Auteur: Aria6

Traduction: Ariani Lee

Bêta-lecture : Lily u

Disclaimer: Les personnages de Kingdom Hearts ne m'appartiennent pas, et l'histoire est celle d'Aria6 qui a la gentillesse de me la laisser traduire. Comme pour Esprit du Feu, Pour l'amour de l'Air n'est plus disponible sur à l'exception du premier chapitre. A l'heure où je commence la traduction, je n'ai pas lu l'histoire ^^

Rythme de publication : Comme toujours, je commence la publication avec une bonne avance dans la traduction. Le rythme de publication sera comme d'habitude d'une fois par semaine, je tâcherai de le maintenir.

Bonne lecture, en particulier aux lecteurs d' « Esprit du Feu ». Voici la suite ^^

For the Love of Air

Chapitre 1

Pour chaque aspect du monde, il y a des élémentaires.

Il y a les ondines de l'eau, les esprits du feu, les gnomes de la terre et les sylphes de l'air. De ces classes de bases viennent tous les autres élémentaires. Et pour chacune d'entre elles, il y a les plus grands élémentaires. Presqu'impossibles à contrôler, difficiles à approcher, ce sont les terra flamma, les aqua flamma, les magnus terra…

Et les altus ventus. Les plus grands des sylphes, ils sont les élémentaires des hauts vents. Ils filent à travers le toit du monde, et se différencient de la plupart des élémentaires de l'air. Les sylphes sont connus pour leur inconstance et leur dissipation, mais les altus ventus sont complètement différents. Ils sont froids comme le toit du monde, calculateurs, dotés d'une mémoire aussi infaillible que celle d'un terra flamma. Les vents inférieurs sont imprévisibles, mais pas les grands, jamais Ils suivent des schémas vieux comme le temps… Des schémas qui peuvent changer, mais seulement à un prix incalculable. La colère d'un terra flamma peut faire sombrer un continent. Celle d'un altus ventus peut en faire autant et tout aussi facilement… Un petit changement dans les courants des vents, et un paradis peut se transformer en désert. Ou un désert peut se transformer en paradis.

Les élémentaires se parlent entre eux. L'information met beaucoup de temps pour voyager… Un incroyablement long temps, pour les standards humains… mais elle voyage. Les aqua flamma surgissent de l'endroit où le métal en fusion rencontre l'eau, dans les profondeurs insondables, alors ils parlent avec les terra flamma, les esprits du cœur. Tour à tour, les aqua flamma se mêlent aux grands esprits de l'océan… les atrox aqua, les léviathans des grands fonds. Qui à leur tour parlent à leurs cousins plus petits, les ondines et les naïades. Qui à leur tour parlent aux sylphes, quand l'eau se joint à l'air pour donner naissance aux nuages qui sont les aero aqua, les grands esprits du temps et des tempêtes.

Ainsi va le savoir, passant de main en main jusqu'à ce que, éventuellement, elle finisse par atteindre jusqu'au toit du monde. L'endroit où les grands courants de l'air se meuvent au rythme impitoyable du temps. La plupart des altus ventus ne se sont pas souciés de l'étrange comportement de deux terra flamma. Les hauts vents n'ont pas de connexion avec la terre brûlante.

Mais tous les altus ventus n'étaient pas indifférents. Deux d'entre eux avaient toujours été bizarre. Volant en tandem, ils s'étaient suivis l'un l'autre pendant des siècles sans savoir pourquoi. C'était juste ce qu'ils faisaient. Fusionnant souvent ensemble, jusqu'à ne former plus qu'un quasiment en permanence, ils n'avaient jamais trouvé les mots pour exprimer ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Et tout à coup, cela avait été nommé. Était-ce de l'amour? Confus, ils avaient essayé de réfléchir à ce qu'il fallait faire, s'il y avait quelque chose à faire. Ils ne pouvaient pas se rendre dans le cœur pour parler aux terra flamma. Mais la rumeur disait que ces deux terra flamma n'y étaient plus. Ils avaient choisi de s'aventurer sur la terre des mortels une fois encore. Arriveraient-ils à les trouver ? Et dans quel but ? Pour confirmer que ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était bien… de l'amour?

