Bleach ne m'appartient pas. Je ne fais que tenter de développer ses personnages et proposer ma propre vision de ce monde et de sa magie. Je ne me fait aucun argent avec cette fic.
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Chapitre 11 : New dawn for a soul
Jyûshiro regagna la Soul Society sur une civière et avec une perfusion au poignet, à moitié inconscient du fait des blessures que lui avait infligé l'un des arrancars.
Il fut parmi les premiers pris en charge par Unohana. La jeune Inoue s'occupait des mourants à côté d'elle, ramenant ces blessés à un état où la division médicale pouvait prendre le relais. Lui, l'un des plus grièvement blessé dont la vie n'étais pas en danger immédiat, fut soigné par Unohana.
Il s'évanouit au bout d'une demi-heure de soins attentifs, gardant en perdant conscience le sourire rassurant de Retsu.
Lorsqu'il s'éveilla, il était dans un lit d'hôpital. Près de lui, il entendant les voix d'Unohana, de Kyourakou, d'Urahara et une quatrième voix, qui lui disait vaguement quelque chose. Il ouvrit les yeux et se releva légèrement.
-Ah, notre blessé est réveillé, fit le quatrième personnage en se dirigeant vers lui.
-Isshin ? Murmura Ukitake d'un air abasourdi.
-Oui. Isshin Kurosaki, médecin à Karakura pour vous servir.
C'était surprenant de le voir ici. Isshin avait quitté la Soul Society depuis de nombreuses années, en claquant la porte et clamant son mépris de celle-ci. Le voir ici à nouveau indiquait à quel point le combat avait dû être gravissime.
-Comment va ton fils, demanda-t-il pendant qu'Isshin l'auscultait.
-Pas trop mal, grimaça l'autre homme. Blessé, contusionné, moulu, rompu, il a passé de sales quarts d'heures. Foutus shinigamis va. Mais il est vivant, c'est tout ce qui importe. Je me voyait pas rentrer à la maison dire à mes filles que leur frère était parti, même sachant qu'elles le reverraient ici.
-Aizen ?
-Défait, mais pas mort hélas, continua Shunsui. Il a réussi à s'enfuir, nous n'avons pas encore compris comment. Il faut attendre que Ichigo soit réveillé pour qu'il nous en apprenne davantage. Mais Isshin a capturé Ichimaru, et Tôsen a été tué. Ainsi que la plupart de ceux qui l'ont accompagné ou sont restés au Hueco Mundo.
-Un bilan qui semble plutôt positif donc. Même si Aizen est toujours présent, nous l'avons bien isolé. Mais tu n'as pas l'air ravi Shunsui. Qu'est ce qui ne va pas ?
-Tout d'abord, déclara Urahara, même si nous avons réussi à l'arrêter dans sa tentative de créer l'Ouken, nous n'avons pu le séparer du Hogyoku. Mais sans les pouvoirs d'Inoue, il mettra des mois, voire des années, à retrouver sa pleine puissance.
-Nos pertes sont étonnamment peu nombreuses, continua Unohana d'une voix fatiguée. L'équipe du Hueco Mundo est revenue saine et sauve, grâce à Inoue et Mayuri. La plupart des blessés ont pu être pris en charge à temps, même si certains en sortent bien diminués. Par contre... nous n'avons pas réussi à sauver le capitaine Yamamoto.
-Par tous les dieux...
Jyûshiro se sentit écrasé par cette révélation. Pour tout le monde Yamamoto semblait aussi solide et indéboulonnable qu'un arbre plusieurs fois centenaire. Mais comme celui-ci, il avait donc fini par être jeté à terre. La Soul Society perdait son premier capitaine-commandant. Et Shunsui, Unohana et lui perdaient un presque père.
-Les pertes les plus nombreuses sont en fait chez les shinigami chargés de l'évacuation de la vraie Karakura, et chez les civils. Les morts s'y comptent par dizaines.
Yamamoto sortit immédiatement de l'esprit du capitaine de la treizième division.
-Mitsuki ? Elle est seine et sauve ?, s'exclama-t-il en se redressant vivement sur son lit, avant de grimacer de douleur. Sa blessure se rouvrait sous le choc.
-On ne l'a pas encore retrouvé, répondit Shunsui d'une voix défaite. Ni Nanao.
-Non...
-On manque de monde pour fouiller les décombres, expliqua Unohana en tentant de le faire se rallonger. Son quartier est un des plus détruits, et pour le moment nous n'avons pas détecté leurs reiatsus. Par ailleurs, nous avons dû envoyer une partie de la onzième et de la neuvième division, plus trois des vizards au Hueco Mundo sur les traces d'Aizen. Nous manquons vraiment d'hommes.
-Alors Unohana il n'y a pas à hésiter, déclara Ukitake. Shunsui et moi allons nous joindre aux recherches.
-Êtes-vous fou !, s'exclama la médecin. Je ne soigne pas les blessés pour qu'ils se relèvent aussitôt après. Cette... chose vous a transpercé le ventre. Il va vous falloir des mois de convalescence, et vous voulez partir fouiller des ruines !
Elle se calma soudain, et repris plus doucement.
-Je comprend que vous vouliez retrouver ces deux jeunes filles. Mais laissez cela à d'autres. Vous êtes blessés, tous les deux.
-Justement, fit Shunsui avec un sourire charmeur. Nous ne pouvons être utile à rien d'autre pour le moment. Et croyez bien que je vérifierai que notre cher Jyûshiro ne force pas.
-Et je vais les accompagner, ajouta Isshin. Les cas les plus graves ont déjà été traité ici, vous et Inoue-chan pouvez vous occupez seules de la suite. L'équipe médicale à Karakura a par contre besoin de renforts pour décerner les premiers soins. Et tout mon équipement médical peut servir.
Unohana soupira d'un air las.
-Eh bien, faites ainsi.
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Étant donné leurs conditions physiques respectives, ils mirent près d'une heure à arriver jusqu'à la banlieue est de Karakura, où demeurait Mitsuki.
Jyûshiro fut estomaqué en voyant les dégâts que le quartier avait subit. Il se tourna vers Isshin, qui haussa les épaules.
