Hé, hé... Dernier chapitre du tome 1...
Nous ferons une petite pause avant de passer au tome 2 (qui sera sous la forme d'une nouvelle fic : Hypothèses 2)
Chapitre 13 : l'Homme aux Deux Visages
Debout depuis le sommet des gradins, Harry regardait le professeur Quirrell qui se tenait devant le miroir du Riséd. Une étrange satisfaction saisit le garçon. Ils avaient vu juste depuis le début. Il en oublia presque la brûlure qui venait de refaire surface dans sa cicatrice.
- Bonsoir, professeur.
- Potter ?
Quirrell semblait abasourdi. Il ne s'imaginait pas être suivi, sans doute.
- Je savais que je vous trouverais ici. Le professeur Rogue aussi, d'ailleurs. C'est un vrai miracle que vous ayez réussi à le semer.
- Je ne m'attendais pas à vous voir, Potter. Je ne pensais pas que vous auriez le cran, encore moins l'astuce, pour venir jusqu'ici.
- Les Serpentard sont tout sauf des crétins. Ca fait plusieurs semaines que je vous surveille. Je vous ai entendu vous disputer avec Rogue.
- Ah ! Oui…, soupira Quirrell. J'ai tout essayé pour le faire paraître suspect aux yeux des autres. Toujours entrain de fondre sur tout le monde comme une chauve-souris géante ! A côté d'un si inquiétant personnage, qui aurait pensé à ce p… pauvre et bé… bégayant professeur Quirrell ?
Harry le regarda éclater d'un rire froid et dément. Il devait être sérieusement siphonné, ce gars.
- Je suppose aussi que c'est vous qui avez essayé de me tuer pendant le match ? demanda Harry d'une voix posée.
- Mais bien sûr, répondit Quirrell avec un déplaisant sourire. Cette chère Amda m'a fait manquer mon coup en faisant tomber ma rangée. A cause de cette stupide astronome, j'ai perdu le contact visuel avec vous durant quelques secondes, suffisamment pour vous tirer d'affaire ! Il m'aurait fallu bien moins de temps pour vous faire chuter si ce maudit Rogue n'avait pas marmonné des incantations pour tâcher de vous tirer de là !
Quirrell s'animait progressivement et Harry sentit que cet homme était prêt à tuer tous ceux qui se mettraient sur sa route. Et visiblement, Rogue figurait en haut de la liste… juste derrière Harry lui-même.
- Du temps perdu, tout cela. De toute façon, je vais vous tuer cette nuit.
- Ben voyons, grommela Harry.
Quirrell claqua des doigts, et avant qu'Harry ait pu réagir, une corde sortie de nulle part lui lia solidement les poignets. Une autre lui entrava les chevilles. Harry grogna quand le chanvre mordit sa peau.
- Vous êtes vraiment trop curieux pour vivre longtemps, Potter. Il a fallu que vous partiez en promenade dans les couloirs ce soir de Halloween et que vous et vos amis mettiez mon troll hors-jeu. Comble de malchance, Rogue m'a suivi au deuxième étage… Et ce fichu chien ne lui a même pas arraché la jambe… Quel gâchis… A présent, veuillez garder le silence, je dois examiner ce passionnant miroir.
Harry haussa les épaules. Il se demanda si la glace enchantée montrerait vraiment à Quirrell où se trouvait la Pierre. Il commença à chantonner doucement, sachant que le son déconcentrerait le fou. Celui-ci tournait autour du miroir en se parlant à lui-même.
- C'est la clef qui mène à la Pierre. Dumbledore sait manigancer ce genre de choses… Mais il est à Londres… Quand il reviendra, je serai loin.
- Je vous ai vus, dans la Forêt, avec Rogue, intervint Harry, décidé à gagner du temps.
- Oui ; il voulait me faire peur. Comme s'il avait pu le faire, alors que j'avais Lord Voldemort avec moi. Il est doué en magie noire, votre cher directeur, mais il n'est rien comparé à mon maître.
Harry resta un instant à analyser ces derniers mots. Rogue, mage noir ? Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire à dormir debout ?
Quirrell se remit à inspecter le miroir. Au son de sa voix, Harry comprit qu'il commençait à perdre patience, étant donné que la cachette de la Pierre restait toujours hors d'atteinte.
- Je la vois… Je me vois entrain de l'offrir à mon maître. Mais où est-elle ?
Harry essaya de se libérer de ses liens, mais ils tenaient bon. Il se demanda en quelles circonstances le père Quirrell avait bien pu apprendre à ficeler quelqu'un comme ça… En attendant, il devait continuer de distraire son adversaire.
