La petite intro de l'auteur :

Kikou !

C'est Cycy la vache de l'espace ! (Ouaiiiis !!!!)

Et voici la toute première fic française sur Princess Début ! (Ouaiiiis !!!!!)

Ça veut dire que personne ne va la lire ! (Ouaiiiis ! … Heu… T-T)

Bon, avant toute chose, je tiens à rassurer tout le monde, je continue « Chut ! C'est un secret » et « Mon nom est ma douleur », je bosse même très dur dessus, c'est pour ça que l'attente est aussi longue… Désolée, mais je ne veux vraiment pas vous décevoir, alors je bosse lentement mais sûrement…

« Princess Debut : Le bal royal » est un jeu vidéo sur Nintendo DS en apparence inoffensif, mais redoutable car il rend accro. Il m'a aussi beaucoup inspiré, et j'ai donc décidé que pour ses loyaux services, il méritait sa propre fic. D'autant que là, comme pour ainsi dire personne ne connaît le jeu, et donc tout le monde s'en fout, je peux me détendre, même si je me plante, c'est pas grave ! XD Bon, je remercie quand même par avance les personnes qui auront peut-être le courage de me suivre dans ce défi et de s'intéresser à cette fic, merci beaucoup pour votre soutien, je me sentirais moins seule ! XD N'hésitez pas à me donner votre avis sur l'histoire et les personnages ! Gros bisous à vous !

L'histoire : Soyez rassurés, tout le monde pourra la comprendre même sans connaître le jeu. J'envisage d'écrire cette fic sous forme de série shojo fantasy, comme un anime, c'est pourquoi je la présenterais sous forme d'épisodes, et non de chapitres comme d'habitude. Je ne sais pas encore combien il y aura d'épisodes, ça dépendra de mon inspiration et si je sens que l'histoire intéresse quelqu'un. J'ai gardé un peu du début de l'histoire d'origine, et même des bouts de dialogues du jeu, mais plus je vais avancer, plus je vais partir dans mon propre délire. Le début sera très shojo, très joyeux, voire même un peu guimauve (désolée !), mais à mesure que l'histoire avancera elle va devenir beaucoup plus sombre. Et je tiens à dire : le coup des mondes parallèles, c'est pas ma faute, c'est dans le jeu !!!!

Les persos : Ils sont légèrement plus âgés que dans le jeu car j'avais besoin qu'ils soient autonomes. J'ai choisis de donner un nom différent à l'héroïne et la princesse car ça aura son importance (de toutes façons, on a le droit d'appeler l'héroïne comme on veut dans le jeu). En revanche, j'ai gardé le nom des princes et de leurs pays tels quels, et pourtant je trouve qu'au niveau des noms, les concepteurs du jeu ont plutôt mauvais goût. XD Je vais tenter de respecter les caractères des persos, mais tout le monde sait que je dérape toujours en OOC …

Les couples : Il va y avoir des chassés croisés amoureux dans tous les sens, mais même moi je ne suis pas encore certaine de qui finira avec qui. Je suis juste sûre de deux choses : l'héroïne finira avec l'un des princes, et il y a deux autres Princes qui finiront ensemble… (Faites des paris sur qui ira avec qui ! XD)

Même si cette fois c'est un couple hétéro qui a la vedette, je n'oublie pas le yaoi.

Je suis désolée si ce premier épisode a un côté un peu « Choisis ton Prince dans le harem de garçons qu'on te propose » (en même temps, c'est le but du jeu XD) , mais comme cette fois j'écris sur des personnages quasiment inconnus, j'étais obligée de tous les décrire précisément…

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et vous fait de gros gros bisous !

Cycy


Mystic Love Song

« Tu as toujours eu le sentiment que

Tu n'étais pas de ce monde.

Mais tes sentiments t'ont toujours portée

Et permis de surmonter les épreuves…

Si tu le souhaites, j'ouvrirais le cadenas

Des secrets de ton existence.

Mais tu ne pourras jamais revenir en arrière,

Et si tu te perds dans ce labyrinthe,

Tu y perdras aussi tout ce qui t'es

Le plus précieux.

Si tu hésites, choisis vite…

Car tout sera terminé

Lorsque le dernier grain s'échappera

Du sablier… »

EPISODE 1 :

Six Princes et une Promesse à une Peste

Celia poussa un cri, se redressant en un sursaut sur sa chaise. Elle tenta de comprimer les battements de son cœur affolé, respirant difficilement, haletante, entièrement glacée… Les paroles étranges qu'elle avait entendu dans son rêve… Cette voix… Inquiétante mais familière…

« N'y pense plus. Ce n'était qu'un cauchemar… »

Elle voulait s'en convaincre, mais n'y parvenait pas. Depuis toute petite, l'adolescente vivait quotidiennement avec le surnaturel. Elle voyait, entendait, ressentait des phénomènes qui dépassaient le raisonnement humain… Mais elle n'en avait jamais parlé à personne. Il y avait de quoi passer pour une folle, et son histoire était suffisamment compliquée…

« Aaaah… Je me suis encore endormie dans la bibliothèque… » soupira la jeune fille, la couverture d'un livre imprimée sur la joue. N'allez pas vous imaginer une intellectuelle. Celia n'excellait qu'en histoire et en littérature. Pour le reste, c'était la catastrophe. L'année précédente, elle avait loupé de peu ses examens d'entrée à l'université. Elle redoublait donc sa terminale, mais la motivation lui manquait cruellement…

La nuit précédente, elle l'avait passé à dévorer des tomes de manga plutôt que de réviser…

« Heureusement qu'on est à la veille des vacances de Printemps… »

Au moins, la bibliothèque était chauffée, contrairement au grenier où elle habitait… Elle se glissa hors de la salle sur la pointe des pieds, telle une ballerine, glissant en rasant les murs…

« Surtout… Ne pas me faire remarquer… »

Elle avait réussit à parcourir la moitié du couloir lorsqu'un cri ulcéré retentit dans son dos :

« Celiiiiiiiia !!!! »

La jeune fille se statufia dans sa course, figée comme au jeu « 1,2,3 soleil »…

C'était l'intendante du réfectoire :

« Tu devais aider au service du petit déjeuner ce matin ! Où étais-tu passée ? Tu sais que c'est la fête des cerisiers ? Tous les gros pontes sont venus se goinfrer !

- Aaaah, désolée, Madame … » murmura la jeune fille en esquivant la conversation.

A peine avait-elle tourné à l'angle du couloir qu'une autre voix la saisit au vol :

« Celiiiiiiiia !!!!

- Ah… Oui !, s'exclama-t-elle en se mettant au garde à vous devant le jardinier du lycée, un ancien militaire…

- Hier, quand on a fait les compositions florales pour les stands que vont visiter les parents d'élèves, tu as oublié certains clubs !

- Je m'en occuperais cet après-midi ! » promit la jeune fille d'un doux sourire, s'enfuyant avant une autre remarque.

Elle courut jusqu'au local du journal du lycée, où elle récupéra des blocs entiers de journaux sur un chariot… Puis se dépêcha d'aller glisser les journaux dans les 1200 casiers des élèves de l'école….

« Ah… C'est vraiment la matinée des catastrophes… Dans un instant je sens que le prof de sport va me dire de nettoyer la piscine… »

C'était le quotidien d'une fille ordinaire, membre d'un lycée fréquenté… Par l'élite de la jeunesse dorée, et parfois internationale… Tout était pensé dans cet établissement pour l'éducation et le divertissement de ces riches jeunes gens. Et cette semaine, à l'occasion de la fête des cerisiers, leurs parents fortunés venaient visiter le lycée pour lequel ils dépensaient une fortune chaque année…

Les parents de Celia ne viendraient pas, car des parents, elle n'en avait pas. Elle s'était retrouvée ici à cause d'une loi obligeant la Mairie à prendre en charge l'éducation et l'intégration sociale des orphelins de la municipalité. Mais leur geste s'était réduit à son inscription dans cet établissement et payer ses frais de scolarité. Pour vivre, Celia enchaînait à côté les petits boulots depuis l'âge de 12 ans, y compris à l'intérieur du lycée. Malgré tout, elle n'avait pas le droit de résider à l'internat et de profiter de tout le confort avec les autres élèves. La jeune fille logeait dans une chambre à part, qu'elle avait dû aménager elle-même dans le grenier de la tour principale du lycée. Mais la jeune fille ne se plaignait pas. Elle était libre, indépendante. Elle était la seule élève à avoir l'autorisation de circuler dans le moindre recoin de l'école, même la nuit.

Celia était une fille volontaire, plutôt maladroite et étourdie, avec un bon sens de l'humour. Elle avait un certain caractère, mais était en fait très serviable. Ses origines étaient un mystère. Elle avait un physique tout à fait européen. Des rondeurs, une peau blanche. De jolis cheveux châtains clairs aux reflets miel, avec une mèche folle qu'elle ne parvenait jamais à faire tenir en place, et de grands yeux marrons pétillants comme des charbons ardents. Cela se voyait qu'elle n'était même pas métisse, mais bien totalement d'origine étrangère. Elle ne savait pas d'où provenait son prénom, de consonance Celte, mais c'est la mairie qui avait choisit son nom de famille, Kana, la fleur de balisier, et c'était bien tout ce qu'il il avait de japonais chez elle. Alors, depuis son enfance, elle ne cessait de se demander comment elle avait atterrit au Japon, son pays d'adoption. Heureusement, au lycée, il y avait beaucoup de métis, et même d'élèves étrangers, donc elle se fondait dans la foule. Mais ils appartenaient à une autre classe sociale, liés par la couleur de l'argent. Et même les plus sympathiques envers Celia, à force de la voir nettoyer tout le foutoir qu'ils semaient derrière eux, en étaient arrivés à la considérer comme un membre du personnel à leur service, ou pire, comme faisant partie des meubles.

Une violente contraction de son estomac rappela à la jeune fille qu'elle n'avait pas encore déjeuné…

« Aaaah… Je devrais sûrement plutôt aller prendre une douche et me changer, mais si je n'avale rien, je vais être de mauvaise humeur… Mais si je vais au réfectoire, je risque d'avoir encore l'intendante sur le dos… »

Ne trouvant pas une seule pièce de monnaie dans ses poches, la jeune fille partit alors en croisade à travers tout le lycée, fouillant toutes les machines distributrices sur son chemin, pour vérifier si quelqu'un n'avait pas oublié sa monnaie. Les gosses de riches n'étaient jamais à un yen près. Bien souvent ce n'était même pas un oubli, ils abandonnaient exprès les petites pièces qui auraient « encombré » leur porte-monnaie. Et ce matin encore, la moisson était fructueuse…

« Super ! se dit Celia, ravie. J'ai au moins de quoi m'acheter une tablette de chocolat noir et un thé à la vanille ! »

Elle savait bien que ses goûts alimentaires, eux aussi, n'étaient pas typiquement japonais. Celia avait un très bon appétit, et sa véritable passion pour le chocolat noir n'en finissait pas de faire jaser à son sujet…

Mais alors que Celia s'apprêtait à glisser des pièces dans une machine pour obtenir l'objet de sa gourmandise, elle fut soudain happée comme dans une vague tourbillonnante par l'élan d'un groupe de lycéennes courant dans le couloir, l'une d'elles lui vrillant les oreilles d'un « Celiiiiiiiia !!!! » strident.

« Oui, oui, que se passe-t-il ? » demanda la jeune fille, voyant désespérément s'éloigner la machine distributrice dans le lointain, comme le soleil couchant dans un western…

« Cet après-midi le club théâtre donne une représentation devant les parents d'élèves, et rien n'est encore prêêêêt !!!! » lui répondit-on.

