Bêta : Mokonalex
Assistantes/Elfes de Maison/Disques durs externes : Mirabelle31, octo, Archimède, Nanola. (Aucune n'a été maltraitée pendant l'écriture et elles n'auront pas de chaussettes pour Noël. )
Carburant (thé) fourni par Mirabelle31. ^^
Note de l'auteur : C'est fini ! J'ai mis le temps, mais ça y est, vous avez la fic en entier. Ceci est la version censurée, conformément aux règles du site. Pour la version intégrale, voir sur mon profil où la trouver. Merci d'avoir apprécié cette fic, il y en aura encore d'autres, ne vous en faites pas.
Bonne lecture à tous !
Epilogue
Malgré le noir profond dans lequel la chambre était magiquement plongée, Harry s'était réveillé de bonne heure – il ne se levait habituellement pas avant 9h – sans avoir eu besoin du sortilège que Severus avait placé dans la pièce afin qu'ils ne soient pas en retard.
On était le premier septembre et c'était la rentrée à Poudlard. À 11h, Harry allait prendre le Poudlard Express pour sa dernière année. Cette fois-ci, elle s'annonçait paisible. Voldemort avait quitté ce monde depuis plusieurs mois, tout comme la majorité de ses Mangemorts. Le Monde Magique était entré dans une nouvelle ère de paix : les commerces florissaient, les gens se mariaient, des bébés naissaient… Et Harry vivait avec Severus. Il ne le quittait pas même d'une semelle à dire vrai, et le vampire ne s'en plaignait pas outre mesure.
La pensée que ce jour était celui de leur séparation – même provisoire – rendait le jeune calice nerveux et déprimé. À cette pensée, récurrente depuis plusieurs jours, des larmes vinrent lui piquer les yeux et son cœur se serra. Une boule enfla dans sa poitrine et il étouffa un sanglot. Près de lui, Severus, endormi, s'agita faiblement. Harry qui s'était un peu écarté de lui pendant son sommeil, se retourna vers le vampire et se glissa dans ses bras pour le serrer très fort en ravalant ses pleurs. Un murmure un peu rauque se fit alors entendre.
— Chuuuuut… Calme-toi… Il est encore tôt, trop tôt d'ailleurs pour se mettre martel en tête comme ça. Nous n'allons pas être séparés bien longtemps, juste quelques heures. On va se voir tous les jours…
— Oui, mais pas longtemps, hoqueta le jeune Gryffondor entre deux sanglots.
Severus sentait les larmes chaudes du jeune sorcier, mouiller sa poitrine nue. Il glissa une main dans les longs cheveux à présent tricolores de son calice et envoya par le lien, des ondes vampiriques calmantes.
Encore une fois, le calice s'apaisa. Severus avait dû se résoudre à cet artifice trois jours auparavant. Harry redoutait et appréhendait terriblement la rentrée. Il ne voulait pas quitter l'Impasse du Tisseur… il ne voulait pas quitter Severus du tout d'ailleurs. Par cheminette, le vampire avait fait part de son inquiétude à ce sujet à Albus Dumbledore. Le Maître des Potions aurait dû se trouver comme ses collègues à Poudlard depuis le 20 août, mais le Directeur lui avait dit de rester avec Harry jusqu'au bout. Il n'aurait qu'à transplaner vers Pré-Au-Lard après avoir déposé le garçon à la gare de King's Cross.
Les bras d'Harry s'étaient enroulés autour du cou du vampire et celui-ci sentait les lèvres du Gryffondor y déposer des petits baisers. Severus esquissa un petit sourire coquin dans la pénombre. D'un coup de rein puissant, il bascula Harry sur le dos et s'allongea sur lui. Sa bouche gourmande chercha celle de son compagnon. D'une main, il caressa son corps soyeux et fin tout en se positionnant entre ses jambes écartées. Harry se mit à respirer plus fort en s'accrochant aux épaules du vampire. Celui-ci sentit rapidement l'érection du jeune sorcier contre la sienne et songea encore une fois que décidément son calice était toujours prêt pour lui. Avoir un calice était vraiment une chose extraordinaire pour un vampire et il regrettait presque, à ces moments-là, d'avoir refusé aussi véhémentement d'en prendre un. Il se serait épargné bien des souffrances, surtout qu'Harry était volontaire depuis le début.
— Sev'… Tout de suite ! Viens !
— Déjà ? Tu es sûr que tu ne veux pas…
— Non, maintenant !
Scène MA censurée
Le vampire glissa sa tête dans le cou du calice et donna un rapide coup de langue sur la précédente marque de morsure. Ses canines plongèrent dans la chair tendre et fine et il aspira le liquide carmin qui jaillissait de la veine nourricière.
Harry poussa un petit cri et se tendit dans les bras du vampire. Son sperme chaud jaillit brusquement entre leurs deux corps et inonda son ventre et celui de Severus. L'orgasme perçu dans le lien provoqua celui du vampire qui grogna sous la sensation. Harry ne le vit pas puisqu'ils étaient dans la pénombre, mais les yeux de Severus étaient devenus complètement noirs et Sogan avait provisoirement pris le contrôle. Celui-ci lâcha le cou du garçon et redonna un coup de langue pour cicatriser la plaie. Il marmonna quelques mots de sa voix métallique.
— Tout simplement délicieux !
Si Harry avait compris le vampirique, il se serait demandé de quoi Sogan voulait parler. S'agissait-il de son sang ou bien de la petite séance improvisée qu'ils venaient de s'offrir ? Mais il était anéanti par son orgasme et ne songeait plus à rien. Il déplia quand même ses jambes un peu tétanisées et dégagea sa main poisseuse qui était toujours coincée entre leurs deux corps. Le vampire se rallongea près de lui et ferma les yeux quelques secondes. Lorsqu'il les rouvrit, ils étaient redevenus normaux : Severus avait repris le contrôle. C'était la première fois que Sogan se permettait de les « interrompre » pendant qu'ils faisaient l'amour. Severus songea que son côté vampire se permettait des privautés non osées jusque là. Allait-il prendre les rênes à tout moment sans qu'il puisse l'en empêcher ?
Severus fut distrait par Harry qui venait de se mettre sur le côté pour se glisser dans ses bras. Il repoussa provisoirement dans sa mémoire, sa récente interrogation, se promettant d'y songer à la première occasion et même de demander la réponse à Sanguini.
— Quelle heure il est ?
Severus prit sa baguette qu'il avait posée sur la table de nuit en se couchant et lança un Tempus.
— Il est 7h, chaton. Il est temps de se lever.
Il entendit Harry soupirer et remuer un peu tout contre lui. La semence que le calice n'avait pas nettoyée lui causa une petite sensation de froid sur le flanc.
— Pas envie…
— Je sais que tu n'as pas envie, mais tu n'as pas le choix. Moi, je dois impérativement transplaner à Pré-Au-lard afin de prendre mon poste à Poudlard. Je te rappelle que j'aurais déjà dû y être depuis le 20.
— Pas envie quand même.
— Tu peux rester là, mais… Tu ne me verras plus, du coup.
La respiration d'Harry s'interrompit quelques secondes. Puis il soupira bruyamment.
— Ok, t'as gagné, j'y vais.
Severus se pencha vers son calice et déposa un baiser sur ses lèvres purpurines légèrement irritées par leur précédente activité et surtout le frottement de la barbe matinale du Maître des Potions. Il glissa ensuite ses doigts fins tâchés par les potions dans les longs cheveux du jeune homme et lui gratouilla brièvement le cuir chevelu, selon une récente habitude.
