1] Je ne suis pas un nounours
-Harryyyyyyy !
L'interpellé grogna et enfouit son visage dans son oreiller, ramenant sa couverture par-dessus sa tête dans l'espoir d'étouffer la voix stridente qui lui vrillait les tympans. Peine perdue. Sa tante Pétunia tambourinait à présent à la porte de sa chambre, sa voix montant d'un cran dans les octaves. Il voyait vaguement le panneau de bois trembler. Béni soit le type qui avait inventé le verrou…
- Harry Potter ! Lève-toi immédiatement si tu ne veux pas avoir d'ennuis ! Le petit-déjeuner ne va pas se faire tout seul, espèce de fainéant !
Harry se redressa en poussant un soupir exaspéré. Sa main passa dans ses cheveux noirs, les ébouriffants encore plus si c'était possible. Ils avaient poussés, frôlant ses épaules à présent, mais toujours aussi indomptables. Il se leva, s'étira longuement et observa son reflet d'un œil morne. La glace de son armoire lui renvoya l'image d'un jeune homme de dix-neuf ans, petit et mince (bien que finement musclé), aux grands yeux d'un vert lumineux. Il grimaça. Toutes ces années passées dans un placard avaient décidément de lourdes conséquences sur sa croissance, et la pratique pourtant intensive du Quidditch n'avait rien changé. Il serait toujours un petit garçon…
D'ailleurs, sa tante continuait visiblement à le traiter ainsi. Maudit soit Dumbledore qui avait insisté pour qu'il reste chez les Dursley jusqu'à ses vingt ans, alors que Sirius répétait sans cesse qu'il se ferait une joie de l'accueillir avec Remus ! Voldemort était mort, bon sang, et sa maudite carcasse pourrissait depuis plus d'un an !
- Harryyyy !!!
- Oui, oui, j'arrive ! hurla-t-il en réponse.
- Change de ton ! Et dépêche-toi ! Tout a intérêt à être par-fait avant que mon Duddlichounet descende !
Il leva les yeux au ciel et marmonna un juron. Il avait failli oublier. C'était l'anniversaire de son cousin aujourd'hui. Voilà pourquoi sa tante venait le tirer du lit à 7h00 du matin…
S'habillant rapidement, il dévala l'escalier et se précipita dans la cuisine. Comme d'habitude, la table était couverte de paquets cadeaux, et certains avaient même dû être posés sur le sol. Son oncle était plongé dans son journal, une tasse de café à la main et ne prit même pas la peine de le saluer. Harry l'ignora aussi et ouvrit le frigo.
« Vie de merde », songea-t-il en entendant le pas lourd de Duddley dans les escaliers. C'était vrai quoi, il avait brillamment passé ses ASPICS (enfin, peut-être pas si brillamment que ça mais bon, il les avait eu quand même), il s'était débarrassé du terrible mage noir, il suivait un cursus politique des plus ardus dans le monde de la magie (histoire de se débarrasser en plus de cet abruti de Fudge et son chapeau melon… d'ailleurs il avait parié avec les jumeaux Weasley qu'il finirait par lui faire manger) et il était condamné à rester chez son oncle et sa tante, sans pouvoir toucher à sa baguette ! D'accord, il y avait encore des Mangemorts quelque part dans la nature, mais ce n'était pas comme s'ils l'attendaient à chaque coin de rue pour lui faire la peau… non ? Harry soupira. Dumbledore le couvait trop, c'était sûr, mais il avait un mauvais pressentiment depuis quelques temps, comme si son ancien directeur lui préparait un de ces coups dont il avait le secret. Il n'oserait tout de même pas faire ça à son élève préféré !
Duddley s'arrêta sur le seuil de la cuisine, son regard examinant attentivement la table. Puis, apercevant Harry, il fronça les sourcils, plissant les yeux d'un air méchant, ouvrit la bouche…
DING DONG
Harry haussa un sourcil surpris, sans cesser de surveiller ses œufs. Duddley se rembrunit et alla s'affaler sur une chaise qui grinça sinistrement sous son poids. Vernon et Pétunia échangèrent un regard perplexe. Qui est-ce qui pouvait bien les déranger un dimanche à 7h30 du matin ? Le jour de l'anniversaire de leur fils en plus !
