Chapitre 15

Sam était étendue dans un état de somnolence entre le sommeil et l'éveil, trop confortable pour bouger en dépit du fait que la lumière brillante du soleil entrant à flots à travers les rideaux lui disait qu'il était tard le matin. Elle était couchée avec sa tête posée sur l'épaule de Jack et les bras puissants de ce dernier la tenaient étroitement, même pendant qu'il dormait. Elle avait été à moitié éveillée et somnolente pendant ce qui semblait des heures, mais Jack n'avait pas bougé et le mouvement régulier de sa poitrine lui disait qu'il dormait paisiblement.

Ouvrant les yeux, elle jeta un coup d'œil sur le réveil sur la table de nuit et vit qu'il était presque onze heures. Elle devrait vraiment se lever, mais… c'était si confortable. D'un autre côté, un café semblait une bonne idée. Et un petit déjeuner. Avec précaution, elle se redressa, mais dès qu'elle quitta le cercle de son étreinte, les yeux de Jack s'ouvrirent. Pendant un instant, il la fixa simplement, puis il sourit lentement. « Salut, » dit-il d'une voix endormie.

Elle sourit en réponse, « Salut. »

Tendant une main, il prit son bras. « Où vas-tu ? »

« Il est presque onze heures, » lui dit-elle.

« Et alors ? Tu ne travailles pas aujourd'hui. »

Sam hocha la tête. « Oui, » acquiesça-t-elle, « mais j'ai besoin de café. »

Il sourit à nouveau. « Bonne remarque – mince, Carter, je ne croyais pas que tu pourrais un jour passer dix heures sans café. »

« Seulement dans des occasions spéciales, » lui assura-t-elle. Et puis d'une voix plus douce, ajouta, « Et celle-ci compte comme spéciale. »

Sa main sur ses bras descendit sur son poignet et il enlaça ses doigts avec les siens. « Je dirai plutôt incroyable, » dit-il avec tendresse, « et merveilleuse, et… »

« Dangereuse ? » suggéra-t-elle, formulant tout haut l'angoisse qui planait au fond de son esprit.

« Ca aussi, » admit-il. Il était complètement éveillé maintenant et il se redressa sur un coude. « Est-ce que cela t'ennuie ? »

Sam hocha la tête, refusant de lui mentir. « Oui, » dit-elle, « un peu. Nous risquons beaucoup. »

Son visage ne changea pas d'expression, ses yeux sombres la regardant chaudement. « En ce qui me concerne, » dit-il après un moment, « je pense que ça en vaut le risque. Mais… » Il ne bougea toujours pas, bien qu'elle entendit une soudaine tension dans sa voix quand il dit, « Mais les risques sont plus grands pour toi, Sam. S'ils sont trop grands… ? »

« Alors quoi ? » demanda-t-elle, en lui souriant. « Nous cesserons ceci ? Prétendre que ceci n'est jamais arrivé ? Prétendre que nous ne ressentons pas ce que nous ressentons ? Tu sais que ça n'arrivera jamais – ce serait impossible ! »

Jack acquiesça. « Oui, » acquiesça-t-il. « Ce que je voulais dire, c'est que… nous pourrions diminuer le risque. »

« Comment ? »

La regardant toujours intensément, il dit, « Je pourrais démissionner de l'Air Force. »

Les yeux de Sam s'agrandirent. « Non, » dit-elle immédiatement et fermement, « tu ne peux pas faire ça. »

« Je ne peux pas ? »

« Ca n'en vaut pas la peine, » lui dit-elle, à présent nerveuse. « Nous avons besoin de toi, le SGC a besoin de toi. »

« Et j'ai besoin de toi, » répondit-il, parlant toujours de cette voix douce et calme. « Ta carrière est beaucoup plus importante que la mienne, donc ça a du sens… »

« Non, » répéta-t-elle, mettant ses doigts sur ses lèvres. Il les embrassa doucement et elle sourit. « J'ai besoin de toi, Jack. Avec SG1. » Il ouvrit la bouche pour parler, mais elle couvrit ses protestations. « Nous sommes plus que ceci, » dit-elle, faisant un geste entre eux, « nous sommes plus que simplement un couple. Nous sommes partenaires, une équipe – une partie d'une équipe. C'est ce qui rend ceci si spécial, si unique… »

« Et si difficile, » soupira-t-il. Mais d'après le sourire ironique sur ses lèvres, elle sut qu'il comprenait.

