Auteur : Natanael, qui contrairement aux apparences ne s'est pas évaporée dans l'atmosphère et qui revient enfin (mais pas avec la bonne fic, hélas… ^.^')
Disclaimer : les lieux et personnages mis en scène sont de Namco. Le monde est mal fichu.
Spoiler : affirmatif. Comme d'habitude, quoi…
Warning : Shônen-ai. Sinon, les persos (surtout Forcystus, Pronyma et Magnus) sont totalement OOC. Je peux invoquer l'excuse du gros délire débile pour l'expliquer ?
Résumé : Chacun sait combien il est difficile de lire quand tout le monde parle autour de soi. Hélas pour Kratos, ses compagnons du Cruxis semblent être très en verbe, ce jour-là. Heureusement, il peut compter sur son ami Yuan pour faire régner le silence ! Quoique. Moi, à sa place, je me méfierais quand même un peu…
Juste une page…
La salle de réunion du Cruxis était bondée. Les cinq Cardinaux Désians, les chefs de l'église de Martel et les officiers des demi-Elfes évolués y étaient tous rassemblés pour la réunion hebdomadaire du seigneur Yggdrasill. Ce dernier n'étant pas encore arrivé, chacun y allait joyeusement de son petit blabla. Les officiers commentaient la nouvelle organisation de Welgaïa, les chefs de l'église dissertaient sur le bien-fondé des textes pseudo-sacrés, Kvar et Rodyle vantaient les progrès de leurs recherches respectives, Forcystus se tenait les côtes après avoir persuadé Magnus de décrocher le lustre pour une raison connue d'eux seuls, Magnus tentait vainement de s'accrocher au plafond pour parvenir à ses fins et Pronyma s'évertuait à l'empêcher de se casser quelque chose tout en essayant de le raisonner. Au milieu de cette cohue, Yuan prenait son mal en patience, assis sur la table de Kratos. Le rouquin quant à lui s'acharnait à lire un livre malgré le vacarme ambiant. Son ami demi-Elfe esquissa un sourire en l'entendant grogner en sourdine contre "cette bande d'attardés des synapses pas fichus de garder un semblant de silence plus de deux minutes consécutives".
« Non mais tu te rends compte ? J'ai avancé de quinze lignes en une demi-heure ! Je n'ai même pas terminé ma page... Et avec cette réunion à la noix, je ne pourrais pas finir mon livre avant demain. Tu sais que je ne suis pas d'un naturel violent, mais là, je crois que je ne vais pas tarder à commettre un meurtre généralisé.
-Si tu as besoin d'aide, je suis là. Moi aussi, ils commencent à m'énerver sérieusement. Répondit Yuan en souriant toujours. On commence quand ?
-Quand j'aurais fini cette foutue page ! »
Le séraphin aux cheveux bleus éclata de rire devant l'expression butée de son compagnon de toujours. Quelques minutes s'écoulèrent sans que le volume sonore ne descende d'un décibel, minutes au cours desquelles Magnus parvint à duper Pronyma et à s'accrocher au lustre. Lorsque celui-ci tomba au sol sous les cris de joie du bronzé et les hurlements de colère de sa supérieure hiérarchique, l'ange aux cheveux flamboyants releva lentement la tête de son ouvrage. Il écarta d'un geste rageur une mèche rouge qui se balançait devant ses yeux et planta son regard grenat dans celui, océan, de son ami. Yuan haussa un sourcil interrogateur.
« Quatre fois. Ça fait quatre fois que je relis la même phrase. »
Nouvel éclat de rire de la part du demi-Elfe. Kratos lui jeta un regard assassin et posa brutalement son livre ouvert sur sa table. Yuan réussit à se calmer avant que l'autre homme ne reprenne sa lecture laborieuse.
« Au moins, tu dois l'avoir bien comprise, ta phrase. Fit-il, occasionnellement optimiste.
-Même pas ! Fut la réponse du lecteur désespéré. Comment veux-tu que je comprenne ce que je lis dans un tel bruit ?
-En d'autres termes, tu as besoin de silence ? Questionna Yuan en retrouvant son habituel sourire suffisant.