— À la douche, bébé… Tu dois encore prendre un bon petit déjeuner, et vu la quantité que tu avales le matin, il te faudra bien une heure, comme d'habitude. Ensuite, tu devras terminer cette malle. Je sais pertinemment que tu repousses l'échéance depuis des jours, mais là, tu n'y coupes plus. Dobby te préparera un encas à emporter pour que tu puisses te sustenter décemment dans le train.
— Ouais, c'est ça… fit Harry de mauvaise grâce. Comme ça, mes amis vont tous voir que je m'empiffre autant que Ron maintenant.
— Pas si Dobby jette un sort sur ton repas pour le faire paraître plus frugal qu'il ne le sera en réalité. J'ai l'intention de le lui demander.
Une bouffée d'angoisse serra une nouvelle fois les entrailles du Gryffondor qui se jeta alors dans les bras du vampire allongé contre lui.
— Sev'… Tu me promets ? Tu me promets que je te verrai ce soir ? Je… Je pourrai pas supporter d'être loin de toi…
— Je te le promets. Tu me verras ce soir. D'ailleurs tu me verras tous les jours, tu sais bien que j'ai besoin de ton sang. Et… de toi aussi…
Le vampire avait un peu hésité avant de rajouter cette dernière phrase, car il n'avait pas pour habitude de porter son cœur en bandoulière comme il le disait si bien. Mais cet aveu était sincère : il avait besoin lui aussi de la présence de son compagnon. Bien sûr, son côté vampire l'influençait comme d'habitude – Sogan ne voulait pas se séparer de son calice – mais le sorcier était tombé amoureux du jeune homme auquel il était à présent lié, et c'était sa façon de le lui rappeler.
Les sens exacerbés de la Créature des Ténèbres perçurent soudain une délicieuse odeur de café frais qui lui titilla les narines. Le thé et le café faisaient encore partie des menus plaisirs gastronomiques qu'il appréciait malgré sa transformation. Il ne mangeait que peu de nourriture solide humaine et seulement pour donner le change ou tenir compagnie à son calice à table. Nutritionnellement, il n'avait besoin que du sang d'Harry pour survivre.
— Dobby est arrivé, je sens l'odeur du café qui passe. Allez, debout, sinon on va être en retard ! Tu vas rater le train… et Albus sera contrarié… il me retiendra ce soir dans son bureau et résultat, on ne pourra même pas faire l'amour en cachette dans mes cachots. Une véritable pitié…
Harry ne put s'empêcher de sourire largement devant cet énoncé très contrariant et peu crédible. Son vampire était un véritable obsédé qui ne pensait qu'à lui faire subir les derniers outrages sous les moindres prétextes, dans n'importe quelle position et à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ! Severus serait bien capable de se faufiler dans la Tour de Gryffondor sous sa forme de chauve-souris, après le couvre-feu. Tout ça pour le rejoindre dans son lit…
Le jeune Gryffondor fut soudainement rassuré et se sentit beaucoup plus serein. Il se leva, baguette allumée à la main et se dirigea vers la salle de bain en chantonnant sans remarquer le petit rictus amusé du vampire qui s'était – encore – servi de ses pouvoirs vampiriques pour influencer l'humeur de son calice et le rassurer à travers le lien.
Dans la chambre magiquement occultée du premier étage, Harry, nu comme un ver, venait de laisser négligemment tomber sur le plancher son peignoir de bain et se regardait à présent dans la psyché d'un œil critique. Près de lui, Severus s'affairait et empilait dans sa malle débordante quelques livres oubliés qu'il voulait ramener à Poudlard.
— Chaton… Qu'est-ce que tu fais à traîner comme ça ? Habille-toi, nom d'un triton, tu vas finir par nous mettre en retard, râla le vampire en jetant un coup d'œil vers son amant.
Le soupir d'Harry le fit se retourner et se figer un instant.
— Je vais devoir abandonner mon nouvel aspect que j'aime bien… Tout ça pour redevenir l'Élu, donc petit, squelettique, blanc comme un linge avec d'affreuses lunettes et une horrible cicatrice ! Quelqu'un dont tout le monde connaît le visage et qui sert de bouc émissaire à tous ceux que ça chante ! Moldus ou Monde Magique ! Et en plus, je vais devoir garder ce putain de Glamour pendant un an !
— Langage, Harry ! Je sais que tu es contrarié mais jurer comme un ivrogne moldu ne t'aidera en rien.
— Je ne sais pas si je vais avoir la force de tenir le coup, Sev'. Je veux être Harry le calice, pas Harry le vainqueur de Voldemort.
— Je vois ce que tu veux dire, chaton. Tu fais la différence entre les deux parce que physiquement ils sont très dissemblables. Harry le calice est plus grand, bronzé, il n'a pas de lunettes, il a un look totalement différent…
Severus s'interrompit un instant et ne put s'empêcher d'admirer le serpent tatoué qui ondulait paresseusement sur les abdominaux de son calice. Le reptile passait son temps à se promener sur la peau de son hôte, surtout lorsqu'une main quelconque caressait cet endroit. Sur l'arcade sourcilière, juste là où se terminait le sourcil épais et bien dessiné d'Harry, brillait le piercing d'argent, comme un discret bijou auquel le vampire s'était rapidement habitué.
— Harry le Sauveur, poursuivit-il alors, est petit, maigrichon, pâlot et porte de grosses lunettes rondes à verres épais. Tu les vois donc comme deux entités totalement différentes. Harry le calice est un illustre inconnu qui peut se promener en toute discrétion et qui n'attirera le regard que d'hommes ou de femmes le trouvant éventuellement séduisant. Harry le Sauveur, on le regarde comme une bête curieuse dès qu'il met le nez dehors, uniquement parce qu'il est ledit Sauveur. Alors oui, je comprends parfaitement ton dilemme. Tu veux être Harry le calice à temps complet et dans l'anonymat le plus total. Le problème c'est que tu dois terminer tes études et pour cela, Harry le Sauveur doit être présent à Poudlard et tenir sa place de la même façon qu'il l'a tenue les six dernières années. Si tu te présentes sous ton nouvel aspect, adieu ta couverture… Tout le monde saura qu'Harry le calice est Harry le Sauveur. Tu n'as donc pas le choix. Habille-toi. Je vais te mettre le Glamour et le fixer avec ma magie vampirique, comme ça personne ne pourra le retirer accidentellement. Moi seul pourrai, et je le ferai lorsque tu viendras me rejoindre dans mes cachots.
— Tu préfères Harry le Sauveur ou Harry le calice ? demanda Harry en le fixant dans le miroir d'un air inquiet.
— Harry le calice. J'adore ton nouvel aspect et j'apprécie en plus l'anonymat qu'il nous offre.
Harry lui fit un maigre sourire et hocha la tête, vaincu.
— Vas-y, Sev'… Mets-moi le Glamour maintenant, je m'habillerai ensuite, sinon je vais vraiment être ridicule à enfiler des fringues trop petites.
Ce fut Harry le Sauveur qui quitta la chambre quelques minutes plus tard. Severus le suivait, une main posée sur la nuque de son amant pour l'encourager à descendre l'escalier. Deux malles bien pleines suivaient le vampire en flottant dans les airs par la grâce d'un Locomotor Barda. Il était l'heure de quitter leur refuge de l'Impasse du Tisseur…
Harry portait déjà son uniforme de Poudlard et une cape légère de voyage. Dans un petit sac à dos moldu qui allait servir de cartable dès le lendemain, se trouvait le pique-nique conséquent et magiquement déguisé que Dobby lui avait préparé avec dévotion pour le voyage. Quelques gallions tintaient dans la poche du pantalon de l'Élu et il avait prévu de les dépenser dans le chariot de bonbons du Poudlard Express.
