Vers le ciel noir
Me revoilà :)
Avec une fiction, assez courte, mais une fiction. Je suis fière de moi :D
Je sais que je n'ai pas répondu à grand monde sur les OS mais j'ai une vie de fou et j'ai oublié à qui j'ai répondu et à qui non et dans le doute… N'hésitez surtout pas à me savonner ;)
Bref, j'ai essayé de ne pas tomber dans le cliché mais je crains que se soit mauvais quand même. Comme d'habitude, l'histoire m'appartient, mais pas le reste :(
Et bien sûr, ceci est un slash mesdames et messieurs donc don't like don't read ;)
Le titre a changé ! "We are weapons" était un titre "brouillon" (j'avais vraiment PAS d'inspiration. Elle m'est venue miraculeusement ce matin, haha)
" Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
-Te souvient-il de notre extase ancienne?
-Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
-Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois tu mon âme en rêve? -Non.
-Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! -C'est possible.
-Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir!
-L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles. "
Paul Verlaine
FIRST.
C'était une phrase qu'Albus avait entendu des milliers de fois. Et à chacune de ces fois, elle s'imprimait un peu plus dans son cerveau, le marquant à tout jamais, comme au fer rouge.
« Tu ressembles tellement à ton père… »
Au début, il s'était appliqué pour ne pas décevoir toutes ces personnes qui attendaient autant d'exploits de sa part. Il devait réussir comme son père, ou sinon, il ne serait qu'un imposteur, un vague sosie, une poupée désarticulée, une pâle copie… Mais c'était trop dur. Il faisait systématiquement le contraire de ce qu'il aurait fallu faire pour être le vrai, le digne fils d'Harry Potter.
Sa plus grande défaite était certainement Serpentard. Il se rappelait encore de la mine défaite de son frère, du visage ébahi des professeurs, ou encore du sourire gêné de Rose, qui elle, allait à Serdaigle. Il en avait pleuré des nuits durant, dans ce dortoir trop vert empli de fils de Mangemorts qu'il avait appris à détester depuis son plus jeune âge. Certes, petit à petit, il s'était plu dans cette Maison qui était la sienne, et avait réussi à se raisonner : si je suis un serpentard, c'est que c'est ici que j'appartiens…
Puis, il y avait eu le Quidditch. Sa Maison jubilait d'avoir un Potter dans ses rangs. On le poussa à passer les essais.
Mais Albus Severus Potter avait le vertige… C'était le fils Malefoy qui avait finalement emporté le poste d'attrapeur.
Alors, Albus avait abandonné. Etre comme son père était bien trop compliqué et ne lui laissait aucune force pour vivre sa vie. Et Albus voulait vivre. Vivre, rire, être un enfant normal, sans ce poids continuel sur ses épaules. Alors il avait décidé que plus jamais on ne le comparerait avec son père. Il serait tout sauf un deuxième Harry. Il serait Albus ou ne serait pas.
Serpentard se prêtait parfaitement à sa nouvelle vie. La Maison des serpents regorgeait de familles reniées et d'enfants portant le poids de l'opprobre de leurs parents. A commencer par les trois garçons de son dortoir : Benjamin Nott, Icarus Selwyn, et bien sûr Scorpius Malefoy.
Il était décidemment bien plus aisé de faire tout le contraire de ce que l'on attendait de vous. Albus s'y attela avec application. Son premier coup d'éclat fut un simple bonjour lancé dans un couloir. A Scorpius Malefoy.
-Je croyais que tu ne m'aimais pas, Potter.
Albus avait baissé les yeux comme on lui avait appris à faire, puis s'était rappelé qu'il était le nouveau Albus.
-Tu n'as jamais eu l'impression que l'on te prend pour ton père ?
Le jeune Malefoy avait eu l'air surpris pendant quelques secondes, puis son regard s'était assombri.