- C'est drôle que Rogue ait voulu me tirer d'affaire. J'ai beau être à Serpentard, je sais qu'il ne m'apprécie que pour mes talents au quidditch, remarqua Harry d'un ton qu'il voulait léger.
Cela le peinait grandement de savoir que son directeur le tenait en piètre estime. Lui qui désirait tant prouver sa valeur au sein de la maison vert et argent…
- Oh, mais bien sûr, qu'il vous déteste, fit Quirrell, inconscient du mal qu'il faisait au garçon. Il était à Poudlard en même temps que votre père, vous l'ignoriez ? Ils se méprisaient cordialement, tous les deux…
- Je vous ai aussi entendu pleurnicher, l'autre jour, fit Harry en repoussant ses idées noires. Quelqu'un vous menaçait.
Les traits de Quirrell se convulsèrent sous l'effet de la peur.
- Parfois, j'ai du mal à suivre les instructions de mon maître. Lui, c'est un si grand sorcier. Et moi… si faible.
- Vous voulez dire qu'il était avec vous dans cette salle ? s'exclama Harry, horrifié.
- Il est toujours avec moi, où que j'aille, répondit paisiblement Quirrell. Je l'ai rencontré quand je voyageais autour du monde. J'étais un jeune homme très naïf à l'époque, plein d'idées surannées sur les notions de bien et de mal. Lord Voldemort m'a montré à quel point je me trompais. Il n'y a ni bien ni mal. Il n'y a que le pouvoir. Et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher. Depuis des années, je le sers fidèlement. Mais il a quand même dû sévir avec moi.
Harry fit la grimace. Etre surveillé par un tel malade… Il ne plaindrait pas Quirrell, mais il n'aurait pas aimé se trouver à sa place après le fiasco de Gringotts. Ils s'étaient croisés, ce jour-là… Et Harry n'y avait même pas repensé. Il fallait encore qu'il discute… Les messagers étaient partis. Ce qui lui restait à faire, c'était tenir jusqu'au retour du courier.
- Vous devriez en parler à Sarah… Je suis sûr que vous auriez une conversation passionnante sur le pouvoir et la manière de l'obtenir…
- ***** ! jura Quirrell. Je ne comprends pas. La Pierre est-elle dans le miroir ? Dois-je le casser ?
Harry sourit dans son dos. Même si le miroir montrait les plus chers désirs, il refusait obstinément de désigner la cachette de la Pierre. Le désir final de Quirrell était d'offrir la Pierre à Voldemort, et la trouver n'était pour lui qu'une étape… Mais qu'en était-il de lui-même ? Si Harry pouvait y jeter un œil, peut-être y parviendrait-il ? Encore que savoir où se trouvait ce fichu artefact ne lui servirait pas à grand-chose, dans sa position. Il essaya de se déplacer de côté sans que le professeur le remarquât. Mais les cordes étaient trop serrées et il trébucha. Une douleur sourde s'installa entre ses côtes.
- Aidez-moi, maître ! cria Quirrell.
A la grande horreur de Harry, la voix qui répondit semblait provenir de Quirrell lui-même.
- Sers-toi du garçon… Fais-le venir ici.
Quirrell frappa alors dans ses mains et les cordes qui maintenaient Harry se détachèrent. Le garçon frotta ses poignets en prenant tout son temps. Quand le fou lui ordonna de s'approcher, il dut cependant obéir, et vint se placer devant le miroir. Il montait déjà quelques mensonges aussi convaincants que possible quand Quirrell le poussa par l'épaule en lui demandant de regarder attentivement.
Harry vit tout d'abord son reflet, pâle, apeuré. Mais en un éclair, le reflet lui sourit chaleureusement. Il mit une main dans sa poche et en retira une pierre rouge sang. Puis il la remit en place en faisant un clin d'œil. Harry sentit alors un poids lester sa propre poche. Sentant les arêtes dures contre sa peau, il comprit que la vraie Pierre était désormais en sa possession ! Comment ? Mystère… Une idée de Dumbledore, sans doute. S'il arrivait à se sortir vivant de ce traquenard, Harry aurait beaucoup de choses à lui dire.
- Alors ? s'impatienta Quirrell. Que voyez-vous ?
- Je me vois avec ma maison. J'ai ma robe de quidditch et nous venons de gagner la coupe. Marcus a l'air tellement content… Je vois le directeur Dumbledore qui nous félicite, mais il n'est pas très satisfait.
- Stupide gamin ! Vous me faites perdre mon temps !
