Résumé des précédents chapitres : Lors d'une enquête de routine concernant l'incendie d'une maison et l'homicide d'une brillante chercheuse du Département des Mystères, Miss Lingston, Harry Potter rencontre Astoria Malefoy. Au fur et à mesure, une complicité et une attirance s'installent entre ces deux êtres. Cette histoire pourrait être simple et connaître un Happy End s'ils ne se trouvaient pas au beau milieu d'un tourbillon répondant au doux nom de Vie.
Peu après leur premier baiser qui bouleverse Astoria, Harry apprend que Ginny attend un bébé. Catastrophé, il ne sait plus quoi faire, surtout que leur couple bat de l'aile depuis un certain temps et que Ginny envisage sérieusement le fait qu'Harry puisse la tromper avec sa jeune coéquipière, Jenkins. De plus, Harry soupçonne malgré lui qu'Astoria, bien qu'ayant été innocentée (voire Prologue), n'est peut-être pas étrangère à cette sombre affaire d'incendiaire... Se serait-elle servie de lui pour le compte de son mari, Drago Malefoy ? Surtout que ce dernier, après des années de silence, envoie une lettre plus que suspecte à Harry, lui demandant audience. Que lui veut-il donc ? Cela a-t-il un rapport avec le chercheur des Laboratoires Malefoy, suspecté dans l'affaire Lingston, ou bien avec Astoria ?
Quant à cette dernière, elle culpabilise à cause de ses sentiments pour Harry et l'ennui profond qu'elle ressent pour sa vie de femme aristocrate qui n'a qu'un rôle : être belle et se taire. N'a-t-elle pas droit à une vie meilleure, elle aussi ? Mais l'exemple de sa sœur, Daphné, et de son mari, Davis, qui trompe sa femme avec une jeune femme nommée Elena, la pousse à s'éloigner d'Harry pour ne pas troubler la vie de ses proches, Drago et Scorpius. Mais, au final, elle ne peut venir qu'à une seule conclusion quand elle se rend compte que son fils, quoiqu'elle fasse, s'éloigne d'elle. De plus, sa sœur, son dernier appui, quitte brusquement l'Angleterre, laissant sous-entendre que les affaires de son mari laissent planer sur elle un danger bien mystérieux et menaçant...
A la suite de ceci, Harry n'y tient plus et, tiraillé entre ses angoisses, ses doutes et l'espoir, déguisé, il donne rendez-vous à Astoria et lui avoue ses sentiments. Mais cette dernière, bouleversée par la rapidité et la gravité des évènements qui surgissent autour d'elle, panique et le quitte brusquement. Elle cherche à brûler leur correspondance.
D'un autre côté, de curieux êtres rodent, aussi malintentionnés que suspects. Une lettre, des propos mystérieux... Tout cela ne laisse présager rien de bon.
J'espère que ce chapitre vous amusera autant que moi et répondra, peut-être, à certaines de vos questions...
Bonne lecture !
Chapitre 7 : Le guêt-apens
C'est sinistre. Vraiment. Et regardez-moi ces trucs. Harry ne sait même pas à quoi ces machins servent. Ce sont des bouillasses brunâtres, grisâtres, jaunâtres, verdâtres, rougeâtres. Beurk. Des potions, quoi. Et tout cela dégage une odeur si chaude qu'on n'arrive même plus à distinguer un parfum prédéfini ni à déterminer si cela sent bon ou mauvais. On sait juste qu'on suffoque. Point.
Harry se masque la bouche et le nez de la main. L'homme à côté de lui lui lance un petit sourire sournois. Harry est sûr qu'il l'a fait passer par cette pièce exprès. Ou que le grand patron le lui a demandé. Pas moyen qu'il en soit autrement.
