CREUSER LE CIEL

Blabla de l'auteur: Bonjour mes petits lecteurs chéris!

Et oui, me revoilà déjà ! Même pas une semaine depuis la dernière publication, je suis en forme =) Mon infâme chantage a porté ses fruits, Angie (alias Angeluss, Go dans mes auteurs favoris !) a enfin publié le dernier chapitre de l'Ascension de l'amour, la fiction sublime et terriblement drôle qu'elle m'a offerte pour mon anniversaire ! Si vous ne connaissez pas encore, allez y (mais lisez d'abord mon histoire hein, parce que quand même, voila quoi ! Nan mais oh !). Oui donc je disais, comme elle a publié, c'est à mon tour de le faire ! Chose promise, chose due !

Ahem, que dire… Bordel, depuis que vous avez été nombreux(ses) à me dire que mes blablas étaient « presque » aussi attendus que mes fictions (cf les reviews sur Enjoy The Silence), je suis toute angoissée =P Par la slip kangourou de Jésus Christ notre sauveur (oups, je recommence à blasphémer et être indélicate avec les croyants, désolé, mauvais réflexe =P) , les bougres(ses) m'attendent au tournant, il faut que je sois drôle ! A mourir de rire ! … Noooooon T_T C'est difficile d'être drôle sur commande, je pense, c'est pour ca que j'ai pas encore eu le cran de m'essayer trop à l'humour comme genre d'écriture. Du coup ça me fout la pression tout ça =) Bon on va juste essayer d'être spontanée… Inspire, expire, calme toi,… CALME TOIIII XD …. Rah, trop tard, je crois que j'ai fais pipi =X

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Voila, avec une jolie petite culotte propre (rouge avec des petits cœurs si vous voulez tout savoir =P) , je vais juste tenter d'oublier que des centaines d'yeux sont fixés sur moi (en plus vous avez tous (ou presque, qui sait) deux yeux, donc ça fait deux fois plus de raisons d'avoir peur pour moi XD), et vous faire un speech standard :P

Qu'avons-nous là ? Et bien on a la préquelle de The Food Of Love ! C'est-à-dire, pour les noobs, que cette présente fiction se passe avant TFOL (dans ma tête, je lis pas « T.F.O.L » mais « t'es folle », je sais pas pourquoi… mon inconscient tenterait-il de communiquer ? j'ai peur…).

Et oui, après avoir essayé la séquelle (avec Right ? qui faisait suite à Wrong si vous vous souvenez bien), j'ai décidé de m'essayer à la préquelle. Un exercice un peu plus difficile, car j'ai l'habitude d'écrire sans savoir où je vais, or là la fin est plus ou moins imposée (forcément, puisqu'il faut que ça colle avec ce que je raconte dans TFOL !). J'ai cependant trouvé ça très agréable. J'ai encore été piégé dans une fiction dont je ne contrôlais pas le cours ni surtout la longueur (on ne se refait pas =) ), vous aurez donc droit à une fiction de 5 chapitres de longueur standard (une grosse dizaine de pages sous Word en moyenne). Elle est terminée d'écrire, donc pas de problème de parution ^^ Etant donné que c'est une préquelle, pas besoin d'avoir lu The Food Of Love pour l'apprécier (par contre quand vous aurez lu cette histoire dans son intégralité, ce serait bien d'aller voir TFOL ^^ Pas d'inquiétude, je ne manquerai pas de vous le rappeler quand le moment sera venu!). Je pense prendre un rythme de parution d'un chapitre par semaine ( je n'aurais pas le temps de beaucoup écrire dans les semaines à venir, puisque je prépare mes oraux, donc utiliser un rythme de publication plus lent qu'avant me permet de faire durer cette fiction =) Désolé pour ça ^^). On verra comment ça se tient (de toute manière, au pire je publie plus vite, et pas plus lentement, donc pas d'inquiétude pour vous ^^)

Pour ceux qui n'ont pas lu TFOL, je précise au passage que ces fictions (cette présente préquelle comme TFOL) sont articulées autour de nombreuses chansons, avec tout plein de musiques que j'adore et que je peux ainsi exploiter même si elles ne constituent pas un matériau suffisant à créer à elles seules une Songfic. J'ai placé en italique+gras les paroles des chansons, et en italique les traductions (que j'ai cette fois inséré directement dans le texte, ce qu'on m'avait reproché de ne pas faire dans TFOL et que j'ai d'ailleurs corriger depuis). Les traductions sont de moi donc n'hésitez pas à corriger les fautes éventuelles.

Cette préquelle porte un joli petit rating M, pas comme TFOL, parce qu'il y a des scènes explicites (comprenez des lemons =P). Ah, j'en vois qui sautillent ! Oui je vous vois sautiller ! Mon dieu, pauvre jeunesse débauchée qui palpite à l'idée de mâles sexys se faisant des papouilles… Que dirait votre grand-mère ! … La mienne me demanderait probablement si je peux lui montrer comment trouver ces histoires d'éphèbes s'auscultant les amygdales. Donc moi j'ai le droit d'être perverse =) . On ne lutte pas contre notre patrimoine génétique ! (arf, c'est maaaal de plaisanter sur le dos des morts, j'arrête, désolé XD)

Comme d'habitude, j'attends avec impatience vos reviews qui me diront que vous avez adoré ou détester ce premier chapitre, que telle ou telle chanson vous a conquis(e) ou laissé(e) de marbre, que vous vous inquiétez pour la situation économique de la Grèce, que vous n'avez pas pu aller aux Baléares à cause de l'Eyjafjallajökull (tiens, étrange, mon correcteur orthographique ne connait pas ce mot :P), tout qu'est-ce que vous voulez, tant que vous reviewez ! Reviewers anonymes, laissez votre mail que je puisse vous faire un poutou pour vous remercier de votre commentaire =)

Au passage, je vous souhaite une JOYEUSE JOURNEE CONTRE L'HOMOPHOBIE ! Et oui, le 17 mai est la journée contre l'homophobie, jour choisi parce que c'est le 17 mai 1990 (il y a exactement 20 ans) que l'OMS retirait l'homosexualité de la liste des maladies… (non, je suis pas super cultivée, c'est juste ce que j'ai perçu émanant de la radio quand je végétais devant mon bol de céréales ce matin, alors que je tentais difficilement d'ouvrir un peu mes yeux tout plein de caca de n'œil ! Merci RTL qui arrive à injecter quelques pensées cohérents dans mon crane à 6h30, et merci mon papa d'avoir mi cette vieille radio tout nulle que je supporte pas mais qui, au moins, fait des flash infos qui ressemblent à quelque chose, même si c'est pour embrayer juste derrière sur du Sardou/Hallyday/Voulzy ou autre variété merdique et périmée ^^ ) Je vous le dis, camarades yaoistes, nous sommes nées dans la bonne époque ! Et elle a pas fini de s'améliorer, je l'espère de tout mon cœur ! La lutte continue \o/

Bon, j'ai fait un bon gros blabla d'introduction, alors je pense avoir satisfait ceux et celles qui viennent ici surtout pour ma personnalité ! Vous pouvez repartir, la partie rébarbative où je me prends pour un artiste va bientôt commencer... )

Bonne lecture (à ceux qui n'ont pas fui =P)!