« Difficile et merveilleux, » acquiesça-t-elle doucement. « Nous y sommes ensemble, Jack, jusqu'à la fin. »

Il hocha la tête, tenant toujours intensément son regard, bien qu'il y avait une soudaine étincelle dans ses yeux. « Travail, repos et loisirs, » dit-il avec un bref sourire. « Pour ainsi dire. »

« Hmm, » répondit-elle, levant un sourcil inquisiteur. « Eh bien, je peux voir le travail et les loisirs, mais où s'intercale le repos ? »

Son sourire revint alors qu'il tendait le bras et la ramenait sur le lit à ses côtés. « Qui a besoin de se reposer ? » demanda-t-il, ses lèvres trouvant les siennes pour un baiser délicieux, sensuel. Les yeux de Sam papillonnaient rêveusement quand le téléphone sonna. Elle se crispa. « Ignore-le, » murmura Jack dans son oreille. Mais elle ne pouvait pas. Elle savait qui c'était.

Le repoussant avec douceur, elle saisit ses yeux, et son sentiment soudain d'appréhension avait dû se voir sur son visage car sa propre expression s'assombrit. Elle se tourna et décrocha le téléphone.

« Allô ? »

« Coucou, chérie. C'est moi. »

Son cœur se figea au son de sa voix, et la culpabilité la glaça. « Salut, Joe. » A côté d'elle, Jack se détourna, se passant une main nerveuse sur son visage. « Comment s'est passée la réunion ? »

« Super ! » s'enthousiasma Joe joyeusement. « Ca s'est vraiment bien passé. Ca valait définitivement le coup de faire le voyage, Sam. Comment s'est passé le reste de la soirée sans moi ? »

« Bien, » répondit-elle, tentant de garder sa voix normale. « Je crois que tout le monde s'est bien amusé… »

« Bien sûr que oui, » répondit-il avec son assurance habituelle. « Est-ce que le traiteur a fait du bon boulot en nettoyant ? J'espère que ta maison n'est pas trop en mauvais état ! »

« Non, ça va, » répondit-elle. « Ils devaient venir chercher le plus gros de leurs affaires ce matin. »

Elle pouvait entendre un frémissement de mécontentement dans le téléphone. « Ils ne sont pas encore venus ? »

« Hum, je ne sais pas, » répondit Sam. « Je, hum, viens de me lever. » Jack lui jeta un coup d'œil lorsqu'elle dit cela, ses yeux sombres inquiets.

« Tu viens de te lever ? » dit Joe en riant. « Tu as dû vraiment avoir une nuit tardive ! Je ne t'ai jamais vue rester au lit après huit heures. »

Sam eut envie de vomir. Les demi vérités venaient trop facilement à ses lèvres. « Je crois qu'il était assez tard, à la fin, » dit-elle calmement, une rougeur coupable colorant ses joues alors qu'elle parlait. Elle n'osa pas lever les yeux vers Jack, elle avait trop honte.

« Alors, c'est aussi bien que je n'ai pu obtenir un vol plus tôt, » disait Joe. « J'en ai un pour midi, donc je serai à la maison cet après-midi. Puis-je te supplier de venir me chercher à l'aéroport ? » Il n'avait apparemment aucun doute quant à son accord.