Le jeune sorcier était heureux de retrouver ses amis avec lesquels il n'avait eu aucun contact de tout l'été. Dumbledore avait inventé une fable que tout le monde avait gobée, pour expliquer qu'il ne pouvait être joint et dérangé par les hiboux : Harry était censé avoir passé l'été dans un camping éloigné de tout avec les Dursley auxquels il avait servit d'Elfe de Maison comme d'habitude, ce qui allait expliquer le teint blafard que le Glamour lui donnait, celui-ci étant calqué sur l'aspect maladif qu'avait précédemment Harry.
— Sev ! Et s'ils me posent des questions, qu'ils veulent savoir où j'étais, dans quelle région ou le comté, je dis quoi ? Dumbledore n'a pas donné de précisions…
— Ne dis rien. Elude. Dis que tu ne veux pas en parler parce que ce sont d'horribles souvenirs qui n'ont rien de plaisants à revivre. Aucun de tes amis n'osera t'infliger une pareille torture. Ils seront gênés et changeront de sujet de conversation.
— Ok. J'espère que tu as raison.
Leurs malles réduites glissées dans leurs poches, les deux sorciers sortirent dans le jardinet derrière la maison.
— Nous allons transplaner d'ici pour nous rendre à King's Cross. Tu auras un bon quart d'heure d'avance et tu pourras tranquillement choisir une place dans un compartiment sans être bousculé. Nous éviterons la foule, personne ne me remarquera parce que je me désillusionnerai et nous n'entrerons même pas dans la gare moldue.
— C'est bien, ça… Pas de Moldus…
Harry refusait toujours les bains de foule côté moldu. Severus ne comprenait pas trop pourquoi puisqu'il ne le laissait jamais seul et donc Harry ne craignait rien, mais son amant et calice avait quand même fait des progrès. Il acceptait dorénavant les petites promenades en couple dans la petite ville de Carbone-Les-Mines et le shopping dans les boutiques locales qui étaient toutes de taille modeste. Harry était quand même sur la voie de la guérison…
— Sev'… On reviendra ici, hein ? Pour les vacances…
— Bien entendu, bébé. Notre prochain séjour sera pour les vacances de Noël. Pas toutes, mais une bonne partie… Il restera certainement quelques Serpentards à l'école et je ne pourrai pas les abandonner à leur sort, mais ne t'en fais pas, nous aurons encore des moments rien qu'à nous.
— Oui… se contenta de répondre Harry en se glissant dans les bras de son vampire.
Severus en profita pour transplaner vers la gare. Il ne voulait pas prolonger inutilement les adieux. Harry était suffisamment malheureux comme ça. Plus vite il serait dans le train avec ses amis, plus vite il se changerait les idées.
Le Maître des Potions avait choisi un endroit un peu à l'écart et dans l'ombre, juste sous une passerelle métallique. Il n'y avait qu'une vieille porte en fer rouillé dans le mur tout près d'eux et elle portait la mention « Local technique, entrée interdite au public ».
— On y est, Harry, murmura le vampire en regardant rapidement autour de lui, ses sens en alerte.
D'où ils étaient, ils voyaient le quai 9 ¾ inondé de lumière, le train rouge et noir dont la chaudière ronflait déjà et quelques familles qui se pressaient en poussant des chariots. Severus tira sa montre à gousset de la petite poche de sa redingote et l'ouvrit d'un coup d'ongle.
— Nous avons plus de vingt minutes d'avance, ce qui explique qu'il y ait si peu de monde. Rends sa taille à ta malle, chaton, inutile que tu te fasses remarquer par une absence de bagages.
— Tu n'as pas oublié mon balai, hein ? s'inquiéta le calice en obéissant à l'ordre du vampire.
— Dobby l'a emporté ce matin avec lui, lorsqu'il est retourné à Poudlard. Je lui ai dit de le déposer dans mes cachots. Tu pourras le récupérer dans la soirée. Harry, je vais maintenant me désillusionner pour t'accompagner jusqu'au train. Je ne pourrai pas parler, donc je te dis au revoir ici. Fais bon voyage et ne te soucie de rien. Je serai là lorsque tu arriveras et tu pourras venir me rejoindre après le festin, ce soir.
— Sev', tu vas me manquer ! gémit Harry ses bras entourant la taille du vampire.
— Toi aussi. Mais ce n'est que pour quelques heures.
— Tu promets, hein ? Tu seras là quand j'arriverai.
— Promis.
Le vampire se pencha pour embrasser voluptueusement son compagnon. Il en profita pour lécher rapidement le cou d'Harry et y planta ses crocs. Le jeune Gryffondor soupira d'aise et apprécia les trois gorgées que le vampire aspira. Cela eut pour effet de le calmer et de renforcer le lien. Severus n'avait pas voulu lui en prendre plus, afin de ne pas l'exciter. Ce n'était ni le lieu ni l'heure pour des frasques sexuelles vampiriques.
— Va, maintenant, murmura le vampire en s'écartant de son calice.
Il passa une main légère dans les cheveux courts d'Harry le Sauveur, regrettant un bref instant leur véritable longueur puis le poussa doucement vers le quai baigné de lumière, d'une pression dans le dos du garçon.
Le jeune Gryffondor émergea de l'ombre en traînant sa vieille malle sur ses roulettes. Il se fit violence pour ne pas se retourner, afin de ne donner aucune indication sur la présence de Severus Rogue qui serait perçue comme incongrue en ce lieu. Harry soupira, serra les dents puis mordit sa lèvre inférieure pour se concentrer et se donner du courage. Il n'allait quand même pas à la potence !
Derrière lui, Severus s'était désillusionné et l'avait suivi. Bien qu'il se serait fait écorcher plutôt que de l'admettre, le vampire avait le cœur un peu lourd de devoir quitter son précieux calice. Il sentait Sogan protester et s'agiter au fond de lui, contrarié de cette séparation imposée bien que provisoire. Le Serpentard marchait donc silencieusement derrière Harry, attentif à ce qui se passait sur le quai. Il ne voulait pas être bousculé, cela révèlerait sa présence et provoquerait une panique certaine. Après tout, quelqu'un de désillusionné dans un tel endroit aurait forcément de mauvaises intentions… On ne se cachait pas pour s'amuser quand on était un adulte ayant atteint la quarantaine ou presque.
Harry allait monter les marches du wagon se trouvant juste devant lui, quand du coin de l'œil, il aperçut quelque chose qui lui fit interrompre son mouvement. Il tourna alors la tête et écarquilla les yeux de surprise. Augusta Londubat venait de franchir la barrière magique donnant sur la gare moldue. Comment osait-elle se promener côté moldu dans son habituelle tenue de sorcière ? Elle était déjà excentrique pour les sorciers alors elle devait passer pour folle à lier, côté non magique…
Augusta portait son habituel chapeau pointu orné d'un vautour empaillé et passablement mité, tout comme la vieille étole en renard dont la tête naturalisée avait perdu un de ses yeux de verre il y avait longtemps. Elle serrait son affreux cabas rouge contre elle et il jurait avec ses robes vertes légendaires. Mais ce n'était pas ça le plus choquant… Non. Elle poussait devant elle, Neville, qui tenait dans ses bras un énorme pot de fleur en terre cuite qui contenait la plante la plus improbable qu'Harry – et sûrement tout le monde sur le quai – n'avait jamais vue.