Nella

Disclaimer : Vous savez ce que je trouve horriblement triste ? Un disclaimer. C'est pas le truc le plus triste du monde ? Je veux dire, vous savez ce que je vais dire. Et je sais que vous le savez, parce que tout le monde dit (grosso merdo) la même chose, d'un bout à l'autre de ffnet, dans toutes les langues et à propos de toutes les œuvres. Mais même si vous savez déjà, et que je sais que vous savez, et tout le monde sait que je sais qu'on sait que vous savez que je sais que tu sais qu'ils savont…euh… enfin vous voyez où je veux en venir. Bon gros consensus de millions d'inconnus partout autour du monde qui font la même chose pour la même raison. Truismes, lapalissades et autres évidences ne sont pas mon fort. Et par-dessus tout, je DETESTE allez là où on m'attend, dire et faire ce qu'on attend de moi. La vie, c'est bien ennuyeux si on se contente de suivre les rails. Alors je le dirais pas. Voilà. C'est tout. Remplissez les blancs, c'est pas à moi de faire tout le boulot ! Et si à la place je vous parlais de... Je sais pas moi. Je pourrais…Flute. Raaaaaah non quoi, le trou, le blanc… Bon, faute de mieux je vais meubler avec… Promis, je ne me fais pas de blé sur le dos de sa Sainteté Rowling, pas plus que sur le dos des artistes que je cite dans ce premier chapitre. Comme toujours, je leur dois la reconnaissance éternelle, une admiration sans borne, l'intégralité de mon compte en banque, mon corps et mon âme. Voila. Je me déteste. Je me prostitue, je vends mon intégrité et mon anticonformisme de teenager rebelle parce que je n'ai rien d'autre à raconter là tout de suite XD Je me déteste T_T

Fond Musical proposé: J'utilise 5 chansons différentes dans ce chapitre, alors à vous de choisir, écoutez les toutes (ça c'est pour les bons lecteurs bien gentils) ou aucune (ça c'est pour les vilains pas beaux qui puent du cul), à vous de voir ! Elles déboitent toutes, dans des registres très différents.

Je propose et tu disposes, petit lecteur bronzé (enfin vu la météo, tu as plus de chance d'être enrhumé que bronzé, mais on peut espérer =) )


PUBLICITE (pour ceux qui ont lu Enjoy The Silence, vous connaissez déjà cette publicité! Inutile de vous recoltiner deux fois les mêmes trucs stupides, passez à la suite ) ) : Je suis en train de monter avec une camarade auteur un projet qui je crois pourrait en intéresser certains et certaines d'entre vous ! Nous avons décidé de créer la Confrérie Orthodoxe de l'Unanime Idolâtrie du Lemon Lubrique et Eblouissant, ou COUILLE pour les amateurs d'acronymes ! Sous ce charmant nom plein de classe se cache une association d'auteurs qui aiment lire et écrire des lemons, et qui seraient motivés pour monter des projets d'écriture en commun. Chaque auteur écrira dans son coin des OS lemons sur le fandom Harry Potter, qu'on publiera sous forme de recueils sur le profil de la COUILLE. On commence doucement avec de l'écriture libre (vous écrivez ce que vous voulez dans que c'est citronné et avec les personnages de JKR) et par la suite on pourra lancer des Recueils d'écriture sous contrainte (Titre/genre/couple/dialogue/début/fin/… imposé(e) par exemple, cadavres exquis,…). Le but sera de se faire plaisir en se retrouvant entre auteurs pervers qui s'assument pour échanger, écrire, s'amuser, s'aider, s'encourager et créer une « saine émulation » (c'est la formule favorite de mon prof de math quand il parle de l'ambiance en classe prépa…), se faire de la pub (c'est toujours bon à prendre =P),… Tous ceux qui seraient intéressés, je vous donne rendez vous sur le profil de la COUILLE (que vous trouverez grâce au lien sur mon profil, à mes auteurs favoris ou à l'outil recherche de ffnet) pour plus d'informations ! A bientôt, j'espère que vous viendrez rejoindre nos rangs en masse, et deviendrez enfin les Couillus que vous êtes au fond de votre âme P


Encore un peu de PUBLICITE, cette fois altruiste (pour vous faire plaisir et parce que l'œuvre le mérite) : Un petit conseil de lecture pour vous mes lecteurs adorés ! Une fabuleuse BD. Hey, attendez, partez pas ! Oui, je sais ce que vous beuglez « oh non, la BD, j'ai eu ma dose avec Tintin dans mon enfance ! » Mais ici, on est loin des BD de notre enfance. Envolés les Peyo, Uderzo, Hergé Goscinny et Franquin ! Je veux vous parler d'une œuvre sublime de délicatesse, de sensibilité, d'esthétique et d'humanité : Le Bleu Est Une Couleur Chaude, de Julie Maroh, parue aux Editions Glénat. (Quand je fais de la pub, je la fais bien =) ). C'est une sublime histoire d'amour entre deux jeunes filles. Plus précisément l'histoire de Clémentine, jeune lycéenne, qui découvre son homosexualité après avoir croisée une demoiselle dans la rue, Emma, qui viendra troubler ses rêves innocents. Le yuri, à la base, ca m'attire pas des masses, mais cette histoire est tellement belle… Quand on trouve son âme sœur, il ne faut pas se demander si le fait qu'elle soit du même sexe que vous est un problème, et juste foncer. Parce que la vie est courte, et c'est rare d'avoir la chance de trouver le bonheur. Une œuvre sublime sur l'amour, sur l'acceptation de soi et du regard des autres, sur l'image de l'homosexualité dans la société,… qui m'a énormément touchée et qui m'a fait réfléchir. Je n'en dirais pas trop, mais que ce soit graphiquement (sublime maitrise de l'aquarelle, des regards au rendu très vivant, du découpage des cases,…) et aussi scénaristiquement (tiens, il semblerait que ce mot n'existe pas =D), cette histoire est magnifique. M'amener au bord des larmes avec une BD, c'était un exploit jamais réalisé avant. C'est un véritable bijou, plein d'humanité, de douceur, de poésie, de sensibilité, de sincérité… A ne surtout pas manquer !


CHAPITRE I : THE MORE I SEE YOU

'°oOo°'

La Musique creuse le ciel.

Charles Baudelaire

'°oOo°'

Music is love in search of a word

'°oOo°'

When you see my face
Hope it gives you hell, hope it gives you hell
When you walk my way
Hope it gives you hell, Hope it gives you hell

Quand tu vois mon visage

J'espère que ça te rend dingue (x2)

Quand tu croises mon chemin

J'espère que ça te rend dingue (x2)

(1)

Il y avait des choses qui n'avaient pas changé. Comme cette animosité entre eux, aussi pure et incandescente qu'au premier jour. Ce besoin de se chercher, de se tourner autour, de s'injurier, de se frapper, de se déchirer. Cette jubilation dans la confrontation, cette jouissance qu'ils trouvaient dans l'étincelle de rage qu'ils allumaient dans le regard de l'autre. Tous deux, de la même manière et sans le savoir ni se l'avouer vraiment, ils ressentaient cette nécessité d'avoir un point d'attache, un repère, fixe et immuable alors que tout changeait autour d'eux, le monde, les gens, leurs amis, eux même. Et peu importait si ce repère était une haine.

