Note de l'auteur : J'ai été absent longtemps, ce dont je tiens d'ailleurs à m'excuser mais je compte poursuivre cette fiction. Bonne lecture à tous.
Chapitre 3 : Retrouvailles à Poudlard
Si le rétablissement du Tournoi des Trois Sorciers, et en particulier son déroulement à Poudlard, était sur toutes les lèvres, peu de gens semblaient s'interroger sur les raisons qui avaient poussé le Ministère de la Magie à organiser un tel événement à ce moment précis. La raison officielle, telle que diffusée par l'intermédiaire de la Gazette du Sorcier, se résumait à « promouvoir des liens d'amitié entre les élèves des trois plus grandes écoles de sorcellerie d'Europe, dans l'esprit d'encourager la coopération magique internationale ».
Toutefois, ceux qui avaient appris à lire à travers les mensonges et les demi-vérités de Rita Skeeter pouvaient deviner que les raisons de Fudge étaient loin d'être aussi innocentes qu'il n'y paraissait au premier abord.
En effet, si l'opinion publique avait tendance à l'oublier, Peter Pettigrow était toujours dans la nature, plus d'un an après sa mystérieuse évasion de la Prison d'Azkaban. Fudge ne s'était d'ailleurs pas distingué lors de cette crise, certaines de ses actions ayant été très contestées par la population, ce qui était tout particulièrement le cas pour sa décision de placer des Détraqueurs aux alentours de Poudlard. Les gardiens d'Azkaban avaient failli provoquer la mort de plusieurs innocents, et notamment celle du Survivant. Il était inutile de préciser que la côte de popularité du Ministre en avait pris un sacré coup.
Sirius ne savait pas avec certitude qui avait lancé l'idée le premier mais à sa connaissance, c'était sur la suggestion de Dumbledore, et le consentement de Croupton et Verpey, que Fudge s'était décidé à rétablir le tournoi légendaire cette année. Le politicien voyait sûrement la compétition comme un moyen certes coûteux mais efficace de détourner l'attention de la population, le temps que ses Aurors mettent la main sur Pettigrow.
La trahison de Queudver représentait un sujet sensible aux yeux de Black, notamment parce qu'il avait mis les vies des Potter en danger en lui faisant confiance à l'époque mais aussi et surtout parce que c'était la faute du rat si Voldemort avait attaqué Godric Hollow. Si Sirius ne l'avait pas suggéré comme gardien du secret à sa place, les jumeaux Potter n'auraient sans doute pas été attaqués et Harry aurait pu connaître une enfance heureuse auprès de ses parents plutôt que d'être rejeté au profit de la gloire et du prestige que la renommée de Leander offrait au couple Potter.
Heureusement, son filleul n'était pas aussi mort que la plupart des gens le croyaient. Le fils de Walburga avait remué ciel et terre en compagnie de Remus, à la recherche du jeune Potter, mais c'était une peinture de Rose qui lui avait apporté la réponse. S'il avait ouvert les yeux un peu plus tôt, peut-être aurait-il réalisé que cette fameuse réponse se trouvait sous son nez mais il valait mieux tard que jamais.
Sirius peinait à réaliser que le petit Harry était devenu un Black. C'était un tour assez ironique du destin que le garçon ait subi le même sort que le sien mais à l'opposé. Tandis que Sirius avait été renié de la maison Black et s'était réfugié chez les Potter, Harry avait été renié par les Potter et s'était fait adopter par les Black. Néanmoins, s'il en croyait l'attitude protectrice de Bellatrix à son égard le soir de la finale de la coupe du monde, l'enfant n'avait pas dû manquer d'amour au sein de son ancienne famille.
C'était dans le seul but de revoir le garçon, qui se prénommait désormais Antarès, que l'animagus s'était porté volontaire aux côtés de James, Kingsley et Dawlish pour faire partie des Aurors assurant la surveillance et la protection du château pendant la durée du Tournoi des Trois Sorciers. Après tout, une attaque de Mangemorts s'était produite quelques semaines plus tôt sur le sol britannique à l'occasion de la coupe du monde de Quidditch et Fudge ne tenait pas à ce que cela se reproduise lorsque les représentants de Beauxbâtons et Durmstrang seraient présents.