Pendant longtemps, ils avaient suivi les voies des vents et débattu en silence. Et finalement, ils avaient commencé à descendre, laissant derrière eux les grands vents froids au profit de l'air plus chaud et plus faible de la terre.

Il fallait qu'ils sachent. Ils avaient besoin de savoir si ce qu'ils ressentaient était… de l'amour.

- Terra?

- Ventus.

Terra cligna lentement de ses yeux dorés en se remettant sur ses pieds. C'était bizarre, d'avoir des pieds après aussi longtemps. Il passa une main à travers ses cheveux et retrouva les mêmes épis raides et bruns qu'il avait eus des éternités auparavant. Combien de temps cela faisait-il ? Sa mémoire était parfaite. Après un moment de réflexion, il sut que cela faisait trente cinq mille six cent cinquante-huit révolutions complètes du soleil. Un joli bout de temps, pour les humains.

Pour lui, ce n'était pas tant que ça. Terra était le plus vieil altus ventus de la création. S'il avait essayé, il aurait été capable de se souvenir du monde quand il était encore différent. Il était né à l'époque où les terra flamma dansaient à la surface de la terre, avant que les grands feux ne sombrent dans le cœur et que la terre ne se solidifie pour créer les continents. C'était une époque dangereuse. Beaucoup de membres de son espèce s'étaient perdus alors, dérivant dans les ténèbres éternelles tandis que l'air luttait pour trouver sa place dans le monde. Les choses étaient faciles aujourd'hui, en comparaison. Seul, un crétin fini irait se risquer dans ce vide.

Bien sûr, les crétins finis existaient toujours, même parmi les altus ventus. Où peut-être étaient-ils juste fatigués et n'avaient-ils plus envie d'exister, et c'était pour cette raison que Ventus existait. Terra était le plus vieux et Ventus le plus jeune. Il n'avait été créé qu'un millier d'étranges années plus tôt, pour prendre la place d'un altus ventus qui s'était aventuré dans le vide et y avait été détruit. Cela lui avait valu d'être absurdement jeune par rapport aux standards des élémentaires. Par le plus pur des hasards, il se trouve que Terra avait assisté à sa création. Ça avait été… stupéfiant. Il n'avait jamais vu ça auparavant, de toute son interminable vie. C'était simplement trop rare. Ça lui avait fait se demander… Avait-il été censé voir ça ? Parce que d'une certaine façon, on aurait dit qu'une connexion s'était forgée entre lui et Ventus à cet instant.

Il n'y avait pas eu de mots, pas de discussion. Terra avait envoyé un courant de bienvenue à l'enfant, et l'enfant l'avait suivi. Bientôt, il s'était nommé… Sans grande originalité, mais Ventus était quand même un joli nom. C'était mieux que Terra. Il s'était nommé bien longtemps avant que quelque chose ressemblant à des humains n'arrive sur terre, et il trouvait irritant que les humains aient choisi son nom pour désigner l'élément opposé au sien, la terre.

Terra examina Ventus avec curiosité. C'était la première fois que le benjamin des altus ventus prenait forme humaine, cela lui posait d'évidentes difficultés. Terra l'attrapa par le bras alors qu'il chancelait, tiquant à la sensation étrange et étrangère d'avoir des pieds, des jambes et des bras. Terra se souvenait de la première fois qu'il avait prit une forme corporelle… Celle d'un grand lézard. Ça avait été inconfortable. Ventus avait prit une plutôt jolie forme humaine, pensa-t-il. Cheveux blonds ébouriffés, de grands yeux bleus… et…

- Tu devrais essayer de te fabriquer des vêtements, dit Terra avec un petit sourire. Il appréciait la vue… Il n'était pas étranger au sexe humain… mais les autres humains s'offusqueraient certainement de sa nudité. Ventus fronça les sourcils, concentré, et il fut rapidement habillé d'un ensemble de vêtements plutôt originaux. Terra inclina la tête, pensif, se demandant quel sylphe les lui avait décrits… et s'ils étaient courants. Mais il aimait bien le pantalon et les chaînes, la jolie veste blanche ouverte sur une chemise noire… ça donnait très bien sur Ven.