Mais la guerre avait fait des ravages et n'avait rien laissé intact. Même leur relation avait été transformée, subtilement, imperceptiblement. Parce que même si leurs duels enflammés se poursuivaient, égaux à eux-mêmes, toujours violents, brutaux, véhéments, et somme toute assez infondés, il y avait d'autres choses qui elles, avaient changé.

Harry se demandait parfois quand ça avait commencé. Comment aussi. Pourquoi.

Il cherchait pendant des heures, allongé dans son lit le soir, bien après que tous ses camarades de dortoir soient tombés dans les bras de Morphée.

Quand avait-il commencé à trouver Malefoy beau ?

Combien de rêves avait-il fait à propos du blond avant de s'en rendre compte, combien avant de se l'avouer à lui-même, combien avant de l'assumer vraiment ?

Qu'est-ce qui avait créé ce changement à lui, ces pulsions, ces envies honteuses ?

Comment cacher à ses amis qu'alors qu'eux riaient grassement en parlant du postérieur de telle ou telle fille, et dévoraient des yeux les décolletés qui faisaient leur apparition en même temps que le printemps, lui ne rêvait que d'une peau blanche, d'un torse fin, d'un sexe d'homme tendu par l'envie de lui ?

Et pourquoi n'était-il pas tombé amoureux d'un autre garçon ? Pourquoi lui, son ennemi de toujours ?

Comment devait-il gérer cela ? Leur relation d'ennemis avait-elle encore un sens maintenant que la proximité du corps frêle du Serpentard lui donnait des idées où les vêtements étaient optionnels et où les grognements de douleur se muaient en gémissements rauques?

Mais il ne trouvait pas de réponse et finissait généralement par tomber endormi, résigné face à cette attirance coupable, abandonnant les questionnements inutiles pour glisser dans le sommeil en espérant y retrouver les bras d'albâtre de sa Némésis (2) qui se tendaient vers lui avec tendresse.

Et il recommençait jour après jour les mêmes débats intérieurs, subissait la même torture de l'attente de leur rencontre, la même culpabilité devant sa lâcheté, et le même délice de pouvoir provoquer une nouvelle confrontation avec ce blond qu'il serrait tendrement contre lui dans ses rêves. Il était l'esclave de son envie de lui, dépendance misérable à l'odeur d'un être qui vous déteste.

Au début, quand il avait réalisé ce qui se passait dans son corps et son cœur quand il voyait le blond, il avait pris peur. Il avait fuit, fuit le contact du Serpentard.

Mais le manque s'était fait coupure tranchante, déchirure terrible, blessure mortelle, brûlure infernale, dépassant bientôt la honte et la peur que lui inspirait son attirance inavouable. Et alors, comme un drogué qui abandonne la lutte contre l'addiction, il s'était résigné : il était amoureux de Drago Malefoy, il avait besoin de sentir son odeur même si c'était lorsqu'il s'approchait pour lui cracher au visage, de le toucher même si c'était pour le frapper, de le regarder même si pour cela il devait feindre une haine factice, de lui parler même si c'était pour l'injurier. Il ne pouvait survivre loin de lui, c'était trop dur, trop insupportable. Alors il était retourné à l'assaut, avec pour armes les insultes particulièrement aiguisées, qu'il avait élaborées pendant les heures qu'il avait passées à rêver à un énième combat comme un alcoolique rêve à sa première gorgée d'alcool après une longue abstinence.

Oui, maintenant, il avait arrêté de lutter contre lui-même, il s'était abandonné, se laissait bercer par sa dépendance coupable chaque jour plus dévorante, par son désir chaque jour plus vif, par son amour chaque jour plus intense.

Parfois, quand il se retrouvait seul après dans le couloir désert, débraillé par les fines mains blanches rageuses, la lèvre saignant un peu, le souffle encore court d'avoir cracher des insultes, et qu'il regardait un Drago tout aussi mal en point s'éloigner d'un pas vif pour ne pas être en retard à son cours suivant, il souriait tristement pour tout ça, sa lente descente consentie dans l'enfer de la dépendance, cet amour sans espoir. Et dans son esprit, sortie des souvenirs de son enfance chez les Dursley où sa tante Pétunia aimait parfois sortir de vieux vinyles, surgissait une musique douce et entrainante.

Each time I look at you is like the first time
Each time you're near me the thrill is new
And there is nothing that I wouldn't do for
The rare delight of the sight of you for

The more I see you, the more I want you
Somehow this feeling just grows and grows
With every sigh I become more mad about you
More lost without you and so it goes

Chaque fois que je te regarde est comme une première fois

Chaque fois que je suis près de toi, l'enchantement est intact

Et il n'y a rien que je ne ferais pas pour

Le délice rare de ta vue

Plus je te vois, plus je te veux

D'une manière ou d'une autre, ce sentiment grandit juste encore et encore

Chaque fois que je t'aperçois, je deviens encore plus fou de toi,

Plus perdu sans toi, et ça continue encore et encore.
(3)

Les semaines passaient ainsi, et devenaient des mois, et inexorablement les examens de fin d'année et le terme de leur scolarité Poudlard approchaient. Le départ de Poudlard, synonyme de séparation. De sevrage brutal. Sevrage de lui, de sa vue, de sa voix, de sa peau, de son odeur. L'angoisse prenait parfois Harry. Et pour se rassurer, il partait alors dans les couloirs, cherchant sa drogue flavescente avec une lueur désespérée dans le regard, chaque fibre de son corps réclamant sa dose pour apaiser sa peur du futur tout proche et si menaçant.

Une obsession nouvelle était née en lui, à mesure que les jours passaient. Peut-être pour focaliser son esprit torturé sur autre chose que le décompte funeste qui s'était engagé. Et cette idée fixe s'était lentement imposée à lui, avait fleuri au fil des confrontations, comme le nouveau but de son existence, la chose à obtenir à tout prix.

Il n'aurait certes jamais le cœur du blond, c'était impossible, il le détestait. Non, il n'aurait jamais son amour, ni même son amitié. Et même au plus fort de ses rêves torrides, jamais le blond ne lui offrait plus que son corps gracile, jamais il ne lui disait des choses tendres ou ne lui promettait un amour éternel, comme si son inconscient lui-même refusait de tomber dans cet espoir suprême et totalement hors d'atteinte.

Mais s'il s'interdisait de rêver à un amour réciproque, il se raccrochait désespérément au seul désir qu'il pouvait espérer satisfaire: avoir le bonheur, même fugace, même volé, même pris de force, de pouvoir ne serait-ce qu'un instant gouter sa peau veloutée qu'il couvrait de mille baisers et de mille caresses par la pensée. Ce désir avait surpassé tous les autres, et résonnait encore et encore en lui, pulsation hypnotique, cri silencieux et désespéré qui revenait encore et encore.

