Par avance : On s'approche de la fin mais je dois encore décider de quelques approches... Ce chapitre est un peu plus long que la normale et amène pas mal d'infos sur les Mangemorts que j'ai pu créer. Vous allez notamment découvrir deux lieux inédits et entendre parler d'un personnage qui sera plus important dans les deux tomes à venir. Y a une semi révélation aussi, enfin plutôt un teasing.
Autre petit détail : j'ai commencé le tome 1 de ma fanfic il y a 5 ans. A l'époque, ceux et celles qui ont lu les 3 tomes d'un coup doivent s'en souvenir, j'avais intégré le téléphone portable de Maggy, chose dont je me mords les doigts aujourd'hui. A l'époque, je me rebellais un peu contre l'intégration des dates dans un roman qui me semblait intemporel. Pourtant par la suite, ça a été l'inverse, j'ai trouvé que les dates avaient un sens pour la saveur du roman. Le téléphone portable a donc disparu, la voiture d'Elektra est une voiture de l'époque des faits (début des années 90), etc. Du fait, les dates des procès du Mangemagot qui sont dans ce chapitre correspondent avec les dates canoniques (plus ou moins, vu le manque de précision sur ce point). Je devrais réécrire le tome 1 pour évacuer mon erreur de jeunesse mais bon, j'ai déjà 3 tomes à finir encore...
J'espère également que mon Grand Verrouillage n'est pas en contradiction avec le canon...
LA LISTE DE NORRINGTON – MORRIGAN O'REILLY
J'ignorais totalement où Morgan m'emmenait. Je n'avais même pas demandé. Je savais juste que nous devions rejoindre un Portoloin secret – puisque ceux-ci étaient normalement déclarés auprès du Ministère.
Le balai filait à toute vitesse par-dessus forêts et collines et Morgan semblait parfaitement savoir où elle se rendait. Je préférai garder la surprise de notre destination et ne dit pas un mot. Je n'avais de toute façon pas très envie de crier pour me faire comprendre.
Nous ralentîmes en passant par-dessus un petit village faiblement éclairé, puis Morgan descendit vers un chemin en pleine forêt apparemment abandonné puisqu'envahi par de nombreux feuillages, qui était cependant plutôt large. J'avais cru voir les formes d'un bâtiment plus loin, mais la nuit tombant, je n'en étais pas sûre. Nous continuâmes à pied sans que Morgan n'ajoute quoique ce soit. Son silence devenait pesant.
« Ca ne te ressemble pas d'être si taciturne.
Morgan tourna de moitié la tête pour me regarder alors que je la suivais. Elle avait un visage étrange que je ne sus déchiffrer.
– C'est juste que… J'ai cru que ce serait plus facile de revenir ici.
– Où ça ?
Le chemin tournait. Morgan poussa un énorme soupir et répondit :
– Là où j'ai à la fois les meilleurs et le pire de mes souvenirs. Là où se sont déroulés les évènements qui ont fait ce que je suis aujourd'hui.
Je pensai alors avoir deviné. Le bout de mur qui apparut au détour du chemin me conforta dans mon idée. C'est avec une certaine excitation que je découvris un immense manoir fait de pierre sombre et entouré par un mur d'enceinte similaire qui devait faire cinq mètres et qui était surmonté de pic. La masure était faite d'un bâtiment central à trois étages et de deux ailes à deux étages, avec derrière le centre une sorte de tour, le tout surmonté de toits en tuiles noires. Les fenêtres étaient hautes et ouvragées, tout comme le portail en fer poli et l'imposante double porte de l'entrée. Le tout semblait abandonné mais dans un état assez correct. Alors que je restais immobile devant ce lieu impressionnant et rendu quelque peu lugubre par la nuit, Morgan se posta devant moi et déclara :
– Bienvenue au manoir Ebony, Finey. Mon ancien chez moi. J'ai toujours attendu le moment où cela me serait « utile » de revenir…
– L'endroit semble en bon état pour un endroit inhabité depuis…
– Près de 7 ans maintenant. Si le bâtiment a encore une apparence correcte, c'est parce que lorsque je suis partie, Bellatrix et d'autres ont posé des sorts pour le protéger contre la vermine et la végétation, avant de dresser divers sorts de protection magiques. Une sorte d'hommage à mes parents. Depuis, les jumeaux sont également venus renouveler les protections, sans que je le leur demande.
Elle se tourna vers le manoir.
– Ca… C'est très troublant de me retrouver là. J'ai l'impression de connaître chaque recoin de cet endroit sans savoir pourquoi… C'est à la fois familier et étranger, j'habitais là il y a à peines quelques années et pourtant… Allez, il faut se dépêcher. Voldemort ne nous attendra pas.