Il poussa violemment Harry sur le côté. En tombant, le garçon sentit la Pierre qui lui rentrait dans la peau. Maintenant qu'il avait l'artefact, il pouvait tenter de prendre la fuite. Il recula doucement vers les escaliers. Mais il avait à peine fait quelques pas que la voix aigrelette retentit de nouveau. Et cette fois, parce qu'il avait entendu cette voix trop souvent dans ses cauchemars, Harry sut qui se dissimulait sous le turban.
- Il ment… Il ment…
- Revenez donc ici, Potter ! Et dites la vérité ! Qu'avez-vous vu ?
- Laisse-moi lui parler face à face.
- Maître, vous n'avez pas assez de forces…
- Assez pour ça. Obéis !
Harry dut se retenir de vomir. Il était comme pétrifié sur place, incapable d'émettre un son. Il regarda Quirrell défaire son turban, qui tomba bientôt à terre. Le professeur pivota sur les talons et Harry ferma les yeux un instant.
Derrière la tête de Quirrell, au lieu de son crâne, il y avait un visage. Le plus hideux que Harry ait jamais vu. Il était blafard, comme taillé dans la craie, avec des yeux d'un rouge malsain et deux fentes en guise de narines, pareilles à celles d'un serpent.
- Harry Potter… murmura le visage.
- Alors voilà la terreur du monde sorcier, fit Harry d'un ton méprisant emprunté à Malefoy, malgré la douleur qui lui vrillait la tête.
- Tu vois ce que je suis devenu à cause de toi ? Ombre et vapeur… Je ne peux prendre forme qu'en partageant le corps de quelqu'un d'autre. ( Et si Quirrell meurt ? ) Heureusement, il en reste toujours qui sont prêts à m'accueillir dans leur cœur et leur tête… Le sang de licorne m'a redonné des forces ; tu as vu ce brave Quirrell s'en abreuver pour moi. Et quand j'aurai enfin l'élixir de longue vie, je pourrai recréer un corps bien à moi. A présent… Donne-moi cette Pierre qui se trouve dans ta poche.
Il savait ? Cette fois, Harry retrouva ses réflexes et remonta deux marches vers la porte.
- Ne sois pas idiot ! cracha le visage. Tu ferais mieux de sauver ta vie et de me rejoindre… Ou tu connaîtras le même sort que tes parents… qui sont morts en me suppliant de leur faire grâce.
- C'est ça, persifla Harry… Je vous donne gentiment la Pierre et vous me laissez en vie… Vous me prenez pour un imbécile ?, gronda-t-il en montant une marche supplémentaire. Quant à mes parents, je ne crois pas qu'ils soient morts en se traînant à vos bottes.
- En effet, concéda le visage avec un sourire mauvais. J'apprécie le courage et ils ont été très courageux. Ton père a résisté avec beaucoup de bravoure. Quant à ta mère… Je n'avais pas prévu de la tuer, mais elle voulait à tout prix te protéger. Donne-moi cette Pierre, sinon elle sera morte pour rien !
- Jamais !
Harry grimpa quatre à quatre vers la porte enflammée. Tant pis si les effets de la potion s'étaient dissipés et qu'il se brûlait au passage. Il devait fuir ce trou au plus vite. Il sentit son poignet pris dans un étau quand Quirrell l'agrippa et sa cicatrice se mit à brûler affreusement. Harry donna de grands coups de son poing libre pour se libérer. A sa grande surprise, Quirrell le lâcha. Harry le vit se plier en deux, regardant avec effarement ses mains qui se couvraient à vue d'œil de cloques et d'ampoules, comme brûlées.
Poussé par la voix impérieuse de Voldemort, Quirrell tomba à nouveau sur Harry et lui serra le cou de ses deux mains. Harry ne voyait plus rien. Il n'entendait que le sifflement de sa respiration étouffée et les cris de Quirrell, qui semblait en proie à une douleur épouvantable.
- Mes mains… gémissait-il, mas mains…
Tout en coinçant Harry sous ses genoux, Quirrell éleva ses mains. La chair était à vif et se détachait par plaques entières. Des gouttes de sang tombèrent par terre en fumant.
- Tue-le, crétin ! Qu'on en finisse !