Soudain, le chercheur s'arrête si brusquement qu'Harry manque de lui rentrer dedans. Sur le côté, une plaque dorée ornée de deux énormes quartz dorés à droite et à gauche indique le nom de Drago Malefoy, Directeur. Tiens, pas de titre à rallonge du genre de Chef en Cuillerée de Mélasse Abominable ou Sous Préfecture Directionnelle et Administrative de la Fouine... Zut, voilà que cela recommence.
Harry se passe la main sur le visage, fatiguée, avant de la remettre bien vite sur son nez, ayant momentanément oublié le lieu où il se trouve. Le sourire agaçant du directeur de il ne sait quel département le lui rappelle. D'un geste, ce dernier lui indique la porte. Pas comme quand on a deux malabars de chaque côté de façon à vous expédier vite fait bien fait loin du lieu où vous vous trouvez. Non. Harry aurait bien aimé.
Sans inspirer profondément ni expirer, retenant même sa respiration, histoire de ne pas filer le plaisir de fléchir ou de tousser devant ce crétin, Harry actionne bravement la poignée. Soudain, il aperçoit, derrière ce simple pan de bois, un monde tout à fait respirable et se rue presque à l'intérieur. Devant lui, un sourcil d'un blond presque blanc se hausse :
« Potter ? Déjà ? »
Drago Malefoy, les lunettes sur le bout du nez, pose un énorme grimoire sur son bureau en acajou massif et lance un regard surpris à la monumentale horloge astronomique occupant tout un pan de mur. Et Merlin que le bureau de Malefoy est grand. Outre les positions des diverses planètes, satellites, étoiles, et les prochaines marées ou éclipses, cette horloge indique l'heure. Du moins, Harry le suppose car, quand à lui, il est totalement perdu dans ce fatras d'aiguilles et de cadrans. Une pendule lui suffit amplement. Mais il suppose que la position de directeur d'une des plus importantes entreprises de potions de Grande-Bretagne requiert bien cet engin...
Drago Malefoy ôte ses lunettes, les place dans un étui en écailles de dragon posé sur la table et, enfin, fait quelque chose de quelque peu... invraisemblable. Harry cligne des yeux plusieurs fois, fixant un peu stupidement la main blanche tendue. Il entend vaguement Malefoy dire :
« Je ne dirais pas exactement que je suis ravi de te revoir. Toutes ces formules de politesse, franchement... Tu as quand même l'air... Non, je ne peux même pas te dire que tu as l'air en pleine forme. »
Harry relève les yeux et lance un regard ahuri à cet... homme. Cet étranger. Lentement, il lui serre la main :
« Depuis quand es-tu aussi... honnête ? Ça fout les jetons. Vraiment. »
Malefoy hausse un sourcil accompagné d'un sourire fin :
« Il faut croire que j'ai évolué, Potter. L'évolution, tu connais ?
- Plus ou moins. Tu as un dictionnaire ? »
Malefoy fait non de la tête, clairement amusé :
« Tu n'as pas tant changé que ça. C'est drôle.
- Que tu dis, Malefoy, que tu dis. »
Le visage de Malefoy adopte une expression étrange, un peu perplexe, qu'Harry a du mal à décrypter. Puis, soudain, Malefoy fait volteface et s'approche de son bureau. Il s'assit sur son énorme fauteuil en cuir – de toute façon, tout est gigantesque dans cette pièce... - et fait signe à son interlocuteur de prendre place en face de lui. Une fois assis, Harry sent bel et bien son assurance qui l'avait regagné pendant ce début de conversation presque amicale s'enfuir de nouveau au grand galop. Il n'aime pas du tout cette situation.
Quoi de plus normal, après tout ? Astoria... Harry se reprend. Il doute que Malefoy l'accueille ainsi s'il avait seulement eu vent de... Harry n'arrive pas à mettre un mot dessus mais il sait que ce n'est pas bien. Pas du point de vue des autres, en tous cas. Parce que, lui, il sent que c'est bien. Cela lui fait un bien fou. Depuis combien de temps ne s'est-il pas senti comme ça ? Presque léger... Et pourtant, le matin, quand il se lève, il ne voit qu'un visage las et fatigué. Comment se fait-il que son corps ne reflète pas cette douce euphorie qui le gagne peu à peu ? Il songe que ce qui lui arrive a beau être agréable, cela ne suffit peut-être pas à apaiser l'angoisse et le stress liés à ses différents problèmes...