- C'est tellement bizarre… Murmura doucement Ven, tandis qu'il faisait lentement ses premiers pas. Il ne lui fallut pas longtemps pour s'adapter et il marcha rapidement avec aisance.

- C'est… plutôt agréable, ceci dit. Différent.

Terra acquiesça. Il comprenait parfaitement ce que Ven voulait dire. Logiquement, il semblait insensé que les plus grands élémentaires… des êtres faits d'énergies immenses et diffuses… puissent apprécier de prendre une forme physique. Mais quand ils finissaient par essayer, ils les faisaient souvent. Ils n'aimaient pas ça autant que leur forme originelle, mais suffisamment pour le faire juste pour le fun, occasionnellement.

- On devrait commencer par interroger les sylphes, dit Terra, et Ventus fit un bruit d'exaspération théâtral. Terra soupira… Ven apprenait à maîtriser et à utiliser son corps humain rapidement.

Malheureusement, il marquait un point. Questionner des sylphes, c'était comme d'essayer de remettre du dentifrice dans le tube. C'était possible, mais ça exigeait de longs et laborieux efforts. Les sylphes savaient tout et voulaient partager leur connaissance… Et les esprits inférieurs du vent n'avaient aucune notion du temps. Ajoutez à ça la capacité de concentration d'un moucheron… Dans l'absolu, les sylphes étaient omniscients parce que l'air était partout… Mais trouver LE sylphe qui avait l'information que vous vouliez et lui faire comprendre ce qui était important était pour le moins difficile. En tant qu'altus ventus, Terra et Ventus auraient la coopération des sylphes, mais ils auraient à trier des tonnes de bêtises avant de trouver quoi que ce fut d'utile.

- On peut aussi essayer d'interroger des humains et des esprits du feu, avança Terra.

Travailler avec des humains vaudrait mieux que travailler avec des sylphes, même si ce serait indubitablement aussi frustrant. Ça le serait simplement… d'une autre manière. Ils pouvaient leur parler mais ils ne sauraient probablement pas grand-chose. Les gnomes en sauraient sans doute plus… la terre était partout, et la nature d'un terra flamma était en grande partie faite de terre… mais jamais les gnomes ne parleraient à des altus ventus. Ventus soupira et haussa les épaules.

- Allons-y, alors.

Et ils commencèrent à marcher vers la colonie humaine la plus proche, une très grande ville. Terra sourit tandis qu'ils marchaient, regardant autour de lui. Il aimait bien la surface du monde. C'était toujours tellement… intéressant.

- Wow!

Ventus resta bouche bée face à la ville, et Terra était bien obligé de l'admettre (même si ce n'était qu'à lui-même), c'était impressionnant.

Les choses avaient considérablement changé depuis la dernière fois qu'il s'était aventuré parmi les mortels. Terra l'avait su… Mais il n'avait pas compris de cette façon. Les sylphes avaient dit aux altus ventus comme les humains avaient brusquement fait de rapides progrès durant les cent dernières années. La composition de l'air juste au-dessus s'en trouvait même un peu changée, mais c'était loin d'être la première fois que cela arrivait. Terra se rappelait distinctement six fois où cela s'était produit, et l'humanité n'avait rien eu à voir avec ces évènements.

Cependant, savoir que l'humanité était passée des armes en cuivre et des kilts en tissu à ça, c'était quand même un choc pour Terra. Pour lui, c'était comme si le changement s'était effectué en une nuit. Des véhicules bruyants circulaient dans les rues, même si la plupart d'entre eux étaient tirés par des chevaux. Des lampes au gaz éclairaient les coins, et Terra fit une pause pour saluer rapidement un esprit du feu, dans la langue de l'air, un son sifflant et sibilant. L'esprit répondit poliment dans la langue du feu. Tous les élémentaires pouvaient se comprendre, bien que seuls ceux qui possédaient deux natures différents fussent capables de parler plus d'une langue. Par exemple, l'aqua flamma savait utiliser le langage du feu aussi bien que celui de l'eau.

