Disclaimer: rien n'est à moi.
Auteur: whitedwarf
Traductrice: Cassis Blake
Note:...hum longue absence je sais. Burn-out, reprise d'études.. c'est mon quotidien depuis un an. Mais peu importe le temps qui passe, je n'abandonnerai jamais aucune traduction. Maigre consolation pour vous mais quand même.
Hadrian baissa la main après avoir toqué à la porte et attendit.
Elle ne tarderait pas à lui ouvrir. Il n'avait pas pris la peine de désactiver le médiocre dispositif de protections qui entourait la propriété, elle avait donc été prévenue de sa présence à l'instant même où il avait franchi le périmètre de sécurité.
Le corps de Hadrian fut soudain parcouru de picotements, signe d'un danger imminent, et le silence qui régnait dans la prairie fut rompu lorsque l'une des fenêtre du cottage éclata en mille morceaux dans un grand fracas.
Il se mit immédiatement à couvert, évitant de justesse le jet de lumière rougeoyant qui fusa à travers l'espace vide au dessus de sa tête. Un petit talus explosa derrière lui, conséquence de la malédiction, le recouvrant d'un nuage de poussière.
"Reducto!" cria une voix féminine et Hadrian n'eut même pas le temps d'esquisser une grimace contrariée avant de se voir obligé de choir au sol et d'effectuer un rouler-bouler.
"Diffindo! Stupefix!"
Les sortilèges pleuvaient sur lui sans faiblir d'intensité, fusant de toutes les directions sans discontinuer, cherchant à le prendre par surprise.
Il ouvrit la bouche pour révéler son identité avant de se raviser. Une cacophonie de sons faisaient violemment échos à travers la paisible vallée et il n y avait aucune chance qu'elle puisse l'entendre au milieu de tout ce bruit.
Tenant fermement sa baguette dans sa main, Hadrian continua à esquiver les sortilèges qui s'abattaient sur lui, ne souhaitant pas riposter avec ses propres malédictions au risque d'atteindre bel et bien celle-ci.
Une réticence qui s'estompa rapidement.
Hadrian exhala avec fureur quand le sortilège du brise-os fusa à côté de lui, le manquant d'un cheveu. Elle l'avait jeté non verbalement.
Il transplana dans un craquement.
Au lieu d'apparaître derrière elle, comme elle s'y attendait certainement, Hadrian réapparut à un mètre à peine de sa position originelle. Comme il l'avait anticipé, celle-ci lui tournait désormais le dos alors qu'elle balayait frénétiquement du regard l'area derrière elle.
Il lança prestement le sortilège d'immobilité en direction de la silhouette féminine et observa les membres de celle-ci se raidirent, avant qu'elle ne tombe tête la première en avant, son corps disparaissant dans les hautes herbes.
Hadrian laissa échapper un soupir irrité comme il s'approchait d'elle.
Il s'arrêta devant la jeune femme qui gisait face contre terre et se pencha pour considérer celle-ci avec une expression amusée. C'était la première fois qu'il avait l'opportunité de poser les yeux sur elle depuis qu'elle avait ouvert l'assaut. Les hautes herbes avaient constituées un moyen de défense efficace mais elles avaient également dissimulées son visage à Astrid, il était donc toujours aux yeux de celle-ci un ennemi potentiel.
"Je dois dire," dit avec un mince sourire Hadrian d'une voix traînante, sans faire mine de lever la malédiction "que je suis affreusement tenté de te laisser comme ça, Astrid. Face contre terre, dans la boue..." Le choc qu'elle éprouva en découvrant son identité fut palpable en dépit de la position dans laquelle elle se trouvait. "Hélas, si je suis venu ici c'est pour une toute autre raison."
Il leva le sortilège d'un geste de sa baguette.
Astrid prit immédiatement appuis sur ses coudes tandis qu'elle toussait, sa robe de coton bleu pâle irrémédiablement souillée par sa chute.
"Hadrian...?" questionna-t-elle à voix basse.
"Lui-même." se moqua-t-il.
"...Tu te conduis vraiment comme un gamin, Walker!" s'écria-t-elle avec colère après un long silence qui le fit rouler des yeux au ciel avant qu'il ne tourne les talons, ne désirant pas s'attarder plus longtemps dans le froid.
"Où vas-tu?" s'enquit-elle avec brusquerie.
Hadrian continua d'avancer en direction du cottage. Elle devait s'être relevée à présent, supputa-t-il.
"Je n'ai pas l'intention d'attendre que ta susceptibilité de princesse outragée soit apaisée, Beaumont. Je m'en vais faire le tour par moi-même du trou à rat dans lequel tu semble t'être exilée." répondit-il calmement comme il ouvrait la porte d'entrée avant d'en franchir le seuil sans s'y être invité.
Il esquissa un sourire en entendant le grognement à demi-étouffé qu'émit celle-ci avant de le suivre d'une démarche emportée, claquant la porte derrière elle avec tant de force que celle-ci trembla dans ses gonds.
"Drôle de lieu de vacances." murmura Hadrian en examinant la pièce délabrée qui faisait à la fois office de salon et de chambre. Il y avait des parchemins et des vêtements éparpillés un peu partout, à tel point qu'il était impossible de discerner ce qu'il y avait en dessous.
"Est-ce que je peux m'asseoir sans crainte?" plaisanta-t-il avant de pivoter pour faire finalement face à son amie qui était son aîné de quelques années. Celle-ci était occupée à le fusiller du regard, ses étranges yeux noirs dardés sur lui d'un air méfiant.
A vingt-deux ans, Astrid Beaumont était sans nul doute l'une des plus belles femmes que Hadrian ait jamais rencontré. Sa beauté classique attirait immanquablement l'attention. Cela étant dit, il n'avait encore jamais croisé de sirène ou de descendante de celle-ci chez qui cela ne soit pas le cas. Elle était dotée d'une chevelure blonde platine, caractéristique de son espèce, qui cascadait en une masse soyeuse jusqu'à sa taille. Elle était grande et sculpturale, ses traits parfaitement symétriques. C'était les yeux qu'elle avait hérité de son père humain qui lui conférait une apparence à la fois sinistre et indescriptiblement unique. Intégralement noires, ses orbes semblaient sans fin, extraordinairement grandes et sagaces.
"Qu'est-ce que tu veux, Hadrian?" cracha-t-elle.
A un quart sirène, Astrid était également pourvue d'une langue acérée.
"Qu'est-ce que tu fabriques ici? Te trouver a été encore plus compliqué que je ne l'avais imaginé." demanda Hadrian, ignorant aisément la question de celle-ci tandis qu'il parcourait du regard la modeste pièce.
"Ce ne sont pas tes affaires."
Hadrian contempla celle-ci en fronçant les sourcils. D'ordinaire, sa colère serait déjà retombée à cet instant. Astrid était vindicative et souvent cruelle envers les gens qu'elle n'aimait pas ou qu'elle ne connaissait pas mais elle faisait preuve d'une indéfectible loyauté envers ceux qu'elle considérait comme ses amis.
"...Est-ce que tu vas bien?" s'enquit-il lentement en l'observant intensément.
Hadrian vit avec une certaine mesure d'anxiété le visage de celle-ci se décomposer brièvement avant qu'elle ne regagne contenance.
"J'ai parlé à Fredrick..." dit-il en cherchant à l'amener à parler. Le sorcier l'avait sommairement informé d'un incident survenu dans la famille Beaumont dont il n'avait pas été mis au courant. Tout ce que celui-ci avait pu lui dire était qu'une dispute houleuse avait éclatée au sein de celle-ci. Le tuteur d'Astrid ne savait cependant pas où elle se trouvait, obligeant ainsi Hadrian à la trouver par ses propres moyens.
"Qu'est-ce que tu fais là Hadrian?" la sorcière blonde refusait obstinément de croiser son regard.
"Est-ce que ça à quelque chose avoir avec le fait que tu viens tout juste d'atteindre ta majorité?"
