Disclaimer : Kingdom Hearts, univers comme personnages, ne m'appartient nullement, je ne tire donc aucun profit de cette histoire.

Note de l'auteur:

Presque un an de hiatus. Ça devrait être un record, je sais, mais c'est tristement très commun de ma part.

M'enfin, j'espère que ce chapitre sera à la hauteurs de vos attentes, c'est un véritable monstre de 37 pages qui m'a fait suer sang et eau. Les fans d'AkuRoku devraient aimer.

Ah, au fait, désolée pour les fautes d'orthographe ou les phrases incompréhensibles, j'ai beau me relire, mon cerveau a fait une overdose de PMDGEE, et il refuse de corriger trois mots de plus. : l

Bonne lecture.


Partie III

un peu de lumière, ça peut aider.

- Chapitre 5 -


« Comment ça 'Roxas est en Enfer' ? » répéta lentement Marluxia en déposant sa plume d'or sur son bureau en nuages taillés, son visage l'image même du calme... olympien.

« Euh... » hésita Sora quelques secondes, nerveux, un sourcil levé. « Roxanne est coincé au sous-sol? » tenta-t-il de nouveau, se rapprochant discrètement de Riku.

Son ami aux cheveux argentés se frappa le front du plat de la main, exaspéré, tandis que le seigneur des dieux leur adressait un regard vide.

« Axel a... kidnappé mon fils ? »siffla dangereusement l'homme aux cheveux roses, le visage déformé par la rage. Sora eu un hoquet de surprise.

« Ton 'fils' ? » s'exclama-t-il, les yeux écarquillés en une mimique incrédule . « C'est bien la première fois que-

- Non, Roxas a suivi Axel de son plein gré, ça n'était pas un enlèvement. » l'interrompit calmement Riku en réponse au seigneur du ciel, adressant un regard d'avertissement à son demi-frère.

« Je connais Axel. » répliqua sèchement Marluxia en foudroyant ses fils du regard. « C'est un perfide, un menteur et un criminel. Qui sait ce qu'il a pu raconter à Roxas pour qu'il le suive jusque dans son domaine. Il n'a aucun scrupule, c'est un fait certain. »

Les deux amants se lancèrent un regard anxieux.

« … N'est-ce pas là ta rancune personnelle qui parle? » hésita Riku, une légère sueur froide coulant le long de son dos tandis qu'il tentait de conserver un visage de marbre.

Son père lui adressa un regard effrayant, empli de haine, de rage et d'indignation. Sora porta une main à son torse avec un petite grimace, sentant très nettement la pointe de douleur qui pulsait dans le cœur de son père immortel. Le sol sous leurs pieds trembla légèrement, le blanc neige des nuages taillés cédant bien assez tôt la place à un anthracite orageux, signe de tempête. Un grondement inquiétant se fit entendre dans le lointain, et ils sentirent une magie ancestral les traverser de part en part, se libérant en vagues écumantes de leur père, qui se dressa de toute sa hauteur face à son bureau.

D'un geste vif et brusque de la main, il fit apparaître un éclair crépitant qui alla s'abattre dans un grand fracas dans une des quatre petites fontaines de marbre qui trônaient aux coins de la grande salle de travail. Une lumière blanche les fit plisser un instant des yeux, et les deux frères serrèrent leurs doigts contre la paume de leurs mains, prêt à invoquer leurs armes stellaires à tout instant, si la situation l'exigeait. Zeus était furieux.

Le roi des dieux ignora cependant ses deux enfants, son regard brûlant posé sur la pierre intacte de la petite fontaine. La foudre s'était contentée de traverser les nuages taillés, éclaboussant simplement le miroir trônant au dessus de la petite source intérieure. De petites gouttes de nectar coulèrent lentement le long des feuilles gravées dans l'argent du cadre, et Sora retint un instant son souffle, ayant bien vite compris les intentions de son père. Doucement, certainement invoqué par une quelconque magie divine, un arc-en-ciel apparut dans le fin rayon de lumière qui illuminait la surface du miroir, les gouttes de liquide ayant décomposé sagement le petit rayon de lumière qui filtrait au travers d'une des meurtrières de la pièce.

« Rikku! » intima brusquement Marluxia en direction de l'illusion colorée, ses yeux d'un bleu azur tournant doucement au gris orageux. « Viens ici immédiatement. »

Lentement, à la manière de son arc-en-ciel, un visage se dessina dans le miroir, courbe par courbe, jusqu'à ce que le buste d'une frêle jeune fille ne les observe, non sans une certaine angoisse, depuis sa petite lucarne. Elle avait de longs cheveux blonds tressés, noués en un chignon haut et drapés d'un foulard chamarré. Une multitude de perles et de plumes de toutes les couleurs humainement imaginables encadrait son visage poupin, illuminant son délicat teint de pêche.

« Père? » fit-elle, hésitante, quelque peu surprise par l'irritation de son seigneur. Son regard passa de Riku, à Sora, pour revenir à son invocateur, plus perdue que jamais. « Que se passe-t-il ?

- Je veux que tu m'écoutes très attentivement. » fit le seigneur des dieux en ignorant sa question, les yeux durs, tout en contournant son bureau, son chiton lunaire tourbillonnant élégamment autour de ses genoux « Et que tu répètes mot pour mot mon message à Hadès, seigneur des Enfers. »

La jeune fille pâlit soudainement, ses yeux couleur de ciel s'écarquillant sous le choc tandis qu'elle portait une main à se bouche. Un éclair coupable brilla au fond de ses yeux, mais elle garda le silence, se contentant de hocher la tête en se mordant la lèvre inférieure. Et si ni Marluxia, trop perdu dans sa colère, ni Riku, inquiet au possible, ne remarquèrent la lueur dans le regard de la jeune fille, Sora, lui, ne fut pas dupe. Il fronça les sourcils d'un air pensif. Quelque chose ne collait pas. Et il comptait bien découvrir quoi...


Roxas espérait réellement ne jamais avoir à rencontrer Aladdin, de tout son séjour en Enfer.

Non... ça n'était pas tout à fait correct, s'il était honnête. La vérité vraie était qu'il ne l'espérait pas: il priait de tout son cœur pour ne jamais avoir à le croiser. Et venant d'un dieu, ça n'était pas simple et banale remarque. Il ne supporterait tout simplement pas une nouvelle humiliation, son égo déjà en lambeaux criant à présent grâce depuis les tréfonds de son esprit.

Non sans une pointe d'irritation, il poussa prudemment le rideau épais faisant office de porte, enjambant les éclats de verre du cinquième pot qu'il avait malencontreusement renversé dans sa montée dans l'obscurité.

Avec un juron, manquant de trébucher sur le rebord protubérant d'un cabinet en bois, le dieu du printemps brandit de nouveau ses mains devant lui, sa patience s'amenuisant de secondes en secondes.

Cette quarantaine commençait sérieusement à les lui briser.

La seule chose maintenant ensemble les deux derniers morceaux de sa patience était la perspective de mettre la main sur ce Iago, la quarantaine terminée, et de pouvoir préparer un délicieux rôti de perroquet pour son hôte (Ce que Iago était, d'après Axel).

Avec un soupir de soulagement, le jeune dieu posa prudemment la pointe de ses doigts contre la matière souple et moelleuse d'un duvet de plume ; il avait enfin trouvé la chambre, semblait-il.

Sans plus de tergiversations, le garçon s'allongea de tout son long sur le lit aux montants en métal, enfouissant son visage dans les oreillers délicats et inspirant profondément. Jasmin et miel, reconnurent ses papilles, sans effort, lui attirant une légère grimace de mépris. C'était un brin trop féminin à son goût, mais il supposait qu'il devrait s'en accommoder pour les jours qui suivraient...

Avec un grognement de douleur mal dissimulé, les muscles contractés par ses maltraitances précédentes, le garçon blond entreprit de rouler sur le dos, la pulpe de ses majeurs crépitant doucement des derniers résidus de sa pauvre source interne de magie, presque totalement épuisée par la pierre lunaire de ses menottes, l'invocation à répétition de keyblades et le black-out magique impromptu.

Les sourcils froncés et la mâchoire serrée, il massa doucement la peau de ses doigts d'un pouce calleux. Ça n'avait certes pas été la première fois qu'il avait eu à souffrir d'épuisement magique, ses entrainements en compagnie de Xigbar n'ayant rien à envier à tous ses malheurs quotidiens. Marluxia seul savait combien il était dur de contrôler une grande source de magie tout en restreignant autant ses propres capacités... chose qu'il s'était acharnée à faire appliquer à la lettre depuis la révélation des keyblades de son fils.

Bien entendu, Roxas n'avait jamais eu la moindre preuve concrète de ses soupçons (Quoique le monde des dieux lui-même eut été abstrait au point où il était presque impossible d'espérer trouver quelconque logique dans leur univers...), mais il était loin d'être idiot, et avait vite compris pourquoi personne n'avait jamais pris la peine de lui apprendre à invoquer un simple passage arc-en-ciel (Il arrivait avec peine à en invoquer un, une fois sur dix, simple résultat de son entrainement en autodidacte).

Tous évitaient soigneusement de répondre à ses questions concernant les légendes de la mythologie grecque, sans nul doute afin d'éviter de lui donner des idées d'entrainements plus rigoureux, et il avait dû arracher mot par mot à chacun de ses proches parents la manière d'invoquer une simple boule de lumière inoffensive. La bibliothèque de l'Olympe semblait n'être remplie que de livres insipides et de parchemins blancs, ce qui lui semblait être inconcevable pour un établissement si prestigieux (Zexion n'aurait jamais permis que son domaine ne soit si incomplet, Roxas en était sûr). A force de décennies de recherches lentes et discrètes, allant jusqu'à voyager dans d'autres panthéons mondiaux, le dieu du printemps avait bien dû se rendre à l'évidence: son père avait fait passer une loi magique afin de le garder dans l'ignorance la plus totale concernant la maitrise et la compréhension de leurs sortilèges...

Ainsi perdu dans ses pensées, il sursauta légèrement lorsque le matelas de plumes et de coton s'affaissa sous le poids d'un nouveau venu. Il releva des yeux brillants de sommeil vers la silhouette sombre de son ravisseur et écrasa un bâillement terrible contre le dos de sa main.

« Qu'est-ce que tu fais sur mon lit? » tenta-t-il de grogner, à moitié-endormi.

Son oncle se contenta de rire doucement, se débarrassant nonchalamment de ses sandales d'osier.

« Seule chambre de la maison. » répondit-il, non sans une touche de satisfaction au fond de la voix.

Roxas laissa son visage retomber dans le coussin moelleux, marmonnant quelques mots sans sens à l'attention du squatteur.

« Dors, gamin. » chuchota simplement en retour le dieu des Enfers, amusé, en s'appropriant la moitié du lit.

L'adolescent, bien trop épuisé par le manque de magie ambiant, finit par s'exécuter sans protester, membres engourdis réduits à l'état de masse inanimée. Il ne sentit pas plus le drap blanc qui vint recouvrir son corps courbaturé que la main chaude et calleuse qui lui lissa doucement les cheveux, affectueuse.


Le dieu du printemps se réveilla quelques heures plus tard, petites larmes de sommeil perlant au coin de son œil droit tandis qu'une de ses mains agrippait mollement le tissu mouillé de son coussin (Il bavait parfois durant la nuit, il devait bien l'avouer).

Une présence à ses côtés le fit se tendre momentanément, nerveux, avant qu'il ne se rende compte qu'il ne s'agissait que de son ravisseur (… Peut-être aurait-ce dû l'inquiéter davantage, mais Roxas était trop blasé, après des années à côtoyer le plus perturbant des pères.).

Il écrasa un bâillement contre son avant-bras, quelques nouvelles étincelles de magie venant crépiter gaiement au centre de sa paume. Sa source interne de magie était à peine remplie à un cinquième de sa capacité maximale, mais c'était toujours mieux que l'épuisement magique total.

Quelque peu agité par l'obscurité totale dans laquelle ils étaient toujours plongés, il se redressa en position assise, levant une main au niveau de sa poitrine. Il écarta doucement ses doigts, ses yeux à demi-clos, et concentra le peu de magie récupérée au centre de sa paume, sentant doucement la chaleur au centre de sa poitrine migrer jusqu'à son poignet. Ce fut avec une légère grimace de déception qu'il vit une miniature bille de lumière, de la taille d'un ongle, s'élever quelques pieds au dessus du lit, éclairant faiblement la pièce de sorte que les ténèbres de la chambre se transforment en une forme à peine plus supportable de pénombre.

Soupirant de défaite, il accorda un petit coup d'œil méfiant à l'homme allongé à ses côtés, un bras drapé mollement par dessus son ventre. Sa respiration était régulière (bien que parfaitement inutile), cycle d'inspirations et d'expirations parfaitement rythmées, lentes et profondes. Un peu trop parfaite pour être celle d'un être endormi, à vrai dire.

Le dieu du printemps se mordilla la lèvre inférieure, doigts jouant pensivement avec le tissu doux de son chiton opalin, légèrement plissé au niveau de ses cuisses. Ils étaient condamnés à passer un certain nombre de jours ensemble, semblait-il. Cinq jours pouvaient sûrement paraître ridicules face aux centaines d'années que le garçon blond avait passées à voyager et à apprendre, certes, mais le manque de magie presque constant dont ils seraient sans aucun doute la cible, si loin sous la surface de la terre, sans source artificielle à portée, rendrait certainement insupportable leur petite quarantaine, les rendant plus... humains, en quelque sorte.

C'était sa chance, décida Roxas, sourcils légèrement froncés par la concentration, en se rallongeant doucement sur le duvet de plumes. Pour lui, qui avait toujours dû arracher mot par mot la moindre information aux dieux de l'Olympe et créatures magiques, soumis aux lois de leur Seigneur sans échappatoire possible, se retrouver face à une personne indépendante de tout caprice de Marluxia semblait être l'une des plus belles opportunités de sa vie, lorsqu'il y réfléchissait sérieusement. Sans compter que ce dieu dissident se trouvait être un immortel à la connaissance incommensurable, ayant vécu des centaines de milliers d'années à la tête de l'un des empires parmi les plus colossal et reconnus au monde.

Il aurait été idiot de laisser passer cette occasion sans poser deux ou trois questions.