Celia n'était pas encore membre de ce club, et n'était même pas au courant de cette représentation. Il n'empêche que la minute d'après, elle échoua à l'auditorium, perchée au sommet d'une échelle, près de la scène de théâtre , avec pour devoir d'accrocher tous les éléments du décor avant la fin de la matinée. Et les autres de la « remercier » de manière très hypocrite en usant tour à tour de la flatterie…

« S'il te plait Celia ! Toi seule peux le faire ! Tu es si douée pour la décoration ! »

… Et de la pression psychologique :

« Sauves nous ! Sinon il y aura des sanctions ! On aura toutes des problèmes… Même toi !!!! »

Pipo, pipo, mais Celia préférait encore passer pour une bonne poire à leur service que risquer un avertissement sur son carnet. Ces dindes pouvaient se permettre de louper leur année, pas elle. C'était sa dernière chance, elle n'avait pas de plan B. Elle n'avait pas d'avenir… Tout court…

« Bon… C'est pas le moment de déprimer, s'ordonna Celia. Allez, motivatioooon ! »

Et histoire de se donner du courage, elle s'attela à la tâche en chantant (très mal) le titre d'un obscur groupe de métal Danois. Les protestations ne tardèrent pas à fuser du côté de ses victimes, et Celia se régala de leur écorcher les oreilles en chantant encore plus faux…

« Celia ! C'est pas bientôt finit de te donner en spectacle ?! s'écria l'une des filles.

- Hey ! On est dans un théâtre, non ? » répondit-elle avec un clin d'œil en se trémoussant sur son échelle dans une danse ridicule.

Les commentaires acerbes redoublèrent :

« Cette pauvre fille… Elle est vraiment cinglée…

Celia les ignora, s'appliquant à fixer chacune des décorations. Mais sa maladresse naturelle se rappela à elle, et l'un des éléments lui échappa des mains… Avant d'être rattrapé au vol par celles de quelqu'un d'autre.

« … Tu ne t'abaisseras jamais à demander de l'aide à quelqu'un, hein, Lili ? »

Celia se crispa sur son échelle, se tenant sur ses gardes. Le garçon qui venait de lui adresser la parole n'était autre que Leiko Fusahira, une célébrité de l'école. Le genre de beau gosse tête à claques mais plein aux as pour qui la majorité des filles de l'école, celles qui étaient en train de fusiller Celia du regard, se liquéfiaient d'amour, alors qu'il ne leur rendait qu'un mépris poli. Celia, elle, ne savait pas exactement ce qu'elle ressentait en présence de ce bellâtre, mais c'était certainement tout sauf de l'amour. Il y avait quelque chose en lui qui clochait, mais elle n'avait pas encore découvert quoi. Il la mettait vraiment mal à l'aise. Son sourire lui paraissait faux, son attitude feinte. Il y avait quelque chose d'inquiétant, d'angoissant… Et même de malsain, qui émanait de lui… Il y avait dans son regard une étincelle qui la glaçait, la révulsait… Elle ne supportait pas sa manière de lui parler. Ils n'étaient pas amis, ils n'étaient même pas dans la même classe, et il se permettait de l'appeler par le surnom de « Lili »… Ce n'était pas une attention gentille. « Lili », dans sa bouche, sonnait comme une insulte…

… Il faisait peur.

Celia ne savait pas pourquoi, mais elle avait vraiment peur de Leiko. Elle n'avait pas besoin d'une raison logique et sensée. Son instinct, ce même instinct qui lui faisait côtoyer le surnaturel, la mettait en garde contre ce type…

« … M … Merci… Begaya la jeune fille, glacée, en récupérant l'objet qu'elle avait fait tomber, sa main tremblant en trahissant son angoisse.

- Tu sais, Lili, si tu me le demandais, je serais ravi de t'aider… Susurra Leiko d'un sourire aussi ravageur qu'inquiétant.

- N … Non… Je crois que je vais très bien y arriver toute seule… »

Il n'eu aucun problème à se hisser pratiquement à sa hauteur en prenant appuis sur l'échelle, rapprochant son visage du sien dans un chuchotis lugubre :

« … Tu as raison… J'attends avec impatience le jour où tu seras seule et à ma merci… »

Les vipères étaient vertes de rage.

« Non mais je rêve, ou la pauvresse allume Leiko ?!

- Qu'est-ce qu'elle croit celle-là ?! Elle n'est vraiment pas digne de sortir avec un garçon comme lui !

- C'est sûr, il irait bien mieux avec moi ! »

Si elle n'avait pas eu l'estomac quasiment vide, Celia aurait vomi de telles allusions. Mais son problème immédiat, c'était d'échapper aux manœuvres sinueuses de Leiko. Alors elle profita que le garçon était monté sur l'échelle pour lui écraser franchement le pied, et sous l'effet de la douleur, Leiko retomba au sol en tentant de ne pas crier, ce qui aurait gâché son masque de beau gosse dangereux.

« Oh ! Ce que je suis maladroite ! » minauda Celia en prenant une voix de cruche.

« Espèce de brute !!!! » s'indignèrent les fans énamourées de Leiko en le couvrant de mille attentions dont il se moquait éperdument. Il continuait de darder Celia d'un regard plein de sous entendus :

« Le jour où tu seras seule… » répéta-t-il en un feulement entre ses dents.

Les admiratrices de Leiko l'entraînèrent à leur suite, et Celia put enfin retourner à son ouvrage…

Mais c'est alors que la jeune fille fut comme transpercée de part en part d'un pressentiment… Son instinct l'avertissait d'un évènement imminent… Imperceptible mais concret… Elle hocha la tête…

Le plafond de l'auditorium semblait devenir liquide comme de l'eau, agité de vagues intenses d'un bleu océan… Un tourbillon étrange était en train de se former juste au-dessus d'elle !

« Né ?! s'écria la jeune fille en se vautrant au bas de l'échelle sous la stupeur. C'est quoi ce truc ?! Je me suis cogné la tête en lisant mes mangas ou quoi ?! »

Ses camarades éclatèrent de rire en pensant qu'elle s'était vautrée du haut de son perchoir, mais ils n'eurent aucune réaction concernant le tourbillon … Ce n'était, bien sûr, pas du tout un phénomène ordinaire… Celia était la seule à pouvoir le voir…

Tout à coup, le temps sembla s'arrêter pour les autres personnes présentes dans la salle, tous figés en plein mouvement, comme des automates… Celia, elle, était toujours libre de ses mouvements, et se releva lentement, ébahie…

Il y eu un grand flash luminescent, étincelant de mille lueurs féeriques, et Celia tenta de se protéger les yeux de son éclat éblouissant. Le tourbillon bleuté au plafond sembla se tordre, se distordre, et s'étirer encore, jusqu'à, enfin, se déchirer… Dans des bourrasques de pastilles de couleurs, une porte sembla s'ouvrir dans l'espace, et enfin… Trois personnages surgirent de cet « ailleurs », atterrissant au sol sous les yeux stupéfiés de Celia.

Il y avait deux petites créatures pelucheuses, qui ne devaient pas mesurer plus de 40 centimètres de haut chacune. L'une ressemblait à un petit koala blanc, avec de grands yeux bleus. Il avait aussi un ruban rouge au cou, des lunettes roses sur le nez et un drôle de sceptre à la main. Heu… à la patte. L'autre ressemblait plus à une sorte de poulpe rose, avec des yeux noirs globuleux. Il portait un chapeau melon et tenait un parapluie de l'un de ses tentacules.

« Oh misère, oh misère, s'affola Celia, tournant en rond en se tenant la tête, je suis en plein trip magical girl maintenant ! Ils voudront jamais me croire sur le forum d'Otaku in Love ! C'est du déliiiire !!!! »

Son cœur fit un soubresaut lorsque les pastilles de couleur se dissipèrent, et qu'elle aperçut une silhouette familière…

« Kip ! Plok ! s'écria une voix claire mais à l'accent hautain. On est tombés du plafond ! Si je m'étais blessée, vous auriez eu des nouvelles du Roi ! »

Celia demeura bouche bée devant l'inconnue qui venait de se relever sous ses yeux. C'était une jeune fille… Une jeune fille qui lui ressemblait physiquement de manière saisissante, comme son reflet dans un miroir ! En revanche, elle était d'une longue robe de bal rose bonbon et blanc guimauve à flonflons comme si elle sortait tout droit d'un film Disney, avec un diadème de Princesse étincelant sur la tête… Mais à part cette tenue singulière, cette fille était tout à fait le sosie de Celia, jusqu'à la mèche de cheveux impossible à faire tenir avec les autres ! … Ah, si, un seul détail aurait pu les différencier : les yeux de l'inconnue étaient d'un joli vert émeraude, alors que Celia étaient marrons dorés comme des châtaignes…

« C'est peut-être parce que je n'ai pas déjeuné… Oui, oui… La faim me donne des hallucinations… Tenta de se raisonner la pauvre Celia…

- … Mais nous avons réussis, Princesse, nous sommes arrivés entiers dans l'autre monde !, dit soudain le koala à la fille en robe de bal.

- Gni… Il parle… La bestiole parle… Se liquéfia Celia.

- Nous ne sommes pas des « bestioles », très chère, lui répondit le poulpe d'un ton de Professeur Layton. Nous sommes des êtres vivants ayant leur propre conscience et raisonnement, nous permettant d'articuler notre pensée.

- Waaaah mais c'est trop fort ! s'écria Celia, des étoiles enthousiastes plein les yeux. Tu sais dire « Bonjour » ? « Maman » ? « Coco » ?

- Je ne suis pas un perroquet, soupira le poulpe d'un air désabusé… Elle m'a l'air d'être un peu simple d'esprit… Ajouta-t-il à l'adresse du koala.

- Sa culture est différente de la notre… Tenta de minimiser ce dernier.

- Je vois, déclara l'inconnue en robe rose à Celia. Nous avons le même visage, mais pas le même caractère… Tant pis, tu feras l'affaire ! soupira-t-elle d'un air un peu déçu. Quel est ton nom ? Questionna-t-elle de manière un peu sèche.

- P … Pardon ?! N'en finit pas de s'étonner Celia.

- La Princesse vous ordonne de vous présenter, répéta le poulpe.

- Ha ! … Excusez moi… Je m'appelle Celia… Celia Kana… Dit la petite lycéenne intimidée, en s'inclinant respectueusement à la manière japonaise… Enchantée de vous rencontrer !

- Celia, vraiment ?! s'étonna la fille en robe rose. Cela ressemble un peu à mon prénom… »

Elle s'inclina à son tour en une splendide révérence aristocrate.

« Je suis Celisty Orea Cherryblossom, Princesse du royaume des fleurs, du continent de Roserasia, du monde de Hanami !

- Wha ! Et tout ça, ça tient sur ta carte d'identité ?! s'étonna Celia avec une candeur qui manqua de faire s'écraser son double sur le plancher.

- Hem… Tu peux m'appeler Princesse Celisty, grinça-t-elle.

- Je suis Sir Plok Popov, le parrain de la Princesse Celisty, dit le poulpe en faisant à son tour une révérence.

- Et moi je suis son chaperon ! s'écria joyeusement le koala. Saluuuut ! Kip Hamon Stallon VII , à votre service !

- Le septième du nom ?! s'étonna Celia.

- Eh bien, je crois qu'il te faut une explication. Il y a longtemps, mon grand-père…

- Kip, nous n'avons pas la journée pour raconter cette histoire, coupa sèchement Celisty.

- Oups, pardon ! Cette anecdote est pourtant si drôle… Enfin, appelles moi simplement « Kip » ! Enchanté de faire ta connaissance, Celia !