« Bien sûr, » répondit-elle, espérant qu'elle ne semblait pas aussi terrifiée qu'elle se sentait. « Je viendrai te chercher. »

« Super, » dit-il. « Et je te dirai tout sur la rencontre avec Kinsey. Tu sais, il n'est pas un si mauvais bougre quand tu l'entends parler – ce qu'il dit a du sens. »

« Bien, » acquiesça Sam, insouciante de ce qu'elle disait mais impatiente qu'il raccroche. Le lit fut légèrement secoué comme Jack se levait, et elle l'entendit se déplacer doucement dans la chambre derrière elle, s'habillant. « Ecoute, nous parlerons quand tu seras de retour, » dit-elle, « je dois me lever et mettre de l'ordre dans la maison. »

« D'accord, chérie, » répondit Joe, semblant un peu déçu. « Eh bien, je suppose que je te verrai à l'aéroport plus tard ? »

« Je serai là, » promit-elle.

« Super. Je t'aime, Sam. »

Son cœur battait sourdement. « Je sais, » dit-elle. « Bon vol. »

Alors qu'elle raccrochait le téléphone, elle leva les yeux pour voir Jack passer son t-shirt par-dessus sa tête, lui tournant le dos. Elle ne dit rien, le regardant et se demandant ce qu'il pensait. C'était embarrassant. Plus qu'embarrassant.

« Il revient aujourd'hui ? » demanda enfin Jack, ne se retournant pas en mettant son t-shirt dans son pantalon.

« Cet après-midi, » répondit-elle doucement. Maintenant que Jack était habillé, elle se sentait étrangement vulnérable et tira un drap sur elle, enroulant ses bras autour de ses genoux alors qu'elle le regardait. « J'ai dit que je le verrais à l'aéroport. »

Jack hocha la tête et s'assit sur le bord du lit. Il avait une chaussette dans une main, mais ne bougea pas pour la mettre. Il inclina légèrement la tête et dit, « Que vas-tu lui dire ? »

Sam passa sa langue sur ses lèvres. « Je ne sais pas, » avoua-t-elle. « La vérité, je suppose. Que je ne peux pas l'épouser. »

Se retournant lentement, il rencontra son regard avec une préoccupation voilée. « Vas-tu lui parler de nous ? »

« Je ne sais pas, » répondit-elle. « Je ne veux pas mentir, mais… »

Les yeux de Jack se fermèrent pendant un instant, avant de s'avancer vers elle en travers du lit. « Ecoute, Sam, » dit-il avec sérieux, « ce ne sont pas mes affaires, mais si tu lui parles de nous… Il va être en colère de toute façon. Tu ne veux pas lui donner une arme qu'il pourrait utiliser contre toi. »

Elle hocha la tête. « Je sais, » soupira-t-elle. « Il pourrait en parler à Hammond. »

« Ou à Kinsey, » ajouta Jack d'une voix sobre. « Et tu sais qu'il ne cherche qu'un prétexte pour nous faire du tort. »

La gorge serrée, Sam hocha à nouveau la tête. « Je n'avais pas pensé à ça, » répondit-elle. « Mais tu as raison. » Elle relâcha lentement un souffle. « Je crois que ceci restera entre toi et moi. »

Jack tendit une main et toucha son épaule, faisant courir un doigt le long de sa clavicule jusqu'à son menton. « Si nous voulons rester tous les deux avec SG1, c'est ainsi que ça doit être, Sam. Tu le sais. »

« Ne connaître que ce qu'il y a à connaître, hum ? »

Il sourit affectueusement. « Et personne n'a besoin de savoir. Personne. »

C'était une triste vérité, mais la vérité néanmoins. Leurs amis ne pourraient pas savoir, son père ne pourrait pas savoir. Personne. Il n'y aurait aucune fête, aucun rendez-vous, aucune bague, aucun diamant… Mais regardant dans ses yeux sombres, si graves et pourtant si ardents, elle sut qu'elle n'avait besoin d'aucun tralala. Tout ce dont elle avait besoin était lui à ses côtés, à travers tout. Elle prit sa main, portant ses doigts à ses lèvres. « Tu dois penser que je suis tellement… paumée, » soupira-elle, lui faisant un sourire ironique. « Jusque là, c'est deux sur deux pour les fiançailles ratées. »

