Chapitre 1 : Après la bataille.
« Tom Jedusor s'abattit sur le sol dans une fin triviale, le corps faible, ratatiné, les mains blanches et vides, son visage de serpent dépourvu d'expression, inconscient.
Voldemort était mort, tué par son propre maléfice qui avait rebondi sur lui.
Harry, les deux baguettes à la main, regarda la dépouille de son ennemi. »
J., Harry Potter et les reliques de la mort.
Il y eu un instant de flottement. Parmi la foule réunie, dans la Grande Salle, des survivants, plus un souffle ne se faisait entendre.
Plus un bruit.
Tous s'attendaient à voir Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom se relever l'air de rien, affichant un sourire maléfique à celui qui lui faisait bravement face.
Face depuis si longtemps maintenant…
Son eternel adversaire. Le seul capable de le tuer. L'élu.
Un sourire qui montrerait à tous que malgré leurs efforts, malgré les morts, malgré les blessés, malgré les épreuves traversées, le seigneur des ténèbres se relevait toujours.
Dans son regard, on y lirait de la dérision face aux gestes désespérés des derniers combattants. Les derniers résistants du monde libre.
Ce sourire, qui n'en serait pas vraiment un, sonnerait la fin de la paix pour ce monde. Le début du règne des forces du mal.
1 seconde.
Rien ne bougeait.
Le ciel au-dessus d'eux commençait doucement à se dégager de ces épais nuages noirs qui l'encombraient.
Si quelqu'un avait levé les yeux à cet instant, il aurait pu y voir un signe…
Le signe d'une victoire.
De leur victoire.
Du bien sur le mal.
Mais tous les regards restaient désespérément fixés vers le Survivant.
L'élu.
Et le corps, toujours immobile, de celui qui fut une des plus grande menace et le plus grand mage noir de tout les temps.
Immobile. Eternellement figé.
Le temps paraissait se dérouler au ralenti.
2 Secondes.
La Grande Salle fut soudainement déchiré de cris.
Des hurlements de victoire.
Suivis d'une marée humaine allant s'écraser sur le Survivant, qui n'avait pas bougé d'un pouce, faisant toujours face à son plus grand ennemi aujourd'hui vaincu.
Ses deux meilleurs amis furent les premiers à l'atteindre. Ils l'enlacèrent avec force et comme pris dans une frénésie de joie.
Il reçut des tapes dans le dos, se fit étreindre de toutes parts par des personnes dont il n'en connaissait pas la moitié.
Mais peu lui importait. En cet instant, il était heureux. Et tous partageaient ce même soulagement causé par la disparition du mage noir.
Une disparition qui signifiait beaucoup. Le commencement d'une nouvelle vie. Une vie libre, plus de guerres, plus de morts, plus de pertes…
Car, lui, des pertes il en avait subis…Plus que raison.
Et il en avait assez. S'en était trop.
Quelques minutes plus tard, lorsque la marée se fut un temps soit peu dispersée, et qu'il put enfin se déplacer, il se dirigea vers ses deux meilleurs amis, assis dans un coin isolé.
En effet, Ronald Weasley paraissait abattu et inconsolable. Il se tenait très proche de leur meilleure amie et avait posé sa tête sur l'épaule de la jeune femme.
Elle-même l'entourait de ses bras et laissait son menton reposé sur la tête du rouquin.
Elle semblait tenter de le réconforter. Une perte dans la famille Weasley.
Son frère…
Tant de personnes étaient mortes pour lui permettre de réaliser ce pour quoi il était destiné.
Comment les oublier.
Tous ces visages…
Ils hantaient son esprit depuis qu'il les avaient vus, allongés, morts, sous le plafond enchanté.
La majorité ? Des inconnus ou des personnes qu'il avait entraperçues lors de sa courte vie.
Malheureusement, dans le grand nombre de corps reposant, s'y trouvait des gens appartenant à son entourage.
Dans un coin, il vit toute la famille Weasley. Excepté Ron. Ils étaient tous agenouillés auprès du corps sans vie de Fred. Son jumeau, George, sanglotait désespérément sur son torse, désormais immobile et froid.
Même a la distance ou il se trouvait, Harry pouvait l'entendre murmurer lamentablement à sa moitié éteinte « N-non non… R-Reviens… Ne m'laisse pas… J'ai… J'ai encore besoin d'toi… Fred… »
Se tenant à ses cotés, son frère Charlie. Celui-ci serrait fermement son épaule, essayant de lui insuffler un peu de réconfort. Tout près, Bill et Fleur étaient enlacés et gémissaient silencieusement. Les joues inondées de larmes, Percy sanglotaient, ses lunettes en écailles dans une main. Mr Weasley pleurait, tenant sa femme contre lui. Elle, cette femme si forte d'ordinaire, menaçait de s'effondrer à n'importe quel instant.