-Aizen savait que nous vivons dans ce quartier. Il a tout fait pour y acculer Ichigo, afin qu'il soit obligé de défendre d'autres vies en plus de la sienne et de se refréner sur ses attaques.
-Tu as deux autres filles non ? Elles vont bien ?
-J'avais pris mes précautions. Elles n'étaient pas en ville, mais chez une amie qui habite à quelques kilomètres.
Jyûshiro hocha la tête, avec compréhension. Se battre en sachant que les deux petites risquaient de mourir, cela aurait été un poids trop lourd pour le père et le fils. Lui-même, la simple idée qu'une erreur de sa part pouvait causer la mort de celle qu'il considérait comme sa fille l'avait paralysé durant tous ses combats.
« Vis, pensait-il de toutes ses forces, tandis qu'ils s'approchaient de la maison de Mitsuki. Vis. Profite de cette vie, que tu ne dois qu'aux expériences d'un imbécile pour sauver une âme qui ne demandait pas à l'être. Vis »
Mais chaque seconde accroissait son angoisse. Visiblement, Aizen avait emprunté un chemin qui passait par chez Mitsuki. Il fut soulagé de trouver l'appartement intact. Ils y découvrirent deux tasses de thé, encore pleines, posées sur la petite table. Elles avaient donc eu le temps de quitter l'endroit sans se faire attaquer. Pour les découvrir, tout reposait maintenant sur une seule question : Mitsuki était-elle une cible d'Aizen ? Était-il celui qui l'avait introduit à la Soul Society ?
Si oui -et même si la raison en demeurait incompréhensible, il paraissait logique de penser que le traître avait du chercher à la retrouver, pour parachever son but mystérieux.
-On a capturé Ichimaru, non ? demanda-t-il à Shunsui. A-t-il dit quoi que ce soit qui évoquerait Nanao ou Mitsuki ?
-Rien. Ce traître s'est contenté de sourire jusqu'à ce qu'on l'enferme. Mais je vois-ce que tu veux dire. Il est probable qu'elles aient rencontré Aizen.
-Refaisons le chemin d'Aizen...
-Nous les trouverons, fit Shunsui en souriant largement, d'un air soulagé.
En le voyant, Ukitake eut un peu honte. Il n'avait pensé qu'à Mitsuki. Mais Shunsui aimait énormément Nanao. Plus qu'il ne le pensait lui-même d'ailleurs. Jyûshiro avait toujours attendu avec amusement le moment où il se déclarerait. Et où il se prendrait une monumentale raclée. Si Nanao mourrait... Il préférait ne pas y penser. Ils devraient compter les morts, mais plus tard. Pour le moment, il fallait chercher les vivants.
Ils firent deux fois l'aller retour entre la maison des Kurosaki et celle de Mitsuki, sans succès. Une quinte de toux de Jyûshiro les força à s'interrompre.
-Où peuvent-elles être allées ?, grogna Shunsui d'une voix inquiète. Nous n'avons vu aucune trace d'elles, ni senti leur reiatsu.
-Il n'y pas beaucoup de solutions, répondit Isshin d'une voix triste. Ou bien elles sont mortes, ou leur force spirituelle a tellement baissé que nous sommes incapables de la repérer. Et plus il faiblira, moins nous le reconnaîtrons.
C'était exact. Plus ils tardaient, plus les chances de les retrouver en vie s'amenuiseraient. Nanao n'était pas très puissante pour une vice-capitaine. Il était donc compréhensible de ne pas la détecter. Mais Mitsuki ? Elle était plus forte pourtant. Même gravement blessée, ils auraient dû sentir un reiatsu comme le sien. A moins... Son cœur battit plus vite à cause de l'espoir qui l'envahissait. A trop voir Mitsuki comme sa fille, et non comme le vulgaire clone qu'elle était, il avait oublié l'essentiel. Ils avaient le même reiatsu. Et le sien, même s'il n'était pas à son apogée, le camouflait certainement. Il ne tergiversa pas une seconde de plus. Il ferma les yeux et éteignit complétement son reaitsu.
Il ne s'attendait pas à la réaction qu'il provoqua. Shunsui, qui donnait des coups de pied dans des cailloux se précipita vers lui, l'air effrayé.
-Jyûshiro !, criait-il. Nous fait pas ça, pas maintenant !
Isshin, quand à lui, couru en jurant vers sa trousse de soins avant de s'agenouiller près de lui et de lui ouvrir le haut de son uniforme pour écouter son cœur. Cela leur prit quelques fractions de secondes seulement, et Ukitake n'eut pas le temps d'esquisser le moindre geste pour les arrêter avant qu'Isshin ne s'exclame un « il vit ! » soulagé.
Il rouvrit les yeux et remonta son reiatsu.
-Pardon, s'excusa-t-il doucement. J'ai eu une idée, laissez-moi faire.
-Me fais plus jamais ça, gronda sourdement Shunsui, tandis qu'il se rallongeait parmi les ruines d'immeubles.
Ukitake ne répondit pas. Il se contenta de baisser à nouveau son reiatsu, plus doucement. Cela l'avait étourdit la première fois. Il l'avait presque éteint, et commençait à désespérer, quand soudain, il sentit comme une étincelle, un écho de sa propre énergie, quelque part à l'est. Ils se redressèrent tous les trois, remplis d'espoir à nouveau. Shunsui et Isshin se précipitèrent d'un bond, suivi par Jyûshiro. Il aurait voulu être le premier sur place, mais ne tenait pas à rouvrir ses blessures.
Son coeur battait plus vite, d'impatience, d'excitation et d'espoir. Il tentait de se contenir, de s'apprêter au pire, mais en vain.
La scène le figea donc d'horreur. Shunsui était agenouillé, tenant entre ses bras le cadavre de Nanao. La jeune femme était dans un état horrible. Elle avait été à moitié empalée sur une poutre de métal, et son visage et ses bras étaient couverts d'écorchures dues à des éclats de verre. Mais le pire, c'était la tache de sang qui s'était répandue sur toute sa poitrine. Jyûshiro s'approcha, le cœur brisé devant cette scène. Il examina le corps de Nanao. La blessure à son flanc était mortelle. Mais ce qui l'avait tué, c'était sa plaie au coeur. Et il avait vu suffisamment de ces blessures pour connaître l'identité de celui qui l'avait achevé. Ichimaru Gin. Il lui ferma les yeux, et pressa doucement l'épaule de Shunsui, pour lui indiquer son soutien.
