Alors, à la base, c'est la suite de ma précédente ff. Mais disons qu'elle peut se lire sans, facilement :).


La grossesse lui allait si bien. Il voyait avec bonheur son corps fin s'arrondir seulement au niveau du ventre, et délicatement, plusieurs fois par jour, il caressait cette bosse entrain de se former. Cette grossesse la rendait heureuse, et pour le plus grand plaisir de son chéri, elle mangeait correctement, ni trop, ni trop peu. Bon, peut-être des fois pas assez, mais il fermait les yeux sur ce point. Elle savait qu'il serait inquiet au moindre de ses faux pas, sans pour autant lui dire, alors elle se surveillait, se contrôlait. Et quand elle en avait assez, qu'elle se sentait faillir, elle se glissait dans ses bras pour un peu de douceur qu'il était le seul à pouvoir lui accorder. Un peu paradoxal tout cela, quand on connait la nature de House. Peut-être que finalement… Allison le transformerait de l'intérieur ? Ou n'y avait-il qu'avec qu'elle qu'il changeait ? Pas tout à fait. James et Lisa décelaient ce changement infime, mais bien présent il acceptait certaines sorties, il acceptait de prend Emma dans ses bras et même de la garder, de temps à autres, quand Lisa et Wilson sortaient. Ce changement faisait sourire tout le monde, House le premier. Emma l'appelait « tonton », et il ne répliquait rien, se laissant agripper les cheveux.

Mais la grossesse n'était pas toute rose. Allison avait des complications qui l'obligèrent à ne plus travailler très tôt et à s'aliter au cours du quatrième mois. Selon les dires du médecin qui la suivait – ni House, ni un collègue – ces complications étaient dues à l'anorexie de la jeune femme. Le bébé manquait de nutriments à cause des carences de sa mère. Quand le docteur lui annonça ces mots fatals, les larmes coulèrent sur ses joues sans qu'elle ne puisse les arrêter. Elle ne cessait de dire « C'est de ma faute si le bébé va mal », « je ne devrais pas être mère ! ». De telles phrases que House effaçait par force baisers et tendresse. Elle n'avait pas à se sentir coupable, disait-il. Elle n'y était pour rien, cette jeune liane, cette douce femme, elle a été malade. Elle accepta, penaude, les poches de nutriments que le médecin lui prescrivait. Quatre mois alitée.

Puis les contractions, la salle d'accouchement. Des cris, des larmes, House qui ne pouvait être là, et qui harcelait ses employés pour trouver rapidement une solution au patient qui, actuellement, lui brisait bien le dos. Mais à l'appel de James – présent auprès d'Allison – qui lui dit qu'Allison allait subir une césarienne parce que le bébé était trop gros pour son bassin, il planta les quatre autres et se précipita à l'hôpital. Il arriva à temps, embrasse délicatement sa promise et s'éclipsa le temps de l'opération, et de prendre un café en compagnie de Wilson.

« Bah…et ton équipe ?
- Abandonnée. Ces débiles peuvent trouver sans moi que le gamin a une sclérose en plaque avec un simple rhume.
- T'aurais du leur dire… Attend… Non, t'es pas sûr que ce soit ça en fait. Et t'es venu quand même !
- Bien sur. C'est la fille d'Al… c'est ma fille qui est entrain de naitre là. »

Et ces paroles eurent un effet électrochoc sur le présent père. Il lâcha son café et quelques jurons. Putain, oui, il allait devenir 'papa'. Lui l'irascible et détestable et antipathique homme des cavernes allait s'occuper d'un gnome et d'une femme. Lui. Oh bon sang. Il ne pourrait pas, il le savait bien, il se connaissait tout de même. Il refusait d'être présent, de s'occuper de… l'appel de l'infermière coupa court à ses élucubrations mentales, et il accouru – boiteusement – auprès de sa femme et du bébé. De la larve, plutôt. Un sentiment répulsif. Avant toute chose, Allison posa un point qui fut sans appel :

« Alice. »

Ils n'avaient jamais longuement parlé du prénom, et là, House s'en fichait, fixant ce truc rouge gigotant dans les bras de sa femme. Le nom donna une identité à cette larve et il soupira. Embrassa les lèvres d'Allison et prit enfin le bébé, Alice, dans ses bras. Murmura :

« Alice. C'est un joli prénom, Alice… Je parie que tu seras blonde, comme ta maman. Mais pas aussi émotive qu'elle. Et puis, un peu folle. Pour le moment tu ressembles quand même bien à une larve…
- Greg !
- Désolé Allie mais c'est vrai ! C'est tout rouge et rose, et tout fripé. Vivement que ce soit une jolie petite fille. Tu vas la pourrir.
- On parie ? Tu la gâteras bien plus que moi chéri. »


Longtemps Allison pleura de retour chez eux. L'effet « césarienne » avait-on dit à House. La césarienne créait une séparation brutale d'avec l'enfant, et Allison ne supportait pas, en plus, de se sentir tellement… différente. Elle n'était pas mère. Une mère a des hanches généreuses, une bonne poitrine, et est capable de suivre le cours normal d'une grossesse. Et elle, elle avait tout raté. Sur toute la ligne. Alors elle ne pouvait s'empêcher de pleurer, et de fuir sa maison. Aux heures des repas, House le voyait bien. Mais que pouvait-il dire ? Il s'occupait d'Alice, et naviguait jusqu'à tard entre la maison et l'hôpital, malgré les recommandations de Lisa qui lui aurait volontiers laissé quelques semaines de repos.

Mais un jour il attrapa Allison par le bras quand elle s'avançait vers la porte d'entrée. Elle se figea et dégagea son bras prestement, étonnant son amoureux. Il fronça les sourcils et lui prit la main, doucement, l'attirant vers lui. De sa main libre il lui releva la tête. Des larmes dans les yeux de la jeune femme.

« Mais… Allison, pourquoi tu pleures ? »

Et ces mots la firent s'effondrer. Des torrents de larmes dévalaient ses joues en faisant la course, et elle s'agrippait à la main de Greg, les ongles dans sa peau. Il vrilla ses yeux bleus dans les siens, avant de passer la main qui tenait sa tête dans son dos, et de la serrer contre son torse. De ses deux mains à présent elle s'agrippa de toutes ses forces à sa chemise blanche, laissant des traces de larmes noircies par le mascara. Elle commença à parler, entrecoupée par les sanglots :

« Je ne peux pas être maman Greg. J'peux pas…j'ai pas pu… l'avoir normalement. J'vais la briser. J'suis malade…et folle… Elle va devenir quoi, si je m'en occupe ?
- Eh, tout doux petite brebis. Le seul fou ici c'est moi. Alice aura une maman toute douce et un père gâteau. Tous les deux fous. Et malade. Et tu sais quoi ? Elle, elle ne le sera pas. Parce qu'on fera attention. Allison… je ne pourrais pas m'en occuper seul. Je ne sais pas faire, moi, avec les larves. Alors relève-toi. Vis. Aime la, cette gamine. C'est la notre. Tu sauras être mère. J'ai besoin de toi Allison. »

Il la poussa contre un meuble et releva son visage trempé. Ses yeux désespérés. Il les embrassa, descendit sur ses lèvres. Elle cessait déjà de pleurer, et hochait docilement la tête.
Alice pleura.
Et ce fut enfin Allison qui, empoignant tout son courage, sa bonne volonté, et dieu sait quoi, alla la retrouver pour la bercer.