Oui, je sais.

Je sais que ça fait longtemps.

Que j'avais promis d'être plus rapide.

Que je devrais mourir de honte.

Et me confondre en excuse.

Je saaaiiiiiiss.

J'espère que vous saurez malgré tout me pardonner et profiter de ce nouveau chapitre.

Dorothea Phantomhive : Oui, ils mettent du temps à arriver, mais ils sont là. J'ai moi-même beaucoup aimé me moquer de Sirius et Remus à la fin du chapitre Week-end. Merci pour ta review et bonne lecture !

Krissa Paon : Merci pour cette review ! Je n'oserai jamais comparer Bella à Ginny, pour moi Ginny est bien supérieure, et comme je le dis à chaque fois, on la trouve niaise car elle est montrée comme ça dans les films. Dans les livres elle est beaucoup plus fougueuse ! Par contre, Hermione s'il te plait ! Elle est douée, intelligente, ouverte d'esprit, à défendre des bonnes causes. Alors oui elle est un peu énervante sur les bords, mais tu en fais un portrait affreux ! Quand même la pauvre ! xD

Repellomoldum : Ooooohh, merci, ta review me touche beaucoup. Et non, je ne fais jamais mourir Sirius, il est trop cool pour mourir ! ^^ Moi aussi j'adore Sirius/Remus, j'en lis beaucoup ! Et je suis contente si je pu te faire aimer le couple Harry/Ginny. ^^ Le procès a été un challenge à écrire parce que je n'y connais rien, donc j'ai préféré prendre un regard extérieur plus sur les réactions et ressentis des observateurs, plutôt que sur les questions elles-mêmes. Apparemment ça a marché. Bonne lecture.

Sexylelene : Merci pour ta review. Quant à savoir si la fin sera triste, il te reste à lire pour le savoir…

PetitLutin22 : J'ai essayé, je jure que j'ai essayé de poster plus vite, mais je pense que c'est dans mon ADN ne mettre autant de temps ! Désolée, et bonne lecture !

Florely : Pas de « peut-être à bientôt », c'est une certitude, je finirai cette histoire ! La fin est déjà dans ma tête, j'ai juste à la mettre dans mon ordi… Merci pour ta review et bonne lecture !

La louve 51 : Tu m'as souhaité une bonne année 2019, je te souhaite une bonne année 2020 ! xD Preuve que je suis très lente à poster ! Merci pour ta review, je suis heureuse que le chapitre t'ai plu. Pour la description de la maison… je suis désolée, il va falloir attendre un peu… ^^

Nanou01 : A quand la suite…. Maintenant ? ^^ J'espère qu'elle sera à la hauteur de la longue attente.

Momographie : Je suis touchée que tu relises encore et encore mon histoire. Plus que 3 chapitres et on aura fini. Sniouf sniouf. ^^ Bonne lecture !

Lily : Je suis ravie que tu ais aimé mon chapitre, j'espère que celui-ci sera aussi agréable à lire. Merci pour ta review.

Aya31 : Merci pour ta review, et bonne lecture !

Chapitre 26 : X comme… (partie 1)

.

POV SIRIUS :

La première chose que je cherche quand je me réveille, c'est la présence de Remus, que ce soit par son odeur, la chaleur de sa peau, le battement de son cœur, les mouvements qu'il peut faire. Je sais alors qu'il est là, vivant et avec moi.

Et en cet instant précis, je me réveille avec le nez plongé dans son oreiller et sa main qui caresse doucement mon dos. Et un long gémissement traverse mes lèvres.

_ Ca y est tu te réveilles ?

_ 'Muusss.

_ C'est moi, enfin je crois… Tu as fini de rêver ?

Il n'a pas tort j'étais dans un très bon rêve.

_ Harry retourne à l'école dans une heure, on t'attend pour le petit déjeuner.

Je tourne la tête vers lui, un œil ouvert, et je cherche l'heure sur le réveil. C'est trop tôt pour que les enfants aillent à la gare, je sais que Molly veut être prévoyante mais quand même…

Et pendant que Remus joue avec une mèche de mes cheveux, je vois un bout de bois à côté du réveil : ma baguette. Ma VRAIE baguette. Comment peut-elle être…

_ Ne me dis pas que tu as déjà oublié ?

J'ai l'impression d'éteindre mon cerveau une seconde, puis dans un cri je me relève, presque trop vite, et je me retrouve assis au milieu du lit, emmêlé dans les draps, à regarder Remus, attendant une confirmation. Avec un rire, il attrape une de mes mèches tombées devant mes yeux.

_ Ca y est ça te revient ?

_ Je suis libre.

Et je me rends compte que c'est la première fois en 14 ans que je le dis à voix haute. Comme ça sonne bizarre, comme ça sonne bien.

_ Oui Sirius, tu es…

Pas le temps de le laisser finir, ma bouche agresse la sienne et mes mains vont chercher ses cheveux. J'allais le rallonger avec moi sur le lit quand…

_ Bon les gars vous… Aaahh ! Berk, sérieusement dès le matin, vous allez me couper l'appétit !

Avec un « hmpff », Remus s'éloigne et on se tourne vers Harry qui nous regarde, adossé à la porte.

_ Je délaisse les cauchemars de Voldemort dans la nuit pour avoir droit à ça avant même le petit-déj. Je ne suis pas sûr d'y gagner au change.

_ Dis donc gamin, commence Remus en ricanant. On peut toujours annuler le rendez-vous de ce soir si ça t'arrange.

_ Dans tes rêves Lunard, vous allez devoir me supporter jusqu'à mes 17 ans et un jour, au moins !

_ Qu'est ce que tu en penses ? Grogne Remus en grimaçant.

Je regarde Harry de haut en bas, déjà habillé, avec un grand sourire, et je rentre dans son jeu.

_ Ca dépend s'il a préparé le petit-déj.

_ Préparé ? Non seulement il est préparé, mais maintenant il est froid ! Grouillez-vous, j'ai faim !

Et celui qui est entré sans frapper repart en claquant la porte, accompagné d'un nouvel éclat de rire.

_ Je rêve ou Harry a dit qu'il avait faim ?

Mais Remus ne me répond pas. A la place, il se tient sur ses bras tendus derrière lui, le visage tourné vers le plafond, les yeux fermés.

_ Remus ?

_ Tu crois que ce sera toujours comme ça ?

_ J'espère que ce sera toujours comme ça.

Alors Remus sourit, se redresse, m'embrasse rapidement, et part rejoindre Harry avec un « dépêche toi, on t'attend ». J'arrive !

.

Ils sont tous les deux en train de discuter BUSES quand j'arrive. Harry décrit son épreuve de Défense et je me souviens que pendant un an, c'est Remus qui lui a fait cours. Ca paraît tellement loin.

_ Donc tu confirmes ton Optimal en cette matière ?

_ Disons que je ne le confirme pas à voix haute, mais je n'en pense pas moins.

J'éclate de rire en entendant ça.

_ Mon dieu, Lunard c'est officiel tu déteins sur lui ! Lui aussi faisait ça, j'explique sous le regard d'Harry. Monsieur Lunard faisait style qu'il n'était pas sûr, puis il avait toujours d'excellentes notes.

_ Vous aussi vous aviez des notes parfaites !

_ Mais nous on ne faisait pas de la fausse modestie.

_ Ca c'est sûr ! Qu'ils scandent tous les deux d'un ton moqueur.

L'ambiance aurait pu continuer comme ça, aussi bonne et légère, si Harry n'avait pas d'un coup lâché une bombe, son visage inquiet tourné vers ses toasts.

_ Et s'ils ne signaient pas ?

Alors Remus et moi on se fige et on se regarde. Est-ce que je vais avouer que j'ai eu la même crainte ? Avec un soupir, je m'assois au côté d'Harry.

_ Bonhomme, je suis sûr qu'ils signeront. Tu les connais, ils feront tout pour qu'on parte rapi…

_ Oui mais, ils adorent me pourrir la vie, ce serait le meilleur moyen pour eux de…

_ Au point de te garder deux ans de plus ? Je croyais qu'ils voulaient avant tout se débarrasser de toi ?... Excuse-moi, c'était inutilement dur. Je suis désolé qu'ils ne veuillent pas de… je sais que c'est dur quand ta propre famille…

_ Papa arrête tout de suite ! Je m'en balance des Dursley, je n'ai jamais voulu habiter avec eux. En ce qui me concerne, mon choix ça fait deux ans que je l'ai fait.

Son aveu me va droit au cœur.

_ J'ai juste peur qu'ils viennent tout gâcher.

_ On ne les laissera pas faire mon grand. Rassure Remus. Ils signeront ces papiers, c'est une certitude. Maintenant prépare toi, tu pars dans moins de vingt minutes.

Avec un sourire rassuré, Harry monte vers les étages et Remus et moi échangeons un regard. Bien sûr qu'ils signeront. Ce soir, je serai réellement le père d'Harry, et demain il vivra avec nous. Mais… et s'ils ne signaient pas ?

.