Les yeux noirs de celle-ci se posèrent instantanément sur lui, la surprise clairement lisible dans le regard onyx.
"Comment sais-tu cela?" s'enquit-elle.
Hadrian haussa un sourcil. "Ton habilité innée à envouter et à amadouer ceux qui t'entourent est braquée sur moi depuis que je suis arrivé ici." déclara-t-il d'une voix traînante.
Un rire amer échappa à celle-ci. "On serait en droit de penser que si un sorcier de ton âge était capable de repousser les effets de ma transe si aisément, d'autres, dotés de bien plus d'années d'expériences, se montreraient au moins enclins à en faire l'effort."
D'un mouvement de baguette, Astrid conjura un feu dans le foyer de la cheminée en ruine.
"Mon père a décidé de me marier." annonça-t-elle dans un souffle en secouant la tête d'un air incrédule, comme si elle ne parvenait toujours pas à y croire. "Comme tu dois sûrement le savoir, la voix d'une sirène exerce le même effet qu'un sortilège d'Imperium. Etant à trois quart humaine, ma voix, bien qu'extrêmement plaisante à entendre, voit son potentiel d'envoûtement sévèrement diminué. Néanmoins, je projetterai toujours autour de moi une transe d'une faible intensité qui a pour effet de rendre ceux qui m'entourent plus enclins à agréer avec mes propos. Une forme de charisme, particulièrement désarmant et persuasif, en quelque sorte."
Hadrian hocha la tête, ayant déjà connaissance de tout cela, et attendit qu'elle poursuive.
"Papa a, semble-t-il, développé l'habitude de faire des paris, ce dont il ne nous avait jamais informé." Son visage adopta une expression orageuse. "Pour faire court, nous n'avons plus d'argent. Il a consciencieusement vidé tous les coffres des Beaumont à Gringotts. Il ne nous reste plus un seul Galleon." Elle émit un petit rire plein de détresse, repoussant sans ménagement ses longs cheveux par-dessus son épaule. "Et ce n'est pas tout, comme si ça n'était pas suffisant! Papa a emprunté de l'argent à la banque, à ses amis et à ses collègues de travail pour continuer à parier tout en maintenant notre train de vie habituel." Elle prit une profonde inspiration, interrompant momentanément sa diatribe courroucée, et son regard s'étrécit. "...Un riche espagnol, un politicien notoirement connu, l'a abordé il y a environ un mois de cela. Il était au courant des problèmes financiers que nous avions et des dizaines de personnes auxquelles nous étions désormais redevables...il a dit qu'il allait s'en occuper. Payer l'ensemble des dettes et même donner à notre famille une rente hebdomadaire de deux milles Galleons...tout ce qu'il voulait...il a dit qu'il ferait tout cela...en échange..."
"...de toi." conclut crûment Hadrian comme celle-ci peinait à achever sa phrase.
Elle releva les yeux vers lui. "Oui."
"Je vois." dit calmement Hadrian, sachant à quel point Astrid tenait à son indépendance. Cette situation devait la tuer. "C'est pour ça que tu te trouve ici à la montagne? J'imagine que cet homme a voulu une réponse dès que tu as été mise au courant ?"
Un sourire sans joie étira les lèvres de celle-ci. "Non. Papa a donné son accord par le biais d'un contrat entériné magiquement un jour après que l'homme l'ai approché. Je suis censé me marier dans six mois."
Hadrian ravala le dégoût qu'il éprouvait devant les actions égoïstes du père de celle-ci. Sa famille se retrouvait coincée entre le marteau et l'enclume. Ils n'étaient pas simplement ruinés; ils devaient apparemment de l'argent à tout leur entourage. Ce sorcier espagnol promettait de régler tout cela à l'amiable sans que quiconque n'en soit informé. C'était un arrangement extraordinairement satisfaisant pour tout le monde sauf pour Astrid.
"Il a cinquante-trois ans! Il a été marié à deux reprises et il a une fille qui est quatre ans plus âgée que moi!" Elle se mit à crier. "C'est écœurant! Mon propre Père m'a vendue au plus offrant comme si j'étais sa meilleure pouliche!"
Hadrian réfléchissait à toute vitesse sur ce qu'il savait en matière de contrats magiques. Il devait y avoir une issue. Un vice de forme qui offrirait une porte de sortie. Il y en avait toujours. Il fallait juste le trouver.
"Est-ce que tu possèdes une copie du contrat de mariage?" s'enquit-il doucement, stoppant net celle-ci dans sa tirade.
Ceci pourrait tourner en sa faveur, s'il jouait bien ses cartes.
"Laisse-tomber, Hadrian." Elle soupira d'un air fatigué, désignant du doigt un long parchemin jaune, chiffonné et à moitié déroulé, qui reposait sur la table encombrée du déjeuner. "Que crois-tu que j'ai fais depuis je suis arrivée ici il y a quatre jours ? I aucune faille exploitable. C'est bétonné."
Il ignora ses paroles et s'empara du contrat. Il déroula lentement celui-ci et prit connaissance du document particulièrement long. Rien ne lui sauta aux yeux de prime abord mais il s y était attendu. Les contrats qui portaient sur des alliances entre des familles de Sang-Pures comme celui-ci était notoirement complexes. Il espérait toutefois qu'un examen plus approfondit vienne mettre en lumière une close de sortie.
Pour ce faire, il aurait néanmoins besoin de plusieurs heures.
Hadrian releva les yeux du parchemin et son regard vert croisa le regard ébène plein d'espoir d'Astrid, en dépit du constat empreint d'amertume précédemment posé par celle-ci.
Une larme glissa le long de sa peau satinée et Hadrian changea nerveusement de jambe d'appui, chiffonnant bruyamment le parchemin entre ses mains.
"Je ne veux pas que ma vie sois dictée par quelqu'un d'autre, Hadrian." chuchota-t-elle.
Il détourna le regard du visage de celle-ci, mal à l'aise devant l'émotion qu'il y lisait.
Astrid n'avait jamais été une personne qu'il avait un jour eu l'intention d'avoir comme amie. Ils s'étaient rencontrés lors d'une grande soirée auquel les avaient discrètement conviés une vieille connaissance de Raven. Hadrian avait douze ans. Il se tenait légèrement à l'écart, debout à côté d'un mur dans la salle de balle; observant les gens à sa guise alors qu'ils déambulaient autour de lui. Mais une paire de yeux noirs l'avait repéré, tapi dans l'ombre, et avait refusé de le quitter. Et tandis qu'il s'en agaçait de plus en plus, la pointe d'humour présente dans les yeux de la jeune fille s'accentuait. Elle était très populaire à l'époque, il s'en rappelait. Des hommes de tout âge l'entouraient en permanence et il pouvait dire qu'elle appréciait l'attention dont elle faisait l'objet. Mais toute son attention à elle s'était portée sur lui ce soir là.
Elle ne l'avait approché que lorsque la fête touchait à sa fin, aux petites heures du matin. Astrid l'avait savamment manipulé pour qu'il consente à danser avec elle et son visage d'ordinaire impassible avait revêtu une expression pincée et contrariée alors que les gens autour d'eux s'extasiaient en souriant sur le tableau adorable qu'il offrait; dansant avec une beauté de dix-sept ans beaucoup plus grande que lui. Aucun d'eux ne s'étaient doutés que ce n'était pas le jeune garçon qui avait approché en rougissant la jeune fille à un quart sirène mais que c'était la blonde qui était déterminée à obtenir de lui une danse.
En dépit de son jeune âge, elle avait refusé de le laisser tranquille. Astrid lui avait confié par la suite que c'était ses yeux qui avaient attirés son attention. Pas à cause de leur couleur peu commune, comme tant d'autres l'avaient fait remarqués auparavant, mais en raison du feu sombre qui couvaient en eux.
