Pairing : Iemitsu x Basile Hibari x Tsuna

Avant toute chose, merci à tous ceux qui ont lu, apprécié, reviewé les Incongruités jusqu'ici – ou qui continuent à le faire. Néanmoins, je me dois d'annoncer que cette incongruité est la dernière. Non pas que d'autres idées improbables ne soient pas en sommeil, mais parce que le temps et l'envie s'en sont allés – cette expression n'est-elle pas ridiculement pompeuse ? xD

Nonobstant, tout est dit. Merci encore !

Bonne lecture

Tsuna avançait lentement dans le couloir aseptisé, chacun de ses pas résonnant sur le sol carrelé. La présence calme d'Hibari à ses côtés l'incitait à ne pas flancher. Ils arrivèrent devant la chambre 23 et il dut inspirer un grand coup avant d'ouvrir la porte.

Son père dormait, mais une impression générale de fatigue persistait néanmoins sur son visage. Tsuna frémit en voyant l'aiguille fichée dans son bras gauche. Dans un fauteuil, tourné vers lui dans une position attentive, se trouvait Basile, lui aussi profondément endormi. Tsuna les regarda un instant, le maître et le disciple liés en toutes circonstances, puis posa délicatement les fleurs offertes par Bianchi sur la table de chevet, ainsi que les plats cuisinés par sa mère. Il rejoignit Hibari dans le couloir, affecté, en dépit de toutes ses bonnes résolutions, par cette vision de son père dans un tel état de faiblesse. Son cancer de la prostate avait heureusement été détecté à temps, et il savait que les choses auraient pu être bien pires, mais il ne se résignait pas à voir son père traverser une telle épreuve.

Hibari l'emmena prendre un café en attendant que Iemitsu se réveille.

Iemitsu ouvrit les yeux. Un pot de fleurs inédit et des boîtes en plastique de couleur qui devaient très certainement contenir les délicieux plats de sa femme étaient posés près de lui. Il jeta un coup d'œil à Basile, assoupi. Une mèche de cheveux châtain barrait son visage il aurait aimé tendre le bras et la glisser en arrière, mais il se sentait trop faible. Sa prostatectomie partielle, quoique réussie, n'en était pas moins une opération lourde.

Il se mit à observer le ciel couvert de nuages. Ce cancer avait été salutaire, d'une certaine façon. Il lui avait permis de se recentrer sur l'essentiel. Sa famille, en premier lieu, trop longtemps délaissée, entre cette femme si douce mais si lointaine et ce fils qui devenait un homme, laborieusement et discrètement. Basile, également, ce compagnon du quotidien dont l'amour éperdu semblait ne connaître aucune limite. Basile qui, lorsqu'il avait appris la nouvelle de sa maladie, avait manqué de défaillir et, la semaine suivante, avait passé ses nuits à pleurer toutes les larmes de son corps tout en s'efforçant de se monter fort, le jour, de le soutenir comme une épouse et un fils en même temps.

Basile gémit dans son sommeil. Les mauvais rêves s'étaient faits récurrents depuis qu'ils étaient arrivés au Japon. Sans doute craignait-il qu'une fois Iemitsu réuni avec sa femme et son fils, il n'ait plus besoin de sa présence et le considère à nouveau exclusivement comme un élève. Mais Iemitsu en aurait été incapable.

Le garçon s'éveilla, les paupières papillonnantes et l'air égaré. Iemitsu lui adressa un sourire tendre auquel il répondit avec confiance. Puis il s'étira et vint s'allonger contre lui, précautionneusement. Subitement, Iemitsu eut envie de lui. Du contact de son corps tiède et ferme, du soyeux de sa bouche impatiente, de la caresse de ses cheveux doux. Il détacha la chevelure nouée en queue-de-cheval et passa dedans une main impatiente. Basile frémit et leva vers lui un regard interrogateur, auquel il répondit avec un baiser assuré et délicat. L'adolescent le lui rendit avec ferveur, se perdant dans l'étreinte virile de son maître.