Quirrell voulut prendre sa baguette mais Harry lui plaqua ses deux mains sur le visage. Quirrell roula sur le sol en hurlant de douleur. Des cloques apparurent sur ses joues. Rendu furieux par sa propre souffrance et par l'adrénaline qui se déversait à flots dans ses veines, Harry lui sauta dessus et le frappa aux yeux. Les globes oculaires émirent des fumerolles tandis que Quirrell hurlait à pleins poumons. Harry était totalement aveuglé par la brûlure de sa cicatrice. Des points noirs dansaient devant ses yeux. Il suffoquait. Les glapissements de Voldemort emplissaient ses oreilles. Il sentit brusquement Quirrell lui échapper. Quelqu'un cria son nom et il bascula en arrière. Il avait entendu quelqu'un l'appeler ! C'était à présent une question de secondes. Il ne laisserait pas Quirrell ni Voldemort reprendre leurs esprits pour le tuer ! Il se raccrocha à ce qui devait être du tissu et resserra instinctivement sa prise. Puis ce fut le noir.
Un objet brillait juste devant ses yeux. Le vif ! Harry voulut le saisir, mais ses bras étaient sans force. Il cligna des paupières. Ce n'était pas sa cible au quidditch, mais une paire de lunettes à monture dorée. Bizarre. Puis il reconnut les verres en demi-lune qui ornaient toujours le nez d'Albus Dumbledore.
- Bonjour Harry.
- Bonj... La Pierre ! Quirrell n'a pas réussi à la voler, alors ?
- Mais non, assura le directeur avec gentillesse. Tu as fais ce qu'il fallait pour ça. Et... Calme-toi un peu, sinon Pomfresh va me jeter dehors sans pitié.
Harry eut un faible sourire. En tournant la tête, il vit qu'il se trouvait en effet dans un des lits de l'infirmerie de Poudlard. Ses mains étaient serrées sur le drap de lin blanc. Il les décrispa progressivement. Harry haussa les sourcils en voyant sur la table à côté de lui une quantité de friandises suffisante pour ouvrir un magasin.
- C'est quoi, tout ça ?
- De la part de tes amis et admirateurs, je crois. Ce qui s'est passé dans les souterrains relevant du secret absolu, quelques heures plus tard, toute l'école était au courant. Je crois que les jumeaux Weasley voulaient t'offrir un siège de toilettes... Je me demande bien pourquoi, d'ailleurs. Mais Mlle Pomfresh a jugé que ce n'était pas très hygiénique. Elle l'a donc confisqué.
Harry se mit à rire. Les deux frères avaient décidément une sacrée bonne mémoire !
- Ca fait longtemps que je suis là ?
- Trois jours. Miss Granger et Miss Cobbyte, ainsi que Mr. Nott, se font beaucoup de souci pour toi, je dois dire. Ils seront heureux d'apprendre que tu es réveillé.
- Et la Pierre ? s'inquiéta Harry.
- Le professeur Quirrell n'a pas réussi à la prendre. Nous sommes arrivés à temps pour l'en empêcher, bien que tu te sois très bien débrouillé, je dois dire.
- Vous avez reçu notre hibou, alors ?
- Oh... Je pense que nous avons du nous croiser en route. A peine arrivé à Londres, je me suis dit que j'avais mieux à faire ici. D'ailleurs, les problèmes du ministre ne nécessitaient pas mon intervention. J'ai eu peur d'arriver trop tard. Tu as failli te tuer en combattant Quirrell.
Harry se garda bien de dire que lui n'avait pas seulement failli tuer Quirrell. Il était persuadé de l'avoir vraiment conduit à la mort.
- Quant à la Pierre, elle a été détruite.
- Mais Flamel et sa femme vont mourir, sans elle !
- En effet. Il leur reste assez d'élixir pour mettre leurs affaires en ordre. Puis ils recommenceront à vieillir, et enfin ils mourront, oui. Je sais que c'est dur à comprendre, mais pour eux, c'est comme d'aller se coucher après une très, très longue journée bien remplie. La mort, pour un esprit équilibré, n'est qu'une grande aventure de plus.
Harry décrocha de la suite du discours. Il ne comprenait pas un traître mot de la philosophie que lui racontait Dumbledore.
- Monsieur ? Je me demande... Même si la Pierre n'existe plus... Est-ce que… Voldemort pourrait..?
- Revenir ? C'est possible. Il est toujours là, quelque part. Il n'est pas vraiment vivant, alors on ne peut pas le tuer pour de bon. Il va essayer de revenir au pouvoir, bien sur. Mais si on le retarde à chaque fois... Peut-être qu'il n'y parviendra jamais. Et surtout, n'hésite jamais à prononcer distinctement son nom. La peur d'un nom ne fait qu'accroître la peur de la chose elle-même. Et crois-moi, Voldemort est bien assez effrayant comme ça.