- Moi aussi !, rit la jeune fille avec douceur.

- Trèves de bavardage, coup Celisty avec froideur. Nous avons fait le voyage depuis notre monde afin de te demander de nous apporter ton aide, Celia ! »

Le sourire de la lycéenne se figea. Ce genre de phrase n'apportait jamais rien de bon, dans les mangas. Des gens viennent d'ailleurs vous demander un service, et en moins de deux vous voilà en train de devoir sauver le monde de la menace apocalyptique d'un grand méchant tordu…

« Heu… NON MERCI !!!! sourit Celia en levant une main.

- Mais on ne t'as même pas encore dit de quoi il s'agissait ! s'exclama Kip en agitant son sceptre.

- Je veux bien vous écouter, mais je ne vous garantis pas la réponse… »

La Princesse Celisty prit son plus joli sourire et un air diplomate :

« Eh bien en fait, dans notre royaume, la danse est pour ainsi dire un sport national… Une Princesse digne de ce nom se doit de danser admirablement… Le bal le plus important de l'année aura lieu dans quelques semaines, le jour de la Saint Lyon. Toute la noblesse du continent y sera. A cette occasion, je devrais me présenter avec le Prince d'un royaume pour partenaire et nous devrons danser ensemble, mais… Je n'ai pas réussit à me trouver un cavalier… Et je suis vraiment trop nulle en danse, grinça Celisty, et on devinait combien il lui en coûtait de le dire. Alors j'ai fugué, et je me suis enfuie ici ! »

Celia avait tout écouté sans broncher, mais ouvrit des yeux ronds sur la phrase finale :

« Tu as fugué… Pour ne pas avoir à danser ?

- Exactement… »

Cette fois, c'est la lycéenne qui eu un ton sec, ses yeux marron crépitant de flammes :

« Mais c'est n'importe quoi ! On ne fugue pas pour un prétexte aussi futile ! Si tu ne veux pas danser, tu n'as qu'à le dire, et puis voilà ! C'est bien plus grave de t'être enfuie de chez toi ! C'est stupide et égoïste ! Est-ce que tu te rends compte de l'inquiétude que tu vas causer à ta famille et les gens qui tiennent à toi, juste pour un caprice ?! »

Celisty accueillit la remontrance, totalement glacée…

Futile… Stupide… Egoïste… Capricieuse… Elle ne avait prit pour son grade… Il faut dire que personne n'avait jamais osé lui parler ainsi…

« Princesse ?! s'inquiéta Plok de sa pâleur.

- Du calme, intervint Kip en calmant la colère de Celia. La Princesse ne voulait vraiment pas faire de la peine à ses proches. C'est dans ce but que nous sommes venus dans ce monde à ta rencontre. Pour que tu prennes la place de la Princesse, et que tu participes au bal de Saint Lyon !

- Quoiiii ?! n'en finit pas de s'égosiller Celia. Mais vous êtes dingues ! Je ne sais absolument pas danser, moi !

- Ce n'est pas grave !, sourit Kip. Nous avons un très bon professeur de danse ! Tu apprendras les pas à temps !

- Et pourquoi ce n'est pas Celisty qui prend ces leçons ?! s'offusqua la lycéenne. C'est à la Princesse d'assumer ses responsabilités ! »

A sa grande surprise, Celisty fondit en larmes :

« Je ne peux pas ! pleurnicha-t-elle. Il y a un Prince dont je suis amoureuse en secret depuis très longtemps, et il ne le sait pas ! Mais si jamais il me voyait danser mal et me ridiculiser devant tout le monde au bal de Saint Lyon, je crois que j'en mourrais de honte !

- Alors comme ça…Tu es amoureuse… » murmura Celia, sa colère retombée.

Non, vraiment, comment la Princesse avait-elle pu fuguer ? Elle avait une famille, au moins deux amis, Kip et Plok, et elle était même éprise d'un garçon…

Celia, elle, n'avait personne. Ni famille, ni véritable ami, et elle n'était encore jamais tombé amoureuse. Bien sûr qu'elle croyait en l'amour, mais elle ne l'avait jamais rencontré. En fait, elle avait le sentiment d'un vide atroce dans sa vie, un vide qui ne serait comblé que lorsqu'elle rencontrerait en fin celui qui l'aimerait, la protégerait, et lui ferait oublier son début de vie…

Celui qui l'aimerait et serait sa famille.

… Ce serait bien… Si au moins il y avait un happy end pour Celisty.

« … D'accord… Finit par murmurer Celia. Supposons que j'accepte… Mais j'y mets une condition…

- Evidemment… Renifla Celisty dans un mouchoir brodé d'or et de dentelles. Tu souhaites une récompense, n'est-ce pas ?

- Pas du tout. Ce que je veux, c'est que tu sois honnête. J'accepte de te remplacer. J'irais dans ton monde, je prendrais des cours et je danserais à ta place le soir du bal. Mais je veux que tu reviennes aussitôt après le bal et que tu avoues tes sentiments au Prince que tu aimes.

- Quoiiii ?! s'étrangla Celisty, rouge carmin, de manière similaire à Celia précédemment, ce qui était amusant.

- Si tu es Princesse, je suppose que tu seras un jour à la tête d'un pays et que tu devras prendre des décisions importantes pour tout un peuple. Tu ne pourras pas tenir ces responsabilités si tu n'es pas responsable de toi-même. On ne construit pas sa vie sur des secrets et des mensonges.

- Finalement… déclara Plok, ébahi, on a peut-être eu la mauvaise Princesse jusque là… »

Il poussa un cri quand Celisty lui cogna la tête avec son parapluie.

« Très bien ! finit par conclure la Princesse. Tu es une redoutable négociatrice, Celia, mais le service que je te demande le vaut bien. Bien entendu, pendant que tu me remplaceras dans mon monde, c'est moi qui jouerais ton rôle dans le tien, et tu pourras y retourner une fois ta mission accomplie. Sommes-nous d'accord ? Demanda Celisty en tendant la main à la lycéenne.

- Marché conclu ! » sourit Celia en lui serrant la main.

Kip eu un bon rire :

« Elle est aussi impulsive que votre majesté !

- Je ne suis pas impulsive ! grogna Celisty en lui assenant aussi un bon coup de parapluie.

- Aïeuh ! Altesse, concentrez plutôt votre énergie à rouvrir la porte ! »

Celisty eu un soupir agacé, et, se saisissant du sceptre du koala, l'activa. Il se mit aussitôt à luire de mille étincelles, provoquant une nouvelle brèche tourbillonnante, cette fois dans le mur en face d'eux.

« Impressionnant ! commenta Celia, qui avait encore du mal à croire que tout ceci était bien réel.

- Et tu n'as encore rien vu ! Suis moi si tu es curieuse… Alice ! , lança Kip avant de plonger dans l'étrange vortex.

- Ne me compare pas à cette dinde », grogna Celia en s'approchant lentement des tourbillons… Celisty interrompit son mouvement :

« Ah ! Une dernière chose… Il y a un collier d'émeraudes dans ma chambre, et il est très important pour moi. Alors, quoi que tu fasses, ne le touches pas !

- Ecoutes, Princesse, des émeraudes, je n'en ai jamais vu en vrai de ma vie, soupira Celia en hochant les épaules. Et puis les bijoux j'aime pas ça, je les casse ou je les perds… Alors ton collier j'm'en fiche…

- Hum… Oui… J'espère que ta manière de parler ne trahira pas notre secret… Pour le reste, j'ai entièrement confiance en toi ! Sur ce… Je te souhaite un bon voyage ! »

Et avant que Celia n'ait pu répondre quoi que ce soit, Celisty la poussa vers le vortex avec un sourire aussi charmant que teinté de sadisme, il faut l'avouer…

La suite fut plus mouvementée pour Celia. Happée par un tourbillon, elle chuta dans une vague sans fin, un puits sans fond, tournant et tournant encore dans des particules de lumière à rendre folle une boule à facette disco…

Incapable de maîtriser quoi que ce soit, ballottée dans tous les sens, son cœur battant à tout rompre, c'est avec soulagement que la jeune fille vit à nouveau l'espace s'ouvrir sous elle et les vagues du tourbillon s'écarter, avant de s'écraser violemment sur une moquette luxueuse et parfaitement entretenue, mais qui n'amortit pas sa douloureuse chute sur le plancher.

« Oh misère… J'ai envie de vomir… Soupira Celia, échouée par terre comme une épave et épuisée…

- Tadaaaam ! Bienvenue au royaume des fleurs du continent de Roserasia ! s'écria Kip joyeusement, et sans problèmes d'atterrissage pour sa part.

- On est arrivés ?... Déjà ? » murmura Celia, encore étourdie, avant de sursauter :

« Mais ! … Celisty !... Je n'ai rien eu le temps de lui expliquer ! Quand le temps va se remettre en marche, tout le monde va la voir en robe rose, accompagnée d'un poulpe qui parle, au milieu de l'auditorium !

- Ne t'en fais pas pour ça, sourit Kip. Sir Plok saura les tirer de là, il n'en a pas l'air mais c'est un très puissant magicien… C'est pourquoi il est resté avec la Princesse pour la protéger…

- Mais que va faire Celisty ? Elle ne sait rien de mes journées et de ma vie !

- ça, c'est ce que tu crois. Cela fait déjà plusieurs mois qu'elle t'observe en secret, en réfléchissant à son plan pour éviter le bal de Saint Lyon…

- Quoi ?! … Alors… Tu veux dire… Qu'elle m'a roulée ? » s'étrangla Celia.

Kip eu un sourire d'excuses un peu fatigué.

« La Princesse Celisty n'est pas méchante, mais elle est connue pour ses frasques, ses caprices et ses coups de tête… Et comme ici tout le monde est à son service, dans son idée il en était de même pour toi… C'est une enfant gâtée, mais… Je crois que son plan s'est retourné contre elle. Tu n'as pas une vie facile, n'est-ce pas ? Et elle va devoir jouer ton rôle pendant que tu tiendras le sien…

- La pauvre ! s'inquiéta Celia. Si elle est vraiment telle que tu la décris, elle va souffrir, ce sera trop dur pour elle !

- Nous dirons que cela lui servira de leçon pour s'être défait de ses responsabilités pour le bal de Saint Lyon ! » sourit Kip avec un clin d'œil.

Celia eu un bon sourire, mais un peu forcé quand même. Ça ressemblait au pays des bisounours, tout rose bonbon la guimauve, mais les habitants étaient quand même de sacrés manipulateurs !

En redressant la tâte, la jeune fille observa avec plus d'attention le lieu où elle se trouvait, sans aucun doute la chambre de la Princesse. Elle était immense, aussi luxueuse qu'on l'imagine, et d'un style très maison de poupée Barbie, bonbonnière. Celisty aurait des frayeurs en découvrant son minuscule et sombre grenier tapissé des délires d'une otaku…

Au bout de la chambre, Celia aperçut une vaste et magnifique terrasse. Elle s'y précipita, et ce qu'elle vit lui coupa le souffle.

Elle n'avait même pas besoin de se pencher au balcon finement ouvragé et entrelacé de fleurs… Dans le soleil couchant et sous la caresse d'un léger vent d'été, le royaume entier s'étendait à ses pieds… D'un côté de magnifiques jardins foisonnant de fleurs, un lac cristallin, une forêt mystérieuse… De l'autre s'étendait la ville, s'allongeant jusqu'à une plage dorée ouverte sur l'océan… Les habitations étaient cossues et colorées comme dans les films de Miyazaki. Des gens habillés comme au moyen âge se promenaient, ici dans un parc charmant, là-bas sur un marché achalandé… Les bâtiments et les terres du roi siégeaient au centre de la carte, dominant tout avec éclat. Celia remarqua vite qu'il n'y avait pas un seul palais mais plusieurs, distincts et plus magnifiques les uns que les autres. Mais plus que cette surenchère de luxe, de beauté et de volupté, ce qui l'étonna le plus, c'est que parmi les habitants, il y avait des animaux qui se tenaient debout et habillés comme les humains… Et qu'ils parlaient avec eux ! Même après avoir rencontré Kip et Plok, c'était vraiment surprenant !