Dont un, surtout. Énorme. Gigantesque. Blond. Le regard implacable. Gris Acier. Mais avec un début de calvitie, note avec une satisfaction jalouse Harry. Le dit-problème ne semble pourtant pas se douter du douloureux fil des pensées de son vis-à-vis et garde une expression neutre. Harry le revoie presque, à Poudlard, en deuxième année, quand, pour une fois, Drago Malefoy ne préparait pas de mauvais coup, penché au dessus de quelque difficile et biscornu énième devoir de Métamorphose ou de Potions. Enfin, tout cela est bien loin, maintenant...
Cette fois, Malefoy paraît penser la même chose car il déclare subitement :
« C'est vrai que ça fait bizarre, quand même. Je n'aurais jamais pensé te voir un jour vieux. »
Harry daigne lui accorder un regard teinté d'un mépris comique vu qu'il ne maîtrise pas vraiment cette technique. Il va répliquer mais Malefoy poursuit :
« Bref. Nous ne sommes pas ici pour parler du bon vieux temps. »
Harry ne sait pas si Malefoy grimace pour le « bon » ou le « vieux ». Toujours est-il qu'il le laisse continuer. Plus vite ce sera terminé, mieux il se portera. Malefoy se lève, les doigts pensivement posés sur les lèvres :
« Tu n'es pas sans savoir que cela me gêne beaucoup, cette histoire. »
Harry acquiesce :
« Surtout que ton chercheur ne s'est pas montré très coopératif, honnêtement.
- Je sais, c'est pour ça que je t'ai convoqué. »
Harry hausse un sourcil – cette mimique-là, il maîtrise. Drago reprend :
« Il n'était pas en mesure de te répondre pour la bonne raison qu'il est tenu au secret.
- Au secret de quoi ?
- Tu es trop curieux, siffle Drago en détournant les yeux.
- Je dirige l'investigation d'une affaire d'incendiaire et, accessoirement, d'un meurtre. Alors, oui, permets-moi d'être curieux. Surtout que ton chercheur avait tout intérêt à la faire disparaître, vraisemblablement. »
Harry s'arrête là. Faut-il tout dire tout de suite ou le laisser mariner un peu et abattre ses cartes ensuite ? Il a peur que Malefoy n'abatte pas les siennes et s'en sorte. Encore. Car toute cette histoire est décidément trop étrange pour ne pas cacher quelque chose. Et ce curieux hasard. Ces rencontres fortuites. Ce meurtre. Cette enquête. Astoria, Ginny, Malefoy, lui, Scorpius et Albus... Merlin, les enfants... La voix de Drago ramène Harry à la réalité :
« Oh non, tu te trompes lourdement sur ce coup-là.
- Pardon ?
Drago arbore ce sale petit sourire sournois que Harry a toujours détesté. Il signifie clairement « Je sais quelque chose que, toi, tu ne sais pas ! ». A ce moment-là, il n'y a plus aucune Astoria, plus de femme, plus rien dans la tête d'Harry : seulement un petit garçon de douze ans, blond, absolument agaçant, qu'il avait, il y longtemps, souvent rêvé d'étrangler dans son sommeil :
« La nouvelle formule du Véritaserum ne m'intéresse pas. De toute façon, le gouvernement n'est pas prêt à la lâcher à un laboratoire particulier. Trop d'argent en jeu. Seulement voilà... J'ai mieux, affirme victorieusement Drago en frottant ses doigts contre son pouce. Et qui rapportera plus.
- Mais encore ? demande Harry. Tout ça est très intéressant mais je ne voie pas ce que Kneed...