Cela fait, il se tourna vers Isshin, accroupis un peu plus loin et lui tournant le dos.
-Est-elle... ?
Sa voix lui paru méconnaissable tellement elle était rauque.
-Elle vit.
Ukitake trouva enfin le courage de s'avancer en entendant ces deux mots. Mitsuki était vivante, c'est tout ce qui lui importait. À part sa jambe, elle était dans un état bien meilleur que Nanao. Elle avait été beaucoup moins écorchée par les débris de verre. Par contre, sa jambe était brisée et formait un angle bizarre sous l'énorme poutre d'acier qui l'écrasait.
-C'est soignable, répondit Isshin à sa question muette. Mais attendez-vous à ce qu'elle boitte toute sa vie. Et c'est un miracle que son coeur ait tenu.
-Il faut croire que les dieux ont d'autres projets pour elle, soupira Jyûshiro avec soulagement.
-Oui, sans doute. Mais en attendant, ils se montrent bien cruels.
La jeune fille choisit ce moment pour gémir et se réveiller. Elle eut un geste de recul en sentant près d'elle leurs présences.
-C'est moi Mitsuki, tenta-t-il de la rassurer, tout en lui saisissant la main. On va te sortir de là.
-Père ?, murmura-t-elle d'une voix pâteuse, avant que sa main ne se crispe sur la sienne. La douleur l'avait fait s'évanouir à nouveau.
Il y eut un instant de silence, puis il vit Isshin se relever et frotter sa blouse de médecin, grise de poussière.
-Je préviens Unohana. Elle aura besoin de ses soins, ou de ceux d'un de ses sièges. Et il nous faut des hommes pour la dégager de sous cette poutre.
-Bien. Je m'occupe de Shunsui en attendant, répondit Ukitake, sans se redresser ni relâcher Mitsuki.
Isshin s'apprêtait à partir, mais se retourna brusquement vers lui, avec un grand sourire.
-Alors ? Qu'est ce que ça fait d'être père ?
-C'est une horreur. On est tout le temps angoissé, pris de panique à l'idée qu'il arrive quoi que ce soit à notre enfant. Mais c'est une joie et une fierté à tous les instants.
-Ravi que ça te plaise.
Isshin disparut alors d'un coup de shunpo. Jyûshiro baisa doucement le front de sa fille, essuya la sueur qui y parlait, et rejoignit Shunsui, toujours hébété. Il l'éloigna doucement de la morte, et, se débarrassant de son haori, commença à nettoyer le visage de celle-ci, en essuyant le sang avec son manteau trempé à une bouche d'incendie éventrée.
C'était trop dur pour eux deux de contempler ce visage balafré et sanglant. Après les soins qu'il lui apporta, Jyûshiro eut un soupir soulagé. Maintenant, on aurait simplement dit qu'elle dormait. La scène était moins insoutenable pour son ami. Il la rallongea sur le sol et la couvrit du haori.
-Pardon d'être arrivé trop tard, Ise-chan, murmura-t-il.
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Mitsuki passa une dizaine de jours à l'hôpital avant qu'Unohana ne l'autorise à se lever à nouveau. Inoue l'avait soigné dès son arrivée et avait sauvé sa jambe. Celle-ci avait été brisée tellement de fois par les débris de l'immeuble que si la jeune fille et Unohana n'avaient pas été là, elle serait restée au mieux boiteuse toute sa vie.
Mais si elle avait du rester coucher pendant autant de temps, c'est que la capitaine de la quatrième division avait voulu en profiter pour lui faire subir toute une nouvelle flopée de tests cardiaques. Ces tests n'avaient rien révélés de plus que ce qu'elle savait déjà : son cœur pouvait la lâcher le lendemain comme dans dix ans. Unohana avait également été très claire : les pouvoirs d'Inoue ne pouvaient rien pour elle. Elle disait que pour soigner, Inoue devait soutirer une part de l'énergie vitale et spirituelle du blessé. Son cœur ne soutiendrait pas le choc, et Inoue la tuerais en tentant de la sauver.
Étonnamment, cela ne lui avait pas fait autant de mal qu'elle le craignait. Cela faisait six mois que Mitsuki devait vivre avec cette menace sur la tête. Elle pouvait désormais vivre avec cette épée de Damoclès.
Pendant ces dix jours, elle n'eut que peu d'informations sur ce qui s'était passé. Tout le monde était bien trop occupé pour tenir compagnie à une malade qui n'avait pas besoin d'une garde attentive. Aussi, elle avait juste eu la confirmation de la mort d'Ise, et elle avait appris celle du capitaine-commandant. Une infirmière avait également dit à Mitsuki qu'elle serait prochainement interrogée sur ce qui c'était passé, mais que la priorité à l'heure actuelle c'était le renvoie de Karakura dans le monde réel et les soins aux blessés, sans parler de l'enterrement des morts.
Une fois qu'elle fut levée et qu'elle ait enfilé des vêtements déposés à son attention, elle quitta la chambre glaciale pour s'aventurer dans les couloirs. Ici aussi c'était l'hiver, même s'il était moins froid que dans le monde réel. Le froid se glissait sous les portes, et lorsqu'elle parvint après de nombreux tours et détours à un jardin, elle sentit une fine couche de neige sous ses pieds. Elle resta là plusieurs longues minutes à sentir la neige se poser sur ses épaules et ses bras.
Elle ne songeait à rien au début. Puis, une voix s'insinua dans sa tête. Ce n'était pas celle de son sabre, muet depuis la bataille, mais celle d'un souvenir.
« Peut être puis-je faire quelque chose pour toi petit chat aveugle. Tu vas mourir ici tu le sais ? Personne ne va passer ici pour te ramasser. »
Il parlait avec une voix douce. On aurait davantage dit qu'il chantonnait un air plutôt qu'il parlait.