Durant l'année qui avait suivi, à chaque événement mondain où ils étaient tous deux présents, elle l'avait systématiquement abordé. Et elle avait toujours réussi, d'une manière ou d'une autre, à lui soutirer une danse. Les quatre premiers mois, Hadrian avait obstinément gardé le silence tandis qu'elle bavardait; pas le moins du monde refroidie par son mutisme alors qu'ils se mouvaient au rythme de la musique. Peu à peu, elle était parvenue à lui arracher quelques mots de par sa conversation étonnamment spirituelle. A la fin de cette année là, il en était venu à attendre avec envie leur danse coutumière, celle-ci constituant une distraction plaisante au train-train monotone de ces soirées réservées à l'élite.
L'année d'après, Astrid ayant réussi à creuser un chemin dans son estime si difficilement gagnée, leurs discussions ne s'engagèrent plus seulement durant leur danse mais également en dehors et il s'aperçut qu'elle était particulièrement maline et avisée.
Bien qu'il lui eu fallut patienter trois ans, Astrid s'était montrée déterminé à devenir son amie. Elle n'était peut-être pas aussi proche de lui que ne l'était Gabriel mais elle faisait partie du cercle d'intimes auquel il accordait sa confiance.
Hadrian ré-enroula lentement le contrat de mariage, réfléchissant rapidement en contemplant la silhouette morose et immobile.
"J'ai une faveur à te demander." annonça-t-il tranquillement. "En retour de celle-ci, je trouverai un moyen de rompre ce contrat."
C'était une déclaration audacieuse et potentiellement explosive s'il n'arrivait pas au bout du compte à trouver une solution. Mais il était confiant qu'il y parviendrait, d'une façon ou d'une autre.
"Hadrian. Je t'en prie." dit-elle avec dérision. "Même toi tu ne réussiras pas à déjouer ce contrat. Tu ne l'as pas lu en entier. Cet homme doit l'avoir fait rédiger par les meilleurs avocats d'Espagne!" déclara Astrid en grimaçant.
"Néanmoins," rétorqua-t-il en esquissant un sourire en coin, "Cela reste ta meilleure option. Et je t'en fais la promesse." réaffirma sérieusement Hadrian.
Tandis qu'elle l'observait dans le silence grandissant, il vit une lueur d'espoir poindre à nouveau dans ses yeux.
"Qu'est-ce que tu veux?" souffla-t-elle.
Hadrian braqua son regard sur l'amulette qui pendait au cou de Astrid, accrochée à une fine chaîne argentée.
Elle leva instantanément la main pour agripper le pendant en un geste possessif.
Hadrian releva les yeux afin de croiser les siens, conscient que celle-ci avait réagit de manière purement instinctive.
"Tu veux l'amulette de ma Grand-Mère?" demanda-t-elle avec incrédulité.
"Oui." répondit-il simplement.
"...Pourquoi?"
Hadrian resta muet; se contentant juste de la regarder.
Elle déglutit. "Tu sais à quel point cette amulette compte pour moi." dit Astrid.
"Je le sais."
"Alors pourquoi? Je me souviens t'avoir parlé de ce collier. Il y a des années de ça. C'était un cadeau de ma grand-mère maternelle. C'est la seule chose qu'elle m'ait laissé. Je me suis réveillé un matin, et il était simplement là, posé à côté de mon oreiller et accompagné d'une note. Ne l'enlève jamais, Astrid. C'est ce qu'elle m'avait écrit. Au cours du petit déjeuner, le Ministère nous a informé que son corps avait été retrouvé. Son cœur avait été arraché de sa poitrine."
Ses yeux noirs l'imploraient de lui donner une explication qui viendrait justifier d'une quelconque manière sa requête mais il ne pouvait lui confié qu'il était infecté par un sort jeté sur lui par le Seigneur des Ténèbres. Il n'en dirais jamais rien à personne.
"Je sais." dit Hadrian.
"C'est pour ça que tu m'a suivie jusqu'ici, pas vrai? Tu avais l'intention de me demander de te donner l'amulette de ma Grand-Mère avant même que je ne t'informe de l'existence du contrat, n'est-ce pas?"
Plongeant les yeux dans les siens, il hocha la tête.
Hadrian n'ignorait pas l'importance que revêtait ce pendentif aux yeux d'Astrid. Elle avait été particulièrement proche de sa grand-mère et suivait à la lettre la dernière instruction de celle-ci. En dépit de cela, l'attachement qu'Astrid avait pour ce collier était purement d'ordre sentimental. Elle n'avait aucune idée que sa grand-mère était en fait celle qui avait magiquement prélevé son cœur encore battant de sa poitrine et avait baigné l'amulette dans son sang-pur de sirène. C'était un rituel très sombre qui avait pour but de transférer une partie du pouvoir de persuasion de la sirène à l'intérieur du bijou, un acte qui était spécifiquement destiné à faciliter ainsi la vie de la personne qui le portait. La femme était mourante et souhaitait protéger sa famille du mieux qu'elle le pouvait.
Astrid balaya de la main sa longue chevelure par dessus ses épaules et elle saisit le fermoir du collier. Laissant la chaîne glisser dans sa main elle contempla le dragon sobrement stylisé pendant un long moment avant de la lui tendre avec un petit sourire triste.
"Je sais que tu ne me le demanderais pas si ce n'était pas important, Hadrian. Et...je suis sûre que ma Grand-Mère aurait été d'accord avec ma décision de te la donner, si on considère que tu m'offres la possibilité de vivre ma vie librement en retour."
Une pointe de culpabilité naquit aux confins de sa conscience mais il ignora celle-ci. Il essayait lui aussi d'échapper à son propre avenir de servitude.
Il tendit la main pour prendre l'amulette, retirant celle-ci de la paume immobile d'Astrid avant de la déposer en lieu sûr dans la poche intérieur de sa robe. "...Merci." murmura-t-il, esquissant un petit sourire sincère.
Astrid s'éclaircit la gorge en portant une main pâle à son cou, désormais dépouillé de tout bijou.
Enfin...une avancée. Il espérait trouver un moyen d'inverser les effets magiques du collier de sorte que l'envoûtement de la sirène, au lieu d'être projeter vers l'extérieur, soit dirigé à l'intérieur de lui-même. Le pouvoir de persuasion serein qui émanait de l'amulette pourrait peut-être lui permettre de manipuler le lien qui existait entre Voldemort et lui et de changer certaines de ses fonctions.
"Tempus."
Il était cinq heures quart. Il était resté ici bien plus de temps qu'il ne l'avait anticipé.
Il se dirigea à grandes enjambées vers la porte, glissant au passage le contrat de mariage à travers l'une des ouverture de sa robe.
"Je suis resté ici plus longtemps que je ne l'avais prévu, Astrid." expliqua-t-il d'un ton absent, analysant déjà dans son esprit les différentes méthodes qu'il pourrait user pour forcer l'amulette à se plier à ses désirs. La magie qu'elle renfermait était très puissante et trouver la solution pourrait nécessiter plusieurs jours.
"Ne t'inquiète pas, Hadrian." rit-elle en l'accompagnant jusqu'à la porte, son humeur s'étant significativement améliorée devant la promesse qu'il lui avait faite de la délivrer du pétrin dans lequel elle était fourrée. "Je suis habituée à tes visites à l'improviste et bien souvent de courtes durées. Pourquoi celle-ci serait-elle différente?" le taquina-t-elle.
"Je reprendrai contact avec toi quand j'aurai une réponse à te fournir, Astrid." Il sortit et ré-appliqua avec une certaine réticence ses glamours tandis qu'il marchait à travers la prairie. "Et par Merlin, retourne à la civilisation." Il lui adressa un petit sourire moqueur en tapant du bout de sa baguette la rune qui résidait sur son biceps, avant de tourner promptement les talons et de disparaître dans un léger craquement.
Hadrian apparut au milieu d'une petite forêt, florissante. Il se mordit la lèvre en adoptant une expression résolument renfrognée.