Harry ne put s'empêcher de pouffer de rire devant le spectacle offert par son ami. Dans le pot de fleur calé dans les bras de Neville, se trouvait un exemplaire du légendaire Cactus Magicus Coïtus ! Evidemment, tout le monde se retournait sur son passage, ce qui agaçait prodigieusement l'infernale Augusta qui houspillait à la fois son petit-fils et son beau-frère Algie qui lui, poussait le chariot de bagages de Neville.
Il fallait dire que le spectacle valait le détour. Même Severus s'était figé devant cette étonnante vision et avait dû se faire violence pour ne pas éclater de rire. La plante grasse de Neville avait la forme d'un gigantesque pénis, avec tous les détails comme le gland et les testicules. De plus, pour ne rien gâcher, ce cactus était rose… Et couvert d'épines terrifiantes. On aurait dit un godemichet géant transformé en pelote d'épingles et qu'on aurait planté dans un pot. La chose atteignait bien les cinquante centimètres et ne passait donc pas inaperçue. Mais qu'est-ce que Neville espérait bien faire avec ce truc, s'il avait d'ailleurs une utilité quelconque ?
Un instant, Harry eut la vision fugace de Neville arrachant toutes les épines de sa plante avec une pince à épiler géante, dans le but de la transformer en… Non, non, non ! Il ne pouvait pas imaginer un truc pareil ! Le calice secoua la tête et se résolut à grimper dans le wagon. Il s'arracha donc à la contemplation de l'horreur piquante et tira sur la poignée de sa malle pour la hisser dans la voiture. Il sentit qu'on l'aidait et pensa à Severus. Il entendit la voix du vampire résonner dans sa tête par le lien. Décidément, il avait un peu de mal à se faire à la télépathie.
— Fais bon voyage, chaton, je file maintenant. Albus m'attend.
— À ce soir, Sev'.
La conversation mentale cessa aussi vite qu'elle avait commencée. Severus, profitant qu'il était désillusionné, transplana hors de la gare d'où il était. En bon espion, ses transplanages étaient toujours quasiment silencieux. Harry s'avança dans le couloir, cherchant un compartiment libre. Ce ne fut pas bien difficile, il n'y avait que peu de monde encore dans le train. Les gens avaient toujours l'habitude d'arriver au dernier moment. Etonnant que personne ne loupe son train… Il se demanda un instant, comment faisaient ceux qui rataient leur train, surtout les né-moldus. Est-ce que quelqu'un venait les chercher ou bien retournaient-ils chez eux et rataient totalement leur entrée dans le Monde Magique dont les portes se refermaient définitivement ? Ce serait une bonne question à poser au Professeur McGonagall…
Harry entra dans un compartiment situé côté quai. Il voulait pouvoir regarder les gens arriver et repérer ses amis. Il sortit sa baguette de sa manche et lévita sa malle dans le porte-bagage. S'il n'avait pas été majeur, il aurait été obligé d'attendre que Ron arrive pour lui prêter main forte. Le jeune Gryffondor s'installa près de la fenêtre et regarda par la vitre, le front collé au carreau froid. De là, il pouvait voir toute l'agitation sur le quai 9 ¾ et guetter l'arrivée de ses amis. Neville devait être quelque part dans un autre wagon, en train de se débattre avec sa malle, son horreur à piquants et une grand-mère odieuse lui faisant encore sentir qu'il n'était qu'une crotte de noueux. Comme d'habitude…
Pas étonnant que l'héritier Londubat ait aussi peu confiance en lui.
Une tignasse flamboyante surplombant la foule attira son regard et le jeune calice tourna la tête vers elle. Ron Weasley avait encore grandi et dépassait largement son père dont le crâne chauve cerné d'une couronne de cheveux roux grisonnants culminait seulement au niveau de l'épaule de son dernier fils. Sa sœur Ginny s'expliquait avec sa mère, en faisant force gestes agacés en montrant sa malle, le bas de sa robe et un soulier qui semblait avoir un souci. En bref, Harry s'en fichait comme de sa première retenue avec Severus et chercha plutôt Hermione du regard. Elle ne devait pas être loin. Quand on voyait Ron, on voyait Mione dans son sillage…
Bingo ! La jeune sorcière était à quelques mètres derrière les Weasley. Elle traînait sa malle d'une main et le panier d'osier de Pattenrond de l'autre, tandis que ses parents moldus tournaient leurs têtes dans tous les sens pour ne rien rater des détails du train à vapeur démodé et de la gare vieillotte : la partie magique de la gare datait de l'époque victorienne et n'avait jamais été rajeunie. Pourquoi dépenser de l'or inutilement quand tout fonctionnait bien et était « comme neuf » disait le Ministère… En effet, pourquoi installer des lampes électriques quand celles à gaz marchaient encore, et pourquoi changer la locomotive pour une motrice diesel ou électrique alors qu'elle était en état de marche et qu'elle n'avait rien coûté ?
Le train entier avait été volé aux Moldus cent ans auparavant, et le charbon qui le faisait avancer disparaissait magiquement des mines britanniques. Ni vu, ni connu. Il n'y avait pas de petites économies…
Amusé, Harry regarda Hermione se jeter dans les bras de Ron, et Arthur Weasley, le visage orné d'un large sourire, se précipiter vers les Granger pour les saluer avec un plaisir évident. Encore un qui ne changerait jamais !
Le jeune calice s'écarta de la fenêtre et se dissimula derrière les rideaux à carreaux repliés. Il n'avait pas du tout envie d'être repéré par Arthur et Molly Weasley. Harry savait pertinemment ce qui l'attendait s'ils le voyaient. Molly se jetterait sur lui et l'étoufferait entre ses bras en lui faisant des tas de reproches sur son absence de cet été au Terrier – comme s'il en était responsable – et Arthur l'assaisonnerait de questions incongrues sur les Moldus et leurs objets courants. Or Harry n'avait pas du tout envie qu'on lui parle de Moldus et pas du tout envie non plus qu'on le serre dans les bras. Il préférait que Severus soit le dernier à l'avoir enlacé. Au fil des semaines, Harry était devenu incroyablement possessif avec son vampire et plutôt jaloux également.
Le jeune Gryffondor conserva sa place derrière le rideau qui encadrait la fenêtre et se laissa aller contre le dossier capitonné de velours gris rayé. Il ferma les yeux et attendit que ses amis le trouvent. Ils allaient devoir le chercher car il n'avait nulle envie de quitter la solitude de son compartiment pour arpenter les couloirs et être remarqué par des élèves en quête d'un siège libre.
Plusieurs minutes passèrent ainsi. Harry entendait le bruit que faisaient les étudiants dans le couloir. Deux fois, sa porte s'était ouverte mais personne n'était entré. Ils devaient chercher leurs propres amis, et un inconnu au visage caché, qui semblait assoupi dans les plis d'un rideau, ne les avait pas incités à entrer dans le compartiment.
La troisième fois, un cri féminin enthousiaste avait tiré Harry de sa torpeur : Hermione.
— HARRY ! Tu es là ! On t'a cherché partout avec Ron, fit la jeune fille en se jetant sur son ami pour l'étreindre. RON ! HARRY EST LÀ !
Devant cette agression verbale et physique, Harry se raidit et tenta de reculer pour se soustraire aux tentacules de l'ogresse… enfin, disons… aux bras un peu trop affectueux de la jeune Gryffondor. Celle-ci se rendit compte aussitôt que son ami était mal à l'aise et s'écarta de lui, un peu confuse de s'être laissé emporter.