Pour être honnête, Sirius avait eu beau imaginer un millier de scénarios dans sa tête, il ne savait toujours pas de quelle manière aborder son filleul. Harry… non, Antarès, ne l'avait pas côtoyé depuis qu'il était bébé et il avait été élevé ces dernières années par la famille Black, c'est-à-dire l'une des familles les plus sombres de la société magique du Royaume-Uni. Cela signifiait-il que le garçon partageait les préjugés des Black sur la pureté du sang, les moldus et toutes ces autres choses contre lesquelles il s'était rebellé ? Pourtant, Antarès avait protégé Rose contre un Mangemort et même tué le Mangemort en question. Il ne pouvait donc pas être complètement partisan des idées de Voldemort.
Adossé contre un mur, non loin de la table des professeurs, il jetait des coups d'œil furtifs dans la Grande Salle toutes les cinq minutes. James s'était placé plus près de la table, non loin de la place qu'occupait Lily parmi les professeurs. Sirius apercevait la silhouette de Remus, assis à côté de Lily, ainsi que celle de Rose, que le lycanthrope avait installée sur ses genoux, sans doute pour lui permettre de voir l'arrivée des élèves dans la salle.
Kingsley et Dawlish s'étaient postés à proximité des portes de la Grande Salle, l'un en face de l'autre. Dumbledore avait refusé tout net à ce qu'un contingent entier d'Aurors soit présent au château, c'est pourquoi seuls quatre d'entre eux étaient présents à l'heure actuelle. Remus avait été invité, officiellement en tant qu'assistant de Lily pour l'étude des runes mais en réalité, il lui incombait de prendre soin de Rose pendant que sa mère serait occupée à donner ses cours.
Les pensées de Sirius dérivèrent à nouveau sur Antarès. Le Maraudeur espérait vraiment pouvoir se lier d'amitié avec l'adolescent, tant parce qu'il éprouvait de l'affection pour lui et souhaitait remplir au mieux son rôle de parrain, que pour permettre à Rose d'avoir enfin le frère auquel elle avait droit. De par la conduite héroïque du jeune Black le soir de la finale, Sirius était persuadé que ce dernier aimait sa petite sœur, même s'il ne l'aurait probablement pas avoué. Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'une nouvelle attaque de Mangemorts ne s'avérerait pas nécessaire pour les rapprocher de nouveau.
Son attention se focalisa immédiatement sur les portes de la Grande Salle lorsque celles-ci s'ouvrirent avec fracas. Son regard anthracite se fixa immédiatement sur les silhouettes des élèves de Durmstrang, cherchant à reconnaître Antarès parmi eux. Il aperçut rapidement Victor Krum, la star bulgare du Quidditch mais aucune trace de son filleul.
Patmol était sur le point de laisser échapper un soupir de découragement quand son regard se posa sur la mer d'uniformes bleus qui appartenaient aux élèves de Beauxbâtons. En effet, il pouvait distinguer une cape rouge caractéristique de l'uniforme de Durmstrang et un bref coup d'œil lui confirma que c'était bien Antarès qui se déplaçait en compagnie des Français.
L'animagus eut bien du mal à ne pas laisser ses lèvres s'étirer en un large sourire en constant que le garçon qu'il espérait voir était bel et bien présent. Cela lui laissait donc une année scolaire pour tenter de faire sa connaissance et tisser un nouveau lien avec lui. Ayant une petite idée des horreurs que sa mère avait dû lui dire à son sujet, ce n'était sans doute pas gagné d'avance mais s'il y avait bien une qualité que possédait Sirius en abondance, c'était bien sa détermination.
Leander Potter avait été impressionné par le carrosse géant des élèves de Beauxbâtons et par le navire de ceux de Durmstrang. Honnêtement, il ignorait comment le professeur Dumbledore aurait bien pu s'y prendre pour acheminer ses élèves jusqu'en France. Peut-être auraient-ils pris le Poudlard Express ? Pourtant, il imaginait mal le train aux couleurs chatoyantes passer inaperçu dans le tunnel sous la Manche…
A l'instar de Ron, il avait été agréablement surpris de reconnaître Viktor Krum parmi les élèves de Durmstrang. Bien qu'étant moins fanatique que le rouquin, le Gryffondor avait apprécié la performance de l'attrapeur lors de la finale qui avait opposé l'Irlande à la Bulgarie. En dépit de la défaite de son pays, le nom du joueur resterait sans doute dans les annales du Quidditch pour s'être emparé du vif d'or au cours du match.
- Tiens, ce n'est pas le garçon qui parlait à tes parents après l'attaque ? Demanda Hermione en lui indiquant un groupe d'élèves.
