Le Temps des Trahisons
Note de l'auteur : Cette histoire s'inscrit dans la lignée des « Harry emprisonné à Azkaban ». Néanmoins, j'espère donner à ce thème un nouvel aspect qui vous plaira peut-être. Certains auront sans doute remarqué la partie concernant Kuroshitsuji/Black Butler dans le disclaimer, et cela n'est pas dû à un cross-over. Je ne fais que m'inspirer d'un des personnages de ce manga, en l'occurrence de Sebastian Michaelis, au niveau physique et personnalité pour l'un des personnages de cette histoire.
Rating : T
Résumé : Harry a été emprisonné au terme de sa cinquième année à Poudlard. Son innocence n'est prouvée qu'environ un an plus tard, avec l'aide d'un mystérieux personnage qui va accompagner le Survivant dans tous ses déplacements. Une nouvelle année commence mais rien ne sera plus jamais comme avant.
Disclaimer : Harry Potter et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de J.K. Rowling.
Kuroshitsuji/Black Butler et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Yana Toboso et de Square Enix.
Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur.
Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation expresse de son auteur.
Prologue
- En définitive, il n'était pas très important que tu ne saches pas fermer ton esprit. C'est ton cœur qui t'a sauvé.
Les paroles de Dumbledore lui revinrent en mémoire mais pour une fois, ce n'était pas à cause des Détraqueurs. Ceux-ci avaient fait leur ronde une demi-heure auparavant… ou tout du moins, cela lui avait semblé être une demi-heure car le jeune homme n'avait pas longtemps gardé la notion du temps dans cet endroit sinistre.
Profitant de cet éclair de lucidité, il rampa sur le sol de sa cellule jusqu'à pouvoir s'adosser au mur, en position assise. Ce mouvement ne lui était pas tant rendu difficile par le manque de nourriture que par les lourdes chaînes qui entravaient ses poignets et ses mollets. Ses lunettes ayant été écrasées par l'un des Aurors peu de temps après son arrivée, le décor de la pièce lui apparaissait bien flou… surtout en l'absence quasi-totale de lumière.
En effet, même si une petite fenêtre se trouvait dans sa cellule, si haute qu'elle était hors d'atteinte pour quelqu'un de sa taille, presque aucune lumière n'en filtrait. Le ciel était constamment recouvert par de lourds nuages noirs, et les averses étaient monnaie courante pour les résidents d'Azkaban… encore un effet secondaire de la présence des Détraqueurs en si grande quantité, tout comme la température proche de zéro qui régnait dans ce lieu maudit.
Jamais il n'oublierait le jour où il avait été condamné à passer le restant de ses jours dans cette pièce de cinq mètres sur six, avec pour compagnie presque constante les créatures qui le terrifiaient le plus au monde…
Son procès s'était déroulé le 1er juillet 1996, quelques jours seulement après son arrestation à Poudlard. Les détails précédant l'audience étaient demeurés assez flous, et il n'avait appris les noms de ses victimes supposées que le jour même de son procès… ou plutôt de son lynchage public car ce n'était qu'une parodie de procès en définitive.
- Harry James Potter, vous êtes reconnu coupable du meurtre de Cho Chang, par usage du Sortilège de mort, ainsi que d'avoir torturé jusqu'à la folie Colin et Dennis Crivey, par usage du Sortilège Doloris. Le Magenmagot vous condamne à une peine d'emprisonnement à vie dans la Prison d'Azkaban, sans possibilité de remise de peine.
Le jeune homme se souvenait du visage de Fudge, qui exultait lors de ce procès puisque celui-ci lui permettrait de demeurer dans ses fonctions malgré le scandale causé par le retour de Voldemort…
Les vieillards du Magenmagot n'avaient pas sourcillé devant sa sentence et même Dumbledore n'avait montré qu'une expression teintée de déception et de regret. Harry n'avait pas besoin de se rappeler ses paroles pour ressentir la haine qu'il arborait à l'égard du vieux fou, une haine si féroce qu'il aurait probablement torturé le Directeur des heures durant pour l'apaiser… à la manière moldue, s'il le fallait.