POV CHO :

Ca fait à peine deux jours qu'Ombrage est partie et même le château revit ! Hier, c'était le procès de Sirius Black. Tout le monde ne parlait que de ça… et de l'absence de nos cinq camarades bien sûr.

Quand je pense qu'ils sont allés affronter les mangemorts au ministère ! J'ai encore du mal à y croire.

Quoi qu'il en soit, ce matin, les éditions spéciales des journaux sont à l'honneur : « Le procès du célèbre Sirius Black, minute par minute. », est suivi par « La plus grosse erreur judiciaire du Ministère depuis plus d'un siècle. ».

Et enfin, on a su toute l'histoire ! Je comprends enfin avec qui Harry correspondait l'an dernier, et pourquoi nos anciens professeurs venaient le chercher à la gare. Et pourquoi Harry et son groupe d'amis semblaient cacher un lourd secret.

Et maintenant je sais aussi pourquoi Harry a autant d'estime pour Hermione : elle a sauvé la vie de Sirius Black pour lui, elle a aidé Harry, a risqué plus que sa place à l'école pour lui. Aurais-je été capable de faire ne serait-ce que la moitié de ça pour un ami sans m'en plaindre ou m'en vanter ?

Rien n'est moins sûr.

Tout cela pour dire que tous les élèves ont depuis longtemps fini leurs petits-déjeuners, mais que personne ne veut quitter la grande salle. Les cours sont finis et on préfère tous attendre l'arrivée des six nouveaux héros de l'école. On leur doit bien plus que ce qu'on peut imaginer.

Personne ne se force à être discret cette fois, la folie s'installe et les discussions traversent les tables. Les questions fusent jusqu'à la table des Gryffondors : Dean et Seamus subissent un « Vous ne vous doutiez de RIEN ? » récurrent.

A Poufsouffle, Susan Bones devient populaire malgré elle, et sa réponse : « Mais je ne sais RIEN, ma tante ne m'a RIEN dit ! » est tout aussi célèbre.

Et on en est là, à attendre. On connait la Gazette par cœur : les témoignages de nos camarades et de notre ancien prof, la prouesse argumentaire d'Harry, la version de l'histoire de Sirius Black lui-même. Parmi toutes les images des articles, la plus grande s'étale sur une page entière : Harry Potter traverse l'auditorium pour se jeter dans les bras de son parrain.

Quand je pense à ce qu'il a subis alors qu'il n'a rien fait… alors qu'il venait de perdre ses amis…

C'est à ça que j'ai pensé ces derniers jours : le prix de la vérité. Si cette année a été aussi dure, au-delà du deuil, c'est à cause du mensonge qui planait autour de la mort de Cédric. Mais aujourd'hui ça a changé, il fait officiellement parti des victimes de la guerre, sa mort n'est plus un accident.

Et ça me fait tellement du bien ! Sa mémoire n'est plus bafouée, je peux enfin tourner la page.

_ Cho ?

Le murmure presque imperceptible de mon voisin de table me montre à quel point la salle est silencieuse. Ca n'a qu'une seule signification : Ils sont arrivés.

Tous les visages sont tournés vers l'entrée de la Grande Salle.

Harry est devant, droit, fier, immobile, seuls ses yeux bougent. Ginny lui tient la main. Hermione et Ron sont à leurs côtés, enfin libérés de l'infirmerie. Aux extrémités de cette ligne : Neville et Luna.

Je me lève.

Sans m'en rendre compte.

Sans que je le décide.

Mes jambes ont pris le contrôle de mon corps avant que ma tête n'assimile quoi que ce soit.

J'ai tant de « mercis » à leur dire. Mais soudainement, une énorme boule se forme dans ma gorge quand je pense à ce qu'ils ont fait, ce qu'on leur doit, ce que leur action représente pour ce pays.

Je vais encore pleurer. Cette fois des larmes de joie, de soulagement, de gratitude et de respect.

Alors, sans le moindre mot, j'applaudis. Seule, et le claquement de mes mains retentit dans la pièce.

Puis quelqu'un m'accompagne. Je vois Dean Thomas, debout aussi, qui applaudit, les lèvres pincées en un sourire ému en regardant ses camarades.

Seamus le rejoint, puis Lavande, Colin, Hannah, Justin, Susan, même Zacharia se lève, et tous les autres élèves, par groupes, par dizaines, se lèvent à leur tour pour offrir une standing ovation dans un tonnerre d'applaudissements. Pas un mot n'est prononcé, pas un sifflement, pas un cri, seulement nos applaudissements sobres, simples mais si riches, si forts, chaleureux et émouvants, comme je n'en avais jamais vu ici. C'est comme si soudainement tout le monde se comprenait, on est enfin tous égaux. C'est toute une génération de sorciers qui réalise que quelque chose de grand vient d'avoir lieu, plus rien ne sera pareil maintenant, il y avait « avant », il y aura « après ».

Nous devons cet avenir prometteur aux six personnes devant nous.

Ron a le torse bombé, Hermione est rouge et se mord la lèvre, Ginny sourit à pleines dents. Neville et Luna doivent se sentir plus fiers que jamais.

Harry balaye la salle d'un nouveau regard, plus apaisé et plus assumé, loin de la tension qu'on lisait hier encore dans ses yeux. Il échange un regard avec ses cinq amis, il prend une grande inspiration, il se met en marche. Le groupe, avec fierté, remonte alors l'allée principale de la Grande Salle.

.

POV TONKS :

Ouais, je sais, je suis en avance, mais je suis tellement excitée !

Je m'arrête devant la porte du Quartier Général et la scrute, relevant chaque petit détail du bois sculpté. C'est une très belle porte. Je ne la passerai plus. Je ne mettrai plus les pieds dans cette maison. Enfin, soyons honnêtes ! Elle ne me manquera pas, horrible et cauchemardesque comme elle est ! Mais l'ambiance que j'y trouvais… Revenir ici le plus souvent possible pour partager un café avec Sirius, manger avec tous les autres membres de l'Ordre, avoir les enfants pour les vacances, discuter avec Patmol et Lunard au coin du feu… J'avais dans cette maison l'impression d'une grande famille, d'un foyer dans lequel j'avais ma place, et d'un réconfort dont j'avais cruellement besoin entre mon boulot et les missions.

Je vais avoir du mal à retrouver la solitude du célibat une fois que tout sera officiellement clos.

Boaf… sérieusement, hauts les cœurs ! Je suis sure que je trouverai un moyen de me faire inviter chez Sirius et Remus. Quand même… entre cousins !

Avec une grande respiration et un sourire encore plus sincère, je pousse la porte.

Les affaires des garçons sont déjà bien rangées dans le hall. Dans la cuisine, des caisses de nourriture, des livres, des vêtements, des parchemins et autres artefacts laissés par nos soins au fil des allées et venues. Les garçons n'ont pas chômé.

Je monte les étages en ouvrant pièces après pièces, toutes vidées de nos affaires, et les meubles recouverts de grands draps blancs.

Bon… soyons honnêtes, je sais où sont les deux hommes… et je me trouve soudainement avec la flemme de monter jusqu'à la chambre de Sirius.

Même si j'avoue, pendant une seconde, j'hésite à aller les embêter… Naaan ! Je vais être sympa, je vais les laisser tranquille.

Par contre, je vais profiter de leur absence pour jouer les gourmandes et taper dans la boite à biscuits que Molly laisse toujours par principe. Dans les caisses, il y a assez de bouffes pour que les gars soient tranquilles plusieurs jours avant d'aller faire les courses !

Sauf pour les biscuits ! J'en suis déjà à mon troisième et…

_ Tonks !

J'étouffe mon cri derrière ma main en m'empêchant de cracher une pluie de miettes et me retourne pour voir Sirius entrer, le sourire aux lèvres. Mon « Bonchour » le fait rire et Remus me fait la bise.

Le visage de Sirius est tellement différent, c'est incroyable ! Un changement radical.

_ Tu es là depuis … ?

_ Une demi-heure, à peu près. Je ne voulais pas vous… déranger. Je termine avec un sourire.

Rien ne me fait plus plaisir que de voir Remus rougir en retenant un sourire. Ils ont la tête de ceux qui viennent de prendre du bon temps. Cet air débile. Je ne peux pas m'empêcher de ricaner, mais Sirius ne me laisse pas le temps de me moquer d'eux.

_ Comment va ta mère ?

Ouais cousin… genre… change de sujet.

_ Très bien. Je lui ai tout raconté. Elle est sous le choc, mais ravie. Elle voudrait te revoir. Si tu veux, quand tu veux, Harry et Remus sont les bienvenus.

_ Je verrai. Qu'il me répond en hochant la tête.

Et quand je pose ma veste au dos de la chaise pour m'assoir et accepter le café de Remus, je me souviens de ce que j'ai dans ma poche.

_ Au fait, en parlant de tout raconter…

J'étale les journaux sur la table.

_ Gazette du sorcier, Magical News, Daily Whitcheries… que des éditions spéciales, tu fais la une des journaux, nous aussi au passage. Et il y a le discours de Fudge.

Sirius et Remus s'assoient côtes à côtes et se penchent sur les papiers pour les lire.