Terra réalisa rapidement qu'ils étaient à découvert et il n'aimait pas ça. Il n'avait pas peur des humains, mais il avait pour eux un respect prudent. Ils avaient des âmes, contrairement à lui et à Ventus, et ils étaient largement supérieurs en nombre. Un terra flamma avait été entravé par un sorcier… Il y aurait toujours des lunatiques sur terre, et Terra n'avait pas envie de croiser le chemin de quelqu'un qui aurait voulu tenter l'expérience sur un altus ventus. Cela se terminerait par la destruction de la ville, et il ne voulait vraiment pas faire ça. De plusieurs façons, il admirait presque les humains.

Soudain, Terra réalisa que Ventus n'était plus près de lui. Il jura dans le langage de l'air… S'ils avaient été sous leur vraie forme, il s'en serait rendu compte tout de suite, mais les corps humains avaient quelques désavantages. Rebroussant chemin, il entendit la voix de Ventus qui s'élevait, irritée.

- … Je ne sais pas ce que c'est que cet argent que tu veux. Et qu'est-ce que tu essaye de me faire? Ça a l'air bizarre.

Ventus était dans une ruelle, en face de… quoi ? Terra plissa les paupières. Au premier abord, Terra avait cru qu'il s'agissait d'une jeune fille à cause de la robe, mais tous les sylphes étaient extrêmement sensibles et difficiles à tromper. Il réalisa donc rapidement que c'était un jeune garçon avec des cheveux bruns en pétard couverts par une perruque et portant une robe. Les yeux bleus étaient naturels, mais tout le reste n'était qu'artifices bon marché. Et Terra pouvait aussi sentir les marques et les bleus sous la robe. Ainsi que l'autre homme, beaucoup plus grand, qui se trouvait plus loin, dans l'ombre de la ruelle.

- Ventus !

Terra s'avança et gratifia le garçon d'un regard qui le fit reculer, la peur traversant ses grands yeux bleus. Et l'homme qui se tenait en retrait vint vers eux. Terra le regarda, ses yeux dorés aussi glacés que le toit du monde, mais l'homme lui renvoya son regard, complètement indifférent. Terra soupira en remarquant que l'homme était plus grand que lui. Il avait l'air d'un gorille, en fait, et Terra ne doutait pas un instant de ce que sa force physique lui avait donné comme illusions de puissance.

Illusions qui étaient sur le point d'être balayées sans ménagement, à son avis. Mais il préféra d'abord donner une chance ou deux à l'homme.

- Contentez-vous de payer, exigea l'homme, d'une voix basse, rocailleuse. Ventus afficha une mine vexée, ne comprenant strictement rien à ce qui se passait. Terra renifla.

- Pour s'être fait racoler par hasard ? Je ne pense pas. Va-t-en, petit homme, ou tu le regretteras amèrement.

Terra fixa l'homme dans les yeux, et la plupart des gens se seraient détournés face à ce regard inhumain. Mais pas cet homme. Il n'avait même pas remarqué qu'il y avait quelque chose de pas habituel chez Terra.

Il y a des gens qui sont tout simplement trop stupides pour vivre.

- Je ne crois pas.

Et il sortit un pistolet. C'était une chose grossière et contrefaite, mais certainement capable de tuer un être humain.

- Vous allez payer, maintenant, ou sinon… Personne ne reçoit rien de mes filles gratuitement.

Terra jeta un œil au garçon, qui commençait à avoir l'air terrifié. Il comprenait que quelque chose n'allait pas chez le type que son compagnon menaçait.

- Mon ami, puisque que tu n'as aucun moyen de savoir qui je suis, je te donne un autre avertissement, dit doucement Terra. Tu as un pied dans la tombe et l'autre sur une peau de banane. Emmène ta pute et va-t-en, et je te ferai la faveur de faire comme si ce n'était jamais arrivé.

L'homme poussa un grondement de colère et appuya sur la détente. Il y eut un grand éclair de lumière, une odeur de poudre brûlante, et Terra baissa la tête pour regarder le trou dans sa poitrine. L'air tourbillonna et son corps cicatrisa aussitôt la blessure. A moins d'avoir été magiquement améliorées, les armes mortelles n'avaient aucun effet sur les grands élémentaires. Et encore moins sur les altus ventus, qui de par leur nature étaient encore moins « solides » que les autres élémentaires.

