Récit Dix-Huitième

Il avait rêvé qu'il sortait avec Ron. Quel rêve étrange! Étrange et, il avait honte de l'avouer, agréable. Il sortait avec la belette et il avait aimé cela. C'était bizarre! Comment avait-il seulement pu penser à cela? Maintenant qu'il le voyait là, devant lui, à la porte du Terrier, il se rendait compte que ce n'était pas possible.

Déjà, parce que c'était une pourriture de Weasley. Un Malefoy avec un de ces traitres à leur sang? Plutôt crever! Jamais il ne voulait refaire ce rêve étrange de sa vie, jamais. C'était tout bonnement répugnant. Et puis même, rêvé qu'il sortait avec la petite rouquine, pourquoi pas, mais avec ce gorille roux mal coordonné, laid comme cinq poux? Un garçon? Plutôt mourir que de nouveau envisager cela!

Et puis, il ne pouvait pas non-plus sortir avec lui à cause de la chose accrochée à son bras, l'espèce de castor, de rat de bibliothèque touffu qui lui tenait la main et le regardait avec un air farouche, haineux. Il ne pouvait pas sortir avec la belette parce qu'il y avait elle, Granger.

De toute façon, il n'avait aucune envie de sortir avec Weasley. C'était juste un rêve, lié à ce que sa mère lui avait annoncé la veille au soir. Il allait passer l'été au Terrier, qu'elle avait dit! Que l'été qui se profilait allait être long! Draco s'ennuyait déjà.

« -Malefoy? »

Ron regardait Malefoy, planté là devant la porte du Terrier, serrant dans son poing une lettre, une valise à ses pieds. Étrange.

Il était étrange de le trouver là, devant la demeure qu'il avait insulté pendant plus de sept ans et qu'il méprisait plus que tout.

Il était encore plus étrange de le trouver ici pour Ron, car sa présence ranimait, en plus de souvenirs peu agréables, des brides incompréhensibles de pensées. Comme s'il avait déjà vécu quelque chose de similaire, comme si tout cela s'était déjà passé. Ces pensées passaient très rapidement, sans aucune malice mais Ron ne les comprenait pas. C'était bizarre, elles n'étaient pas agressives. Au contraire, elles paraissaient amicales, ou amoureuse, ou autre, il ne comprenait pas.

Il sentit soudaine Hermione serrer plus fort son bras et il la prit dans ses bras, la choyant au creux de son étreinte. D'un geste familier, il sentit ses cheveux et cette odeur connue le rassura un peu.

Il s'écarta de devant la porte et invita Malefoy à entrer, chassant de son esprit les pensées bizarres qui l'avait un instant traversé. Ce n'était rien, absolument rien.

« -Entre. »

Tandis que Ron conduisait Malefoy vers la cuisine, vers les parents Weasley, vers le début de l'été, Hermione ferma la porte. Elle resta un instant là, la main sur la poignée, à contempler le bois. Elle avait bien fait.

Lorsqu'elle les avait vu ensemble, elle avait eut peur. Et mal. Maintenant, tout irait bien. Elle avait fait ce qu'elle devait.

Elle n'avait aucune chance de se croiser, elle était en Australie et elle allait même y rester plus longtemps, elle avait bien fait. Même si ce qu'elle avait fait outrepassait toutes les règles de prudence établies, c'était la bonne solution. Oui, elle en était convaincue, malgré tout l'amour qu'avaient bien pu se porter les deux garçons, cette solution était la meilleure pour tous.

Elle se détourna de la porte, prête à aller rejoindre les autres dans la cuisine. Elle effleura au passage le Retourneur de Temps niché dans sa poche, celui qu'elle avait chipé en quatrième année dans le bureau de MacGonagall au cas où Harry aurait un problème durant le Tournoi. Elle avait bien fait, vraiment.