- Kneed travaille sur un autre projet, voilà tout. Et, ce jour-là, il était dans ce labo. En train de travailler sur ce projet-ci.
- Tu en es sûr ?
- Un peu, que j'en suis sûr. J'étais avec lui. »
Harry fronce le nez, peu convaincu. Si l'autre croit qu'il va se laisser avoir aussi facilement, il se met le doigt dans l'œil :
« Et pas d'autre témoin ?
- C'est un projet top secret, je te l'ai dit, non ? s'agace Drago. Qu'est-ce que tu crois ? Que je vais aller crier sur tous les toits la recette de mon prochain produit ? Tu rêves.
- D'ailleurs... Ce fameux produit, qu'est-ce que c'est ? »
- Drago fait « non » de la tête :
« Pas question, Potter. »
Harry croise les jambes, appuie son coude sur l'accoudoir, sa joue sur son poing et sourit. Drago, debout, le fixe d'un air déterminé. Un peu boudeur, aussi :
« Tu dois m'en dire plus. Je ne peux pas disculper un suspect sous prétexte que son patron m'affirme qu'il n'est pas coupable.
- Il était avec moi, cela ne suffit pas ?
- Pourquoi Kneed ne pouvait tout simplement pas me dire qu'il travaillait, ce soir-là ? Il m'a menti, il a dit qu'il était chez lui. Cela ne joue pas en sa faveur...
- Il y a une clause dans son contrat concernant le produit qu'il est en train de mettre au point, explique Malefoy en levant les yeux au ciel et en articulant lentement, comme s'il se trouvait devant un petit enfant. Elle stipule qu'il ne peut, sous aucun prétexte, parler ou ne serait-ce qu'articuler une onomatopée ayant un quelconque rapport avec ce projet.
- Sinon ?
- Sinon j'ai la possibilité de saisir tous ses biens. »
Harry ouvre de grands yeux, à la fois surpris et choqué :
« Ra... radical, balbutie-t-il.
- Je dois avouer que c'est très efficace, ce genre de méthode, affirme Drago. »
Il observe Harry avec un sourire ironique :
« Ne t'inquiète pas. Je n'ai encore jamais dépouillé aucun pauvre chercheur qui n'aurait malencontreusement pas respecté cette clause.
- Du bluff ?
- Oh non, je le ferais si on ne la respectait pas, souligne Drago avec un sourire carnassier. »
Harry a un air résigné. Ce n'est pas comme s'il était attendu à retrouver un Drago absolument moral et sain. C'était avant tout un homme d'affaire. Harry lança :
« Et ces papiers ? J'aimerais que tu m'en donnes une copie.
- Ah non ! Pas question, Potter !
- Pourquoi ?
- Le projet y est mentionné, voyons ! Tu n'y penses pas...
- Et alors ? Il n'y a pas la recette dessus, à ce que je sache. »
Drago bougonne dans sa barbe, lançant des regards furibonds à Harry :
« Tu ne comprends pas : la concurrence est rude. Si ne serait-ce qu'un fragment de ce contrat parvient à des oreilles malintentionnées …
- Ne t'inquiète pas. Mon bureau est un des endroits les plus sûrs du monde en matière de document confidentiel. Tu peux me croire. »
Malefoy observe Harry en plissant les yeux, comme s'il cherchait à savoir si ce qu'il dit est vrai. Finalement, après un soupir dramatiquement fataliste, il hoche la tête et se dirige vers sa gigantesque horloge. Arrivé devant, il tend la main... Puis, il s'immobilise. Il se tourne brusquement vers Harry qui le regarde calmement :
« On ne t'a donc jamais appris la discrétion ? Retourne-toi s'il te plait. »
Harry plisse la bouche, surpris :
« Hein ?