-Non, tu crois ? »
Kratos soupira, exaspéré, et se replongea dans les Mémoires des Origines de la Guerre de Mille ans, premier volume qu'il s'efforçait de décrypter. Son ami observa avec un intérêt grandissant le va-et-vient rapide des yeux du rouquin sur sa page. Il le vit s'arrêter un instant, foudroyer le dos de Magnus d'un regard, lever les yeux au ciel en soupirant et rependre son rythme de lecture effréné. Yuan admirait cette façon qu'il avait de laisser à ses yeux à peine le temps de se poser sur un mot avant de voler à l'autre puis au suivant. Si lui s'essayait à cela, il pouvait parier qu'il ne comprendrait pas un traître mot de ce qu'il lirait. Pourtant, Kratos ne semblait pas gêné pour comprendre son texte... A cet instant, le rouquin haussa un sourcil avant de prendre un air désespéré. Rectification : d'habitude, Kratos ne semblait pas gêné pour comprendre son texte.
Le Séraphin aux cheveux bleu délaissa son compagnon de galère pour jeter un regard circulaire sur la petite assemblée présente dans la pièce. Pronyma, après avoir décidé que Magnus ferait un excellent punching-ball, s'entraînait à présent pour le championnat de boxe féminin organisé le mois prochain à Tesseha'lla. Forcystus hurlait de rire, avachi sur une innocente table qui passait par là. Yuan émit un léger sifflement. En cent vingt ans, c'était bien la première fois qu'il voyait le héros Désian rire autant. Bah. Les Cardinaux avaient eu beaucoup de travail la semaine précédente. Sans doute ses nerfs avaient-ils lâchés. Oui, ce devait être ça. De leur côté, Kvar et Rodyle semblaient se demander s'ils devraient intervenir ou non. Le haussement d'épaule nonchalant du blond platiné parut répondre à cette question, et ils repartirent dans leur grand débat du jour : vaut-il mieux perdre son temps à fabriquer une exsphere spéciale ou un canon à mana ? Hum... C'est une question d'un intérêt philosophique extrêmement profond. Mais, la philosophie n'étant pas le fort de l'ange aux ailes lavande, ce dernier préféra les laisser approfondir seuls leur réflexion et continua son observation des lieux. Les prêtres de Martel s'étaient prudemment écartés de Pronyma et de Magnus sans cesser de disserter sur leurs légendes. Les officiers des Demi-Elfes évolués ne s'étaient visiblement pas rendu compte de la nouvelle occupation de la chef des Cardinaux Désians et poursuivaient leur gentille petite conversation sur Welgaïa. En même temps, il ne faut pas trop en demander à des gens sans conscience...
Jugeant finalement que la vision de Kratos se débattant contre des périphrases et des oxymores était bien plus distrayante que la troupe jacassante -et fracassante- qui caquetait autour de lui, Yuan reporta son attention sur le Séraphin aux cheveux roux. Un léger coup d'œil au petit chiffre inscrit au bas de la page lui apprit que son ami n'avait toujours pas pu la tourner. Au bout de quelques secondes de contemplation silencieuse (autant qu'une contemplation puisse être silencieuse dans une pièce où tout le monde parle) le demi-Elfe s'aperçut que les yeux de Kratos ne bougeaient plus. Tiens donc. Un problème ? Le rouquin leva lentement la tête et Yuan croisa son regard désespéré et suppliant. Son royaume pour du silence, songea le chef non-officiel des Renégats, sourire en coin. Histoire de bien enfoncer le clou, il demanda d'un ton innocent -ou presque- :
« Dis-moi, tu es toujours sur la même page ? »
Kratos n'eut pas besoin de répondre. Ses yeux parlèrent pour lui. Yuan se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire et garder un air à peu près sérieux. Pauvre Humain. Il ne pourra jamais finir son livre. L'ange aux yeux grenats dut en arriver à la même conclusion car un voile de tristesse paru tomber sur son visage.
« Yuan... Fais-les taire, par pitié... » Gémit-il à voix basse.
Une seconde, le demi-Elfe hésita entre ricaner du malheur de son ami ou compatir et réclamer un peu de calme sachant qu'il ne sera de toute façon pas écouté. Une seconde seulement. Car son regard se perdit dans les orbes de feu à demi cachés par des mèches flamboyantes et une idée commença à faire son chemin dans sa tête. Son sourire s'élargissant, Yuan détailla rapidement les traits de l'homme qui lui faisait face. Des traits fins, réguliers, pas trop anguleux pour un Humain... Mouais. Kratos n'était pas trop mal. Très plaisant en fait, disons-le franchement. Ça pourrait être une bonne idée.
Tout à son observation du visage du rouquin, le Séraphin ne vit pas son ami mercenaire hausser un sourcil.
« Yu...an ?
-Mmmm ?
-J'ai quelque chose sur le visage ?
-Non, pourquoi ?