Ginny, quant à elle, pleurait sur l'épaule de Charlie qui avait son bras libre en travers de ses épaules.
Elle paraissait tellement perdue et abattue qu'Harry n'avait qu'une seule idée en tête : aller la retrouver et la serrer le plus fort qu'il le pouvait pour effacer un tant soit peu sa peine…
Mais il ne se le permettrait pas…
Il n'en avait pas le droit.
Tout d'abord, il se sentait responsable de la mort de son frère alors qu'il était présent lorsque le mur avait explosé. Explosion qui avait couté la vie à Frédéric Weasley.
-« Fred… »
Il se souviendrait toujours de ce jeune homme rieur et plein de vie.
C'était tellement injuste de mourir à 20 ans… Laissant derrière lui sa famille, son frère jumeau, ses amis, et notamment… Angelina… Angelina Johnson, sa fiancée.
Fred et George… Deux maillons d'une même chaine. Deux moitiés d'un même tout. Deux moitiés désormais séparés à jamais…
Toutes leurs blagues.
Harry eut un petit sourire triste et mélancolique à l'évocation de ces souvenirs.
Une histoire de cuvette de toilettes qu'ils voulaient tant envoyer à leur sœur.
Tant de brimades à l'encontre de leur frère, Ron.
Tant de remontrances de la part de leur mère, Molly.
Tant de rires malgré tout.
C'étaient également eux qui lui avaient fait cadeau de la carte des Maraudeurs, qui appartenait autrefois à son propre père et son groupe d'ami.
L'argent gagné par lui-même lors du tournoi des trois sorciers en 4ème année, qu'il avait donné aux jumeaux Weasley pour leurs permettre d'ouvrir leur propre magasin de farces et attrapes sur le Chemin de Traverse. Magasin qui aujourd'hui avait un franc succès, notamment grâce aux prodigieuses inventions des deux frères farceurs.
Et les dernières paroles qu'il avait prononcées…
Flashback :
-« Vous ais-je informé de ma démission ? S'était écrié Percy en lançant un sortilège sur le ministre de la magie.
-« Ma parole, Perce, c'est de l'humour ! S'était exclamé Fred.
-« Tu as vraiment fais de l'humour, Perce… Je crois que je ne t'avais plus entendu dire quelque chose de drôle depuis que tu… »
Et puis la liste des morts ne s'étaient pas arrêtée là…
Lupin…
Remus Lupin, un des plus proches amis de son père, James Potter, du temps de leurs études à Poudlard.
Le dernier des Maraudeurs s'était éteint en même temps que cette guerre.
Le meilleur professeur de défense contre les forces du Mal qu'il n'ait jamais eu. Lui et Sirius lui avait tant parlé de James… Lupin le revoyait dans les traits de son fils…
-« Non, je pense que tu es comme James. »
C'était également lui qui lui avait appris le sortilège du Patronus. Un sortilège qui lui avait tant de fois sauvé la vie face aux Détraqueurs.
Un cerf… La marque de son père. Grace à ce sortilège, il avait l'impression de sentir la présence de son père à ses cotés… Un sentiment qu'il n'avait jamais eu la chance d'expérimenter…
Il venait tout juste d'avoir un fils… Un cadeau inespéré pour lui… Encore un orphelin qui n'aura pas la chance de connaitre ses parents.
-« Moi aussi, dit Lupin, Je suis désolé de ne pas pouvoir le connaitre… mais il saura pourquoi je suis mort et j'espère qu'il comprendra. J'essayais de construire un monde dans lequel il puisse avoir une vie plus heureuse. »
Ces dernières paroles résonnèrent en écho dans la tête d'Harry.
*C'est tellement injuste*
Il serra les poings.
Et puis Nymphadora Tonks-Lupin.
Morte aux cotés de son mari, dans cette bataille.
Elle, qui avait mis tant de temps à persuader Remus qu'ils pourraient être ensembles malgré la lycanthropie de ce dernier.
Elle qui ne pourrait plus profiter de lui désormais.
Elle qui ne verra pas grandir son fils.
La mort les avaient emportée tous les deux sans crier gare.
Harry se souvint. La soirée de la mort d'Albus Dumbledore. Mme Weasley avait alors dit, en s'adressant à Remus : «Mais c'est toi qu'elle veut ! »
Depuis ce moment là, ils les avaient toujours vus ensemble.