- Tu as perdu ça, dit Terra sur le ton de la conversation tandis que l'homme le fixait, et il recracha la balle. Elle frappa l'homme avec la force et la vitesse que lui avait imprimé l'altus ventus, et sa tête éclata dans un brouillard sanglant. Terra créa un mur de vent pour que le sang ne le salisse pas en giclant. Le garçon n'eut pas cette chance, et le sang éclaboussa sa robe avant que le corps ne s'écroule.

- Que… C-Co… Comment…

Le garçon regarda le corps, pâle comme la mort, puis releva la tête et rencontra le regard de Terra.

- Non ! S'il vous plaît, je… je ne voulais pas… Je suis désolé… !

Terra se contenta de le regarder un instant, puis il aussi les épaules et se détourna.

- Non, attends… !

C'était inattendu. Terra se retourna alors que Ventus s'agenouillait à côté du cadavre, l'examinant avec curiosité.

- Quoi ? … Ventus, qu'est-ce que tu fabriques ? Demanda Terra quand l'autre Altus Ventus toucha le corps et lécha son doigt avec circonspection.

- Je voulais savoir quel goût ça a.

Le garçon aux cheveux blonds sembla réfléchir un instant, puis il cracha.

- Ça goûte… la terre.

Le garçon travesti regarda Ventus, épouvanté, puis, rassemblant tout son courage, il s'adressa à Terra.

- S'il vous plaît, emmenez-moi avec vous…

Terra haussa les sourcils en entendant sa requête. Ce garçon voulait les suivre après ce qu'il venait de voir ?

- Vous… Vous avez tué mon protecteur, vous me devez une place…!

Le garçon paraissait désespéré. Terra le regarda, pensif.

- Je ferai n'importe quoi…

Le garçon s'approcha, les yeux grands ouverts et les lèvres innocemment entrouvertes. Il faisait vraiment une jolie fille, si on n'était pas à même de percevoir le maquillage et les ecchymoses cachée derrière. Et c'était intéressant, ce qu'il faisait avec ses mains.

- Terra, c'est ce qu'il m'a fait tout à l'heure, c'est quoi ?

Ventus paraissait curieux, et Terra rit.

- Il nous offre ses services sexuels.

Ven fronça les sourcils, n'appréciant pas particulièrement cela, mais Terra examina le garçon un long moment, réfléchissant.

Il n'était pas étranger à ce genre de choses. En fait, il était très familier avec… certains aspects du comportement humain n'avaient pas du tout changé en l'espace de trente mille ans. Et Terra avait vécu parmi les humains quasiment cinq mille ans. Une partie de ce temps, il avait été vénéré comme un Dieu, et il avait eu de nombreuses concubines. Il n'était pas nostalgique du bon vieux temps... Voir le moindre de ses caprices satisfait avait fini par devenir étrangement irritant au bout de quelques siècles… mais l'offre ne lui déplaisait pas.

En fait, elle présentait un certain intérêt. Sa connaissance des humains était datée, celle de Ventus carrément inexistante. Ce garçon pouvait être utile, pour peu qu'il fusse un minimum intelligent. Cela le décida.

- Très bien. Nous n'avons pas d'endroit où aller pour le moment… Tu as quelque chose ?

Le garçon déglutit et acquiesça.

- Emmène-nous là-bas.

Terra supposait que ce ne serait pas un endroit charmant, mais ce serait gratuit. Ce qui lui rappelait…

- Et là, tu fais quoi ? Demanda Ventus en voyant Terra fouiller le corps.

- Je prends son argent. Première règle quand tu prends forme humaine : quand tu tues quelqu'un, dépouilles le corps.

Ventus approuva.

- Ils ont toujours un truc utile. Maintenant, allons-y.

Il était plutôt intéressé par l'idée de « faire connaissance » avec le garçon, même si ça n'avait rien à voir avec le désir qu'il avait de toucher Ventus.

Être avec Ventus, c'était mieux que d'être avec qui que ce fut d'autre.

Axel se pencha à l'appui de fenêtre, regardant la ville.

Elle n'avait été qu'un petit village quand lui et Roxas étaient arrivés, mais l'endroit s'était agrandi de façon considérable depuis. Ils étaient là depuis quelque trois cent ans, et au cours du dernier siècle, c'était devenu un endroit étourdissant. Axel savait à quel point les choses changeaient vite pour les humains, mais c'était toujours aussi sidérant à observer. Roxas était encore un peu choqué par ça.