« Hé, Axel... »

La voix de Roxas brisa le long silence qui s'était installé dans la pièce obscure. Son oncle ne bougea pas d'un pouce, yeux clos et muscles décontractés au possible. Le dieu blond leva un sourcil. Peut-être c'était-il trompé? Hadès, dans son si grand âge, avait-il besoin de dormir particulièrement longtemps afin de composer le nombre grandissant de neurones qui mourraient chaque jour à l'intérieur de son crâne?

« Ouais? » répondit finalement l'insulté, la voix rendue légèrement rauque par le sommeil et le ton quelque peu boudeur.

Perséphone dissimula un sourire satisfait. Dans les dents, violeur de pensées.

« Riku est le seul qui puisse accéder aux Enfers sans ton accord, non? » demanda-t-il sans délai, entremêlant ses doigts sur son ventre dans une pose confortable.

Axel resta un instant silencieux, comme si profitant du calme ambiant (qui ne durerait sûrement pas, à tous les coups).

« Hm. » fit-il en levant une main molle pour lisser la crinière sanguine qui s'étalait sur son oreiller. « Une vraie plaie d'ailleurs. Passe son temps à voler des dossiers à la section administration de l'Erèbe et fout un bordel pas possible à chaque fois... Meg, la secrétaire du niveau moins un, a failli démissionner au moins une bonne demie-douzaine de fois, à cause de lui... »

Roxas leva un sourcil incrédule en direction de son oncle, conscient du fait que ce dernier ne pouvait certainement pas le voir, à travers la pénombre.

« A ce point-là?

- Pire. Je crois bien que la seule personne qui le supporte est Maléfique, la responsable du Tartare. »

Le dieu du printemps sentit l'homme roux hausser les épaules, désinvolte, faisant trembler légèrement le matelas de plumes qu'ils se partageaient bien malgré eux.

« Mais bon, en même temps, c'est pas elle qui se coltine sa cleptomanie: il a accès qu'aux niveaux supérieurs, alors elle l'a jamais dans les pattes, elle. » marmotta-il, un peu plus réveillé, en croisant les bras sur son torse.

« Maléfique ? »

Roxas sentit plus qu'il ne vit le sourire amusé du dieu des Enfers, et sentit l'agacement poindre au fond de son esprit.

« La mère de Riku, gamin. »

Le garçon blond adressa un regard interloqué au plafond, faute de pouvoir réellement entretenir une conversation visuelle (dont il était friand, il fallait bien l'avouer) avec son interlocuteur.

« Mais- » balbutia-t-il, les sourcils froncés en une expression confuse. « La mère de Riku est une Pléïade, non? Une fille de Titan! Qu'est-ce qu'elle ferait aux Enfers? »

Axel eu un petit reniflement dédaigneux, mais le dieu du printemps ne s'en offusqua pas le moins du monde, se rendant bien compte depuis le temps qu'il ne lui était pas adressé.

« Simple. » répondit l'homme aux cheveux cinabres, un pointe de ressentiment au fond de la voix. « Marluxia l'a virée vite fait bien fait, après qu'elle ait essayé de découper Sora en morceaux et de l'enterrer dans le Tartare en compagnie de notre Vieux bien-aimé. Il avait mis des vers de terre dans son lit après qu'elle les ait traités -Yuffie et lui- de vermisseaux pathétiques. Laisse moi te dire que c'était pas beau à voir... »

L'adolescent blond fronça le nez à l'image mentale, pas bien surpris par le portait qu'Axel dressait d'Aphrodite. Dans le mille.

« Son humour a toujours été d'un goût douteux. » admit-il, les images de ses humiliations passées, amoureusement concoctées par Sora lui-même, tatouées à l'encre fluorescente derrière ses paupières (métaphoriquement parlant, bien sûr).

Le seigneur des souterrains eu un grognement d'approbation, clairement amusé malgré lui, et le silence eut tôt fait de s'installer à nouveau, à la manière d'un brouillard épais et particulièrement persistant.

Roxas ramena ses mains calleuses sur son ventre, prenant quelques instants afin de savourer la simple sensation du lin contre ses doigts et du duvet de plumes sous son dos. Rien qui ne l'encouragea à se lever et à tenter de trouver une issue à la quarantaine, en somme. Il devait bien s'avouer... intrigué, pour dire vrai.

Ses doigts s'entremêlèrent dans le tissu de son chiton pâle tandis qu'il réfléchissait à une quelconque question qui fut restée sans réponse durant ses nombreuses croisades à la recherche de la vérité. Bien malheureusement pour lui, les dernières pâtisseries (ou attrape-nigauds éhontés, selon lui) qu'il avait englouties lui pesaient encore sur le ventre, et la digestion, aussi rapide qu'elle aurait dû être, au vu de son statut d'être divin, lui avait quelque peu engourdi l'esprit, rendu humainement lent par le black-out et la fatigue. Ce fut donc avec un haussement d'épaules mental qu'il posa la première question qui lui traversa l'esprit:

« Et donc... À quoi est-ce qu'elle ressemble, cette Maléfique? »

Axel tourna la tête en direction de son neveu, sourcils levés.

« Hum? » fit-il, à moitié perdu dans ses pensées. « Elle sort d'où, cette question, tout à coup? »

Roxas ajusta maladroitement ses jambes endormies, mis mal à l'aise.

« En fait... » hésita-t-il, se sentant d'humeur à être franc, pour une fois. « Ça faisait juste un moment que je me demandais à quoi pouvait ressembler la mère d'Hermès... »

Axel ne dit mot, encourageant tacitement le dieu adolescent à continuer sa phrase. Ce dernier s'exécuta, bon gré mal gré, non sans ajouter une petite dose d'humeur à son ton

« Je veux dire... » fit Roxas en se passant une main molle dans ses cheveux moites de sueur. « Regarde-le bien: il a peut-être les mêmes yeux que Marluxia, mais ses cheveux sont assez particuliers, même pour un dieu... »

Le dieu des Enfers émis un petit bruit pensif.

« Pas faux. » concéda-t-il en se frottant doucement le menton.

« Et puis, la seule personne ayant des cheveux argentés, au panthéon, c'est quand même Sephiroth, alors bon... »

Un ange passa. Il s'arrêta, installa un camp, prêcha les hérétiques, leva une armée de fidèles, et les conduisit au paradis dans un son de cor divinement théologique durant le temps que mis le seigneur des Enfers à comprendre pleinement le sens des paroles de son neveu.

« ... Nan... » lâcha-t-il finalement, mi-incrédule, mi-amusé. « Me dis pas que...? »

Roxas sentit une chaleur décidément trop bien connue s'installer dans la partie la plus charnue de son visage.

« C'est vraiment le seul à avoir des cheveux comme ça, » tenta-t-il d'expliquer à son oncle. « C-c'est normal d'avoir pensé que... Enfin, tu comprends - Tu vas arrêter de rire, oui ? C'est vraiment pas drôle! »

Le dieu des souterrains, l'un des plus puissants des Six Grands, en ligne direct derrière le Seigneur des dieux lui-même, guerrier de légende et maître du plus colossal des empires ayant jamais existé sur leur Terre, en était réduit à une simple masse de rires hoquetants, étouffant tant bien que mal son amusement dans les coussins parfumés et à l'aide de ses poings serrés à s'en blanchir les jointures.

« O-Oh que si! » s'esclaffa-t-il, au bout de longues minutes de fou rire -que Roxas passa à fumer littéralement-, un doigt venant écraser une larme de liesse au coin de son œil droit. « Bon sang ! Un Sephiroth en cloque, hein? Qu'est-ce que je donnerai pas pour voir ça...

- C'est... vraiment trop perturbant... » fit remarquer Roxas, avec une grimace de dégoût, se sentant quelque peu traumatisé par l'image mentale dont il s'était – bien malgré lui- infligé la présence. Axel lui adressa un sourire carnassier à travers l'obscurité.

« Je te le fais pas dire » acquiesça-t-il en se redressant sur un coude, un petit rire toujours présent au fond de sa gorge. « T'as un esprit sacrément tordu, tu sais ça?

- Oh, la ferme... » grogna Roxas en roulant des yeux puis, vaguement honteux, en tournant la tête vers le mur de gauche. « Tu n'as toujours pas répondu à ma question, en plus.

- Ta question ? Tu veux dire, à quoi ressemble Maléfique? »

Le dieu du printemps hocha la tête mollement avant de se rendre compte que l'obscurité empêchait très certainement son oncle de se rendre compte de sa réponse. Il s'accorda donc une moue agacée.

« Oui.

- Ben... On peut pas vraiment l'appeler une gravure de mode en fait. Très grande. Maigre. Peau verte. Des yeux plus noirs que le fin fond du Tartare. Elle porte tout le temps ce long péplos noir, et cette coiffe horrible en forme de cornes de dragon. Assez bonne gardienne de prison, quoi. » conclut le dieu aux cheveux de feu en haussant une épaule, nonchalant.

Roxas laissa cette pensée tournoyer dans son esprit quelques instants, de plus en plus perturbé par les images mentales qu'il s'acharnait à conjurer inconsciemment.

« … Et mon père s'est tapée cette femme? » lâcha-t-il finalement, bien malgré lui, une pointe d'incrédulité au fond de la voix.

- Oh-oh! » s'exclama Axel, railleur, « Tout de suite les grands mots! La petite Roxanne n'est pas aussi innocente que ce que l'on raconte, à ce que je vois... C'est Papa qui doit être content.

- Tu vas la fermer, oui? » l'interrompit Roxas, totalement indigné par les jeux de mots de son oncle. Une fois lui avait largement suffit.

« Hn. » répondit le seigneur des souterrain, faisant preuve d'une répartie sans faille. « C'est comme tu veux, je suppose. Continue à imaginer ton père en train de culbuter Maléfique, si ça te chante, tant pis pour la vérité, alors. »

Roxas manqua de s'étouffer avec sa propre salive, un goût acre ressemblant suspicieusement à celui de la bile rampant le long de son oesophage. Il déglutit, grimace épinglée au visage.

« La vérité? Comment ça la vérité? » répéta-t-il, clairement méfiant.

« Bonne nuit, Roxie !

- Axel ! Quelle vérité ? Ne me laisse pas avec cette ignoble image mentale! »

L'homme aux cheveux rouges émit un petit bruit pensif, très clairement faux.

« Hum... Je sais pas trop si j'ai envie de le raconter, maintenant... »

Le visage de Roxas se tordit en un mélange singulier d'agacement et de résignation.

« Bon, » soupira-t-il finalement, irrité au possible. « D'accord... Qu'est-ce que tu veux? »

Sans surprise, cette scène lui rappelait désagréablement la plupart de ses conversations avec Hayner. Il était vraiment trop bonne poire, il fallait croire.

« Une petite histoire. » répondit simplement son interlocuteur, ayant apparemment déjà préalablement tournée et retournée sa requête dans sa tête. « Mais ça sera pour un peu plus tard: promets-moi juste de me raconter tout ce que je veux, et sans rechigner, Monsieur Bonne Humeur.

- D'accord, d'accord, » bougonna le petit blond, les dents serrées, sentant son oncle se rapprocher dangereusement de lui à travers la pénombre. « Je promets. Maintenant, vire de là, c'est mon côté du lit.

- Compris, sucre d'orge. » ironisa le plus vieil homme en reprenant malgré tout sa position originelle, faisant légèrement rebondir sur le matelas moelleux son vis-à-vis poids-plume.

« En fait, c'était un peu un accident, tu vois.

- Je déteste quand tu commences à parler d'accidents... Et on ne se connait que depuis deux jours... » l'interrompit Roxas, une grimace étirant ses lèvres pâles.

« Arrête de monter de suite sur tes grands chevaux, petit! C'est pas si terrible que ça, vraiment ! »

Le blond émit un petit grognement sceptique.

« En fait, quand j'y pense, c'est Larxene qui a tout déclenché, au final. Toujours à mettre le bordel partout où elle passe, celle-là. » commença Axel, sur un ton songeur.

« Enfin... Tout ça pour dire que c'était l'heure du banquet et, comme d'habitude, on était tous en train de profiter d'un bon repas familial en compagnie de Xemnas, après une guerre contre des cyclopes un peu trop agités. »

Il eut un petit sourire rêveur, fixant le plafond d'un regard vague, comme si se retrouvant une fois de plus face à la scène.

« C'était sympa, à l'époque, d'ailleurs: on pouvait boire dans le crâne des vaincus, jouer avec leurs os et même récupérer leurs chambres et leurs esclaves si on voulait-!

- Axel. L'histoire.

- Hum... En bref, Larxene était comme d'habitude en train de traumatiser Demyx en lui racontant des histoires de limnades qui se faisaient bouffer à petit feu par des insectes anthropophages. »

Roxas lui lança un regard perturbé. Et cette harpie était sa mère?

... Pourquoi s'en étonnait-il encore? Après toutes les horreurs que sa génitrice lui avait fait subir, une ignominie de plus n'était rien.

« Il était tout décomposé. Au bord des larmes. Xemnas était de mauvaise humeur, ce jour-là, d'ailleurs... »

Axel se gratta machinalement sa joue, à l'endroit même où l'une des marques parme décorait une pommette haute, et Roxas lui lança un regard prudent, se souvenant très clairement de l'histoire que lui avait racontée Naminée. Il retint une petite vague de pitié, se refusant à faire subir à son oncle la chose-même qui l'agaçait tant de voir dans les yeux des autres, et ferma les yeux.

« Il ne supportait déjà pas de voir un de ses fils se comporter comme un humain, alors laisse moi te dire que quand Poséidon s'est mis à pleurer comme un bébé et que Demeter s'est mise à rire comme une hyène, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase.

- … Demyx pleurait ?

- Ouais, un vrai gamin à l'époque, plus sensible qu'une jeune vierge en manque de fleurs, une vraie fillette ! »

Il fit une pause entre deux souffles, et s'accorda un petit rire moqueur. Roxas, se sentant visé, lui assena un coup de poing mollasson dans les côtes, et le seigneur des Enfers ravala un petit grognement de douleur qui ponctua la fin son ricanement.

« Enfin, » continua-t-il en se raclant la gorge, une main massant doucement la peau douloureuse. « Toujours est-il que Xemnas n'a pas beaucoup apprécié sa crise de larmes. Il s'est vite retrouvé à jeter des éclairs à travers toute la salle, totalement hors de lui, et à hurler quelque chose comme quoi 'tous les hérétiques devaient purger leurs péchés dans le néant', ou un truc dans le genre. »

Le ton du dieu des Enfers était quelque peu indécis, comme si ne comprenant toujours pas tout à fait les propos de son père, même après tant de millénaires à cogiter dans son sous-sol.