« C'est merveilleux ! s'exclama Celia, des étoiles enthousiastes plein les yeux. J'ai toujours rêvé de pouvoir parler aux animaux !

- Quoi ? Les animaux ne parlent pas dans ton monde ?

- Les gens leur parlent, dit Celia avec un bon sourire. Certaines personnes parlent aux animaux, mais…

- Eh bien ici, c'est normal pour nous de parler, grinça Kip, un peu vexé. Et pour ta gouverne, l'homme est aussi un animal.

- C'est pour ça que la femme le tiens en laisse…

- Quoi ?! se récria Kip.

- Heu… Les animaux d'ici ont aussi le sens de l'humour ? » s'inquiéta Celia.

Elle reporta son regard sur l'étendue magnifique du royaume.

« C'est étrange… Se dit la jeune fille. Ces images… Le parfum des fleurs, le son de l'océan… J'ai une impression… Familière… Comme si j'étais déjà venue ici… »

Elle secoua la tête en revoyant comment sa journée avait tournée de bien étrange manière…

« Non… C'est absurde… »

C'est alors que plusieurs coups résonnèrent sur les vastes battants de la porte, à l'autre bout de la chambre.

« Veuillez entrer ! « demanda tout haut Kip.

La porte s'ouvrit sur toute une procession d'êtres à l'allure étrange. Tout comme Kip, ils ressemblaient à de petits Koalas capables de léviter dans les airs, et vêtus à la manière d'aristocrates de conte de fées…

« Je jure de ne plus jamais lire de shojo, affirma Celia, qui commençait à faire une overdose de cette ambiance chamallow.

- Princesse ! s'écria l'une de ces créatures, apparemment féminine, en venant à sa rencontre. Nous vous avons enfin retrouvée ! Mais où étiez-vous donc passée ?! Lord Crown se faisait un sang d'encre pour vous !

- Oh ?... Heu… Désolée… S'excusa Celia en tombant des nues, même si la fautive était Celisty… Pardon de vous avoir causé du souci… J'ai eu… Envie… D'aller me promener ! »

Un autre de ces koalas magiques poussa un cri d'horreur :

« Mais qu'avez-vous fait, Altesse ?! Vous êtes toute sale et décoiffée ! Et quelle est cette étrange tenue que vous portez ?, s'étonna-t-elle devant l'uniforme scolaire de Celia. Vous ne pouvez pas vous présenter ainsi au dîner !

- Ah… C'est que ce matin je n'ai pas eu le temps de repasser par chez moi pour me laver et me changer que tout le monde me tombait déjà dessus…

- C'est intolérable ! Vite, il faut y remédier ! s'écria l'un des koala en lui saisissant la main et entreprenant de la déshabiller…

- Hein ?!... Heu… Attendez ? qui êtes-vous ?! s'écria Celia, outrée.

- Avez-vous oublié, Princesse ? Demanda Kip avec un large sourire forcé. C'est Lady Daga, votre styliste…

- Ma… QUOI ?! se récria Celia, stupéfiée.

- Et voici votre coiffeuse, votre maquilleuse, votre manucure, votre masseuse…

- Hein ?! Celisty ne fait rien toute seule ?! Même pas se laver les dents ?!

- Non, c'est Lady Ondine qui est chargée du bain et de l'hygiène de la Princesse… »

Celia poussa un cri effaré lorsque la dite Ondine fit apparaître par magie une vaste baignoire débordant de mousse et la fit tomber dedans !

… Trente minutes plus tard, chacune des Lady avait fait son ouvrage et Celia était aussi pimpante qu'une star de Cinéma…

« Ne manque plus qu'une robe de gala ! dit Lady Daga.

- Misère… Quand est-ce que j'ai zappé sur « Pretty woman » ? S'interrogea Celia, reconnaissant à peine son reflet dans le miroir.

- Tenez, dit la styliste en lui remettant dans les mains un diadème tout aussi étincelant que celui que portait Celisty à leur rencontre…

- C'est que… Il est beau… Et il doit coûter cher… J'ai peur de le casser ou de le perdre… S'affola Celia.

- Ne dites pas d'idioties ! Rien n'est trop beau ni trop cher pour vous, Princesse ! » affirma le koala en la coiffant de l'objet.

Et la seconde d'après…

Le trip magical girl reprit de plus belle lorsque, le diadème ayant projeté des étincelles de lumière, Celia se trouva revêtue par magie exactement par la même robe de bal rose et blanche qu'elle avait vu sur Celisty !

« Alors ça… ça rendrait dingue les fans de cosplay… S'étrangla Celia.

- De Kosseplé ? Répéta la styliste sans comprendre. Vous possédez toute une collection d'accessoires magiques vous permettant de porter les plus belles robes ! »

Ouais, enfin, « beau » est une notion relative. C'était certes une jolie robe de Princesse de conte de fées, mais si elle s'était promenée comme ça à Ginza, on lui aurait jeté des pierres…

« Kip, chuchota-t-elle à la mascotte magique, il faut vraiment que tu m'explique le quotidien de Celisty et toutes ces choses qui n'existent pas dans mon monde…

- Nous n'avons pas le temps de nous amuser ! Nous devons nous rendre immédiatement à ce dîner ! »

Au mot « dîner », Celia, qui n'avait toujours rien avalé depuis son réveil, sentit son estomac se tordre.

« Manger… Saliva-t-elle comme Homer Simpsons devant un donuts.

- Il s'agit d'un dîner de gala que donne le Roi en l'honneur de votre grand-oncle, Lord Crown, qui fête ses 90 ans. Toute la noblesse du continent a été invitée, et…

- On s'en fout !!!! On y va !!!! » s'écria Celia en saisissant Kip par le col et se ruant avec hors de la chambre, sous le regard effaré des autres koalas.

Le dîner n'avait pas lieu dans le même palais que celui où se trouvait la chambre de la Princesse, mais dans un autre qui était nommé « Le château de la valse », tout deux étant immenses. Mais Celia, ne pensant qu'au bonheur d'enfin manger quelque chose, ne remarqua même pas la longueur du trajet, ni la splendeur des pièces et couloirs à travers lesquels son escorte guida ses pas. Ils arrivèrent enfin dans une immense salle de bal, magnifiquement décorée, où se croisait une foule de personnes, un orchestre jouant en fond sonore. Toute la royauté du pays et de ses voisins était bien là, les hommes revêtus élégamment et les femmes parées de leurs robes les plus magnifiques, de leurs bijoux les plus étincelants…

Celia se sentit aussi déplacée qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines…

« Mais qu'est-ce que je fais ici ?! », murmura-t-elle tout bas, effarée.

Une réponse lui revint lorsqu'elle aperçut au loin les tables pour le banquet, et que le délicat parfum des plats amenés des cuisines lui parvint aux narines…

« A table !!!! s'écria-t-elle joyeusement sous le regard outré des invités se trouvant près d'elle…

- Princesse… Grinça Kip, alors que tout le monde les regardait. Oubliez un peu votre estomac, votre devoir est de saluer d'abord un maximum d'invités…

- Mais je ne sais pas comment parler à des Rois ou des Reines, moi ! s'affola-t-elle.

- Alors visez plutôt les Princes ! chuchota Kip. Je vous rappelle que vous devez trouver un partenaire pour le bal de Saint Lyon ! »

Durant quelques secondes, Celia vit l'image de Celisty en train de ricaner sournoisement, des cornes sur la tête et une fourche à la main…

« … Toi… Quand je te retrouverais… » grinça Celia.

Elle décida de se jeter à l'eau et aborda –très maladroitement- plusieurs dames invitées, et sa fraîcheur, sa spontanéité et son bagout de livreuse de journaux ne tardèrent pas à faire des ravages…

« … Les Princes ! … J'ai dit les Princes ! » répéta Kip, au bords d'une syncope, en éloignant Celia des marquises et autres baronnes effarées par sa diction et ses manières…

« Tu crois que c'est facile de s'improviser Princesse, et pire de discuter avec des gens que je suis sensée connaître et qui me parlent de choses dont je n'ai aucune idée ?!... Tes Princes, je m'en tamponne ! … Je préfère bouffer ! »

Et sur cette bonne parole, Celia se saisit d'une petite assiette et d'une fourchette à gâteaux avec l'intention de se saisir d'une part de fraisier qu'elle avait repérée sur une table du banquet, mais à l'instant où elle ramenait le gâteau vers elle… Un garçon surgit de nulle part, et, ni plus ni moins, lui vola son assiette, dévorant son fraisier à pleines dents !

« Héééé !!!! C'est ma part !!!! rugit Celia, les yeux plein de flammes.

- Hum ? Pardon… Je pensais qu'aucune fille ne mangerait ce soir à cause de leurs corsets … Elles font toutes un régime à l'approche du bal… Mmmm… Pas mauvais, ce gâteau…

- Et tu veux une tarte dans ta tronche ?! rugit Celia d'un ton de poissonnière.

- Altesse… Se liquéfia Kip… C'est à un Prince que vous parlez…

- Le Prince des voleurs, alors ! Il m'a carotté mon p'tit dej', cette racaille ! »

Celia se figea dans sa colère en entendant le rire léger, presque cristallin, du Prince en question. Il devait avoir trois ou quatre ans de moins qu'elle. C'était un adolescent, mais qui avait gardé une apparence encore très enfantine, petit de taille, le visage rond… Un aspect de petit ange, avec des cheveux blonds et de grands yeux bleus océan… D'ailleurs, son costume aussi était bleu… Avec dans le regard un éclat de malice de petit diablotin… C'était typiquement le gamin kawaï qu'on veut pour petit frère… Encore que… Est-on à 15 ans si différent qu'à 18 ?

Etonnement, peut-être à cause de son âge, lui aussi s'exprimait de manière familière, comme Celia, loin des convenances des autres invités :

« T'es plus marrante que toutes ces pimbêches poudrées !, dit-il en désignant quelques demoiselles qui traversaient la salle comme un défilé de top models, le regard hautain. Tu es la Princesse de ce royaume, n'est-ce pas ? »

A cette question, Celia manqua de s'étouffer avec la part de forêt noire sur laquelle elle s'était rabattue. Elle tenta de jouer son rôle, toussant fort puis riant de manière un peu forcée pour dissimuler sa gêne :

« Oh, oh, oh, oh !... Mais oui, mais oui !... C'est exact, je suis la Princesse ! » dit-elle en tentant de faire une révérence (parfaitement ratée), du chocolat collé sur le visage…

« C'est la pire actrice que j'ai jamais vu », soupira Kip, désabusé…

Heureusement, comme le Prince n'était pas encore tout à fait sortit de l'enfance et était plutôt bonne nature, il prit la situation à la plaisanterie :

« Eh bien je me présente aussi, dit-il avec un sourire sympathique. Je suis le Prince Vincent Wright, mais tu peux m'appeler Vince !

- Je suis (sensée être) la Princesse Celisty… » répondit la jeune fille , gorge nouée… Puis elle ajouta bien fort :

« … Mais tu peux m'appeler Celia ! D'ailleurs, je préfèrerais vraiment que tu me nommes ainsi !, dit-elle avec un sourire charmant.