— Hemm… Désolée, Harry… Je… tu vas bien ? hésita-t-elle en voyant le teint pâle de son ami.
Visiblement, l'été n'avait fait aucun bien à Harry qui n'avait pris aucune couleur. Elle se demanda s'il avait seulement mis une seule fois le nez dehors, ou si les Dursley l'avaient encore confiné à l'intérieur de leur villégiature – Dumbledore leur avait bien dit qu'Harry les avait accompagnés au camping.
— Ça va, tu m'as juste surpris. Je somnolais un peu et je ne t'ai pas entendue entrer dans le compartiment.
Hermione n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit, Ron Weasley venait de faire son entrée dans le compartiment, guidé par le cri de sa petite-amie et son mot magique « Harry ! ». Le rouquin, chargé comme un mulet puisque sa sœur avait refusé de tenir la cage de Coqcigrue, se prit les pieds dans la malle qu'Hermione avait abandonnée en plein passage. Déséquilibré, il tenta de se retenir à la banquette située à sa droite et poussa une série de jurons qui auraient fait hurler Molly Weasley si elle les avait entendus.
— RONALD BILIUS WEASLEY ! Tu n'as pas fini de dire des grossièretés comme ça ? Je vais l'dire à ta mère ! pesta Hermione, l'œil mauvais et les deux mains sur les hanches.
Une voix amusée leur parvint depuis le couloir et les fit se retourner.
— Ne t'en fais pas, Mione… ricana Ginny à l'extérieur du compartiment, je vais t'épargner cette peine, M'man va adorer les nouvelles. Salut Harry ! Tu vas bien ? Désolée, je suis attendue… ailleurs ! Tes oreilles vont bien avec tes cheveux, Ron… termina la peste avant de déguerpir, pressée d'aller retrouver son petit-ami du moment.
Harry et Hermione se tournèrent vers leur ami qui fulminait les joues gonflées et les lèvres pincées. Ses oreilles et ses joues étaient écrevisses et il serrait les poings, furieux de l'intervention de sa sœur.
— Si je chope cette petite punaise, je l'étripe ! marmonna-t-il en jetant un œil agacé à Coq qui piaillait d'excitation dans sa cage. ET TOI, RANGE TA MALLE ! hurla-t-il à l'adresse d'Hermione. Par les culottes trouées de Merlin, j'aurais pu me casser une jambe par ta faute !
Hermione, la bouche pincée et l'œil fulminant, tendit un doigt vengeur vers le rouquin, prête à l'invectiver pour son audace. Mais Harry qui n'avait pas envie d'assister encore à l'une de leurs célèbres disputes mit aussitôt le holà.
— Héééé ! Doucement, vous deux ! À peine arrivés, vous vous battez déjà ! Mais qu'est-ce que ça sera quand vous serez mariés ?
Cette déclaration eut pour effet de saisir les deux belligérants qui se tournèrent vers leur ami avec les yeux écarquillés.
— Moi ? Moi ? Epouser ce… Ne rêve pas, Harry ! fit Hermione, rouge comme une écrevisse.
Le jeune calice se mit à pouffer et glousser, une main devant la bouche, ravi de voir les têtes qu'affichaient ses deux amis.
— Ah ah ah ah ah ! Vous verriez vos têtes ! Non mais vous verriez les têtes que vous faites ! J'ai pas ri comme ça depuis des mois !
— Très drôle, Harry, répliqua Mione, vexée. Et toi, rends-toi utile, mets nos malles dans le porte-bagage, fit-elle à Ron.
— Mione a raison, Ron, faut pas laisser traîner vos malles, quelqu'un pourrait se casser une jambe, dit tranquillement Harry.
Tandis que Ron obéissait en bougonnant et en ahanant sous l'effort, Harry tourna son visage vers la vitre et regarda à l'extérieur d'un air absent. Il aperçut un instant son reflet dans le carreau de verre et retint un soupir. Il détestait à présent son ancien aspect qui ne lui rappelait que de mauvais souvenirs ou presque. Malheureusement, Severus avait raison et il devait rester sous Glamour pour toute l'année scolaire. Même si Harry le voulait, il ne pourrait pas récupérer son nouveau physique, le vampire avait pensé à tout. Le Glamour était produit par de la magie vampirique et lui seul pourrait le retirer et quand bon lui semblerait. Il fallait éviter qu'on puisse le lui enlever d'un simple Finite accidentel, ou qu'il soit retiré volontairement par quelqu'un s'apercevant qu'il en portait un. Après tout, Dumbledore ne devait pas être le seul sorcier à pouvoir voir à travers Glamours, sortilèges de désillusion ou capes d'invisibilité. Harry ne pourrait apprendre à retirer lui-même le sort que lorsque Severus jugerait qu'il n'avait plus rien à craindre, donc à la fin de l'année scolaire, très certainement.
Une question de son amie qui le scrutait depuis quelques minutes le tira de sa rêverie.
— Tu as passé un bon été, Harry ? Tu n'as pas répondu à nos cartes d'anniversaire et tu n'as pas dit si tu avais aimé nos cadeaux.
— Je ne les ai pas reçus, Mione. Dumbledore a dû penser qu'il ne valait mieux pas que je les reçoive en présence de Moldus.
Hermione ne put s'empêcher de grimacer en entendant Harry. Depuis son entrée dans le compartiment, elle soupçonnait que son ami aux yeux verts avait passé un été horrible, encore une fois. Visiblement, il n'avait pas encore vu le Professeur Dumbledore et donc récupéré cartes et cadeaux depuis juillet.
Ron, qui venait de terminer son travail de fort des halles auprès des malles, alla s'asseoir à côté de son amie, juste en face d'Harry. Ils échangèrent tous deux un regard inquiet en constatant l'air atone et presque indifférent du jeune Sauveur.
— Tes… tes vacances étaient comment, mec ? Dumbledore nous a dit que tu pouvais pas recevoir de hiboux parce que tu étais avec les Dursley dans un camping moldu, on a donc tout envoyé à Poudlard.
Harry hocha la tête sans répondre, le regard toujours fixé sur un détail d'un chariot abandonné sur le quai devant leur fenêtre. Une secousse lui fit tourner la tête et les trois Gryffondors sentirent le train se mettre en branle. Harry songea, non sans un certain plaisir, que chaque mouvement des bielles du vieux tortillard le rapprochait de son vampire.
— Tu étais dans quel coin du pays, Harry ? tenta Hermione, j'ai beaucoup parcouru le Royaume-Uni avec mes parents, si ça se trouve je connais.
— Pas envie d'en parler. C'était un été absolument horrible, si vous voulez le savoir, soupira le jeune sorcier en fermant les yeux, le front appuyé sur la vitre du wagon.
Comme l'avait prévu Severus, Ron et Hermione, embarrassés, n'osèrent pas insister sur ce terrain mouvant. Avisant néanmoins l'absence d'une seconde cage dans le compartiment, la brunette aux cheveux irrémédiablement indomptables s'inquiéta.
— Tu n'as pas Hedwige ? fit-elle en regardant de tous côtés l'air inquiet. Il lui est arrivé quelque chose ? Elle n'a pas… ?
— Non. Elle va bien. Je l'ai laissée aller à Poudlard par elle-même. Se dégourdir les ailes lui fera le plus grand bien. Elle en a marre de sa cage.
Encore une fois, Ron et Hermione se regardèrent, l'air entendu. Hedwige avait bien évidemment été enfermée dans sa cage tout l'été et certainement sous alimentée, pour ne pas changer. La laisser un peu en liberté lui serait bénéfique. Quant à ce qui était arrivé à Harry ces deux derniers mois, il ne fallait pas s'appeler Nostradamus ou même Trelawney pour s'en rendre compte : sa pâleur et sa maigreur ne laissaient aucun doute sur les conditions de sa « détention estivale ».