En son milieu, le portail noir représentant des roses et leurs branches épineuses possédait une rune cerclée et coupée verticalement entre les deux battants. Morgan enleva son gant et posa la main sur la rune. Il y eut un léger éclat argenté au niveau du cercle puis plusieurs dômes de couleurs diverses brillèrent par-dessus le mur d'enceinte et la bâtisse, m'aveuglant quelque peu, avant de disparaître.
– Seul un membre de la famille Ebony était censé pouvoir rentrer ici. En gros, j'étais la seule à pouvoir lever ces protections de manière naturelle. Entrons. »
Elle poussa lentement les deux battants du portail et s'engagea sur le sentier de gravier qui menait au perron de l'entrée. Il y avait des buissons taillés de part et d'autres, que les sorts de Bellatrix semblaient avoir stoppés dans leur croissance. J'observais un silence à la fois motivé par le respect que j'avais pour ce lieu et par le respect que j'avais pour une Morgan qui ne semblait pas à l'aise.
Mon amie mit même quelques secondes à oser lever la main pour ouvrir la porte d'entrée Elle finit par tourner la poignée dorée et poussa la lourde porte de bois sombre dans un grincement sourd. Elle entra et je restai un moment près de la porte à observer l'intérieur. Le pas de Morgan fut le seul son que je pus entendre avant qu'elle ne lance à plusieurs reprises des sorts pour allumer les chandeliers des murs et le monumental lustre en cristal du plafond. Une fois l'endroit allumé, il devint bien plus chaleureux. Il n'y avait pas que du noir dans la décoration, le rouge et l'or revenaient souvent également. Il y avait même des plantes vertes. L'entrée donnait sur un hall assez impressionnant qui faisait deux étages à lui tout seul et qui était principalement occupé par deux escaliers symétriques qui montaient vers un couloir au niveau du premier étage. Entre les deux paliers se trouvait une armure d'un chevalier en armure impressionnant tenant son épée à terre devant lui. En m'approchant, je me rendis compte qu'il s'agissait d'une armure de croisé – choix étrange de décoration dans un manoir sorcier, bien que l'origine du clan Elohim pouvait l'expliquer. Lorsque je m'approchai de l'armure, Morgan m'avertit :
– Cette armure est possédée par un esprit, mais celui-ci ne répondra qu'à l'appel d'un membre de la lignée des Elohim. Un lointain héritage du passé. Tu auras beau éloigner les morceaux de l'armure, l'épée ou le bouclier de cette relique, tous ces éléments se réuniront lorsque l'esprit sera réveillé.
– Wow… Et vous avez laissé ça dans votre entrée ?
– Oui, dit Morgan avec une sourire triste. Mon père disait que c'était l'objet idéal pour se débarrasser des intrus. Et il avait raison. Je l'ai vu une fois en action, c'était assez troublant. On n'a pas le temps de jouer avec ce soir, ceci dit.
Je m'éloignai de l'armure et regardai en direction de l'aile droite qui semblait être composée d'un impressionnant séjour. Je voyais au travers de la porte ouverte de nombreux meubles couverts par des draps. Lorsqu'elle vit que je m'intéressais à cette pièce, Morgan me prit par l'épaule et dit sans me regarder :
– Ce n'est pas par là. On fera la visite une autre fois. Viens.
Elle semblait un peu perturbée mais je ne fis aucune remarque. Revenir ici était certainement une épreuve. Je ne savais pas ce qui s'y était passé mais ça avait forcément un lien avec la disparition de sa mère. Sous l'escalier gauche se trouvait une porte qui donnait apparemment sur un réduit vide. Mais Morgan se mit à appuyer sur certaines pierres dans un ordre bien précis et lorsqu'elle eut fini, les pierres glissèrent toutes seules vers l'intérieur puis se mirent sur le côté. Des chandeliers aux murs s'allumèrent d'eux-mêmes, éclairant de nombreuses toiles d'araignées ainsi qu'un escalier assez irrégulier en courbe. Morgan ouvrit la marche et une fois arrivée en bas, dit :
– Oculus Profer.
Ce que j'avais pris pour une simple sphère décorative plantée en plein milieu de la porte s'ouvrit en la forme d'un œil injecté de sang à l'iris ocre et à la pupille reptilienne, qui se mit à regarder de toutes parts. Morgan sortit son poignard et enfonça sans hésitation la pointe de son arme dans l'œil qui avait cessé de bouger au dernier moment, la pupille se calant sur la trajectoire de la lame. Je fis un pas en arrière devant la cruauté de ce genre de sécurité. Lorsque le poignard fut inséré, je pus entendre d'énormes verrous coulisser et donner accès à une immense salle d'entraînement qui faisait aussi office de laboratoire. Divers instruments d'alchimie se trouvaient là, ainsi que des mannequins pour certains vêtus, des étagères remplies d'objets magiques ou non et quelques bibliothèques remplies de grimoires suspects.