DING DONG
Pétunia finit par tourner les talons et sortit de la cuisine. Harry ne put retenir une grimace moqueuse en déposant deux tranches de bacon dans sa poêle. Pauvre type, qui allait se retrouver face à l'horrible visage de sa tante si tôt le matin ! Il entendit la porte s'ouvrir. Un sourire presque mauvais étira ses lèvres, il entendait déjà le hurlement d'horreur que n'allait pas tarder à pousser le gars… Mais le seul bruit qu'il perçut fut le hoquet étouffé de sa tante. Il fronça les sourcils, toujours sans bouger. Qui est-ce qui pouvait bien couper le sifflet de cette chèèèère Pétunia comme ça ?
C'est alors que la voix s'éleva. Rauque et grave, légèrement traînante, avec une pointe d'ironie et de froideur.
- Pardonnez mon intrusion, madame, mais pourrais-je voir Harry Potter ?
Harry laissa tout tomber (y compris le lard qui grésilla lorsqu'il s'écrasa sur le carrelage… tant pis, il nettoierait plus tard) et se rua dans l'entrée.
- Malfoy ???
Draco Malfoy, le seul, l'unique, lui décrocha un petit sourire méprisant et passa une main aux longs doigts pâles dans ses cheveux blonds, presque blancs.
- Tiens, tiens, saint Potty… Incroyable, ta mémoire ne s'est pas envolée en même temps que le peu de savoir-vivre que tu as si péniblement réussi à acquérir ? En voilà un exploit !
- Bon sang, Malfoy qu'est-ce que tu fous chez moi ?
Le jeune homme élégant épousseta une manche de sa veste grise haute couture avec nonchalance.
- Parce que tu appelles ce taudis chez toi ? Je savais que tu avais des goûts désastreux, mais à ce point… Je suis venu prendre mon petit déjeuner, Potter.
- Chez moi ?
Cette fois-ci, Draco leva les yeux au ciel dans une attitude totalement désespérée.
- Non, chez Merlin ! D'ailleurs, tu serais fort aimable de me montrer son appartement au grenier… Bon sang Potter, je savais que ton cas était désespéré mais pas à ce point !
Le cas désespéré en question rougit furieusement et ouvrit la bouche pour répliquer vertement. Il avait déjà préparé un joli petit discours, avec une ou deux insultes bien senties (après tout, on ne perdait pas la main si facilement après sept longues années de pratique !), mais son cousin le coupa dans son élan. En fait, il le bouscula avec force, le faisant valdinguer contre le mur. Harry serra les dents pour étouffer un cri de douleur lorsque son épaule fit brusquement connaissance avec le plâtre. Duddley eut un petit sourire satisfait avant de se tourner vers sa mère, ses poings énormes posés sur ses hanches tout aussi imposantes.
- M'man ! C'est quoi ce bordel ? C'est mon anniversaire aujourd'hui, je veux pas que…
Il se tut. Instantanément. Une jolie baguette sombre, polie par l'utilisation, était pointée juste entre ses yeux porcins. Il déglutit péniblement et observa le jeune homme blond qui lui faisait face. Draco avait changé depuis Poudlard. Il avait grandi, il devait frôler le mètre quatre-vingt-dix à présent, et il avait beau être mince il était quand même sacrément impressionnant. Et il avait hérité de son père cette stature aristocratique, arrogante, qui écrasait la personne qui lui tenait tête (sauf Harry), ce regard glacial, de cette incroyable couleur d'argent, qui vous transperçait comme une lame (sauf Harry), et surtout ce sourire ironique, moqueur, qui vous faisait rétrécir sur place (sauf Harry… décidément, ce sale Gryffondor faisait sauter toutes ses stats !). Sa voix se fit un peu plus traînante et méprisante.