« Là-bas tu seras peut être soignée, je n'en sais rien. Mais ici tu va mourir. La porte que j'ai ouverte ne le restera que quelques minutes. Choisis bien et vite. »
Il l'avait sauvé cet inconnu. Il lui avait donné une possibilité de vivre, un choix. Choisir... Elle n'avait pas eu le choix de sa vie, mais là, pour la première fois, elle avait eu le droit de choisir la vie ou la mort. Les gens de la Soul Society, avec toute leur gentillesse et leur condescendance, ne lui avaient jamais laissé le droit de choisir. Ils lui avaient imposé une vie, pour son bien ou le leur.
« Quel insecte a tu trouvé Gin ? »
Il étais passé à deux pas d'elle, l'avait frôlé de son hakama. Il l'avait forcément vu. Alors pourquoi n'avait il rien dit ?
« Voilà un petit chaton qui ne miaulera plus. »
Le bruit de la chair transpercée. Le désintérêt dans cette voix. Ise n'était qu'un insecte
« À ce jeu, vous êtes plus fort que moi. »
Puis une fêlure dans sa voix. Pourquoi ? Le traître avait-il peur de son chef ? Regrettait-il ?
Pourquoi ?
Pourquoi l'avoir sauvé deux fois ?
-Que faites-vous là Aoba-san ?
Elle sursauta et se retourna en tendant ses mains en avant pour sentir qui étais là. Perdue dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu venir. Elle tenta d'identifier l'énergie spirituelle qui l'environnait.
-Kuchiki-san ?
-Oui.
-Excusez-moi, je ne vous ait pas entendu venir. Je pensais à autre chose. Je m'excuse, fit-elle en se levant. Elle avait appris qu'il était noble, et ne savait pas comment se comporter. Après tout, elle ne l'avait pas revu depuis qu'elle l'avait recueilli deux ans auparavant.
-Ne vous excusez-pas. Les sujets de préoccupation sont nombreux en ce moment.
Ils restèrent un moment debout à côté de l'autre, puis le noble repris la parole, d'une voix hésitante.
-On m'a dit que vous étiez... intime avec mon lieutenant, Abaraï Renji.
-C'est vrai, fit-elle après un moment de surprise. On a sympathisé à Karakura.
-On m'a même laissé entendre que vous étiez ensemble.
-C'est vrai également. Pourquoi cette question ?, continua-t-elle avec inquiétude.
-Je voulais vous rassurez, et vous avertir qu'il se remettait de ses blessures.
Un poids disparut de sa poitrine. Renji vivait. Il était en vie.
-Pourrais-je le voir, demanda encore Mitsuki en saisissant le bras du capitaine.
-Pas aujourd'hui, je m'en excuse. Les capitaines Kyourakou et Ukitake doivent l'interroger sur ce qui s'est passé au Hueco Mundo. Et cet imbécile sera épuisé par cet entretien, vu son état. Il faut toujours qu'il en fasse trop...
-Ce serait pas Renji sans ça, non ?, rit-elle doucement. Elle pensait à leur baiser, à ses mots doux, à son souffle sur ses lèvres. Elle était heureuse, amoureuse et sereine.
Seule une question obscurcissait son cœur.
« Ici tu va mourir. Choisis vite et bien. »
-Kuchiki-san ? Puis-je vous demander un conseil ?
Seul le silence lui répondit. À tâtons, elle avança de quelques pas, mais le capitaine était parti aussi silencieusement qu'il était venu. Elle resta quelques minutes de plus à songer sous la neige, puis frissonna et rentra à l'intérieur de l'hôpital.
Ukitake pénétra dans sa chambre tôt le lendemain matin. Mitsuki se tourna vers la porte en sentant son reiatsu, surprise.
-Jyushirô-san ? Qu'y-a-t-il ?
-Je venais te demander ce que vous comptiez faire désormais Mitsuki.
-Ai-je le choix ?, demanda-t-elle avec une certaine aigreur dans la voix.
-Plus qu'il y a quinze jours en tout cas, soupira son « père ». La mort de Yama-ji a changé beaucoup de choses. La capitaine Unohana, Kyourakou ou moi allons être choisi pour lui succéder. Et considérant que Aizen ne semble pas vous avoir inclus dans ses plans, vous serez probablement moins surveillée sur Terre. Mais j'ai également une proposition à vous faire, que celui d'entre nous qui sera choisi transmettra aux instances supérieures. Cette proposition ne vous est pas réservée, elle sera faite à chacun des humains qui a participé à cette guerre contre Aizen. C'est celle de demeurer ici, et de devenir shinigami.
-Maintenant ? Mais... c'est le royaume des morts ici. Nous sommes des... « ryokas », des âmes errantes, et vous êtes tenus de nous chasser ou nous tuer non ?
-Oui. Mais il y a eu des exceptions autrefois, dans des cas similaires. La famille Kurosaki va probablement nous rejoindre, et certaines personnes bannies autrefois réintégrées au sein des armées de la Cour.
Elle eut un mouvement involontaire en imaginant se retrouver confrontée à celui qui l'avait créée. Cet homme qui n'avait eu aucun respect de la vie, et lui avait donné une existence tronquée. Urahara Kisuke.
-Urahara sera le seul à ne pas recevoir ce genre de proposition, continua Ukitake. Ses actes -création d'un corps artificiel indétectable ou manipulation d'un morceau d'âme- sont trop graves pour qu'il y ait pardon, quoiqu'il ait fait par ailleurs. Comme tu le vois, tu n'auras donc pas à le rencontrer ici.
Mitsuki hésitait. Elle ne savait trop quoi dire, ni quelle solution adopter. On lui donnait enfin un choix, mais elle ne savait qu'en faire.
-Je vais y réfléchir. Je ne sais pas trop. C'est soudain.
-Je comprends. Et n'oublie pas que quel que soit ton choix, il doit être ratifié par la chambre des 46. Ne te fais pas trop d'espoirs, ils peuvent refuser. Mais si tu accepte et eux aussi, sache que tu as déjà ta place chez moi, si tu l'accepte.