Car il connaissait par cœur le son de sa voix quand elle crachait, hurlait, insinuait, répondait, invectivait, demandait, sifflait, … Le carillon de son rire et les vibrations de ses murmures, l'éclat tranchant de ses colères et la douce caresse empoisonnée de ses insultes soufflées avec hargne, toutes les tonalités et toutes les variations de son timbre, Harry les connaissait et les possédait par l'esprit avec l'adoration d'un collectionneur passionné.

Il connaissait par cœur le parfum sucré de son shampoing, le parfum raffiné de son savon, le parfum plus profond et plus obsédant de sa peau aussi, quand la journée est passée et que seule demeure l'odeur un peu animale, unique, inimitable et irremplaçable de sa chair, sans fard, sans masques, sans nuage de couteuses essences de luxe.

Il connaissait par cœur la courbe délicate de sa bouche, le grain parfait et l'éclat de porcelaine de sa peau, l'arc souple de ses sourcils fins, l'arrête aigue de son nez, la ligne douce de sa mâchoire, le port gracieux de sa nuque, les arabesques aériennes de ses cheveux, les infinies nuances contradictoires dans ses yeux gris, les camaïeux sophistiqués de rose qui naissaient sur ses joues sous l'impulsion de la colère, la silhouette élancée de ses jambes, le contour tentateur de sa clavicule, les mille et unes perfections de son corps.

Il connaissait par cœur la texture de sa peau, si douce et si fine à l'intérieur de ce poignet délicat trop souvent agrippé, si parfaite et si fragile sur cette pommette trop souvent frappée. Le soyeux de ses cheveux trop souvent tirés n'avait aucun secret pour lui, pas plus que le contact incendiaire de ses mains sur lui aussi, quand au détour d'une empoignade, les vêtements ne couvraient plus totalement la gorge, le bras, la hanche et que par accident les doigts blancs échouaient là dans la mêlée.

Le seul de ses sens qui restait désespérément inculte, laissé dans l'ignorance de ce corps tant aimé, c'était son gout. Et il mourrait de ne pas connaitre la saveur de la peau de sa gorge, de ses lèvres, de sa langue. S'il avait pu, il aurait été jusqu'à vouloir le gout de son ventre, le gout de son sexe, le gout de sa peau fine dans tous ces endroits qu'il ne visitait que par l'esprit. Mais ce serait se fixer des idéaux trop élevés, des buts qui resteraient à jamais inaccessibles.

Alors il voulait sa bouche. Rien que ça, rien qu'une fois, avant la fin. Il n'avait que cette idée en tête, quand il le voyait, quand il pensait à lui, le jour et la nuit, sans cesse. Parfois, il se retenait de franchir l'espace infime qui le séparait de cette ultime connaissance, quand Drago était coincé contre le mur, ses cheveux lui tombant devant le visage, le souffle erratique, les joues rougies. Quand il était à sa merci, acculé, et qu'il lui aurait suffit de tendre le cou pour gouter au paradis de ces lèvres délicates. C'était tentant, tellement tentant… Mais Harry ne voulait pas, pas comme ça. Pas au milieu des autres, pas avec le regard de tous ses élèves sur sa nuque. Et surtout pas alors que la haine faisait flamber les prunelles d'acier.

C'était toujours cette flamme dure, cette rage réelle, ce mépris sincère qui arrêtait Harry. Qui parfois le faisait lâcher prise et partir parce que la douleur était plus cuisante que le soulagement qu'il ressentait à satisfaire sa faim de lui. Malgré les mois qui passaient, cette douleur-là restait, aussi intense qu'au premier jour.

Mais peu importait, il avait accepté les termes du contrat quand il s'était résigné à aimer son ennemi. Et seul demeurait l'amour qu'il lui portait. Peu importait que le blond le déteste, peu importait que peut-être, il en aime d'autres, hommes ou femmes. Peu importait parce que tout ce qui comptait, c'était que lui, il l'aimait. Et peu importait le mépris du blond, cela ne changeait rien à son désir, son besoin, sa seule envie : gouter sa peau, ses lèvres. Presser rien qu'une fois son corps contre le sien. C'était tout ce qu'il voulait. Qu'une seule fois, son rêve prenne vie.

Lui faire l'amour, ne serait-ce qu'une fois, c'était déjà trop en demander, et pourtant… Comment arrêter son imagination quand les baisers qu'il rêvait se faisaient étreintes charnelles et passionnées ?

Peu importait le prix, il était prêt à tout pour pouvoir rien qu'une fois sentir sa chair fine glisser sous sa langue. Tant pis si c'était désespéré, tant pis si c'était cliché, tant pis si c'était pitoyable. Encore une fois, en rêvant à son blond, il soupira en se rappelant une autre après-midi dans le salon des Dursley, et cette voix chaude qui ronronnait son amour inconditionnel …

All I want to do is wash your clothes;
I don't want to keep you indoors.
There is nothing for you to do
But keep me makin' love to you.

Tout ce que je veux faire, c'est laver tes vêtements.

Je ne veux pas te garder enfermé.

Il n'y a rien que tu doives faire

A part me garder auprès de toi, te faisant l'amour.
(4)

Les journées s'étaient allongées à mesure que les mois s'écoulaient. Deux semaines seulement avant les examens. Tous les élèves de cinquième et septième années étaient regroupés dans la bibliothèque et les salles communes, étudiant avec angoisse dans un silence pesant. Les autres étaient dans le parc, et leurs rires montant jusqu'aux fenêtres venaient irriter un peu plus encore ceux qui travaillaient. Harry était incapable de se concentrer, sans cesse son esprit revenait au Serpentard. Il souffla, referma son manuel sous le regard lourd de reproches d'Hermione assise en face de lui, encore plus échevelée que d'habitude. Il lui fit un pauvre sourire et se leva. Ron ne détourna même pas les yeux de son parchemin, sans doute plongé dans des rêveries plus que dans son cours d'Histoire de la Magie vu la fixité de ses yeux.

Harry erra dans les couloirs déserts pendant une bonne heure, l'écho de ses pas rythmant ses pensées. Bientôt, au détour d'un couloir, il se figea : comme dans un rêve, à quelques mètres de là, Drago était accoudé à une fenêtre ouverte, penché en avant, le menton posé entre les mains, regardant les élèves dans le parc. Il avait ôté sa robe de sorcier, il ne portait qu'une chemise blanche aux manches relevées, et ses cheveux étaient moins soigneusement plaqués en arrière que d'habitude. Surement avait-il fuit les révisions comme Harry après y avoir passé son après-midi, s'enrageant sur l'astronomie ou les sortilèges en passant sa main dans ses cheveux vingt fois, jusqu'à en avoir marre et se sauver en laissant sur place son uniforme et ses livres. Sa silhouette se découpait sur le ciel azuré, dans la lumière chaude de la fin d'après-midi, et la brise faisait voler quelques délicates mèches d'or.

Le Survivant sentit son cœur s'emballer : c'était l'instant, le seul. Le moment ou jamais. Maintenant. Il s'approcha du blond qui ne l'entendit pas arriver, sans doute trop absorbé par ses pensées, et il posa sa main sur son épaule en tentant d'en maitriser les tremblements. Drago se redressa et se retourna pour faire face à l'intrus. A l'instant où ses yeux tombèrent sur Harry, la douceur mélancolique s'envola et seul demeura un éclat glacé dans le regard métallique.