- Gniaaaah… Pâlit Kip au point de devenir aussi blanc que la nappe…

- Très bien, rit Vince, ce sera donc Celia ! C'est cool de discuter avec toi ! Ton château est méga grand, tu devrais me le faire visiter plus tard !

- Hein… Heu… »

Celia ne savait même pas où elle se trouvait elle-même, alors faire une visite guidée… Mais Vince avait l'air d'être un brave garçon, du genre dont on devient ami immédiatement…

« D'accord !... On organisera ça ! sourit Celia sincèrement.

- Super ! Et pour me faire pardonner, j't'apporterais un fraisier !

- Entendu ! rit Celia. J'espère que tu tiendras ta promesse !

- Promis-juré ! »

Le garçon s'interrompit, voyant avec crainte une femme se diriger dans leur direction !

« Ah ! C'est l'impératrice du pays de Corail ! Quand elle me voit, elle me tire les joues jusque là ! A plus tard, Celia !

- Oui, à plus tard ! »

Vince ayant pris la fuite, l'impératrice s'éloigna aussi d'un air déçu, et Kip en profita pour débarbouiller le visage de Celia avec un mouchoir, avant de la sermonner :

« Fais un peu attention à ce que tu dis, ou notre secret sera vite éventé ! Tiens toi bien et choisis tes mots !

- Mais Vince aussi parle à ma manière… D'ailleurs, c'est étonnant, pour un Prince…

- Les Princes sont des adolescents comme les autres, et les adolescents d'ici sont pour ainsi dire les mêmes que dans ton monde… Au fond, seuls les habits les différencient…

- ça, c'est sûr ! Comment Celisty peut supporter des robes pareilles ?! Ce corset m'étouffe, j'ai l'impression que mes poumons vont exploser…

- Ah, l'impératrice du pays de Corail revient dans notre direction… J'ai l'impression qu'elle va s'amuser avec tes joues, Princesse…

- Gniah ! C'est pas le moment ! Il me faut vraiment de l'air ! »

Et avant que Kip n'ait pu répliquer quoi que ce soit, Celia s'était enfuie au-dehors de la salle de bal, sur une vaste terrasse déserte, et à présent ouverte sur une nuit au ciel étoilé.

« Dire que quand j'ai quitté le lycée, c'était le matin et je venais de me réveiller… Quand je suis arrivée ici, c'était déjà la fin de la journée… Je n'ai rien eu le temps de comprendre… J'ai l'impression de rêver encore… » pensa-t-elle.

Elle soupira, échouant sur la rambarde, se sentant si triste et seule en regardant le ciel d'encre devant elle… Finalement… Elle commençait à comprendre un peu Celisty…

« Je ne pourrais pas mentir. Porter une jolie robe ne fais pas de moi une Princesse… Dit-elle tout haut. Je suis comme la lune… Une étoile morte. Même en brillant, je ne serais jamais le soleil… »

Il y eu soudain un vent chaud et léger qui l'enveloppa en une caresse, comme s'il voulait la réconforter…

Celia ressentit soudain un léger effleurement sur la peau nue de ses épaules, et y porta la main. Lorsqu'elle la retira, elle tenait dans ses doigts un pétale de Rose, d'un rouge flamboyant…

« Tiens ? Comment il est arrivé là ? »

La seconde d'après, c'est toute une pluie de pétales de roses virevoltants qui chuta tout autour d'elle, pluie légère et féerique à laquelle se mêlait des pastilles de lumière, douces et vaporeuses comme des lucioles, tandis que dans l'air s'égrenait une étrange musique, avec un écho mystique, une mélodie charmante, qu'elle aima aussitôt…

Le spectacle était vraiment enchanteur… Les pétales de fleurs et les pastilles de lumière jouaient de contrastes avec l'ébène de la nuit, l'argent de la lune, l'éclat des étoiles…

Et cette musique… Si touchante…

L'ambiance était soudain réconfortante, tendre… Et d'une beauté adorable.

« Comme c'est joli ! s'émerveilla Celia, sous la pluie de pétales et de lumière, levant les mains pour les saisir au vol avec un regard de petite fille émerveillée, tournant sur elle-même avec un rire charmant.

- Je suis heureux de te l'entendre dire… Je voulais tellement voir ton visage s'éclairer de ton joli sourire… »

Celia se figea dans son élan, et, surprise, se retourna.

Un garçon se tenait là, sur la terrasse, et elle se demandait bien depuis quand , car elle ne l'avait absolument pas vu, ni entendu arriver.

Il devait être âgé de un ou deux ans de plus qu'elle. Il avait une silhouette très longiligne, souple et éthérée, aussi grand que fin, d'ailleurs il dépassait Celia d'une bomme tâte et demi… De longues mèches fines et soyeuses ondulaient en encadrant son visage fin, un visage singulier, reflétant à la fois la joie et la tristesse… Un large sourire affirmé, presque narquois, exprimait l'humour un peu ironique que devait nourrir l'adolescent, mais cet humour était aussitôt trahit par ses yeux clairs emplis de mélancolie et de secrets… Sa tenue était l'une des plus élégantes et recherchées parmi les invités, avec une longue veste en queue de pie et une boutonnière, des manches galonnées… Il émanait de lui comme un romantisme un peu désuet… Le rouge et le rose dominaient dans sa tenue, jusque dans les reflets de ses cheveux, mais cela lui seyait étonnement bien et s'accordait avec une parfaite harmonie à la robe de Celia en ce instant, comme s'ils avaient choisis exprès leurs vêtements pour aller ensemble…

Celia fut saisie d'un sentiment étrange devant cette apparition, et le charme de la pluie de pétales de rose et des pastilles de lumière ajoutant une dimension troublante à la scène, elle ne parvint pas à trouver un seul mot pour lui adresser la parole…

« Celiiiia !!!! » s'égosilla Kip, déboulant au milieu de la scène en rompant l'illusion, au sens propre comme au figuré, car la pluie magique cessa à son intervention.

« Celia ? Répéta le garçon, une lueur amusée dans le regard. Voilà un petit nom ravissant, qui te va bien mieux que Celisty… »

Celia eu une contraction au cœur, comprenant qu'elle était sensée déjà connaître ce garçon, puisqu'il la tutoyait et l'appelait par son « prénom »…

« … Kiiiip… Glissa-t-elle d'un air affolé à son chaperon, lui faisant comprendre qu'elle ignorait l'identité du garçon…

- Hem ! dit le Koala en volant à sa rescousse, trouvant une feinte. Permettez moi de vous souhaiter une agréable soirée et la bienvenue, Prince César Dubois de la République de la mer !

- De même, sourit le garçon d'un ton de gentleman. C'est un plaisir pour moi de côtoyer ma tendre Princesse Celia… Le Rose lui va à merveille, elle est ravissante… Et son regard me subjugue… Tu n'aurais pas changé quelque chose ? » demanda-t-il du tac au tac à Celia d'un large sourire entendu.

Celia sembla se liquéfier sur place, déstabilisée par l'allusion de cette phrase et l'intensité du regard que Cesar posait sur elle…

« Kip… Je crois qu'il se doute de quelque chose… Chuchota-t-elle au Koala.

- Impossible ! répondit tout haut l'animal sans se soucier que le Prince entende. L'autre jour tu as dis à Cesar qu'il était le Prince le plus idiot de tout le continent !

- Hein ?! se récria Celia, abasourdie. Celisty… Heu… Moi… J'ai dit ça ?

- Oui, soupira Cesar, mais avec le temps, je n'y fais même plus attention…

- Avec… Le temps…

- Bah rien que cette semaine, tu m'as déjà dit, Lundi , que lorsque je parlais, l'air entrait par l'une de mes oreilles pour sortir directement par l'autre…

- …

- Mardi, c'était : « Tu es tellement crétin que lorsque j'ouvre le dictionnaire, ton portrait apparaît juste à côté de la définition de ce mot… »

-…

- Mercredi, tu m'as dis : « Le jour où l'on mettra les débiles en orbite, t'as pas finit de tourner… »

- …

- Jeudi, dans ta grande sympathie, tu m'as informé : « Ce n'est pas que je te déteste, mais le simple fait de te voir me donne la nausée et une éruption d'acnée… »

- …

- Et hier Vendredi, lorsque, ayant appris que tu cherchais un partenaire de danse pour le bal de Saint Lyon, je t'ai proposé d'être ton cavalier, tu m'as répondu : « Je préfèrerais me faire couper les deux jambes que de danser avec toi ! »

- Mais c'est atroce ! Cette fille est la pire des pestes !!!! » s'écria Celia, outrée.

Cesar eu un petit rire amusé.

« Tu parles de toi à la troisième personne, maintenant ?

- Ah ?!... Heu… Ben oui… Je suis… Une Princesse », tenta d'argumenter Celia, perdant pied et battant l'air avec ses bras.

Elle parvint à se reprendre, s'inclinant très respectueusement à la japonaise, et s'excusant en lieu et place de Celisty.

« Cesar… Je suis vraiment désolée de t'avoir dit toutes ces méchancetés gratuites… Tu ne le méritais pas… Je sais que je ne suis pas digne que tu me pardonnes, mais si tu le voulais bien… J'aimerais tout recommencer à zéro… Comme si nous venions de nous rencontrer… Et que nous soyons amis… »

Une étincelle mystérieuse passa dans le regard de Cesar.

« Vraiment… Tu es tout à fait fascinante, petite Celia… »

Il se pencha vers elle, si près qu'elle pu détailler son beau visage et respirer son parfum entêtant…

« Il y a quelque chose de caché dans tes cheveux… » murmura-t-il.

En effleurant la mèche folle de la jeune fille, il fit apparaître une rose rouge dans sa main :

« Rien de moins pour une jolie fleur comme toi…

- Quel tour de magie ringard, commenta Kip d'un air désabusé…

- Vous êtes bien sévère avec moi vous aussi, Lord Kip », soupira Cesar d'un ton à fendre l'âme.

De l'intérieur de la salle de bal, que Celia , troublée, avait totalement oubliée, se fit entendre la voix d'un autre noble de la république de la mer :

« Prince Cesar ! Le Vicomte de Blackrose souhaite s'entretenir avec vous !

- J'arrive… »

Cesar glissa la Rose entre les doigts de Celia, puis exécuta un parfait baise main de gentleman en lui disant tendrement :

« A bientôt. Appelles moi si tu changes d'avis à propos du bal.

- Heu… Oui… » murmura la jeune fille, aussi rouge que la rose.

Elle regarda la silhouette légère de Cesar s'éloigner lentement, avant de disparaître dans la foule comme une illusion…

« Il est gentil… Murmura la jeune fille, pensive…

- Tous les imbéciles le sont ! » répliqua Kip en haussant les épaules.

Puis, s'inquiétant pour Celia :

« Tu te sens d'attaque pour retourner aux mondanités ?

- Oui ! sourit-elle, motivée. A présent, je me sens bien mieux ! » s'exclama la jeune fille, regonflée à bloc.

Elle prit une bonne inspiration, et retourna se mêler à la foule des nobles. A présent réconfortée et plus sûre d'elle, elle se sentait mieux armée pour jouer son rôle, et à mesure qu'elle se détendait, menait à la perfection toutes les conversations. Elle allait de l'un à l'autre des convives, discutant avec eux en donnant parfaitement l'illusion qu'elle était Celisty, se traçant un chemin à travers la salle de bal…

« Votre Altesse, une coupe de champagne ? Demanda un serveur.

- Ah, c'est que je ne sais pas si j'ai le droit d'en boire… »

…BONG !

Un peu trop indécise au milieu d'une allée, Celia fut violemment percutée par quelqu'un d'autre qui tentait de se frayer un chemin…

« Hé ! s'exclama Celia, qui sous l'impact s'était piquée avec la rose de Cesar.