– C'est quoi cet endroit ? demandai-je avec intérêt.
– Le petit jardin secret de mes parents. Ce qu'ils ne montraient jamais à personne. Pas même aux autres Mangemorts ou à leur maître adoré.
– Tes parents étaient à ce point derrière Voldemort ? Ce que j'ai entendu sur ta mère ne m'a pas donné cette impression…
Morgan se retourna violemment vers moi, les sourcils froncés.
– Qui t'a parlé de ma mère ?
– Ses anciens camarades de classe, figure-toi. Je n'ai pas voulu t'en parler jusqu'ici pour ménager ton humeur mais vu qu'on est ici, autant te le dire. Jenova était une amie de Rebecca Darksun à Poudlard.
– Sérieusement ? s'étonna Morgan en écarquillant les yeux. Ma mère ne me l'a jamais dis… Et elle se comportait comment ?
– Comme toi maintenant, répondis-je avec douceur.
Morgan parut enchantée de l'entendre. J'étais déjà certaine qu'elle avait une très grande affection pour le personnage et qu'on la compare à Jenova Elohim la comblait. Elle finit par faire volte-face et regarda les meubles de la salle.
– Pour te répondre, non, ma mère n'était pas une fanatique comme ma marraine. Mais elle avait cru en ce qu'elle faisait. J'ai le même âge que Potter. Voldemort a disparu alors que Harry n'était qu'un bébé, aussi je n'ai moi-même aucun souvenir de cette période. Je n'ai que les histoires de ma mère, ses aventures en tant que Vif Argent. J'adorais les écouter.
Elle se mit à marcher le long de la pièce, passant sa main sur divers objets. Je l'écoutai en silence, accrochée à ses lèvres.
– Quand j'y repense, c'étaient des histoires étranges pour une petite fille – mais elles ont eu le mérite de me marquer, précisa Morgan avec un rire un peu triste. Et ma mère mettait souvent l'accent sur l'aventure, sur ses faits… Pas sur le Seigneur des Ténèbres. Tu as raison, ce n'était pas son maître adoré. Mais quelque part, je lui reproche quand même d'avoir fais ce choix de vie. Je le reproche également à mon père.
– Ca peut se comprendre, mais ils te manquent, pas vrai ?
– Oh oui. L'un comme l'autre, même si je me suis faite à la vie d'orpheline. Et puis, j'ai fini par trouver une amie fidèle, c'est déjà ça.
Elle me regarda tendrement et mes joues s'échauffèrent immédiatement. Avant de refroidir lorsqu'elle poursuivit :
– Et ma marraine est en liberté elle aussi. Je suis de moins en moins seule, on dirait. Ah le voilà !
Elle ouvrit la porte vitrée d'une armoire et montra de l'index un simple peigne. En m'approchant je vis cependant qu'il était en argent et devait donc avoir grande valeur. Morgan me fixa :
– Tu es prête ? Une fois à Londres, on aura du mal à faire marche arrière et on sera moins en sécurité. Les Mangemorts pourraient être dans alentours.
Je soutins son regard et opinai du chef.
– Je le suis. Je veux découvrir ce qui se trame dans ce Ministère… Je veux aussi m'assurer que Hermione, Luna et les autres ne sont pas en danger. Je suis prête… tant que c'est avec toi.
J'avais ressenti le besoin de prononcer ces mots pour appuyer ma conviction. Et c'était vrai. Avec qui l'aurais-je fais sinon ? Je n'aurais sans doute pas eu l'occasion de me mêler à la bande à Potter, et même si Hermione me l'avait proposé, il n'était pas certain que j'eus accepté. Morgan était le seul moteur de ce côté aventureux que j'avais développé malgré moi.
Morgan me regarda intensément, puis d'un geste presque brusque, me prit le visage pour le rapprocher du sien et m'embrasser. J'acceptai ses lèvres avec plaisir. C'était naturel. C'était sensé. Pas comme avec Davian. Morgan clôtura son baiser en suçant légèrement ma lèvre puis se recula avec un air incertain et les épaules haussées :
– Ca m'a pris comme ça.
– Tu as bien vu que ça ne m'a pas déplu, dis-je en détournant les yeux avec un sourire gêné.
Je sentais que j'étais écarlate. Mais ce n'était pas seulement à cause d'un certain malaise. Nous restâmes quelques secondes silencieuses sans oser prendre la parole, puis Morgan tendit sa main au-dessus du peigne en déclarant :
– Allez, on y va. Ensemble.
Je plaçai ma main à côté de la sienne.