Elle avait toute la vie devant elle… Une vie remplie d'amour et de rires… Une vie dont elle ne profitera pas…
Harry serra les dents ainsi que les poings encore plus forts.
Ils étaient tous morts pour lui… et il avait réussi. Mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il pouvait surement faire quelque chose… N'importe quoi !
Il leur devait bien ca…
Ils les aimaient.
Ils les considéraient comme sa famille.
Non… C'était sa famille ! Les Weasley et tous les autres étaient sa famille.
Ils l'avaient toujours soutenu dans toutes les épreuves qu'il avait dû traverser.
Il se tourna alors dans la direction de Ron et d'Hermione.
Ron avait retrouvé un peu de son calme mais semblait ne vouloir, en aucun cas, se retrouver loin de sa « 'mione ».
Harry espérait qu'après le baiser qu'ils avaient échangés en plein milieu de la bataille, que les choses allaient enfin évoluer entres eux. Ils en avaient vraiment besoin et le méritaient plus que quiconque.
Il leva la tête vers le plafond magique en soupirant légèrement.
L'aube était là.
C'est avec cette constatation qu'il se rendit compte qu'il était épuisé… Tant physiquement que moralement… Quoi de plus normal après ça !
Il n'avait plus qu'une envie : Dormir, et ainsi oublier pour quelques heures tous ceux qu'il a perdus… Tous ceux qui se sont sacrifiés pour la bonne cause… Tous ceux qui, grâce à leur courage, ont permis de vaincre Lord Voldemort…
-« C-c'est ma faute… »Fut la seule pensée qui stagnait dans son esprit.
C'était vrai. Il avait vaincu Tom Elvis Jedusor et il était soulagé… Mais il lui restait toujours ce poids…, cette culpabilité que tous les survivants ressentent après un drame pareil.
-« Je vais me coucher… Vous venez ? »Murmura t-il à l'adresse de ses deux amis.
Ron se contenta d'hocher la tête affirmativement en soupirant, et de se lever à son tour, l'air misérable.
-« Oui, on en a tous besoin je crois »Ajouta Hermione.
Le Trio parti donc, le pas lourd, en direction de la tour de Gryffondor.
Harry croisa le regard de Ginny et celle-ci quitta sa famille pour les rejoindre.
Ou plus exactement, pour le rejoindre.
Il lui avait tellement manqué cette année loin de tout, qu'elle ressentait le besoin étourdissant de le toucher pour s'assurer qu'il était vraiment là. Près d'elle. Qu'elle ne rêve pas comme cela lui était déjà arrivé. Mais, dans ses rêves, tout le monde était vivant…
*Pauvre idiote… c'est la guerre ! Il y a toujours des victimes… Qu'est-ce que tu t'imaginais ?* soupira t-elle intérieurement.
Elle les rattrapa alors qu'ils commençaient à monter l'escalier de marbre.
Sans attendre, ni parler, elle attrapa la main d'Harry dans la sienne et la serra de toutes ses forces.
Elle se sentait si bien là…Elle se sentait enfin complète, alors qu'il était à ses cotés…
Elle ne put s'empêcher de l'admirer durant tout le chemin jusqu'à la salle commune.
Ses yeux verts émeraudes ne brillaient plus autant qu'avant, ils étaient assombris et reflétaient quelque chose comme de la… tristesse.
Ses lèvres, qu'elle savait si douces, étaient affaissées.
Elle serra plus fort sa main.
Tout ce qu'elle souhaitait en cet instant c'était de lui retirer un peu de la souffrance qu'il ressentait, elle voulait le soulager de ce poids, apaiser son cœur…
Mais c'était impossible, malheureusement.
Mais elle serait là pour lui, tout simplement. Pour l'aimer, s'il voulait toujours d'elle.
Elle espérait que cela suffirait…
Le château était encore baigné de ténèbres, si bien qu'elle ne put pas apercevoir les dégâts qu'avaient subis l'école.
Ils se trouvaient tous les quatre devant le portrait de la Grosse Dame, qui les laissa entrer sans demander de mot de passe, contrairement à son habitude.
*Ce n'est pas une situation habituelle* se dit-elle en baissant la tête.
Arrivé en bas des marches des dortoirs des garçons, Ginny vit son frère entrainait sa meilleure amie à sa suite. Harry ne lâcha pas sa main et elle le suivit sans se poser la moindre question.
Ils s'endormirent rapidement. Dans la même position que celle de Ron et d'Hermione, enlacés dans le lit de ce dernier, sans ambigüité.
Ils avaient juste besoin de se sentir vivants…
Alors, cette nuit, ils firent une exception.
Vivants…
Oui, ils étaient vivants.