-Si, avait-il murmuré. Mais n'essaye pas de me persuader que c'est pire pour toi. Rien ne peut être pire que d'être assimilé à un assassin. A un Mangemort.
-Je suis le fils d'un héro, avait répliqué Albus.
Alors, Scorpius avait souri et lui avait tendu la main.
Albus considérait cela comme sa première victoire. Approcher le reste des serpentard ne fut vraiment pas dur. Ils se complétaient, formaient une masse compacte de parias et de parjures. Pendant deux mois, Albus avait vécu en autarcie, loin d'eux, étant présent sans l'être réellement. Il avait été un serpentard à mi-temps, dans sa bulle, sans jamais se fondre dans sa Maison. Ses oreilles s'étaient bouchées dés que le Choixpeau avait crié.
Il fallut tout reprendre. Ce fut Malefoy qui lui expliquât ce qu'il avait manqué pendant soixante jours, enfermé dans son cocon.
-Ici, on est pas aimés par les autres, Albus. Tu y a échappé, parce ce que tu montrais clairement que tu étais là par erreur, pas avec nous. Mais très vite, même si tu es un Potter, tu deviendras avant tout un serpent. Tu dois comprendre, Albus. Nous sommes les traîtres. Nous étions les seuls à vouloir livrer Harry Potter, le fameux soir. Nous étions les seuls à nous battre du mauvais côté. Et il faudra des millénaires pour laver notre honneur.
Scorpius lui parlait désormais comme s'il avait oublié qui il était. Et c'était magnifique. Il avait une manière de prononcer son prénom si douce, comme une caresse. Albus, pour la première fois, s'était détaché de ce nom qui était trop ancré en lui. Il n'était plus un Potter. Il était libre. Il volait. Il saisit enfin pourquoi le chapeau l'avait placé à Serpentard. Cette Maison serait le seul endroit au monde où il se sentirait chez lui. Compris.
-Je sais, avait-il répondu. Et Scorpius avait hoché la tête avec ferveur.
Il trouvait Scorpius étonnamment mûr, pour ses onze ans. Son ami lui avait expliqué plus tard que son père était bien trop sombre et grave pour qu'il se permette de traînasser dans sa condition d'enfant. Et Albus avait admiré Scorpius pour ce sacrifice dont il se savait incapable.
Petit à petit, ils étaient devenus inextricablement liés. Et Albus, au milieu des verts et argents, avait l'impression de vivre pleinement pour la première fois de sa petite vie. Benjamin Nott et Icarus Selwyn étaient ceux qu'il préférait, après son Scorpius –Albus adorait rajouter des adjectifs possessifs devant les noms de ceux qu'il aimait. Benjamin était calme et réfléchi et Icarus sûrement hyperactif, ce qui ne les empêchait pas d'être les meilleurs amis du monde. Avec eux et Scorpius, Albus refaisait le monde dans leur dortoir, les jours de pluie. Il avait oublié qui il était. Il voulait juste que l'on arrête de considérer les serpentard comme des bêtes curieuses et s'y attelait avec dévotion. Sa première année passa vite, et il fut horriblement déçu en revoyant sa famille sur le quai. Bien sûr, maman lui avait manqué, et sa Lily aussi. Bien sûr, revoir sa chambre serait agréable. Bien sûr, papa allait le faire rire de nouveaux, comme avant. Mais Scorpius ne serait pas là, Ben et Icarus non plus… Qui allait donc le comprendre ? Qui allait donc rire avec lui des Gryffondors dans cette famille de Lions –la Maison de sa sœur ne faisait aucun doute pour lui. Qui parlerait avec lui de la guerre sans ce ton craintif, avec des vrais mots ? Qui le soutiendrait, lui, lui qui ne voulait pas de cette famille parfaite et de ce père trop beau, trop lisse, trop bon, trop généreux…
Personne. Albus aurait droit à deux mois d'immense solitude, et il le savait.