Harry hocha la tête, et la migraine revint au grand galop. Il reposa aussitôt son crâne douloureux sur l'oreiller moelleux.
- Il y a d'autres choses que j'aimerais bien savoir. Si c'est possible.
- La vérité est une très belle et très terrible chose. Il faut l'aborder avec beaucoup de précautions (Ca veut dire qu'il ne me répondra pas). Mais je veux bien te donner quelques réponses, sauf si j'ai de bonnes raisons de ne pas le faire. Auquel cas je te demande de bien vouloir me pardonner.
- Alors, pourquoi Voldemort a essayé de me tuer ?
Dumbledore soupira tristement.
- Cela fait partie des questions auxquelles je ne peux pas répondre pour le moment. Pas pour le moment. N'y pense pas pour l'instant. Quand tu seras plus grand... Oui, je sais bien que tu détestes ce genre de phrases...
Harry comprit qu'il n'avait pas intérêt à discuter.
- Pourquoi Quirrell ne pouvait pas me toucher sans se brûler ?
- Ta mère est morte pour te sauver la vie. Elle a fait preuve du plus grand amour possible pour toi. Voldemort n'a jamais compris que ce sacrifice avait laissé une marque. Invisible, mais bien présente. Quirrell était rempli de haine et de cupidité, il a partagé son âme avec Voldemort dans le seul but d'obtenir du pouvoir. C'est pour cela qu'il ne pouvait pas te toucher.
Harry sentit ses yeux piquer et il fut reconnaissant à Dumbledore de regarder par la fenêtre tandis qu'il faisait disparaître ses larmes.
- Et la cape ? C'est... vous qui me l'avez envoyée ?
- Ah... Il se trouve que ton père me l'avait laissée, à une époque. Et quand tu es arrivé, je me suis dit que cela pourrait t'être utile. Quand il était ici, il s'en servait surtout pour aller en cachette aux cuisines et voler des tas de bonnes choses à manger.
- Quirrell a dit que lui et le professeur Rogue ne pouvaient pas se sentir. C'est vrai ?
- Certes. Ils se haïssaient profondément. Et ton père a fait quelque chose que Severus n'a jamais pu lui pardonner.
- C'est à dire ?
- Un jour, il lui a sauvé la vie.
- Oh ?
Harry voyait mal quelles circonstances auraient pu pousser un Gryffondor à protéger un Serpentard. Ou vice-versa, d'ailleurs.
- Oui, fit Dumbledore d'un air rêveur. C'est curieux, comme les gens réagissent, n'est-ce pas ? Le professeur Rogue ne supportait pas d'avoir une dette envers ton père. Je suis sur qu'il a fait beaucoup d'efforts cette année pour te garder en vie, c'est parce qu'il a pensé qu'ainsi, il aurait payé sa dette.
- C'est chose faite, en ce qui me concerne.
Harry crut voir le pétillement dans les yeux de Dumbledore s'éteindre une fraction de seconde. Avait-il commis une gaffe ?
- Et la Pierre dans ma poche, c'était aussi une de vos idées ? demanda-t-il d'un ton amer.
- Une des plus brillantes que j'aie pu avoir, ce qui n'est pas peu dire, dit Dumbledore sans noter les sourcils froncés de Harry. Seul quelqu'un qui désirait la trouver SANS vouloir s'en servir pourrait la prendre. Les autres ne verraient que leur reflet fabriquer de l'or et boire l'élixir de longue vie. Mon intelligence me surprend moi-meme, parfois... ( Et ça va, les chevilles ? pensa Harry avec colère ) Bien ! Si tu entamais ces délicieux bonbons ? Rien de tel pour se remettre sur pied ! Ah... Les Dragées surprise... Un jour, quand j'étais jeune, j'en ai trouvé une qui avait le goût de poubelle. Depuis je crains un peu d'en manger. Remarque, je ne risque rien avec un caramel. Pouah ! De le cire pour les oreilles ! Quelle horreur !
Après le départ de Dumbledore, Harry resta seul jusqu'au soir, quand ses camarades réussirent enfin à persuader Pomfresh de les laisser entrer. Mais elle n'autorisa que Sarah, et pour cinq minutes. La Serpentard se glissa dans l'infirmerie. Elle souriait jusqu'aux oreilles.
- Ben mon vieux, dit-elle d'un air admiratif. Si tu savais... Serpentard est en ébullition. Marcus est tellement fier de toi qu'il a décidé de te pardonner ton absence au dernier match.
- Oh m**** ! J'l'avais complètement oublié !