« Toute la famille a dû évacuer la salle, en tout cas, instinct de survie oblige. Certains ont même carrément fuit le palais. Jamais revus, les petits malins. Z'avaient p't'être oublié les pièges disséminés avec amour par Xemnas autour du château. Enfin, tout ça pour dire qu'il a fallu, bien entendu que Vexen 'Je-Sais-Tout' ne s'en mêle, comme d'habitude... »

Vexen? Le conseiller overbooké du Palais d'Erèbe? Qu'est-ce qu'il avait à voir là-dedans?

« Tu te rends bien compte que c'est un Simili, pas vrai? » s'enquérit Axel, clairement amusé par la naïveté et l'ignorance (qui commençait à attendre des sommets) de son neveu.

« Hein? » s'étouffa le dieu du printemps, particulièrement loquace, en se redressant sur le matelas d'un coude. « Mais- Ils n'ont pas tous été jetés au fond du Tartare, après la Titanomachie?

- Hm. » acquiesça le seigneur des Enfers. « Tous sauf lui, Océan, qui était déjà à mon service à cette époque... Pour l'anecdote: tu sais qu'il a trois mille fils, les dieux fleuves -dont l'Achéron, d'ailleurs - et trois mille filles, les Océanides ?

- Vraiment ?

- Ouaip. Je sais, on dirait pas en le regardant, hein? Enfin... »

Axel haussa les épaules.

« Toujours est-il que ce jour-là, il a eu la très mauvaise idée d'essayer de calmer Xemnas. » soupira-t-il en tirant pensivement sur l'une de ses mèches carmines. « Comme tu t'en doute, ça a très vite tourné au désastre, et Vexen s'est fait projeter contre Marluxia, qui est tombé en plein sur Maléfique. Un vrai jeu de dominos, c'était bien marrant, sur le coup. »

L'homme aux yeux émeraudes eut un petit ricanement moqueur, roulant sur le côté afin de faire face à son neveu. A travers le silence soudain total, il eut la très nette impression que Roxas lui lançait un regard plein de pitié et de dédain (Certainement pas répressé, cette fois, pitié ou non). Quelque peu refroidit, il se gratta sa joue tatouée de parme en clignant des yeux, mal à l'aise.

« Bref. » Il se racla la gorge. « Marluxia, en tombant sur Maléfique, s'était fait entailler la main par l'un des éclairs originels de Chronos. Ces trucs là étaient encore mieux que nos épées de mithril (Et ils ne disparaissaient pas aussi facilement que ceux de ton cher père...). Bien entendu, il a fallu qu'il se mette à saigner partout sur la vieille, comme le crétin cyclopéen qu'il est.

- Et... alors? » hésita Roxas, sourcil levé, ne voyant pas vraiment où voulait en venir son interlocuteur.

« Et alors quoi? » rétorqua ce dernier, quelque peu sidéré par les nouvelles plaines d'ignorance qu'il découvraient chez son hôte forcé. « Le sang d'un dieu est presque plus fertile que sa semence, tu devrais savoir ça non? Comment Riku et Sora ont crée leur monstre, à ton avis? »

Un silence embarrassé s'en suivit, et Axel plissa le nez de dégoût. Roxas eut la bonté de cacher son rougissement dans son coussin.

« ... Tout compte fait, pas la peine de répondre, je veux pas savoir ce qui se trame dans ta tête... »

Ce fut cette fois-ci au tour de Roxas de se racler la gorge, mal-à-l'aise, tout en se grattant la joue doucement. Réalisant son geste inconscient, il retira prestement sa main de son visage renfrogné, et agrippa entre deux doigts le modeste tissu de son chiton pâle.

Même pas deux jours en compagnie du dieu aux cheveux rouges, et il commençait déjà à prendre ses mauvaises habitudes? Ça n'allait pas du tout.

« … Et donc... Riku est né à cause de ça?

- Ouais. Une petite goutte de sang plus tard, et Maléfique s'est mise à vomir un bambin pas plus grand que trois pommes qui braillait comme un te raconte pas la tronche de Xemnas, il était vert. Littéralement. »

Le dieu des Enfers éclata d'un rire franc et fort, prenant de court son neveu. Le peu de temps passé en la compagnie de son oncle lui en avait appris beaucoup sur sa personnalité. Il était amer et blessé, et ses propos reflétaient sans peine son tumulte intérieur, sarcastiques et acerbes. Il ne s'accordait que des ricanements moqueurs, des sourires sarcastiques et des petits rires sinistres, se dissimulant sous une façade railleuse. Roxas connaissait bien ce genre de personnes. Que ce soit parmi les humains ou parmi les immortels, nombreux étaient ceux à adopter ce genre de comportement après des siècles de déceptions à répétition. Et pourtant... depuis son arrivée, cet homme aux yeux smaragdins se trouvait parfois à retirer brièvement son masque froid et dur, laissant entrevoir un bon vivant au cœur encore bon, malgré des millénaires de maltraitance. Il était un vrai mystère, indéchiffrable, et l'entendre rire de si bon cœur à une quelconque boutade (Surtout une concernant la cause de ses problèmes, qui aurait du être le plus sensible des sujets) tordait les entrailles du dieu du printemps, à la fois nerveusement et légèrement. Il lui était si facile de repérer cette toute dernière trace d'innocence chez Hadès, lors de ces moments insouciants.

L'adolescent blond se mordit l'intérieur de la joue, forçant bien vite cette remarque au fond de son esprit de peur que son oncle ne la lise. A présent allongé sur le flanc, faisant face à son oncle, il ramena doucement ses genoux contre sa poitrine, la petite bille de lumière faiblissante ayant suffit à lui saper la moitié des maigres forces qu'il avait récupérées.

Il sentit son interlocuteur lui adresser un sourire plein de dents, à travers la pénombre, et une rougeur vint s'installer sur ses pommettes et l'arrête de son nez. Il se passa une main fraiche sur le front, embarrassé, mais son oncle ne s'en aperçu nullement, ouvrant de nouveau la bouche afin de continuer son histoire:

« Vexen, bien sûr, s'est pris la punition de sa vie... Xemnas me l'a donné comme serviteur pour le reste de l'éternité. Mais il a été chanceux, je suppose, car c'est ce qui l'a sauvé: il a été le seul Titan à être épargné.

- Hm. Pour tout le bien que ça lui a fait, au final... » réussit à marmonner le dieu du printemps entre deux doigts, rabattant le drap fin de lin sur son visage brûlant dans l'espoir d'échapper aux yeux de chat de son ravisseur.

Vexen avait peut-être été chanceux, mais pouvait-on en dire autant d'Axel, qui avait eu à supporter les babillages de l'homme blond durant près de quarante-cinq mille ans ? Cela semblait demander un sacré courage, dut reconnaître Roxas, impressionné malgré lui.

Axel eu un petit reniflement amusé en lisant brièvement la pensée de surface de son neveu.

« Merci du compliment.

- Bonne nuit. » grogna Roxas, la tête enfoui dans son oreiller.

Et la conversation fut close.


Le bruit de draps froissés et d'un corps se redressant sur le duvet réveilla Roxas en douceur.

L'air hagard, il porta une main molle à ses yeux, tentant de chasser les derniers résidus de fatigue qui s'y étaient logés. Ses membres étaient légèrement engourdis, et c'est avec difficulté qu'il déplia ses jambes, remontées contre sa poitrine en une position fétale.

La pénombre était toujours omniprésente, sa bille de lumière ayant mystérieusement continué à briller faiblement, à présent scotchée au plafond à la manière d'une luciole. Il pouvait à présent distinguer les contours des meubles, ainsi que la forme longiligne de son oncle, redressé sur son oreiller, qui l'observait sans mot dire. Le dieu du printemps referma prestement les yeux, faisant le mort. La dernière chose dont il avait envie était de se faire entrainer dans une nouvelle conversation pleine d'anecdotes dégoûtantes et de répliques sarcastiques et acerbes (Et sa tendance à rougir pour un rien n'y était certainement pas pour quoique ce soit.).

« Gamin? Tu dors? » s'enquit Axel en poussant légèrement du pied l'une des jambes tendues de l'adolescent.

Après quelques instants d'hésitation et une petite grimace agacée, Roxas se décida à contre-cœur à cesser son petit manège, sans pour autant lever son visage de son oreiller.

« Oui. » grogna-t-il vaguement avant d'inspirer l'odeur de miel de son plumard, ignorant la petite étincelle d'intérêt qui éclot au creux de son estomac (Sa gourmandise l'avait assez mis dans le pétrin comme ça, il ne comptait pas se refaire avoir de si tôt).

Le dieu adolescent sentit plus qu'il ne vit son interlocuteur lever un sourcil moqueur.

« Ça se voit. Je suppose que tu es somnambule?

- Ouais. Et je fais des apnées du sommeil qui me rendent violent aussi. Désolé d'avance pour tes intestins.

- … J'ai hâte. »

Le silence qui s'installa était presque... familier, uniquement brisé par la respiration régulière (et totalement inutile, quand on réfléchissait bien) des deux dieux, encore légèrement somnolents. Axel bailla discrètement derrière sa main pâle avant d'étirer ses bras vers le plafond chenu, doigts entremêlés.

Roxas le sentit se retourner sur le côté, tirant légèrement sur le drap de lin dans son mouvement, mais ne pipa pas, bras enroulés autour de son coussin en une embrassade mollassonne. Axel lui offrit un sourire féroce à travers les ténèbres, et si son neveu n'eut l'occasion (ou plutôt la malchance) de le voir, un désagréable frisson lui remonta le long de la nuque, prologue à l'un de ses trop nombreux mauvais pressentiment.

« Juste une chose. » l'interpella finalement le dieu des Enfers, désinvolte, sa voix de basse à peine plus élevée qu'un murmure. « Tu ne m'avais pas promis de me raconter ce que je voulais savoir si je te disais la vérité? »

Roxas ne put retenir un petit reniflement dédaigneux, sa mauvaise humeur refaisant doucement surface.

« Franchement, vu les cauchemars que ça m'a donné, j'ai vraiment pas envie de faire quoi que ce soit pour toi...

- Ah? Et quel genre de cauchemars? » s'enquit l'homme aux cheveux de feu, taquin, en tapotant de la pointe de son pied le mollet découvert du garçon blond.

Sans même avoir à prononcer un mot (ni à user d'un gramme de puissance magique, d'ailleurs), le dieu du printemps réussit à faire baisser la température de la pièce de plusieurs degrés, muscles tendus et visage sombre. Des vagues d'ondes négatives emplirent bien vite la pièce, et Axel battit en retraite dans son coin du matelas, levant les mains en signe de paix, quelque peu démotivé par la réaction de son interlocuteur.

« Ok. J'ai compris » soupira-t-il. « Pas besoin de t'énerver comme ça.

- Je n'ai rien dit. » fit remarquer Roxas sur un ton glacial.

« Mais tu l'as pensé bien assez fort... »

Le dieu blond souleva la tête, les paroles de son oncle soulevant une vague question qui lui trainait dans la tête depuis leur toute première rencontre (Bien qu'elle ne remonta pas à si loin, à bien y réfléchir). Le nuage métaphorique qui flottait quelques instants plus tôt au dessus de sa tête s'évapora progressivement, pour le plus grand soulagement du seigneur des souterrains.

« Je me demandais depuis pas mal de temps » hésita Roxas en se retournant prudemment sur le côté. « Tu peux vraiment lire dans les pensées? »

Hadès esquissa un petit sourire amusé qui dévoila une canine pour le moins acérée. Le jeune dieu sentit une petite sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale, bien malgré lui.

« Bien sûr... » répondit-il avec un haussement d'épaules désinvolte. « Comme toute la première génération d'olympiens... »

Roxas était absolument éberlué. Les Six Grands pouvaient tous lire dans les pensées ? Depuis quand, exactement ? Et pourquoi donc personne ne l'avait-il prévenu de ce petit détail? Il en grogna de rage en son fort intérieur, à la fois indigné d'avoir été une fois de plus laissé dans le noir, et totalement mortifié quant à ce que les premiers olympiens avaient bien pu voir dans son crâne. Axel eu un petit rire sous cape, clairement grandement diverti par son captif.

« Quelque chose à te reprocher, Roxie?

- La ferme. J'ai rien à me reprocher... » marmonna le dieu blond, totalement exaspéré. « Par contre... »

Le dieu des Enfers émit un petit bruit d'encouragement, encourageant de ses yeux smaragdins son colocataire involontaire à continuer sa phrase. Celui-ci lâcha un soupir contrarié.

« Si Marluxia peut lire mes pensées... Pourquoi est-ce qu'il continue à se comporter comme un idiot quand je suis là? » s'offusqua Perséphone en croisant les bras tant bien que mal sur sa poitrine. « Il doit bien se rendre compte que ça m'énerve plus qu'autre chose, non? »

- Sûrement. » lui accorda Axel.

Il placa une main devant sa bouche, couvrant à moitié un petit sourire railleur.

« En même temps, si tu voyais la tête que tu tires quand t'es énervé, tu comprendrais pourquoi tant de gens aiment t'asticoter. »

Il rit doucement sous cape, ses yeux brillant d'une malice presque enfantine à travers la pénombre.

« On dirait plus un chaton en colère, qu'un tigre enragé.

- Tu dis n'importe qu- Tu vas arrêter de rire, oui? » aboya le dieu de l'innocence en fumant de honte, tentant tant bien que mal de dissimuler les brefs souvenirs embarrassants qui défilaient dans sa tête, bien en vain.

« Alors, laisse moi deviner, » fit Axel, sur un ton faussement songeur. « Non seulement Marluxia n'arrête pas de te traiter comme un bébé, mais Riku ne loupe pas une occasion de te provoquer, et Sora passe son temps à te suivre pour se foutre de ta gueule à chaque faux pas, j'ai juste? »

Sourcils levés, Roxas se tut un instant. Il ne lui semblait pas avoir un seul instant pensé au hobbie particulier de Riku et Sora. Il avisa son interlocuteur d'un air prudent.

« ... Et comment est-ce que tu sais ça, au juste?

- Voyons, réfléchis, tu l'as dit toi-même: Je lis dans les pensées. » répliqua Axel avec un roulement d'yeux mi-amusé mi-exaspéré, une pointe de sarcasme au fond de la voix. « Je ne suis pas assez sénile pour oublier un détail pareil. »

« Oh, désolé, j'aurai cru, pourtant. » rétorqua le jeune dieu blond, l'ironie dégoulinant de chacun de ses mots à la manière d'une sauce chocolat d'un banana-split (Et la comparaison ne fit pas gargouiller honteusement son estomac. Merci bien.).