« Potter, qu'est-ce … »

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Harry ne pouvait le laisser gâcher l'instant, son instant. Leur instant. Il avait saisi le visage du Sang-Pur entre ses larges mains et avait posé sa bouche exigeante sur la sienne, le faisant taire sans douceur. Il sentait le Serpentard figé contre lui, statufié. Il n'avait pas le courage de le regarder dans les yeux, d'y voir toutes ses choses qui l'empêcheraient de savourer sa seule chance. De savourer son gout, la saveur unique de leur premier et dernier baiser. Alors il ferma les yeux pour fuir toutes ces choses qui risquaient de tout salir, fuir l'incompréhension et la colère, le dégoût aussi. Et ce mépris qui le faisait parfois se réveiller en sursaut quand le rêve se muait en cauchemar.

Ses lèvres bougèrent lentement contre celles, immobiles, du blond, en apprenant la texture, en découvrant la délicate saveur sucrée. Il sourit contre le visage de son ennemi : Drago avait un gout de patacitrouille. Sa main droite glissa avec douceur dans les cheveux pâles et anormalement ébouriffés du Serpentard tandis que ses lèvres échappaient à son contrôle, se faisait plus possessives. Le blond contre lui frissonna longuement, et il sembla réaliser que cela faisait plusieurs dizaines de secondes qu'il ne respirait plus car il entrouvrit les lèvres en haletant.

Harry en profita, remettant à plus tard les regrets quant à sa conduite impardonnable, et sa langue partit à la rencontre de celle du blond. Le serpentard persistait à ne pas réagir, ne répondant pas au baiser mais demeurant parfaitement immobile malgré la main du Survivant dans ses cheveux soyeux, malgré cette langue intruse qui caressait langoureusement la sienne. Seul son souffle de plus en plus haché et irrégulier trahissant la tempête qui devait prendre forme sous sa chevelure dorée. Harry écoutait le son des halètements du blond, et surtout savourait encore et encore cette bouche dont il savait déjà qu'elle serait sa nouvelle drogue, un mortel poison si séduisant. Un breuvage toxique… au gout de citrouille. C'était trop tard pour lui, il n'aurait pas dû franchir la ligne. Ceux qui disent « une seule fois, ça ne peux pas faire de mal » ne savent pas. Ils ne connaissent pas l'enivrante sensation, le plaisir au-delà de tout ce que l'esprit peut concevoir, quand la violence de la réalité surpasse d'un coup tous les rêves fades, cette sensation fantastique qui entraine comme un raz-de-marée le bon sens, la raison, les résolutions, la retenue.

Et il voulut plus, encore plus, sa bouche quittant les lèvres un peu tremblantes mais toujours passives du blond et descendirent le long de sa mâchoire jusqu'à sa gorge pale, jusqu'à sa carotide. Drago trembla quand il lécha la peau fine de son cou. Il produisit une douce plainte quand le brun fit pression sur ses épaules pour qu'il recule jusqu'au mur. Mais toujours il restait immobile, offert. Harry ne voulait pas savoir pourquoi, comment, il ne pouvait que profiter encore de cet instant irréel. Il avait chaud, il tremblait, et son corps réclamait plus, encore plus, même s'il avait refusé d'y rêver vraiment avant, d'admettre les espoirs fous qui se terraient dans son ventre. Oui, il voulait plus. Sa peau, partout. Son corps, tout entier. Là, contre la pierre froide s'il fallait, peu importait, juste plus. Il se colla à lui alors que ses dents rejoignaient avec fougue sa langue sur la gorge.

Aussi soudainement que ça avait commencé, tout s'arrêta. Il se retrouva assis par terre, une douleur terrible et surtout un froid indicible explosant dans son corps, un vide ayant remplacé la chaleur de Drago qui était maintenant debout face à lui. Il n'arrivait pas à savoir si la douleur était due au coup de poing qui lui avait probablement fracturé la pommette ou bien au manque cruel qui déjà prenait place dans son cœur, dans son ventre.

« T'es un grand malade Potter ! »

Il tremblait, il était haletant, rouge. Une nuance de rouge inédite. Le contrejour et la disparition de ses lunettes qui avaient été projeté au loin par le choc empêchaient Harry de distinguer les prunelles d'orage, il ne percevait que le tremblement dans la voix, la colère et la surprise qui y étaient mêlées. Le Serpentard cherchait ses mots.

« …Un putain de dingue… »

Sur cette sentence lâchée dans un souffle, Drago sembla retrouver l'usage de ses jambes et partit d'un pas rapide, d'une enjambée qui sentait la fuite à peine maitrisée. Tout juste arrivait-il à ne pas courir tout de suite pour ne pas avoir l'air trop ridicule. Le Petit Prince avait une image à garantir, un prestige à sauvegarder. On ne détale pas devant un Gryffondor. Même si c'est « un putain de dingue ».

Voilà, le moment, son moment, leur moment était fini. Terminé. A jamais. Le seul. Il n'en avait voulu qu'un. Parce qu'une fois, c'était déjà beaucoup, c'était déjà bien. Tu parles. Il n'était même pas sûr d'avoir cru à ce baratin. Le manque s'installait déjà, s'insinuait dans son corps, ses veines, son esprit. Le vide. La douleur. Il passa ses mains sur son visage. Au bout de ses doigts, du liquide.

Un peu de sang et beaucoup de larmes.

Madame Pomfresh avait soigné sa pommette sans trop grommeler, sa détresse palpable calmant la révolte de l'infirmière. Elle avait tenté d'obtenir un aveu mais le Survivant s'était contenté d'un sourire triste. Elle l'avait serré contre elle très fort, complètement désarmée face au mutisme du jeune homme. Il l'avait remercié dans un souffle et était parti. Il avait mal. Mal au crâne, mal à la joue, mal au cœur. Mal de lui. Mal de vivre.

Quand il était rentré à la salle commune, la luminosité déclinait en même temps que le soleil descendait sur l'horizon et les élèves étaient dans la Grande Salle en train de prendre leur diner. Harry se faufila jusque dans son dortoir, heureux de ne pas avoir à jouer une quelconque comédie. Derrière ces rideaux rouges auxquels il dirait bientôt adieu, il laissa sortir sa douleur comme des centaines d'élèves avant lui au cours des siècles. Longtemps, dans le dortoir vide, les sanglots du Survivant avaient résonné.

Les examens étaient vite arrivés. Harry avait tenté de se maintenir hors de l'engourdissement de sa douleur assez souvent pour réviser un peu. Et pendant les épreuves, il avait remercié Merlin que Drago ne soit pas dans son champ de vision, lui permettant d'être à peu près présent mentalement à la plupart des épreuves. Pas un bilan brillant surement mais qu'est-ce que ca changerait de toute façon. Il était Harry Potter, il avait tué le Super Vilain, ca lui vaudrait surement une admission d'office au centre de formation des Aurors. C'était le salaire minimum pour le sacrifice de son innocence.