- Retourne-toi si tu veux avoir ce contrat. Point. »
Après quelques secondes de tergiversations tourmentées, Harry finit par obéir. Derrière lui, il entend une série de rouages grincer, des aiguilles gémir, des cliquetis, des bruits de soufflerie, de coups mats... Il se fait violence pour ne pas faire volteface afin de voir ce qui produit tout ce tintamarre. Enfin, une main fait claquer un paquet de parchemins sur son nez :
« Voilà ! Satisfait ?
- C'est parfait, Malefoy, dit Harry en feuilletant les parchemins. »
Ses pupilles accrochent un mot :
« Du Poussos ? Cette horreur ? gémit Harry en se remémorant la douleur provoquée par l'absorption de cette potion.
- Non, mieux, tu penses bien. Plus efficace. Et moins douloureux pour le patient. Je crois que tu en as fait l'expérience, d'ailleurs, non ?
- Tu es bien placé pour le savoir, grommelle Harry au douloureux souvenir de son bras cassé dont Lockhart avait fait disparaît les os au lieu de les ressouder, en deuxième année .
Un moment mémorable, si tu veux mon avis. Je n'avais jamais vu ça. »
Harry lui retourne une moue dubitative. Drago hausse les épaules :
« Quoi qu'il en soit, force est de constater que Kneed n'a rien à voir avec ton affaire. N'est-ce pas ? »
Harry acquiesce tout en roulant les parchemins. D'un coup de baguette, un second exemplaire apparaît dans sa paume ouverte et il rend l'original à son propriétaire :
« Tout m'a l'air correct. »
Il réfléchit un instant :
« Tu préfères que je te fasse signer une déposition ici-même ? »
Drago a un air surpris en se rasseyant à son bureau, le rouleau entre les mains :
« Je pensais que j'aurais à me déplacer au Département de la Justice...
- C'est la procédure officielle, en effet. Mais elle peut être contournée en certains cas. Surtout si nous voulons conserver ton implication dans cette affaire, et celle de Kneed, secrète. »
En fait, cela arrange même beaucoup Harry. Derrière cette conversation adulte, presque sympathique, il devine toujours cette tension qui n'a jamais totalement disparue entre lui et Drago Malefoy. Son malaise s'accroit en songeant à Astoria :
« D'accord, cela m'arrangerait, en effet.
- Ça ne prendra que quelques minutes... »
Harry sort un parchemin vierge, un pot d'encre rétrécit qu'il agrandit, une plume, qu'il pose sur la table et sur lesquels il tapote du bout de la baguette tout en murmurant :
« Animaliem. »
La plume s'élève, se place au dessus du parchemin et commence à écrire à une vitesse faramineuse. Quelques minutes plus tard, le rapport est rédigé :
« Je crois que tout est en ordre, déclare Harry en parcourant rapidement en diagonale le texte.
- La plume a vraiment retranscrit toute notre conversation ? s'étonne Drago.
- Non. Seulement ce que je lui ai dicté d'après les souvenirs de notre conversation.
- Ingénieux, souffle Malefoy d'un ton appréciateur. Comment cela se fait-il que ce sortilège ne soit pas plus connu ?
- Parce qu'il nous sert surtout à nous, policiers, à retranscrire mot pour mot ce que nous avons entendu ou vu lors de nos filatures et autres. C'est très pratique pour n'omettre aucun détail, expliqua Harry en se levant pour prendre congé.
- Mais, c'est étrange, tout de même...
- Ne t'en fais pas, Malefoy. Un brevet a déjà été déposé pour ce sortilège à la Guilde, raille Harry. »
Malefoy ne répond rien, serrant un peu trop fort la main d'Harry. Ce dernier sourit et se surprit à lancer :
« Ravi de t'avoir revu, Malefoy. A la prochaine ! »
Une fois dehors, après avoir consciencieusement évité le sournois chercheur qui l'avait conduit à Malefoy, Harry se rendit compte à quel point son comportement pouvait être vu comme étant provoquant à la lumière de sa situation actuelle... Il ferme les yeux, se sentant soudain tendu et harassé. Les premiers flocons et le vent glacial de novembre le font frémir et, après un dernier regard sur les hauts bâtiments froids des Laboratoires Malefoy, il transplana.