Le dieu des Enfers fit claquer sa langue contre ses dents, désapprobateur.

« Roxas. Cher Roxas. » murmura-t-il, clairement satisfait. « Continue comme ça, et grand-mère Maléfique sera contente d'avoir un nouveau sujet de test. Dans le Tartare. »

Un silence angoissé s'installa instantanément dans la pièce (Ou tout du moins, du côté de la pièce de Perséphone), et le jeune garçon blond se contenta d'observer son aîné avec de grands yeux anxieux, lèvres cousues ensemble par le fil de la panique.

Pas le Tartare. Pas le Tartare. Pas le Tartare. Pas le Tarta-

« Bon garçon... » concéda finalement le seigneur des Enfers, retenant un petit rire amusé. « Maintenant, dis-moi: combien de crétins courent encore après tes keyblades, là-haut? D'après ce qu'on m'a dit, t'as un sacré paquet de parasites sur le dos, non? »

L'homme aux cheveux roux émit un petit bruit compatissant, et Roxas haussa les épaules, mal à l'aise.

« Aucune idée... Ils sont tous plus idiots les uns que les autres. Leurs tentatives de kidnapping sont assez pitoyables... Sans aucune originalité. » soupira-t-il en se passant une main moite dans sa frange blonde en bataille. « On pourrait croire qu'ils prendraient leurs précautions avant de tenter de capturer un Maître de la Keyblade, pourtant...

- Et ma tentative, alors? » s'enquit Axel, éternel sourire fauve scotché au visage.

« P-Pardon? » balbutia Roxas, pris de court.

« Elle était si terrible que ça? » insista Hadès.

Embarrassé, le dieu de l'innocence rougit de nouveau, maudissant jusqu'à la trentième génération son oncle, absolument certain que ce dernier lui avait jeté un sortilège pour qu'il s'empourpre à chaque question. Il n'avait jamais autant rougit de toute sa vie (Bien malgré ce qu'aurait pu sous-entendre son titre de dieu de l'innocence).

Roxas hésita un court instant à répondre, peu amène face à la perspective d'entrer dans le jeu pernicieux de son interlocuteur. Il fixa résolument le mur opposé à son bourreau, se sentant d'humeur bornée.

« Ça pouvait aller...

- Ooh, tu m'aimes bien en fait, c'est ça? » caqueta Axel en donnant un petit coup de coude dans les côtes de son captif. « T'es tombé sous mon charme, avoue ! »

Le regard que lui rendit la cible de ses railleries était vide.

Axel fut étrangement assaillit par la vision d'un gouffre noir et sans fond, bien connu sous le nom de Tartare.

Il s'empressa de ramener son bras près de son corps, docile.

« Plus le temps passe, et plus je regrette de t'avoir laissé entrer dans cette pièce. » grommela le dieu blond en plissant les yeux d'un air menaçant.

« Ne dis pas ça, je suis sûr que tu le pense pas.

- Tu n'es pas sensé savoir lire dans mes pensées ? »

La petite toux embarrassée qu'eut Axel suffit à expliquer à Roxas tout ce qu'il y avait à savoir. En l'occurrence, que son oncle était un parfait mythomane doublé d'un mauvais acteur.

« Dis tout de suite que tu n'arrives pas à lire toutes mes pensées, au lieu de t'enfoncer...

- T'es vraiment pas marrant, toi. » marmotta le seigneur des morts. « C'est à ce demander ce que Larxene t'as fait, pour te rendre aussi rabat-joie. »

Roxas se figea net, une angoisse sourde et indicible refaisant son apparition au creux de ses tripes.

Souvenirs dangereux, gronda son esprit en fermant boutique. Mieux valait contourner la conversation, et presto...

« ...Alors, qu'est-ce que tu voulais que je te raconte?

- On évite le sujet, hm? » remarqua Axel en levant un sourcil, intrigué.

Il lui accorda un long regard pensif, ses prunelles vertes animées d'une petite flamme de curiosité.

« Bon... » céda-t-il finalement, ses yeux retournant fixer le plafond à peine éclairé. « Et si je te demande de me raconter d'où viennent tes keyblades, est-ce que tu me répondras?

- Non. Tout sauf ça. » répondit dans un souffle le jeune dieu, grimace à l'appui.

Ça n'était pas même une question de volonté, après tout. Marluxia lui avait simplement formellement interdit de divulguer à quiconque la façon dont il avait réussi à acquérir l'une des armes magiques les plus puissantes ayant jamais existé. Bien entendu, ça n'était pas le simple récit de Roxas qui aurait permis à qui que ce soit de découvrir le secret de la keyblade, tout savant qu'il soit. Cependant, rendu légèrement paranoïaque par les millénaires, le seigneur des dieux avait préféré mettre toutes les chances de son côté, allant jusqu'à forcer son fils a faire un pacte de sang, promesse sacrée absolument inviolable, même par la plus puissante des créatures immortelles.

« Hum... Je m'en doutais un peu, à vrai dire... » murmura Axel en croisant les bras sur son torse, son ton léger brisant les pensées vexantes de son captif.

« Alors, » se décida-t-il finalement. « Puisque je n'ai pas carte libre: raconte moi comment Larxene et Marluxia ont échangé leurs pouvoirs, qu'on rigole un peu. »

Un grognement plaintif s'échappa de la gorge de Perséphone, bien malgré lui. Il détestait parler de ses parents -et c'était un euphémisme.

« Oh non! Tout sauf cette histoire...

- Pas de protestations! T'as déjà épuisé ton joker, blondie! » lui fit remarquer Hadès en lui pinçant la joue dans un geste réprobateur. Celui-ci soupira à s'en fendre l'âme, sourcils froncés en une mine triste.

« Et pas la peine de soupirer comme un grand malheureux, je ne cèderai pas.

-... Ça... n'était pas vraiment si incroyable que ça, tu sais. » le prévint le dieu blond, moue renfrognée à l'appui.

Axel se contenta de hausser les épaules en retour, désinvolte.

« Bah, je suis curieux. Larxene sans sa foudre et ses éclairs, c'est comme Luxord sans ses cartes. Ça fait peine à voir, même quand on les supporte pas. »

Roxas devait bien lui concéder ce point. Larxène était vraiment pitoyable depuis qu'elle avait perdu sa foudre bien aimée, noyant chaque jour sa sensation de manque dans des fiasques de nectar (Quoique... Elle le faisait déjà bien avant, quand il y réfléchissait bien). Les cheveux de Marluxia n'étaient plus aussi roses qu'à son apogée en tant que dieu de la végétation, sa source de magie se vengeant quotidiennement de ne plus avoir de forêt à faire pousser.

« Allez, gamin! On a pas toute la nuit non plus, j'aimerai bien pouvoir dormir.

- Menteur. » l'accusa, sceptique, l'adolescent blond. « T'as pas besoin de dormir. »

Axel leva un sourcil étonné, et Roxas eut pour la première fois l'impression d'avoir en sa possession une information qu'il n'était pas censé avoir. Un sentiment de victoire, aussi infinitésimal et éphémère fut-il, lui réchauffa doucement la poitrine et, fort de son succès, il se lança dans son histoire:

« ... C'était à l'époque où ma seconde keyblade est apparue. » expliqua-t-il avant de lâcher un soupir agacé. « Le nombre de vautours tournant autour du palais avait commencé à doubler, et ils venaient avec toutes sortes de raisons différentes, toutes plus idiotes les unes que les autres, vraiment... Je me souviens encore de ce satyre (Un de ceux de Luxord, il me semble), qui avait essayé de me convaincre que l'alignement des planètes voulait que je le suive dans la forêt au pied du Pentélique pour l'aider à ramasser des fleurs... En m'appelant « jeune fille » tous les trois mots...

- Ça m'étonne même pas des satyres, c'est pas les plus intelligentes et poétiques des créatures, non plus.

- Peut-être bien, » répondit Roxas, moue boudeuse bien en place. « Mais quand on s'adresse à un dieu Olympien, aussi mineur soit-il, on y met au moins les formes. »

Axel eut un rire franc, yeux brillant d'un amusement à peine voilé.

« C'est la triste réalité, Rox! Le respect, ça ne s'obtient plus en claquant des doigts et en agitant une clé géante. » ironisa le dieu des Enfers, joueur. « Peut-être que quand tu te laisseras pousser la barbe, ils te foutront la paix.

- … J'ai même pas encore de poils sur les jambes, alors je me vois mal me laisser pousser la barbe.

- Non ! C'est vrai? Même pas un? »

- … Pour en revenir à l'histoire » marmonna le dieu blond, l'air menaçant, tandis que son vis à vis reprenait prestement sa place sur le matelas. « C'est à peu près à cette époque que Marluxia avait demandé à Larxene de m'emmener sur Terre, il en avait assez de devoir repousser tous ces parasites en permanence.

- Laisse moi deviner. » l'interrompit Axel, ses mots suintant l'ironie. « Il ne voulait pas les laisser s'approcher de toi de peur de perdre le contrôle d'un maitre de la keyblade, hm? »

Un arrière-goût amer envahit la bouche du dieu du printemps et il baissa les yeux vers son chiton opalin, où ses doigts s'entremêlaient sans but, nerveux. Même si toutes leurs conversations semblaient tendre vers cette conclusion ultime, entendre ces mots-là dans la bouche d'une tierce personne était un choc certain.

« C'est ce que j'en ai déduit, avec le recul. » murmura-t-il finalement, son ton posé contrastant grandement avec son front plissé par la contrariété. « Mais va savoir ce qui se passe dans sa tête, il aime bien trop manipuler les gens pour qu'on puisse le cerner réellement...

- Tu prêches un converti, petit. »

Ils s'échangèrent un petit sourire, maladroitement compréhensif dans le cas d'Axel, et quelque peu soulagé dans celui de Roxas. Un silence semi-confortable s'en suivit, durant lequel le petit dieu blond s'appliqua à retirer une par une les petites peluches des draps de coton dont était recouvert le duvet de plumes. L'homme au chiton noir se décida le premier à briser la monotonie:

« Perdu ta langue? »

Le dieu de l'innocence adressa son plus beau regard noir à son bourreau (bien que ce dernier ne pu l'apprécier à sa juste valeur, à travers la pénombre). Il commençait à en avoir franchement assez de se faire sortir de ses pensées par l'homme roux aux moments les plus inopportuns. Cependant, malgré sa façade d'exaspération, il se devait bien de reprendre son récit, aussi pénible à conter fut-il. Ce fut donc sur un ton légèrement hésitant qu'il continua l'histoire de ses parents:

« À l'époque, Larxène était encore la déesse du ciel et de la foudre. » précisa-t-il avec une grimace affligée. « C'était Marluxia qui s'occupait de l'agriculture et des moissons, mais je suppose que tu le sais mieux que personne. »

Un sentiment de culpabilité particulièrement mal placé le força à braquer son regard sur la silhouette d'un secrétaire de bois brut, évitant ainsi de croiser les yeux expressifs de son interlocuteur.

« Le problème était qu'en tant que reine des cieux, elle ne pouvait pas s'éloigner de l'Olympe plus de quelques jours, ou le palais risquait de s'écrouler sur lui même. » soupira-t-il.

« Ce qui est logique, vu que l'Olympe est juste un palais taillé dans les nuages. Il faut un type de magie bien spécifique pour le maintenir en l'état. » acquiesça Axel avec un hochement de tête approbateur.

« Marluxia, en tant que seigneur des Dieux, ne pouvait pas se permettre non plus de quitter le palais. Il avait trop de responsabilités là-haut.

- Déjà bien moins que moi, je parie... » marmonna Hadès avec un reniflement de dédain.

« Vu le temps qu'il passe à folâtrer et à pondre des enfants, je suis d'accord avec toi.

- Pour une fois ! » s'exclama Axel en lui lançant un sourire satisfait. Roxas leva les yeux au ciel (plafond, si l'on souhaitait être précis), amusé malgré lui, et se décida à terminer son récit au plus vite, sa patience en étant presque arrivé à son point de rupture.

« On a longtemps cherché une solution, et entre temps, j'ai eu droit à tellement de tentatives d'enlèvements que j'étais devenu connu à l'Olympe. On me surnommait 'L'Insaisissable'.

- On dirait un nom de super héros. Ça fait con.

- On ne peut pas s'attendre à beaucoup d'originalité de la part de créatures magiques. » répliqua Roxas en haussant les épaules. « D'ailleurs, les Dieux aussi deviennent de plus en plus prévisibles. Ils sont beaucoup trop accrochés à leurs anachronismes. Je me demande pourquoi il ne vivent pas avec leur temps, on vit pourtant une époque pacifique et révolutionnaire... »

De toutes les époques dont il avait pu apercevoir des bribes, dans le bassin de salle des prédictions, sanctuaire de Sephiroth Apollo, c'était cette époque-ci, l'Antiquité, que Roxas avait toujours préférée. La vie y était douce pour les dieux, dont les armées de fidèles pratiquants priaient quotidiennement, remplissant la source de magie des immortels sans même s'en rendre compte. Il était toujours agréable pour le dieu du printemps (même si son titre lui faisait honte), de voir que même lui était encore adoré par les humains sans qu'ils n'eussent des intérêts personnels dans cette affaire, ou qu'ils ne le craignent trop pour oser douter de son existence (Bien que l'idée soit ridicule: il n'était qu'un dieu mineur de l'innocence, rien de bien effrayant), à la manière des humains des siècles qui suivraient.

Axel émit un petit bruit pensif, sortant son neveu de ses rêveries. Il ne s'en offusqua pas immédiatement, pour une fois, encore à moitié plongé dans ses songes.

« Tu devrais peut-être plutôt te demander pourquoi tu restes si vieux-jeu pendant que tous tes copains s'amusent, non? » demanda l'homme aux cheveux d'un rouge d'aniline, sans moquerie aucune (Une fois n'était pas coutume). « Tu gâches ton adolescence.

- Je t'en fais, des remarques, moi, Monsieur le ravisseur à la manque ? » répliqua Roxas, sourcils froncés, quelque peu vexé par sa déclaration (trop juste, s'il était honnête).

« Ouais, tu viens d'en faire une. » lui fit remarquer Hadès en reprenant son ton railleur précédent. « Mais pourquoi ne pas m'appeler 'le ravissant qui nous manque', plutôt? C'est déjà plus flatteur.

