Voici ma nouvelle fic en attendant de retrouver un peu l'inspiration pour mon autre fic "Guerre des sentiments". Je remercie Manuka pour ses corrections mais surtout pour son amitié et son soutien et Newgaia pour ses messages d'encouragements.
Attention ce chapitre contient une scène de viol. Ames sensibles, s'abstenir !
Les personnages tirés de Saint Seiya appartiennent à Mr Kurumada.
La lourde porte en fer se referma violement derrière lui avec un grincement lugubre. Ce bruit, depuis une dizaine d'années, il l'entendait souvent… trop souvent… mais il lui faisait encore froid dans le dos.
Pourtant il aurait du être habitué. L'endroit où il avait passé la majorité de son enfance et son adolescence était tellement vieux, pourri par l'humidité, rongé par les mites, que dès qu'il bougeait dans son lit, il grinçait, dès qu'il s'asseyait sur une chaise, elle grinçait, dès qu'il voulait ouvrir une fenêtre, elle grinçait… au point qu'il avait souvent eu l'impression que son propre corps grinçait à chacun de ses mouvements… comme s'il faisait partie des meubles. Après tout on ne lui avait jamais accordé plus de considération, tout le monde se fichait bien du traitement qu'on lui faisait subir.
Alors oui il aurait du être habitué. Mais comment le jeune adolescent russe aurait-il pu oublier que la première fois qu'il avait entendu ce grincement, qu'il avait vu cette porte il y a dix ans, elle s'était refermé irrémédiablement derrière lui ? A l'époque le pays était très pauvre, surtout la région d'où il venait, et personne ne voulait payer pour ces orphelins inutiles. L'état avait donc décidé de les envoyer dans des camps militaires afin d'en faire de parfaits soldats, rôle où là ils serviraient à quelque chose. Cette porte avait été le premier signe de sa descente en enfer où il n'avait connu que souffrances et humiliations, sévices et punitions.
Aujourd'hui elle s'était de nouveau refermé, mais il était du bon côté… celui de la sortie… celui de la liberté… du moins c'est ce qu'il préférait penser. Car s'il avait souvent rêvé de ce moment où il pourrait commencer une nouvelle vie, il avait aussi bien conscience que maintenant il était seul, sans argent, sans endroit où dormir ce soir, sans rien à manger ce midi.
Après dix ans passées à le persécuter, à l'empêcher de penser en lui inculquant des principes immondes, à lui dicter le moindre de ses faits et gestes, ses tortionnaires, comme il les appelait, l'avaient jeté dehors sans se préoccuper de son avenir.
Aujourd'hui il avait seize ans… alors on considérait qu'il était capable de se débrouiller seul pour survivre. Chose complètement stupide. Ca n'allait pas changer sa vie. Il s'appelait toujours Hyoga, il était toujours orphelin, sans famille, sans amis. Il ne se sentait pas plus prêt qu'hier à affronter seul le monde extérieur… pas après tant d'années passées enfermées entre ces quatre murs semblable à une forteresse, à côtoyer toujours les mêmes personnes… qu'il détestait… à parcourir sans cesse les mêmes pièces, les mêmes couloirs… ternes, sans décorations, sans aucune personnalité.
Il aurait préféré qu'on le relâche il y a trois ans. Son ami Isaak serait encore en vie. Tous les deux étaient orphelins et comme ils étaient les deux plus jeunes du camp, ils s'étaient très vite rapprochés. Isaak s'était toujours comporté comme un grand frère pour lui, le défendant contre les autres gars du camp, se faisant punir en même temps que lui pour rendre les sanctions plus supportables. Et puis un jour il en avait eu marre de voir les gardiens regarder Hyoga de cette façon si vicieuse, de les voir se frotter à lui, alors il avait décidé de s'échapper avec lui. Malheureusement, ils n'avaient pas pu aller bien loin, seuls, à pieds, sans argent. Les gardiens du camp avaient vite retrouvé leurs traces alors que les deux adolescents marchaient sur un lac gelé. Les deux garçons avaient aussitôt tenté de s'enfuir mais la glace avait cédé sous leurs pieds et ils avaient été emportés par le courant. Isaak avait réservé ses dernières forces pour sauver Hyoga mais lui avait péri sous ses yeux.