Ainsi, pendant trois longues semaines, jusqu'à la fin des examens, il ne vit presque pas Drago. Et quand il le croisait, le blond l'ignorait royalement, et quittait la pièce d'un pas anormalement rapide et tendu. Et Harry restait là, les bras ballants, à le regarder partir alors que son cœur et sa gorge se serraient douloureusement.

Enfin, la dernière soirée à Poudlard était arrivée. Il aurait donné n'importe quoi pour quelques mois supplémentaires, ou même quelques heures. Mais ça y est, ils étaient sur le seuil. La fin d'une vie, le début d'une autre. Une vie sans Lui.

Le directeur avait tenu à organiser une fête pour cette fin d'année particulière : cela ferait bientôt un an que le Lord Noir était mort, mettant fin à plusieurs mois de guerre. La liesse générale le laissait plutôt froid, ce que ses amis lui pardonnaient, prenant sa tristesse pour un symptôme de nostalgie. Tous savaient que Poudlard avait été le premier vrai foyer de Harry et ils comprenaient donc qu'il se sente déraciné et déprimé ce soir-là.

Quitter Poudlard aurait effectivement été une raison suffisante en soi pour provoquer la mélancolie du brun, mais perdre Drago, son amour, sa drogue, c'était bien plus douloureux que perdre son foyer.

Il soupira pour la dixième fois de la soirée.

« Allez mon vieux, prend une bière au beurre et arrête de faire cette tête ! »

Ron lui tendit une bouteille de soda avec un clin d'œil et un sourire joyeux. Apparemment Dean et Seamus avait effectivement trouvé un moyen de faire passer des quantités importantes d'alcool camouflé en jus de citrouille et autres boissons innocentes.

« Je sais ce qui va te faire du bien ! Un karaoké !

‒ Quoi ?

‒ Ce bon vieux Dumby a eu la brillante idée d'organiser un karaoké après le repas ! C'est pas trop cool ca ? »

La moue dubitative de Harry découragea le roux qui lui ordonna de vite vider sa canette pendant qu'il allait lui en chercher une autre, espérant visiblement que l'alcool dériderait le Survivant. Le brun leva les yeux au ciel mais s'exécuta, priant pour sa part pour que la bière lui fasse oublier un peu Drago, ce qui aurait été difficile étant donné qu'il était à quelques dizaines de mètres de lui, en plein dans son champ de vision, discutant avec ses amis de Serpentard avec un air enjoué, profitant de la fête comme un étudiant normal.

Harry prit soudain conscience de la musique qui passait et sur laquelle plusieurs dizaines d'élèves se déchainaient déjà, et les paroles renforcèrent son désespoir. Il laissa sa tête heurter la table en produisant un bruit sourd pendant que la chanteuse entamait le refrain, vindicative. Il aurait aimé être aussi sûr de lui…

One way or another, I'm gonna find ya'
I'm gonna get ya', get ya', get ya', get ya'
One way or another, I'm gonna win ya'
I'll get ya', I'll get ya'
One way or another, I'm gonna see ya'
I'm gonna meet ya', meet ya', meet ya', m
eet ya'
One day maybe next week, I'm gonna meet ya'
I'll meet ya' ah

D'une manière ou d'une autre, je vais te trouver

Je vais t'avoir, t'avoir, t'avoir, t'avoir !

D'une manière ou d'une autre je vais te conquérir

Je t'aurais, je t'aurais !

D'une manière ou d'une autre, je vais te voir

Je vais te rencontrer, te rencontrer, te rencontrer

Un jour, peut-être la semaine prochaine, je vais te rencontrer

Je te rencontrerais !

(5)

Jusqu'au repas, Ron passa son temps à faire des allers retours entre sa petite amie sur la piste de danse et son meilleur ami à qui il amenait à chaque fois une nouvelle bouteille avec le sourire bienveillant du sauveur venu délivrer l'humanité de tous ses maux grâce à un remède miracle :

« Tiens mon pote, bois ! »

Enfin, le directeur interrompit la stratégie de Ron en annonçant qu'il était l'heure de passer à table. Les élèves se regroupèrent autour des nombreuses tables rondes qui avaient remplacées les quatre tables habituelles. Ron et Hermione revinrent ainsi que tous les gryffondor de septième année, et ils s'assirent autour de Harry. Le directeur se leva et proféra un petit discours de rigueur, parlant du futur, de l'avenir qui s'ouvrait devant tous ces jeunes gens brillants, de la guerre aussi qui était derrière eux et de la reconstruction qu'ils allaient devoir entreprendre…

Harry était incapable de se concentrer sur les mots de son mentor, son regard fixé sur un visage pointu qu'il connaissait déjà par cœur tendu par l'attention et le sérieux. Qu'il était beau avec cet air grave sur le visage… Ce fut la seule pensée qui arriva à se frayer un chemin dans l'esprit du brun embrouillé par les litres de bière au beurre que Ron s'était fait un devoir de lui faire ingurgiter.

Ils mangèrent tous, les discussions joyeuses se succédant sans jamais atteindre le Survivant, plongé dans sa grisaille intérieure.

Une fois le repas terminé, la musique reprit et les couples retournèrent sur la piste de danse. Hermione vint demander à Harry de la faire danser en espérant que cela lui change un peu les idées mais très bientôt elle regretta sa tentative tant ses pieds écrasés sans merci à chaque pas qu'ils faisaient criaient grâce. Elle abandonna donc et raccompagna Harry à la table sans avoir réussi à lui soutirer autre chose que des « Désolé 'Mione » et des « Oups ». Ron vint chercher sa copine pour l'entrainer à nouveau sur la piste de danse, non sans déposer au passage une paire de bières au beurre devant le brun.

Plusieurs amis du Gryffondor vinrent tenter de lui parler, se heurtant à chaque fois à un mutisme froid.

Enfin, Ron et Hermione revinrent, les joues roses et les yeux brillants, essoufflés. La préfète semblait au comble de l'enthousiasme :

« Harry, c'est l'heure du karaoké !

‒ Allez mon vieux, faut au moins qu'on s'en fasse une tous les deux !

‒ Ron, je chante pas moi !

‒ Tout le monde chante ! Et puis tu m'as assez souvent entendu chanter pour savoir que même si tu y mettais toute ta volonté, tu ne pourrais pas m'arriver à la cheville en termes de nullité ! Sérieusement mon pote, quand je chante on dirait qu'on torture une mandragore alors t'inquiète ! »

Malgré ses tentatives et ses arguments, le roux n'arriva pas à convaincre Harry de venir chanter avec lui. Il finit par abandonner, las, et alla donc s'inscrire tout seul. Quand il revint, il refusa de leur dire la chanson qu'il avait choisi de chanter, conservant un sourire mystérieux qui excita encore la curiosité de la préfète en chef.

Finalement, quand son tour arriva, le roux monta d'un air digne sur la scène et chanta une chanson de Célestina Moldubec, prouvant au passage qu'effectivement, il n'était pas fait pour être chanteur. Il ignora les sifflements amusés des garçons et les gémissements attendris des filles et dédicaça son horrible prestation à sa petite amie d'une voix grave et sensuelle sans doute supposée charmeuse mais plutôt ridicule en réalité. Harry ne put qu'assister avec étonnement à l'effet de ce présent sur son amie à côté de lui : celle-ci pleurait à chaudes larmes, et lorsque son prince carotte revint, l'air très fier de lui, elle lui sauta au cou avec passion en gémissant un « Oh Ron ! » ému.