- Vraiment ? Eh bien, félicitation gros tas, tu as gagné le droit de la fermer jusqu'à la fin de la journée, c'est clair ? Ce n'est pas parce que ce cher Potter n'a pas le droit d'utiliser sa magie qu'il en est de même pour les autres sorciers. On m'écoute maintenant ? … Parfait. Alors tu vas bouger le cauchemar qui te sert de derrière de là, virer tout ce bordel que je vois sur la table et aller te terrer dans ta chambre. Je ne veux plus te voir avant mon départ. Compris ?
Duddley hocha la tête si vite qu'il failli se rompre le cou. Draco sourit un peu plus.
- Oh, un dernier détail. Il n'y a que moi qui ai le droit de bousculer Potter comme tu viens de la faire, c'est clair ? Bien. Tu peux disposer, ajouta-t-il en remettant négligemment sa baguette dans la poche de sa veste.
Duddley ne se le fit pas répéter deux fois et fonça dans la cuisine. Il en ressortit deux minutes plus tard, les bras encombrés de paquets cadeaux, et grimpa les marches de l'escalier deux à deux (un exploit qu'il n'avait encore jamais réussi^^). Harry se redressa en secouant la tête. Le choc contre le mur devait avoir été plus violent que prévu, il avait des hallucinations maintenant. Malfoy venait de prendre sa défense ? Le blond le dépassa sans un regard et alla s'installer sur une chaise à la table désormais libre, croisant ses longues jambes fines avec décontraction. L'oncle Vernon oscillait entre son teint habituellement bordeaux et un violet magnifique devant cet inconnu (même s'il était vêtu d'un luxueux costume, il n'allait pas le laisser menacer son fils et puis il fallait le comprendre, le pauvre n'avait pas vu qu'il avait affaire à un sorcier) qui envahissait le 4 Privet Drive comme s'il s'agissait de sa propre maison, et surtout qui venait pour son neveu ! Mais sa femme se précipita vers lui et lui murmura quelque chose à l'oreille, visiblement surexcitée malgré sa frayeur. Harry les observait, ahuri. Draco s'autorisa un mince sourire amusé.
- La voiture. Ça en jette toujours.
Harry s'approcha de la fenêtre et sentit sa mâchoire inférieure se décrocher. Il n'y connaissait strictement rien aux voitures (il préférait de loin s'intéresser aux balais, fan de Quidditch oblige), mais il était sûr de deux choses : UN, cette bagnole ne venait certainement pas d'Angleterre, et DEUX, elle avait dû coûter la peau du…
Il ne put s'empêcher de pousser un sifflement admiratif. Dans son dos, Draco étouffa un petit rire.
- Exactement Potter, tu as tout compris. Alors ne t'avise jamais de toucher à mon bébé sans ma permission. Et en attendant, il me semble que tu étais bien parti pour préparer ce que l'on appelle communément un petit-déjeuner… Si tu poursuivais dans ta lancée ?
Harry se reprit aussitôt et fusilla son ancienne Némésis du regard.
- Je suis pas à ton service, Malfoy, alors tu vas me faire le plaisir de dégager d'ici, ok ?
Il se contenta de sourire un peu plus.
- J'attends un hibou, Potter, alors jusqu'à ce qu'il arrive j'ai bien l'intention de profiter de la situation. Brouillés, les œufs.
- PARDON ??? Depuis quand tu reçois ton courrier CHEZ MOI ?
- Je n'ai pas dit que c'était mon courrier, Potty. Lave-toi les oreilles la prochaine fois. J'ai dit que j'attendais un hibou. Je n'ai pas précisé pour qui… Alors, ça vient ce déjeuner ou faut-il que je traumatise ton oncle et ta tante, ainsi que le reste du voisinage en utilisant ma magie ? A moins que tes talents culinaires soient aussi désastreux que ton niveau intellectuel…
Le jeune homme brun étouffa une injure, hésita un instant, puis repartit vers les fourneaux. Il ne supportait pas qu'on se moque de sa façon de cuisiner. Après avoir préparé tous les repas de sa "famille" pendant près de dix ans, il avait fini par prendre goût à la cette activité et maintenant il ne se contentait plus de faire cuire une casserole de nouilles (il avait d'ailleurs demandé des cours à Dobby durant son temps libre à Poudlard, mais ça personne le savait… exceptés Ron et Hermione, bien sûr, puisqu'ils se portaient toujours volontaires pour servir de cobayes).