Tournant la tête vers les nouveaux arrivants, l'attrapeur de Gryffondor constata qu'un des garçons ressemblait effectivement à celui qui parlait à ses parents et Sirius ce soir là. Leander ne savait pas exactement ce qui s'était passé mais d'après ce qu'il avait entendu en écoutant ses parents discuter, l'élève de Durmstrang avait secouru sa sœur au moment où elle s'était faite agresser par un Mangemort. Le jeune Potter avait été surpris d'apprendre qu'il s'agissait d'un Black, cette famille ayant assez mauvaise réputation, à l'exception de son oncle Sirius bien sûr.
Alors que la majorité des élèves de Durmstrang prenaient place à la table des Serpentard et que ceux de Beauxbâtons faisaient de même à celle des Serdaigle, Leander fut surpris de voir Black et deux filles de Beauxbâtons se diriger vers leur table. Supposant que l'élève de Durmstrang avait peut-être entendu parler de lui, il commença à ouvrir la bouche dans l'intention de prendre la parole mais l'adolescent passa à côté de lui sans même sembler le voir.
A la fois irrité et intrigué par son indifférence, le jeune Potter ne put cacher sa surprise en voyant Black s'arrêter juste à côté de Neville, dont il serra la main avant de le prendre dans ses bras, tel un ami de longue date qu'il n'aurait pas vu depuis des années. Plus étrange encore, Neville n'avait pas l'air surpris de son comportement, à en croire le sourire qui éclairait son visage. Les deux filles n'étaient pas en reste, chacune embrassant le jeune Londubat sur les deux joues avant de s'asseoir en face de lui à la table des Gryffondor, Black s'asseyant à la droite de Neville.
Le timide Gryffondor ne lui avait jamais dit qu'il connaissait des élèves d'autres écoles mais à bien y réfléchir, Leander avait honte de reconnaître qu'il ne savait que bien peu de choses au sujet du jeune Londubat.
Il sortit de ses pensées lorsque Dumbledore prit la parole pour annoncer le début du festin, et que des plats aussi différents les uns que les autres apparaissaient au fur et à mesure sur la table des Gryffondor.
- Vous avez conscience que je vais me faire cuisiner dans la salle commune ce soir ? Demanda Neville, en arborant un air faussement exaspéré.
Le Gryffondor s'était attendu à ce que ses amis lui disent bonjour mais pas d'une manière aussi publique, et surtout pendant le festin de bienvenue. Passant une main dans ses cheveux châtains, il se demanda s'il pourrait demander asile à Antarès pour passer la nuit sur le bateau de Durmstrang pour éviter au moins ce soir les questions qui ne manqueraient pas de lui être posées dans la salle commune des rouge et or.
- Ne fais pas cette tête, Nev. Tu savais bien que ça arriverait à un moment ou à un autre. Et puis s'ils te posent des questions, tu n'auras qu'à dire que ta grand-mère est une amie de longue date de ma tante Walburga. Répondit Antarès, un sourire malicieux aux lèvres.
- D'accord mais pour Fleur et Gaby ?
- La vérité, voyons. Intervint Fleur dans un anglais teinté d'un léger accent français. Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années, lors de vacances en France. Et puis ma mère est une vieille amie de la mère d'Antarès donc il n'est pas étonnant qu'on se soit rencontrés quand tu étais en visite chez lui.
- Mieux vaut ne pas mentionner Oncle Sevy par contre. Il risquerait de ne pas apprécier si on parlait du délicieux gâteau qu'il nous avait préparé. S'exclama Gabrielle, un grand sourire aux lèvres.
Les trois adolescents éclatèrent de rire en concert, reconnaissant que le maître des potions n'apprécierait effectivement pas que son rôle de baby-sitter de l'époque arrive aux oreilles de ses élèves. Après tout, Neville leur avait expliqué quelle était la réputation du professeur Rogue auprès de la population étudiante de Poudlard, et celle-ci en prendrait certainement un coup si ses élèves découvraient que le terrible enseignant cachait un cœur tendre sous ses airs de vampire.
Discutant des conditions de voyage respectives d'Antarès et des sœurs Delacour tout en mangeant, le jeune Londubat ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant ses amis réunis autour de lui. Bien que n'étant pas exactement un paria à Poudlard, il n'avait pas non plus d'amis vraiment proches à l'école de sorcellerie. C'était en partie voulu, sa situation de lion solitaire lui ayant permis de réaliser certaines tâches pour l'Oncle Tom au cours des années précédentes, mais il n'en était pas moins heureux d'avoir ses amis à ses côtés pour une année complète plutôt que seulement quelques semaines pendant l'été.