Amusé, Harry devinait le cheminement des pensées de ses deux amis. Non, il ne leur avait pas tout dit… Hedwige était bien dehors, mais elle livrait ce matin-là, un pli particulier à Dudley. Le jeune sorcier avait emballé soigneusement un exemplaire récent de la Gazette du Sorcier et avait demandé à Hedwige de le porter à son cousin, sans préciser d'adresse car il ne savait pas où le gros garçon se trouvait. Privet Drive ou bien Smeltings ? L'année scolaire ne débutait pas toujours à la même date pour l'héritier Dursley. De toute façon même sans indication, Hedwige allait le trouver. Harry supposait que le contenu du journal allait rassurer son cousin qui ignorait totalement ce qu'il était advenu d'Harry et n'avait sûrement pas dû interroger sa copine de peur d'éveiller ses soupçons. Dudley était stupide mais pas complètement demeuré… quand même.
Alors qu'Harry se demandait si sa chouette était arrivée à bon port, la porte du compartiment coulissa avec quelques difficultés. Neville Londubat, rouge, soufflant et visiblement très encombré par ses bagages, tentait d'entrer en tenant d'une main la poignée de sa malle. De son autre bras, il plaquait contre lui l'énorme pot de fleur en céramique ou terre cuite quelconque – Harry ne savait pas la différence – que tout le monde avait aperçu sur le quai 9 ¾ et qui contenait l'abomination cactée.
Hermione se leva d'un bond, les yeux pleins d'étoiles.
— Oooooh ! NEVILLE ! Tu as… tu as un Magicus Coïtus ! Quelle merveille !
— Mione… j'ai perdu Trevor en vous cherchant… j'arrive pas à le trouver… gémit alors Neville, tandis que Ron, les yeux écarquillés d'horreur et la mâchoire pendante, découvrait le truc, machin ou chose à la forme un peu trop suggestive et piquante qui remplissait le pot de fleur.
Dans le petit appartement du second étage du 5 King's Road à Londres, Dudley faisait la grasse matinée. Après tout, c'était son dernier jour de vacances, il reprenait les cours dès le lendemain matin, avec quand même une nuance : il allait être simplement demi-pensionnaire et plus interne. Pétunia ne pouvait plus payer la pension avec ses modestes ressources malgré l'obtention de bourses. Le Collège étant à Londres, Dudley allait se rendre en cours chaque matin en métro et revenir dans l'après-midi après avoir déjeuné à Smeltings avec ses camarades. Cette solution le ravissait car il pouvait du coup sortir le soir et retrouver Imelda quand ça lui chantait.
Dudleynouchet n'avait pas encore présenté sa petite-amie à sa mère malgré l'insistance de celle-ci. Il arguait qu'elle était d'une timidité maladive et qu'il ne voulait pas la stresser en lui imposant une rencontre trop précoce. Pétunia avait été ravie de cette soi-disant timidité. Au moins, la fille en question, dont elle avait quand même vu une photographie, n'était pas une de ces Maries-Couche-Toi-Là qui traînaient parfois dans les rues de Little Whinging, accoutrées comme des prostituées ou même des mendiantes. Non, Imelda lui faisait l'effet d'une dame patronnesse, avec sa robe en liberty au col Claudine en piqué de coton blanc et son cardigan fait main. En bref, elle était parfaite !
Alors que Dudley dormait du sommeil du juste, étalé sur le dos dans son petit lit IKEA en faux pin, la bouche grande ouverte et de la bave coulant le long de sa joue, Pétunia se trouvait déjà au travail et l'appartement était silencieux si on exceptait bien sûr, les ronflements de sonneur qui provenaient de la chambre de l'adolescent….
Les fenêtres de la chambre de Dudley et du petit salon étaient grandes ouvertes afin de profiter du beau temps et du ciel bleu et aussi des odeurs de pots d'échappement, mais on ne pouvait pas tout avoir. Ce fut donc aisément que la chouette des neiges d'Harry entra dans l'appartement et plus exactement dans la chambre de Dudley. Elle se posa sur le dosseret de pied du lit et hulula pour réveiller le paresseux.
Ce bruit incongru et depuis longtemps plus entendu réveilla le dormeur qui se redressa et s'assit aussitôt dans son lit, tel un diable surgissant de sa boite.
— Hed… Hedwige ? Whaaaaa ! fit-il, les yeux écarquillés.
Se croyant en train de rêver, il se frotta les mirettes de ses deux poings et les ouvrit encore plus grandes lorsqu'il constata que le rapace était toujours là. Le regard porcin du garçon se posa sur la patte tendue que la chouette lui présentait d'un air agacé. Accroché par un lien de cuir, il y avait un épais rouleau enveloppé de papier Kraft.
— C'est pour moi ?
La chouette hulula.
— C'est… c'est Harry ?
De nouveau, la chouette hulula et retendit sa patte, semblant se lasser d'attendre.
Dudley à quatre pattes sur son matelas, les fesses tendues à faire rompre son bas de pyjama, s'efforça de détacher le rouleau sans blesser l'oiseau. Aussitôt fait, Hedwige ne demanda pas son reste et s'enfuit par la fenêtre pour aller se reposer dans les arbres des parcs et jardins du quartier – ce n'était pas ce qui manquait dans le coin. Pendant ce temps, Diddy avait, d'une main fébrile et un peu tremblante, déballé le journal sorcier et l'avait même laissé tomber en découvrant que les photos imprimées sur sa une bougeaient.
— Ça bouge ? s'horrifia-t-il le souffle court. Comment ça se fait que ça bouge ? Putain de bordel de merde, Harry Potter ! Y a que toi pour faire des coups comme ça ! Chez Imelda, les photos bougent pas !
Ce que Dudley ignorait, c'est que chez Imelda, les photographies et coupures de presse conservées portaient toutes un enchantement spécial Moldus. Comme la maison était fréquentée par des Moldus amis de la jeune Cracmolle, il ne devait rien y avoir de visible qu'ils puissent juger étrange ou magique. Les photos et portraits exposés leurs semblaient figés et parfaitement normaux, tout comme les statues. Certaines avaient parfois la fâcheuse habitude de se gratter à des endroits que la morale réprouvait, et si un Moldu tombait là-dessus…
Pas la peine de risquer de voir débarquer à toute heure, une escouade d'Oubliators ou pire d'Aurors…
Dudley reprit le journal et le découvrit, fasciné. Déjà, son nom était évocateur : La Gazette du Sorcier. La façon dont le quotidien était imprimé était étrange , le texte partait dans tous les sens : il fallait parfois faire pivoter le journal pour poursuivre sa lecture et les photos en noir et blanc étaient animées comme les gifs qu'il mettait dans les mails pour ses amis. L'une d'elle attira son regard. On y voyait Harry Potter, petite silhouette chétive aux lunettes rondes, vêtu d'une robe de sorcier banale, et qui entrait dans une boutique de chaudrons accompagné par un homme grand et élancé, habillé en chauve-souris et aux longs cheveux noirs.
— Il va bien ! Il est vivant ! P'tain, Potter, tu nous as foutu les boules, mon salaud ! marmonna le jeune boxeur qui démarra la lecture de l'article avec une certaine avidité.