– Ca marche. »
Et nous touchâmes le Portoloin en même temps. Je sentis cette impression étrange d'être happée au niveau du nombril puis l'univers entier devint flou avant qu'un mélange improbable de couleurs ne m'agresse les yeux. Lorsque l'espace se stabilisa de nouveau, nous étions dans une ruelle sombre de Londres. L'odeur des poubelles adjacentes m'agressa les narines. Morgan ne perdit pas de temps et fonça vers le bout de la ruelle pour examiner les lieux. Je la rejoignis et put l'entendre marmonner :
« Alors, la cabine pour entrer dans le Ministère est là-bas… On pourrait probablement entrer tout simplement par là. Mais bon, par soucis de discrétion, si je me souviens bien… »
Elle me fit signe de la suivre et nous passâmes devant la cabine. Elle tourna ensuite à un angle, pénétra dans une ruelle, enjamba une barrière de travaux en bois et s'immobilisa. Ne voyant rien autour d'elle, je demandai :
« Et donc ?
Morgan se tourna vers moi avec un air satisfait et tendit l'index vers le bas. C'est alors seulement que je remarquai une plaque d'égout. J'étais étonnée car c'était le genre de détail que j'avais cherché au premier coup d'œil, pourtant elle avait échappé à mon regard. Bien qu'apparemment tout à fait normale, je remarquai très vite son motif en m'approchant.
« La vache, c'est la même rune reproduite encore et encore. Je la connais celle-là… Oh. La Rune de Distraction. Je comprends mieux.
– Eh oui, si tu ne la cherches pas spécifiquement, tu n'y feras pas gaffe. Il y a plusieurs accès comme ça.
– Ils ne lésinent pas sur la protection.
– Bah… En tout cas pour les endroits où certains pourraient s'introduire discrètement.
– Comme une certaine Vif Argent, dis-je avec un sourire amusé.
J'espérais que faire ainsi référence à sa mère lui plairait. Et ce fut le cas, puisqu'une lueur brilla soudain dans les yeux de Morgan.
– On pourrait dire que je suis sur ses traces… »
Elle se pencha et brisa la protection qui scellait la plaque. Elle s'engagea ensuite sur l'échelle du cylindre bétonné en-dessous de nous. Je la suivis. Morgan utilisa vite le sort Lumos afin d'éclairer notre chemin. Une fois en bas, je fis de même et nous nous avançâmes dans un couloir de béton étroit qui devint bientôt fait de pierre brute. L'air était froid et aucun autre bruit que celui de nos pas légers ne nous parvint aux oreilles. Je finis par chuchoter :
« C'est même pas un égout ça…
– Ouais, j'aurais cru mais non, ça ressemble plus à une sortie de secours qu'on est en train de prendre à l'envers.
– Tu crois qu'il y aura du danger aussitôt qu'on sera rentrés ?
– Aucune idée… Je ne pense pas. Enfin si, les Mangemorts. Mais s'ils sont dans le coin, alors c'est qu'il n'y a plus d'employés actifs dans le bâtiment.
– Oh. Elimination.
– Ou tout simplement absence. Je n'ai aucune idée de la façon dont est dirigée la sécurité du Ministère, c'est plutôt opaque. Mais les Mangemorts doivent avoir été discrets, sans quoi les Aurors leur seraient tombés dessus. Ah !
Nous arrivâmes devant une petite porte en bois, elle aussi scellée par magie. Morgan la força et nous nous retrouvâmes tout simplement sur une petite esplanade qui donnait sur un hall énorme lorsque l'on regardait sur les côtés. Devant le balcon se tenait en revanche le sommet d'une structure de pierre décorative gigantesque. Le sol de l'esplanade, fait d'un carrelage rudimentaire, était creusé à même la pierre de la structure. D'en bas, on ne devait même pas soupçonner son existence. Et la façon dont on pouvait y accéder était tout aussi énigmatique. Morgan se pencha discrètement sur le côté.
– C'est l'entrée principale du Ministère en-dessous, avec l'atrium et la grande fontaine. On doit être au-dessus des portes qui donnent sur les ascenseurs. Il va donc falloir descendre.
J'enlevai ma robe afin d'être en tenue d'infiltration. Morgan me regarda un instant avec une certaine fascination avant de susurrer :
– Je suis contente de voir que tu as pris un peu de muscles depuis que l'on a commencé nos entraînements. Et ces vêtements te vont très bien. On dirait que tu te rapproches toujours un peu plus de ce que je suis.
J'éludai cette remarque qui me ramenait à un certain complexe en répondant d'un air blasé :
– Ouais, tu me rediras ça quand j'aurai plus de formes et que je saurai me battre comme toi.