Leur conversation prit fin lorsque Dumbledore reprit la parole pour expliquer les règles du Tournoi des Trois Sorciers. Un silence complet régnait dans la Grande Salle, les élèves des trois écoles étant tous attentifs aux paroles du Directeur de Poudlard. Les premiers signes de protestation se firent entendre lorsqu'il annonça que les élèves de moins de dix-sept ans ne pourraient pas participer au tournoi. Neville fut cependant plus étonné par les paroles qui suivirent.
- Néanmoins, poursuivit Dumbledore d'une voix forte, suite à une négociation avec l'Institut Durmstrang, il a été décidé qu'une exception pourra être accordée aux élèves de moins de dix-sept ans ayant complété au moins six années d'études dans une école de sorcellerie, et possédant donc un niveau de compétence équivalent à celui de nos élèves de septième année.
A la connaissance de Neville, aucun élève de Poudlard, pas même Hermione, n'avait pu sauter une année ni commencer plus tôt, l'âge minimum pour intégrer Poudlard étant de onze ans, ce qui signifiait qu'aucun élève de leur école n'était concerné par cette règle. En revanche, il savait qu'Antarès avait trois ans d'avance par rapport à lui dans ses études, ce qui le rendait tout à fait apte à participer au tournoi. D'ailleurs, le Gryffondor suspectait son ami d'être à l'origine de cette fameuse négociation entre les deux écoles.
S'étant aperçu du regard suspicieux que lui adressait Neville, le jeune Black se contenta de lui adresser un sourire et un bref clin d'œil, qui suffisaient amplement à lui confirmer ses suppositions.
- Tu comptes vraiment participer, n'est-ce pas ? Souffla Fleur à l'attention d'Antarès.
- Pourquoi pas ? Je ne peux pas dire que la récompense de 1 000 gallions soit motivante mais je suis assez curieux quant aux épreuves à affronter. Répondit le jeune Black à voix basse.
- Tante Bella ne sera pas contente si tu participes. Intervint Gabrielle, qui mangeait une part de gâteau au citron.
- C'est possible mais mon père saura la convaincre que c'est une bonne opportunité de tester mes progrès. Mais bon, je n'ai pas encore été choisi donc autant ne pas s'emballer. Répondit Antarès en haussant les épaules.
Neville n'avait jamais pris de cours de divination, Antarès l'ayant mis en garde contre l'enseignante qui n'était selon lui pas qualifiée au moment de choisir ses matières optionnelles en troisième année, mais il avait le pressentiment que son ami serait sûrement choisi. Après tout, la Coupe de Feu allait sûrement sélectionner les meilleurs élèves de chaque école et pour autant qu'il sache, le jeune Black était l'un des élèves les plus doués de Durmstrang.
- Et toi, Fleur ? Tu vas mettre ton nom dans la coupe ? L'interrogea Neville.
- Oui. J'y ai longuement réfléchi et j'ai envie d'y participer. Je pense que c'est l'occasion de mettre en pratique ce que j'ai appris à Beauxbâtons. Répondit la sorcière aux cheveux blonds avant de boire une gorgée de jus de citrouille.
- Deux champions potentiels… je suis bien content de ne pas avoir dix-sept ans. J'ai beau faire de mon mieux pour étudier, je n'aurais pas été à la hauteur de vous deux. Rétorqua le Gryffondor, un sourire aux lèvres.
- Tu te sous-estimes, Nev. Au dernier championnat de duel auquel on a participé, tu as fini quatrième.
- Peut-être mais tu as remporté ce tournoi, et Fleur a fini troisième.
Cela faisait maintenant trois ans que Neville participait chaque année au championnat de duel junior d'Europe. Le jeune Londubat n'était pas au niveau d'Antarès, ni de Fleur mais il désirait s'améliorer. Voilà pourquoi il avait demandé à son oncle Algie de lui donner des leçons de duel pendant l'été. Cela n'avait toutefois pas suffi puisqu'il était arrivé seulement douzième au premier tournoi auquel il avait pris part.