Il avait voulu transplaner au bas des marches du grand escalier qui menait à l'entrée principale du Manoir des Malfoy. De toute évidence, son subconscient avait une toute autre intention.
Il fronça les sourcils en contemplant les arbres familiers qui l'encerclaient. Raven et lui avaient arpentés ces sentiers tellement de fois lorsqu'il était enfant qu'il lui serait à jamais impossible de se perdre dans la foret dense.
Il était au Danemark.
Et le Manoir Nadine, sa maison, se trouvait à un kilomètre au nord-est de cette forêt.
Il souffla furieusement, souillant ses bottes en dansant d'un pied sur l'autre sur le sol boueux.
Il voulait accomplir ce kilomètre de marche. Il voulait voir si les boucliers de protections lui refuseraient réellement l'accès à la propriété. Et si c'était le cas, il voulait réduire ces protections magiques à néant et exiger de Raven des réponses sur ce qui était actuellement en train de se passer.
Il ne bougea cependant pas d'un iota.
Il désirait voir sa Mère, mais son orgueil et la peur qui le tenaillait le tétanisait. Elle avait mit fin à toute forme de communication entre eux. Elle l'avait fait. Il n'arrivait pas à envisager l'idée de s'abaisser à aller jusqu'à supplier. Pour quoi que ce soit. Il n'avait imploré quelqu'un qu'une seule fois dans sa vie. Il crispa les poings. Les souvenirs cauchemardesques qu'il gardait du temps où il résidait à Blackborne lui revinrent à l'esprit contre son gré et il se retrouva projeté lors de cette terrible nuit. Le souvenir d'un regard concupiscent et de doigts avides qui caressaient sa peau, le forçant au sol, étouffant ses cris. Hadrian déglutit.
Supplier ne lui avait rien apporté de bon cette nuit là.
Une bourrasque d'un froid mordant le balaya, le contraignant à reculer d'un pas devant son intensité. Sa nuque se raidit. Ses yeux verts ternes se firent transperçant et alertes tandis qu'ils sondaient rapidement la masse d'arbres qui oscillaient tout autour de lui.
Il était cinq heure trente. Il disposait encore au minimum d'une heure et demie avant que n'arrive l'heure limite des sept heures qu'il s'était lui-même fixé.
Le vent retomba mais il continua à scruter du regard les environs.
Il avait échappé à une journée infernale sur le Chemin-de-Traverse, récupéré l'artefact magique susceptible de l'aider à résoudre son problème avec le Seigneur des Ténèbres...alors pourquoi éprouvait-il soudain un mauvais pressentiment? C'était comme si la magie elle-même était à l'écoute, bien plus alerte et éveillée qu'à l'habitude.
Son regard s'étrécit et il ignora la manière dont la neige commençait à transpercer ses robes bon-marché, cinglant sa peau.
On aurait dit que l'area toute entière retenait son souffle.
Glissant une main dans sa poche, Hadrian agrippa fermement l'amulette. Ses yeux sondaient toujours les lieux en quête de tout mouvement mais rien ne vint expliquer son malaise grandissant.
L'anxiété lui noua subitement le ventre tandis qu'il se tenait immobile.
Tant pis, pensa-t-il soudain. A cet instant, il ne se souciait guère des nonante minutes de liberté qui lui restait. Sa magie était agitée et face au sentiment d'inconfort qui montait peu à peu en lui, transplaner directement au Manoir des Malfoy semblait être la meilleure solution.
Hadrian venait à peine de pivoter sur ses talons, focalisé tout entier sur sa destination. Quand sans crier gare, des flux de magie noire déferlèrent sur lui en provenance des arbres, s'enroulant autour de son corps, l'enserrant douloureusement.
Perdant définitivement toute forme de concentration, son corps fut parcouru d'une secousse inattendue. Sa cheville se tordit douloureusement devant cette halte non programmée et ses yeux ternes s'agrandirent sous le choc.
"Merde." cracha-t-il avec fureur.
Le Seigneur des Ténèbres était ici.
Au Danemark. Littéralement au milieu de nulle part!
Hadrian se redressa vivement et, les muscles raidit par la tension, pivota lentement sur sa cheville endolorie. Ignorant le froid, ses yeux sondèrent sans relâche les environs à la recherche d'une silhouette grande et mince.
Quel était le pourcentage de chance que l'homme ait justement choisi cet endroit pour effectuer une petite promenade en toute tranquillité? Son subconscient se montrait sarcastique aux moments les plus absurdes.
Les Malfoy s'étaient-ils vraiment empressés de prévenir leur Maître? S'était-il trompé à ce point?
"Merde!" jura-t-il à nouveau à voix basse.
Grinçant des dents, son esprit fonctionnant à cent à l'heure, tentant en vain d'ignorer la chair de poule qui habitait son corps en réaction à la noirceur intoxicante de la magie qui l'assaillait si intimement.
Il se redressa fièrement de toute sa hauteur.
Même si le Seigneur des Ténèbres avait connaissance de son escapade, il toucha l'amulette, ça en valait la peine.
"M. Walker..." l'interpellation sembla faire écho, sans lui donner la moindre indication de la localisation du sorcier. "Je m'interroge...testez-vous à dessein ma patience où bien est-ce seulement un effet secondaire à vos actes impulsifs et irréfléchis."
Hadrian observa la forêt sombre sans rien voir. L'homme le faisait exprès, réalisa-t-il aisément en retroussant les lèvres d'un air mécontent. Ce ton railleur, provocateur. Cette démonstration était manifestement destiné à le rendre faible et vulnérable; totalement à la merci du Seigneur des Ténèbres.
"A vrai dire, Mon Seigneur..." articula lentement Hadrian, d'une voix sûre bien que gardée. S'il avait de fait l'impression d'être une souris pourchassée par une panthère, ça ne signifiait pas qu'il devait affiché à quel point il se sentait crispé et tendu. Bien au contraire. "...Vous ne m'êtes même jamais venu à l'esprit."
Cette dernière déclaration était, évidemment, purement mensongère. Lord Voldemort occupait, à son déplaisir grandissant, une place prépondérante dans ses pensées depuis plusieurs mois déjà.
Le regard aiguisé de Hadrian sonda les alentours, repérant un mouvement du coin de l'œil. Ce fut le seul avertissement qu'il eut. Une ombre noire émergea soudain de derrière lui. Le mouvement gracieux opéré trop rapidement que pour qu'il puisse le suivre des yeux.
De longs doigts glacés vinrent s'enrouler étroitement autour de sa gorge.
Il laissa échapper une exclamation de surprise, n'ayant pas eu le temps d'anticiper cette action. Avant que ces doigts ne resserrent abruptement leur étreinte et le pousse rudement contre l'arbre situé derrière lui.
Hadrian n'eut qu'une fraction de seconde pour réaliser et appréhender pleinement la dangerosité de la situation dans laquelle il se retrouvait plongé.
"J'ai le sentiment qu'il est de mon devoir de vous informer, M. Walker, que ma patience à votre égard a atteint ses dernières limites lors de l'heure qui vient de s'écouler. Par conséquent," Hadrian fusilla du regard les végétations qu'il apercevait par-dessus les épaules de l'homme, son champ de vision réduit à cet emplacement unique en raison de l'emprise douloureuse de ces doigts. "Je vous conseil vivement de mesurer avec soins vos paroles." Ces mots furent sifflés à son oreilles tandis que des lèvres chaudes vinrent effleurer sa joue.
Hadrian bouillait de colère. Ses poumons commençaient à lui faire mal à cause du manque d'oxygène mais il préférait être damné plutôt que d'admettre ça à cette brute.
Il se maudissait intérieurement de ne pas avoir attendu plus longtemps avant de ré-appliquer ses glamours. Sa stature réelle lui aurait donné une plus grande marge de manœuvre face à l'assaut physique qu'il subissait à cet instant.