Morgan conserva un sourire charmeur un moment, plissant légèrement ses yeux. Vêtue de sa tenue de bataille et avec cet air félin, prête à partir à l'aventure, elle était tout simplement parfaite. Une Morgan pure et dure. Je n'avais aucune appréhension à la suivre. Elle finit par regarder de nouveau en bas et demanda :
– Tu te sens d'utiliser le sortilège d'Eloignement par toi-même ?
– Wow, wow, non !
Je ne le maitrisais pas encore assez pour un essai en situation.
– Dans ce cas…
Elle tendit la main d'un geste gracieux, m'invitant à la rejoindre. Ce que je fis en lui prenant d'abord la main avant de me mettre contre elle, sachant ce qui allait se passer. Nous étions toutes les deux vêtues de tenues moulantes assez fines. Etre buste contre buste était d'autant plus déstabilisant. Mais une fois passé le côté étrange, je fus plutôt rassurée de sentir la chaleur de ma partenaire.
Sans prévenir, Morgan plongea par-dessus la pierre et heureusement pour nous, j'avais le souffle coupé, ce qui m'empêcha de crier.
– Ego Repulsa ! cria Morgan.
Elle savait y faire et la bourrasque de vent nous fit atterrir en douceur sur le parquet de l'atrium. L'endroit était incroyable et je ne pus retenir un petit « wow » d'émerveillement. L'ensemble du lieu respirait l'architecture ancienne mais semblait comme neuf. Le plafond était évidemment animé par magie et de petits symboles dorés voletaient sur un fond azur. Malgré l'obscurité ambiante – il n'y avait que des torches « veilleuses » allumées, je pouvais distinguer des cheminées dans le fond, pour le moment bloquées par des grilles. Devant nous se trouvait une fontaine joliment faite agrémentée de statues en or représentant un sorcier, une sorcière, un centaure, un gobelin et un elfe de maison, les créatures étant en admiration devant les humains. Morgan s'approcha de l'ouvrage et dit tout bas :
– La fontaine de la Fraternité Magique. Un bon exemple d'hypocrisie du Ministère, si tu veux mon avis.
– Parce que les elfes sont plus esclaves qu'autre chose, c'est ça ?
– En partie, oui. Là, tu as les trois seules races de créatures magiques douées de conscience qui n'ont pas su garder leur totale indépendance à cause des sorciers et avec lesquelles les sorciers aimeraient s'afficher. C'est bien pour ça qu'on leur a « accordé » d'être avec les sorciers sur cette fontaine. Mais tu n'as pas ici de vampire ni de loup-garou car ce sont des « mutants » dont le Ministère se passerait bien, tu n'as pas non plus d'ombre, de béret rouge, pas de fée, de naïade, de géant et j'en passe parce que nos gouvernants n'ont jamais pu les contrôler. Une raison de plus de haïr ces faux-culs.
– Wow, je ne t'aurais pas crue si engagée à ce sujet…
– C'est tout simplement du mépris camouflé de la part du Ministère et ça me hérisse. Certaines de ces créatures méritent bien plus de respect que notre actuel Ministre de la Magie et sa politique de l'autruche.
Elle semblait assez remontée. Les injustices et Morgan étaient deux choses très incompatibles et j'étais plutôt d'accord avec elle sur le fond. Je ne savais pas grand-chose des différentes créatures, sinon que les gobelins avaient fait profil bas après avoir tenté une révolte et que les elfes de maison étaient presque naturellement des esclaves. Mais je n'étais sans doute pas aussi impliquée, parce que je continuais de voir cet univers magique en partie comme une spectatrice. Le pied qui restait dans mon monde de Moldu me faisait relativiser à peu près tout ce qui avait trait au monde magique, à part évidemment le danger que représentait Voldie et ses suivants.
Morgan s'avança vers une double-porte ouverte, immense et intégralement dorée. Il y avait un bureau de sécurité à côté, mais il était vide. Derrière la porte se tenait une multitude de portes d'ascenseur. Morgan examina un écriteau en métal au fond de la pièce et marmonna :
– Mmh… Département de la justice magique… quand j'y pense… Finey, on va faire un rapide détour par le deuxième étage.
– Je te suis. Ca ne sera pas trop protégé, tu penses ?
– Sans doute. Il nous faudra être prudents… »
Nous appelâmes un des ascenseurs et montâmes dedans. Morgan appuya sur le bouton « 2 » et la cage décolla doucement. Enfin un engin qui me rappelait typiquement la technologie Moldue même si je me doutais qu'il bougeait par magie puisqu'il ne faisait aucun bruit. La grille dorée du Département de la Justice Magique en fit plus lorsqu'elle coulissa pour nous laisser passer. Morgan s'engagea avec prudence, regarda de part en part. Elle me fit signe de ne pas dire un mot et s'avança lentement, sa baguette levée devant elle. Je la suivis de près avec également ma baguette dans ma main. Il ne semblait y avoir aucun piège à cet endroit, et Morgan passa devant plusieurs portes toutes simples avant de se mettre face à celle dont l'écriteau indiquait noir sur or « Salle des scellés ».