- Parce que tu ne le mérites pas, » gronda le petit dieu blond, restes de magie tourbillonnant furieusement au creux de son ventre. « Et que si tu ne me laisses pas finir mon histoire, je te jure que je te vire de ce lit coup de pied au cul, et que tu dors sur la couche jusqu'à la fin de cette quarantaine, c'est bien compris? »

Axel aurait très bien pu rétorquer à l'aide d'une de ses fameuses menaces d'outre-tombe, et clouer ainsi le bec à ce jeune captif si impertinent, mais il devait bien s'avouer que le caractère bien trempé de son neveu était une bouffée d'air frais dans un royaume devenu monochrome avec les siècles, à présent fade et rébarbatif à ses yeux blasés. C'est donc avec une certaine chaleur qu'il répondit à la menace par un petit « Oui, chérie » moqueur, sourire content accroché aux lèvres. Avec un reniflement dédaigneux, Roxas continua son récit:

« Je disais donc que la solution nous avait échappé durant une bonne dizaine d'années -les pires de toute mon existence-, jusqu'au jour où Zexion trouva dans les vieilles archives des Similis un rituel primitif d'échanges de pouvoirs. »

Il lacha un soupir las: ces souvenirs n'étaient certainement pas les plus joyeux de son existence, et il évitait la plupart du temps d'avoir à les ressasser. N'avait-il pas promis à son oncle de répondre à ses questions sans (trop) broncher, il n'aurait jamais accepté de compter à nouveau cette histoire.

« Bien entendu, Père a d'abord refusé. Il savait bien que Larxene n'allait jamais accepter de céder ses éclairs, et il n'était pas vraiment prêt à renoncer à sa nature non plus... Et puis un jour... Sephiroth m'a défié en duel. »

Axel se figea sur l'instant, raide comme un lance de mithril, et Roxas s'accorda une pause, sourcil levé en une question silencieuse.

« Attends... Sephiroth? Tu parles bien de Sephiroth Apollon, là ? » demanda prudemment le dieu des Enfers, clairement abasourdi. « Il sait se battre? Depuis quand?

« C'est le meilleur des combattants de l'Olympe. » répondit Roxas, confus. « Il a même vaincu Xigbar lors d'un combat singulier.

- Tu plaisantes ? Sephiroth n'avait jamais touché à une arme de sa vie avant la Titanomachie !

- Axel... Ça remonte à presque cinquante mille ans... » fit remarquer doucement le garçon blond, comme si s'adressant à un enfant en bas âge (ou à un attardé mental, au choix... Roxas préférait personnellement la seconde option, sans surprise.).

« Quarante-cinq mille, en fait. » précisa automatiquement Axel. Roxas haussa les épaules, nonchalant.

« Et alors? Il a eu tout le temps qu'il lui fallait pour apprendre, ça revient au même! »

Le seigneur des souterrains fit la moue. Son neveu l'ignora royalement, comme à son habitude.

« Bref, je disais donc que Sephiroth m'avait défié en duel. » grogna le dieu du printemps. « Bien entendu, Marluxia était totalement opposé à ce combat, mais j'aurai été ridiculisé ad vitam eternam si j'avais refusé son défi, et je te prie de croire que je n'étais déjà pas très respecté, sans en plus en rajouter une couche! Je me rappelle vaguement m'être battu pendant un sacré bout de temps. Je crois même que j'ai perdu principalement à cause de mon manque d'endurance, mais Sephiroth a été tellement impressionné par ma maîtrise de la keyblade qu'il a demandé à Marluxia de pouvoir me prendre comme compagnon de vie. »

Axel en était bouche bée. Sephiroth? Un compagnie de vie? Le dieu de la médecine était particulièrement connu pour sa frigidité, choisissant ses amants au compte-goutte, selon des critères très précis et s'en débarrassant aussi sec, sans le moindre remord (Il était l'exemple parfait de l'aspiration de Xemnas, et en tant que tel, avait toujours occupé une place privilégiée aux côtés du titan). Il était impensable de l'imaginer apprécier un immortel assez pour choisir de partager le reste de son éternité avec...

« Je pense que c'est aussi en partie à cause de ma ressemblance avec Cloud... » précisa Roxas, son ton hésitant.

Axel claqua des doigts, un éclair de compréhension illuminant ses yeux smaragdins.

« Ah! Je me rappelle, maintenant ! » s'exclama-t-il. « Sephiroth a toujours fait cette fixation bizarre sur Artémis. Je l'ai toujours soupçonné de se taper un 'sister complex'. »

Le garçon blond haussa un sourcil face à l'anachronisme éhonté.

« Un 'brother complex', tu veux dire, non ? » le reprit-il, plus pour la forme que pour le fond. « Cloud est un homme.

- Mais c'est une déesse. » souligna Axel avec un certain plaisir sadique.

« Et alors? » grogna le dieu du printemps en grinçant mentalement des dents. « Je suis bien une... 'déesse', moi aussi, il n'empêche pas que je suis un homme. »

Le dieu des Enfers fit claquer sa langue contre son palais dans un bruit désapprobateur.

« Pas la peine de prendre ce ton avec moi, gamin! Un 'garçon', encore, je veux bien, mais un homme? T'as même pas encore mué correctement, petit. »

Ce qui était totalement faux, fuma intérieurement le dieu adolescent. Sa voix était un mélange subtif de tons rauques et clairement masculins (Et son ténor n'avait rien à envier au baryton de Riku. Presque. Pas un mot.). Il aurait bientôt une voix grave et virile, lorsque son adolescence céleste aurait atteint sa conclusion, et rirait bien qui rirait le dernier...

« ...J'en ai marre de me répéter, Axel : La ferme. » gronda-t-il, croisant de nouveau ses bras sur sa poitrine.

Assez étrangement, le concerné s'exécuta, bien que Roxas pu littéralement sentir l'amusement dégouliner de tous les pores de sa peau. Le garçon blond entreprit de bouder de façon très consciencieuse.

« … De toute façon, Sora non plus n'a pas fini de muer. »

Axel ne put retenir un reniflement amusé.

« Sora est marié à un homme d'un mètre quatre vingt quinze, à la carrure de cyclope et à la mâchoire de catcheur. » fit-il remarquer avec une certaine allégresse. « Il est considéré comme la Déesse la plus belle de l'Olympe par les mortels, a (soit-disant) plus d'un milliers d'amants différents, et est la divinité la plus fertile du panthéon grec. Sans compter que-

- Ça va! » l'interrompit Roxas, mains fermement plantées sur les oreilles, ayant déjà entendu ce même discours un bon nombre de fois dans la bouche (alcoolique) de sa déesse de mère. « Ça va, Axel, j'ai compris. 'Sister complex', donc.

- … Je parie toute ma réserve de nectar que Marluxia a dit 'Non'.

- Wow. » ironisa le garçon au chiton pâle. « C'est qu'il fallait être un vrai génie pour deviner ça, bien entendu. Enfin, ça n'est pas ça qui a arrêté Sephiroth, bien loin de là.

- Hum. » fit Axel, pensif. « C'est vrai qu'il paraît qu'il te courtise toujours, depuis le temps.

- Il aime ses adversaires tenaces -et puissants-. » souligna le dieu du printemps, la bouche courbée en une moue dépréciative. « Les refus de Marluxia n'ont fait qu'attiser son envie. C'est pour cette raison que Larxene a fini par céder ses pouvoirs à père. C'est d'ailleurs elle qui l'a convaincu d'en faire de même. Elle ne supportait plus de vivre à l'Olympe avec lui. Il était devenu invivable, à cause de Sephiroth... »

Le petit blond s'interrompit un instant, un petit pincement au coeur.

« Je crois même que... » hésita-t-il, se passant nerveusement la langue sur ses lèvre sèches. « Qu'elle trouvait qu'il ressemblait un peu trop à Xemnas, à l'époque... »

Axel resta quelques instants silencieux, le visage fermé et la posture nonchalante.

« … Je vois... » chuchota-t-il finalement, son ton indifférent. « C'est donc pour ça qu'ils ont accepté l'échange, hein... »

Roxas se redressa sur ses coussins, ses avants-bras venant entourer ses genoux, repliés légèrement contre sa poitrine, dans une mimique de la pose de son oncle, dont le bras droit pendant négligemment par dessus un unique genou relevé. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir pitié du dieu solitaire, qui avait presque tout perdu lors du coup d'état de Marluxia... Et maintenant que Larxène lui avait volé le dernier souvenir de sa vie passée, Hadès devait certainement se sentir plus seul que jamais. Le sentiment de culpabilité qui lui avait précédemment dévoré les entrailles revint à la charge, et il garda fixement ses yeux braqués sur ses mains nouées.

« Ça n'a pas été facile, tu sais ? » tenta-t-il de se justifier, quelque peu maladroit. « Il a fallu obtenir l'aide de toutes les épigées, hydriades, thyades, muses et célestes disponibles. Il me semble que la cérémonie a duré une saison entière; ça a été une période rude pour les humains aussi. Sans moissons, ils ont eu droit a ue petite famine de quelques mois qui a suffit à tuer des centaines d'humains... »

Axel se figea, réalisant un point important.

« Attends- des célestes? » murmura-t-il, clairement choqué. « Ce sont toutes des nymphes, non? Pourquoi est-ce que les lampades n'ont pas été invoquées? Elles font partie du cercle des esprits également, et elle sont bien plus puissantes que les thyades !

- ... M-Marluxia ne voulait pas de créatures infernales... » bégaya Roxas, mal à l'aise.

Axel ne répondit rien, mais le dieu blond sentit clairement l'amertume qui lui rongeait le cœur, à travers les ténèbres de la pièce. Il ouvrit la bouche, incertain, cherchant un quelconque mot de réconfort à offrir, mais la referma presque aussitôt, n'en trouvant aucun d'assez fort ou d'assez désinvolte pour briser la couche de pensées négatives qui commençait progressivement à recouvrir leur discussion.

« Désolé... » lâcha-t-il finalement, maladroit.

Hadès lui renvoya un sourire crispé, haussant les épaules avec une nonchalance feinte.

« Bah! » s'exclama-t-il, reprenant quelque peu contenance. « C'est pas comme si c'était ta faute, non plus. Je suppose que les vieilles rancunes ont la vie dure. »

Le visage de Roxas ( tout comme son humeur) s'assombrit, et il fronça les sourcils d'un air irrité, lèvres pincés.

« C'est vrai. » acquiesça-t-il. « Les dieux sont rancuniers par nature. C'est un de leurs traits les plus stupides. »

Axel leva un sourcil, son sourire carnassier revenu un millier de fois plus suggestif et agressif.

« Ah, vraiment? Et tu ne te considères pas comme rancunier, toi?

- Non. » répondit Roxas, catégorique, en dépliant ses jambes, bras croisés sur sa poitrine en une pose défiante.

« Est-ce que ça veut dire... » répondit Hadès, ronronnant presque. « Que tu m'aurais déjà pardonné? »

Roxas avisa d'un air méfiant la main pâle posée sur le métal noir de la tête de lit, juste derrière son crâne.

« Au bout de deux jours? » fit-il, dédaigneux. « Certainement pas !

- Hm hm. Je vois. »

Axel s'était dangereusement rapproché, un doigt frottant son menton dans une pose pensive tandis que ses yeux fixaient d'un air indéchiffrable le visage de son captif. Roxas se plaqua un peu plus contre la structure de métal froid, ses mains enserrant ses coudes dans une pose maintenant plus protectrice que défensive.

« Tu vois... quoi? » grommela-t-il, se sentant soudain timide malgré l'agacement éternel qui lui rongeait encore l'estomac.

« Que tu es rancunier. » répondit Hadès sans délai, son sourire se faisant plus doux et... séduisant, dans un sens, qu'à son habitude.

Roxas se sentit rougir une fois de plus jusqu'à la racine des cheveux, bien qu'il n'eut pas la moindre idée du pourquoi du comment. Le visage d'Axel était un peu trop proche du sien pour qu'il ne se sentit pleinement à l'aise, et il lança une dernière boutade sans conviction, tentant vainement de récupérer un semblant de contrôle, ses yeux céruléens balayant nerveusement la pièce d'un bout à l'autre.

« … Et toi, tu es un vrai connard. » marmonna-t-il, son cœur battant follement dans sa poitrine, à la manière d'un oiseau apeuré qu'on aurait emprisonné dans une cage.

Ce fut bien malgré lui qu'il remarqua la façon féline qu'avaient les yeux de son oncle de briller doucement dans la semi-obscurité, Prenant une teinte malachite aux allures plus dangereuses que leur habituel vert smaragdin, tout en captant quelques éclats émeraudes à la lumière de la petite luciole blanche qui illuminait faiblement le plafond.

« Oh, je suis bien placé pour le savoir, crois-moi... » chuchota le dieu des Enfers, son souffle chaud venant soulever légèrement une mèche blonde, qui bouclait doucement sur une joue rougie par l'embarras, à intervalle régulier.

Les cils du seigneur des morts étaient de la couleur du sang, remarqua le dieu du printemps, les mains serrées sur son chiton à s'en blanchir les jointures. Son souffle avait l'odeur de la chaleur du soleil au solstice d'hiver, et Roxas se prit à en questionner la logique, entre deux pensées décousues.

« … Je te déteste déjà. » souffla-t-il finalement, la voix et les membres légèrement tremblants d'anticipation (Bien qu'il n'aurait su la dire positive ou négative).

Il ferma les yeux, cœur battant toujours plus fort à ses oreilles, et sursauta presque lorsque deux doigts froids vinrent lui soulever délicatement le menton, laissant des marques brûlantes sur sa chair à vif.

« Je t'aime bien aussi, gamin. » rit doucement l'homme au chiton noir, tout contre la bouche du dieu blond.

La luciole s'évapora sans bruit.


Après quelques heures de silence presque confortable, à délester consciencieusement les petits placards du bungalow de leurs couvertures de laine blanche et de leurs bougies parfumées à la cannelle, Roxas commençait à savoir se repérer plutôt bien dans la petite maisonnette.

Elle était divisée en deux étages, compensant par sa hauteur la surface réduite dont elle disposait en largeur. Au premier palier, on trouvait une chambre dotée d'un unique lit double (dans laquelle nos deux dieux avaient immédiatement prit résidence, instaurant tacitement une distance respectable entre leurs oreillers respectifs), d'une salle de travail noyée sous les rouets et les parchemins enluminés, et d'une salle de bains de marbre blanc, clairement anachronique à en juger par ses toilettes à système de reconnaissance vocale et sa douche-baignoire alimentée par un réseau de plomberie des plus discrets.