Détectant manifestement sa colère, Voldemort rit sombrement à voix basse, comme s'il s'amusait de sa téméraire réponse émotionnelle. Cela ne fit qu'amplifier son ire alors que tous les problèmes qu'avaient générés le Seigneur des Ténèbres dans sa vie si soigneusement planifiée lui revenait à l'esprit.
Son cœur se serra dans sa poitrine, son organisme manquant maintenant désespérément d'air.
Son regard noir disparut et ses yeux s'agrandirent démesurément quand une main longue et fine vint toucher sa nuque, descendant lentement le long de sa colonne vertébrale, semblant tracer le contour de ses vertèbres en une exploration terriblement intime.
Cette fois Hadrian ne parvint pas à réprimer sa réaction instinctive et il s'arracha à l'étroite étreinte de l'homme, son cœur battant la chamade.
Que s'imaginait donc faire Voldemort? Le contact arrogant et empreint d'assurance du Seigneur des Ténèbres équivalait presque à un attentat à la pudeur!
La main qui agrippait fermement son cou relâcha légèrement sa prise et ses poumons se remplirent immédiatement d'air plus que bienvenu. La main baladeuse s'immobilisa à hauteur de son bassin, prenant appui dans la cambrure de son dos.
"Relâchez-moi." exigea Hadrian, la voix éraillée à cause de la pression qui était toujours exercée sur sa gorge. Ses yeux verts lançaient des éclairs par-dessus l'épaule de l'homme.
Son corps se retrouva pressé avec force contre l'écorce de l'arbre et il tressaillit quand l'arrière de sa tête entra brutalement en contact avec celui-ci.
"Vous n'êtes pas en position d'exiger quoi que ce soit de moi, M. Walker." Ce constat sibyllin fut murmuré d'une voix chaude contre son oreille.
L'homme était en colère contre lui parce que Hadrian avait disparu aujourd'hui.
Et bien, c'était tant mieux. Il était lui-même furieux contre ce bâtard pour l'avoir contraint à habiter chez les Malfoy et parce qu'il lui faisait vivre un véritable enfer avec cette foutue connexion entre eux!
"Bien." cracha-t-il. Il était futile de croire qu'il ait le pouvoir d'ordonner ou de sommer Voldemort de faire quoi que ce soit dont celui-ci n'aurait pas en premier lieu lui-même envie. "Mais si votre main venait à descendre plus bas..."
Un petit rire sinistre vint l'interrompre et le corps qui le maintenait prisonnier se colla encore plus à lui.
Les vibrations qui secouaient la poitrine de l'homme, ajouté à la caresse volontairement intrusive de la magie noire contre sa peau, envoya courir un frisson le long de son échine. "...Je suis intrigué, M. Walker. Comment comptez-vous m'arrêter si je souhaite continuer?" Cette dangereuse interrogation, prononcé d'un ton condescendant, renfermait plus qu'une pointe d'amusement. Il n y avait aucun doute dans l'esprit de Hadrian que le Seigneur des Ténèbres avait remarqué le tressaillement qui avait parcouru son corps. Bâtard prétentieux. "Je n'apprécie pas les menaces, Hadrian." Les cheveux près de son oreille s'ébouriffèrent alors que le souffle chaud de l'homme faisait trembler les mèches humides. "Même celles qui sont dites en l'air."
Le Seigneur des Ténèbres s'écarta de son oreille et, pour la première fois de la soirée, Hadrian croisa le regard intense et écarlate qui dominait ses pensées depuis l'été.
La main dans le creux de son dos s'abaissa d'un centimètre, dangereusement près de ses fesses. Des orbes rouges et pénétrantes brillaient d'excitation, le défiant de protester.
Au lieu de lui adresser un regard noir, Hadrian esquissa un petit sourire moqueur.
Il ne rentrerait pas dans le jeu de Voldemort s'il pouvait l'éviter. Ce contact intime, décida-t-il, était la méthode que l'homme avait choisi ce soir pour le déstabiliser. Demain, il emploierait une tactique différente. Après-demain, idem.
Le Seigneur des Ténèbres arqua un sourcil surpris, attendant la prochaine action de Hadrian.
C'était presque généreux de la part de l'homme de délivrer son avertissement et Hadrian ne se faisait aucune illusion sur le châtiment qui serait le sien s'il s'aventurait à franchir cette ligne.
Toutefois, il la contournerait.
"C'est simple, Mon Seigneur." Sa main s'éleva pour venir s'enrouler autour de celle qui agrippait son cou. Voldemort essayait simplement de le pousser à bout, de démontrer sa dominance en envahissant son espace personnel. "Si votre main descend encore plus bas, je veillerais personnellement à être celui qui ôtera la vie à Lucius Malfoy."
Il laissa à dessein transparaître dans ses yeux tout le sérieux de ses propos alors que le Seigneur des Ténèbres le contemplait en silence. Il n y avait aucune chance que l'homme gaspille l'un de ses meilleurs Mangemorts pour si peu, Hadrian en était conscient. Et bien que l'homme puisse le lui interdire, le faire chanter ou user de n'importe quel moyen de pression pour brider sa main, tôt ou tard, il y aurait un moment ou le Seigneur des Malfoy se retrouverait seul, distrait et sans protection.
Un sourire cruel étira les lèvres de l'homme et Hadrian plissa les yeux avec suspicion.
"Tu m'amuse, petit."
Le visage de Hadrian resta de marbre. Il n'était pas idiot. L'homme était peut-être amusé par ses dires mais il y aurait sans aucun doute possible des conséquences à la menace qu'il venait si audacieusement de proférer.
"Fort bien." concéda l'homme. Il était cependant flagrant que le Seigneur des Ténèbres ne se pliait qu'à son propre bon-vouloir.
La main autour de son cou disparu et la haute silhouette de l'homme s'écarta de lui. Hadrian reprit contenance avec prudence, ses yeux ne quittant jamais l'être imprévisible et dangereux qui se trouvait devant lui.
"Pour quelle raison avez-vous quitté le Chemin-de-Traverse aujourd'hui, Walker?" la question fut posée d'une voix blanche de toute émotion, comme si tout sentiment avait brusquement déserté le Seigneur Noir.
Merlin, Draco était un vrai petit cafteur ! Il était sûr que c'était d'une façon ou d'une autre à cause du blond peroxydé que son plan avait capoté.
"J'avais cru comprendre que Lady Malfoy souhaitait nous voir revenir Draco et moi avant le dîner, Mon Seigneur. A moins que je ne me trompe, j'ai suivi cette instruction à la lettre." la réplique irrévérencieuse de Hadrian lui échappa et il fit part de son sentiment intérieur sans avoir le temps de s'autocensurer.
Il se maudit silencieusement en se préparant physiquement à subir toute forme de rétribution.
Au lieu de ça, sa nuque se raidit sous le choc quand cette magie, sombre et indolente, vint l'effleurer, paraissant caresser sa joue. A travers elle, la pointe d'amusement que ressentait son maître était manifeste tout comme l'était l'avertissement de ne pas pousser le bouchon trop loin.
"...Effectivement." Un petit sourire narquois naquit sur les lèvres de l'homme alors qu'il le considérait. Le corps tendu, Hadrian resta sur ses gardes. "Une excuse digne d'un Serpentard, M. Walker, je dois le reconnaître. Mais vous avez raison; la faute incombe à vos gardiens qui ont permis à un jeune étudiant de les berner."
La méfiance qu'éprouvait Hadrian augmenta instantanément d'un cran. A quoi jouait l'homme? Il avait senti peser sur lui l'incroyable intensité de sa magie, maintenant celle-ci redevenait dormante. S'attendait-il vraiment à ce que Hadrian croit que sa colère s'était dissipé? Intérieurement, il renifla avec dédain.
Il obtint vite sa réponse.
"J'ai été inhabituellement gentil avec toi ce soir, gamin..."