- T'as qu'à regarder où tu vas ! » lui répliqua un ton fauve dans un feulement.

Lorsque Celia, interloquée, redressa la tête, ce fut pour être fusillée par le regard brûlant et furieux d'un beau ténébreux de son âge… Cheveux de jais, silhouette féline et nerveuse, costume noir aux allures de guerrier, cuissardes de cavalier, il était sexy en diable, mais ses yeux crépitaient de flammes…

« Je suis désolée ! s'excusa Celia, déstabilisée…

- Bien, tant que tu es désolée… » jeta-t-il, bras croisés, avec arrogance, et l'achevant de ces six mots, avant de s'en aller comme un pistolero, du genre apparition courte mais que l'on est certain de ne pas oublier…

« En tout cas, il semblait pressé… Commenta Celia, étonnée…

- C'est le Prince Luciano Barbosa du royaume de Garadium. Il semble être vraiment irritable dernièrement… Dit Kip. Nous devrions peut-être tenter d'approcher quelqu'un de plus calme », dit-il en désignant un autre jeune homme qui se tenait seul à l'écart dans un coin de la pièce, assis sur un confortable canapé et plongé dans la lecture d'un ouvrage qu'il tenait à la main…

« Ah… Un garçon qui aime lire… C'est super ! sourit Celia, ravie. Mais qu'est-ce que je fais s'il me parle de trucs de votre monde que je n'ai jamais lu ?!

- Il ne le fera pas, il n'est pas du genre bavard. Ce sera déjà un miracle s'il te dit une phrase de plus de trois mots…

- Wouah… Encourageant… »

Celia s'approcha lentement du garçon. Il devait être de l'âge de Cesar… Sa physionomie dégageait un certain charme nordique, avec une peau très pâle et des cheveux si blonds qu'ils en étaient presque blancs, et une beauté presque androgyne… Il était aussi l'intellectuel tel qu'on l'imagine, le cheveu lisse, un costume mauve impeccablement droit, un visage quasi mono expressif et un regard perçant qui vous jauge derrière ses lunettes…

« Heu… Bonsoir ! l'interrompit la jeune fille dans sa lecture. Excuses moi… Je suis Celia… Et… Je me demandais… Si tu voudrais… Parler avec moi ?

- Pourquoi veux-tu tant parler aux gens ? Lui répliqua-t-il d'un ton aussi glacial que son pays natal.

- Moi ? Heu… Je voudrais… Avoir un ami…

- Hmmmm… Tu es étrange… Murmura le garçon en l'analysant de son regard devenu soudain moins froid.

- Pas vraiment… Non ? »

Le garçon ferma son livre et la planta là sans la moindre réponse !

« Je crois… Que je viens de me prendre un vent… Commenta Celia en tombant des nues, l'air désabusé.

- C'est le Prince Kiefer Bergmann de l'empire Nezzie, l'informa Kip. Il est connu pour sa grande intelligence… Ce dont, apparemment, tu manques cruellement… Ricana-t-il.

- Non mais, ce soir c'est la fête nationale des vannes, ou quoi ?! » grogna Celia, outrée.

Elle s'interrompit, remarquant tout un attroupement de filles agglutinées devant une porte, et jacassant comme des pies…

« Ils ont invité le dernier boy's band à la mode ou quoi ? S'étonna Celia, ouvrant des yeux ronds.

- Presque. Elles sont toutes venues en espérant voir arriver par cette porte le Prince Klaus Rosencrans de la République de Lamar. Il est très populaire et admirablement bien fait de sa personne, c'est un champion qui remporte de multiples tournois de chevalerie, et un excellent danseur…

- Tant mieux pour lui… Sourit Celia. Mais bon, là, je crois que je vais m'abstenir de le saluer. Tu n'as jamais vu une bande de filles en mode hystérique, Kip. Les soldes, c'est de la rigolade à côté… J'ai pas envie de perdre un bras ou un œil dans la bagarre qui aura lieu quand leur beau gosse va apparaître… »

Un rire léger retentit près d'elle. En se retournant, Celia vit un garçon qui observait aussi la scène, caché dans la pénombre derrière un meuble imposant, et arrivé par une entrée dérobée…

« Gniaaaah… Gémit Kip comme une groupie en transes (ce qu'il était sûrement…) C'est lui ! … C'est le Prince ! … Et il nous a entendu !!!! »

Celia cligna des yeux. Alors c'était lui, le Prince Klaus ? Elle n'allait pas dire « Je m'attendais à mieux », parce que ça aurait été méchant, mais honnêtement, question beauté, elle avait trouvé Luciano - le desperado – rapido beaucoup plus sexy, et même Kiefer l'intello d'un charme plus envoûtant… Mais il faut l'avouer, Klaus était beau. Avec son corps de jeune sportif parfaitement ciselé, son visage aux traits harmonieux, sa coiffure châtain clair avec la mèche parfaitement coiffée comme il faut, ses grands yeux clairs, son sourire de jeune premier, il ressemblait à l'acteur principal d'un téléfilm Disney, et au Prince Charmant tel qu'on l'imagine, en costume blanc…

« Alors comme ça, vous n'aviez pas l'intention de me saluer ? Demanda-t-il mi moqueur, mi vexé, à Celia.

- Uniquement pour les mêmes raisons qui vous poussent à vous cacher et ne pas aller saluer non plus vos admiratrices, votre Altesse, rit Celia gentiment.

- Un point pour toi, reconnu-t-il. Et tu peux m'appeler Klaus.

- Eh bien… Je m'appelle … Celisty… Mais tu peux m'appeler Celia ! dit-elle en inclinant la tête.

- Depuis mon point d'observation, j'ai bien suivit le déroulement de la soirée, et j'ai l'impression que tu as surtout approché les Princes…

- C'est parce que je recherche un partenaire de danse.

- Et… Tu comptais aussi me le demander ? L'interrogea-t-il, une lueur étrange traversant son regard.

- Oh… Non. Kip dit que tu es un véritable champion, et ut as beaucoup de fans… Alors j'en déduis que tu as déjà une cavalière. Et même si ce n'était pas le cas, je ne crois pas que tu aurais du temps pour une débutante comme moi… Sourit-elle.

- Deux points pour toi », reconnu-t-il, mais avec un accent étrange dans la voix, quelque chose de vaguement agacé…

Celia se demanda ce qu'elle avait dit de mal, mais peut-être qu'elle devait encore assumer les erreurs de Celisty. Elle avait eu des phrases si cruelles envers ce pauvre Cesar, alors qui sait ce qu'elle avait pu dire à Klaus ?

Cependant, Celia n'eu pas l'occasion de s'interroger plus longtemps. Klaus s'était avancé vers la lumière pour lui parler, et fut aussitôt repéré par le radar de ses fans. Le troupeau de filles en furie poussa des cris inhumains avant de se mettre à poursuivre le malheureux garçon, qui entama un véritable marathon à travers la salle pour leur échapper, sous le regard stupéfié ou amusé des autres invités… Dans cette poursuite, Celia fut encore bousculée…

« Ah, non ! » s'écria-t-elle, attristée…

Au moment du choc, elle avait lâché la rose de Cesar, et celle-ci avait disparue en pétales froissés, piétinée par toutes les fans de Klaus…

« Non, non, non ! … Répéta Celia, le cœur serré… Ma rose… Je voulais la garder…

- On t'en trouvera une autre… Soupira Kip, désabusé.

- Ce ne sera pas pareil… Murmura-t-elle tout bas… C'était un cadeau de Cesar…

- Il y a un jardin intérieur dans la salle juste à côté. Tu veux le visiter ? Il y a plein de fleurs, et sûrement des roses…

- Mais…

- Allez, viens, je te dis ! décida Kip en l'entraînant à sa suite, ne comprenant pourquoi elle faisait tout un foin pour une simple fleur, venant de ce crétin ringard de Cesar, en plus… ça te changera les idées ! »

En effet, il suffisait à peine de traverser une porte, et l'on se retrouvait dans le jardin intérieur. Il était vraiment des plus magnifiques, et dès qu'on y entrait, on se sentait comme projeté dans un autre monde… Elle comprit vraiment pourquoi le royaume des fleurs se nommait ainsi. Elle n'avait jamais vu une telle quantité et variété de plantes réunies en un même endroit… Ce jardin était immense, et coloré de milliers et milliers de fleurs différentes, toutes plus magnifiques les unes que les autres, même si, avec la nuit venue, la plupart avaient refermées leurs corolles. Une vaste coupole de verre s'étendait au-dessus du jardin, reflétant la nuit et les étoiles, et conférant une dimension solennelle, presque religieuse à ces lieux …

« C'est vraiment sublime », murmura Celia tout bas, émerveillée et n'osant lever la voix, comme si elle n'osait troubler le charme de cet endroit…

Tout à coup, une voix douce lui répondit :

« Les fleurs sont le symbole et la force de nos pays. Une fleur ne peut s'épanouir et ravir de toutes ses couleurs que si elle est entretenue avec soin. Les fleurs séduisent par leurs parfums, mais elles sont aussi source de travail et de nourriture, lorsque les abeilles les butinent pour en extraire le miel… On dit chez nous qu'un roi n'est digne de gouverner que s'il est bon jardinier… »

Dans l'allée près d'elle Celia aperçut Vince, le petit Prince farceur qu'elle avait rencontré au tout début de la soirée, se trouvant là en compagnie d'un garçon plus âgé que lui, peut-être de l'âge de Klaus ou Luciano…

C'était ce garçon qui avait répondu à Celia, et nul doute vu l'apparence de son costume (vert, ce qui était de circonstance !), qu'il était lui aussi un Prince, et d'un pays très influant car il y avait un côté très « officiel », protocolaire, dans sa tenue. Hormis cela il avait une physionomie très douce et agréable, accentuée par des cheveux fins, presque féminins, et de jolis yeux vert émeraude ourlés de cils noirs. C'était curieux à dire mais il évoquait la figure maternelle : rassurante et délicate… Celia se sentit aussitôt en confiance avec lui, sans même avoir été présentés…

« Vous avez fuis le dîner, vous aussi ? Demanda Celia en riant aux deux garçons.

- Liam a encore trouvé une fleur rare, grogna Vince, maussade…

- C'est une plante Malkid, précisa l'autre garçon. Je l'ai découverte sur le chemin du château. La plante Malkid est une fleur qui ne pousse que dans cette région…

- Et allez, c'est reparti ! soupira Vince. Liam n'a que deux sujets de conversation à la bouche : les fleurs et sa petite sœur…

- C'est vrai ! reconnu Liam en riant.

- J't'aime bien mais tu me saoules. J'vais me chercher une glace ! » conclue Vince en quittant les lieux…

« Quelque chose ne va pas avec Vince ? S'étonna Celia, les yeux ronds.

- Ce n'est rien… Sourit Liam. Il se comporte encore comme un enfant et aime s'amuser, alors il ne supporte pas de voir les autres s'intéresser à des sujets d'adulte… On se connaît tous depuis longtemps, tu sais…

- Ah… Oui… Se liquéfia Celia…

- Mais c'est la première fois que tu viens nous adresser la parole, Celisty… Même quand je te disais simplement bonjour, tu ne me répondais même pas…

- Oh… Je suis désolée… Je crois… Que j'ai décidé de grandir, moi aussi… » sourit Celia gentiment tout en hurlant en elle-même :

« Pas étonnant que ce soit à moi de te trouver un partenaire… Je dois m'excuser auprès de tout le monde à ta place, Celisty !!!! »

Puis elle ajouta :

« Si tu veux bien me pardonner, je serais très heureuse que nous soyons amis. … Et tu peux m'appeler Celia.