- C'est pas grave : tu étais dans le coton quand on l'a joué. Malgré ton absence, et même si Terence n'a pas pris le vif, nous avons gagné avec dix points d'avance. Le gardien des Poufsouffle était vraiment nul. Je crois que notre maison ne va pas avoir le triomphe modeste, cette année. La coupe de quidditch plus notre performance face aux maléfices des enseignants...
- Ouais... J'espère que je vous rejoindrai au banquet de fin d'année. Je VEUX voir la tête des Gryffondor !
- Et moi donc. J'ai croisé Rogue, dans le couloir. Il a une tête bizarre.
- Comment ça ?
- Comme s'il se retenait de rire... surtout quand il rencontre McGonagall. Que t'a dit Dumbledore, au fait ?
- Que la Pierre avait été détruite. Nicolas Flamel et sa femme vont mourir, mais c'est le seul moyen d'empêcher Voldemort de tenter à nouveau un coup. Et vous, au fait ? Qu'est-ce qui vous est arrivé?
- Eh bien, Hermione m'a aidée à remonter, avec ma bosse sur le crâne. Tu parles d'une blessure de guerre ! Enfin bref, on a couru chez Rogue, où nous avons trouvé Théo entrain de se faire remonter les bretelles. Il n'était vraiment pas content, notre directeur ! Mais quand on est arrivées toutes les deux, il a fini par se rendre compte qu'on disait la vérité. Il est parti te chercher et a trouvé Dumbledore dans le hall. Ils se sont disputés tout le long du trajet. Rogue était vraiment furieux. Vu qu'il soupçonnait Quirrell depuis des mois, il en veut à Dumbledore de ne pas l'avoir écouté à ce sujet. T'avais mauvaise mine quand Rogue t'a ramené.
- Ah ? C'est lui qui...
- Oui. Le directeur a ramené la Pierre et Rogue t'a ramené, toi. Chacun suivant ses priorités, je suppose.
Harry se rembrunit légèrement. Il était content que Sarah ait apporté cette précision, même si cela ne lui faisait pas plaisir. A cet instant, l'infirmière-chef fit irruption à leurs côtés et mit Sarah dehors.
Une nuit de sommeil fit le plus grand bien à Harry. Le lendemain matin, il se sentait prêt à quitter son lit. Pomfresh était sceptique quant à l'utilité d'assister au banquet, mais elle finit par admettre qu'il pouvait y aller. Elle lui annonça ensuite qu'il avait un autre visiteur. Harry reconnut la longue silhouette noire qui arrivait et se prépara au plus grand savon de sa vie.
- Bonjour, professeur, fit Harry d'une toute petite voix.
- Vous savez qu'en temps normal, je devrais sans doute vous infliger un nombre conséquent de devoirs supplémentaires et de retenues ? dit Rogue d'un ton glacé.
- Oui, monsieur, murmura Harry.
- Heureusement pour vous, nous ne sommes pas en temps normal et je me garderai même de vous taper sur les doigts, pour éviter que Pomfresh me jette dehors.
Harry le regarda avec incrédulité.
- Euh..?
- Eu égard aux récents évènements, je dirai même que vous avez fait du bon travail. Mais pourquoi n'êtes-vous pas venus me chercher avant d'aller là-bas ?
- Il aurait eu le temps de trouver la solution, peut-être.
- Possible.
- Il est mort ?
- Quirrell ? Oui. Sans aucun doute. Et ne faites pas cette tête, Potter. Vous avez agi pour vous défendre, rien de plus. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
Harry vit les yeux noirs regarder brusquement ailleurs. Quelque chose chagrinait visiblement son directeur, mais il n'osa pas lui poser de questions. Il ne voulut pas non plus aborder le sujet de son père. Il ne voulait pas le mettre en rogne et le faire partir. Sa conversation était à la fois plus terre à terre et plus réconfortante que celle de Dumbledore.
- Est-ce que le professeur Dumbledore a une explication pour s'être fait rouler par Quirrell ? demanda abruptement Harry.
- Aucune, répondit franchement Rogue. En tout cas, aucune qu'il veuille me communiquer.
Sa voix s'était chargée de colère à ces mots.
- Mais il sait désormais tout le bien que je pense de sa façon d'assurer la sécurité des étudiants en général. Et la vôtre en particulier.
Harry esquissa un sourire. Rogue se leva de sa chaise et posa un paquet sur la couverture.
- Hagrid m'a demandé de vous donner ceci. Il a tellement honte de s'être fait berner par Quirrell qu'il n'a pas osé venir lui-même.
- Faut pas. Je passerai le voir, quand je pourrai.
- Bien. A ce soir, Potter.