– Qu'est-ce que tu comptes récupérer là-dedans ?
– Un petit quelque chose hérité du passé.
– Un objet magique ? Ce n'est pas plutôt dans le Département des Mystères, d'après ce que tu m'avais dis ?
– C'est un objet magique mais il n'est pas dangereux, il ne fait que fournir une information.
– Vas-y, dis-moi ce que c'est, n'essaye pas de créer un suspense à deux noises…
Morgan poussa un petit ricanement et se tapota le nez du bout de la baguette.
– Ce serait moins marrant. Bon, cette porte est-elle protégée ?
Elle passa sa baguette près de la poignée, puis l'examina de plus près avant de plisser les yeux lorsqu'elle remarqua un détail inquiétant.
– Il y a du tissu qui dépasse du socle de la poignée.
Effectivement, un petit morceau de tissu noir semblait littéralement sortir du bois. En regardant bien, je vis un schéma dans les rainures du bois qui me fit frémir.
– Euh… C'est moi où les fissures du bois rappellent furieusement des mâchoires ?
Morgan se recula d'un coup.
– Wow… Bien vu. Bordel, c'est… Y a ces traces en dents de scie en haut et en bas… Ca veut dire je suppose que si tu mets ta main sur la poignée alors que la protection fonctionne…
Elle laissa sa phrase en suspens mais j'avais parfaitement compris le sous-entendu.
– On a qu'a faire un test…
– Je sais pas si l'une de nous deux tient vraiment à devenir manchote.
– J'ai une solution alternative. Spero Patronum.
Je me reculai tout en prononçant la formule, faisant apparaître de ma baguette la femme au sourire bienveillant et à la chevelure conséquente qui me servait de Patronus. Morgan mit ses mains sur ses hanches.
– Pas con. Je ne sais pas si ça va tromper la poignée piégée, mais c'est à tenter.
Je me concentrai pour donner intérieurement un ordre à mon Patronus. Dès la fin de ma première année, après avoir découvert mon Patronus en luttant contre les Détraqueurs, je m'étais penché sur les écrits à ce sujet. On pouvait faire pas mal de choses avec son Patronus, qui était comme une sorte de familier immatériel. J'avais fini par maîtriser le fait de lui faire faire des choses simples. Je ne sais pas si c'était à cause de mon inconscient ou parce que le Patronus avait une légère autonomie de conscience, mais lorsqu'il me comprenait, il opinait toujours du chef.
Je vis ainsi la main fine et fantomatique de mon Patronus saisir la poignée avec succès – ou tenter de la saisir puisqu'il s'agissait d'un esprit – poignée qui aussitôt se retira légèrement vers le fond alors que les « mâchoires » du socle se resserraient avec violence sur la main de mon Patronus qui éloigna ensuite le bras afin que sa main se reconstitue.
– Expérience prouvée, ça marche, annonça Morgan tandis que mon Patronus disparaissait. Mais alors, la question est : est-ce vraiment la façon d'entrer ?
J'observai la porte dont la poignée était revenue à sa place, le bout de tissu toujours coincé entre deux dents. Il n'y avait apparemment rien d'autre. Morgan passa sa baguette sans rien trouver d'autre. Cependant, le piège du socle de la poignée me poussa à chercher autre chose, ce que je trouvai à l'opposé de la poignée, tout à gauche de la porte.
– Aha ! Je m'attendais à un truc du genre. Regarde bien là.
Il semblait y avoir un nœud dans le bois, mais les fentes étaient trop nettes et surtout trop singulières. Morgan pencha la tête et haussa un sourcil.
– C'est… Oh ! Nooon… Sérieusement ?
Avec prudence, elle arqua sa main comme si celle-ci allait saisir une poignée et l'appuya contre l'intérieur du contour du nœud. Le bois coulissa doucement pour laisser entrer la main de Morgan, cependant le centre du nœud, rond, resta en place : il s'agissait de la vraie poignée. Avec la main littéralement enfoncée dans la porte grâce au cercle de bois qui s'était déplacé, Morgan saisit la poignée dissimulée et tourna, faisant fonctionner plusieurs verrous. Morgan put alors pousser la porte qui était épaisse d'au moins quinze centimètres, ceci pour laisser la place à la poignée piégée. Morgan siffla.
– Nom d'un chaudron, ils ne déconnent pas sur la sécurité. En même temps, là-dedans, tu dois pouvoir trouver des preuves de certaines magouilles judiciaires, c'est certain…
La porte donnait sur un couloir de pierre banal qui débouchait lui-même sur une immense salle éclairée par un plafond magique aux couleurs d'un ciel nuageux, donnant au lieu une lumière tamisée. De grandes étagères étaient là avec de nombreux coffres et malles étiquetés posés dessus. Morgan faisait toujours attention à d'éventuelles protections mais il n'y avait rien sur le chemin.