Dix minutes plus tard, il déposait une assiette encore fumante devant Draco et s'assit brusquement face à lui, les bras croisés sur la table. Il s'efforça d'ignorer le regard menaçant que lui adressait son oncle ; il allait sûrement avoir droit à une raclée après le départ du Serpentard… Serpentard qui mâchait sa première bouche avec une grimace surprise.
- Eh bien, j'ignorais que tu pouvais de débrouiller quelque part ! Ce n'est pas mauvais.
Harry crut que ses yeux allaient jaillir de ses orbites. Malfoy venait de lui faire un compliment ? Et il ne se montrait même pas méfiant alors qu'il savait parfaitement que c'était son ancien ennemi qui avait préparé sa nourriture ?? Draco le dévisagea, amusé, puis précisa comme s'il avait lu dans ses pensées :
- Je suis immunisé contre la plupart des poisons que tu connais, Potter, et tu n'as jamais réussi convenablement une seule potion. C'est d'ailleurs pour cela que ça m'étonne…
- La cuisine et les potions sont complètement différentes !
- Pas tant que ça… Rogue m'avait pourtant bien dit que tu t'étais légèrement amélioré à la fin de ta scolarité. Si tu savais comme j'ai dû batailler pour lui arracher cet aveu ! ajouta-t-il avec un sourire, en prenant un nouveau morceau.
Il finit son assiette sans rien dire de plus, sous le regard mi-furieux mi-stupéfait du Survivant, puis s'essuya délicatement la bouche. Ben tiens, toujours aussi délicat ce cher Malfoy… D'ailleurs j'aurais dû me douter qu'il n'avait pas vraiment changé. Regardez-moi ça ! Pas un pli à sa chemise, une manucure parfaite, une peau toujours aussi pâle et douce… Ah, il a arrêté le gel, ça par contre c'est un progrès. Mmm, et on dirait que ses yeux sont un peu moins froids… Ils avaient vraiment cette couleur la dernière fois que je l'ai vu ? Je jurerai qu'ils étaient plus sombres, moins lumineux… Hey, minute. Je suis en train de mater Malfoy ? Non, non, c'est simplement de la curiosité, rien de plus… Pas vrai ? Et puis merde, on n'a pas idée d'être aussi… wow !
Harry secoua la tête pour ne pas déraper un peu plus. Ce n'était vraiment pas le moment de se mettre à admirer le blondinet. Il était sensé être en colère après lui. Heureusement, c'était une émotion qui revenait vite et il lâcha d'une voix sèche :
- Bon maintenant Malfoy tu vas m'expliquer ce que tu fous là.
- Ah la la, Potter, un peu d'amabilité d'écorcherait vraiment la bouche ?
- Continue comme ça et c'est mon pied qui va écorcher ton cul.
Draco eut un rictus amusé. Ils ne s'étaient plus battus physiquement depuis la fin de leur cinquième année ; oh bien sûr ils s'engueulaient toujours autant, mais ils ne se frappaient plus. Ils avaient passé l'âge, et puis Harry avait vite compris qu'il ne faisait pas le poids… dans tous les sens du terme. Alors imaginez le frêle brun le mettre à la porte ?
- Je te l'ai dit, j'attends un hibou. Ou plutôt, tu attends un hibou. Tu comprendras vite pourquoi je suis là.
- Pourquoi toi ?
- Parce que je suis un Auror, voyons.
Cette fois-ci, le jeune homme manqua de s'étrangler. Malfoy, un Auror ? Bon d'accord, il n'avait jamais été un Mangemort. C'était plutôt dur à admettre, mais il avait rejoint l'Ordre du Phénix et il leur avait été sacrément utile, comme la plupart des Serpentards qui les avaient aidés (si si, il y en avait eu, et même plus que ce à quoi ils s'attendaient !). Mais lui, se lancer dans une carrière pareille ? Il répliqua machinalement.