Mon cousin passe discrètement ses doigts sur la nuque de Remus, qui penche la tête pour lui accorder plus de place. J'ai le droit d'être jalouse ?

Quelques minutes plus tard, Sirius se lève et va d'adosser au meuble de la cuisine. Son visage est étrangement fermé.

_ Patmol ? Ca va pas ? Ils expliquent que tu es innocent, et qu'ils ont eu tort.

_ Et tu peux sortir en public maintenant. Renchérit Remus.

_ Ouais tu parles. Il grogne.

Remus et moi échangeons un regard suspicieux, et il finit par se lever pour rejoindre Sirius. Alors Sirius soupire, les yeux fixés sur sa tasse vide.

_ Même si j'ai le droit, ils vont tous me regarder de travers, murmurer dans mon dos, pas très discrètement d'ailleurs ! Je ne pourrai pas sortir tranquille, jamais. Entrer dans une boutique au chemin de Traverse, boire un verre en terrasse… Tu imagines l'ambiance autour de nous ? On n'enlève pas une sale réputation avec un simple article de journal, et Harry…

_ Harry s'en fiche ! Réplique Remus en lui attrapant le bras. Il s'en balance et moi aussi.

Il lui caresse le bras, il embrasse sa tempe, Sirius lui rend un petit sourire pas assuré.

_ Ce ne sera pas agréable.

_ J'ai l'habitude des situations désagréables.

Sirius a ce petit rire de travers, qui ressemble plus à un grognement.

_ On va aller chercher Harry et ça ira très bien.

Sirius acquiesce, puis embrasse Remus. Un simple baiser, mais c'est la première fois qu'ils le font devant moi, alors je ne peux pas m'empêcher d'être flattée qu'ils osent faire ça en ma présence. Cette minute tendresse est interrompue par le bruit de la porte d'entrée et on reconnaît – pendant que Sirius et Remus s'éloignent l'un de l'autre – le claquement de la jambe de Fol Œil.

Sirius s'en va pour les accueillir et je lance un regard goguenard à Remus.

_ Désolé…

_ Pourquoi ? Je rigole. Tu n'as aucune raison.

_ Alors Sirius ? Demande Kingsley en prenant un biscuit. Ca fait quoi d'être libre ?

_ Ca stimule la libido ? Je murmure dans l'oreille de Remus

Il serre les dents et me lance un « psscchht ! » en me tapant le bras, les yeux ronds. J'éclate de rire sous le « quoi ? » de mon collègue et mon « rien, rien » n'est suivi que d'un grognement de Remus et d'un sourcil levé de Sirius.

_ Ton programme du jour Sirius ?

Oooohh l'occasion est trop belle. Un petit saut de cabri et je rattrape Remus.

_ Remettre le couvert ? Je susurre doucement.

Je fuis vers Sirius en rigolant comme une folle, esquivant au passage la frappe de Remus et son « arrête ! », m'attirant les regards de tout le monde.

L'échange de regard entre Sirius et Remus ne dure pas longtemps et…

_ Laisse le tranquille !

_ Ooohh, petit toutou défend son territoire, c'est meuuugnon.

_ Mais quelle chieuse !

_ Elle est de ta famille.

_ Famille de tarés.

_ Mais de quoi vous parlez ?

_ RIEN ! On répond tous les trois aux deux hommes complètement paumés.

Alastor répond un « mais bien sûr » presque trop suspicieux pour son propre bien, et après les amabilités d'usage, on s'y met, on vide la maison.

.

.

POV REMUS :

Je me souviens d'un Sirius Black ado qui se plaignait de sa maison en en faisant une description horrible. Et qui, à 16 ans, la fuyait sans se retourner, heureux et soulagé de quitter son enfer personnel. A l'époque, même si je connaissais le genre de famille qu'étaient les Black, je pensais que Sirius exagérait un peu, pour la forme. Après tout, il y a toujours été très… exponentiel, comme garçon.

L'été dernier, quand je l'ai accompagné pour rouvrir la maison, j'ai vu Sirius au plus bas, fataliste, près à s'effondrer sur ses pas.

Aujourd'hui, Tonks et les autres sont partis, et j'attends que Sirius Black, dernier héritier, referme la maison de ses cauchemars pour la dernière fois.

On est donc dehors, en public, pour la première fois pour lui. Son long soupir me sort se mon silence.

_ Tu vas bien ?

Il se tourne vers moi, puis regarde les arbres, le parc, les autres maisons…

_ Sirius ?

_ C'est grand ! Mon dieu c'est tellement grand !

_ Et tu n'as encore rien vu…

Il avale sa salive, serre les poings, se mord la lèvre… s'il pouvait ne pas avoir de crise de panique maintenant ça m'arrangerait.

_ Sirius, je suis avec toi, il ne peut rien d'arriver.

_ Je sais, je sais, je… Il soupire avant de reprendre. C'est silencieux.

_ Oui.

_ Il n'y a personne.

_ Non.

_ J'imaginais plus de bruit.

_ Oui… mais non.

C'est un dialogue inutile. Il parle pour ne rien dire. Pour meubler. Gagner du temps.

_ Tu m'attends en fait ?

_ Oui.

_ Ok… ok, ok, ok… Ca va. Ca va, je… je suis prêt je… hmm, tu peux m'aider ? A… A transplaner. Ca fait longtemps, je ne suis pas… enfin…

Je le coupe en attrapant son bras.

_ Prêt ? Un…deux…

Sirius ferme les yeux à mon « trois » et nous nous retrouvons dans une ruelle, loin de la foule.

_ Ce n'est pas la maison.

_ Je voulais qu'on marche un peu…

_ Remus ! Je ne suis pas…

_ Il n'y a que des moldus, c'est chez nous, et il n'y en a que pour quelques minutes.

_ Je ne me souviens pas du chemin.

_ Alors suis moi.

Sirius prend une énorme respiration, redresse mes épaules, lève le menton et sort vers le soleil.

On marche côte à côte, on croise quelques personnes, et on voit au loin le marché de la ville. C'est donc le samedi. A retenir. Personne ne réagit plus que ça. Enfin si, on a quelques regards : un homme aux longs cheveux et un autre avec des cicatrices sur le visage, ça se fait toujours remarquer. Mais pas de quoi inquiéter Sirius.

_ Ca va toujours ?

_ Ben écoute, je te confirme que là, mon cœur bat toujours, voir même trop. Et mes muscles réagissent bien, donc… ouais. Ouais, ouais, ouais… ça va, c'est encore loin ? Qu'il demande rapidement.

_ Sirius… c'est .

Avec un « Oh ! » surpris, Sirius finit d'avancer vers une haie disproportionnée, deux portails rouillés, de l'herbe haute en bataille, et une façade recouverte de ronces et de lierres.

_ Et c'est encore pire à l'intérieur. Je précise.

Mais Sirius a l'air de ne pas m'entendre pendant que son angoisse se transforme en excitation. C'est notre chez nous et enfin on y revient. C'est trop beau pour être vrai, et franchement je n'y croyais plus.

Les yeux se Sirius s'illuminent alors qu'il sautille jusqu'au portail. On remonte ensemble l'allée recouverte d'adventices et on arrive devant notre porte.

Home sweet home.

.

POV NEVILLE :

J'ai jamais autant attiré les regards durant un repas en 5 ans d'étude ! On a été interrompu à chaque gorgée de café, à chaque toast. Non pas qu'on ait mangé beaucoup, mais quand même ! Et Harry a subit plus que nous tous, il a carrément dû refuser de signer des autographes !

A toutes nos questions, on répondait « c'est écrit dans les journaux ».

Finalement on est sorti de la Grande Salle assez vite, et après avoir croisé la bande à Malefoy, avoir répondu mollement à ses menaces, avoir récupéré des points grâce à l'intervention de Mc Gonagall, et surtout, après avoir parlé aux membres de l'AD, on a été se réfugier dans notre salle attitrée : « Neville ? Un coin tranquille s'il te plait ? »

Alors j'ai demandé à la salle sur demande de nous offrir un jardin avec de quoi nous assoir. Une balançoire pour Luna, une grosse branche pour moi, un coussin géant pour Ron, une balancelle pour Hermione, et un hamac pour Harry et Ginny.

_ ENFIN ! S'exclame Ron en se laissant tomber.

Hermione soupire en se balançant et Ginny s'installe au mieux, allongée sur Harry.

_ Ca fait du bien. Qu'il murmure en caressant son dos. Un peu de calme. J'en pouvais plus !

_ Et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Tu as lu les journaux ce matin ?

_ Mignonne, ça fait des mois que je ne les lis plus. J'attends ton résumé.

_ Moi je peux te le faire en trois mots : Héroïsme, badass attitude, Fudge et Ombrage peuvent aller se faire voir.

On regarde tous les cinq vers Ron et…

_ Ok, pour cet été, apprendre à Ron à compter jusqu'à trois.

J'éclate de rire et Ron tire la langue vers sa sœur avec un geste pas très classe.

_ N'empêche qu'il n'a pas tort ! Vous avez vu l'accueil qu'on a eu.