La technologie avait connu un essor formidable durant les cent dernières années. Des voitures qui avançaient sans chevaux en étaient le signe le plus évident, mais il y avait aussi des locomotives en métal, et des armes à feu en vente libre. Les pistolets n'étaient plus des jouets, mais des armes bien réelles et fonctionnelles. Elles étaient longues à recharger, cependant, et on achetait toujours autant d'épées. Axel pensait que ça changerait. Les choses allaient très vite, à tous points de vue.

Etonnamment, les changements dans le monde mortel avaient crée un changement dans celui des élémentaires. De nouvelles créatures, appelées gremlins avaient commencé à apparaître. Certains étaient de métal et de feu, comme les gremlins des voitures et des locomotives mais ceux qui naissaient et vivaient de l'électricité semblaient faits de terre et d'air. Il existait très peu d'élémentaires de terre et d'air… Pour la plupart, les démons des poussières et les morbus ventis, extrêmement rares, les vents des épidémies et des fléaux. Il était stupéfiant de constater que les humains créaient des élémentaires par leur travail. Mais au fond, les mortels étaient plus grands que le plus grand de tous les élémentaires…

Axel secoua la tête, chassant cette pensée une nouvelle fois. Il n'aimait pas y réfléchir… ça lui faisait penser à Roxas, et au sacrifice qu'il avait fait pour rester avec lui. Les merveilleux changements qui se produisaient devant lui, lui rappelaient que c'avait été un sacrifice. Roxas aurait dû en faire partie, il aurait dû être un des éléments des incessants changements de l'humanité, et il ne le redeviendrait jamais.

- Tu es de nouveau en train de réfléchir ?

Axel sentit un doigt lui tapoter l'épaule et baissa les yeux sur le visage souriant de Roxas.

- Tu as oublié ce qu'on fait, aujourd'hui ?

- Comme si je pouvais !

Le cœur d'Axel se réchauffa et il rendit à Roxas son sourire, lui donnant un rapide baiser.

- Je t'attendais, c'est tout.

Ils avaient des projets pour cette journée. Rien de très spécial, mais des projets quand même. Ils vivaient à une demi-heure de marche de la ville et ils avaient prévu d'y aller. Quand ils y seraient, ils iraient dans une librairie chercher du matériel de dessin pour Roxas, ainsi que quelques livres. Après, ils achèteraient du café et des sucreries. Et enfin, ils iraient au jardin zen pour lire, dessiner et boire du café tout le reste de la journée. Et pour discuter, bien sûr. Ils avaient fait ça plusieurs fois déjà, et ils continueraient.

- Oh, waouh, Axel, regarde ça !

Axel regarda dans la direction de Roxas et pencha la tête pour regarder ce qu'il avait trouvé. Ils étaient dans la librairie ; et il avait trouvé quelque chose de très inhabituel dans le matériel de dessin. Des pastels, sur-gras et aux couleurs très riches, Axel n'en avait jamais vu ici avant.

- Très joli, sourit Axel…

Il n'avait aucun talent pour le dessin, mais il aimait beaucoup regarder Roxas travailler.

- Tu devrais peut-être acheter quelques toiles pour aller avec ?

Roxas rit et prit quelques petites toiles. Il en avait de plus grandes à la maison, ainsi qu'un chevalet, mais il ne les avait pas emportés, ce jour-là. Axel sourit, et acheta deux livres… L'un était une nouvelle d'espionnage, l'autre un roman fantastique qui parlait d'un jeune sorcier et de magie élémentale. Le deuxième serait sans doute aucun un tissu d'âneries, mais lui et Roxas prenaient toujours plaisir à se moquer des auteurs.