A sa grande surprise, Severus avait accepté de l'entrainer pendant l'année scolaire, à la condition que le Gryffondor n'en parle à personne. Ainsi, les nombreuses retenues et cours de rattrapage que lui assignait le maître des potions servaient en réalité à leur entraînement. Le professeur était sévère, au point que Neville ne comptait plus le nombre de bleus qu'il avait récoltés au cours de leurs sessions mais elles lui avaient permis de s'améliorer.
A son second championnat, il était arrivé huitième et cette année, il avait fini quatrième. Ce n'était pas pour devenir un duelliste célèbre qu'il avait décidé d'apprendre à se battre en duel mais pour devenir plus fort. Le jeune Londubat avait conscience qu'un jour ou l'autre, Antarès entreprendrait des changements profonds dans leur société, le genre de changements qui ne pourraient pas être mis en place sans avoir à se battre.
Fleur avait déjà dû le comprendre puisqu'elle s'entraînait dur elle aussi, et Neville ne voulait pas être un poids mort pour son ami lorsque ce jour viendrait. Sa grand-mère n'avait pas été emballée par son amitié avec le jeune Black au début mais en le voyant évoluer, et devenir plus sûr de lui, elle avait réalisé que son influence sur lui était positive.
Après trois années passées à Poudlard, le Gryffondor avait été témoin des manipulations du professeur Dumbledore à l'égard de Leander Potter. Le Directeur de Poudlard avait réagi exactement comme Oncle Tom l'avait prévu, au point que Neville avait pu jouer son rôle à la perfection. L'épée de Gryffondor était désormais entre leurs mains, tandis qu'une copie presque parfaite reposait désormais dans une vitrine du bureau du professeur.
Lorsqu'il prendrait sa place à la tête de la Maison Londubat, sa véritable allégeance serait révélée au grand jour mais d'ici là, il continuerait de jouer le rôle du timide Gryffondor. Après tout, sans sa rencontre avec Antarès, cela aurait été sans doute sa vie. Le trio d'or était inséparable, et si des gens gravitaient autour d'eux, ils ne laissaient personne entrer dans leur cercle. Quant à Dean et Seamus, ils étaient comme les deux doigts de la main et n'interagissaient avec lui que de temps à autres, comme des camarades de classe plutôt que comme des amis.
Aujourd'hui, le jeune homme avait de véritables amis, auxquels il faisait confiance et sur qui il pouvait compter. Neville ne ferait pas la même erreur que ses parents, qui avaient placé leurs espoirs en Dumbledore et en avaient payé le prix. Il forgerait son propre chemin.
Les pièces étaient en train de se mettre en place les unes après les autres sur l'échiquier mais le plateau ne correspondait pas exactement à ce qu'avait imaginé Albus Dumbledore.
En effet, le Directeur de Poudlard n'aurait jamais imaginé qu'Igor Karkaroff trouve la mort de manière aussi soudaine. Bien que Karkaroff ait été un Mangemort, le défunt Directeur de l'Institut Durmstrang présentait le double avantage d'être un lâche et un traître à la cause de Lord Voldemort, ce qui signifiait qu'Albus aurait pu le manipuler plus ou moins facilement dans la direction de son choix.
Anya von Einzbern n'était pas faite du même bois. Jeune professeur de Sortilèges émérite, dont les talents étaient réputés au niveau international, la sorcière aux longs cheveux d'un blond argenté était une femme de caractère, qui n'avait rien à envier à Minerva. Malheureusement, contrairement à sa directrice adjointe, le professeur von Einzbern n'était pas loyale à sa cause. Pour être honnête, le Président-Sorcier du Magenmagot ignorait complètement quelles étaient les allégeances de la jeune femme, celle-ci n'ayant pas présenté d'intérêt à ses yeux avant sa nomination à la tête de Durmstrang.
La nouvelle Directrice de Durmstrang n'était pas la seule pièce étonnante de ce nouvel échiquier. A la table des Gryffondor se trouvait une énigme bien plus intéressante encore, personnifiée par un adolescent de quatorze ans. Revêtu de l'uniforme rouge sang des élèves de Durmstrang, le jeune homme arborait des cheveux noir de jais mi-longs qui lui arrivaient jusqu'au milieu du cou, et ses yeux d'un vert sombre, presque anthracite, exprimaient plus de méfiance qu'il ne s'y serait attendu chez un garçon si jeune.