_ Merlin oui, j'en ai encore des frissons. Me répond Hermione en frottant ses bras.

_ Moi je trouve qu'on a fait du bon travail. Lance Luna qui va de plus en plus haut sur la balançoire. Et je suis très heureuse d'avoir rencontré de nouvelles personnes. Ca m'a fait plaisir de revoir le professeur Lupin.

Sur ces mots on se tait tous et les minutes passent tranquillement.

.

On se met finalement à écouter Hermione lire les éditions spéciales de tous les journaux. Certains passages se répètent, notamment les moments clés du procès, et Hermione fait tourner les journaux pour qu'on puisse voir les photos publiées. Elle lit ensuite le discours de Fudge, ce qui fait bien rire Harry. Fudge doit être encore en train de mourir de honte. Puis elle récite le discours du nouveau ministre, un certain Rufus Scrimgeour, qu'Harry confirme comme étant l'ancien chef des Aurors. Et enfin, on lit l'interview d'Amélia Bones concernant ce qui est maintenant le plus gros dossier de sa carrière.

A midi, on ne quitte pas la salle, Harry appelle Dobby qui nous amène des plateaux de nourriture pouvant nourrir tout l'AD. On oublie alors les derniers évènements et on parle de tout et de rien, surtout de rien, de l'année qui est passée, de ce qu'on fera demain, de nos parents, de nos vacances, de la pluie et du beau temps. A un moment, Harry parle à demi mot de sa peur que son oncle et sa tante ne signent pas les papiers, de la difficulté qu'il a eu cette année, de ce qu'il s'est passé avec Voldemort, parce qu'à part moi, personne ici n'y a assisté. Il n'a pas voulu parler de ce que Dumbledore lui a dit par rapport à l'arme dont Ginny m'a parlé. D'ailleurs, elle semble vouloir lui poser des questions, mais Hermione lui fait un geste et lance un regard que je traduis par « laisse lui du temps », et Ginny laisse couler.

.

J'ai envie de demander à Harry comment il va, comme il gère toute cette folie. J'ai l'impression que c'est pas mon rôle, que c'est plus à Ron ou Hermione de faire ça, voir même Ginny… mais…

_ Et toi Harry, comment… comment tu vas ?

Fiou, le stress ! Je tremble moins quand je demande au professeur McGonagall de me rappeler le mot de passe pour la troisième fois.

Harry, qui avait les yeux fermer et semblait profiter du moment, les rouvre en une seconde et fixe le plafond sans bouger. Même Luna a arrêté de se balancer pour écouter la réponse.

_ Je suppose qu'un « ça va » ne sera pas suffisant ?

_ Non mais évidemment que ça va ! Tu nous as débarrassés de Tu-sais-qui et Sirius est sauvé. Mais sérieusement vieux, comment tu te sens ?

Jamais Ron n'avait posé ce genre de question de manière aussi honnête et sérieuse. Comme si ça, ça avait un impact, Harry se redresse, repousse doucement Ginny et ouvre la bouche en nous regardant un par un. Fini le sourire fier, heureux et soulagé des derniers jours. Il a soudain un visage sérieux et grave.

_ Je… en fait, je…j'ai l'impression de… c'est comme si… j'en sais rien en fait. J'ai…

Et d'un coup, alors qu'on allait enfin avoir la réponse tant attendue, un elfe de maison apparaît entre nous six. Sous les cris de surprise de tout le monde, Dobby se tourne vers Harry.

_ Harry Potter monsieur. Dobby s'excuse de vous déranger. Dobby sait très bien que vous voulez être tranquille, mais monsieur le directeur a demandé, et Dobby doit obéir et…

_ DOBBY ! Calmes-toi, qu'est ce que Dumbledore me veut ?

_ Pas vous seul Harry Potter monsieur. Le directeur de Poudlard veut vous voir tous les six. Dans son bureau. Dès que vous le pouvez.

_ Merci Dobby.

Avec un « avec plaisir Harry Potter monsieur » et une révérence, l'elfe disparait. Puis Harry grogne de colère et s'effondre dans le hamac.

_ Je ne veux pas le voir.

_ Harry !

_ Ne commence pas Hermione ! J'ai mes raisons.

_ Et on peut savoir lesquelles ?

_ Non ! Laisses tomber.

_ En attendant… je coupe en voyant Hermione ouvrir la bouche. On y va ou quoi ?

Harry soupire encore et s'élance en dehors du hamac.

_ Est-ce qu'on a le choix ?

.

C'est comme ça qu'on est, en début d'après midi d'un beau samedi de fin d'année scolaire, dans le bureau d'Albus Dumbledore. A part quand c'était le bureau d'Ombrage, j'y avais jamais mis les pieds. Je savais bien que c'était elle qui avait rajouté la déco. Jamais Dumbledore n'aurait accepté autant de rose sur ses murs.

Je dois avouer que je ne suis pas super méga à l'aise. Je sais que je n'ai rien fait de mal, c'est même tout le contraire, mais quand t'es élève, t'as tellement l'image de « si tu vas dans le bureau du directeur, ce n'est pas une bonne nouvelle » que je ne peux pas m'empêcher de vouloir disparaitre dans le velours de mon fauteuil.

Commencent les discussions d'usage, du genre comment on va, si on se remet bien de nos blessures, et félicitation pour le procès, et il est très heureux, et fier surtout, et l'hommage du petit-déjeuner et…

_ Professeur, pourquoi nous avoir fait venir ?

Le ton a beau être poli, jamais Harry n'avait osé interrompre le directeur. Le regard scandalisé d'Hermione n'est rien face à celui froid et dur d'Harry. Mais qu'est ce qu'il s'est passé entre les deux ? D'abord le professeur Lupin envoie balader Dumbledore, et maintenant Harry lui en veut.

Notre directeur, qui n'a pas l'air plus offusqué que ça, ou alors c'est qu'il le cache bien, finit par se pencher vers nous en croisant les doigts.

_ J'ai eu ce matin une entrevue avec notre nouveau Ministre de la magie, Rufus Scrimgeour. Vous êtes tous les six invités à recevoir des félicitations nationales.

Alors d'un côté, je me dis qu'on les mérite un peu, d'un autre je ne vois pas trop en quoi ça consiste exactement. Et vue les regards que j'échange avec mes amis, je ne suis pas le seul. Dumbledore finit alors par nous annoncer la vraie nouvelle : Samedi prochain, dans 7 jours exactement, se tiendra une énorme conférence de presse au sein du ministère, durant laquelle tout le monde sera invité, et Scrimgeour parlera de ce qui s'est passé au Département des Mystères, et on recevra l'Ordre de Merlin troisième classe pour service rendu à la nation sorcière et…

Et Dumbledore ne peut pas continuer parce que Ron est déjà en train de s'extasier devant la nouvelle. Les filles échangent des regards, bouches grandes ouvertes et j'avoue que… bordel une médaille quoi ! Grand-Mère ne va pas s'en remettre.

_ Il a demandé qu'Harry fasse un discours.

_ QUOI ? NON ! HORS DE QUESTION ! Il me prend pour qui ? Je ne…

Clairement, Dumbledore aurait pu lâcher un des Feux Fous de jumeaux qu'Harry aurait mieux réagi.

_ Et si je refuse ? Il demande alors avec défi.

_ C'est à prendre ou à laisser. Les médailles vont avec le discours.

_ Et si l'un de nous refuse ?

_ Les six, ou personne.

Harry lâche un « ben tiens ! » entre ses dents en se laissant retomber sur sa chaise, la tête dans la main. Je comprends pas bien le problème à vrai dire, je sais bien qu'Harry n'aime pas attirer l'attention sur lui mais… mais je vois la tête d'Hermione et enfin tout s'éclaire. Elle se pince la lèvre, et ses yeux passent d'Harry à Ron sans rien dire. Ron a le regard beaucoup trop fixé sur ses mains pour que ce soit crédible et… Ah ouais d'accord. Harry refuse de faire le discours, donc pas de médaille, et Ron a tellement soif de reconnaissance, il se voit déjà avec la récompense épinglée sur sa poitrine, ses parents pleins de fiertés, dépassant enfin tous ses frères qui ont réussi bien avant lui. Et en un mot, Harry pourrait lui enlever ça. Et bien sûr, Ron suivra Harry et le soutiendra quoi qu'il choisisse, et Harry le sait et…

_ Professeur, il nous faut l'autorisation de nos parents, non ?

_ Vous les avez déjà Miss Weasley. Molly et Arthur sont très fiers de vous, les Granger sont ravis et demandent évidemment à y assister, M. Lovegood est heureux pour sa fille et Augusta pense que Neville mérite au moins ça.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire.

_ Sirius…

_ S'en tiendra à ma décision. Coupe Harry d'un ton évident.

Nous sommes tous les 6 assis en arc de cercle, moi à une extrémité. Ce qui veut dire que de ma place, j'ai une vue parfaite de mes six amis, sans avoir à bouger. Et je vois la bataille intérieure d'Harry s'inscrire sur son visage. Il relève la tête et commence un long dialogue silencieux avec sa meilleure amie. Il regarde Hermione, jette un coup d'œil rapide à Ron. En réponse, Hermione serre les lèvres et hausse une épaule. Finalement, Harry soupire et se redresse sur son fauteuil.