OoO
Dans la cuisine du Terrier, le silence semble bien curieux aux trois femmes assises, une tasse de thé entre les mains. Hermione observe pensivement Ginny. Cette dernière agit curieusement ces derniers temps. Son air constamment sur le qui-vive intrigue Hermione. La jeune femme, après le travail, venue chercher Hugo qu'elle a confié à sa grand-mère pendant qu'elle et Ron travaillaient, malgré la fatigue due à une dure journée, ne peut empêcher son cerveau de chercher assidument la cause de ce malaise.
Elle sait bien que cela ne va pas très fort, depuis quelques temps, entre Harry et Ginny. Cela l'inquiète beaucoup, même. Cette atmosphère tendue contraste avec celle, joyeuse, des périodes de fête où les parents et grands-parents commencent à s'activer dans l'attente anxieuse du retour à la maison des jeunes élèves de Poudlard. Hermione se souvient du Noël dernier où Ginny, un sourire aux lèvres, l'avait aidée à choisir les décorations de leurs maisons respectives.
Ce moment semble bien loin et Hermione se demande tout simplement pourquoi. Pourquoi ce silence obstiné ? Pourquoi Ginny n'avoue-t-elle pas ce qui la tourmente si explicitement. Car c'est tout à fait visible. Pourtant, même le regard soucieux de Molly Weasley ne semble pas interpeller Ginny.
Hermione se trompe. Lourdement. Ginny sent bien les regards de sa mère et de sa meilleure amie. Sauf qu'elle les perçoit différemment qu'Hermione. Elle les sent lourds de reproches. Elle culpabilise. Elle retourne cette conversation dans sa tête, ce soir-là, après que Lily est montée se coucher. On n'a pas besoin d'un autre enfant... « Trop tard. »
Bon sang ! Elle n'avait pas voulu dire ça ! Voilà, elle voulait dire tout autre chose. Elle voulait dire : trop tard, j'en ai envie. Trop tard, pour toi. Pas pour moi. Trop tard, zut ! Elle ne voulait pas dire qu'elle était enceinte ! Pas du tout ! Elle se mordille la lèvre inférieure derrière sa tasse de thé. Elle n'ose pas s'avoue que c'est bien ce qu'elle a voulu dire. Elle voulait tellement y croire. Penser qu'ils auraient tous été de nouveau une famille.
Elle devrait le laisser partir. Elle le sait, pourtant. Mais elle n'arrive pas à s'y résoudre. Pourtant, elle aussi elle commence à ressentir ce vide. Cette absence d'amour. Elle n'aime plus Harry. Ils ne s'aiment plus. Ils se respectent profondément. Se désirent, aussi, peut-être. C'est peut-être ce qui la trouble encore. Mais elle ne l'aime plus.
Ginny ouvre de grands yeux et son menton se tord. Alors, simplement, Molly Weasley se penche, un mouchoir à la main, et essuie délicatement les si beaux yeux de la rouquine et Hermione souffle :
« Tu veux en parler ? »
Ginny acquiesce maladroitement et sent, que cette fois, il ne lui est plus possible de revenir en arrière. Tout est fini.
OoO
« Puisque je vous dis que c'est moi ! argue l'homme en titubant. »
Une barbe de plusieurs jours lui mange le bas de la mâchoire et il renifle bruyamment toutes les cinq minutes. Jenkins commence à sérieusement perdre patience. Elle observe Harry qui tente de conserver son calme. Peine perdue :
« Baissez d'un ton, nous ne sommes pas sourds ! rugit Harry.
- Ce que mon collègue veut dire, tente Jenkins, c'est que nous ne pouvons pas vous inculper simplement parce que vous dites être l'instigateur de ce crime...