Tandis qu'ils traversaient la ville, de nombreuses personnes les saluèrent… mais tout autant se détournèrent d'eux. Il n'y aurait eu aucun moyen efficace à long terme de cacher leur nature aux habitants de la ville, alors ils n'avaient pas essayé. Quand l'endroit n'avait été qu'un petit village, ils avaient été les bienvenus. Quand il avait grandi, cependant, les choses avaient changé. Le culte de Gaïa était très fort ici, en grande partie à cause de leur présence, mais l'Eglise du Dieu Unique avait beaucoup gagné en popularité durant les derniers siècles. Ce culte-là, considérait ceux qui révéraient Gaïa comme des hérétiques et des impies. Dans d'autres endroits, le culte de Gaïa avait été littéralement piétiné… Cette ville moyenne en était le dernier bastion, et Axel savait qu'il y avait des gens qui en écumaient de rage.

Axel se renfrogna un peu à cette pensée. Ils n'avaient jamais souhaité que cela se produisent, mais d'une manière ou d'un autre, lui et Roxas s'étaient retrouvés bombardés défendeurs du culte de Gaïa de la ville. Ils avaient déjà dû incinérer quelques personnes, y compris plusieurs sorciers de l'Eglise qui tentaient de les entraver. Ils avaient pensé à tout simplement s'en aller mais trop de gens, en ville… Des personnes qu'ils appréciaient et respectaient… les avaient suppliés de rester. Cependant, une partie considérable de la ville se consacrait au culte du Dieu Unique, et ceux-là, se montraient au moins froids. Axel n'avaient pas la plus petite idée de la manière dont les choses allaient tourner, mais y penser le mettait mal à l'aise.

C'est pourquoi, fidèle à lui-même, il avait décidé de ne pas y penser. « Advienne que pourra ». Avec le pouvoir de la terre, il avait parfois des éclairs de prescience, qui pouvaient lui montrer l'avenir, mais ces derniers temps, il avait la cervelle en sauce blanche. Lui et Roxas avaient juste à se montrer prudents et à s'assurer que personne n'essayait de leur pomper leur énergie. Heureusement, ce n'était pas difficile à détecter, pour peu que vous sachiez la chose possible. Axel avait été totalement ignorant de ce fait la première fois, et en avait souffert.

Les jardins zen étaient magnifiques dans le soleil d'été. Axel sourit en s'asseyant sur un des bancs, savourant la chaleur du soleil et le murmure d'une source qui coulait non loin. Une ondine gloussa à son intention et le salua dans le langage de l'eau. Axel répondit dans le langage de la terre. Roxas baissa les yeux en entendant les syllabes lentes et rocailleuses, et sourit en voyant l'ondine. C'était un petit esprit féminin, avec des cheveux vert clair, de très grands yeux et un sourire insolent. Elle gloussa encore puis replongea sous l'eau, avant de s'éloigner en nageant.

- Mignonne, dit Roxas avec un sourire.

L'eau était l'élément opposé, mais la terre et l'eau avaient une connexion et leur nature était en partie de terre. Et au fil des années, Axel avait découvert que l'un des changements que Gaïa avait effectués en lui était une connexion « améliorée » avec la terre, qui lui avait coûté une partie de ses pouvoirs sur le feu… Mais en fin de compte, cela l'avait juste rendu plus puissant. Alors les ondines avaient commencé à s'adresser à lui, bien qu'elles n'eussent absolument jamais parlé à Roxas.

- Très, approuva Axel.

Il se mit à lire son livre sur la magie élémentale et Roxas commença à dessiner la source… Avec l'ondine dedans, même si elle partie.

- Tiens, c'est drôle. Ça parle de deux altus ventus que cherchent l'amour dans tous les mauvais endroits et qui finissent par le trouver l'un dans l'autre.

Axel sourit, amusé.

- Je me demande pourquoi l'auteur à choisi des altus ventus.

Ces élémentaires étaient connus pour être aussi froids que le ciel où ils vivaient. C'étaient bizarre d'imaginer deux de ces créatures tombant amoureuses.

- Il y a sûrement une raison dans l'histoire. Et puis, ça change, dit Roxas, optimiste, alors que la peinture commençait à prendre forme.

- C'est vrai.

Les histoires parlant d'élémentaires du feu étaient devenues légion, elles s'étaient vite répandues et multipliées une fois que les gens avaient entendu parler d'eux deux. Axel sourit en regardant Roxas, puis, après un instant, il prit une gorgée de son café et revint à l'histoire.

Elle n'était pas mauvaise, presque bonne, en fait. Il pensa qu'elle allait lui plaire.