec son audace habituelle.

− Vous retournez vous asseoir, miss Evans. De même pour vous, rajouta-t-il en s'adressant à Dolly, Cerena et aux Jumelles.

Tandis que mes amies obtempéraient, en maugréant ouvertement dans le cas d'Artémis, je le vis échanger un regard éloquent avec Dippet, qui eut un hochement de tête approbateur. Et nous quittâmes la Grande Salle. Moins d'une minute plus tard, nous entrions dans le bureau de Dippet, et j'eus la surprise de croiser une paire d'yeux vert et froids comme la glace. A la place du directeur, Cleveland était installé devant le bureau, un bol de thé posé dessus.

− Prenez place, miss McGonagall, m'autorisa Dumbledore en s'installant lui-même sur un des deux sièges qui faisait face au professeur de Divination.

Ce dernier me détailla d'un regard critique, avant d'émettre :

− Albus, je ne vois rien qui puisse justifier sa présence ici.

− Allons, c'est la plus proche amie de miss Hadassa, Orion. Elle a le droit, et le devoir, de participer à cet entretien.

Mais Cleveland ricana froidement.

− Tu te fais une trop haute idée de cette jeune fille. Et de l'amitié à cet âge.

J'entendis le professeur de Métamorphose répliquer avec une pointe de sécheresse que je ne lui connaissais pas :

− L'amitié a la même valeur à n'importe quel âge Orion. Ce n'est pas parce que, à quinze ans, tu en étais incapable qu'il en va de même pour tous nos élèves. Asseyez-vous, miss McGonagall, répéta-t-il en levant un regard bienveillant vers moi. Bien. Et maintenant, si vous savez quelque chose concernant la vie d'Astrée en dehors de Poudlard, il serait très important que nous le sachions également.

Pour me donner du temps, je baissai les yeux sur mes mains qui s'agitaient nerveusement. Je percevais l'importance que Dumbledore accordait à ce que je pourrais leur dire, toutefois, je n'avais justement rien à dire. Je côtoyais Astrée depuis mes premiers pas à Poudlard, et pourtant, malgré notre amitié, elle m'avait toujours tenue soigneusement à l'écart de sa vie privée. Je croisai le regard de mon professeur de Métamorphose, et articulai d'une petite voix :

– Je ne sais pas grand-chose d'elle, professeur. Elle m'a dit une fois qu'elle était issue de moldus.

Il m'encouragea d'un sourire, mais naturellement, il était déjà au courant de cette information.

– L'an dernier, elle m'a dit que sa famille ne voulait pas la laisser retourner à Poudlard, rajoutai-je, avec un sentiment d'inutilité.

– Avait-elle précisé que les personnes qui s'opposaient à son retour à l'école étaient de sa famille ?

Je fouillai vainement mes souvenirs.

– Je ne m'en souviens plus. C'est comme ça que j'avais compris ses paroles, professeur.

Il posa un regard grave sur moi, et annonça :

– Voyez-vous, miss McGonagall, il semblerait que Mrs Hadassa et sa fille soient en fuite.

L'idée même qu'Astrée puisse fuir une situation était inconcevable. J'en fis la remarque à mon professeur, mais ce fut Cleveland qui laissa échapper un rire sec, avant de glisser :

– Hadassa n'est pas une personne d'exception. Quand elle est menacée, elle fuie.

– Astrée est menacée, m'exclamai-je aussitôt, en regardant alternativement les deux hommes.

Un court silence suivit mes propos. Puis Dumbledore croisa ses longues mains sur le bureau de Dippet, et me regarda. La lumière vacillante du chandelier faisait danser des ombres sur son visage, accentuant la gravité de son expression.

– Manifestement, elle l'était. Nous pensons qu'elle et Mrs Hadassa ont tenté d'échapper à la famille moldue qui les employait, dit-il en échangeant un regard avec Cleveland. Miss McGonagall, n'avez-vous pas la moindre idée d'où elles pourraient se cacher ?

Je baissai la tête, et mon mouvement parla pour moi. J'entendis le soupir dédaigneux de Cleveland, et m'en sentis d'autant plus accablée. J'avais presque du mal à prendre conscience à quel point j'ignorais tout d'Astrée, de qui je m'étais pourtant crue proche durant les deux années précédentes à Poudlard.

– Vous allez la retrouver, n'est-ce pas ?

Ma voix avait des accents de supplication. Ce fut Cleveland qui me répondit, avec une suffisance presque déplacée :

– Bien entendu. Tout ceci n'est qu'une affaire de temps.

Malgré toute la méfiance, et toute l'antipathie qu'il m'inspirait, son assurance m'apaisa quelque peu. Je songeai que puisque cet homme avait été capable de libérer les Atouts de la Mallette d'ébène, dans l'ombre de tous, il pourrait certainement ramener Astrée à Poudlard. Et visiblement, sur ce point là, Dumbledore lui faisait confiance.

– Savez-vous ce qu'est la Lecture des Eaux, miss McGonagall ?