- Je suis Liam. Liam Goodrich du Royaume Vert. Cette fois, tu t'en rappelleras ?

- Je n'oublierais plus, promis ! jura-t-elle en levant la main droite.

- Au fait, Princesse, quel genre de fleurs aimes-tu ? »

Spontanément, Celia aurait répondu les roses, mais comme elle devait se racheter une conduite auprès de Liam, et qu'elle remarqua un Lys brodé en or sur sa veste, elle mentit honteusement :

« J'aime bien… Les Lys…

- Vraiment ?!... J'adore les lys également ! (Ça, on s'en serait douté…) Je te donnerais un très beau lys la prochaine fois que nous nous verrons !

- Merci… C'est très gentil, Liam ! »

Kip se permit d'intervenir, se glissant à l'oreille de Celia :

« Y'a pas plus bonne pâte que ce garçon… Je suis sûr que si tu lui demandais d'être ton partenaire maintenant, il accepterait aussitôt…

- ça me semble précipité… Je dois d'abord réparer les erreurs de Celisty et apprendre à mieux connaître chacun des princes… Ils sont gentils, alors je ne veux pas les décevoir une seconde fois…

- Toi aussi, tu es trop bonne poire, Celia ! »

Elle repoussa le koala de la main, avec un sourire forcé…

« Eh bien, je crois que je vais retourner au dîner, Liam… A bientôt !

- Je serais heureux de te revoir ! » sourit-il.

Kip raccompagna Celia jusqu'à la salle de bal. Le banquet était sur le point de se terminer…

« Eh bien… J'espère que je n'ai pas fais trop d'erreurs… Soupira la jeune fille.

- Tu t'en es très bien sortie pour ta première apparition mondaine, la rassura Kip. Même sans avoir jamais reçu de leçons pour cela…

- Tu fais bien de le souligner », grinça Celia, ironique.

Au loin, un homme d'âge mûr et couronné était au centre de toutes les attentions.

« C'est le père de Celisty, dit Kip. Je dois dire qu'il la gâte beaucoup tout en étant distant.

- Et sa mère ?

- C'est un sujet que je te conseille de ne pas évoquer, surtout devant le Roi. Il n'a plus que sa fille… Même s'il peut se passer des semaines entières sans qu'ils se soient parlés, ni même aient été dans la même pièce…

- ça fait peur ! frémit Celia. Et tu ne me le dis que maintenant ? C'est certainement le Roi que j'aurais dû saluer le premier…

- Surtout pas, malheureuse, tu l'aurais dérangé dans ses affaires… Ce soir il a du profiter de l'anniversaire de Lord Crown pour négocier avec tous les pays…

- Ah ! C'est vrai ! Lord Crown ! Je ne lui ai même pas présenté mes vœux !

- Bah, de toutes façons, il était partit avant que tu n'arrives… Et puis il est sénile et oublie tout, alors ne t'en fait pas pour ça… »

Une fois encore, Celia ressentit que l'échiquier du pouvoir dominait au final le gentil conte de fées dans lequel elle pensait être tombée…

Tout à coup,le silence se fit dans la salle, le père de Celisty attirant l'attention de tous en prenant la parole :

« Dans le cadre de la cérémonie de clôture, le Prince Klaus et la Princesse Cynthia nous offrent une merveilleuse danse ! »

L'orchestre entama une mélodie, et Klaus s'avança avec sa partenaire au milieu de la piste.

Le moins que l'on puisse dire, c'était que la Princesse Cynthia était absolument ravissante… Belle … Très, très belle… La Princesse telle qu'on se l'imagine… Grande, élancée, avec une longue et magnifique chevelure blonde, des yeux bleus, un visage d'ange… Elle évoluait sur la piste avec grâce et légèreté, une classe innée… Dans le genre Princesse, Celia faisait vraiment godiche à côté… Et lorsqu'elle avait rencontré Celisty, elle lui avait trouvé de l'allure, mais pas au point d'égaler le charisme de Cynthia… Par ailleurs, Cynthia formait avec Klaus un couple de danseurs particulièrement agréable à regarder. Ils étaient beaux, doués, et en parfaite harmonie…

« Ne sont-ils pas merveilleux ? S'extasia Kip, des étoiles d'Adoration plein les yeux. Ils vivent aussi une jolie romance, tu sais… Mais rien n'est encore officiel pour ne pas blesser les fans de Klaus. »

En dansant avec Cynthia, Klaus se révélait véritablement, irradiait totalement la salle…. Pas étonnant qu'il ait autant de fans. Tout ceux qui le regardaient étaient littéralement hypnotisés !

A présent, Celia comprenait pourquoi Celisty avait paniqué. Avec un tel couple de concurrents, elle avait eu peur d'être totalement ridicule à côté. Et c'est aussi pourquoi elle n'avait pas trouvé de partenaire, s'était mal comportée avec les autres princes…

Celisty n'avait absolument pas confiance en elle-même, et du coup, elle n'avait confiance en personne…

« Même si je suis nulle en danse, j'irais au bal de Saint Lyon, lui promit Celia mentalement. Je trouverais un partenaire et je m'entraînerais dur. Même si je perds, je danserais aussi bien qu'eux… Je te prouverais que c'est possible pour que tu croies à nouveau en toi, Celisty ! »

Plongée dans ses pensées et l'observation du numéro de danse, Celia ne remarqua pas une ombre glisser sinueusement près d'elle. Dans la lueur des candélabres, l'éclat métallique d'une lame aiguisée…

L'homme qui tenait le poignard poussa soudain un cri, blessé à la main, et lâcha son arme… En se retournant, Celia comprit enfin la situation, et réagit au quart de tour, balançant une bonne tatane dans la face de son agresseur…

Une femme poussa un cri, et ce fut soudain la panique dans la salle…

D'autres individus s'étaient glissés parmi les invités, dans le but évident de s'attaquer à la Princesse Celisty… Ils se heurtèrent aux gardes, mais aussi à certains des nobles en personne, accomplissant leur devoir chevaleresque…

Parfois de manière surprenante…

Celia vit Vince perché sur l'une des tables du banquet, au milieu de la nourriture, en train de mitrailler les intrus à coups de lance pierre…

Mais les Princes qui firent vraiment la différence dans la bataille étaient Klaus et Luciano… Tout deux étaient particulièrement adroits au combat, Klaus dans un style classique, propre et soigné, très chevaleresque, maniant l'épée avec élégance, Luciano d'une manière moins conventionnelle, plus sauvage et énergique, sa silhouette féline et orientale se mouvant dans la bataille, un cimeterre à la main. Ils firent le ménage à eux deux, et bientôt, on sentit poindre un esprit de compétition, une certaine concurrence… C'était entre eux deux le concours de celui qui toucherait le plus d'adversaires… Au final, le duel entre eux l'emporta contre les intrus, et s'ils avaient réussis à le repousser hors du palais, ces drôles d'oiseaux fracassant les fenêtres dans leur fuite, ils n'arrivèrent pas à en arrêter un seul…

Au milieu de la salle de bal, après la bataille, ne restait plus qu'un profond sentiment de stupeur, les femmes étant en état de choc…

Celia se sentit soudain elle-même envahie par la peur, réalisant qu'elle venait d'échapper à un attentat… Que ces types mal intentionnés… Avaient tentés d'attaquer la Princesse Celisty ! Kip ne bougeait plus, il s'était cristallisé, comme statufié d'angoisse…

« … CELIA !!!! »

A sa grande surprise, la première personne qui fut auprès d'elle était Kiefer, l'ami des livres, qui semblait arriver du jardin intérieur…

« Tout… Tout va bien ? Bégaya-t-il, sa peau blanche étant carrément devenue d'une pâleur de spectre. Tu n'es pas blessée ? » demanda-t-il, tremblant nerveusement, son visage demeurant parfaitement flegmatique mais la panique luisant dans son regard… Il voulu lui prendre la main, mais tout le bras du garçon tremblait nerveusement… Il était totalement tétanisé de terreur !

« Je vais bien, lui sourit Celia avec tendresse. Merci beaucoup de t'inquiéter pour moi, Kiefer… »

Ces mots semblèrent foudroyer le jeune homme, qui de blanc passa au rouge tomate, manquant de s'évanouir sur place… Heureusement, Vince arriva à son tour, furieux et remonté comme une boite à coucou :

« Les lâches ! rugit le petit blond, s'agitant, son lance-pierre à la main. Oser s'attaquer à une fille ! Si je les retrouve, je le leur ferais regretter, crois moi, Celia, ils s'en souviendront !

- Merci Vince, rit la jeune fille. Je savais que je pouvais compter sur toi, dit-elle en se penchant pour lui effleurer maternellement ses mèches blondes…

- Ah ! Mais arrêteeeeuh ! s'agita-t-il, contrarié, je ne suis pas un petit garçoooon !!!! » rougit-il autant que Kiefer.

Liam arriva à son tour de la serre :

« Mes amis !!!! »

Il se précipita auprès d'eux, visiblement soulagé en englobant du regard Celia, Vince et Kiefer :

« Dieu Merci… Personne n'est blessé…

- Mais qu'est-ce que tu faisais encore au milieu de tes pâquerettes alors que Celia était en danger ?! rugit Vince.

- Ne sois pas aussi puéril, répondit Kiefer à sa place. Liam était bien trop loin pour intervenir, et s'il avait mit sa vie en péril, les conséquences auraient été catastrophiques pour son royaume…

- Rah ! T'es trop lourd à toujours prendre sa défense ! rugit Vince.

- Non, je suis sensé. Liam est à peine plus âgé que toi, mais c'est lui qui dirige son pays. Toi, tu n'es encore qu'un gamin qui ne pense qu'à jouer et faire des farces…

- Quoi ?! répètes un peu si tu l'oses, binoclard !!!! »

Pendant que Vince et Kiefer étaient en plein débat au sujet de Liam, que Liam tentaient de les calmer avec un sourire tendre et des théories de hippie du style : « Allons, nous sommes tous amis, faites la paix et allons cueillir des fleurs », et que Kip était toujours statufié et glacé comme un iceberg, Celia remarqua, près d'eux, que Klaus et Luciano venaient à peine de rengainer leurs armes. Les deux garçons échangèrent un regard lourd de défi et crépitant d'étincelles d'électricité statique… Un regard d'une haine viscérale…

« Oh-oh… Je ne sais pas pourquoi… Mais j'ai l'impression que par contre, c'est pas franchement la grande amitié entre ces deux là… » pensa Celia.

Au final, c'est Klaus qui perdit ce duel muet pour retourner vers sa Cynthia, il faut dire que le ténébreux Luciano avait un regard plus intense et brûlant que du magma en fusion, un regard à vous fusiller instantanément…

Ce n'est qu'à cet instant que le père de Celisty se ramena avec ses gardes, semblant se souvenir que sa « fille » venait d'être victime de cette agression…

« Kip, dit-il au koala en le réveillant de son état second, cette escorte va veiller à la protection de la Princesse et la ramener dans sa chambre.

- Permettez à mes propres gardes et moi-même de l'accompagner aussi ! demanda Vince au Roi d'un air volontaire.

- Moi… Moi… Moi aussi… Bégaya Kiefer, rouge flamme.

- Entendu, vous pouvez tous les deux l'escorter jusqu'à sa porte, répondit le Roi. J'espère que vous ne tiendrez pas rigueur de cet incident et rentrerez chez vous paisiblement… »

Et là-dessus, le Roi repartit comme il était venu…

« Merci à vous deux… Sourit Celia à Vince et Kiefer.