- Mais j'avoue ! Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?
- Des preuves, martèle Harry. »
Il songe que, pourtant, il aurait bien envoyé l'homme illico presto au tribunal. Seulement, ce dernier, en l'absence de preuves, même avec un aveu aussi clair, n'enverrait pas un homme à Azkaban :
« Et une cellule de dégrisement, aussi, grommelle Harry. »
Il remue le nez, dérangé par la forte odeur d'alcool qui émane de l'homme. Harry fait un geste de la main à un collègue qui s'approche. Il lui chuchote quelque chose à l'oreille et l'autre acquiesce avant de prendre gentiment l'homme par le bras :
« Venez avec moi, monsieur, s'il vous plait.
- Ne me touchez pas ! »
Et l'ivrogne assène un violent coup de poing à la tempe de l'Auror. Ce dernier, sonné, regarde d'un air complètement perdu l'homme. Harry crie :
« Non mais ça va pas ! Stewart ! Viens pas là ! »
Se tournant vers l'homme imbibé d'alcool, Jenkins énonce calmement :
« Stupéfix. »
L'homme s'effondre sur le sol, inerte. Harry porte la main à son front, furieux et éructe à Stewart, et le troisième qui vient de se prendre un bon crochet du droit :
« Emmenez-le en cellule de dégrisement. Maintenant ! Vous le relâchez dans dix heures. Il est trop imbibé pour sortir plus tôt. »
Un « Oui, Chef ! » unanime lui répond. Ils font léviter le corps tout le long du département, tandis que leurs collègues lèvent vaguement les yeux vers eux, plus ou moins accoutumés à ce genre de spectacle. Harry soupire, s'appuyant contre un bureau le temps de se masser les yeux. Il entend indistinctement les pas de Jenkins s'éloigner de lui. Il est cette position depuis quelques minutes quand, soudain, une voix moqueuse et traînante l'interpelle :
« Bah alors, Potter, t'es pas dans ton assiette, décidément... »
Harry ouvre les yeux et lance un regard nébuleux à son interlocuteur :
« Oh non, pas toi...
- Ne crois que cela m'enchante particulièrement, réplique, acide, Drago Malefoy.
- Qu'est-ce que tu fous là ? gronde Harry en se frottant les paupières sous les verres de ses lunettes.
- Je viens rajouter un détail à mon témoignage, annonce Malefoy en parcourant des yeux le QG.
- Pour quoi faire ? soupire Harry. »
Drago lui lance un drôle de regard, à la fois chargé de compassion et de mépris :
« Tu devrais rentrer chez toi. Soit tu dois être très fatigué, soit tu dois devenir sénile si tu ne te souviens même pas que tu m'as convoqué.
- Quoi ? Tu...
- C'est moi qui l'ai convoqué, en fait, Chef. »
Jenkins s'approche des deux hommes :
« Monsieur Malefoy, si vous voulez bien me suivre... »
Drago acquiesce tout en jetant un sourire sournois à Harry :
« Merci, tout plutôt que de souffrir de la mauvaise humeur d'un lionceau en rut.
- MALEFOY, TU...
- Bonne journée, Potter ! »
Malefoy se dirige vers la porte indiquée par Jenkins et s'y engouffre. La jeune femme sourit tandis que Harry, lui, enrage. Elle pose une main compatissante sur l'épaule de son supérieur et s'attire un regard noir :
« Monsieur... Monsieur Malefoy n'a pas totalement tort... NON ! Je veux dire... »
Harry a un drôle de sourire. Jenkins toussote :
« Ce que je veux dire c'est que vous êtes harassé. Cela se voit. Vous devriez rentrer plus tôt chez vous, ce soir. »
Harry va protester mais elle lève la main et dit d'un ton sans appel :
« On peut se débrouiller sans vous pour une soirée. Allez. Et plus vite que ça. »
Harry a une moue d'enfant grondé et boude :
« On dirait ma mère...