-Je vous remercie, répondit elle avec son premier véritable sourire de la journée. Je suis très touchée par votre gentillesse, ...père.
Elle ne le voyais pas, mais elle pouvait sentir son contentement et sa fierté à se voir appeler ainsi. Mitsuki se sentit alors heureuse de pouvoir donner un peu d'amour à cet homme malade mais si attentionné. Elle était prête à l'aimer véritablement comme un père, quel que soit son choix.
Ukitake partit après un petit échange de banalités, et elle se retrouva à nouveau seule.
« Que choisir ?, murmura-t-elle à voix très basse. Restez ici, choyée par ce père que je me découvre, aimée par Renji, ou rejoindre le monde réel, et y vivre les années qu'il me reste ? Je n'ai pas envie de dépendre de qui que ce soit, d'être une fille de la petite noblesse du Seireitei ou du capitaine-commandant. Pas encore. Pas avant d'avoir vécu, comme je veux. »
Inconsciemment, elle s'était levée et était sortie de l'hôpital, cheminant aux alentours sans trop s'éloigner. Et un souvenir, à nouveau s'imposait à elle.
« Peut être puis-je faire quelque chose pour toi petit chat aveugle. Tu vas mourir ici tu le sais ? Personne ne va passer ici pour te ramasser. »
Tout d'un coup, elle sut ce qu'elle devait faire. Elle ne pouvait pas se décider ainsi. Il fallait qu'elle clarifie son passé avant de décider de son futur. Elle devait voir Ichimaru. Pas dans quinze jours ou dans vingt ans. Maintenant. Mais elle savait aussi que personne ne lui donnerait l'autorisation, à elle la petite ryoka, d'approcher le traître. Tous refuseraient, pour la protéger ou par méfiance. Elle ne voyait qu'une personne qu'elle pouvait convaincre.
Il lui fallut une heure pour atteindre le bâtiment qu'elle cherchait. Elle avait du être le plus discrète pour ne pas se faire repérer. Elle se doutait que s'aventurer aussi loin de la quatrième division serait mal vu. Se fiant aux reiatsu et aux bruits qui l'environnait, cachant sa propre énergie, elle atteignit la sixième division, où elle se faufila par une fenêtre ouverte du rez de chaussée. Là, elle se laissa guider par le reiatsu de Kuchiki, qu'elle sentait au premier étage. Après de nombreuses hésitations, elle sentit enfin une porte sous ses doigts. Elle pénétra alors dans le bureau.
-Puis-je savoir ce que venez faire ici, Aoba-san ?, fit la voix glaciale du capitaine.
-Vous demander un service, réussit-elle à déclarer, se sentant figée par le regard du noble.
-Un service ? Expliquez-vous.
-Je sais qui m'a fait rentrer ici il y a six mois.
Elle sentit la froideur se transformer en intérêt dans la voix du capitaine. Il vint la prendre par la main et la guida vers une chaise en bois près de son bureau, puis il se rassit.
-Vous le savez ? Depuis quand ?
-Dix jours.
-Qui est-ce ?
-Ichimaru Gin, répondit-elle dans un souffle.
Le capitaine Kuchiki se tut longuement. Il semblait réfléchir. Mitsuki, mal à l'aise, se tordait sur la chaise, attendant qu'il parle.
-Pourquoi me dire cela ? À moi spécifiquement ? Et en êtes vous certaine ?
-J'ai reconnu sa voix quand il a... achevé la lieutenant Ise. Je crois qu'il est passé à moins d'un mètre de moi, deux fois, son hakama m'a frôlé. Je ne peux pas jurer qu'il m'a vu. Mais rien ne me cachait. C'est impossible qu'il ne m'ait pas vu.
Si je dis ça à vous... Renji m'a dit que vous placiez l'honneur au-dessus de tout. Alors je me suis dit que vous pouviez comprendre. Ichimaru m'a sauvé, une fois certainement, peut-être deux. Je veux comprendre pourquoi un traître aurait fait ça. Et puis... il va être jugé non ? S'il n'a pas fait ça pour obéir à des plans d'Aizen, je dois le défendre lors de son procès. Mais je refuse de le faire avant de savoir si je n'étais qu'une part d'un plan, ou s'il a eu pitié d'une passante. Et vous savez comme moi que je ne peux pas attendre. Si on attends trop... qui sais si je serai encore là pour témoigner. C'est maintenant qu'il faut que je l'interroge, vous comprenez ?
Elle avait la gorge sèche d'avoir autant parlé. Les yeux baissés, elle attendit en silence la réponse du capitaine.
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Byakuya resta un long moment silencieux. Tout cela était étrange. Il ne voyait vraiment aucune raison pour Ichimaru de sauver ainsi Mitsuki ? Cela étonnait de la part de cet homme qui avait tout fait pour faire exécuter Rukia et qui l'avait presque détruit psychologiquement en quelques mots. Il était véritablement intrigué, et désirai en découvrir plus. Mais son choix ne devait pas être dicté pas la curiosité.
Là où la jeune femme avait raison, c'est lorsqu'elle disait que son témoignage devait être recueilli au plus vite. Elle n'en avait peut être que pour quelques mois, songea-t-il avec un crispement au cœur. Il pouvait au moins lui offrir les réponses qu'elle attendait, ne fut-ce qu'en souvenir de sa vie qu'elle avait sauvé.
Il releva son regard sur la jeune femme aux cheveux blancs. Elle fixait le sol de ses yeux sans vie, l'air très calme en apparence, mais son reiatsu tremblotait sous les émotions qui l'agitait. Il pris sa décision, et quitta son siège pour aller ouvrir un dossier posé sur le bureau inoccupé de Renji.
-Vous avez de la chance Mitsuki. Ceci est l'ordre qui m'impose d'aller interroger Ichimaru aujourd'hui. Je suis le troisième à en être chargé, et je suis autorisé à me faire accompagner de quiconque peut apporter un élément nouveau. Vous en avez apporté un, que nous devons confirmer.
Vous devez signer ces papiers, où vous déclarer ne rien apporter au prisonnier, ne pas porter d'armes pouvant lui servir à se donner la mort ou s'évader, et ne lui transmettre aucune information sur l'extérieur.