Le rez-de chaussée, pour sa part, était constitué de trois pièces. La première était un petit vestibule décoré de bouquets d'herbes et de fleurs séchées laissés à l'abandon dans de vasques de métal polies. Un grand miroir gravé de feuilles d'argent occupait l'un des murs couvert de tapisseries, et il ne faisait nul doute qu'il servait à contacter Rikku, messagère des dieux, en cas d'urgence tel que celui-ci (la carence en magie ambiante rendait impossible tout contact avec la déesse blonde, cependant, au plus grand désarroi de l'adolescent blond). Roxas se souvenait vaguement avoir fait tomber presque tous les cratères en calice attique lors de son passage de pièces en pièces, au début du black-out, et que seul ce miroir, fermement fixé à sa paroi, avait réchappé à sa maladresse (Tout était cependant en place, et il se demanda brièvement si Axel était passé derrière lui afin de réparer les dégâts).

A sa droite se trouvait un salon décoré dans des tons chauds, velours épais et soies délicates astucieusement jetées par dessus les meubles d'ébènes et la couche à dossier afin d'ajouter de petites touches de couleurs à l'ensemble un peu trop sombre. C'était une petite pièce à l'atmosphère intime et chaleureuse, et les tapis aux poils longs et duveteux ne faisaient que faire ressortir plus encore ce côté doux et familier qui la rendait si confortable. Le petit salon en devenait presque plus accueillant que la chambre de l'étage, mais Roxas n'était pas vraiment amateur de carpettes, se souvenant avoir trébuché sur chacune d'entre elles un peu plus tôt, lorsqu'il tâtonnait maladroitement son chemin, dans l'obscurité totale.

La dernière -et plus importante selon un certain ventre gargouillant- pièce, située sur la gauche du vestibule, se trouvait être la modeste cuisine aux tons turquoises dans laquelle notre héros avait encore fait ses preuves, le jour précédent, en tant qu'aimant à catastrophes. Une courte visite de son garde-manger antique révéla une impressionnante quantité de mets en pots et de pains soigneusement emballés dans des torchons humides. Notre dieu blond eut tôt fait de remplir ses bras de délicatesses culinaires, allant déposer prestement son butin sur la petite table basse en fer qui trônait au centre du salon. Ce fut donc avec une bonne bouchée de pain d'orge aux olives que Roxas s'installa sur le sofa de velours noir, calé confortablement entre deux coussins de soie particulièrement moelleux. Il adressa un regard en biais à son ravisseur, occupé par le secrétaire d'ébène qui trônait dans l'entrée, et hésita légèrement à briser le silence, quelque peu mal-à-l'aise.

« Axel ? » fit-il, à demi-voix, à moitié dissimulé derrière sa miche de pain.

Le dieu des Enfers lui accorda un petit bruit d'assentiment, allumant délicatement d'un doigt enflammé le chandelier nouvellement garni de longues bougies parfumées. Sa source interne d'énergie divine semblait s'être doucement nourrie des résidus de magie de la petite baraque. Sale chanceux, songea Roxas, jaloux.

Il avait lui-même épuisé presque toute sa réserve avec sa petite bille de lumière scotchée au plafond qui, si elle avait tenu la route un bon petit moment pour une chose aussi fébrile, n'avait pas survécu au trop plein d'émotions dont il avait été victime plus tôt. Il ne s'était cependant pas laissé abattre, et avait tenté de nombreuses fois de se concentrer assez pour ré-invoquer la petite luciole, sans succès. Il n'arrivait pas à se concentrer.

Le jeune dieu avait donc vaillament tenté tout le reste de la nuit d'éviter de penser à son oncle, quelque peu perturbé par le comportement du dieu des Enfers, bien loin d'être semblable à celui de ses confrères divins, bien plus francs dans leurs avances. Nombreux étaient ceux qui avaient tenté de le séduire par le passé, d'ailleurs, que ce soit par amour, vengeance ou tout simplement curiosité, et il avait toujours repoussé avec grande violence leurs tentatives, toutes griffes dehors. La façon dont il avait cette fois-ci réagi à une telle... violation, était tout bonnement inexplicable, songea-t-il, contrarié, en réprimant l'envie de toucher ses lèvres du bout de ses doigts.

Roxas observa longuement son oncle (Penser à lui en ces termes le faisait se sentir comme un pervers, mais il se devait de nommer un chat, un chat...), à présent nonchalamment adossé au secrétaire d'ébène, yeux fixés sur les flammèches orangées du chandelier. Ses cheveux habituellement carmins semblaient prendre des teintes violacées à la lumière vacillante des bougies, donnant à ses traits des airs menaçants, et le dieu du printemps se rappela soudainement qui était exactement cet homme vêtu de noir, non sans une once de crainte. Le seul dieu dont la puissance dépassait celle d'Axel, dans leur panthéon, se trouvait être Marluxia, et malgré son agacement semi-permanent face aux pitreries de son père, l'adolescent blond gardait une bonne part de respect pour ces deux souverains immortels, à la tête des deux plus grands empires au monde à cette époque.

Le dieu de l'innocence reporta son regard sur son encas, intimidé bien malgré lui.

« Hum... Je voulais juste te demander... » marmonna-t-il, quelque peu agacé de se sentir si timide face à son ravisseur. « À propos de la rébellion contre les Similis... »

Axel se figea, les muscles de son cou saillant légèrement, tendus. C'était de toute évidence un sujet sensible, et Roxas retint une grimace mal-à-l'aise.

« Bien... » lâcha finalement le dieu des Enfers, une main pâle autour du pied du chandelier. « Qu'est-ce que tu veux savoir? »

Prudent, le jeune captif ramena ses pieds sur le rebord du sofa antique, déglutissant doucement avant de formuler une question qui lui trottait dans la tête depuis un certain temps, la réponse lui ayant toujours échappé malgré ses nombreux voyages à l'autre bout du monde.

« Riku et Sora... » fit-il avant de se lécher les lèvres nerveusement. « Quel rôle ont-ils joué, exactement, lors de la Titanomachie? »

Axel leva un sourcil surpris, déposant le chandelier sur la petite table du centre de la pièce. L'interrogation dans ses yeux émeraudes était plus que claire, et le dieu du printemps haussa les épaules.

« J'ai bien vu la tête qu'ils font, à chaque fois qu'on parle de Xemnas, je ne suis pas aveugle... » expliqua Roxas, yeux baissés, en traçant maladroitement d'un doigts des symboles asiatiques sur le velours rouge d'un des coussins. « Ils se sentent coupables de quelque chose. »

Le dieu des Enfers émit un bruit pensif, étrangement silencieux, et Roxas dut se retenir de rouler ostensiblement les yeux, les nerfs mis à vif par le comportement inhabituel de son hôte. Ce dernier eut un sourire indulgent, et la seule chose qui empêcha le garçon blond de s'en offusquer fut la lueur trouble qui brillait au fond du regard du dieu millénaire.

« Est-ce que tu sais quel âge ils avaient, à cette époque? » lui demanda son aîné, son ton plus posé que jamais.

« Aucune idée. » répondit Roxas sans une seconde pensée, haussant les épaules.

« Sora en avait soixante. Et Riku devait avoir à peu près dans les cent ans, à peine un peu mieux. »

Le dieu du printemps en eu le souffle littéralement coupé. Soixante ans? C'était une blague?

« M-mais... C'est... » balbutia-t-il, soufflé.

« Encore des bébés dieux. » acquiesça Axel, ses doigts jouant avec les flammèches des bougies à la manière d'un chaton avec une pelote de laine. Son neveu réprima un petit sourire à cette constatation, craignant que l'homme aux cheveux rouges ne lisent ses pensées. « Avec une gueule d'ado, certes, mais des bébés quand même.

- Mais alors, ça voudrait dire qu'ils n'ont rien à voir avec la révolte ? » s'enquit Roxas en arrachant ses yeux aux mains pâles de son interlocuteur.

L'air sombre du seigneur des morts ne le rassura en rien.

« Marluxia se fichait d'utiliser des gamins pour atteindre son but... » répondit-il avec une grimace de mépris, visiblement immergé dans des souvenirs des plus déplaisants.

Le silence s'étira entre eux, film invisible et impalpable, et Roxas se mordit discrètement l'intérieur de la joue, nauséeux. Plus le temps passait et plus il en apprenait sur la véritable histoire du panthéon grec, et plus il en voulait à son père. Ses derniers complots, visant à couper son fils de tout contact extérieur et à le priver de la plupart des connaissances élémentaires qui lui aurait permis un jour de prendre son indépendance, semblaient à présent totalement futiles en comparaison avec la toile de manipulations qu'il avait tissée au cours des millénaires. L'image que les humains se faisaient de Zeus, créature sage et bienveillante, semblait à présent bien loin, et le dieu du printemps ne pouvait s'empêcher de se sentir quelque peu trahi, bien malgré sa rancœur tenace envers son géniteur...

L'air peiné de son neveu sembla tirer Axel hors de sa transe, et il se sentit quelque peu pris de remords pour avoir ainsi désacralisée l'image du roi des dieux aux yeux de son captif. Il esquissa un sourire amer.

« ... Ça n'est peut-être pas tout à fait exact. » concéda-t-il, magnanime. « Nous nous fichions d'utiliser des gamins pour atteindre notre but, Marluxia s'est juste contenté d'agir à notre place, au final... »

Roxas osa finalement regarder droit dans les yeux son interlocuteur, grandement intrigué par ses derniers propos.

« Que... Que s'est-il passé? »

Axel haussa les épaules.

« Les similis étaient immortels, comme les dieux aujourd'hui ; mais je suppose que tu es au courant ?

- Bien sûr! Tu me prends pour qui ? » répliqua Roxas, retrouvant un peu de son impétuosité habituelle. Il se sentait insulté. « J'ai plus de trois-cent cinquante-huit ans ! »

Le dieu blond eut la bonté de rougir lorsque son aîné éclata d'un rire franc, les dernières traces de sa mauvaise humeur partant en fumée sous ses yeux.

« Si tu comptes encore les unités, c'est que t'es pas encore assez vieux pour te permettre de me parler sur ce ton ! » rit Hadès à gorge déployée, ses yeux retrouvant leur éclat malicieux.

Roxas s'accorda un petit sourire, les traits de son visage se détendant doucement alors que la pièce lui semblait reprendre des couleurs, le rouge aniline de la crinière de l'homme en noir tranchant de nouveau avec la pâleur de sa peau. Les yeux smaragdins d'Hadès fixèrent un court instant le visage soulagé du dieu du printemps, non sans une teinte de fascination.

« Les similis étaient donc éternels. » reprit-il finalement, s'arrachant difficilement à sa contemplation. « Je te prie de croire que lorsque Marluxia s'est rendu compte que Sora et Riku possédaient une arme capable de détruire les immortels eux-même, une chose aussi banale que de stupides valeurs morales ne l'ont certainement pas empêché de se servir d'eux.

- La keyblade? » devina sans peine Roxas.

« La keyblade. » confirma le dieu des Enfers avec un petit hochement de tête approbateur. « Lorsque Marluxia a appris que Riku était à l'origine de la disparition des trois Hécatonchires -Kadaj, Yazoo et Loz-, il n'a pas hésité une seule seconde. Riku en voulait déjà pas mal à Xemnas, à l'époque, pour avoir lancé, à peu près une décennie plus tôt, un sortilège de paralysie partielle à Sora qui l'avait figé sur place durant une année entière. »

Ses yeux trahissaient ses regrets, et Roxas prit un moment pour s'interroger de nouveau sur cet homme étrange qui pouvait être aussi cruel et haineux que compatissant et doux, à sa manière. Une sensation serpentine et chaleureuse vint se blottir dans son abdomen, et il reporta aussitôt son attention sur son repas, se sentant étrangement embarrassé d'avoir fait preuve d'une telle faiblesse émotionnelle face à son ravisseur.

« Bien sûr, ça peut paraître court, dit comme ça, » continua Axel, ignorant tout de l'émoi dont il était la source. « Mais laisse moi te dire que passer une année entière dans la grotte des Hécatonchires, capable de sentir, de voir et d'entendre, mais incapable d'agir, ça laisse des séquelles profondes... »

Roxas fronça les sourcils, confus.

« … Mais... Personne ne s'est rendu compte que trois immortels avaient disparus? En dix ans? »

Axel secoua la tête négativement.

« A l'époque, c'était fréquent de voir des dieux partir pour d'autres panthéons. » lui apprit-il avec sourire aux accents nostalgiques. « C'était facile de se faire convertir à une autre religion (Et c'était tout aussi facile de convertir les autres). Personne ne s'étonnait de voir des gars disparaître, surtout lorsqu'on finissait par entendre parler d'eux dans des légendes étrangères... Enfin, tout ça pour dire que si Marluxia n'avait pas été présent lors du massacre des trois, Xemnas serait peut-être encore là, au jour d'aujourd'hui... »

Quelque chose ne collait pas dans cette histoire, songea Roxas en tirant pensivement sur l'une de ses mèches blondes. Un récit remontant des tréfonds de son enfance ressurgit soudain au devant de ses pensées et il leva les sourcils, étonné, ses idées semblant à présent s'emboîter les unes dans les autres à la manière de pièces de puzzle.

« Il me semblait » hésita-t-il « Qu'il avait été découpé en morceaux et jeté au fond du Tartare, avec ses partisans, non?

- Non. Marluxia pensait que c'était trop dangereux de le laisser en vie. » infirma sèchement Hadès, yeux étrécis. « Et il avait raison. Même si l'on avait réussi à découper Xemnas avec une simple arme en argent céleste, les morceaux se seraient rassemblés jusqu'à ce qu'il soit entièrement reconstitué. Organe par organe. »

Roxas lui adressa un regard révulsé, son estomac presque retourné comme un gant. Trop de détails à son goût...

« C'est... dégueulasse.

- Ouais. Comme tout, dans la mythologie grecque. » fit remarquer Axel, éternel sourire carnassier scotché aux lèvres. « Des yeux crevés, des langues coupées, des membres arrachés, des gars émasculés, des femmes violées-

- Arrête ça ! » geignit le dieu de l'innocence, le visage plus pâle que jamais, en empoignant le coussin à ses côtés. « C'est vraiment ignoble... »

Axel rit sous cape, un doigt venant frotter doucement la pointe de son menton dans un geste automatique.