_ Très bien. Allons-y. S'il le faut.

Ron lâche finalement la contemplation de ses ongles et essaye maladroitement de retenir un sourire. Le « je t'aiderai à l'écrire » d'Hermione ne semble pas détendre les épaules d'Harry, mais la petite main de Ginny qui se glisse dans la sienne paraît assez efficace.

Dumbledore continue d'expliquer rapidement le dérouler de ce samedi de fête, mais j'admets honteusement que je n'y prête pas attention. Je pense une nouvelle fois à ce vertige qu'on subit depuis une semaine. Tout a tellement changé… Si on m'avait dit…

.

POV HERMIONE :

On quitte à peine le bureau du directeur que déjà, Ron explose de joie et saute dans le couloir à coups de « c'est trop bien, c'est trop fun, c'est trop styléééé ». Harry a surtout l'air de vouloir vomir. Je soupire en regardant Ron et je ne peux pas m'empêcher d'être heureuse pour lui, malgré le malaise d'Harry. Il est tellement heureux. Je rigole avec Neville, et du coin de l'œil je regarde Ginny et Harry discuter doucement. Je suis prête à parier qu'elle le remercie au nom de son frère.

_ Tu en penses quoi sincèrement ?

Neville chuchote pour ne pas déranger Ron qui fait danser Luna dans le couloir. Ou alors c'est elle qui le fait danser ? D'ailleurs est ce que c'est vraiment une danse ?

_ Je suis très flattée évidemment, mais je n'ai pas fait tout ça pour ça. Et ça ne changera pas tout ce que le ministère a fait subir à Harry ces derniers mois, ça n'effacera pas ce que nous, on a subit à Poudlard. Et j'ai peur que le nouveau ministère ne cherche qu'à mettre Harry dans sa poche, il va falloir qu'il prouve sa bonne foi.

Neville me regarde avec un lourd silence, et encore une fois, j'ai trop parlé.

_ Je pensais simplement au fait de recevoir une médaille à 15 ans.

_ Ah, désolée… Oui bien, c'est agréable d'être honorée pour ce que j'ai fait. Et puis, je me dis que ça montrera à la société que même les enfants de moldus peuvent faire de grandes choses et être dignes de la société sorcière. Non ?

Neville, pour seule réponse, me donne un sourire attendri.

_ Quoi ?

_ Tu penses toujours au-delà de toi hein ? Tu cherches toujours à privilégier le plus grand nombre, de préférence celui des opprimés, avant de privilégier ta personne.

Je dois répondre quoi ? C'est un compliment ou une moquerie ? Dans le doute, je me mords la lèvre et hausse les épaules. Neville allait continuer quand…

_ Harry ! Non mais tu te prends pour qui là ?

Neville et moi on sursaute pour trouver Harry en train d'embrasser passionnément Ginny, ses mains dans le creux de son dos.

_ C'est dégoutant, trouvez-vous une chambre !

Au moment où j'ouvre grand les yeux, étonnée que Ron fasse ce genre de proposition, il semble lui-même se rendre compte de son erreur. L'expression effrayée de son visage me fait éclater de rire avec Neville et Luna.

_ Vraiment Ron ?

_ Oh grand frère, j'ai ta bénédiction !

_ Non mais…

_ Tu l'as entendu aussi bien que moi Gin' ?

_ Mais c'est une excellente idée !

_ Très bonne !

_ NAN ! NANANANAN ! C'est pas ce que je dis. Je… Hermione c'est pas drôle !

Tous les cinq sommes en train de pleurer de rire devant l'expression traumatisée de Ronald. Il continue à baragouiner des « mais non, mais c'est pas drôle » pendant que je tente de reprendre mon souffle, appuyée sur Neville.

_ Tu sais quoi Harry ? Je pense qu'on devrait suivre son conseil !

Ginny, la première à ne plus rire comme une bossue, attrape la main d'un Harry surpris et l'emmène vers les escaliers.

_ Les garçons, j'espère que vous n'avez plus besoin d'aller au dortoir, il est condamné jusqu'au diner. Elle lance par-dessus son épaule.

_ SI ! Si, si, si j'en ai besoin, j'en ai très, très, très be…

Je coupe Ron qui commence à s'élancer derrière eux alors que Neville recommence à rire.

_ Arrête Ronald.

_ Mais !

_ Pas de mais ! Tu les connais tous les deux, tu n'as aucune raison de t'inquiéter ! Et puis Harry accepte de faire ce discours juste pour que tu ais ta médaille, alors laisse le tranquille.

Ron me regarde surpris, puis fronce les sourcils, en intense réflexion. Et au moment où il ouvre la bouche…

_ NON Ronald ! Tu ne vas pas refuser cette médaille JUSTE pour aller les embêter !

Et Neville et Luna rigolent encore.

.

POV PETUNIA :

La missive est arrivée ce matin avec le journal. Pas de hibou, ni de chouette, mais j'ai de suite compris d'où elle venait. Vernon a hurlé, a cru qu'Harry avait encore fait quelque chose. Il n'a même pas voulu toucher la lettre, c'est moi qui m'en suis chargé.

Elle explique tout : le combat dans leur ministère « parce qu'ils ont vraiment un ministère ?! », Harry contre Lord Voldemort, et cet homme, ce Sirius Black, finalement innocent « il doit bien être coupable de quelque chose », qui veut la garde d'Harry « qu'il le garde, ça nous débarrassera ».

_ Comme si on n'avait que ça à…

_ Vernon, s'il te plait ! Je coupe sèchement.

Ils arrivent dans moins de 20 minutes. J'ai beau relire la lettre encore et encore, je n'apprends rien de plus. Tout est clair : Harry va partir. Parce qu'il n'y a aucune raison valable pour qu'il veuille rester.

_ Ils arrivent, on signe, et ils partent, c'est bien ça ?

_ Oui Vernon.

_ Parfait, ça devrait être rapide.

Je ne réponds rien. Je me pince la lèvre et retourne vers ma cuisine. Le thé est prêt, les biscuits aussi, la maison est rangée jusqu'au grenier. Vernon a sorti son meilleur costume et sa plus belle cravate. Dudley… n'a pas dit un seul mot de la journée. Il a silencieusement pris la lettre, il l'a lue, puis me l'a rendue, le visage fermé.

Depuis, il est cloîtré dans sa chambre.

Moi, j'évite de penser, parce que si je commence… alors je pense forcément à ce matin là, la lettre du directeur, la mort de ma sœur, le bébé sur mon perron… Je pense aussi à toutes ces lettres, à ce géant avec son parapluie rose.

Et je pense à Lily. Si petite et heureuse sur le quai de gare devant ce grand train rouge. Si grande et fière de nous montrer son talent.

Et je pense à ce monde, qui s'impose et surtout qui m'impose.

Leur anormalité m'a imposé le départ de ma sœur quand nous n'étions que des enfants, son éloignement d'années en années. Ma sœur m'a imposé son talent, sa lumière quand moi je restais banale et terne. Car qui peut lutter face à de la neige dans un salon, un feu d'artifice dans une main, des constellations vivantes sur un plafond… qui peut lutter face à tout ça avec comme arme un collège de quartier et un simple diplôme de secrétaire dans le fond d'une poche ?

Et cette magie m'a imposé ça : devenir l'ombre de ma sœur. Et des années plus tard elle l'impose à mon fils. Devenir l'ombre d'un autre. Un héros. Un bébé si doué qu'il a survécu là où ma magnifique sœur a échoué. Je ne voulais pas faire subir ça à Dudley, qu'il soit invisible parce qu'un garçon doté d'un bout de bois et d'une capacité irréelle a été déposé devant notre porte.

« Le dossier de demande d'adoption déposé par Sirius Black a été accepté. Votre signature... »

Sirius Black… Je me souviens encore du jour où je l'ai officiellement rencontré. Lily et son mari nous avaient invités pour la naissance d'Harry. Je ne me souviens plus des couleurs de leur salon, mais je revois Sirius Black s'affaler dans un fauteuil comme s'il était chez lui. Je ne me souviens plus des placards de la cuisine, mais je me rappelle que Sirius Black les ouvrait comme s'ils étaient les siens. Et avec Lily, il riait, il chahutait, comme s'il était le grand frère... et moi une simple invitée.

Sirius Black avait pris ma place en quelques années, et à peine un an plus tard, je reperdais ma sœur.

J'ai reconnu son nom, à la télé, il y a trois ans. Je savais qu'il viendrait pour Harry. Et nous y voilà aujourd'hui.

Je pose trop sèchement la théière sur le plateau et je me fais peur toute seule. Qu'ils aillent au diable ! Tous ! Avec leurs chapeaux pointus, balais, baguettes et grimoires ! Je n'ai jamais demandé à les connaître, ils ne m'ont apporté que tristesse et solitude.

La sonnette me fait hurler et j'entends encore Vernon grogner. Une longue respiration, une dernière vérification de mon tailleur, et je m'en vais ouvrir.