-Je ne sais pas, tu me fixe depuis deux minutes. »
Ah. Grillé. Yuan soupira mentalement en songeant que lui aussi devait être très fatigué avant d'agiter une main comme quelqu'un qui chasserait une mouche -sachant qu'il n'y a pas l'ombre d'une mouche sur Welgaïa, il est sûrement inutile de préciser que l'ange passa pour un idiot fini l'espace d'un instant.
« Oublie. Je me demandais, tu veux du silence ?
-C'est la deuxième fois que tu poses cette question, Yuan. Répliqua Kratos d'une voix glaciale.
-Tu veux vraiment du silence ?
-Oui.
-Tu es sûr ?
-Tu es stupide ? »
Yuan ignora le commentaire sympathique de son pseudo-meilleur-ami et dévoila la blancheur éclatante de ses dents (Colgate, quoi de mieux ?) en un immense sourire.
« Si tu veux, je peux t'arranger ça. »
Kratos cligna des yeux, affichant un air dubitatif.
« Vraiment ?
-Si je te le dis. Répondit Yuan avec assurance. Tu me fais confiance, pas vrai ?
-Oui, bien sûr.
-Dans ce cas… » Le Renégat réussit à reprendre un air à peu près sérieux. « Surtout, ne bouge pas. Laisse-moi faire, d'accord ?
-…D'a… D'accord. Mais… Hésita l'homme aux cheveux rouges. Qu'est-ce que tu compte faire ? »
Un sourire carnassier étira les lèvres de Yuan. Il se pencha doucement vers l'ange aux ailes turquoises et posa sa main droite contre sa joue.
« Moi ? Rien de spécial, voyons. »
Avant que Kratos ne puisse répondre quoi que ce fut, le demi-Elfe l'attira un peu à lui de sorte que leurs lèvres se frôlèrent presque. Il sentit l'autre Séraphin se raidir et esquisser un vague geste de recul.
« Ne bouge pas. » Rappela Yuan d'un ton impérieux.
Kratos se figea, ses joues rosissant à vue d'œil. Un nouveau soupir mental échappa à l'homme aux cheveux bleus. Pas étonnant qu'il n'ait toujours pas de petit(e) ami(e), s'il est timide à ce point. Mais tout de même, il n'était pas loin de fêter ses quatre mille ans, là. Ça commence à faire un bras, non ? Il était grand temps de remédier à tout ça…
Après s'être rapidement assuré que leur duo commençait à attirer l'attention de la plupart des êtres présents dans la salle, Yuan combla les quelques millimètres qui le séparait encore des lèvres de Kratos. Il ne s'étonna pas de les trouver sèches, mais fut surpris par les légères gerçures qu'il sentit sous les siennes, avant de se rappeler que l'Humain revenait de l'ancien Triet où Yggdrasill l'avait envoyé inspecter le sceau d'Efreet. Passant outre ce détail insignifiant et bien décidé à jouer un peu avec les nerfs de son ami, le demi-Elfe se força un passage dans sa bouche en priant Martel pour que l'auburn n'ait pas l'idée saugrenue de lui mordre la langue. A sa grande surprise, le mercenaire ne réagit même pas. Sans doute était-il trop occupé à essayer de comprendre ce qui lui arrivait… Après tout, on était socialement incompétent ou on ne l'était pas. En l'occurrence, Kratos l'était.
Yuan taquina de sa langue celle du rouquin quelques secondes avant de prendre soudain conscience du silence qui régnait à présent dans la salle, et du fait qu'il avait fermé les yeux et qu'il caressait distraitement la joue de son ami. Occultant ce qu'il considérait comme un acte manqué et satisfait du résultat obtenu –du silence, enfin !-, le Renégat libéra Kratos et se recula, son sourire suffisant à nouveau collé aux lèvres. Il se délecta un instant de l'expression mi-choquée mi-désorientée de l'ange à présent aussi rouge qu'une azalée pourpre. Kratos cligna des yeux une demi-douzaine de fois et posa un regard à la fois furieux et interrogateur à son vis-à-vis. Le sourire de Yuan s'élargit et il croisa les bras sur sa poitrine, l'air immensément fier de lui.
« Et voilà ! Tu l'as, ton silence ! Tu vois, il suffisait de demander. Tu vas pouvoir finir ta page, maintenant.
-Huh… Ouais…»
Oui, je sais, pitoyable. Mais bon, ça m'amusait d'écrire ce navet donc voilà.
En espérant que ça vous ai quand même plu un peu !
^.^'
Bonne soirée/journée/matinée ! (rayer les mentions inutiles)