« C'est la réalité grecque, gamin. » lança-t-il, avec un peu plus d'allégresse que ne l'eut demandé la situation. « C'est pas parce que ton copain Sora y a échappé que ça veut dire que tout le monde s'en sort aussi bien que lui, tu sais ? »

Son sourire se fit plus faible et il passa une main dans sa chevelure indomptable.

« Pas que ce qu'il avait subit ait été tout rose non plus, bien loin de là... » murmura-t-il, penaud.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé, exactement? » se décida enfin à demander Roxas, prudent malgré sa curiosité.

Axel lui adressa un regard critique, bras croisés sur la poitrine en une pose étrangement défiante.

« C'est pas le genre d'histoire qu'on raconte aux gamins. » répondit-il, sa voix ne souffrant aucune réplique.

Roxas, en bon adolescent rebelle, n'en fit pas cas. Et c'est après m'avoir embrassé que tu dis ça? Pédophile, songea-t-il, hargneux, prenant un plaisir tout particulier à voir Axel s'étouffer avec sa propre salive, joues empourprées par l'embarras.

« Je croyais que les yeux crevés, langues coupées, membres arrachés, et autres délicatesses faisaient partie intégrante de l'Histoire grecque? » fit-il, la voix dégoulinant de sarcasme et un sourcil levé en guise de défi.

Axel l'ignora royalement, pommettes plus assorties que jamais à sa chevelure flamboyante.

« Ouais. Tu marques un point. » lui accorda-t-il avant de se racler la gorge mal à l'aise.

Il fit rouler entre ses doigts une olive verte piochée dans la grande vasque plantée au centre de la table basse. Roxas poussa un grognement d'exaspération, quelque peu déçu du manque de réaction de son oncle. Pour une fois qu'il avait la main.

« Sora, sauve moi. » marmonna-t-il sur un ton désespéré totalement feint. « Trois jours avec un (pervers) psychopathe et je craque déjà. »

Hadès haussa les sourcils, remis de ses émotions, et mâchouilla pensivement son olive entre deux mots:

« Sora le sauveur, hum? » fit-il, amusé. « J'aurai plutôt parlé de Saint patron des vierges, avec sa bouille de bébé et ses cheveux blonds. »

Roxas lui lança un regard d'incompréhension, se demandant vaguement si le seigneur des morts n'avait pas fondu un boulon ou deux, à travailler sous une chaleur permanente.

« ...Cheveux blonds? Sora? » répéta-t-il, déconcerté. «T'es daltonien ou quoi? Il est brun.

Axel émit un petit bruit pensif.

« Ah bon? » répondit-il, curieux. « Alors comme ça, il est naturellement brun, hein? Il ressemble à quoi, en vrai?

- … C'est quoi cette question louche? » répliqua Roxas, méfiant.

« Quoi, tu veux dire que t'es pas au courant? » lui demanda l'homme en noir, nonchalant, son amusement mal dissimulé sous une couche d'innocence feinte.

« Je trouve que cette question revient trop fréquemment dans nos discussions. » fit le plus jeune, bougon, sa lèvre inférieure plissée en une moue boudeuse loin d'être menaçante.

Hadès s'affala à ses côtés sur la couche couverte de coussins de plumes. Sourire à l'appui, il lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

« C'est plutôt mignon, quand t'es tout innocent. » s'amusa-t-il en croisant une jambe par dessus l'autre, yeux brillants de malice.

Le grognement menaçant s'élevant de la gorge de son captif (étrangement semblable à celui d'un chien enragé), accompagné d'une certaine tension ambiante, lui fit retirer prestement le membre malvenu, de peur de se le faire mordre. Il se racla la gorge pour se redonner contenance, quelque peu refroidi.

« Enfin... » continua-t-il, une main retournant lisser sa crinière de feu dans un geste automatique. « Normal pour un dieu des puceaux, non?

- De l'innocence. » reprit le concerné, maussade mais tempéré. « Maintenant, réponds à ma question, au lieu de l'esquiver. »

Axel passa un bras sur le dossier de la couche, gardant une bonne distance entre son membre et les épaules de Roxas pour plus de prudence

« Sora est le dieu de l'amour. » se contenta-t-il de répondre, désinvolte.

« Et quel rapport avec son apparence physique? » répliqua le dieu blond, sourcil haussé.

Il était de toute évidence incroyablement ignorant et inéduqué, c'en devenait presque irréel. C'était adorablement innocent, décida en son fort intérieur Axel, attendri bien malgré lui.

« Les gens le voient comme ils veulent le voir.

- Comment ça?

- Leur idéal de beauté. Les mêmes caractéristiques physiques que celles de la personne qu'ils aiment. » précisa le seigneur des souterrains en haussant les épaules. « Ça dépend du degré de naïveté, en gros. Plus on est naïf, et moins on est affecté. »

Roxas en resta bouche bée. Révélation.

« Attends... » l'interrompit-il, soufflé. « Tu veux dire que personne ne le voit de la même façon? »

- Eh bien, je suppose que les psychorigides, et ceux qui l'aiment lui (Petite pensée pour Riku...), doivent voir sa vraie tête, mais sinon... »

La phrase resta en suspend, pleine de sens. Roxas se sentit affreusement vêxé. Et visé.

« ...C'est débile. » estima-t-il finalement, pour le plus grand divertissement de son oncle.

Ce dernier osa finalement enrouler son bras, délicatement, autour des épaules de son captif, qui ne sembla guère en faire cas, quelque peu perturbé par cette nouvelle révélation.

« Alors, Roxie. Es-tu psychorigide ou as-tu un amour dévorant et incestueux pour notre cher Aphrodite? » le taquina le dieu des Enfers, ses mots juteux de sarcasme.

Le dieu adolescent rougit légèrement, sourcils froncés.

« Ni l'un ni l'autre. » marmonna-t-il, yeux braqués sur ses genoux. « Arrête avec tes idioties. »

Axel émit un petit bruit pensif, un doigt tapotant rythmiquement sa cuisse vêtue de noir.

« Ou alors, » conclut le dieu des Enfers, taquin, « T'aimes les bruns aux yeux bleus, tout simplement. »

Roxas roula des yeux, mi-amusé mi-exaspéré.

« Si c'est le cas, » ironisa-t-il, « C'est que je dois être un peu narcissique sur les bords, pour aimer quelqu'un qui a presque la même tête que moi! »

Axel lui adressa un sourire presque triomphant, et Roxas craignit immédiatement le pire.

« Ben... Faut déjà pas être très net pour cueillir des narcisses quand on est un mec, à mon avis, alors bon... »

Le petit rougissement précédent explosa en incendie d'une rare violence, consumant à vitesse grand V le visage du dieu du printemps, qui était à présent teint d'un fuchsia des plus vifs.

« C-C'était même pas pour moi ! » bégaya-t-il, indigné. « Et arrête avec tes fichues pr-Oh merde ! »

Une expression d'horreur pure et simple figea le visage du petit blond, qui pâlit de façon dramatique, inquiétant quelque peu son interlocuteur (Une changement de circulation sanguine aussi dynamique au niveau du visage devait être certainement dangereux pour la santé).

« Quoi? » s'exclama Axel, rendu anxieux malgré lui. « Quoi?

- J'ai oublié le panier de narcisses au bord de Pergusa... » finit faiblement le petit dieu, décomposé.

Hadès retint un soupir de soulagement, sa main venant inconsciemment se reposer à la base de la nuque de son neveu, doigts entremêles dans les petites touffes de cheveux blonds qui bouclaient à cet endroit.

« Et alors? » lâcha-t-il finalement, sourcil levé en une expression moqueuse.

« Et alors, Hayner a dû m'attendre chez Olette toute la soirée, comme l'idiot qu'il est ! » s'indigna Roxas, une certaine lueur d'inquiétude brillant au fond de ses yeux clairs. « Et sa mère a dû littéralement lui arracher les yeux. Eurk. »

Il poussa un petit grognement fatigué, tête baissée en signe de défaite.

« Pourquoi est-ce que je t'ai suivi, au juste? » murmura-t-il, renfrogné.

Axel lui accorda un petit sourire confortable.

« Pas la peine de me poser la question, je t'ai juste lancé un petit sort d'apaisement, je t'ai pas forcé à venir, non plus. » lui fit-il remarquer en lui massant discrètement le derrière du crâne.

« Mais peut-être que c'est mon charme manichéen qui t'as conquis. » rajouta-t-il, taquin.

Roxas ignora royalement le rire sous cape qui s'en suivit, trop exténué pour réfléchir à une réplique digne de ce nom. Il se laissa aller progressivement contre le dossier de la couche, tête renversée contre la main chaude de son vis-à-vis, yeux clos et soupir au bout des lèvres.

« Je hais ma vie. » déclara-t-il à qui voulait l'entendre, son ton indifférent au possible.

« Hum hum. » répondit vaguement Axel avant de se pencher par dessus la table et d'attraper une assiette en céramique. « Un peu de baklava, ça te dit? »

Le dieu de l'innocence lui renvoya un regard vide aux teintes de condescendance.

« Quoi ?

- … Sirop ou miel?

- Miel bien sûr! » répondit le dieu des morts, sourire satisfait à l'appui. « On est grecs, quand même, pas maghrébins, que je sache. ».

Roxas détourna le regard, embarrassé.

« … J'en veux bien un morceau alors. » fit-il, à demi-voix, se laissant convaincre par son estomac sans fond.

Axel rit doucement, quelque peu amollit malgré lui par la timidité passagère de son captif. Mignon.

« Un peu de sucre et ça repart, hein? » ne put-il s'empêcher de dire, savourant le regard noir que lui jeta le blond.

« Tais-toi, et bouffe. » grommela se dernier en s'enfournant dans la bouche une petite fourchette en argent ornée d'un gâteau entier.

« Charmant. » s'esclaffa le dieu des souterrains en s'emparant lui-même d'une des gourmandises.

Et il le pensait vraiment.


« Heureusement qu'Aladdin est du genre sociable » lança soudainement Axel à son neveu, ayant allumé une nouvelle flamme fragile sur l'un des chandeliers d'argent du comptoir de la cuisine, qu'ils avaient finalement trouvé le matin précédent dans un des nombreux placards de l'étage.

« Pourquoi ? » demanda Roxas sans grande conviction, tête posée sur la table, tout en portant un morceau de pain aux graines de sésames à sa bouche, les yeux dans le vague et les membres mous.

« Réfléchis un peu, Rox'. » lui répondit le dieu des Enfers en s'appuyant sur la porte du cabinet à provisions. « S'il n'avait pas eu autant d'amis, il n'aurait jamais conservé autant de nourriture chez lui. Et on aurait jamais pu récupérer assez de magie pour rallumer la lumière. »

Le dieu blond lui adressa un petit grognement sceptique, mâchouillant mollement sa bouchée, sentant les muscles de sa mâchoire et de ses tempes travailler contre la pierre froide de la table. L'homme aux cheveux rouges roula des yeux face à la passivité de son captif, buvant de grandes gorgées de nectar à même le goulot tout en ignorant le regard dégoûté de son compagnon d'infortune.

C'était déjà leur quatrième jour de réclusion, totalement coupés du reste des Enfers, et le temps semblait s'être arrêté pour eux. Chaque matin ressemblait à chaque soir, et chaque soir ressemblait à chaque après-midi ; c'était à la fois d'un ennui mortel, et d'un profond intérêt, en avait conclu le Seigneur des souterrains, après de longues heures passées à regarder le plafond silencieusement en compagnie de son neveu; à discuter avec lui du comportement des autres dieux, de la récolte de blé du siècle passé, de la couleur de l'eau au coucher du soleil, et du goût des glaces au sel de mer selon les phases de la lune. C'était autant une grande bouffée d'air frais dans son monde étriqué et suffoquant, que l'une des cinq plaies de l'Égypte, chaque fin de phrase pouvant tout aussi bien déboucher sur une nouvelle dispute que sur un compliment à demi-voilé et un petit rougissement bien vite réprimé. ... Axel adorait ces discussions.

Roxas, pour sa part (S'il trouvait parfois le temps long lorsque son oncle dormait trop -visiblement épuisé par des millénaires de travail ardu-), ne pouvait nier qu'il appréciait le caractère quelque peu ambivalent du plus vieil homme, ses critiques sarcastiques et sa vision décalée d'un monde qu'il avait inconsciemment préjugé, au bout de près de quatre siècles de vie. C'était une amitié étrange qui fleurissait doucement entre ces deux-là, et si Axel semblait ne pas s'en plaindre, Roxas se sentait quelque peu indécis. Il avait parfois cette désagréable impression d'être dans l'obscurité la plus totale(sans mauvais jeu de mots), comme si face à un bourgeon inconnu, contraint d'attendre -non sans une certaine anxiété- son éclosion afin de déterminer si la plante était venimeuse ou tout à fait inoffensive. C'était à la fois frustrant et excitant: il n'avait jamais eu de compagnie aussi plaisante avec aucun des autres Six Grands, et la grande expérience du dieu des Enfer se révélait être une source infinie d'amusement.

Et pourtant, malgré tous ces moments agréables, il lui était arrivé plusieurs fois de se retrouver pétrifié face au seigneur immortel, les entrailles tordues par l'anxiété suivant le ton qu'empruntait ce dernier. Dans ces moments-là, Roxas n'entendait plus la voix d'Axel, son ravisseur, mais celle d'un homme étranger, grave, basse et rauque, et les ombres semblaient alors cacher des monstres terribles. Une peur presque primaire le prenait alors aux tripes -accompagnée de ce qu'il reconnaissait comme un bref éclair d'excitation-, et il pouvait sentir chacun des muscles de son corps se tendre, fébriles, son cœur pompant furieusement le sang dans ses veines, à un rythme effréné. Dans ces instants d'hypersensibilité, il pouvait presque ressentir, à travers l'obscurité épaisse et inquiétante, son compagnon d'infortune sourire lentement, d'un rictus qu'il imaginait sans peine aussi carnassier que lors de leurs premières confrontations, avide de sang et de chair (Bien qu'il ne sut déterminer si ces pulsions étaient sensuelles, ou purement animales, et le souvenir de lèvres brûlantes effleurant les siennes venait alors envahir son esprit).

« Plus qu'un jour, au grand maximum, Roxas. » soupira Axel en s'installant dans la chaise d'osier à ses côtés, troublant ses pensées. Il déposa le chandelier d'argent qui s'était révélé si utile ces derniers jours, malgré sa primitivité, sur la table de pierre.