.

_ Bonsoir Pétunia.

La politesse sérieuse de l'homme change du souvenir que j'avais de lui. Je me mets sur le côté et les emmène jusqu'au salon. Il est accompagné d'une femme, sûrement Mme Bones, comme écrit sur la lettre. Vernon ne répond pas à leurs mains tendues et ils attendent un « asseyez-vous » de ma part pendant que je pose le plateau sur la table basse.

Je sers le thé en silence. Puis…

_ Je suis Amélia Bones, l'avocate de Mr Black ici présent. Nous…

_ J'ai aussi un avocat ! Aboie mon mari sur la défensive. Je peux l'appeler et…

Je n'ai jamais serré une tasse de thé aussi fort.

_ Ce ne sera pas nécessaire. Je ne suis pas là pour le défendre, mais pour présenter le dossier et vous expliquer…

_ Où je dois signer ?

Juste pour le principe, pour l'image, j'aurais voulu que Vernon prenne une seconde de réflexion, ou au moins qu'il ait l'air… sensible. Son excitation est gênante. Même Black se maîtrise à la perfection.

L'avocate sort de son attaché-case un dossier, qu'elle ouvre, et d'où elle sort une liasse de parchemins attachés par une corde.

_ Vous devez parapher chaque feuille et signer à la fin. Cela fait, Mr Black aura la garde exclusive de Mr Potter. Vous n'aurez alors plus aucun droit sur votre neveu. Si vous êtes d'accord évidemment.

Vernon prend vivement les papiers.

_ Il nous faut les deux signatures.

_ Ma femme se range à mon avis.

_ Pétunia a plus de pouvoir que vous à ce sujet.

C'est là les premiers mots de Sirius Black à mon mari.

_ Je ne vous permets pas…

Mais il n'écoute pas mon mari et se tourne vers moi.

_ C'est toi la sœur de Lily, c'est à toi que Dumbledore a laissé une lettre, c'est ton sang qui coule dans les veines d'Harry, c'est ta bénédiction qui importe ici.

Ces paroles me laissent sans voix. Je reste sous le choc pendant que Vernon grogne, vexé, et me tend les papiers, griffés par sa signature.

Et en toute honnêteté, je suis plus que flattée de la situation.

Une fois le parchemin sous les yeux, je me permets de toute lire. Et tout est là : je renonce à la garde d'Harry, à intervenir dans son éducation scolaire et personnelle, je n'aurai aucune voix s'il se retrouve dans une situation médicale sérieuse, je n'aurai plus rien à dire sur sa vie. En contrepartie, il ne me sera plus demandé de le soutenir financièrement, ou de n'importe quelle autre façon.

Je me débarrasse de toutes les responsabilités, et pourtant je n'ai jamais eu autant de pouvoir sur leur monde. Pour la première fois, mon choix, mon geste a un impact sur eux. Je pourrais alors les détruire comme ils m'ont détruite et prendre à Sirius Black ce qui lui est cher, comme il l'a fait avec moi. Mais soudain, je me souviens du dernier regard de ma sœur, plein de tristesse et de regret, alors que je claquais sa porte sans l'intention de revenir. Et si je refuse de signer, c'est moi qui irai chercher Harry à la gare et je reverrai ce même regard dans ces mêmes yeux verts. Et il partira de toutes manières, alors à quoi bon être aussi monstrueuse et lui faire autant de mal ? Pour la première et la dernière fois de ma vie, je peux offrir à Harry exactement ce qu'il veut.

Quand, sous le regard soulagé et impatient de mon mari, je redonne les papiers à Sirius Black, il se permet enfin un écart : ses mains tremblent et il ne peut cacher son sourire.

Il doit vraiment beaucoup aimer mon neveu.

Les salutations d'usage se font et Vernon les raccompagnent le plus vite possible vers la porte. Encore quelques secondes et plus jamais je n'aurai de contact avec eux. Je ne sais pas comment faire, je n'ai jamais voulu savoir. C'est ma dernière fois. Ma gorge se serre, ma poitrine m'oppresse, Black pose un pied sur le paillasson, et…

_ Attendez !

Les trois regards, poli pour l'avocate, curieux pour Black et outré pour Vernon, me toisent alors que je calme ma respiration.

_ Pétunia, je ne…

_ Juste une…

_ Pétunia !

_ Vernon !

Il ne répond pas à mon ton sec. Il ne sait pas et ne saura jamais. Il ne pourra jamais comprendre, parce que je n'ai jamais eu le courage de l'expliquer. Mais c'était ma sœur ! C'était ma sœur, et je l'aimais malgré ça. Et Vernon ne comprendra jamais la douleur de voir Harry faire de la magie dès son plus jeune âge. La douleur d'entendre toutes les nuits un hululement de chouette, comme tant d'années auparavant. La douleur d'entendre mon neveu dire, dans mon salon « il est revenu », sachant que j'étais alors la seule à mesurer la portée de ces mots. La douleur de savoir, sans pouvoir rien en faire. Cette douleur lancinante, violente, comme une plume qui gratte un parchemin.

Et jusqu'à la fin de ma vie je saurai. Je saurai pourquoi des excentriques dans le métro porte des capes et des chapeaux. Je saurai pourquoi des hiboux volent en pleine journée. Je saurai faire la différence entre un feu d'artifice et un de leurs sorts. Sans m'en empêcher, je chercherai, je verrai, et je ne pourrai rien en dire.

Je n'ai jamais voulu, ou plutôt je n'ai jamais admis combien je le voulais.

Sirius Black s'en va, et s'il doit pour toujours emporter Harry, alors autant qu'il emporte tout le reste.

_ Pourriez-vous me suivre… dans le grenier ?

Black regarde l'avocate, qui propose d'attendre dehors, et me fait signe. Moi j'assure à Vernon que je ne risque rien, et monte seule avec le parrain de mon neveu. Devant la chambre de Dudley, on entend une musique étouffée.

_ Ton fils ?

_ Oui. Dudley.

_ Harry m'a parlé de lui. Un peu.

Je sais. Je sais que mon fils n'a pas eu la meilleure… attitude, envers Harry, et je n'ose imaginer les…

_ Il s'en est remis ? De l'attaque des détraqueurs ?

Au milieu de l'escalier du grenier, je m'arrête et le regarde. Il doit bien les connaître, lui.

_ Ca l'a bouleversé. Mais ça ira. Il est fort.

_ Je sais ce que ça peut faire. Ce n'est jamais agréable. Il s'en remettra.

Dans le grenier, je soulève un drap et montre quatre cartons fermés. Un gros et trois petits.

_ Celui-là c'est quelques affaires d'Harry. Des affaires d'écoles. Les trois autres, c'est… ce que j'ai récupéré à la mort de mes parents. C'est à Lily. Vous pouvez les prendre.

Son visage prend un air surpris avant d'avoir un regard nostalgique. Il sort son bout de bois, et avec un « Tu permets ? » que j'acquiesce, il tourne son poignet. Avec émotion, j'assiste à mon dernier acte de magie : les cartons rétrécissent et se rangent dans une poche de son manteau.

Son regard est trop pénétrant pour mon bien.

_ Merci Pétunia.

J'ouvre la bouche pour parler, mais ma gorge se bloque. Il fait pareil. Je devrais surement dire quelque chose, c'est surement ce qu'on attendrait de moi. Mais comme depuis 15 ans, je ne dis rien. Le malaise s'installe et je laisse la magie sortir de ma vie sans un mot de plus.

.

POV SIRIUS :

Inspirer. Expirer. Recommencer.

Inspirer. Expirer. Recommencer.

Saluer les Dursley. Sortir de la maison. Se promettre de ne plus jamais revenir. Rejoindre Remus en face. Voir son sourire lumineux. Croiser son regard brillant. Entendre sa voix. Ne pas comprendre. Ne pas répondre.

_ … plaisir quand les histoires se finissent aussi bien. Je vous laisse maintenant. Nous nous reverrons surement. Pour le meilleur.

Ouvrir la bouche. La fermer. Ne pas parler. Hocher la tête. Voir l'avocate comprendre. Lui serrer la main. Serrer plus fort. La voir sourire. Puis transplaner. Entendre Remus. Ne pas comprendre. Ne pas répondre. Vouloir. Ne pas pouvoir. Avaler. Difficilement.

Inspirer. Expirer. Recommencer.

Transplaner. Voir ma maison. A moi. Ouvrir la porte. Ma porte. Entrer. Poser la lettre. Sur la table. Dans le salon. Mon salon. Fermer les yeux. Les rouvrir. La regarder. Encore. Serrer les poings. Entendre Remus. Me retourner. Le regarder. Ne pas comprendre. Ne pas répondre. Sentir ses mains. Sur mes joues. Voir trouble. Trembler. Serrer les lèvres.

Inspirer. Expirer. Recommencer.

Pleurer. D'un coup. Fort. S'étouffer. Sentir son corps. Ses bras. Le serrer lui. Encore plus fort. Et rester. Immobile. Contre lui. Et pleurer. Encore. De soulagement. De joie. D'ivresse. De félicité. Caresser son dos. Toucher sa peau. Attendre. Que ça passe. Profiter. Me calmer. Me relever. Le regarder. Souffler. Profondément.