Comme je secouai la tête négativement, Cleveland approcha son visage de ce que j'avais pris pour un bol de thé au début de l'entretien, et intervint froidement :

– Je te rappelle Albus que cette enfant n'a pas encore commencé la Divination. Et que de toutes manières, la Lecture des Eaux n'est réservée qu'à l'élite de ce cours.

– Je n'ai moi-même jamais réussi à distinguer autre chose dans l'eau que mon reflet, remarqua Dumbledore avec un léger sourire. Et encore suis-je bien heureux d'y parvenir avec mes lunettes.

Cleveland eut un ricanement sec qui ne sembla pas affecter outre mesure le professeur de Métamorphose, et se plongea dans l'observation du bol d'eau. Sans relever la tête, il expliqua, d'un ton dans lequel je perçus une note de fierté :

– Ces eaux peuvent révéler des choses que tout le monde ignore. Il suffit de savoir les observer.

Un moment de silence s'installa dans le bureau du directeur, tandis que Cleveland était penché sur le récipient, le front plissé par la concentration. Puis, je demandai à Dumbledore :

– Professeur, que voulez-vous dire quand vous parlez de la famille moldue qui employait Astrée et sa mère ?

Il remonta ses lunettes sur son nez aquilin, et souffla doucement :

– La famille Hadassa travaille depuis de nombreuses années chez des moldus qui les logent et subviennent à leurs besoins. Dans le monde moldu, on appelle ça des domestiques.

– Et chez les sorciers, intervint Cleveland avec un mépris non dissimulé, on dit des Elfes de Maison.

– Orion, c'est un terme bien trop péjoratif.

Le professeur de Divination leva un regard dur vers nous, et rajouta, sans une once de compassion :

– Si tu espères faire comprendre à cette enfant la situation d'Hadassa, il n'y a pas d'autre terme. Une famille noire employée chez de riches moldus n'est pas mieux traitée que des Elfes de Maison. Et ces moldus n'ont pas réagi autrement qu'une famille de sorcier qui verraient l'un de leur Elfes de Maison disparaître dix mois sur douze.

– Vous voulez dire que... ?

Je laissai ma phrase en suspend. En fait, je n'avais aucune idée de ce que j'essayais d'avancer, mais ses derniers propos me plongeaient dans l'horreur. Je savais comment étaient traités les Elfes de Maison dans les familles nobles, et moi-même, j'avais du mal à me les représenter autrement qu'en créature vouées au service des sorciers. Mais comment concevoir qu'une personne aussi formidable qu'Astrée puisse être considérée ainsi ?

– Un Elfe de Maison absent est un Elfe inutile, proféra Cleveland de son ton indifférent. Donc soit il reste, soit sa vie n'a aucune valeur. C'est certainement ce que pensent les moldus d'Hadassa.

– Mais c'est affreux, m'exclamai-je. Ils l'ont menacée de mort ?

Dumbledore soupira, sans me regarder :

– Peut-on reprocher aux moldus d'infliger aux noirs ce que nous-même infligeons aux Elfes de Maison ? Oui, c'est affreux miss McGonagall, mais ça changera. Tout comme les conditions des Elfes changeront un jour aussi, j'en suis certain.

Durant un court moment, je ne dis rien, trop éprouvée par ce que je venais d'apprendre. Mais quand je voulus parler, Dumbledore me devança :

– Vous devriez aller manger, miss McGonagall. La cérémonie de répartition doit maintenant être terminée, et le professeur Cleveland a besoin d'être seul pour lire les signes de l'eau.

Je me levai, et arrivée à la porte, le vieux professeur me glissa, avec sérénité :

– Ne vous tourmentez pas à propos de votre amie. Le professeur Cleveland est dans sa matière l'une des personnes les plus compétentes et déterminée que j'ai connu : il ne quittera pas l'eau des yeux jusqu'à ce qu'il ait situé votre amie. Nous l'aurons retrouvé avant demain, faites-moi confiance.

Je hochai la tête mais le cœur n'y était pas. En retournant à la Grande Salle, je songeai néanmoins que les paroles de Dumbledore m'avaient réconfortées, mais quoi qu'il puisse dire, rien ne pouvait m'empêcher de m'inquiéter, d'autant plus après ces révélations.

A la table Gryffondor, la plupart des élèves avaient presque fini de manger. Il y avait quelques nouvelles têtes, aussi minuscules fussent-elles. Et il y avait également Rubeus Hagrid, le demi-géant, qui semblait être la mascotte de la tablée, ce soir là. Je vins m'asseoir à côté d'Artémis, qui m'interrogea aussitôt sur mon entretien avec Dumbledore.

– Ils voulaient que je les renseigne sur Astrée, répondis-je laconiquement. Ils ne savent pas où elle est.

Je n'avais aucune envie de leur faire partager ce que j'avais appris d'elle. Il me semblait comprendre pourquoi elle nous l'avait caché, et le leur dire aurait été une trahison. Je n'étais déjà pas fière de le savoir moi-même. Mais pour les rassurer, je leur expliquai l'histoire de la Lecture des Eaux, et soutins que Cleveland allait la retrouver sans aucun doute. Un peu plus tard, Artémis commenta en engouffrant tout rond une énième part de fraisier :

– Tu as raté une belle cérémonie de répartition. Triple Barrique a failli pas réussir à enfiler le Choipeaux.