Ses doigts se resserrèrent autour des siens. « Montre-moi quelqu'un qui ne l'est pas et je te montrerais la personne la plus ennuyeuse du monde. »

« Oui, mais… coucher avec un autre homme la nuit de sa fête de fiançailles ? Ca donne l'impression d'être une intrigue pour un mauvais feuilleton à l'eau de rose. » Elle le regarda attentivement, « Sans mentionner que c'est une chose vraiment… vache à faire. »

Ses yeux s'agrandirent, visiblement choqués par ses mots. « Tout le monde fait des erreurs, Sam, » répondit-il. « Dieu sait que j'en ai fait. Mais ceci n'en est pas une. » Il fit une pause et dit plus doucement, « Joe était l'erreur. Tu as simplement remis les choses à leurs places, Sam. »

« Il va me détester, » soupira-t-elle, se penchant un peu plus près.

Jack saisit l'invitation et la prit dans ses bras, une main caressant la peau nue de son dos. « Oui, il te détestera, » dit-il très doucement, « pendant un temps. Mais si cela aide… » Il fit une pause, la serrant encore plus près et s'éclaircissant la gorge. « Si cela aide, Sam, je vais t'aimer pour toujours. »

Les mots touchèrent son cœur comme il les disait tout haut pour la première fois. Non pas que la nuit qu'ils avaient partagée avait laissé un doute, mais l'entendre le dire, après si longtemps… Elle resserra ses bras autour de lui, pressant son visage contre le sien et murmura dans son oreille, « Je t'aime aussi. »

« Alors c'est parfait, » répondit-il, embrassant délicatement son visage. « Et tout va s'arranger. Tout. »

Sam sourit, sentant dans son cœur que ses mots optimistes étaient vrais. Il y aurait des à-coups, elle n'en avait aucun doute, mais la fondation était solide comme du roc – aussi solide que le naquada – et rien n'ébranlerait ce qu'ils avaient. Rien ni personne.

oOoOoOo

Epilogue

Hammond était assis au haut bout de la table dans la salle de briefing, méditant, alors que son équipe phare débattait de leur dernière mission. Quelque chose avait changé. Quelque chose de profond. Et il avait des doutes – rien de plus. Etait-ce son imagination, ou O'Neill était effectivement en train d'écouter les rapports techniques de Carter bien plus intensément qu'auparavant ? Et est-ce que ses yeux à elle se portaient plus fréquemment vers les siens ces jours-ci ? Et ce sourire qu'ils s'échangèrent… était-ce quelque chose de plus qu'un sourire ?

Peut-être. Peut-être pas. Mais quelque chose avait changé. O'Neill paradait dans la base avec un sourire de la taille du Texas sur le visage et plus que de l'allégresse dans sa démarche – en fait, s'il sautillait un peu plus haut, il serait en danger de se fracasser la tête au plafond. Et Carter ? Pour une femme qui venait d'annuler ses fiançailles un mois plus tôt, elle était étrangement calme et posée. En paix, pourrait-on dire. Non pas que son habituel enthousiasme et excitation ne soient pas aussi éclatants et contagieux que jamais, mais la tension nerveuse qui accompagnait si souvent cela était absente – elle semblait plus calme. Plus… quel était le mot qu'il cherchait ? Heureuse, peut-être ? Oui, décida-t-il, c'était cela. Elle semblait plus heureuse, plus satisfaite. Moins stressée.

Il fronça les sourcils, observant la façon dont O'Neill regardait Carter. Il n'y avait là rien de déplacé ; il était sérieux, se concentrant sur ce qu'elle disait. Diable, il prenait même des notes. Il était... détendu. Bien dans sa peau.