Il quitta l'infirmerie et Harry se dit que ces quelques mots lui avaient fait nettement plus chaud au cœur que les phrases nébuleuses de Dumbledore. Puis il ouvrit son paquet. A l'intérieur se trouvait un album relié en cuir brun. Il était rempli de photos sorcières. Et sur chacune, Harry put voir ses parents. A Poudlard, adultes, seuls ou avec des amis. Il en resta sans voix.
Dans son bureau encombré d'instruments divers et variés dont lui seul pouvait comprendre l'utilité, Albus Dumbledore réfléchissait.
- Vous semblez préoccupé, professeur...
- Oui, et c'est encore à cause de ton remarquable choix. J'ai bien peur que la corruption de Serpentard commence à gagner Harry... Si cela continue, bientôt, au lieu du héros dont j... nous avons besoin, nous aurons un autre Voldemort.
- Allons, pourquoi dites-vous encore cela? Harry n'a en aucun moment songé à utiliser la Pierre pour lui... Il a agi avec courage, de la manière que vous auriez espéré, non ?
- Oui, mais la question n'est pas là... En accourant dans la salle de la Pierre, j'ai perçu des échos du combat... Et par moment, j'ai l'impression que la Haine avait gagné Harry... Il ne se battait plus pour survivre, mais pour tuer.
- C'est CELA que vous trouvez alarmant? Ça ne peut pas mieux être au contraire!
- Pardon?
- Vous envisagez l'esprit humain dans le mauvais sens, professeur : il est vrai que quand on est attaqué, on se bat pour survivre, mais je connais LA condition nécessaire et suffisante pour un tel changement d'attitude.
- La Haine?
- Non. Il faut avoir accepté sa propre mort : ne plus se battre POUR soi, mais CONTRE son ennemi. Chose dont Voldemort est absolument incapable. Lui ne pense qu'à lui-même et l'idée seule de sa mort lui est inacceptable. D'ailleurs, je me demande si ce n'est pas pour cela qu'il tuait à tour de bras : pour attirer la mort sur les autres, espérant ainsi l'éloigner de lui...
- Merci, monsieur le psychologue. Enfin, tu dois avoir raison cette fois-ci. Si cela peut différencier Harry de Voldemort, il reste sans doute un espoir. Laisse-moi à présent, il faut que je réfléchisse.
Le professeur Dumbledore s'assit à son bureau, posa ses coudes sur la table, joignit les mains devant lui en croisant les doigts et posa sa tête sur le support ainsi formé. Il demeura un moment silencieux, perdu dans ses pensées.
Ce soir-là, Harry quitta ses draps pour assister au grand dîner de fin d'année. Quand il arriva, il constata non sans satisfaction que la Grande Salle était décorée aux couleurs vert et argent des Serpentard afin de célébrer dignement leur septième victoire consécutive. Derrière la table des professeurs, une immense bannière courait sur toute la longueur du mur, représentant un serpent blanc. Les Gryffondor étaient si dépités par leur défaite que leur teint s'était uniformisé avec la décoration du réfectoire. Hermione lui fit un tout petit signe de la main. Mais les frères Weasley, assis à côté de leur cadet et encadrés par des élèves furieux, n'osèrent pas bouger. Harry alla s'asseoir à sa table, où Théodore lui serra la main avec enthousiasme, tandis que Sarah lui faisait un clin d'œil. Eux avaient déjà eu leur part de gloire dans l'aventure et Sarah avait même mentionné Hermione de façon élogieuse. Marcus Flint décoiffa un peu plus son attrapeur-fétiche en lui tapotant la tête. Adelia la préfète était toute fière de ce garçon si brillant. Malefoy, bien entendu, s'abstint de tout commentaire. Dumbledore se leva et la rumeur des conversations mourut doucement.
- Une autre année se termine, dit-il joyeusement, et je vais encore vous importuner avec des bavardages de vieillard avant que nous entamions enfin ce délicieux festin. Quelle année nous avons eu ! Fort heureusement, vos têtes sont un peu plus remplies qu'à votre arrivée… et vous aurez tout l'été pour les vider à nouveau en attendant la rentrée prochaine.
La grimace de McGonagall fit comprendre que les élèves n'avaient pas intérêt à trop se vider les mérangeoises pendant les vacances.
- Le moment est maintenant venu de décerner la Coupe des Quatre maisons. Le décompte des points est le suivant : en quatrième position, Gryffondor, avec trois cent douze points. En troisième place, Poufsouffle, avec trois cent cinquante-deux points. Deuxième, Serdaigle, avec quatre cent vingt-six points, et enfin, Serpentard a obtenu quatre cent soixante-douze points.