-Sait-il qu'Aizen a fui ?
-Oui, mais il ne sais pas si nous avons réussi à l'attraper ou non. Il doit donc continuer à tout ignorer à ce sujet.
Il s'approcha de la jeune femme avec les papiers et guida sa main. Elle signa d'une écrite large et hésitante, avant de se lever.
-Mon zanbakuto ?, demanda-t-elle.
-Laissez-le ici. Je vais vous guider, prenez mon bras.
En quelques minutes, ils arrivèrent à la Tour du Repentir où était gardé Ichimaru. Toutes les précautions avaient été prises. Toutes les fenêtres avaient été murées, la porte renforcée, la garde triplée. Seule l'autorisation signée par les capitaines des quatrièmes, huitième et treizième division leur permirent de passer.
L'intérieur de la Tour était méconnaissable. Plus un seul rayon de lumière naturelle ne passait. Deux lampes éclairaient seules l'immense pièce. Il distingua un grillage qui empêchait le traître de trop s'approcher de la porte, et près de la grille cinq chaises pour les visiteurs et un bureau sobre où étaient posés un nécessaire d'écriture et du papier. Derrière eux, la porte se referma lourdement et il lui fallut plusieurs secondes pour s'habituer à l'obscurité de la pièce. Il guida Mitsuki vers les chaises et elle s'assit près de la plus proche de la lourde grille de fer. Quand à lui, il s'assit derrière le bureau, s'apprêtant à noter les détails de l'interrogatoire.
Il se mit alors à scruter l'obscurité, cherchant Ichimaru des yeux, sans le trouver. Mitsuki par contre semblait très bien savoir où il se trouvait. Elle fixait les yeux grand ouverts le troisième palier de l'escalier en colimaçon qui menait au sommet de la Tour. Il finit par y distinguer en effet une forme vêtue de blanc sale.
-Descend, Ichimaru, ordonna-t-il.
-Pourquoi donc ?, fit la voix moqueuse et chantonnante du traître. Je suis très bien là-haut.
-Descend.
-Bien, bien, j'arrive. Je m'en voudrais trop de ne pas voir vos têtes. Ta sœur va bien depuis qu'on a échoué à la faire exécuter ?
Byakuya serra les poings, mais réussi à s'interdire de répondre.
-Mais qui t'accompagne ? Ne me dit pas que ce cher Renji est mort et que tu as dû le remplacer ? Ce serait vraiment trop triste.
-Je te présente quelqu'un que tu connais sûrement. Aoba Mitsuki, répondit le capitaine en évitant les pièges que lui tendait Ichimaru pour en apprendre davantage sur les évènements.
-Connais pas, répondit l'ancien capitaine en s'approchant de la grille et collant son visage à deux doigts de celui de Mitsuki.
-Jolie fille. C'est qui ? La fille illégitime de Jyûshiro ? Et moi qui pensait que ce n'était pas son genre les liaisons à la sauvette dans le Rukongai... Qu'est ce qu'elle fait là ? Tu amène ta maîtresse voir les prisonniers maintenant ? Je dis maîtresse, parce qu'un Kuchiki, ça n'épouse pas les bâtardes ou les mendiantes du Rukongai. Oh désolé ! C'est vrai que tu as déjà déçu ta famille une fois. Tu peux tout te permettre maintenant. Il te paye au moins j'espère joli petit bibelot.
Mitsuki frissonna sous les insultes mais garda la tête droit et les yeux ouverts, sans reculer. Byakuya, lui, fit appel à tout son self-contrôle.
-Tu nous ennuie Ichimaru, fit-il de la voix la plus morne possible. Et tu baisse dans tes insultes en devenant vulgaire.
-Pas ta maîtresse donc ? On t'a juste demandé de faire la nounou des bâtards des autres capitaines ? Qui est la mère de celle-là ? Unohana ou Soi Fon ? Ce serait croustillant.
-Nous venons...
-Je viens chercher la confirmation que c'est vous qui m'avez sauvé et envoyé au Seireitei Ichimaru-san. Je sais que c'est vous, j'ai reconnu votre voix. Une aveugle n'oublie jamais une voix, surtout comme la vôtre.
-Oh, si une aveugle le dit c'est que ce doit être vrai ! Elle a des yeux horribles, hein Byakuya. On dirait des yeux de poisson mort. Et dit moi petite chose, pourquoi je t'aurais sauvé une fois il y a je ne sais combien de temps ?
-Deux fois, la dernière il y a dix jours. Et j'attends que vous me disiez pourquoi.
-Qui sait... Peut être que je m'ennuyais.
-Réponds Ichimaru.
-D'accord, d'accord. Je t'ai sauvé parce qu'Aizen avait besoin de toi.
-Besoin de moi ?
-Mais oui voyons ! Il avait besoin d'une humaine avec un fort reiatsu et on t'a trouvé mourante dans la rue. On t'a enlevé, modifié la mémoire et remise dans la rue où je t'ai joué cette petite comédie. En fait, on t'a inséminé un échantillon du reiatsu d'Aizen, destiné à passer innaperçu durant tout ce temps, et programmé pour qu'à sa mort il se développe à nouveau, et que tu finisse par re-mettre au monde le capitaine Aizen. Très fort hein ?
À la grande satisfaction de Byakuya, Mitsuki n'eut aucune réaction. Ils savaient eux qu'Aizen était vivant et en fuite. Et tout d'un coup il comprit que c'est exactement ce que le traître avait cherché à savoir. Il le regardait avec un grand sourire vainqueur.
-Cesse de plaisanter Ichimaru.
-C'était un peu gros hein ? Désolé mignonne, le bébé n'est pas pour tout de suite.
-Pourquoi m'avez vous sauvé ?
-Pour avoir une jolie petite chose qui crie sous moi le jour de la victoire ?
-Pourquoi m'avez vous sauvé ?
Le traître se pencha soudainement en avant, passant son bras entre les barreaux pour prendre l'épaule de Mitsuki et la rapprocher de lui. Le mouvement avait été si rapide que Byakuya avait juste eu le temps de se lever. Il hésita à aller repousser l'ancien capitaine, puis décida de le laisser faire, le surveillant attentivement, prêt à les séparer à la première tentative du traître de faire quoi que ce soit. Il tendit l'oreille pour comprendre les murmures d'Ichimaru.