Hadrian le foudroya du regard. "Oh, oui. Très gentil. Cela qualifie parfaitement le comportement qui a conduit à la formation de ce grand hématome à l'arrière de ma tête." dit-il en souriant d'un air sarcastique.
Il inhala subitement et serra les dents comme un sortilège non verbal le frappait et qu'une souffrance intense éclate dans sa poitrine. C'était un sort obscure qui reproduisait à l'identique la pression démesurée que subissaient les organes de la cage thoracique lors d'une crise cardiaque. A l'instar du sortilège Impardonnable de torture, ce sort ne faisait que reproduire la peine éprouvée, et par conséquent, n'infligeait aucun réel dommage au corps de la victime.
"Surveillez votre langue, Walker." les mots proférés sèchement, étaient saturés d'une menace latente qui était inhérente au Seigneur Noir.
Le sortilège fut heureusement levé après une vingtaine de secondes. Hadrian savait qu'il n avait que sa propre stupidité à blâmer pour ce châtiment. Bien que conscient de ce qui l'attendait, il n'avait pu ravaler ses paroles.
Lord Voldemort s'était en effet montré relativement indulgent avec lui ce soir. Considérant ses actions, et la faible tolérance de l'homme, il savait qu'il était extrêmement chanceux.
"Dites-moi," Hadrian venait à peine de regagner contenance quand il se figea à l'entente de cette sommation faussement polie. "Pourquoi vous-êtes vous rendu en France?"
Le regard rouge brilla d'une lueur entendue, le narguant.
"...Comment savez-vous où j'étais ?" s'enquit lentement Hadrian.
Son corps se figea soudain, comme paralysé. Le rictus cruel du Seigneur des Ténèbres s'agrandit tandis que la réponse surgit dans son esprit.
"Le sort." déclara-t-il, le visage et la voix vide de toute expression. "Il vous indique où je me trouve."
"Pas exactement. Mais presque." Les yeux rouges étincelèrent malicieusement et le visage de l'homme n'en paru que plus séduisant. "Bravo."
Hadrian resta muet comme il observait le Seigneur Noir également silencieux. Il ne pouvait vraisemblablement pas dire à voix haute les mots qu'il désirait prononcer. Il allait devoir découvrir précisément quel type de localisation était rattaché à leur connexion et agir à partir de là. Rien sur cette terre ne lui ferait accepter de se soumettre à cela.
"J'étais à la recherche d'une amie." Hadrian répondit à la question précédemment posée par l'homme, plutôt que d'exiger des réponses de l'homme ou de piquer une crise. Voldemort se contenta de lui sourire d'un air satisfait, avant de l'enjoindre silencieusement à poursuivre.
Hadrian serra les dents. Il allait devoir choisir ses mots très soigneusement.
"J'ai promis que je l'aiderais à se soustraire d'un contrat de mariage approuvé par son Père et j'avais besoin de consulter le document original, afin de pouvoir l'étudier."
Pas de mensonges. Chaque mot qu'il venait de prononcer était véridique. La chaîne bougea à nouveau. Ce n'était simplement pas l'entière vérité.
Il glissa la main dans la poche de sa robe de manière à prouver ses dires, mais ne trouva pas le parchemin. Sa poche était vide, il n y avait rien à y trouver.
Il avait fait une promesse à Astrid...!
"...C'est ça que tu cherches?"
Son regard troublé se porta sur l'épais rouleau de parchemin que le Seigneur Noir tenait avec désinvolture dans sa main.
Hadrian le contempla, incapable de comprendre ce que le contrat de mariage faisait dans la main du Seigneur des Ténèbres. Avant que son esprit n'arrive avec une absolue certitude à une réalisation.
Ses lèvres adoptèrent un air pincé et une profonde humiliation s'empara de lui. C'est pour cette raison que l'homme était resté aussi près de lui si longtemps. Il avait littéralement, fouillé ses poches! Le ressentiment fit rage en lui tandis qu'il prenait la pleine mesure de l'arrogante hardiesse de l'homme.
La peau de sa nuque s'empourpra comme il se remémorait son embarrassante réaction aux sifflements de l'homme à son oreille. C'était juste une charade! Il serra les poings en réalisant l'étendue de sa déchéance. Il n'arrivait pas à croire qu'il y avait eu même une infime partie de lui qui ait pu être excité par ce contact rapproché!
Pas étonnant que le Seigneur Noir se soit montré si exceptionnellement supérieur et amusé par sa réponse menaçante de mettre fin à la vie de Lucius Malfoy. L'homme était tout simplement trop occupé à gagner du temps.
"...Oui." réussit-il à articuler à grand peine en sentant peser sur lui ce regard rieur. Il se sentait mortifié. Et l'homme le savait.
Sans mot dire, Lord Voldemort lui tendit le parchemin et Hadrian se saisit prudemment de l'autre bout avant de remettre le contrat dans sa poche.
Toute pensée au sujet de Raven et du Manoir Nadine à proximité avait résolument quitté son esprit.
"Vous devriez retourner chez vos Gardiens, M. Walker. Nul doute qu'ils seront soulagés de vous savoir sain et sauf." dit le Seigneur des Ténèbres, rompant ainsi le silence qui s'était installé.
La lèvre supérieure de Hadrian se retroussa brièvement d'un air cynique devant cette raillerie manifeste. Les efforts déployés par les Malfoys afin de le contrôler ne le dérangeait pas, parce qu'il savait qu'ils n y parviendraient jamais.
Il était toutefois soulagé d'être congédié. Son humiliation d'avoir cru lire quelque chose derrière les actions de l'homme ce soir était sans borne.
Hadrian serra l'amulette dans son poing à l'intérieur de ses robes, comme si sa vie en dépendait.
"Nul doute." murmura-t-il.
Des doigts glacés relevèrent son menton qu'il avait inconsciemment baissé, ses yeux croisant un regard écarlate songeur.
"Il est dommage que vous vous sentiez si à l'aise sous votre masque, M. Walker." Des ongles parfaitement manucurés tracèrent le contour de sa bouche. "Votre vrai visage est infiniment plus plaisant." Un sourire cynique étira ses lèvres.
Hadrian ne fut pas pris au dépourvu par ce brusque changement d'émotions de la part du Seigneur Noir. Il s'était déjà fait avoir une fois aujourd'hui, il n'allait pas décupler l'humiliation qu'il éprouvait.
Il lu l'intention de Voldemort dans ses sombres yeux rouge et resta immobile; comme captivé par son regard.
Triomphe et...désappointement? étincelèrent dans le regard du Seigneur des Ténèbres, rendant Hadrian confus, tandis que l'homme se penchait vers lui. Les intenses yeux rubis se rivèrent aux lèvres de Hadrian.
Un souffle chaud lui caressa le visage.
Des lèvres douces effleurèrent les siennes, à quelques secondes de leur réclamer un baiser.
Crack!
Hadrian réapparut au bas des marches du grand escalier extérieur du Manoir Malfoy.
Un petit sourire glacial éclaira ses traits alors qu'il prenait plaisir à imaginer l'expression que devait actuellement arborer Lord Voldemort.
En réalité, il avait vu la surprise dans les yeux de l'homme une fraction de seconde avant qu'il ne transplane loin du Danemark et du Seigneur Noir. Lord Voldemort avait sentit qu'il réunissait subrepticement sa magie à la dernière seconde, trop tard pour l'arrêter.
Cela ne suffisait cependant pas à dissiper son indignation face à la duperie dont il avait été la victime ce soir.
C'était bizarre, pourtant...
Hadrian réfléchit silencieusement tandis qu'il balayait du regard les alentours, circonspect; la neige tombait paisiblement autour de lui, tapissant d'un manteau blanc féerique l'immense étendue des terres de la propriété.
...Il était certain d'avoir détecté une lueur d'intérêt extatique chez le Seigneur des Ténèbres juste avant que sa magie ne l'emporte au loin.