Harry prit soudain une décision : voila sa dernière chance. C'était peut-être mièvre mais il fallait qu'il fasse quelque chose. Il alla donc jusqu'à l'estrade d'une démarche un peu titubante. Personne ne chantait à ce moment-là, il en profita donc. Il monta sur la scène et se pencha au dessus de la platine du sorcier chargé de la musique. Après quelques échanges, celui-ci acquiesça et pointa du doigt le micro. Harry se retourna donc et alla jusqu'au micro qui se trouvait au centre de la scène. Il constata que l'assemblée toute entière le regardait, soudain muette, suspendue à ses lèvres : le Survivant, le Sauveur allait chanter !

Ses yeux tombèrent vite sur Drago qui le regardait d'un air méfiant, comme si son instinct lui affirmait qu'il n'allait pas aimer la suite des évènements. Il était même imperméable aux remarques que lui glissaient ses amis vert et argent et qui les faisaient pourtant bien ricaner.

Enfin la musique débuta. Harry se sentait un peu mal à l'aise face à cette foule immobile, et surtout face à un regard gris glacial... Il tenta de se détendre, fermant les yeux et s'imprégnant du rythme. Il sourit. Après tout, il n'avait rien à perdre ce soir. Plus rien à perdre. Il commença à bouger lentement pour suivre la mesure et détacha le micro du pied, les yeux toujours fermés, concentré sur la musique.

Tonight

I wanna give it all to you
In the darkness
There's so much I wanna do

Ce soir

Je veux te donner tout ca

Dans la pénombre

Il ya tant de choses que je voudrais faire

(6)

Il ouvrit les yeux et continua à chanter. Il se rendit compte qu'il souriait. Il aimait cette musique, il aimait chanter, même s'il n'avait pas une voix extraordinaire. Parce qu'en cet instant, avec son regard plongé dans celui stupéfait du blond, chanter c'était se libérer, se libérer du silence, de la boule qui l'étouffait depuis trop longtemps. C'était avouer, laisser sortir ce qu'il contenait depuis des mois, ce secret si lourd à porter. Et il continua de plus belle, encouragé par l'adrénaline qui se mêlait à l'éthanol(7) dans ses veines et par l'enthousiasme croissant de ses camarades qui commençaient à se lever pour danser ou à taper dans leur main en rythme.

And tonight I wanna lay it at your feet

'Cause boy, I was made for you
And boy, you were made for me

Et ce soir je veux déposer cela à tes pieds

Parce que mec (c'est pas terrible en français désolé XD) j'ai été fais pour toi

Et mec, tu as été fait pour moi.

Il vit Drago rougir jusqu'à la racine de ses cheveux, qui semblaient d'autant plus blancs par contraste. Et bêtement, le voir rougir augmenta encore l'exaltation du brun qui se sentait vibrer, les basses semblant résonner dans son ventre. Il entama le refrain avec un plaisir sauvage, se sentant léger après des mois de tension.

I was made for lovin' you baby
You were made for lovin' me
And I can't get enough of you baby
Can you get enough of me?

J'ai été fait pour t'aimer bébé

Tu as été fais pour m'aimer

Et je n'en ai jamais assez de toi bébé

Est-ce que tu en as assez de moi ?

Porté par les sifflements et les cris de la foule, le Survivant se sentait toujours plus grisé, toujours plus à l'aise. Il avait chaud, l'alcool étant probablement pour beaucoup dans le phénomène. Il se laissa emporté par les sensations, toutes plus excitantes les unes que les autres, et chanta ainsi jusqu'au bout, vaguement étonné de connaitre si bien les paroles, et surtout stupéfait de sentir son corps onduler au rythme des basses avec une aisance inédite.

Quand la musique s'acheva, un tonnerre d'applaudissements explosa, ainsi qu'un brouhaha diffus de chuchotis excités. Harry se racla la gorge pour obtenir le calme et en rivant à nouveau son regard à celui du Serpentard qui semblait au bord de l'explosion, les mains crispées sur la table, il reprit :

« Je ne dédicacerais pas cette chanson, le concerné s'est reconnu, sans aucun doute. Bonne soirée, et bonne chance à tous pour l'avenir! »

Et après un dernier sourire à la foule, il replaça le micro sur son pied et redescendit les marches, se retrouvant très vite absorbé par la foule où chacun voulait l'enlacer, lui taper dans le dos, le féliciter, lui retourner ses vœux ou l'interroger sur l'identité du garçon mystérieux. Partout, des murmures enthousiastes, des suppositions, des rires, des commentaires sur le coming-out inattendu du Survivant.

Harry fendit tant bien que mal la foule jusqu'à la table où Hermione et Ron l'attendaient.

« Par Merlin Harry, tu es gay ?

‒ Euh…

‒ 'Mione c'est pas très délicat ça ! »

La brune rougit et rit de sa question abrupte, l'alcool lui donnant de jolies couleurs. Ron la regardait d'un air attendri. Il se tourna vers Harry avec un sourire amical.

« Moi je le savais.

‒ Quoi ?

‒ QUOI ? Ronald Weasley ! Tu ne me l'as même pas dit ! Et puis comment c'est possible que tu le saches et pas moi ! »

Le roux rit de la réaction de sa petite amie dont l'ego prenait probablement une claque.

« Tu n'as jamais regardé les filles comme nous mon vieux. Ca se voyait. Et la nuit, c'est pas des prénoms de filles qu'on entendait… »

Ron rougit violemment de ses propres mots. Harry était un peu déboussolé, prit de court.

« C'est qui ? »

La préfète avait posé pour la seconde fois une question à laquelle Ron avait probablement déjà la réponse. Harry et lui se regardèrent pendant quelques secondes, et Harry sut que son meilleur ami garderait le secret s'il le lui demandait. Il lui fit un sourire reconnaissant puis lâcha à contre cœur :

« Malefoy.

‒ … Mais bien sur, c'était élémentaire ! »

Hermione se mit à gesticuler et à déballer un impressionnant arsenal d'arguments logiques et de preuves scientifiques mettant en lumière l'amour du Survivant pour son rival. Celui-ci en eut bientôt assez des élucubrations de la demoiselle rendue particulièrement expansive par la bière au beurre, et, prit d'une soudaine fatigue, il se leva et annonça qu'il avait besoin de prendre l'air.

Bientôt, il se retrouva assis sur les marches du château, la brise fraiche de cette nuit d'été effaçant l'engourdissement de la fatigue et de l'alcool combinés. Il ôta ses lunettes et se frotta les yeux, éreinté. Voila, il avait joué sa dernière carte. Restait à attendre.

« C'est n'importe quoi Potter ! »

Le brun sursauta au son de la réplique cinglante et se redressa pour faire face à son interlocuteur. La silhouette mince de Drago se découpait dans l'encadrement de la porte. Il s'approcha un peu, et Harry put constater que son visage était froid, glacial même, raidi par la fureur et le mépris. Seuls ses yeux étaient indiscernables, perdus dans l'obscurité.