D'ailleurs, la légilimencie ne fonctionnait pas sur lui. Une approche suffisamment passive pour ne pas être détectée par l'adolescent lui avait appris que ce dernier disposait de barrières d'occlumencie robustes, et qu'il ne pouvait malheureusement pas tester davantage, au risque de provoquer un incident international. Cependant, il n'était pas réellement surpris par ces barrières, compte-tenu du fait que les Black étaient formés assez jeunes à l'occlumencie. Sirius Black en avait été un parfait exemple, bien que le Maraudeur n'ait visiblement jamais persévéré dans les arts de l'esprit.
Ce n'était pas sa maîtrise de l'occlumencie qui troublait le professeur. Non, c'était le fait que le jeune Antarès Black ait choisi de s'asseoir auprès de Neville Londubat, dont la famille était notoirement connue pour ses opinions progressistes et dont les parents avaient adhéré à l'Ordre du Phénix avant d'être torturés jusqu'à en perdre la raison par les frères Lestrange. Plus étonnant encore, il semblait en bons termes avec deux jeunes sorcières françaises qui possédaient clairement du sang de Veela dans les veines.
La Maison Black, à de rares exceptions telles que Sirius, était renommée pour être très traditionnaliste et portée sur les notions de pureté du sang. Neville Londubat pouvait être considéré dans certains cercles comme un traître à son sang, et les deux sorcières comme des créatures magiques. Etait-il possible que le fils de Bellatrix Black ait choisi de suivre une voie semblable à celle de Sirius, au mépris des convictions de sa mère ? Ou bien Bellatrix elle-même avait-elle changé son fusil d'épaule suite à la chute de Lord Voldemort ?
Si cela ne suffisait pas à rendre le Manitou Suprême perplexe, le fait que le jeune Antarès ait tué deux anciens Mangemorts, tous deux employés à l'Institut Durmstrang, en l'espace de quelques mois était certainement représentatif de ses convictions. Bien sûr, Dumbledore ne cautionnait pas le meurtre d'ordinaire mais il s'agissait ici de duels de sorciers donc parfaitement légaux. Et puis, si le vieux sorcier parvenait à persuader le jeune Black de rejoindre ses rangs, il pourrait très bien le convertir à son propre point de vue.
L'intérêt que portait le Directeur envers Antarès constituait la principale raison pour laquelle il avait accepté la demande de la Directrice von Einzbern concernant une éventuelle participation de l'adolescent au tournoi. Albus était très curieux de voir l'étendue des capacités du jeune Black, et le Tournoi des Trois Sorciers était l'occasion parfaite pour en avoir une démonstration.
Malheureusement, Dumbledore ne connaissait que bien peu de choses au sujet d'Antarès, en dehors de ce qu'il avait pu apprendre de son dossier scolaire à Durmstrang. Il y était entré en quatrième année, après plusieurs années d'études à Beauxbâtons. Son parcours était donc peu banal mais ses notes étaient excellentes, quelles que soient les matières concernées. Il y avait de fortes chances pour que le garçon ait un intellect semblable au sien, compte-tenu du fait qu'il avait déjà trois ans d'avance sur les élèves de son âge.
Il ne lui restait plus qu'à espérer que sa soif de connaissance ne soit pas accompagnée d'un caractère trop ambitieux. Hermione Granger était le parfait exemple d'un esprit acéré pouvant être malgré tout facilement manipulé, de par le respect qu'elle portait envers les figures d'autorité, et Dumbledore se trouvait certainement en bonne place sur la liste des personnes dont elle respectait l'opinion.
Bien que moins accompli sur le plan académique, Leander Potter représentait également une pièce de choix. Si Albus parvenait à le faire nouer une amitié avec le jeune Antarès, semblable à celle de James et Sirius au même âge, ce serait sans doute une excellente opportunité de rallier la Maison Black dans son camp. Après tout, Walburga ne vivrait probablement plus très longtemps et Antarès représentait désormais le seul héritier mâle de la lignée. Il y avait bien peu de chances pour que la matriarche laisse s'éteindre le nom des Black simplement pour rester fidèle à ses convictions.
Passant une main dans sa longue barbe blanche, le vieil homme porta son gobelet d'or à ses lèvres tout en fixant Antarès Black de son regard acéré. Oui, le garçon pourrait devenir un allié de poids s'il parvenait à le faire aller dans la bonne direction. Le directeur attendrait jusqu'à ce que les champions soient nommés par la Coupe de Feu. Avec un peu de chance, ses prévisions seraient justes, et les deux garçons seraient choisis pour participer au tournoi.