Bien le bonjour, cher ami lecteur !

Je réécris les anciens chapitres de "La Voix du Silence" afin à la fois de retrouver mes marques sur cet écrit que j'ai laissé de côté pendant presque deux ans, mais aussi de corriger pas mal d'anomalies et de fautes dans mon texte. En deux ans, j'ai changé ma façon d'écrire, aussi ne pouvais-je pas poursuivre de la même manière si je voulais garder l'histoire cohérente par rapport à ce que je voulais à l'origine.

Globalement, les chapitres réécrits risquent d'être plus court - celui-ci fait la moitié de l'ancien - mais cela devrait aller en augmentant pour après. Je prévois un peu moins d'une trentaine de chapitres en tout pour vous livrez - enfin ! - toute cette histoire !

J'espère ne pas en décevoir certains avec cette réécriture... Je tâcherais de faire au plus vite pour re-poster les anciens - mis à jour - afin de reprendre la suite le plus rapidement possible.

Merci à vous de me (re)lire en tout cas !

Bonne lecture ~

Chapitre 1 : Cris et coups


Le plus lâche des assassins, c'est celui qui a des remords...


Dans un conte de fée, les histoires commencent toujours par "il était une fois". Qu'est-ce qui empêcherait ce récit de commencer de la même manière ?... Mais un conte de fée raconte une histoire imaginée, une histoire pour les jeunes enfants, une histoire peuplée de dragons, de valeureux chevaliers et de princesses à sauver...

Certes, il y avait bien des chevaliers dans cette histoire, de même qu'il y avait eu des princesses bien cruche qu'ils étaient dans l'obligation de sauver... Ses chevaliers n'étaient pourtant pas les preux héros à quoi l'on pouvait s'attendre. Pas dans cette histoire-là. A moins de considérer comme un héros un chevalier torturé sous les yeux d'un de ses frères d'armes.

Un conte de fée est une histoire qui se termine bien, une histoire avec une leçon de moral derrière, une histoire où les gentils battaient toujours les méchants parce qu'ils étaient aidés au bon moment par un magicien puissant, parce qu'ils étaient tout simplement plus intelligents. Parce que les gentils battaient toujours les méchants et épousaient la princesse à la fin.

Dans cette histoire, la fin est encore bien incertaine. Il y aura bien des combats, mais gagner contre le mal n'est jamais chose aisée. Combien tomberont pour sauver les autres ? Quel sera le prix de la victoire cette fois-ci ?

Cette histoire n'est pas un conte de fée. Il n'y aura donc pas de "il était une fois". C'est seulement un récit. Celui de trois Chevaliers d'or, trois amis qui ont du mal à se retrouver après les crimes qu'ils ont commis, qui ont du mal à se pardonner.

Bienvenue dans cette histoire.


« Miteuse » est le mot qui qualifierait le mieux cette chambre. Deux lits jumeaux occupaient une grande partie de l'espace, déjà relativement réduit. Une commode, ultime autre meuble de la pièce, faisait face à l'une des couches, une antique télé posée dessus, peinant à capter le signal satellite. Inutile de parler de la salle de bain attenante, rongée par l'humidité, et dont le lavabo et la baignoire étaient largement ébréchés. Inutile également de décrire le paysage composé de rails et d'usines qu'ils pouvaient voir de la fenêtre. En réalité, les seuls "luxes" qu'ils avaient ici étaient l'électricité et l'eau potable. Voir chaude, avec un peu de patience.

Pourtant, aucun des deux hommes ne s'étaient plaints sur le moment. Assassins depuis des années, ils avaient forcément connu pire à un moment ou à un autre de leurs vies. Pour eux, ce n'était qu'un passage, un endroit où ils ne s'éterniseraient pas. Comme ils s'étaient trompés...

Une tentative d'intrusion dans le Sanctuaire était à l'origine de leurs présences en ses lieux. Depuis presque un an qu'ils avaient été ramenés d'entre les morts par des Dieux un peu trop chaleureux pour être crédibles, c'était la première fois qu'on cherchait à forcer - ou tester ? - les défenses du Domaine d'Athéna. Etrangement, cela n'avait pas surpris tant que cela: ils se doutaient que bien que les Divins de l'Olympe s'ennuieraient rapidement, assez pour qu'ils leurs offrent une nouvelle existence suite aux prières de la Déesse de la Sagesse.

Mais, qu'ils y soient préparés ou non, il n'était pas dit qu'ils laisseraient quelqu'un chercher à conquérir le territoire dont ils avaient la charge.

Camus avait réussi à retrouver la trace de cet homme et l'avait suivi un grand moment, assez pour détecter dans deux villes de Grèce une activité cosmique anormalement élevée. Où que soit situés la base de leur nouvel adversaire probable, il se situait à l'un de ses deux endroits. Milo avait été dépêché pour rejoindre son ami de toujours et eux avaient été envoyés surveiller l'autre lieu.

Le problème était qu'Aphrodite et DeathMask, respectivement chevalier des Poissons et chevalier du Cancer, étaient tous les deux des tueurs. On leur donnait une cible et ils se chargeaient de l'éliminer. Avec des méthodes sensiblement différentes, certes, mais le résultat était le même. Faire le guet et patrouiller à la recherche d'éventuels ennemis n'avaient jamais été dans leurs compétences.

Pourtant, c'était ce qu'on leur avait demandé.

Et ils avaient beaux être amis et s'entendre à merveille généralement, une situation comme celle-ci ne pouvait se finir que d'une seule manière possible: avec des cris et des poings.