Prendre sa main. L'emmener. M'assoir. Prendre le miroir. Me redresser.

_ Harry ?

Voir son visage. Leurs visages. Les entendre. Voir ses yeux. Si verts. Qui attendent.

Inspirer. Expirer. Recommencer.

_ Tu es à moi.

Sourire. Revivre.

.

POV NEVILLE :

_ Harry, tu veux bien t'assoir ? Il VA appeler !

_ Il est presque 19h ! Il devrait déjà avoir fini.

_ Il est moins vingt, laisse lui le…

_ POURQUOI il n'appelle pas ?

J'aimerais dire quelque chose pour aider Harry, mais on ne fait qu'attendre. Ce soir c'est festin de fin d'année, et on est tous les six dans le dortoir à attendre l'appel de Sirius Black. Luna a beaucoup aimé notre salle commune. On s'est étalé sur les lits, sauf Harry qui tourne en rond depuis tout à l'heure.

Cette année, c'est les Serdaigle qui gagnent, malgré les points qu'on a fait gagner grâce à notre action au ministère. Du coup, on a félicité Luna, évidemment. Au final, je m'en fiche complètement, cette année j'ai gagné beaucoup plus, tellement plus qu'une coupe !

_ Rhhhhaaaa ! Lâche Harry en se laissant tomber sur son lit, près de Ginny.

_ Harry, je suis sûre que tout va bien.

Hermione, la voix de la raison, est assise en tailleur sur le lit de Ron, qui vide un dernier paquet de bonbons. « Ronald, on va dîner ! », « Ouais, c'est une mise en bouche. ». Par pure camaraderie, je l'aide à finir le paquet.

On attend l'appel d'un homme que je n'ai rencontré qu'avant-hier. J'ai l'impression qu'il s'est passé un mois au lieu d'une semaine tellement on a enchaîné, c'est beaucoup à digérer.

_ Laisse passer le temps Harry, en attendant, prépare ton discours.

Hermione sourit, Ginny se mord la lèvre, Ron arrête de mâcher, Luna rigole doucement et Harry me massacre du regard.

_ Merci Neville… j'avais réussi à l'oublier… connard.

Le dernier mot est murmuré et nous fait tous rire.

_ Je ne sais même pas ce que je vais dire.

_ Soit honnête !

_ Ouais, ça je me doute ! Qu'il répond à Ginny. Mais…

_ De toutes façons, peu importe ce que tu diras, ça passera.

_ Ronald, tu n'aides pas beaucoup. Harry je t'ai dit que je…

_ Harry ?!

Le dit Harry est comme électrifié.

_ Sirius !

Tous les six, sous le cri de Ron, on s'élance les uns sur les autres pour voir Sirius Black et Remus Lupin sur le miroir. Puis on regarde Harry, puis le miroir, puis Harry, puis…

_ Tu es à moi.

Et le sourire d'Harry déchire son visage alors qu'un soulagement certain semble détendre tout son corps. Avec les autres, on pousse des cris de joie qui font rire le professeur Lupin.

_ Pour de vrai ?

_ Bonhomme, je ne ferais pas d'humour là-dessus. Regarde.

L'homme met alors devant lui une liasse de parchemin et on reconnait des signatures en bas des textes.

_ J'y crois pas ! Murmure doucement Harry.

_ Crois-y vite, parce que c'est à effet immédiat.

_ Je suis vraiment… pour de vrai… officiellement… je…

_ Oui Harry, tu es vraiment, pour de vrai, officiellement mon fils !

Alors Harry a un rire nerveux, cache son visage dans ses bras croisés sur ses genoux, pour laisser réapparaitre uniquement ses yeux trop brillants, un peu rouges.

J'ai eu la chance de grandir avec une grand-mère certes dure et autoritaire mais qui m'a toujours appris que les garçons pouvaient aussi être sentimentaux, et avoir le droit de pleurer. Mais voir Harry comme ça depuis deux jours, aussi émotif, aussi ouvert, c'est nouveau et particulier. Je ne connaissais pas cet Harry là. Je connais celui qui affronte les mangemorts, qui combat des serpents géants avec des épées, qui sauve l'école à lui tout seul, et j'ai parfois du mal à me souvenir qu'il est Harry, juste Harry.

A mes côtés, Ron lui a posé une main sur son épaule, Hermione a les lèvres tremblantes avec une main sur le cœur, Ginny sourit plus que jamais et Luna laisse doucement couler ses larmes de joie.

Je n'ai jamais été aussi heureux d'être là où je suis en cet instant.

J'assiste à un des moments les plus importants de la vie d'un de mes meilleurs amis et pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs.

.

POV REMUS :

Je n'ai pas vu la journée.

Ca m'a fait bizarre de revenir ici avec Sirius. La dernière fois c'était il y a deux ans. Je suis passé rapidement après mon départ de Poudlard pour lever les sorts que j'avais placés contre Sirius. Quand je croyais encore qu'il était coupable, j'avais usé de toute la magie que je connaissais pour l'empêcher de revenir ici, pour le capturer s'il le faisait. Quand j'ai su qu'il était innocent, j'ai tout enlevé pour lui permettre de revenir, s'il le souhaitait.

Je ne lui ai jamais dit. Je devrais peut-être…

Toutes les pièces étaient comme endormies, comme un vieux dessin qu'on retrouve dans un cahier, comme une pendule arrêtée, dès qu'on franchissait une porte, c'est un moment figé dans le temps. Le silence n'était trahi que par nos pas et nos respirations, tout, absolument tout était recouvert de poussière, même les pots de terres séchées dans lesquels avant se trouvaient des plantes, il y a si longtemps.

L'atmosphère était encore plus solennelle que dans une église et je n'ai pas osé rompre le charme alors que Sirius et moi retrouvions les vestiges du passé. Même les odeurs semblaient éteintes.

Ca a été à la fois plus dur et plus facile que ce que j'avais prévu. Plus dur parce que… en fait parce que la réalité est souvent comme ça, plus violente que l'imagination. Et plus facile aussi, parce que je revenais avec Sirius, l'innocent Sirius que j'avais retrouvé et réappris à aimer.

Le plus dur je crois ça a été les chambres. Surtout la notre. Il y a 14 ans, j'étais parti sur la pulsion de la colère, de l'horreur, de la trahison. Je me souviens à peine de ces jours là, je ne sais plus exactement ce que j'ai pu faire ou dire, je me souviens du gouffre dans lequel je semblais tomber encore et encore.

Résultat, aujourd'hui je retrouve les mêmes draps, aux couleurs délavées par le temps, et toujours défaits. Les portes de notre garde robe étaient encore ouvertes, certains vêtements encore laissés à même le sol, jetés à la hâte alors que le jeune Remus que j'étais prenait le stricte minimum avant de condamner cette maison.

« Ca a dû être abominable pour toi ».

Là sont les premiers mots que Sirius m'a dis. « C'est du passé ». Et je l'ai embrassé sans lui laisser le temps de parler.

On a continué religieusement le tour de la maison, ouvrant les fenêtres au fur et à mesure pour laisser revenir la lumière et l'air frais. On a listé les choses à faire : voir si tous les tissus des fauteuils, rideaux, linges, étaient récupérables nettoyer tous les éléments de la cuisine vérifier l'état des meubles et des sols…

Honnêtement, on n'a pas commencé les travaux avant le début de l'après-midi, parce que retourner dans ce lourd passé nous a demandé du temps, pour encaisser, puis nous consoler aussi.

Et c'est ma main dans celle de Sirius, c'est avec nos doigts entrelacés, que Sirius et moi avons lancé le premier « Recurvite » d'une longue série.

.

_ Remus ?

Je sors de ma rêverie dans notre salle de bain, enfin propre, et fini de me laver les mains. Mon reflet dans le miroir est fatigué mais soulagé. Je prends une serviette pour m'essuyer, une qui vient du quartier général, nous avons jeté tous nos linges de maison, ils se sont désintégrés au moment du nettoyage. Sirius a aussitôt affirmé qu'il faudra en racheter.

_ Je pense qu'on va arrêter pour ce soir, je n'en peux plus.

Je hoche la tête en silence et le suis vers le salon. Par rapport à ce matin ça n'a rien à voir. Alors certes on a jeté beaucoup de choses, ça fait vide, et on va devoir retrouver de la vaisselle, mais le salon est sain et propre, prêt à nous offrir une nouvelle chance.

_ Tu as faim ?

_ Et toi ?

_ Je suis affamé.

Je souris à la réponse de Sirius et je trouve malgré la fatigue, la force de mettre mon plan à exécution.

_ Sirius, tu me fais confiance ?

Il s'adosse au meuble de la cuisine en souriant, un sourcil levé, très sarcastique.

_ Remus, je pense qu'entre nous deux, la question de confiance ne se pose plus.

Je souris en retour et vais prendre nos deux vestes. Je lui lance la sienne, qu'il attrape plus par réflexe qu'autre chose.