Comme je ne m'indignai pas en entendant le surnom, mon amie lâcha, avec une étincelle de malice dans les yeux :

– Toi, tu es plus soucieuse que tu veux nous le faire croire. Mais je te jure que je n'en profiterai pas. Ou peut-être rien qu'une fois, rajouta-t-elle.

Et avant que je n'ai pu réagir, elle se tourna vers Hagrid, et lança d'une voix forte :

– Hé Triple Barrique, passe moi le sucre en poudre, s'il-te-plait !

Toute la table éclata de rire, et le garçon de Première Année rougit aussitôt, avant de baisser les yeux. Cette fois, même mon anxiété vis-à-vis d'Astrée ne put m'empêcher de rugir sèchement :

– Artémis !

– Oh hé, ça va. Excuse-moi, euh... C'est quoi ton... « petit » nom ?

Sa nouvelle blague fit encore rire la plupart des Gryffondors, mais cette fois, ce fut Josie qui suggéra férocement :

– Dis, 'Témis, que dirais-tu de nous faire un petit strip-tease sur la table ? Ou peut-être préfères-tu être sur un balai ?

Elle avait parlé à voix assez forte pour être entendue de la majorité des Gryffondors. Ceux qui étaient trop loin se firent répéter ses propos, et la table fut secouée d'un rire général. Artémis, pour sa part ne riait pas du tout. Elle se pencha vers Josie et la questionna d'un ton de reproche :

– Pourquoi t'as dit ça ? Tu sais très bien que ce sont des mauvais souvenirs !

Kimie répondit à la place de sa jumelle, ses lèvres s'ourlant sur un sourire sarcastique :

– On sait très bien que ce sont des mauvais souvenirs. Mais toi, tu as peut-être besoin qu'on te le rappelle de temps en temps.

Je m'en souvenais aussi parfaitement que si c'était hier, pour ma part. Elles faisaient référence à un étrange complot qui avait humilié la rousse : durant un numéro du Q.A.F, alors qu'elle volait devant tous les élèves de Poudlard, sa robe de Quidditch s'était déchiré, offrant à l'ensemble de Poudlard une vue plongeante sur ses sous-vêtements olé-olé. Nous avions découvert le jour-même que la robe avait été ensorcelée par une personne mal-intentionnée. Cette personne, Artémis était certaine que c'était Caliste, qui s'était auparavant arrangée de façon guère subtile pour que la rousse ne porte pas les collants en laine sensés éviter ce genre d'humiliation. Ainsi, tout portait à croire que Caliste Nott était l'auteur de ce complot répugnant, pourtant la fière Serpentarde l'avait toujours nié, allant même jusqu'à prétendre trouver la machination géniale et regretter de ne l'avoir imaginée elle-même.

Je tournai les yeux vers la table des Serpentards. Caliste était l'une des première personne que l'on remarquait : ses cheveux noirs touffus entouraient son visage dont les joues commençaient à perdre de leur rondeur enfantine, pour prendre de plus en plus la forme de celui d'une femme. Elle n'avait pas une beauté classique, mais ses sourcils fortement arqués, son nez droit et prononcé, son menton volontaire, jusqu'à l'intensité de ses yeux bleus sombres, tout dans ses traits lui conférait un charme un peu farouche, comme celui d'un chat sauvage. Elle était en train de parler avec entrain, et la plupart des Serpentards l'écoutaient, et l'approuvaient de hochement de tête. Une fois, Hadrien m'avait confié que, même si les garçons de sa maison n'appréciaient pas tous la trop forte présence de Nott, ils aimaient les conversations avec elle, car elle était manifestement une interlocutrice à l'esprit vif et pleine de répartie.

Un peu plus tard, nous prîmes le chemin de la tour Gryffondor tandis qu'Heinrich réunissait les élèves de Première Année pour les y emmener tous ensemble. Plusieurs personnes le félicitèrent de son insigne de Préfet, et il conserva un sourire rayonnant durant un long moment.

Mais arrivée dans notre dortoir, ce fut le lit inoccupé d'Astrée qui me mortifia. Et longtemps après que les autres se furent endormies, je gardais les yeux sur son lit, me demandant où elle pouvait être.


Alors, sachez tout d'abord que ce chapitre a été écrit en une dizaine de fois. Donc le ton d'écriture n'est peut-être pas toujours le même, et j'en suis désolée. Ce sont des multitudes de petites erreurs que je n'arrive pas à déceler en me lisant, car je relis le texte "à chaud" et impossible d'avoir un avis extérieur du coup. Bon sinon, je trouve quand même ce chapitre important, concernant Hagrid, Astrée, et même Cleveland ! Ensuite, on m'a fait la remarque que ça faisait bizarre que je décrive Artémis et les Jumelles dans le deuxième chapitre, alors qu'on les voit dans le premier. Encore désolée, mais je me suis rendue compte que je ne les ai jamais détaillées, et qu'il fallait bien que je le fasse un jour ! Et sinon... je vais essayer de vous pondre rapidemment une suite !