L'éphèbe à la peau pâle sortait de la salle de bain après un nettoyage en règle et une observation la plus critique possible de son reflet dans le miroir. Être dans cet endroit misérable ne devait en aucun cas l'empêcher d'être le plus présentable possible, malgré les critiques de son frère d'arme comme quoi il n'aurait plus d'eau chaude pour lui et le fait qu'il attirait plus l'attention à prendre soin de lui qu'en tentant de se fondre dans la foule. Mais Aphrodite n'avait jamais été enclin à ressembler aux autres... Et il lui serait de toute façon impossible de se faire passer pour un des baroudeurs à moitié SDF du coin.

- La place est libre, indiqua-t-il - inutilement - à son ami.

- Et le cumulus vidé je suppose ?

La soirée s'annonçait au moins aussi morose que les autres. Ses derniers jours, moins ils se voyaient, mieux ils se portaient. Au point qu'à part les nuits, ils se croisaient à peine. S'ils avaient l'habitude de passer du temps ensemble - il était rare qu'une journée ne se passe sans que l'un n'aille chez l'autre après tout -, vivre dans un espace aussi réduit et avec une mission en dehors de leurs habitudes était un calvaire. Et le sang latin de l'Italien qui le faisait réagir au quart de tour n'aidait en rien.

Laissant son camarade s'enfermer à son tour dans la salle d'eau, il s'assit sur son lit et changea la chaîne. La qualité était, certes, totalement inexistante, mais il n'était pas intéressé par l'actualité du football, lui. Mal lui en pris car DeathMask revient presque de suite dans la chambre en râlant:

- Non mais ça te gêne que j'écoute un truc ?

- Tu ne devais guère entendre grand-chose à l'intérieur, répliqua-t-il, las.

Bien que plus patient de son homologue, il commençait également à en avoir marre de tout ceci. Il rêvait de se prélasser dans un grand bain chaud, de dormir dans un lit avec un matelas correct et de retrouver ses chères roses. Autant de choses sur laquelle il pouvait faire une croix tant que Shion ne considérait pas le danger écarté, si danger il y avait eu...

- Et bien pourtant si ! Alors au lieu de faire les choses par toi-même...

L'androgyne laissa la télécommande retomber sur le lit de son condisciple sans écouter la suite de ses jérémiades et attrapa son manteau posé non loin. S'il ne sortait pas de suite, il sentait que la nuit allait mal finir et il avait besoin d'autre chose que d'une dispute pour le moment. Un verre d'alcool lui ferait du bien et de l'air frais aussi.

- Où est-ce que...

- Je ne vais pas te laisser déverser une nouvelle fois toute ta frustration sur moi. Met-toi dans le crâne que j'en ai ma claque d'être dans ce coin paumé à supporter tes sautes d'humeur comme si cela ne m'atteignait pas ! Je sors prendre l'air jusqu'à ce que tu sois assez calmé pour avoir une conversation censée avec un être vivant !

- Mais Aph'...

- Dra åt helvete Angelo !


Et il claqua la porte en sortant.

Il fallut une bonne dizaine de minutes de marche avant que le douzième gardien ne commence à soupirer face aux paroles qu'il avait sorti à son ami de toujours. Il y était certainement allé un peu fort. Certes, l'autre était une grande gueule, mais il avait désormais l'habitude de son caractère, vu le temps depuis lequel ils se côtoyaient. Il faut croire que cette mission lui mettait également les nerfs à fleur de peau.

« - Non, cette ville... »

Depuis leur arrivée, il ressentait un étrange pressentiment, comme si l'agglomération toute entière était recouverte d'une ombre de danger, une ombre qui étreignait les cœurs et laissait un vide glacial en eux. Comme l'odeur trop sucré d'un fruit pourrissant. Il y avait quelque chose en ses lieux qui troublaient la relative quiétude qu'il devrait y avoir...

Un léger bruit se fit entendre derrière lui. Un soupir lui échappa. Décidément, DeathMask n'était pas doué question filature. Il était rapidement repéré dès qu'il s'y essayait. Mais si l'Italien cherchait à le rattraper, c'est qu'il avait sûrement compris qu'il avait été trop loin avec ses reproches et qu'il voulait s'excuser. Ce n'était pas comme s'il pouvait vraiment lui en vouloir. Après tout, il était un de deux seuls qui l'acceptaient près d'eux. Malgré tout ce qu'il avait fait. Tout ce qu'ils avaient fait. Ses amis...

Le bruit recommença. Il s'arrêta.

- Tu sais, tu n'as si disc...

Le choc le fit vaciller un bref instant avant qu'il ne s'effondre, une vague de douleur irradiant à l'intérieur de son crâne et brouillant ses perceptions. Il réussit avec peine à entrouvrir les yeux. Une, deux... Non, trois paires de chaussures. Il avait baissé sa garde, persuadé que seul son camarade pouvait se trouver dans de telles rues à une heure pareille...

- Attache-le, on l'embarque.

- Et pour l'autre ?

Il n'entendit pas la réponse. En vérité, il n'entendait plus rien, pas plus qu'il ne voyait désormais. Un épais voile noir obstruait ses perceptions et il glissa bien vite dans l'inconscience la plus totale...


Traduction (plus ou moins correcte):

Dra åt helvete = Va te faire foutre


Merci à vous de m'avoir (re)lue et à bientôt pour la suite !

Tiny ~