_ On y va ?

_ Où ?

_ Manger dehors.

_ Quoi ? Euuhh, non mais je… Remus je…

_ Sirius…

_ C'est pas une bonne idée.

_ Sirius…

_ Je sais qu'on a été à Privet Drive tout à l'heure mais, on a juste traversé une rue, on n'a pas, je ne suis pas… prêt, je… non, je…

_ Sirius ?! Tu me fais confiance ? Je repose la question d'un ton décidé.

Il ouvre la bouche, les lèvres tremblantes et le souffle court, sans doute en train de chercher une bonne excuse pour rester ici. Je n'ose même pas imaginer à quel point il doit avoir peur d'aller dehors, mais il n'a plus rien à craindre, et je refuse de le laisser s'enfermer un jour de plus.

_ Patmol. Je commence en m'approchant pour attraper ses bras. Je serai là, je sais ce que je fais, ne t'en fais pas. Je sais où je t'emmène, tout ira bien.

_ J'ai… j'ai attendu ça pendant des mois, et maintenant je… je ne… Remus je suis mort de trouille.

Il finit sa phrase à voix basse, dans un murmure étranglé, et je ne peux que passer ma main sur sa joue pour le rassurer. Il y a des mois, je ne pouvais pas le toucher sans qu'il parte en courant, et aujourd'hui, il ferme les yeux et appuie sa joue sur ma paume. Il est prêt, je sais qu'il est prêt, il faut juste l'en convaincre.

_ Ca va aller. Il est tard, il fait nuit, on va du côté moldu, un endroit où personne ne fera attention à nous. Tu me fais confiance ? Je demande pour la troisième fois.

Alors Sirius rouvre les yeux, me regarde, se pince les lèvres en hochant la tête et après une grande respiration, enfile sa veste et se penche vers moi pour m'embrasser.

.

POV SIRIUS :

La première chose que je perçois quand Remus nous fait transplaner, c'est le bruit. Ce n'est pas si bruyant, parce que c'est le soir et que tout semble déjà un peu endormi, mais c'est là quand même. Des bruits de voitures au loin, le brouhaha des piétons, une musique qui sort d'une fenêtre. J'ai déjà envie de m'enfuir en courant, ou de me transformer en Sniffle, pour être sûr que personne ne me trouve.

_ Sirius ?

Sans ouvrir les yeux, je continue de jouer avec les mains de Lunard et de me concentrer sur la chaleur de sa peau. Ca va aller, ça va bien se passer, Remus en est assez persuadé pour deux. Alors pourquoi j'ai aussi peur ?

Je voudrais garder sa main dans la mienne, serrer aussi fort que possible ses doigts entre les miens, mais on n'a pas d'autres choix que de se séparer. Je découvre le paysage urbain, de nuit. On voit des passants au loin qui marchent sans se soucier de nous, et je finis par me dire que Remus a peut-être raison : dans la noirceur de la nuit, personne ne me voit, et ici, il n'y a que des moldus.

En attendant j'aime beaucoup redécouvrir les coins isolés de Londres, car c'est là qu'on est, dans un des vieux quartiers pas trop fréquentés.

Je commence à ouvrir la bouche pour demander des précisions à Remus sur notre destination, quand un bruit de métal me fait bondir, hurler et sortir ma baguette. Par pur réflexe, Remus se met entre moi et le potentiel danger, à savoir un chat de gouttière cherchant son repas dans une poubelle.

Remus rigole en rangeant sa baguette et je ne peux pas m'empêcher de vouloir mourir de honte. Comment je suis censé faire si un félin me terrorise ?

_ Sirius, c'est normal que tu sois sur les nerfs, c'est pour ça que je veux que tu sortes au plus vite.

_ Pour que je fasse un ulcère ?

J'aurais voulu lui balancer cette phrase avec plus d'humour mais ma voix claque comme un fouet, et l'accusation est pleine de hargne.

_ Plutôt ce soir avec moi que demain avec les enfants non ?

Je grogne en me laissant aller contre le mur, parce qu'il a raison, j'ai promis que demain je serai à la gare pour Harry, au milieu de la foule, en plein jour, avec des sorciers…

Je n'ai pas le choix, je dois me préparer !

_ C'est encore loin ton stupide truc ?

.

Mon dieu que ça m'avait manqué ! Un Food Truck. Un Food Truck qui vend des hamburgers et des frites, avec des tables et des chaises en plastique, au milieu d'une place animée, avec des jeunes en bandes, des couples enlacés, et un groupe de musiciens sur une petite scène improvisée en train de faire un concert amateur, faisant danser les couples les plus courageux.

Le concert fait que personne ne nous regarde, tout le monde est concentré soit sur la musique soit sur leurs propres vies.

Remus me propose de m'asseoir et revient avec le meilleur hamburger que j'ai mangé en 14 ans. Le seul aussi certes mais… J'aimerais être à la maison juste pour l'embrasser comme il le mérite en cet instant. Je ne me suis jamais senti aussi vivant qu'aujourd'hui. Il fait nuit, un peu frais, on a seulement la lumière des lampadaires, il y a des rires et de la musique partout, c'est presque trop mais je semble pour l'instant tenir bon.

Avec Remus, on a mis une raclée à la portion de frites et on ne s'est pas fait prier pour le dessert.

_ Comment tu connais cet endroit ?

Lunard est en train de lécher le chocolat fondu de sa cuillère en regardant les danseurs.

_ Hmm ? Oh, c'est Tonks qui m'en a parlé, elle a eu un rencard ici une fois avec un moldu, elle a détesté le type mais a adoré l'ambiance. On s'est dit que ça te plairait.

Honnêtement je n'ai pas écouté la moitié de la réponse, parce que je m'en fiche en fait. Parce que les lumières de la scène ont éclairé Remus et je me suis perdu. Il est juste magnifique. Il ne me croira pas si je lui dis, il pensera à ses mèches blanches et les cicatrices qui sillonnent son visage, deux choses qu'il a gagné en mon absence, mais il est vraiment beau. Posé tranquillement, il a tendu ses jambes, pieds croisés sur la chaise devant lui. Il est accoudé à la table en train de finir son moelleux au chocolat. Il se balance au rythme de la musique et reprend les paroles du bout des lèvres, sans faire de bruit. Ca fait si longtemps que je ne l'ai pas vu comme ça, juste en train de profiter du moment, sans s'inquiéter. Oh bien sûr, on a eu des moments comme ça, à Noël avec les enfants, ou même juste tous les deux ces derniers mois, mais jamais on était aussi… détendu, aussi … innocent, je crois. Et puis, de le voir dehors, illuminé par la ville, ailleurs que dans mon affreuse baraque, entouré d'autres personnes que les membres de l'ordre… J'ai souvent imaginé Remus continuer sa vie pendant les 12 ans de mon absence, et là, je le vois, je le sens, et je me sens d'un coup proche de lui, parce qu'il est là, et qu'il profite simplement de la soirée, avec moi.

_ Patmol, tout va bien ?

_ Hein ? Euh… ouais pardon je… enfin tu… j'étais… parti ailleurs.

_ C'était quoi ce regard ?

Qu'est ce que je devrais lui dire ? Qu'il m'est devenu complètement indispensable ? Que je n'imagine pas ma vie sans lui ? Que s'il n'avait pas été là ces deux dernières années, je ne le serais pas non plus ?

_ Je suis… heureux avec toi.

Ouais. Pas mal ça. Peut mieux faire, mais il me manque quelque chose : les mots ou le courage, ou les deux. Ou…

_ Pas autant que moi Sirius.

Après avoir serré mon épaule, il se retourne vers la scène, avec un sourire et des yeux tellement brillants que je dois vite trouver le moyen d'en détourner mon attention, sinon…

_ Merci Remus. De… de m'avoir amené là. C'est parfait. La soirée est parfaite.

_ Avec plaisir. Je suis content que ça te plaise.

_ Tu… euh… J'aimerais revenir ici, avec Harry.

_ Bien sûr, le camion est ici tous les samedis.

On reste silencieux encore deux chansons, nos assiettes et verres vides, et Remus qui suit toujours le rythme des chansons.

_ Tu crois que… Tu crois qu'Harry aimera la maison ?

Remus attend la fin des applaudissements avant de répondre.

_ Ca Sirius, on le saura dans le prochain chapitre.

.

.

.

.

Tadaaaaa. Je me suis dit qu'une petite blague, genre jeu de mot, pour remplacer un mot commençant par X, ce serait drôle. Parce que comme prévu, le prochain chapitre, c'est Harry qui rentre chez lui !

Alors rassurez-vous, je ne fais pas vraiment d'entorse au règlement, puisque le prochain chapitre sera la partie deux de X, et j'ai bel et bien un mot qui commence par X, donc la coutume est toujours là !

.

J'espère que ce chapitre est à la hauteur de votre longue attente, en ce qui me concerne, j'ai particulièrement aimé écrire le point de vue de Pétunia. Ce passage me plait beaucoup !

See you soon chers lecteurs, et merci encore pour toutes vos reviews !

.

Des bisous

Miliampere