Sasuke,
Ceci est la première lettre que je t'envoie, mais pas la première que je t'écrie. En réalité, il y a plus d'une centaine de lettres qui t'étaient adressées, et que je ne t'ai jamais données. En partie parce que j'espérais ne jamais avoir à communiquer avec toi par ce moyen, puisqu'il signifierait que tu serais parti.
Tu es parti il y a à peine une semaine, et j'ai l'impression que tu n'es plus là depuis des mois. C'est étrange de voir à quel point ma vie semble vide quand tu n'en fais pas partie. C'est comme si la ville était transformée, que rien n'était plus pareil, parce que tu n'es pas là.
Le parc est tellement silencieux, le soir. Je ne sais pas si tu te rappelles cette nuit, où nous avons passé la nuit sur le banc, avant de nous allonger sur l'herbe. Je venais d'être nommée chef des unités médicales, et j'avais été félicité tout la journée. Par nos amis, nos senseis, ma famille. Tout le monde. Sauf toi.
J'étais tellement déçue. Je t'en voulais, même. J'étais en colère contre toi. Et, juste à la fin de mon service, tu étais là. Dans la salle d'attente. Je t'ai regardé, et au moment où je suis rentrée, tu t'es levé. Je me suis approché de toi, avec la ferme intention de t'envoyer balader, et là, tu m'as regardé dans les yeux, et tu m'as dit que tu m'emmenais diner. J'ai cru que tu plaisantais, mais dieu sait que l'humour n'est pas ton fort. Je t'ai suivi, parce qu'une petite voix au fond de moi me disait que c'était la seule forme d'éloge que j'aurai de ta part.
J'ai oublié le dîner. Je n'ai aucun souvenir de ce repas. Par contre, je me rappelle dans les moindres détails de ce qui s'est passé ensuite. Nous sommes sortis du restaurant, et nous avons longé les échoppes de la rue principale du village. Il faisait tellement doux qu'arrivés devant le parc, j'ai poussé la barrière, au lieu de continuer jusqu'à mon appartement. J'ai enlevé mes chaussures, pour sentir l'herbe sur ma plante de pied. Les brins effleuraient mes orteils, mais ce n'était pas désagréable. Le vent faisait courir mes mèches, et à la fin de soirée, mes cheveux étaient complètement emmêlés. Une horreur !
Tu m'as suivi, sans rien dire, sans juger mon comportement de gamine. Il m'arrive de ne pas être mature pour un sou, n'est-ce pas, Sasuke ? Tu t'es installé sur le banc, quand je m'y suis assise. Au bout de plusieurs longues minutes de silence, je t'ai reproché de ne pas m'avoir félicité. Tu n'as pas cillé. Ton silence m'a tellement agacé que j'ai voulu partir, et au moment même où j'ai failli le faire, tu as dit « je savais que tu y arriverais depuis le début ».
Je suis restée sans voix. Littéralement. Et puis tu as rajouté « mais si tu en as besoin, félicitations, Sakura ».
Je me suis mise à pleurer, et tu as souri. Fugacement, mais tu as souri. Et puis tu t'es allongé dans l'herbe, et quand j'ai réussi à stopper mes larmes, je t'ai rejoint. Nous avons passé toute la nuit à contempler les rares étoiles qui brillaient. Il n'y a pas eu de paroles. Juste la nuit, calme, sereine, et nous deux, spectateurs immobiles et silencieux de la brise, de la lune, de l'obscurité, et j'ai souhaité que l'aurore ne vienne pas. J'ai souhaité que ma vie se résume à ça. Toi, mon plus fidèle ami, à mes côtés. Mais l'aube s'est levée.
Et maintenant ? Maintenant, je suis seule dans le parc. La nuit passe, lentement, au fil des mots que je t'écris, que je trace sur ce papier, mais elle me semble interminable.
J'aimerai te voir de nouveau à mes côtés.
Dis à Shikamaru que Temari va bien. Sa grossesse se déroule normalement.
Bonne chance, mon éternel confident, sois prudent, veille sur toi. Ne les laisse jamais t'enlever à moi.
Tu me manques…
Reviens-moi…
Sakura
Voilà ma nouvelle fiction.
Un univers un peu différent de celui du manga, où Sasuke n'est pas parti, et où il a tissé des liens avec Sakura. Je tiens néanmoins à préciser qu'ils ne sont pas ensemble, et que malgré les sentiments qu'on peut lui deviner, Sakura n'a pas renouvelé ses mots d'amour à Sasuke depuis leur enfance. Ils ne sont qu'amis.
Dites moi si vous avez aimé, surtout ! J'ai eu cette idée il y a longtemps, j'adore les romans épistolaires. Mais les contours de cette histoire ne me sont venus en tête que samedi soir, durant une insomnie.
Cette première lettre est courte, mais elle est la première d'une longue série. Et puis, il faut prendre en compte le fait que Sakura ait peur de dévoiler ses sentiments, entre autres : elle a aussi de lourdes responsabilités, et son manque de confiance en soi crée chez elle une peur constante de déranger l'autre.
Voilà. J'espère que ce premier jet vous plaira. Merci d'avoir lu ! =)