Mais il n'y avait pas que Dumbledore… parmi ceux qui avaient témoigné contre lui, nombreux étaient ceux qui figuraient dans son cercle d'amis… voire d'amis proches. Ron ne s'était pas privé pour le traiter de cinglé, citant ses visions de Voldemort et son attrait pour la magie noire… et si cela ne suffisait pas, Hermione l'avait enfoncé davantage en le décrivant comme mentalement instable, et préférant s'isoler plutôt que d'être en compagnie de ses amis.
La plupart des laquais du vieillard étaient passés à la barre mais il ne se souvenait pas y avoir vu Remus, ni même Tonks. Il se souvenait simplement des têtes rousses des Weasley… en particulier du regard meurtrier que lui avait lancé Molly ainsi que de ses paroles assassines…
- Tu étais comme mon fils ! Tes parents auraient honte de toi… et Sirius… il a sacrifié sa vie pour une vermine de ton espèce ! C'est toi qui aurais dû mourir !
La suite était un peu plus floue. Il y avait eu le transport par portoloin jusqu'à la côte et puis ils avaient pris une petite embarcation pour rejoindre ce qui était devenu sa résidence permanente… et probablement sa dernière demeure.
Malheureusement, s'il avait perdu ses amis et les rares personnes qu'il considérait comme sa famille, Voldemort ne s'était pas décidé à le laisser tranquille pour autant. Pendant des nuits entières, il lui avait envoyé des visions, certaines purement fictives, mettant en scène la mort de son parrain sous des dizaines de façons différentes… et d'autres se résumant à des aperçus des activités quotidiennes de ses mangemorts.
Meurtres. Viols. Tortures. Destruction.
Il avait vu ses sous-fifres torturer des familles moldues pendant des heures, tuant souvent le père avant d'abuser de la mère et des enfants… et comment ne pas reconnaître le rire malsain de Bellatrix Lestrange tandis qu'elle faisait hurler de terreur ces pauvres créatures qui en étaient réduits à des dépouilles difformes et brisées lorsqu'elle s'arrêtait finalement de « jouer » avec.
Entre les Détraqueurs qui s'évertuaient à lui faire revivre les pires moments de son existence et le meurtrier de ses parents qui prenait un malin plaisir à le rendre spectateur de ses crimes, il n'avait presque aucun répit.
La seule issue possible pour quitter cet enfer qu'était devenue sa vie lui était apparue assez récemment mais il lui avait fallu un moment pour se résoudre à la mettre en pratique. Aujourd'hui, il contemplait le petit morceau de verre, qui avait autrefois appartenu à ses lunettes, avant de baisser les yeux sur ses poignets, entravés par les menottes qui s'y trouvaient.
Sa main tremblait tandis que le peu d'instinct de survie qui lui restait lui soufflait de ne pas abandonner maintenant, de croire en l'espoir que quelqu'un vienne le chercher…
… mais par leur simple présence, les Détraqueurs ne tardèrent pas à faire taire cette petite voix en imposant de bien plus lugubres souvenirs dans son esprit.
- Lily ! Prend Harry et va-t-en ! C'est lui ! Va-t-en ! Cours ! Je vais le retenir…
Quelqu'un qui trébuchait… Une porte qui s'ouvrait à la volée... Le gloussement d'un rire suraigu…
-Non, pas Harry ! Je vous en supplie…Je ferai ce que vous voudrez…
-Pousse-toi, espèce d'idiote, allez, pousse-toi…
-Non, pas Harry, je vous en supplie, tuez-moi si vous voulez, tuez-moi à sa place…
Il n'avait pas besoin d'attendre la suite pour connaître le résultat de cette supplique. Lily Potter était morte en lui sauvant la vie, comme l'avait fait James quelques instants avant elle…
-Tue l'autre.
-Avada Kedavra !
Les bras en croix, Cédric était étendu sur le sol à côté de lui. Mort. Son visage, ses yeux gris, grands ouverts, dénués d'expression, ses lèvres entrouvertes exprimaient la surprise…
Cédric Diggory… Champion de Poudlard au même titre que lui, et assassiné par Queudver pour la simple raison qu'il constituait un obstacle… non, une nuisance aux yeux du Seigneur des Ténèbres. Son visage blême le hantait encore presque toutes les nuits, même si son affrontement dans le cimetière lui paraissait remonter à une éternité…
-Allons, tu peux faire mieux que ça !