Dudley détestait la lecture. Il n'avait jamais lu un seul livre de sa vie, et pour être honnête ne lisait pas très bien. Pourtant, il avait récemment fait de très gros progrès. Il n'y avait pas de télé au camping cet été passé, et les copains avaient apporté avec eux des bandes dessinées dont des mangas japonais traduits dans la langue de Shakespeare. Dudley avait donc commencé à lire, encouragé par Imelda qui dévorait quant à elle, d'épais volumes sans une seule image, ce qui remplissait Dudley d'effroi.
Assis en tailleur dans son lit, Dudley découvrait à présent la prose de la redoutable et tristement célèbre Rita Skeeter, journaliste vedette et fouine-merde de premier ordre, et surtout… surtout… menteuse invétérée.
Le Sauveur du Monde Magique retourne à Poudlard à la rentrée !
Harry Potter, accompagné d'un Professeur, aperçu au Chemin de Traverse hier.
De Rita Skeeter, Chroniqueuse Mondaine et Extraordinaire [1]
Des bruits de couloirs au Ministère de la Magie avaient été récemment entendus comme quoi Harry Potter, récent vainqueur de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, aurait été dispensé d'effectuer sa septième et dernière année à Poudlard et aurait été reçu d'office à ses ASPICs en remerciement pour services rendus au Monde Magique. Mes chers lecteurs, il n'en est visiblement rien. Notre Sauveur (voir biographie complète d'Harry Potter, page 6) va effectuer sa rentrée normalement à l'École de Magie et de Sorcellerie de Poudlard. En effet, selon divers témoins que nous avons interrogés au Chemin de Traverse, Monsieur Potter s'est présenté dans plusieurs boutiques magiques habituellement fréquentées par les étudiants de Poudlard. Il était accompagné par le Professeur Severus Rogue, Maître des Potions, Directeur de la Maison Serpentard, Ordre de Merlin de Première Classe et ex-Mangemort [2], qui l'assistait dans ses déplacements.
Monsieur Potter s'est donc rendu chez Madame Guipure – Prêt-à-porter pour mages et sorciers, à la librairie Fleury & Bott, à l'Apothicairerie Slug & Jiggers, chez Eeylops – le Royaume du Hibou, à la boutique de chaudrons où a été pris le cliché illustrant nos propos, à la papeterie Scribenpenne et enfin au Chaudron Baveur où selon nos sources, il aurait déjeuné en privé avec son enseignant.
Selon nos récentes investigations, le Professeur Rogue dont la santé était, disait-on, chancelante après la Bataille Finale contre Vous-Savez-Qui, serait parfaitement remis et reprendrait son poste à la rentrée à Poudlard. Severus Rogue avait démissionné avant la fin de l'année scolaire, ne pouvant plus assurer ses cours. Le poste de Maître des Potions avait donc été repris par Flavius Jiggers, potionniste bien connu…/
Dudley referma le journal. Le reste ne l'intéressait pas et d'ailleurs il n'y comprenait rien. C'était quoi le… Quidditch ? Il avait appris ce qu'il voulait. Harry était vivant et visiblement en bonne santé. Et l'homme sinistre qui le dominait de toute sa haute taille sur la photo qui bougeait, c'était lui, le vampire dont Harry lui avait parlé : son petit-ami, un Professeur… et qui visiblement retournait enseigner à la rentrée, sûrement pour ne pas quitter Harry…
Il se demanda un instant si son cousin était devenu un vampire et scruta avidement la photo afin de déceler quelque chose qui le mettrait sur la voie, comme des dents pointues qui dépasseraient… Mais rien. Le vampire avait un regard qui glaçait le sang et un air revêche, tandis que Potter était égal à lui-même : un nabot maigrichon qui ne payait pas de mine avec ses grosses lunettes. Et il était soi-disant un puissant sorcier ?
Dudley balança le journal dans le tiroir de sa table de nuit et se rallongea. Il était 11h, c'était bien trop tôt pour se lever. Il se tourna sur le côté, s'enroula dans sa couette et ferma les yeux. Il serait bien temps de se lever quand Pétunia viendrait lui dire que le déjeuner était servi.
L'arrivée de Neville dans le compartiment occupé par le trio d'or avait quelque peu semé la zizanie, surtout qu'il était suivi de Luna Lovegood, radis aux oreilles, baguette coincée dans ses cheveux pour tenir une espèce de chignon mal fait et ses fameuses Lorgnospectres [3] sur le nez.
— C'est… c'est quoi ce… ce truc immonde qu'on dirait une bite ? beugla Ron au bord de la crise d'apoplexie.
— Tu as fini de dire des grossièretés, Ronald ?
— Mais enfin, Mione ! Neville se balade avec un godemichet rose géant planté dans un pot ! Et en plus un truc avec plein de piquants… Qui voudrait se caser ça dans le fion ou la fente, hein ?
— Recurvite ! Je t'avais prévenu, Ron, déclara sentencieusement Hermione en rangeant sa baguette dans sa manche.
Le rouquin crachait des bulles et de la mousse, essayant vainement de se souvenir du contresort s'il existait. Par défaut, il tenta un Finite Incantatem qui par chance, mit fin à son tourment.
Il toisa Hermione qui venait de sortir de son petit sac à main orné de perles, un pavé monumental appelé « Théories de la métamorphose transsubstantielle », tandis que Ron déclarait qu'il avait faim et fouinait dans son sac en croisant les doigts pour que Molly n'ait pas encore oublié qu'il détestait le corned-beef.
Harry, un léger sourire aux lèvres, regardait l'agitation autour de lui avec un plaisir croissant. C'était ça, sa normalité : Hermione avec un pavé quelconque, Ron en train de s'empiffrer, Neville qui trimbalait une plante bizarre et Luna avec son air déjanté et ses lunettes de foldingue.
— Bon, Nev'… C'est quoi ton hérisson en pot, là ? demanda Harry les mains croisées sur son ventre plat, l'air nonchalant.
— Un cactus, Harry, fit Neville en posant le pot sur le sol et en regardant l'horreur avec des yeux amoureux ou presque. C'est un Magicus Coïtus, une variété très rare.
— Heuuu… oui, je veux bien te croire. Mais tout de même, il est… rose, et comme l'a dit Ron, il a une… certaine forme, un peu… étonnante, si tu veux mon avis.
— Oui, je sais. Il a une forme phallique. C'est assez commun en botanique, mais ce qui fait la rareté de celui-ci c'est sa couleur. Et puis, il y a le renflement au sommet…
— Le gland ! jeta Ron entre deux bouchées d'un sandwich au poulet frit de trois étages.
— C'est juste le signe qu'il va bientôt fleurir… fit la voix rêveuse de Luna qui lisait son Chicaneur à travers ses Lorgnospectres tout en le tenant de travers.
— Oui, oui ! C'est ça ! Luna a raison, affirma Neville en hochant la tête avec assurance.
— Et le reste, les balloches ? poursuivit Ron en jetant un regard inquiet vers Hermione.
— La réserve de graines, pourquoi ? répondit Neville, comme si c'était l'évidence même.
— Oui, Ron, on se le demande, pourquoi tu poses la question ? s'amusa Harry.
— J'aime beaucoup ta nouvelle aura, Harry, fit alors la voix rêveuse de Luna. Elle te va très bien, tu sais ?
Harry pâlit alors, et fut soudain au bord de la panique. Severus dut le sentir dans le lien car aussitôt le jeune Gryffondor entendit la voix un peu métallique du vampire résonner dans sa tête. Télépathiquement, la voix était à mi-chemin entre celles habituelles de Severus et de Sogan.
— Comment ça il a une nouvelle aura ? s'étonna Ron.