-Tu n'a pas compris petit chaton ? Je n'ai aucune envie de te le dire. Qu'est ce que tu veux ? Voir en moi un héros qui a trahi Aizen pour sauver une pitoyable humaine ? Tu est tombée amoureuse de ton sauveur inconnu et imaginait un preux chevalier tout de blanc vêtu ? Est ce que tu t'est plu à imaginer que j'étais un héros, que je trahissait en fait Aizen et non pas la Soul Society ou quelque chose dans ce genre ? Tu est une petite idiote, un ver de terre, et je n'ai pas à te donner mes raisons. Imagine-toi ce que tu veux chaton, je m'en fout. À mes yeux, tu n'est qu'une vermine. Tu n'est même plus amusante. Va-t-en. Tu n'as rien à faire là. Va vivre ta vie, et laisse moi attendre mon procès et mon exécution sans avoir ta petite figure d'ange pour me pourrir la vue.
Il la repoussa méchamment en arrière, et elle tomba à la renverse sur le sol, sa tête heurtant bruyamment le sol de pierre.
Byakuya se précipita auprès de la jeune fille qui se relevait déjà, en se frottant la tête. Le choc avant défait son énorme chignon et ses cheveux tombaient en mèches lourdes autour de son visage.
-Ça va, murmura-t-elle alors qu'il la saisissait par le bras. Je n'ai rien.
Tout d'un coup, il la sentit se crisper. Elle écarquilla les yeux et saisit sa poitrine de son autre main.
-J'ai mal, murmura-t-elle d'une voix oppressée.
Elle semblait au bord de l'évanouissement, et lorsqu'il posa une main sur son cœur, il sentit celui-ci battre à toute vitesse, de manière saccadée.
Il courut vers la porte, maudissant les pierres mangeuses de reiatsu qui l'environnaient et l'empêchait d'utiliser le shunpo. Il tapa sur la porte à toute volée et elle s'ouvrit.
-Appelez immédiatement Unohana. Aoba fait un malaise. Vite. Vous, aidez-moi à la sortir d'ici, que son reiatsu remonte plus vite.
L'ouverture de la porte avait déjà rendu un peu d'énergie à la jeune femme. Mais même une fois sortie, elle continua à haleter et crisper sa main sur son cœur avec une grimace de douleur. Encore une fois en la voyant, il repensa à Hisana, pour la première fois depuis quelques temps. Hisana était morte en douceur, sans souffrir et comme on s'endort. Mitsuki, elle, vivait un enfer. Il comptait les minutes, attendant avec impatience de voir arriver Unohana à l'horizon. Enfin, la raie volante apparut, et quelques instants après, la capitaine dispensait les premiers soins d'urgence à la jeune femme.
De longues minutes s'écoulèrent, perturbées uniquement par les gémissements et les halètements de Mitsuki. Byakuya attendait, terrifié, quand Kyourakou et Ukitake apparurent à côté de lui. Kyourakou était visiblement saoul. Il n'avait pas arrêté de boire depuis la mort de sa lieutenant, et il empestait le vin. Mais la scène semblait l'avoir un peu dégrisé. Ukitake à côté de lui avait l'air épuisé, et Byakuya se rappela qu'il avait fait une crise deux jours auparavant. Il venait probablement lui aussi de l'hôpital.
Il s'agenouilla auprès de Mitsuki, qui réussit à lui sourire au milieu de ses larmes de souffrance.
-ça me brûle dans la poitrine, jusqu'à la nuque, gémit-elle.
-Calmez-vous Mitsuki, dit Unohana d'une voix douce en lui faisant avaler un médicament. Si vous stressez, vous accentuez la douleur.
La jeune fille hocha la tête, et tenta de respirer calmement.
-Qu'est ce qui va m'arriver ?
-Rien, ne vous inquiétez pas, sourit la médecin, mais son regard dirigé vers Ukitake et Byakuya était formel. Les chances de la sauver étaient minimes.
-J'espère... j'espère que si je meurt, je ne vous oublierai pas. De toute façon, je vais revenir ici n'est ce pas ? Seul mon corps va mourir, alors ce n'est pas grave.
Sa voix s'était faite de plus en plus faible. Puis elle cessa totalement de parler, et Byakuya qui avait détourné la tête se retourna vers elle. Mitsuki avait les yeux fermés, et Unohana s'échinait à lui masser le cœur pour ramener de la vie en elle. Ukitake crispait sa main autour de celle, ballante de sa fille, soutenu par Kyourakou. Enfin, Unohana se redressa.
-C'est fini, dit elle dans un souffle, et Byakuya sentit son cœur transpercé une fois de plus. C'est fini.
-Que va-t-il lui arriver ?, demanda Kyourakou complètement dégrisé.
-Son corps et son âme sont morts tous les deux, fit Unohana. Sinon, son corps aurait déjà disparu, et son âme serait restée. Quand à ce qu'il va advenir d'elle... Qui sait ? Son âme n'était pas vraiment à elle.
-Si, fit Ukitake d'une voix rauque. Elle n'étais pas une part de mon âme ou une création artificielle. Elle était elle-même. Un corps, un cœur et une âme uniques. N'en doutez pas une seconde.
-Si cela est... alors elle va sans doute se réincarner dans le monde réel, comme toute âme du Seireitei ou du Rukongai qui meurt sans avoir été mangée par un Hollow. Et elle reviendra un jour. Mais ce ne sera probablement plus la même. Mais je peux me tromper, et elle va réapparaître dans le Rukongai dans les prochains jours. Il nous faudra demander à Mayuri ce qu'il en pense.
Elle ôta son haori pour en recouvrir le corps de la jeune femme. Ukitake s'était assit sur le rebord du pont qui menait à la Tour. Les yeux fermés, il semblait réfléchir ou prier. Kyourakou le fixa quelques instants, puis s'approcha de Byakuya.
-Au fait, que faisiez vous là-dedans avec elle ?