Il aurait préféré qu'on le libère il y a deux ans, avant l'arrivée du Colonel Baranovski. On peut dire que lui, en matière de cruauté il avait la médaille d'or. L'adolescent se souvenait des heures à tourner en rond dans la petite cour dans le froid pour les affaiblir, des heures passées agenouillé dans la neige, les mains sur la tête en guise de punition. Sans oublier le traitement spécial qui lui était réservé à lui et à quelques autres gamins plus faibles : des attouchements répugnants… le soir dans son lit… ou sous la douche. Même dans la journée, les gardiens trouvaient toujours un prétexte pour le frôler, le toucher. Il s'était plaint une fois mais n'avait jamais recommencé. Il se souvenait trop de la correction qu'il avait reçue.
Il aurait préféré qu'on le libère il y a un an, avant se faire violer par le Général Gruchetski. Un soir celui-ci l'avait convoqué dans son bureau et sans que l'adolescent s'y attende le Général avait commencé à le frapper… sans cesse… des coups de plus en fort… jusqu'à ce que le jeune homme soit sur le point de perdre connaissance. Sur le point seulement… car le bourreau s'était assuré que Hyoga allait bien ressentir ce qu'il allait lui faire subir. Car le pire était à venir. Là il n'avait fait que l'affaiblir. Plus d'une fois, l'adolescent l'avait repoussé et le Général avait décidé à lui montrer que c'était lui le chef des lieux, qu'il pouvait disposer des gamins à sa guise. Alors il avait attrapé une ficelle qui trainait sur son bureau pour attacher les mains de l'adolescent dans le dos, il l'avait déshabillé sans ménagement et avait lui-même retiré ses vêtements avec empressement. Puis avoir embrassé sauvagement Hyoga dans le cou, sur les épaules, mordre serait un mot plus juste, il l'avait pénétré violemment, sans préparation, forçant l'intimité du jeune russe qui, n'ayant plus la force de se débattre, n'avait pu que hurler sa souffrance. Et plus le jeune russe criait, plus le Général accélérait le mouvement de ses hanches, s'enfonçant plus profondément en lui, déchirant plus cruellement les entrailles de l'adolescent. Combien de temps cela avait duré ? Hyoga ne pouvait pas le dire tant ça lui avait paru une éternité. Il avait fini par perdre connaissance et s'était réveillé le lendemain dans des draps tachés de sang, avec d'atroces douleurs, incapable de se lever.
Cela s'était reproduit à deux reprises. Ce fut seulement lors de la quatrième tentative que le nouveau Sergent, en venant demander un renseignement à son supérieur, avait entendu les hurlements du gamin. Il était aussitôt intervenu pour les séparer et avait emmené l'adolescent meurtri à l'infirmerie. Il avait ensuite prévenu la hiérarchie des méthodes cruelles employées dans le camp, les enfants avaient été interrogés et le Général renvoyé. Mais ça ne changeait rien pour Hyoga qui avait encore l'impression de sentir son souffle imbibé d'alcool et d'entendre sa respiration, semblable au râle d'un animal excité. Il en avait passé des heures sous la douche, s'arrachant la peau avec le gant pour enlever cette sensation de doigts glacés qui martyrisaient sa peau, qui parcouraient son corps d'une façon si répugnante que l'adolescent en avait des hauts de cœur. Et pourtant… il se sentait toujours aussi sale.
Il arrivait même à se détester, à haïr cette beauté que les autres, hommes comme femmes, enviaient et contemplaient. Des cheveux d'une blondeur extrême, des yeux d'un bleu si clair qu'on avait envie de s'y noyer, un visage aux traits finement dessinés, un corps d'athlète aux courbes parfaites malgré une maigreur flagrante, il avait tout pour que tout le monde se retourne son passage, aussi n'était-il pas passé inaperçu dans le camp militaire. Et pendant dix ans, sa beauté avait fait de lui une victime, un objet sexuel que tout le monde voulait toucher, posséder. Pendant dix ans, il avait dû subir les regards pervers de ceux qu'il avait côtoyés.
Aujourd'hui, il ne supportait plus qu'on le regarde et faisait tout pour se faire le plus petit possible.
Oui maintenant Hyoga était libre. Enfin seulement physiquement… car moralement il restait prisonnier de ses mauvais souvenirs, de ses angoisses qui le rongeaient de l'intérieur, de ses cauchemars qui hantaient ses nuits. Oui maintenant il était libre mais brisé, incapable de savourer sa liberté tel un oiseau à qui on aurait coupé les ailes, condamné à regarder le ciel sans pouvoir voler pour le rejoindre, condamné à toucher le bonheur du bout des doigts sans pouvoir l'atteindre.