Iemitsu avait été sujet à des crises répétées d'impuissance, en dépit de son cockring, et c'était ainsi qu'on avait diagnostiqué le cancer. Depuis, la fréquence de leurs rapports sexuels avait décru et ils ressentaient tous deux un certain manque, aussi leur excitation se fit rapidement insoutenable. Iemitsu glissa une main douce jusqu'à son entrecuisse et entreprit de le caresser. Basile feula. Ses cheveux éparpillés autour de son visage bouleversé par le plaisir attendrirent et excitèrent conjointement Iemitsu, mais lorsqu'il voulut se glisser entre les jambes de son jeune amant, une douleur lancinante dans le ventre lui rappela que son opération était trop récente. Basile le comprit également et il porta docilement sa bouche à son sexe. Cette fellation inattendue couvrit son corps de frissons. Quelques minutes plus tard, il se répandait dans la bouche de son amant, lequel affichait une expression de profonde satisfaction à l'idée d'avoir comblé son maître.

Iemitsu prit véritablement conscience à cet instant qu'il ne pourrait jamais plus concevoir sa vie sans Basile, toutes terribles que puissent être les difficultés que sa présence dans son existence ne manquerait pas d'amener.

Hibari s'ennuyait. Il avait parcouru dans son intégralité un numéro de l'Asahi Shinbun et observé avec minutie les quatre autres personnes présentes dans la cafétéria de l'hôpital, avant de reporter son attention sur Tsuna, qui s'escrimait présentement sur une grille de mots-croisés. Il détailla son expression concentrée, la frange de cils clairs qui ombrageait son regard innocent, sa lèvre inférieure qu'il malmenait avec force mordillements. Lentement, le désir se faisait plus compact dans son ventre, et il réalisa que pour être inapproprié en de telles circonstances, le sexe n'en était pas moins un excellent moyen de pallier l'ennui.

Il posa une main ferme sur celle de Tsuna qui tenait un crayon et le garçon leva vers lui ses yeux couleur caramel, attentif et docile. Hibari savait parfaitement quel effet avait sur lui son regard sombre et attendit que Tsuna soit suffisamment mal-à-l'aise pour que s'impose une douce caresse de réassurance. Son compagnon lui sourit tendrement alors que les doigts pâles frôlaient la peau veloutée de sa joue.

« Si on allait faire un tour ? » suggéra Hibari.

Tsuna acquiesça et rangea ses affaires avant de suivre son amant. Lequel l'entraina au détour de couloirs presque identiques avec une telle aisance qu'on aurait pu croire qu'il avait vécu dans cet hôpital les dix dernières années de sa vie. Tsuna, bien que sachant que ce n'était absolument pas le cas, le suivit néanmoins avec confiance, une confiance qui ne s'altéra pas le moins du monde lorsqu'Hibari l'entraina dans une chambre vide et le poussa sur un lit. L'odeur d'antiseptique était noyée par le parfum qu'il dégageait et qui traduisait une peau échauffée par l'excitation. Tsuna ignora résolument tous les éléments qui pouvaient évoquer un hôpital, ne se concentrant que sur Hibari, sur son tee-shirt qu'il relevait, son ventre qu'il embrassait et son pantalon et son caleçon qu'il abaissa d'un même mouvement jusqu'à ses genoux.

Hibari ouvrit son propre pantalon et Tsuna discerna sans difficulté l'érection qui distendait son boxer. Dans un élan d'avidité, il le descendit lui-même le long des cuisses d'Hibari, et commença à sucer son sexe raide jusqu'au moment où, d'un geste doux et ferme à la fois, son amant le repoussa en arrière. Tsuna reprit place sur le lit et laissa Hibari se glisser entre ses jambes, savourant le contact de leurs peaux brûlantes et mordant sa clavicule pour ne pas gémir lorsqu'il le pénétra.

Chaque saccade de leurs bassins conjurait les images difficiles, repoussait les réalités pénibles car noyait son corps et son esprit d'un plaisir brut, sauvage. Il voulait qu'Hibari le marque de sa bestialité, ripant sa peau à mesure qu'il s'enfonçait en lui, haletant et entièrement consumé par l'ivresse. Après un dernier coup, plus sec que les précédents, Tsuna jouit, et s'affala en arrière. Il laissa son amant arriver à l'orgasme, tressaillant quand ce fut le cas car Hibari accompagna la jouissance d'une morsure à sa gorge. Tsuna savoura la sensation de leurs ventres humides l'un contre l'autre, du poids d'Hibari au-dessus de lui, de la douceur de ses cheveux noirs dans lesquels il passa une main molle. L'extase l'avait anéanti.