La table en vert éclata en un tonnerre d'applaudissements et de cris de joie. Malefoy frappait la table avec son gobelet et Harry entendit quelqu'un entonner une chanson qui devait être hautement insultante à l'égard des autres maisons, car les préfets imposèrent vite le silence au chanteur.
- Je pensais que les lions en auraient encore moins que ça, s'étonna Sarah.
- Il paraît que Dumbledore a fait une distribution de dernière minute pour Granger, dit Adelia.
- C'est pas volé. Sans elle, on aurait eu du mal à finir le parcours, intervint Harry.
- Oui, ça m'a l'air d'être une fille intelligente, répondit Adelia, songeuse. Mais je n'ai pas compris qu'il en ait aussi donné à Weasley en affirmant que le premier courage était de savoir affronter ces propres amis...
- Weasley ! Cette espèce de... Il s'est pris un maléfice du saucisson de la part d'Hermione et le dirlo lui donne des points ! s'étouffa Théodore. Fenrir me croque, il devait vraiment être désespéré en voyant les résultats de son ancienne maison...
Harry jeta un oeil à la table des Gryffondor. Ces derniers étaient tellement écœurés par les résultats qu'ils gardaient le nez dans leur assiette. Un instant, Harry croisa le regard de Ronald Weasley. Il y lut une haine forcenée. Comme si c'était sa faute... Qui lui avait demandé de se mettre en travers du chemin d'Hermione, aussi ? McGonagall avait l'air déçu, mais elle se contraignit à serrer la main de Rogue, qui lui dit quelques mots, mais Harry ne put les entendre.
Puis on passa au dîner proprement dit, et les frères Fred et George enchantèrent en douce quelques boulettes de mie de pain pour les faire atterrir sur la tête de Harry et de ses deux complices. Ce furent là les seules représailles auxquelles ils se livrèrent, et elles ne firent pas grand-mal.
Harry en avait presque oublié les résultats des examens. Il fut satisfait de voir que ses efforts avaient été récompensés, et qu'il passait en deuxième année. Sarah et Théodore aussi d'ailleurs, de meme que Malefoy et ses deux gorilles, ce qui stupéfia le reste de la promotion. Weasley et Londubat franchirent eux aussi la barre. Quant à Hermione, elle avait obtenu la meilleure note de toute la classe.
Bientôt, on vida les armoires pour remplir les valises, les chouettes et les hiboux retournèrent dans leur cage. Les élèves reçurent des avis les prévenant que l'usage de la magie était interdit durant les vacances. Harry vit Fred mettre le feu au sien en regrettant qu'on ait pas oublié de les distribuer.
Puis un matin, Hagrid leur fit retraverser le lac et ils montèrent tous à bord du Poudlard Express, en route pour Londres. Tout le monde grignotait des friandises et racontait des blagues, tandis que le paysage devenait de plus en plus verdoyant. On se changea en vitesse avant d'arriver en Angleterre. Fred et George passèrent voir Harry.
- On t'écrira. On va s'arranger pour que tu puisses venir à la maison pendant une semaine ou deux. Ca fera plaisir à notre petite sœur, il paraît qu'elle parle beaucoup de toi...
- C'est malin...
- Non, c'est vrai. Je te jure.
En sortant sur le quai, les jumeaux mettaient au point un programme de vacances à l'attention de leur ami tandis qu'Hermione parlait avec envie des voyages qu'elle pourrait faire avec ses parents. Les Serpentard saluèrent gaiement Harry avant de se disperser.
- Toujours célèbre, mon vieux... fit Théodore en souriant.
- Pas là où je vais, je t'assure.
Ils se mêlèrent à la foule chargée de paquets qui se trouvait coté moldu. Harry aperçut la mère de Ron, accompagnée de sa benjamine. Il les salua avant de chercher son oncle du regard.
- Alors, tu es prêt ?
Vernon Dursley, la moustache hérissée, semblait toujours furieux que Harry ait le culot de se promener avec une cage à chouette à la main au milieu d'une gare remplie de gens normaux. Pétunia et Dudley se tenaient derrière lui avec une mine apeurée.
- Ta famille ? interrogea Théodore.
- Façon de parler, grinça Harry. Faut que j'y aille.
- J'espère que tu passeras de... bonnes vacances, dit Théodore en jetant un regard intrigué à Vernon.
- Sans aucun doute. Eux, ils ne savent pas que la magie est interdite pendant l'été. Je vais bien m'amuser avec Dudley.