Les deux mois passèrent plus vite qu'il ne l'aurait cru. Sa famille lui avait vraiment manqué, tout compte fait. Les blagues débiles de James combinées aux histoires de papa et au sourire mouillé de Lily… Sans parler de la nourriture de maman et de Grand-mère. Tout ça, cette vie, lui avait manqué. Il oublia sa mission pendant ces vacances. Il goûta juste aux délices de la famille. Avec moins de pression, certes. Il n'avait plus à prouver qu'il méritait d'être un Potter, parce qu'au fond, tout cela lui importait si peu…
Il sortit de sa léthargie quand on lui annonça que leur père les emmenait à la gare. Il trépignait d'impatience, imaginant mille stratagèmes pour échapper à la surveillance de ses parents et rejoindre ses amis plus tôt.
Sa deuxième année se coula doucement et sans encombres apparentes. Il assit progressivement sa place de leader des serpentards de son année, place dont Scorpius ne voulait pas.
Les vacances d'été arrivèrent vite, une fois de plus. C'étaient les seules vacances qu'il passait avec sa famille – il avait demandé à ce qu'il restes au châteaux pour les autres. Il s'autorisait ces deux mois dans ce monde clos, cette bulle d'amour idiot… La troisième année fut plus tourmentée. Albus avait treize ans, et l'adolescence commençait à pointer le bout de son nez. Un jour, Icarus avait amené un CD de métal moldu, et ils avait trafiqué un poste sorcier pour pouvoir l'écouter dans leur dortoir. Scorpius avait fini par s'enfuir, horrifié par cette musique de barbares, mais Albus était tombé amoureux des guitares agressives et des hurlements du chanteur. Il plongea avec jouissance dans le monde du gothisme et du lugubre et en sortit quelques mois plus tard, n'en gardant que l'eye-liner noir, la musique, et les jeans déchirés. Quand il rentra pour les vacances de Pâques –sa mère l'avait exigé, lui assénant qu'elle le voyait bien trop peu– ses parents avait hurlé au désastre. Ginny Potter ne comprenait pas ce que l'on avait bien pu faire à son bébé. Harry Potter, lui, le comprenait déjà un peu mieux, mais décida qu'il était peut-être temps de parler sérieusement à son fils. Il avait toqué à la porte de sa chambre (une grande première) puis s'était assis sur le lit d'Albus. Ce dernier écoutait de la musique à plein volume sur le baladeur moldu que ses parents lui avaient offert et n'avait même pas remarqué son père.
-Al, je sais que ça peut être dur, à ton âge.
Albus enleva ses écouteurs et fit tourner sa chaise pivotante.
-Non, tu ne sais pas. A mon âge, tu étais bien trop occupé à sauver le monde pour te soucier d'être un adolescent.
-Albus, tu as bientôt quatorze ans et…
-Et ? Et, papa ? Tu t'en moques. Laisse moi vivre ma vie. T'es tellement devenu apathique que t'as même pas réagi à ma pique.
-Albus, tu te trompes. Je t'aime. Je m'inquiète pour toi. Je veux savoir ce qui a entraîné ce… changement, en toi.
Albus tourna sa chaise et remit ses écouteurs. Harry soupira.
Quand les vacances d'été arrivèrent, Harry faillit ne pas reconnaître son fils. Qui était ce garçon pâle et mince aux cheveux corbeau savamment décoiffées, son jean noir émacié et son t-shirt aux figures morbides ? Qui était ce garçon aux yeux cernés de noir et aux poignets ornés de bracelets en métal ? Qui était ce garçon qui ne le regardait même pas mais riait avec un grand garçon blond qui lui rappelait amèrement quelqu'un ? Qui était ce garçon qui jeta sa veste en cuir sur le siège arrière sans même un mot et qui posa ses baskets noires élimées sur le dossier devant lui ? C'était son fils. Son Albus. Son Albus qui avait réussi à ne plus lui ressembler. Et qui ne se ressemblait plus à lui même.
TBC.
Reviews ?