Hadrian secoua la tête, se fustigeant mentalement. Il avait déjà surestimé l'intérêt et les actions de l'homme une fois ce soir; il n'allait pas s'autoriser à recommencer. L'homme avait simplement été divertit par son acte impudent et téméraire.
Une douce lumière doré émanant des centaines de fenêtres de la bâtisse illuminait les environs, créant un spectacle stupéfiant et une ambiance apaisante que Hadrian savait être à l'opposé des occupants du Manoir.
Il se demanda quand il s'était mis à neiger en Angleterre.
Il soupira d'un air las.
Au lieu de grimper les marches du gigantesque escalier principal, Hadrian resta figé à l'endroit même où il venait de transplaner quelques instants plus tôt. Laissant les flocons de neige s'accumuler par centaines.
A l'inverse du cottage dans lequel résidait actuellement Astrid, les protections ancestrales qui protégeaient le Manoir Malfoy déjoueraient toute tentative qu'il ferait pour scanner l'intérieur du bâtiment avec sa magie.
Forçant ses jambes à se mettre en mouvement, il boitilla jusqu'en haut de l'escalier. Sans le froid hivernal qui donnait à son corps la sensation d'être engourdi, Hadrian savait que les élancements lancinants dans sa cheville aurait rendu la pression constante qu'il faisait peser sur son pied, impossible.
Arrivé en haut des marches, Hadrian ne s'arrêta pas avant de franchir les énormes portes qui barraient l'entrée et de se glisser à l'intérieur.
"Walker!"
Il grogna presque à voix haute tandis que Daphne Greengrass s'approchait de lui à grandes enjambées, une expression d'incrédulité peinte sur son visage.
"Où étais-tu?" demanda-t-elle d'un ton emporté, envahissant son espace personnel comme si elle cherchait à l'intimider.
"Nous sommes à ta recherche depuis des heures!" s'exclama-t-elle avec virulence.
Merlin! Il était exténué. Il haïssait le fait qu'il éprouvait encore une sensation de chaleur dans son dos, comme si une main reposait toujours d'un geste possessif à cet emplacement. Il ne voulait pas s'occuper de ça maintenant! Lord Voldemort semblait avoir aspirer toute trace d'énergie hors de lui.
Hadrian ignora ouvertement Greengrass comme un bruit de pas empressé derrière elle retint son attention.
Le visage tordu par la rage de Zabini apparu devant lui et Hadrian dédaigna ceux-ci afin de balayer d'un regard las le hall d'entrée jusqu'à la porte entre-ouverte. Il ne pouvait en capter aucun son et la distance qui le séparait de la pièce n'était pas en cause, il le savait.
Les Malfoys avaient été alertés de sa présence à l'instant où il était apparu dans la propriété.
Une main l'agrippa rudement par l'épaule et le força à lever les yeux pour croiser le regard brun mécontent de Blaise Zabini.
Hadrian se libéra de l'étreinte et fusilla l'autre du regard, l'immense fatigue qu'il ressentait diminuant la joie qu'il éprouvait à contempler le visage stupéfait de l'adolescent. Zabini était sans aucun doute choqué par ce qu'il voyait, par cette surprenante démonstration d'assurance de la part de Hadrian.
"Excusez-moi." marmonna Hadrian avec raideur et il les contourna habilement.
"Ne songe même pas à t'esquiver, Walker!" déclara furieusement Daphné. "Draco a déjà informé sa Mère de ta disparition. Salazar Miséricordieux!" pria la jeune fille avec nervosité. Hadrian darda sur elle un regard contrarié, n'appréciant nullement sa présence. Elle surpris son regard noir et le lui retourna d'un air venimeux. "Le Seigneur des Ténèbres était présent dans la pièce à ce moment là, Walker!" s'écria-t-elle. "Draco n'avait pas la moindre idée que quiconque d'autre que sa Mère se trouvait chez lui; il a fait irruption dans la pièce et a annoncé ta disparition, les interrompant!"
Hadrian feignit une quinte de toux tandis qu'il riait intérieurement. Oh, qu'aurait-il donné pour avoir la chance de voir le Prince des Serpentards interrompre ce qui paraissait être un meeting de grande importance entre Lord Voldemort et ses Mangemorts.
S'il n'était pas lui-même sous le coup de sa propre entrevue embarrassante avec le Seigneur Noir, conséquence de la panique stupide de l'autre garçon, Hadrian ne pensait pas qu'il aurait été capable de dissimuler son amusement.
"Est-ce qu'il va bien?" s'enquit-il doucement tandis qu'il marchait à travers le hall, en direction du petit salon. Peut-être que le blond se remettait après avoir endurer de multiples malédictions, imagina-t-il vindicativement.
La porte de la pièce s'ouvrit lentement en grand comme il s'en approchait; une injonction claire d'entrer au cas où il aurait caresser l'idée idiote de s'esquiver d'une quelconque manière jusqu'à sa chambre afin d'éviter toute confrontation.
Il voulait juste en avoir terminé avec cette épuisante affaire.
"Oh, comme si tu t'en souciais vraiment, Walker!" dit Blaise d'un ton méprisant.
Hadrian haussa un sourcil d'un air confus. "Bien sûr que je m'en soucie. Draco est pratiquement le frère que je n'ai jamais eu; en raison de la tutelle et tout ça."
Les deux Serpentards grimacèrent devant cet étalage pathétique de sentiments et Daphné fut prompte à lui rétorquer, "Mieux vaut que Draco ne t'entende pas dire ça, Walker."
Il était on ne peu plus conscient de l'attitude puérile et obstinée de l'héritier des Malfoy. Hadrian se réjouissait au plus haut point de la réaction infantile de l'adolescent suite à son statut de pupille des Malfoy.
"Il vaudrait probablement mieux que vous attendiez ici tous les deux." ordonna-t-il presque.
"Cela n'arrivera pas, Walker." persifla Blaise.
Plutôt que de franchir immédiatement le seuil de la porte, Hadrian s'arrêta quelques instants pour respirer, réaffirmer son self-contrôle et puiser dans les faibles réserves de sa patience. Il avait le sentiment qu'il allait en avoir besoin.
Il ne s'autorisa que quelques instants de répits, de sorte que son immobilisme temporaire n'apparaisse être que le reflet d'une nervosité compréhensible, avant de pénétrer dans la pièce.
Un sortilège d'assourdissement protégeait vraisemblablement la pièce de toute oreille indiscrète. A l'instant où il franchi le seuil de la porte et posa le pied sur l'épais tapis persan qui recouvrait le sol en bois sombre, il fut assaillit par le son de multiples voix qui s'entretenaient furieusement à voix basses. Une atmosphère tendue régnait dans la pièce.
Il semblait que le Seigneur des Ténèbres ait laissé, avant son départ, une sacré impression aux occupants de la pièce.
Le regard furibond de Lady Malfoy était impossible à manquer et il sentit un rictus lui étirer le coin des lèvres. Il était agréable de prendre celle-ci à son propre jeu. Les trois Malfoy se tenaient côtes à côtes, à quelques pas de lui; la main de Narcissa étreignant le bras de son fils.
"M. Walker..." les mots prononcés sur un ton glacial parurent faire écho dans la pièce. "Nous sommes positivement ravis que vous ayez trouvé le temps de vous joindre à nous."
Hadrian croisa le regard polaire du Seigneur des Malfoy en réponse à ses paroles acerbes, les paupières mi-closes.
Un rire de gorge se fit entendre en provenance de l'autre côté de la pièce.
"Je m'excuse." déclara Hadrian. Il arqua un sourcil. "Serais-je en retard pour le dîner?"
Il semblait que le réservoir de patience était plus entamé qu'il ne l'avait prévu.
Hadrian s'obligea à courber la tête et à ne pas bouger hors de la trajectoire du jet de lumière d'un jaune maladif qui fonçait vers lui. Une tâche loin d'être aisée.