– Il y a quoi exactement ici ?
– Les preuves des procès du Magenmagot. C'est Bellatrix qui m'en avait parlé pour le coup, avant son incarcération. Chaque malle contient les pièces à convictions, magiques ou non, qui ont permis aux Aurors et aux membres du Magenmagot de condamner les délinquants et criminels de notre monde.
– Dont notamment les Mangemorts.
– Oui et…
Elle s'enfonça sur le côté droit de la salle et remarqua une étagère avec des malles massives serties de fer dont le bois était peint en pourpre. Sur le bout de l'étagère, une étiquette disait « Session spéciale du Magenmagot, 1981 – 1989 ».
– Huit ans de procès ? m'exclamai-je. J'aurais cru la justice du Ministère plus expéditive…
– Oooh crois-moi, les Mangemorts les plus riches savaient comment faire traîner les choses. Des astuces de procédure ou des trucs du genre, des corruptions à tout va. Je t'ai dis que j'avais assisté au procès de ma marraine, eh bah j'en ai entendu des trucs compliqués. Après, pour les pauvres péquenauds qui avaient osé juré allégeance au Seigneur des Ténèbres, c'était une condamnation claire et nette, mais les preuves restaient très nombreuses, les juges prenaient donc un malin plaisir à faire l'historique des exactions et toutes les preuves accablantes qu'ils avaient pour les envoyer à Azkaban…
– C'est dingue, je n'ai rien lu de ça. Enfin si, je savais que les Mangemorts avaient payé cher tous leurs crimes. Mais pas un seul ouvrage donnant le détail de ces procès…
– Personne n'osait écrire là-dessus, de peur de se mettre le Ministère à dos d'une part, et parce que rien d'autre que la peine n'intéressait le peuple sorti de la Terreur de Voldemort. Toi et moi ne pouvons pas comprendre ce que c'était, mais le règne de Voldemort en a tué beaucoup et en a traumatisé de nombreux autres.
– J'ai lu que le Ministère n'existait plus à cette période. Il y a eu beaucoup de mort parmi ses employés et cela à conduit à la dissolution de toutes les institutions.
Morgan commença à examiner les étiquettes des malles.
– Le Grand Verrouillage comme on l'appelle parfois dans les livres. Je suppose que tu sais pourquoi, vu que tu as l'air d'avoir lu pas mal d'ouvrages sur le sujet.
– Oui. Ce lieu a été entièrement scellé par des protections magiques monstrueuses, et caché par un sort de Fidelitas dont on a jamais su qui était le Gardien du Secret.
– Ha ! s'écria triomphalement Morgan en se tournant vers moi avec un regard jubilatoire. Je sais parfaitement qui était ce Gardien. Elle s'appelait Morrigan O'Reilly et c'était une magilame. Ma mère m'a révélé qu'elle l'avait combattu tout comme d'autres Mangemorts. Mais jamais ils n'ont pu la capturer. Elle avait une défense en béton. Ma mère a cependant réussi à lui crever un œil, lors de leur dernière rencontre.
J'étais abasourdie.
– Wow, c'est dingue… C'est carrément un élément de l'Histoire des sorciers, là. Ca mériterait peut-être d'être su…
– Je me le suis dit parfois… Mais ce n'est plus une bonne idée maintenant, vu que Voldemort est revenu. Cette O'Reilly a mis de sacrés bâtons dans ses roues. Et puis, si le Ministère n'en a jamais parlé, c'est peut-être qu'elle ne veut pas être connue.
– Oui, pas faux.
– Ah, voilà ! Le procès de Balthazar Norrington !
Elle s'empara du coffre pourpre assez imposant avec comme étiquette le nom de celui que pour l'heure je craignais le plus. Morgan observa les protections du coffre puis avec une certaine appréhension ouvrit directement l'objet. L'étiquette accrochée sur l'une des poignées devint aussitôt pourpre.
– Bon, on saura que je suis allé fouiller là-dedans, mais tant pis…
– Norrington a été condamné ? Pourtant il est dans la nature à l'heure actuelle.
– Eh bien oui, la sécurité des transports carcéraux n'a jamais été très performante. Norrington n'est pas le genre à craindre les Détraqueurs, il est presque aussi froid qu'eux… Son procès a déjà duré longtemps, soutenu par le pognon de la famille Malefoy et de la famille Lestrange. Mais bon, trop de preuves contre lui : menaces, extorsions, meurtres, torture… Il a tout un casier. Il n'était pas aussi actif que pouvait l'être ma marraine, mais il était souvent l'instigateur des méfaits des Mangemorts.