« Nous devrions y retourner, Tsunayoshi. »

Il hocha la tête et se redressa, se rhabillant sans un mot.

« Tu vas bien ? »

Hibari, tout en rajustant, son jean, le dévisageait. Tsuna hésitait sur la réponse à donner. D'un côté, il portait encore en lui les échos de son récent orgasme et il était soulagé que son père aille bien. De l'autre, il savait que le cancer de Iemitsu pourrait revenir, sans qu'on s'y attende, un jour, et le voir ainsi avait également soulevé le problème que lui posait leurs rapports fragmentés. Tsuna ne savait jamais comment réagir en présence de père presque étranger, et une part de lui était envieuse de la relation complice qu'il semblait avoir avec Basile.

« Ton père t'aime, Tsunayoshi. »

L'amour, qu'il soit filial, amical ou même conjugal, faisait partie de ces sujets qu'Hibari n'abordait jamais. Aussi Tsuna perçut-il cette phrase comme un véritable effort de sa part, destinée à le rassurer et le réconforter, et qui était l'admission également que leur étreinte n'avait pas suffi à apaiser ses angoisses. Il prit une nouvelle fois conscience des sentiments d'Hibari à son égard. Outre son désir ardent, qu'il ne cherchait pas véritablement à cacher, il y avait une myriade d'émotions autrement plus complexes qu'il ne traduisait qu'en signes infimes et, maintenant qu'il savait déceler ses signes, Tsuna avait acquis une certaine forme de certitude à ce propos. Il alla se blottir contre Hibari, persuadé que son amant était parfaitement conscient de l'ambivalence qui l'habitait.

« Allons-y », ordonna Hibari d'une voix douce.

Lorsqu'il pénétra dans la chambre 23, Basile était assis sur le lit de son père, son visage appuyé contre son épaule. Ils regardaient un album photo et l'adolescent s'exclamait en riant à chaque page tournée, sous le sourire attendri d'Iemitsu. Tsuna s'étonna de ce que la pointe de jalousie qu'il attendait face à une telle vision fut si faible. Il se tourna vers Hibari, qui se tenait sur le seuil et lui adressa un signe de tête engageant avant de fermer la porte.

« Bonjour, Papa. »

Iemitsu se détourna un instant de Basile, qui cessa soudainement de rire. Tsuna crut se méprendre en lisant de l'inquiétude et une forme latente de tristesse dans son regard en le voyant approcher.

« Hey, fils. »

Tsuna le serra maladroitement dans ses bras et adressa un bref sourire à Basile. Lequel quitta le lit d'Iemitsu, tressant rapidement ses cheveux pour calmer l'angoisse qui sourdait dans sa cage thoracique. Il tassa une pile de revues, la glissa sous son bras et, après un dernier regard craintif envers Tsuna et plein de regret et d'amour à l'égard de son maître, sortit. Il manqua de heurter Hibari dans le couloir, et s'effaça rapidement. Ce dernier le regarda s'éloigner, songeant à l'inconfort de Tsuna au même moment et à la nature exacte de la relation que son père entretenait avec cet adolescent frêle. Là où Tsuna voyait des rapports filiaux tels qu'il aurait aimé en avoir avec Iemitsu, Hibari soupçonnait une réalité bien différente.

Une fois n'est pas coutume, il se retrouvait à attendre. Et s'ennuyait. Alors, s'asseyant sur un banc d'une hideuse couleur marron, il commença à mettre en place plusieurs scénarii qui impliquait un Tsuna nu et décadent, et lui en conquérant assoiffé de pouvoir et de sexe. Leur soirée promettait d'être agitée.

Bonus inutile :

Hibari sortit sa pipe. Il se demandait si Tsuna voudrait bien la fumer.