— Harry, chaton, que se passe-t-il ?
— Sev'… Luna dit que mon aura a changé, elle la voit.
— L'aura change parfois lors de certains bouleversements magiques, comme l'héritage, annonça tranquillement Hermione. Harry est un puissant sorcier, son aura a dû se modifier. Rien d'extraordinaire.
— Ah bon ?
— Oui, Ron, je te le dis.
— Sev', Mione dit que ça arrive lors des bouleversements magiques.
— Elle a raison et nous savons tous deux de quel bouleversement il s'agit dans ton cas.
— Mais comment Luna fait pour le voir ?
— Elle n'a pas des lunettes bizarres sur le nez ?
— Si, comment tu sais ?
— Un gadget que Xéno Lovegood a sorti il y a un an ou deux. Les personnes ayant des prédispositions peuvent avec ces lunettes voir les auras ainsi que d'autres ondes magiques normalement invisibles. Albus s'est éclaté pendant des jours avec ça sur le nez…
— Ah, ok. Donc je ne panique pas ?
— Non, bébé, tu ne paniques pas. Le voyage se passe bien ?
— Ça va… Le cactus de Neville a fait sensation par contre.
— Je m'en doute. N'oublie pas de te sustenter de façon adéquate et de faire une petite sieste digestive. Je tiens à te récupérer en pleine forme.
— Promis, Sev'.
La communication s'interrompit alors et Harry s'aperçut que personne n'avait remarqué son moment de distraction télépathique. Tous étaient occupés à regarder Ron manger, spectacle inoubliable comme toujours. Harry eut soudain très faim et mit lui aussi le nez dans son petit sac de sport. Mais qu'avait bien pu trafiquer Dobby pour réduire la nourriture ? Il comprit en voyant l'intérieur du sandwich taillé dans un demi-pain de campagne elfique et non du pain de mie anglais comme celui de Ron. La garniture du casse-croûte était miniaturisée et il y avait fort à parier qu'une fois dans l'estomac, elle allait retrouver sa taille normale. Il avait intérêt à manger lentement et peu à la fois. Le sandwich hors normes de Dobby allait lui durer tout le voyage.
— D'où tu sors ce truc, Harry ? fit Ron les yeux envieux.
— Oooh ! J'ai piqué ça à… heuuuu… Dudley. Mais tu vas pas aimer, c'est du corned-beef, dedans.
— Pouah ! Je te le laisse volontiers !
— Mais encore heureux ! gronda Hermione sous les rires de ses camarades. Tu ne vas quand même pas manger le malheureux repas d'Harry quand même ? T'as pas honte ? Avec ce que tu viens d'engloutir ?
— Au fait… heuu… Mione… t'aurais pas un ou deux gallions, ou quelques mornilles, je voudrais bien aller au chariot de bonbons…
Le voyage se poursuivit de façon bien plus agréable et détendue pour Harry ensuite. Il acheta suffisamment de bonbons pour calmer l'estomac de Ron et régaler tout le monde. Comme l'avait prévu Severus, il retrouva ses marques en quelques heures. Le vampire qui était à l'écoute du lien, perçut plusieurs fois de l'amusement et du plaisir qui émanaient de son calice. Il ne put s'empêcher d'esquisser quelques sourires qui n'échappèrent pas aux yeux de lynx d'Albus Dumbledore.
— Harry va bien ? Je vous vois sourire, les yeux dans le vague, mon garçon.
— Je le surveille grâce au lien. C'est la première fois que nous sommes séparés, alors…
— Je comprends fort bien. Donc, nous disions… On rajoute cette potion au curriculum de cette année à la demande de Madame Bibine. Oui, il paraît qu'elle est très bien pour y faire tremper les balais fatigués. Je parie que ça va motiver certains de vos élèves, Severus…
À la descente du train, Harry n'avait qu'une hâte : retrouver son vampire et se jeter dans ses bras. Ensuite il faudrait renforcer le lien après cette séparation malgré tout un peu éprouvante. Il avait besoin que Severus plante ses crocs dans son cou et boive. Cela faisait maintenant partie de son équilibre et lui était nécessaire, tout comme respirer, manger, dormir ou aller aux toilettes.
Personne ne voulut accompagner le trio et Neville dans l'une des calèches tirées par les sombrals, à cause du cactus rose qui horrifiait ou choquait, au choix. Luna avait été embarquée par Ginny Weasley venue rendre Trevor le fugueur à son légitime et infortuné propriétaire. Le cœur d'Harry battait à tout rompre dans sa poitrine lorsque le château apparut enfin au détour d'un virage du vieux chemin carrossé qui menait de la gare de Pré-Au-Lard jusqu'aux portes du parc, fermées par de lourdes grilles surmontées de sangliers ailés.
Severus allait-il tenir sa promesse et l'attendre à son arrivée ?
Personne ne semblait conscient du quasi mutisme dans lequel Harry s'était enfermé vers la fin du voyage. Enfin si, Hermione avait remarqué et Luna aussi sûrement, mais elles n'avaient rien dit. Mione savait que l'été avait dû être éprouvant pour Harry qui pour la première fois depuis des années, n'avait pas pu passer quelques semaines au Terrier. Pas étonnant qu'il soit donc épuisé et mal à l'aise.
Lorsque les élèves entrèrent enfin dans le château après avoir laissé leurs malles à l'entrée aux bons soins des Elfes de Maison, Harry avait les mains moites et mourait d'appréhension. Il avala sa salive avec difficulté tant sa gorge était nouée. Et puis, il les vit, devant le grand escalier de pierre qui menait aux étages, non loin de la Grande Salle dont les portes étaient au large ouvertes afin de contenir le flot des élèves y entrant pour assister à la Répartition et au festin.
Albus Dumbledore, splendide et impressionnant dans une robe magenta ornée de jonquilles et avec un chapeau assorti, s'il vous plaît, accueillait les bras grands ouverts et un large sourire aux lèvres, les élèves qui revenaient à Poudlard – les nouveaux étant à part à la garde de Minerva.
— Bienvenue, mes enfants ! Ravi de vous revoir ! Avez-vous passé de bonnes vacances, Miss Turpin ? J'en suis heureux ! Entrez, entrez, installez-vous ! Ne bousculez pas vos camarades, Monsieur Malefoy !
Derrière le flamboyant Directeur de Poudlard, se tenait son âme damnée. Celui que presque tous les élèves avaient espéré ne plus jamais revoir en ce lieu lorsqu'il avait démissionné l'année précédente. Visiblement, Severus Rogue était guéri, vu son allure habituelle et sa mine revêche de Terreur des cachots.
Et Harry le vit, là… droit comme un i, les bras croisés sur sa poitrine en un air de défi et sa cape retombant autour de lui comme les ailes repliées d'un papillon de nuit, ou comme certains disaient : celles d'une chauve-souris. Il avait le visage figé et sans aucune expression lisible. Ses yeux étaient des abimes insondables et pourtant, pour Harry Potter, cette vision provoqua une incroyable bouffée de bonheur et de bien-être que le vampire perçut dans le lien car il leva un sourcil amusé tout en plantant son regard dans celui de son calice qui souriait à présent.
— Je t'avais promis, Harry.
Fin
1 Rita est visiblement montée en grade mais ça ne la rend pas plus modeste, de toute évidence.
2 Rita ne peut pas s'empêcher de répandre un peu de fiel partout, n'est-ce pas ? Même au milieu de distinctions…
3 Lunettes psychédéliques offertes en cadeau à tous ses lecteurs, par Le Chicaneur durant l'année 1995.