« Tu es mon ennemi, tu ne peux pas m'aimer. En plus, on est des garçons au cas où tu n'aurais pas remarqué et …

‒ Ca je l'ai remarqué Malefoy, t'inquiète pas. Je crois qu'on appelle ça l'homosexualité, je sais pas si tu en as déjà entendu parlé ! En tout cas, rassure-toi, je suis conscient du fait que tu es un mâle. Je peux t'assurer que quand je t'imagine nu, c'est bien une bite que je… »

La remarque ironique du brun fut interrompue par le poing du Serpentard. Harry tomba à la renverse, faisant un vol plané impressionnant pour atterrir au pied de l'escalier, le souffle coupé.

« C'est n'importe quoi… Va te faire soigner ! Et surtout, reste loin de moi ! Sale pervers ! Taré ! »

Le blond fit volte face et retourna à grand pas à l'intérieur, laissant le Survivant allongé dans l'herbe humide d'une rosée glaciale qui traversait le dos de sa chemise. Il était incapable de reprendre son souffle, tant à cause de la chute que de la douleur dans son cœur, encore accentuée par l'amère sensation de déjà-vu de cette scène : lui qui se mettait à nu en oubliant sa peur et ses réticences, et qui se retrouvait allongé sur le sol froid pendant que Drago s'en allait à toutes jambes.

Cette fois, pas de doute possible, il n'avait aucune chance.

Il réalisa qu'il s'était trompé, il avait encore quelque chose à perdre : son espoir. Mais maintenant, c'était fait.

Il roula sur le coté, tenta de se redresser malgré les tremblements incontrôlables qui le secouaient. Un haut-le-cœur douloureux lui tordit le ventre. Il vomit tout le contenu de son estomac et resta hagard de longues secondes, suffoquant, tentant de lutter contre le vertige terrible qui le saisissait. Il ferma les yeux et se força à respirer jusqu'à ce que l'impression que la terre se dérobait sous lui se dissipe. Malheureusement, la douleur cuisante dans sa poitrine refusa de s'envoler. Il sut qu'il allait devoir apprendre à vivre avec cette douleur. Celle de son cœur brisé.

Il regagna tant bien que mal son dortoir et tomba endormi très vite.

Le lendemain matin, il se réveilla tôt après une nuit agitée, il se leva et alla silencieusement jusqu'à la salle de bain. Le vilain cocard qui cerclait son œil lui prouva que l'altercation au clair de lune avec Malefoy ne faisait malheureusement pas partie des cauchemars qu'il avait fait cette nuit. Il prit une douche et termina de faire sa valise, comme tous ces camarades de dortoir enfin réveillés. Tous eurent la délicatesse d'ignorer l'œil au beurre noir du Survivant, sentant probablement que les questions n'étaient pas bienvenues.

Ils se promirent de se revoir souvent malgré la séparation. Les accolades viriles et les blagues vaseuses ne purent dissimuler leur tristesse face à ces adieux sous-jacents. Puis ils descendirent tous, la mort dans l'âme, chacun trainant sa valise magiquement allégée derrière lui.

La journée dans le train se passa dans une ambiance de douce mélancolie, le sujet allant de leurs souvenirs les plus drôles à la liste de toutes les choses qu'ils n'allaient pas regretter à Poudlard. Hermione était assise sur les genoux de Ron, l'intégralité du dortoir des garçons de septième année de Gryffondor étant réuni pour la dernière fois dans leurs uniformes rouge et or. Harry réussit à se mêler aux discussions, les souvenirs de ces sept années si riches prenant miraculeusement le pas sur l'image du dégout sur les traits de l'homme qu'il aimait.

En arrivant à la gare cependant, il chercha des yeux la chevelure inimitable du Serpentard. Il l'aperçut au loin, se dirigeant déjà à grands pas pressés vers la barrière qui menait au coté moldu de la gare. Il pensa une seconde à lui courir après mais une foule dense de parents et d'élèves les séparait et avant qu'il ait amorcé le moindre geste, le blond disparaissait. Voila, c'était terminé.

« Bon Harry, tu bouges ? Tu bloques la sortie là !

‒ Désolé Ron… »

Harry rejoignit Mrs Weasley qui lui faisait de grands gestes à quelques mètres de là et il se composa un sourire.


NOTES: Comme d'habitude, les traductions (que j'ai pris soin de disposer à l'intérieur du texte cette fois ) ) sont de moi, si vous n'êtes pas d'accord avec mes interprétations, faite le moi savoir sans hésiter ^^

(1) Gives You Hell des The All-American Rejects. Je ne connais rien du groupe, à part cette chanson, je vous épargnerais donc une présentation lyrique et passionnée. Cette chanson me plait beaucoup. Et le chanteur est cute =P

(2) Je vous l'avais dit, maintenant que je suis sûre du sens de ce mot, je peux l'utiliser :P Maintenant que c'est fait, me voila je suppose enfin admise en tant qu'auteur d'HPDM à part entière =P

(3) The More I See You. Une douzaine d'interprètes au moins ont chantés cette chanson depuis un demi-siècle qu'elle existe. A la base elle est de Anthony Perkins, mais je suis tombée amoureuse pour ma part de la toute première version que j'ai entendu, à savoir celle de Chris Montez. Même si la première strophe de la chanson (celle que j'utilise ici) n'est pas dans sa version (qui commence donc à « the more I… »), je vous conseille cette version. C'est un peu de la musique de vieux je suppose, mais j'aime bien la musique de vieux des fois ^^ C'est une très jolie chanson d'amour, alors écoutez là ! =)

(4) I just wanna make love to you. Encore une vieille chanson d'amour mille fois reprises. Ma version coup de cœur, c'est celle de Etta James. C'est vrai que les paroles, c'est très amour façon 60's, genre « je t'aime et je suis prête à être la parfaite femme au foyer, soumise et docile pour toi », donc un peu dégradant dans mon esprit de femme moderne et indépendante, mais elle est tellement belle…

(5) One way or another de Blondie. C'est toujours bien de revoir c'est classique. J'aime bien cette musique ^^ Ca motive, c'est énergique !

(6) I was made for loving you de KISS of course =) Je vais pas vous faire un fromage sur KISS, ca se suffit à soi même ^^ Les mythiques rockeurs peinturlurés de noir et blanc ne sont plus à présenter, pas plus que cette chanson célébrissime ! :) Sinon, j'aime assez la version des Dax Riders. J'ai remplacé les « girl » par des « boy » dans les paroles, ça va de soit.

(7) Ethanol : CH3-CH2-OH : l'alcool au sens commun du terme, celui qui est dans les boissons alcoolisées =) Bien évidemment, je vous rappelle que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé! (et que personne ne me dise que ce bon bien Al Koll était consentant, ça ne prend pas avec moi!)


Voila une fin de chapitre qui ne respire pas l'espoir, mais un peu de patience =)

J'espère que ca vous a plu, au moins un peu ! Pour que je le sache, une seule solution (la manifestation \o/) : reviewez =) Petit bouton plus très vert en bas !

A bientôt pour la suite (au maximum dans une semaine)

Bise

Nella

PS : Au risque de me répéter : WE NEED YOU FOR THE COUILLE! Cf mon profil