Le deuxième jet de lumière le frappa en pleine poitrine. Le rire s'était complètement effacé de ses lèvres mais ses yeux s'agrandirent sous le choc.
Sirius sembla mettre un temps infini à tomber. Son corps se courba avec grâce et bascula lentement en arrière, à travers le voile déchiré suspendu à l'arcade.
La peur et la surprise se mêlaient sur le visage émacié, autrefois si séduisant, de son parrain qui traversa l'antique arcade et disparut au-delà du voile.
-Sirius ! SIRIUS !
Sirius Black… son parrain… le seul qui aurait pu comprendre sa souffrance, le seul qui l'avait jamais aimé comme un parent, le seul qui ne l'ait jamais abandonné…
… mais qui avait payé sa fidélité et son amour à son égard de sa vie.
Il ne sut pas à quel moment il s'était tranché les veines mais il ne tarda pas à remarquer le liquide carmin qui s'écoulait sur ses jambes et sur le sol de pierre… et c'est en fermant les yeux qu'il songea avec soulagement que ses souffrances toucheraient bientôt à leur fin.
Ou tout du moins, le pensait-il.
Car la présence des Détraqueurs ne tarda pas à disparaître, tout comme le mugissement du vent ou les cris des autres prisonniers. En fait, il ne ressentait même plus le froid qui régnait habituellement dans sa cellule…
Lorsqu'il daigna finalement rouvrir les yeux, il remarqua qu'il ne se trouvait plus dans sa cellule. En fait, il ne sentait même plus le poids de ses chaînes… il ne sentait plus rien d'autre qu'une douce brise sur sa peau.
- Voilà qui était très dangereux, Harry Potter.
L'adolescent essaya de tourner la tête vers l'origine de la voix mais à sa grande surprise, au lieu d'apercevoir la silhouette d'un homme, il crut distinguer celle d'un oiseau, peut-être un rapace… mais sa vision était trop floue pour en être certain.
- Qui êtes-vous ?
Un petit rire s'échappa de l'oiseau avant qu'il ne reprenne la parole d'une voix amusée.
- Moi ? Je n'ai pas de nom… ou plutôt, je porterai le nom que vous me donnerez, une fois le pacte scellé.
- Le… pacte ? Répéta lentement Harry, confus.
Le volatile disparut de son champ de vision en un battement d'ailes, faisant tomber ce qui lui parut être comme des dizaines, peut-être des centaines de plumes sombres. Bientôt, il sentit néanmoins le contact d'une aile sur son front, à l'endroit de sa cicatrice.
- Je te propose mes services… pour te permettre d'assouvir ton désir de vengeance sur ceux qui t'ont trahi, ceux qui t'ont emprisonné ici… et tous les autres moutons qui se sont contentés de suivre bien gentiment les ordres des puissants. Je peux te donner le pouvoir… et la liberté.
Des images se mirent à danser devant les yeux de l'adolescent. Ron et Hermione à genoux dans leur propre sang, Voldemort hurlant de douleur, Bellatrix pleurant sous la torture… et Dumbledore, surpris, effrayé, désespéré… oh oui, il désirait cela…
… mais cela ne l'empêchait pas de considérer cette offre comme trop belle pour être vraie.
- Que devrais-je donner en contrepartie ? Mon âme ?
Son rire résonna de nouveau dans… cette pièce, ou cet espace car il ne voyait ni murs, ni sol dans cet endroit immaculé.
- Non. Si j'avais désiré ton âme, je l'aurais prise à ton arrivée ici, avant qu'ils ne te… détruisent. J'ai besoin de tes services, de ton potentiel, pour accomplir certains desseins…
Un bruissement d'ailes se fit de nouveau entendre et il crut distinguer deux yeux rouges qui le regardaient fixement.
-… veux-tu m'aider à changer le monde, Harry Potter ?