- Il faut trois ans de formation pour devenir Auror…
- Je l'ai fini en un an et demi. Quoi Potter, ne me dis pas que ça t'étonne ! Tu n'avais pas encore compris que je suis un génie ? Tu me déçois. Je travaille au Ministère depuis un an maintenant. Et j'ai cinq arrestations à mon compte, si je me souviens bien. Ou peut-être six, si tu comptes le coup de main que j'ai filé à Bewner le mois dernier.
Harry marmonna une vague réponse. Malfoy, Auror, et doué en plus de ça… Un bruit sec le fit sursauter. Il bénit le hibou qui frappait à la fenêtre et qui lui l'arrachait à cette pénible conversation et alla lui ouvrit. L'oiseau le dévisagea presque avec arrogance, tendant la patte pour qu'il détache l'enveloppe qui y était accrochée, et repartit sitôt sa livraison effectuée. Le brun décacheta le parchemin avec agacement et parcourut les quelques lignes écrites. Son cerveau eut un raté. Il dut la relire une bonne dizaine de fois avant que les mots marqués prennent enfin du sens.
Mon cher monsieur Potter,
Suite à vos nombreuses plaintes concernant votre "enfermement" chez votre oncle et votre tante, ainsi qu'aux récents évènements que l'on nous a rapportés, le directeur Dumbledore et moi-même avons reconsidéré votre situation et sommes parvenus à la conclusion que vous ne pouviez rester plus longtemps dans le monde Moldu. Cependant, et vous le comprendrez aisément j'en suis sûr, nous ne pouvons encore vous permettre d'aller librement sans craindre pour votre vie. C'est pourquoi vous logerez dès à présent chez l'Auror chargé de votre sécurité, Monsieur Draco Malfoy, et je vous prierai de ne rien entreprendre sans l'en avertir au préalable.
Amicalement vôtre,
Cornélius Fudge.
Harry laissa la lettre lui glisser des mains et murmura :
- Cette fois, c'est sûr, je vais lui faire bouffer son chapeau à l'autre malade… Et comment Dumby ose-t-il me faire un coup pareil ?
Dans son dos, Draco pouffa. Rouge de rage, il se retourna, les poings crispés.
- Il en est hors de question, tu entends ?! Jamais ! Tu peux toujours courir pour que je vienne avec toi ! Que Fudge et Dumbledore aillent se faire foutre ! Je ne vivrais pas avec toi ! Je peux me débrouiller tout seul, bon sang !
- Oh mais tu n'as pas le choix mon cher. Si ça peut te rassurer, cette mission ne me ravit pas beaucoup que toi, mais l'ordre vient directement de notre Premier Ministre bien-aimé alors je suis forcé d'obéir.
Harry lâcha un chapelet d'injure avant de se mettre à marmonner (les mots "coup d'Etat" et "complètement chtarbés" revenaient avec une régularité étonnante ^^). Le jeune Auror poussa un soupir et se leva, arrachant le Survivant à ses intenses réflexions.
- Bon, ce n'est pas tout Potter mais j'ai du travail moi, alors j'aimerai autant qu'on ne s'attarde pas trop.
- Entendu, ravi de t'avoir revu, maintenant dégage !
- Oh non, pas de ça. Où se trouve ta chambre ?
- Va te faire !
Draco leva les yeux au ciel et sortit de la cuisine. Harry se mit à faire les cent pas tout en se rongeant les ongles (une mauvaise habitude qu'il avait piquée à Hermione au moment des Aspics… Ron le tuerait s'il le voyait). Son oncle et sa tante était toujours terrés dans un coin de la pièce, mais il les ignora royalement. A l'étage, il entendit Duddley pousser un couinement de terreur qu'il repoussa d'un geste agacé de la main (comme s'il pouvait y changer quelque chose…).