Le garçon tourna la tête vers son oncle, observant attentivement l'homme allumer une par une les trois dernières bougies d'une flamme orangée qui brûlait doucement au bout de son index droit. Sa peau était blafarde, tout comme lors de leur première rencontre (qui lui paraissait à présent bien lointaine, au bout de quatre jours passés aux côtés du dieu des morts), mais ainsi éclairée à la lueur des flammes vacillantes, elle prenait soudainement une teinte de miel qui faisait ressortir ses yeux smaragdins, plus brillants que jamais. Ses pommettes étaient teintées d'une blanc laiteux presque sain, en comparaison avec sa carnation précédente, et il arborait un air paisible. Roxas était certain que les légers cernes violacés qu'il avait aperçus à la lueur du soleil, quatre jours plus tôt, avaient presque totalement disparu, laissant à présent place à une mine totalement reposée.

Axel passa une main dans ses cheveux flamboyants, haussant un sourcil inquisiteur à l'intention de son neveu. Ce dernier ne répondit rien, se contentant de détourner le regard.

« Alors? Content de pouvoir enfin t'habiller comme un homme? » le taquina-t-il finalement, avec un petit sourire amusé, en s'adossant à son siège d'osier.

« Tu ne peux pas savoir à quel point. » soupira Roxas en se redressant, étirant ses jambes nues sous la table rectangulaire.

Il portait à présent un chiton améthyste bordé de liserés crèmes qui s'arrêtait quelques centimètres au dessus de ses genoux, exposant ses mollets à l'air libre. Le vêtement était légèrement trop grand, Aladdin étant apparemment un homme bien bâti et Roxas encore un adolescent encore frêle, mais une paire d'épingles d'étain suffirent à fixer fermement le tissu au niveau de ses épaules, formant de petites manches sur ses épaules sans pour autant lui donner l'air totalement ridicule.

« Je me fais ma petite idée sur la question... » lâcha finalement Axel, à demi-voix, en réponse à la remarque précédente de son captif. Ses yeux étaient braqués sur les jambes laiteuses et musclées de son neveu, pensifs et illuminés d'une lueur d'intérêt qui commençait à devenir étrangement familière.

Les sourcils levés en une expression légèrement confuse, Roxas s'apprêtait à lui demander le pourquoi de cette remarque lorsqu'une lumière éclatante baigna le corridor, l'illuminant brièvement d'un éclat aux couleurs de l'arc-en-ciel.

« A-Axel? » l'interpella une voix féminine, inquiète et hésitante. « Axel, est-ce que tu es là? »

Échangeant un regard surpris, les deux compagnons d'infortune se redressèrent d'un même mouvement, se dirigeant rapidement vers la source du bruit.

« Rikku? » s'étonna Axel, incrédule, en apercevant la jeune femme blonde dans un grand miroir accroché au mur. « Qu'est-ce que tu fais ici? »

Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, hésitante, puis, l'air coupable, inspira profondément avant de prendre la parole:

« Un message du Seigneur des Dieux à l'attention du Seigneur des Enfers. » déclara-t-elle d'une voix neutre et forte, faisant sursauter les deux dieux, avant de faire une courte pause, leur laissant le temps de se lancer un coup d'œil anxieux.

Lorsque la jeune fille reprit la parole, les sourcils froncés en une expression sévère, ce fut pour adopter une voix grave et masculine qui ne leur était que trop bien connue.

« Axel. Je pensais en avoir fini une bonne fois pour toute avec tes trahisons, après ces cinq cents mille années de tranquillité où tu accomplissais un travail exemplaire en ta qualité de responsable de l'Au-Delà. Il semble pourtant que ma confiance n'eut été mal placée. » Elle s'interrompit un instant en pinçant les lèvres de dégoût. « Je t'ai accordé de grands pouvoirs et un domaine infini, espérant ainsi pouvoir enterrer toute rancune passée et construire notre nouveau royaume sans Père sur des bases saines. »

Axel eu une petite exclamation d'incrédulité aux relents de dégoût.

« Cependant, fort de ton expérience du pouvoir, tu sembles décidé à détruire méthodiquement tous les espoirs que j'ai placé en toi. L'enlèvement de Roxas aura été la goutte qui aura fait déborder le vase. C'est pourquoi le conseil Olympien et moi-même t'attendrons demain, à l'équinoxe d'automne, à la salle des représentations du Panthéon grec, pour un procès qui décidera de ton sort face à ces crimes récents. »

Le regard de Rikku ne souffrait aucune réplique.

« Sois-là à l'aube, ou il n'y aura nul besoin de procès. » Et soudain, sans aucun signe de transition, le visage de la jeune déesse reprit une expression inquiète.

« Axel. » fit-elle, la voix légèrement tremblante. « Il est très sérieux. Les moissons ont commencées à pourrir, sur terre, et le ciel est en permanence orageux... Ne le contrarie pas, je t'en supplie... Et sois très prudent. »Et sur ces mots, l'illusion dans le miroir se troubla, jusqu'à ne plus laisser que le reflet des visages blêmes des deux dieux restants.

« Il... » commença Roxas, en déglutissant difficilement, la bouche sèche. « Il ne compte pas sur un procès équitable, j'en suis certain. »

Ses paroles hésitantes résonnèrent dans le couloir silencieux, et il grimaça légèrement, observant son vis-à-vis stoïque d'un air mal assuré.

« J'en suis conscient. » lui répondit sans ciller le dieu des Enfers, le fixant droit dans les yeux. « Et je m'y étais préparé. »

Un silence tendu s'installa dans la pièce, Roxas observant attentivement le tapis oriental au sol tandis qu'Axel ne quittait pas du regard le visage crispé de son captif.

« Je- » hésita le garçon blond, indécis, la voix légèrement nouée par l'émotion. « Tu te rends bien compte qu'il y a de fortes chances pour qu'il te fasse condamner à la sentence capitale ? »

Le seigneur des Enfers haussa les épaules d'un air nonchalant, s'adossant au mur derrière lui tout en croisant les bras sur sa poitrine, le visage vide de toute expression, n'arborant pas même un de ces regards félins dont il avait le monopole. Le silence se prolongea, et Roxas redressa finalement la tête, observant son hôte avec une pointe d'incompréhension au fond des yeux. Il ouvrit la bouche, prêt à parler, pour se stopper court dans son inspiration, pinçant doucement les lèvres tandis qu'une expression sombre venait prendre place sur son visage, semblable à celle d'un enfant à qui l'on aurait donné une médecine amère. Finalement décidé, il leva les bras au ciel en un geste exaspéré avant de les laisser retomber mollement à ses côtés, clairement frustré.

« Axel! » s'écria-t-il d'un air exaspéré. « Il a la keyblade, espèce d'idiot! Tu es sûr que tu te rends bien compte de ta situation, là? »

L'insulté roula des yeux, secouant la tête.

« Bien sûr que je me rends compte de ma situation. » répliqua-t-il sans hésiter. « C'est toi qui panique pour rien, Roxas. Marluxia n'est pas bête, il n'irait jamais jusqu'à se débarrasser de moi de cette façon. Il trouvera un moyen de faire de ma vie quotidienne un... Enfer quotidien, c'est tout. »

Il eut un petit ricanement sans joie.

« Il ne se débarrassera jamais de son parfait bouc-émissaire. » ajouta-t-il.

Roxas baissa de nouveau la tête à ces paroles, les sourcils froncés et la mine décomposée. Il ne pouvait nier la véracité de ces mots: le connaissant comme il le connaissait, son père agirait très certainement de manière à s'épargner le plus de paperasse possible tout en accomplissant sa divine justice. Et pourtant, pouvait-il réellement laisser son oncle se faire de nouveau brimer d'une façon si injuste sans réagir? La réponse était claire.

Cet enlèvement, au final, n'avait été qu'un désastre complet. Entre le refus de coopérer de Larxene, les glaces interdites et la quarantaine magique, Roxas n'avait pas réellement été victime dans cette affaire -s'il ignorait le sortilège d'apaisement que lui avait lancé Axel, les deux trois bleus sur ses poignets et ses hanches, et les quelques heures passées accroché à un mur, sans le moindre divertissement (Et bien malgré lui, il devait bien avouer que ce bref baiser partagé ne comptait pas comme un nouveau moyen de torture).

« Je veux venir avec toi. » lança finalement le garçon blond avant même d'avoir réellement réfléchi à ses paroles.

Il se mordit la lèvre inférieure avec une petite grimace lorsqu'il se rendit compte des mots qui les avait passées, mais releva finalement un regard déterminé vers son vis-à-vis interloqué.

« Quoi?

- Tu m'as très bien entendu. Hors de question que je te laisse affronter cet idiot de Marluxia tout seul. C'est la faute de ma mère si tu te retrouves dans ce pétrin, après tout. Et je ne compte pas t'abandonner à ton sort. »

Axel leva un sourcil interrogateur, clairement sceptique.

« Roxas. Tu es coincé aux Enfers. Tu ne peux pas m'accompagner. »

Le dieu du printemps haussa des épaules dans un geste nonchalant.

« J'invoquerai un passage d'Iris vers la salle des représentations, et je demanderai à Marluxia de m'accorder passage, tout simplement. Ça m'étonnerait beaucoup qu'il me laisse bloqué ici.

- Hum. » se contenta de répondre pensivement le seigneur des Enfers, une expression contrariée plaquée sur le visage. Roxas croisa les bras sur son torse, mal à l'aise.

« Est-ce que tu penses que la quarantaine sera levée demain matin?

- Espérons-le. »

Ils furent soudainement interrompus par un bruit métallique terrible, similaire au crissement d'une craie sur un tableau, qui les fit grimacer en coeur. La flamme du chandelier vacilla un instant et s'éteignit sans un bruit, faisant soupirer de frustration Roxas, mais, à leur grande surprise, une lumière éblouissante vint la remplacer aussitôt, illuminant le couloir dans lequel ils se tenaient debout et leur faisant plisser les yeux, rendus sensibles par l'isolement.

« Qu-qu'est-ce qu'il se passe encore? » demanda le garçon blond, abasourdi, bien qu'ayant déjà sa petite idée sur la question.

« Apparemment » soupira Axel en passant une main pâle dans ses cheveux de feu. « Juste la fin de la quarantaine. »

A suivre.


Panthéon grec

Chronos, seigneur des Titans/Similis, père des Six Grands: Chronos/Xemnas

Première génération des Dieux Olympiens/Les Six Grands:

- Hestia, déesse du foyer : Saïx

- Déméter, déesse des moissons : Larxène

- Héra, déesse du mariage : Tifa

- Poséidon, dieu de la mer : Demyx

- Hadès, dieu des Enfers et des morts : Axel

- Zeus, roi des dieux, maître du ciel et de la foudre : Marluxia

Seconde génération des Dieux Olympiens:

- Athéna, déesse de la guerre, de la sagesse et de la ruse : Zexion

- Héphaïstos, dieu de la forge, marié à Aphrodite: Lexaeus

- Arès, dieu de la Guerre : Xigbar

- Hébé, Déesse de la jeunesse et de la joie: Yuffie

- Hermès, dieu des voleurs, conducteur des âmes des morts et inventeur des poids et des mesures, messager des dieux : Riku

- les jumeaux, Apollon, Dieu de la médecine, de la beauté masculine et du jour ; et Artémis, Déesse de la chasse, des vierges, de la nuit : Sephiroth et Cloud

- Dionysos, dieu des jonctions, des opposés et des ambiguïtés (mort-vie, homme-femme, vin et ses excès): Luxord

- Aphrodite, déesse de la beauté et de l'amour: Sora

- Pan, dieu des bergers et de la nature sauvage : Vivi

- Hermaphrodite, symbole de l'ambivalence sexuelle : Néo Riku

- Perséphone, reine du royaume des Ombres: Roxas

- Iris, messagère des dieux, déesse des arc-en-ciel : Rikku

Demi-Dieux/Héros:

- Orphée, fils de la muse Calliope: Pence

- Héraclès ou Hercule : Seifer

- Persée, vainqueur de Méduse : Hayner


Note de fin:

La suite arrivera quand elle arrivera, cette fanfic ne se laisse décidemment pas corriger bien sagement... : l

Au passage, je me permet de faire un peu de pub pour une autre de mes fanfictions (Assez mal-aimée en comparaison avec PMDGEE, mais bon, c'est pas bien dur. xD): Si vous aimez l'Axel de PMDGEE, celui de From Twilight to Dawn devrait vous plaire également! Il n'est pas encore apparu dans la fanfiction (qui en est à un prologue et 3 chapitres), mais devrait faire une entrée fracassante dans le chapitre à venir.

Je vous laisse le résumé juste là:

UA. Chassé de son village natal et livré en pâture à un esprit originel aux tendances pyromanes, Roxas se voit confier la tâche particulièrement ingrate de ressusciter des Dieux pulvérisés. -Yaoi, AkuRoku-

Et un petit extrait du dernier chapitre:

La nuit était chaude et l'air, étouffant. La lune, ronde et pleine, semblait les narguer depuis le ciel, et Roxas se demanda avec une amertume mal étouffée comment la Déesse pouvait laisser ses enfants mourir sous les griffes des monstres, dormant paisiblement dans son cocon de roche blanche. Elle leur avait donné un bref espoir : pendant une courte année, ils avaient été heureux. Ils n'avaient plus eu ni à se soucier de la barrière qui entourait leur village, ni à se demander tous les soirs avant de se coucher si l'énergie accumulée durant la journée par les panneaux solaires serait suffisante pour tenir toute la nuit. Ils n'avaient plus eu à garder de lightgun sous l'oreiller, ni à donner à des enfants à peine assez grands pour prononcer le mot 'monstre' des couteaux de la taille de leurs avant-bras. Ils avaient enfin pu goûter à un rythme de vie normal, se prenant à espérer une paix durable. Et pourtant, malgré toutes ces promesses d'un avenir meilleur, ils étaient revenus. Au moment même où la race humaine commençait à baisser sa garde et à vivre, cet infime espoir s'était retrouvé écrasé, comme s'il n'était rien de plus qu'un insecte agaçant.

N'hésitez pas à aller jeter un petit coup d'oeil! Ça n'est certainement pas aussi drôle que PMDGEE, mais Axel et Roxas y auront à peu près le même genre de relation.

Voilà, c'était juste un petit interlude après des nuits de correction acharnée. xD A la prochaine.