Alors qu'elle fouillait parmi les nombreux parchemins que contenait le coffre, elle s'arrêta, médita un instant et me regarda.
– Norrington est le seul que je crains vraiment parmi les encagoulés. Déjà parce qu'il ne me fait aucunement confiance, et ensuite parce qu'il est très bon aux échecs. Il calcule, regarde comment avance les pièces sur l'échiquier, pèse les forces qui s'affrontent…
– Ce sont tes parents qui t'ont parlé de lui ?
– Oh, j'ai pu m'en rendre compte par moi-même pour une grande partie… Mais mes parents ne l'aimaient pas. Même mon père, c'est dire…
– Qu'est-ce que ton père avait contre lui ?
– Trop arrogant et trop ambitieux. Pas assez respectueux de ses confrères et consœurs aussi. Mais ma marraine l'appréciait parce qu'il était efficace et semblait bien dévoué à la cause. Personnellement, je me fous de savoir s'il a des arrière-pensées, c'est un connard, je le déteste, il me déteste, je dois donc me méfier de lui. Ah !
Elle exhiba un parchemin enroulé et le déroula. Il était vierge à l'exception du nom de Voldemort au milieu. Je haussai un sourcil, dubitative.
– Ca a une quelconque utilité ?
– C'est un parchemin magique, Finey ! Et celui-là, je sais très bien comment m'en servir… Hum hum… « Le feu consume les terres malades et seules les roses noires se dressent parmi les cendres que le vent du renouveau chassera vers les abysses de l'oubli. »
Et elle tapota le parchemin de sa baguette. Des traits commencèrent alors à se dessiner, partant du nom de Voldemort à présent cerclé. Certains traits aboutirent sur des noms et de ces noms repartirent d'autres traits, dévoilant peu à peu l'organigramme des Mangemorts. Certains noms étaient d'ailleurs rayés. Je poussai un petit cri d'émerveillement avant de souffler :
– C'est un truc énorme… Et le Ministère n'a jamais pu s'en servir ?
– Ce truc a une protection monstrueuse. Si tu ne connais pas la formule pour l'activer, tu l'as dans l'os.
– Et tu la connais…
– Elle était dans un carnet de ma mère dans lequel elle consignait pas mal d'infos en tous genres. Et cette tirade n'est pas très difficile à interpréter d'ailleurs. C'est Norrington qui a fabriqué ce truc pour Voldie. Je suppose qu'il n'est pas sa priorité, mais je n'ai pas envie de lui laisser le luxe de la récupérer d'une manière ou d'une autre.
– Et donc, ça indique tous les Mangemorts ? On s'inscrit dessus ?
– Non, c'est le système de la Marque des Ténèbres qui ajoute le nom, c'est pourquoi tous les noms sont liés au cercle de Voldemort. Et sinon, ça montre des connexions qu'ont accepté de reconnaître les Mangemorts.
– Il y a pas mal de noms barrés et…
Je me figeai. Il y avait beaucoup de noms, peut-être une soixantaine. Je n'avais pas tout lu et je venais de voir les noms de Jenova et Seymour Ebony, tous les deux recouverts d'un trait. Morgan suivit mon regard et eut un sourire triste.
– Oui, je m'attendais à les voir. Ne t'inquiète pas, ça ne m'affecte pas particulièrement, pas après toutes ces années.
Je fus heureuse de pouvoir esquiver ce détail et poursuivit sur un autre nom qui me fit froncer les sourcils et m'exclamer :
– Severus Rogue ! Il est encore sur cette liste ?
– Une fois que tu as reçu la Marque des Ténèbres, tu ne la perds jamais. Regarde là.
Elle me montra son nom, qui était un peu plus loin que celui de ses parents du centre.
– Ah. En effet.
– Karkaroff est là aussi. Les traîtres ne sont pas effacés, sans doute pour signifier qu'on ne quitte jamais vraiment le Seigneur des Ténèbres, et pour voir s'ils sont bien vivants ou morts.
J'acquiesçai avant de regarder le nom de l'inventeur de cette liste.
– Norrington est lié à pas mal de personne, notamment Lucius Malefoy. C'est en effet quelqu'un d'influent.
– Oui, c'est le danger avec lui. Il pourrait me pourrir la vie à de nombreux niveaux. »
Je regardai les noms et aucun ne me fit tiquer sur le moment. Pourtant, l'un d'eux aurait du attirer mon attention. Les évènements futurs se seraient alors certainement déroulés très différemment. Cela aurait carrément évité une mort.
DUN DUN DUUUN ! Ouais bon vous deviez vous en douter mais là au moins ça devient clair et net. Le prochain chapitre sera dédié à de la baston.