Il allait vivre avec Malfoy. Il allait devoir se coltiner le mec qu'il haïssait depuis sa première année, et accessoirement sur lequel il fantasmait depuis sa sixième ! Non, il n'avait pas dit "fantasmer". Il avait simplement dit qu'il le troublait un peu. Et puis, c'était normal, c'était à ce moment-là qu'il avait rejoint l'Ordre, comment ne pas se poser des questions sur ce changement ? Tout aurait fait pareil, après tout. Ce n'était pas sa faute s'il l'intriguait. Mais bon, il était toujours aussi insupportable, rien n'avait vraiment changé… Rien ? Il déglutit.
Saloperie d'homosexualité de mes deux ! Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter ça ?!
Harry savait depuis le désastre avec Cho Chang qu'il préférait les hommes, et il l'avait clairement fait comprendre. D'abord, l'homosexualité était nettement mieux acceptée chez les sorciers, et puis ça avait eu l'ENORME avantage de réduire le troupeau de harpies collé à ses basques. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas ses fans, c'était juste qu'elles étaient parfois… insupportables. Comme Malfoy. Pourquoi il revient dans la conversation celui-là ? Non pas qu'il était amoureux du blondinet. Non, c'était simplement une attirance physique, ça il en était sûr. Après tout, Malfoy était un enfoiré de première. Il avait juste un corps de rêve… Couché Harry !
-Alors, tu es prêt ?
Le jeune homme fit un bond de cinquante centimètres. Draco l'observait, un sourcil levé d'un air interrogateur, appuyé au chambranle de la porte. Il portait la cage de Hedwige dans une main et la chouette blanche hululait affectueusement, ses grands yeux liquides levés avec adoration vers l'homme qui la portait. Harry grimaça ; si même elle le laissait tomber…
- Prêt pour quoi ? J'ai pas mes affaires.
- Tes valises sont miniaturisées, dans ma poche et prêtes à être embarquées. J'ai même pensé à prendre ton oiseau, alors tu devrais m'en être un peu plus reconnaissant…
- Pourquoi est-ce qu'elle t'apprécie autant maintenant ?
- Voyons Potter, tu sais que personne ne peut résister à mon charme… Bon, tu as dit au revoir au monsieur et la dame ? Tu t'es bien brossé les dents ?
Son ton moqueur fit rougir un peu plus le Survivant. Il se tourna vers les Dursley et les toisa. C'était la première fois qu'ils le voyaient aussi furieux… Et il était effrayant, malgré son apparence frêle.
- Je me tire. Ça pose un problème ? … Parfait ! Au plaisir de ne jamais vous revoir ! (Il se retourna et attrapa sèchement la cage d'Hedwige) C'est valable pour toi aussi. Je pars seul. Ravi de t'avoir vu, et adieu !
Il fit un pas en avant, mais Draco ne l'entendait visiblement pas de cette oreille. Sans même se décaler, il tendit le bras, l'agrippa par la taille et le souleva sans effort avant de le jeter sur son épaule. Harry poussa un hurlement qui couvrit le hululement de protestation de la chouette. Malfoy l'ignora, adressa un bref signe de tête aux propriétaires du 4 Privet Drive et sortit de la maison de banlieue sans prêter attention au garçon qui se débattait sur son épaule. Il rejoignit sa voiture et le laissa tomber sans ménagement sur le siège passager. Il claqua la portière et s'installa au volant, verrouillant la voiture avant que Harry ait eu le temps de s'échapper. Celui-ci l'insulta copieusement. Draco attendit calmement qu'il commence à se répéter pour démarrer et lancer d'une voix nonchalante :
- Tu as sacrément maigri depuis Poudlard, non ?
- Passe deux ans au régime Dursley tout en fuyant Voldy et tu verras si toi non plus tu ne perdras pas de poids !
- C'était juste une constatation. Ou ça vient peut-être du fait que tu sois aussi imposant qu'un enfant de dix ans… Tu ressembles à un nounours !
- JE NE SUIS PAS UN NOUNOURS !!!