- Votre mère ? s'étonne Jenkins avant de se mordre les lèvres.
- Oui, enfin, la mère de ma femme, précise Harry avec un sourire attendri devant la gêne de la jeune femme. Ok, ok, ajoute-il en levant les mains, signe qu'il rend les armes. Je rentre. »
Il va dans son bureau, récupère sa cape et son chapeau. Jenkins, en passant, lui souhaite :
« Bonne soirée, Monsieur.
- Bonne soirée, Jenkins. »
Quelques minutes plus tard, le voilà dehors, dans le froid qui le saisit brusquement après ces longues heures passés au chaud, à l'intérieur du QG. Il est tenté, ce soir, de rentrer directement chez lui . Oh, et si il allait dans ce petit café, avant ? Pourquoi pas... Cela le détendrait peut-être. Il sort de la ruelle où se trouve la cabine téléphonique rouge qui permet l'accès au Ministère, s'engouffre dans le Londres Moldu. Il se rend compte que cela lui fait vraiment du bien, se dégourdir les jambes, marcher au milieu des passants sans savoir vraiment où il va. Il pourrait presque se dire que tout est pour le mieux...
Il tourne au coin d'une rue. Là, il y a moins de passants. Tout est presque désert. Il tourne à nouveau et, soudain, s'immobilise. Tiens, c'est bizarre... Il lève la tête, convaincu qu'il y avait un lampadaire, à cet endroit, la dernière fois qu'il est venu, et qu'il faisait donc beaucoup moins sombre dans cette allée, avant. Il pense s'être trompé de rue. Il est prêt à retourner sur ses pas quand, soudain, il sent quelque chose frapper son dos. Il mugit de douleur et s'écroule par terre.
Il tente de saisir sa baguette mais cette dernière est coincée dans sa poche et une nouveau sortilège frappe son épaule, le faisant se tordre de douleur. Enfin, il saisit sa baguette et riposte :
« Hominum Revelio ! »
Là, dans le coin le plus sombre, un individu encapuchonné fait crépiter le bout de sa baguette :
« Incarcerem ! »
Des cordes jaillissent de la baguette d'Harry mais la personne repousse sans difficulté son sortilège. Harry fronce les sourcils, se relève et lance :
« Levicorpus ! »
Même résultat. Pourquoi ses sortilèges ont-ils si peu de puissance ? Harry se sent tout... mou. Il voit soudain très flou. Il articule péniblement :
« C'était quoi, ces sortilèges ? Qu'est-ce... Qu'est-ce que... vous m'avez fait ? »
Ce sont ses dernières paroles avant qu'il ne s'effondre sur le sol, sa baguette roulant à quelques mètres de lui. D'un pas lent, l'individu s'approche, ramasse la baguette. Il la fait tourner entre ses doigts calleux, la contemple un instant, avant de murmurer :
« C'était trop facile. »
Il s'approcha du corps inconscient, se pencha, toucha le front d'Harry et transplane.
OoO
Bonjour à tous ! Voilà un chapitre un peu plus court que les précédents mais j'espère que votre lecture n'en a pas pâti. Alors ? Intéressant, tout ça, n'est-ce pas ? Personnellement, j'ai adoré écrire ce chapitre, surtout les moments où Drago apparaît... Je trouve que lui et Harry ont décidément des conversations très intéressantes !
Sinon : à votre avis, est-ce un coup monté par Drago pour punir Harry d'avoir séduit notre chère Astoria (si si, ça se tient. Sauf que si c'était ça, je ne vous le dirais pas.) ? Ginny va-t-elle ENFIN arrêter de pleurer et prendre son destin en main ? Cela s'applique aussi pour Astoria, d'ailleurs, qui n'apparaît pas dans ce chapitre... Elle détiendra un rôle très important dans la suite des évènements, ne vous inquiétez pas...
A très bientôt pur la suite !