-Elle a reconnu la voix d'Ichimaru comme étant celle de l'homme l'ayant fait pénétrer ici. Nous l'avons donc interrogé au plus vite, étant donné sa santé préoccupante. L'interrogatoire a donné quelques pistes intéressantes à explorer.
Il parlait d'une voix sèche, mécanique. Il adoptait cette voix à chaque fois qu'il était confronté à une douleur profonde. Il s'engloutissait dans le travail et s'éloignait du monde, le temps de surmonter sa peine. Lorsqu'il avait perdu Hisana, il avait mit deux ans avant de réussir à nouveau à tenir une conversation normale et à ressentir des émotions. C'était le visage riant de Rukia, découvert par hasard au détour d'un couloir qui avait brisé la chape de glace sur son cœur. Elle l'avait sauvé. Puis Ichigo à son tour lui avait libéré le cœur en sauvant Rukia.
-C'est bien Ichimaru qui a permis à Mitsuki de rentrer ici, continua-t-il sans s'aviser qu'il l'appelait par son prénom. Et qui lui a sauvé la vie semble-t-il il y a dix jours également en ne dénonçant pas sa présence à Aizen. Au milieu des horreurs qu'il a dite, nous n'avons pu déceler les raison de ce double acte, ni la façon dont il l'a fait pénétrer ici. Et il a compris qu'Aizen était libre.
-Étrange... Qu'en pensez-vous Unohana ?
-Qu'il faut l'interroger plus avant.
-Je m'en occupe, fit Byakuya, en se faisant rouvrir la porte.
Une fois de plus, il lui fallut un temps d'adaptation à l'obscurité quasi totale de la pièce. Il s'avança alors vers la grille, cherchant des yeux Ichimaru dans les recoins de la pièce. Il sentit alors son pied résonner dans une flaque. Baissant le regard, il découvrit une flaque sombre qui s'écoulait doucement. La suivant des yeux, il aperçut alors le corps immobile.
-Unohana ! Hurla-t-il.
La capitaine-médecin pénétra aussitôt dans la pièce et poussa une exclamation de surprise. Les gardes qui la suivaient ouvrirent avec précipitation la grille, tandis que d'autres s'apprêtaient à fermer la porte à la moindre velléité du prisonnier de s'évader. Mais Byakuya savait d'ores et déjà qu'il était trop tard. Ichimaru avait perdu trop de sang. Quelques secondes plus tard, Unohana confirma son diagnostic.
-Ichimaru est mort, fit-elle en se tournant vers les trois capitaines. Il s'est ouvert les veines avec cette épingle à cheveux.
Byakuya écarquilla les yeux.
-C'est celle d'Aoba. Il l'insultait et il l'a saisit avant de la rejeter en arrière. Un geste parfaitement prémédité en fait.
Ils se regardèrent tous les quatre, hagards. Deux morts en quelques minutes, après tous ces morts dix jours auparavant, c'était trop.
-La mort remonte à quelques minutes. Ils ont dû partir à quelques secondes d'intervalle.
-Il aura voulu échapper au châtiment que lui aurait infligé Aizen s'il avait parlé je suppose, fit Ukitake.
-Je ne sais pas, réfléchit à voix haute Byakuya. Il a été étrange durant tout l'entretien. Il avait l'air d'une bête aux abois, ayant abandonné toute envie de lutter. Sa gouaillerie, ce n'étais qu'un masque je crois. J'ai noté la plupart de ses paroles. Il y a quelque chose dans son discours que je n'ai pas vu. J'espère y trouver quoi.
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Deux jours plus tard, quelques capitaines, lieutenants et ryoka se trouvaient réunis dans une pièce reculée de la demeure d'Ukitake. Vêtus de blanc, ils regardèrent le capitaine, à l'air plus épuisé que jamais, accrocher à un présentoir la dame de bois ailée qui fut le sabre d'Aoba Mitsuki -désormais officiellement Ukitake Mitsuki-. La dame y rejoignait d'autres sabres de shinigami morts du clan. Après un instant de silence, tous sortirent petit à petit.
Suivi de Renji, Byakuya se rendit dans le jardin aux carpes de leur hôte. Son vice-capitaine avait l'air dévasté.
-Elle reviendra Renji.
-Mais ce ne sera pas elle, je sais. Ce sera une autre femme, avec une autre vie. Peut-être même une petite vieille. Et elle ne se souviendra pas.
-Peut être. Mais je crois qu'il y a des choses qu'on ne peut oublier. Un passé comme celui-là, aussi lourd, ne peut que se rappeler à vous.
-C'est ce que je crois aussi Renji, fit Ukitake en se joignant à la conversation. Quand on vit aussi longtemps que moi, on voit des êtres aimés mourir et revenir. Et il y a des choses qu'ils n'ont pas oublié, et d'autres qu'ils se remémorent. Ils ont la même apparence, d'autres souvenirs, mais l'âme est la même. Et les âmes sœurs se reconnaissent toujours.
Il s'éloigna aussitôt, et ils le laissèrent seuls face à sa douleur. Eux-même avaient déjà à faire à la leur.
-Mitsuki. Lueur d'espoir. Tu portais bien ce nom. Tu donnais l'espoir, mais tu n'en a pas gardé une once pour toi. Vit ma fille, et reviens nous, apaisée. Je t'en prie.
Ces mots n'étaient qu'un murmure, qui s'éteignit lorsque Ukitake disparut derrière un mur. Byakuya leva les yeux vers le ciel noir, y cherchant des réponses à ses questions.
En vain.
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Et voici la fin de cette fic, aussi sombre que le début le fut il y a quelques mois. De cœur et d'âme s'arrête ici, mais la suite, De sang et d'âme arrivera vers début septembre. Il me reste encore beaucoup à voir pour cette nouvelle intrigue, qui verra la fin de la guerre contre Aizen, et le retour de Mitsuki à la Soul Society.
J'espère que vous aurez autant aimé la lire que j'en ai eu à l'écrire. N'hésitez pas à me laisser un petit mot -c'est rapide et gratuit- et si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Je vous répondrai autant que possible.
Merci à vous en tout cas de m'avoir lu jusqu'ici et dispensé vos avis.