Malgré la mortification de s'être fait leurré en se méprenant sur les vraies intentions derrière les actions du Seigneur des Ténèbres; il se prit à souhaiter que Voldemort l'ait arrogamment ignoré en laissant courir sa main plus intimement le long de son corps.
Cela l'aurait aidé à mobiliser la force inébranlable de rester immobile tandis que la malédiction de la brûlure fondait sur lui, si Hadrian avait la certitude qu'il serait celui qui tuerait le sorcier au sang-pur.
Mais le maléfice n'atteignit étonnement jamais sa cible.
"Narcissa...!" protesta sèchement Lucius Malfoy. Lady Malfoy fusilla de son regard bleu acier son époux.
"Tu n'es pas d'accord, Lucius?" articula-t-elle d'une voix mesurée, ayant manifestement elle aussi du prendre sur elle pour le protéger.
Ah, oui. Hadrian considéra ses tuteurs d'un air contemplatif. Le Seigneur des Ténèbres avait ordonné qu'il ne lui arrive aucun mal sous leur toit.
"Tu as entendu Draco, Narcissa. Ce sang-de-bourbe à délibérément ignoré ses instructions sur le Chemin-de-Traverse. Il a besoin d'une bonne leçon d'humilité."
Hadrian inclina légèrement la tête sur le côté. Il se demandait depuis combien de temps Draco était rentré chez lui. Il avait été sûr que le blond n'aurait finalement admis son absence de l'allée sorcière qu'au alentours de quatre heures. Il avait estimé, qu'il faudrait entre quinze et quarante minutes à celui-ci pour retourner au manoir, trouver sa mère et expliquer à celle-ci la situation.
Son pair à Serpentard était livide, paraissant presque exsangue. Il était d'une pâleur mortelle, nota avec un intérêt amusé Hadrian.
Que s'était-il passé ici?
"Je suis surpris que tu sois actuellement parvenu à déchiffrer le récit balbutiant de ta progéniture, Lucius." un petit rire rauque attira son attention. L'intérêt de Hadrian fut éveillé pour la première fois depuis qu'il avait déserté la présence du Seigneur Noir. "Il a presque rendu fou le Seigneur des Ténèbres en s'efforçant nerveusement de raconter sa version des événements." Hadrian considéra le visage exténué et sale de celui qui ne pouvait être que le notoirement sadique Rabastan Le'strange.
Le patriarche de la famille Malfoy jeta un regard dédaigneux à son compagnon. "Ton intervention n'est ni désirée, ni requise, Rabastan."
Prenant avantage de leur distraction, Hadrian parcouru la pièce du regard, écarquillant les yeux quand ceux-ci se posèrent sur la beauté ternie de Bellatrix Le'strange. Les yeux de celle-ci étincelaient d'une palette d'émotions diverses, comme si l'esprit de cette dernière ne parvenait pas à se décider sur laquelle s'arrêter.
Un rassemblement de personnes des plus intéressant, musa Hadrian, en baissant les yeux avec lassitude.
"Est-ce que ce n'était pas l'idée de cet idiot de laisser vaquer le Sang-de-bourbe en premier lieu?" rétorqua avec dédain Rabastan Le'strange.
On aurait dit qu'ils avaient complètement oublié sa présence, songea-t-il avec une once d'amusement incrédule.
Il cligna des paupières, oubliant instantanément sa fatigue.
Il ressentait une démangeaison... au creux de sa paume!
Il n'eut que quelques secondes pour se préparer avant qu'une sensation de brûlure intense ne parcoure sa main avant d'exploser dans son épaule. Il serra furieusement les dents pour combattre la douleur et baissa les yeux au sol, inquiet et consterné.
Il avait pris la potion Greccas Trillium trois jours plus tôt. Cela n'aurait pas dû arriver!
Il était censé disposer d'une semaine complète! Sept jours de tranquillité!
La seule explication qu'il parvint à échafauder pour expliquer cette souffrance soudaine était la proximité physique du Seigneur des Ténèbres. Le sortilège devait être entièrement focalisé et déterminé à compléter la connexion et la présence de l'homme devait lui conférer plus de puissance. Celle-ci avait dû effacer toute trace des effets inhérent à la potion.
Les mains de Hadrian se mirent à trembler légèrement tandis que les personnes autour de lui continuaient à se quereller. Baissant le regard vers ses mains, ses yeux s'agrandirent d'effroi et une exclamation étouffée lui échappa.
Le symbole d'un noir d'encre qui recouvrait le dos de sa main entre le pouce et l'index était visible; aux yeux de tous ceux qui auraient daigné le remarquer.
Rabastan leva les yeux, ennuyé par cette discussion futile. Son regard se posa sur la silhouette recroquevillée du garçon Sang-de-bourbe qui se tenait debout devant eux, et ce qu'il vit retint son entière attention.
Le visage du garçon était resté d'un calme impressionnant pour quelqu'un qui faisait face au courroux des puissants Malfoys. Toutefois, Rabastan se pencha en avant dans sa chaise, à présent, il y avait une expression presque viscéralement paniquée sur ce visage ingrat.
Les yeux bruns s'étrécirent d'un air songeur comme il baissait le regard pour voir ce que l'adolescent contemplait avec frénésie, semblait-il, jusqu'à tomber sur la peau qui recouvrait le dos de sa main.
Rabastan se redressa d'une traite et bondit de sa chaise. Il avait vu une marque noire, une simple arabesque, sur la peau pâle du garçon. Il en était certain.
Les yeux verts croisèrent les siens et ses bras retombèrent mollement le long de son corps.
Traversant la pièce en un éclair, Le'strange tendit la main avec un grondement sauvage et empoigna sans ménagement le bras du garçon afin de l'attirer vers lui.
"Rabastan!" s'écria Narcissa d'un air scandalisé.
Il ne s'était pas montré précisément tendre et ses yeux bruns prirent notent de la manière dont le Sang-de-bourbe pinça les lèvres comme il changeait de jambe d'appui, regagnant son équilibre. Il favorisait davantage sa jambe droite.
Il ignora les cris outragées derrière lui et l'expression impassible du garçon qui ne lui révélait rien.
Ses traits...ils étaient si communs.
Il approcha le poignet du garçon de son visage.
Rien.
La peau était claire. Blanche. Aucun symbole. Pas de marque noire.
Les yeux bruns croisèrent le morne regard émeraude.
Il laissa retomber la main de l'autre.
Qu'il ne puisse pas la voir ne signifiait rien. La vrai question était de savoir s'il avait seulement imaginer le symbole, une illusion d'optique due à la lumière, peut-être. Ce serait une explication autrement plus plausible.
Il contempla le sorcier à la frêle silhouette. Son visage...
Il se détourna sans un mot ni explication. Il avait dû rêver.
Hadrian glissa subrepticement ses mains tremblantes dans ses poches, hors de vue de tous. Cacher la marque avait été difficile et cela lui avait pris bien plus de temps que jamais auparavant.
Il observa d'un air morose le cadet des Les'tranges quitter la pièce d'une démarche assurée.
Curieux...et troublant. C'était presque comme si le sorcier...
La sensation de brûlure qui s'amplifiait dans le creux de sa main chassa de son esprit l'étrange et alarmant comportement de l'évadé d'Azkaban.
Son cœur manqua un battement.
Il était arrivé au bout du tunnel, apparemment. Il avait pris la première et la seconde dose de la Potion Greccas Trillium.
Il se trouvait à un carrefour.
Il pouvait céder au sortilège du Seigneur des Ténèbres. Se soumettre aux conséquences quelconques qui en découleraient.
Mais il ne pouvait tout simplement pas. Ce n'était pas dans sa nature que d'être assujetti à qui que ce soi.
L'énormité de ce que signifiait absorber l'impensable troisième dose de la potion résonnait tel un éclat de rire moqueur dans son esprit.
Hadrian déglutit et se tourna vers Narcissa, l'extrême fatigue et l'agonie qui l'habitait troublant sa vision.
"Puis-je être excusé?"