- J'aurais voulu aussi t'accompagner, mais malheureusement j'ai des devoirs de chef d'état, soupira Liam. Prends soin de toi, Celia…

- Entendu, Liam… Merci à toi aussi… Ainsi qu'à toi, Luciano ! » lança-t-elle au ténébreux, qui se tenait encore à quelques pas d'eux.

Luciano se contenta de la fusiller de son regard noir ardent, avant de détourner la tête dans un grand « Humph ! » arrogant mais touché.

Quand Celia quitta enfin la pièce, escortée de Kip, Vince, Kiefer et tous les gardes, Luciano se tourna en direction de Liam :

« Il faut trouver des indices sur ces hommes et les arrêter, dit Luciano, la voix grave. Cette attaque ressemble à celle dont a été victime votre sœur…

- Oui… » murmura Liam, et son regard tendre devint plus dur et emplis de tristesse…

Tous les invités, paniqués, s'en allaient les uns à la suite des autres sous les excuses du Roi, et Liam et Luciano avaient toute la place pour inspecter la salle…

« Regardez ! dit Luciano, retrouvant le premier, au milieu des débris de la fête, le poignard de l'agresseur de Celia…

- Et voilà ce qui, heureusement, l'a blessé à la main et fait lâcher son arme avant qu'il n'attaque Celia, sourit Liam en ramassant la fleur…Une magnifique rose rouge au délicat parfum, qui n'est cultivée que sur les rosiers des jardins de la république de la mer… »

Le ténébreux Luciano vira soudain plus pâle que l'écume des vagues…

« … Je ne voudrais pas être à leur place, « il » a du leur faire passer le pire instant de leur vie !

- Dommage ! A l'heure qu'il est, on a sûrement déjà raté le spectacle ! » sourit Liam, mettant la Rose à sa boutonnière …

Le spectacle en question n'avait aucun rapport avec la danse, mais avait été tout aussi divertissant…

Lorsque les agresseurs de Celia s'étaient enfuis du palais pour rejoindre leurs chevaux qu'ils avaient dissimulés au-dehors, ils eurent la stupeur de voir qu'ils avaient disparus…

« Mais où ils sont passés ?

- J'en sais rien, moi !!!! »

Dans la nuit noire, ils entendirent lentement des pas se rapprocher…

Un jeune homme très élégant apparu soudain en pleine lumière, un sourire mutin sur les lèvres…

« Messieurs… Leur dit-il soudain d'un ton aristocrate en enclenchant le moulin à paroles, mais quelle est donc cette tenue que vous arborez ? Le noir n'est plus à la mode, et cette coupe près du corps ne vous sied guère… Et ces bottes affreuses, ces masques austères, ces épaulettes saillantes ! Vraiment, vous ne pouvez assister au dîner sous une telle apparence… Laissez-moi vous conseiller un bon tailleur…

- C'est qui ce débile ?! demanda l'un des intrus, ouvrant des yeux ronds en tombant des nues…

- Laisses tomber… On se barre ! » dit un autre alors que leurs compères volaient d'autres chevaux pour leur fuite…

Alors que tous s'éloignaient déjà vers la forêt, Cesar eu un soupir désabusé :

« Voilà une réponse fort discourtoise… »

Deux minutes plus tard, alors que les agresseurs filaient à bride abattue, ils entendirent dans leur dos retentir un :

« Messiiiiiiiieurs…. » goguenard.

L'un des hommes se retourna, voyant Cesar lancé à leur poursuite sur son propre destrier, et toujours avec ce sourire étrange sur le visage…

« Mais quel pot de colle celui-là ! Qu'est-ce qu'il nous veut encore, ce taré ?!

- Messieurs… Savez-vous que chevaucher de nuit en forêt multiplie par 12 le risque d'accidents graves ?

- Mais… Il se fout de notre gueule ou il est vraiment crétin ?! »

Pour toute réponse, Cesar, sans se défaire de son sourire, se mit à compter joyeusement, comme un enfant :

« Un, deux, trois, nous irons aux bois… »

… Dit-il en portant la main à sa garde.

« Quatre, cinq, six, cueillir des cerises… »

Il dégaina la lame tranchante et effilée d'un magnifique katana, maniant cette arme noble dans un mouvement léger et aérien…

« Sept, huit, neuf, dans un panier neuf… »

L'acier parfaitement forgé du sabre se mit à luire intensément d'étincelles bleutées, parcouru d'une énergie magique intense…

« Dix, onze, douze, elles seront toutes rouges ! »

Un sortilège d'une puissance et d'une magnificence à couper le souffle fondit sur les fuyards, des vagues bleutées et déchaînées comme celles de l'océan se déversant sur leur chemin, les faisant chuter de cheval…

« Merde ! s'écria l'un des fugitifs, se redressant avec un regard meurtrier, dégainant sa propre arme. Il fait partie de la famille royale de la République de la Mer !

- ça ira ! dit un autre en se mettant en garde. Il ne peut pas utiliser un autre sortilège aussi puissant immédiatement après le premier ! On va l'avoir à l'épée !

- Ouais ! C'est encore un gamin ! On va lui faire payer, à ce petit con ! »

Cesar arriva paisiblement sur son cheval, sans se départir de son sourire , ni de son ton de gentleman.

« Messieurs… Ces écarts de langage ne vous font guère honneur. Aussi, je vous suggère de vous rendre bien cordialement, avant d'être plus gravement blessés… Car si j'ai utilisé un sortilège de l'eau, c'était pour ne pas incendier la forêt…

- Mais tu vas la fermer, ta grande bouche ?! » hurla l'un des hommes en passant à l'attaque.

Cesar esquiva son coup, bondissant du haut de sa monture dans un saut aérien de véritable acrobate, se lançant dans la bataille avec une légèreté et une élégance exquises…

Il bondit et rebondit, virevoltant et souple comme un oiseau, la lame de son katana tournoyant dans sa main comme dans une chorégraphie rythmée, déjouant les initiatives de chacun de ses adversaires et les mettant l'un après l'autre à terre, dans un laps de temps d'une rapidité stupéfiante…

Echoués, abasourdis, tous vaincus, ils frémirent véritablement de peur en voyant la silhouette longiligne de ce dandy à katana prodigieux se rapprocher d'eux…

« Mais t'es qui, toi ?!?! s'étrangla l'un des hommes , à genoux , la main en sang après avoir été désarmé…

- En vérité, répondit Cesar en pointant son katana dans sa direction, je préfèrerais savoir qui vous êtes et pourquoi vous avez attaqué aussi lâchement ma Princesse… Pour qui travaillez vous ? Attention aux mauvaises réponses, ma lame est taquine, et un accident est si vite arrivé… »

Plutôt que de lui répondre, les hommes appuyèrent tous en même temps sur les boucles de leurs ceintures… L'instant d'après, tous s'évaporaient dans une sorte de téléportation, transportés par un puissant sortilège…

« Hum… De la magie Eldween… Voilà qui est contrariant… » murmura Cesar.

Il fit un tour sur lui-même, regardant, au loin, le magnifique château de la valse :

« Quelle Princesse surprenante, cette adorable Celia… Dire que je n'ai même pas pu m'excuser auprès d'elle d'avoir quitté aussi impoliment la soirée… Quelle faute impardonnable pour un gentleman ! » soupira-t-il, avant de pousser un cri de désespoir :

« Et j'ai déchiré mes gants avec mes pouvoirs ! Un cadeau de Tante Hortensia ! Elle est capable de me jeter un sort pour se venger ! Noooon !!!! »

Alors que le malheureux garçon s'agitait en tout sens, paniqué en imaginant la vengeance de sa tante, une chouette commenta la scène depuis sa branche, écroulée de rire :

« Hou ! Hou ! Hou qu'il est idiot !!!! »

Pendant ce temps, Celia avait été raccompagnée jusqu'aux appartements de Celisty par son escorte…

« Tu es sûre que ça ira ? Insista Vince, toujours son lance pierres à la main.

- Oui, ne vous inquiétez pas… Merci pour tout, Vince… Toi aussi, Kiefer…

- De… De… De rien… » bégaya le garçon en rougissant.

Ils se souhaitèrent bonne nuit avant de se quitter. Celia fit un signe de la main aux garçons qui s'éloignaient, puis entra enfin dans sa chambre. Là, quand elle fut seule avec Kip, elle put laisser éclater sa colère :

« Une tentative de meurtre ! J'ai pas rêvé, c'était bien une tentative de meurtre ?! Dis donc, vous aviez bien oublié de mentionner ça dans le contrat !!!!

- Je suis vraiment désolé… Se répandit Kip en mille excuses… Je ne comprends pas… Je suis vraiment choqué… Dit-il, encore tremblant et pâle de terreur.

- Qui était-ce ?! Pourquoi s'attaquer à moi ?!

- Je l'ignore… Mon Dieu… Heureusement que tu n'as rien… Je suis tellement désolé de n'avoir pas pu te protéger… Et tu m'as vraiment surpris quand tu as frappé ton agresseur… Celisty n'aurait pas pu le faire, elle aurait été pétrifiée de peur, comme moi… Qu'est-ce qu'ils lui auraient fait ?!

- Alors en prenant sa place, j'ai protégé Celisty, soupira Celia, toute colère retombée… J'espère qu'ils ne parviendront pas à la retrouver dans mon monde… Mais en attendant, ici, c'est moi qui suis en danger !

- Je vais faire quadrupler la sécurité autour de toi. Nous serons très vigilants… Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il ne t'arrive plus rien, c'est promis, Celia…

- Merci, Kip… Sourit la jeune fille devant sa volonté de se faire pardonner auprès d'elle. Je n'en demande pas tant, tu sais… Par contre, il faut que je te dises quelque chose : c'était sensé être un dîner, mais je n'ai presque rien avalé… Alors je t'en supplies : trouves moi à manger, parce que je meurs de faim, là !

- Entendu ! Je vais te faire porter un délicieux souper ! Tu vas te régaler, je te promets ! »

La jeune fille eu un rire enchanteur, avant de se laisser tomber sur le gigantesque lit au milieu de la chambre :

« Je suis épuisée… Et je n'ai même pas encore commencé à danser… »

Elle ferma les yeux.

« J'espère que tout va bien pour Celisty… »

… En vérité, au lycée, c'était la panique.

« Celiiiia !!!! Mais c'est quoi cette horreur ?! Qu'est-ce que tu as fais aux décors du théâtre ?!

- Vous n'avez aucun sens de l'art, soupira Celisty devant son œuvre digne d'un Picasso…

- Celia !!!! T'as massacré les compositions florales !

- Celia !!!! T'as raté la cuisine !

- Celia !!!! Quand est-ce que tu vas t'occuper de la piscine ?! »

La Princesse ne sourcilla même pas devant cette avalanche de doléances.

« Dites, juste une question comme ça, je suis payée pour tous ces travaux ?

- Heu… Non….

- Et je suis obligée de les faire ?

- Heu… Non…

- Et bien faites les vous-même !

- Heiiiiiiiin ?! » s'écria d'une seule voix tout ceux qui avaient profité jusque là de l'inépuisable patience et gentillesse de Celia…

La Princesse passa une main dans sa chevelure, s'éloignant d'un pas altier.

« A partir de maintenant, je ne serais plus l'esclave de personne… De toutes façons vous ne pourrez pas me virer tant que la mairie paye ma scolarité et que j'ai de bonnes notes ! »

Frisson parmi les spectateurs…

« Et au fait, je vous ai bien tous observés, ces derniers mois… »

Celisty eu un sourire sadique :

« Tout ceux qui ont particulièrement été méchants avec Celia… Hum… Avec moi… Je vous promets que je vais vous faire entrevoir les portes de l'enfer… »

… Oui… Pour Celisty, ça allait même très bien !!!!