Et c'est là qu'Hammond mit le doigt sur le changement la tension était partie. Depuis l'instant où ils s'étaient rencontrés et avaient commencé à se défier de part et d'autre de la table de la salle briefing, les étincelles avaient volé entre eux. Rien d'ouvert, mais la tension avait toujours été là. Il avait su dès le départ quelle en était la racine et maintenant elle était partie. Pas besoin d'être un génie – ou une théoricienne en astrophysique – pour lui dire ce que cela signifiait.

« …si vous acceptez, mon Général ? » disait Carter, terminant son rapport avec un coup d'œil plein d'espoir dans sa direction.

Il hocha la tête, ayant saisi suffisamment de son explication pour comprendre la question. « Allez-y, Major. Allez préparer une équipe et retournez sur '923 et faites les tests. Je suis sûr que le Colonel pourra se passer de vous pendant une semaine. »

Carter rayonnait. « Merci, monsieur, » dit-elle en hochant la tête, avant de tourner un petit sourire d'excuse vers O'Neill.

Le Colonel haussa simplement les épaules. « Je suis sûr que nous survivrons, mon Général, » dit-il. « Aurons-nous un remplaçant pour la période ou irons-nous en mission en sous-effectif ? »

« J'avais pensé au Capitaine Rumori ? »

Les yeux d'O'Neill s'agrandirent et il sourit. « Kate Rumori ? Oh, ouais. Elle fera l'affaire. »

« Jack ! » protesta Daniel. « Etes-vous… ? Je n'arrive pas à croire que vous venez de dire ça ! »

« Quoi ? » répondit O'Neill. « C'est une superbe… scientifique. »

Les yeux de Daniel s'étrécirent. « Et dire que je pensais que c'était le vingt-et-unième siècle. »

Carter sourit, secouant légèrement la tête. « En fait, » dit-elle à Daniel, « non seulement le Capitaine Rumori est une géophysicienne extrêmement douée, mais j'ai entendu dire qu'un jour, elle avait cassé la main d'un type – parce qu'il l'avait regardée de travers. »

Daniel eut un large sourire tandis qu'O'Neill changeait de position, gêné. « Y a-t-il autre chose, monsieur ? » demanda le Colonel, changeant précipitamment de sujet.

Hammond secoua la tête. « Ce sera tout, » dit-il en se levant et mettant fin à la réunion. Mais avant qu'O'Neill ait le temps de rassembler ses papiers, Hammond se pencha un peu plus près. « Un mot dans mon bureau, Colonel ? »

Il vit un bref instant d'inquiétude, puis Jack acquiesça. « A vos ordres, monsieur, » dit-il avec un sourire, se mettant sur ses pieds. Hammond nota qu'il ne regarda pas une fois Carter alors qu'elle partait, et à part un léger froncement de sourcils sur son visage, elle ne parut pas avoir entendu sa demande.

« Prenez un siège, » dit Hammond, alors que Jack refermait la porte derrière lui, contournant son bureau et s'asseyant dans son fauteuil. « Ceci ne prendra pas longtemps. »

« Très bien, » répondit O'Neill, sur ses gardes à présent.

Hammond ne dit rien pendant un moment, le regardant attentivement. « Comment vont les choses, Jack ? » dit-il enfin.

Pas même un tic. « Bien, monsieur. »

« Comment va le Major Carter, après sa rupture ? Des problèmes ? »

« Non, mon Général. Sa performance est exemplaire, comme toujours. »

Hammond hocha la tête. « Bien, » dit-il, se penchant légèrement en avant. « Alors il n'y a rien dont je devrais… m'inquiéter, Colonel ? Pas de problèmes potentiels ? »

« Non, monsieur. Rien. »

Mince, l'homme était doué ! « Bien, » dit Hammond, « Je suis heureux d'entendre cela. » Ses yeux s'étrécirent, « les choses étaient un petit peu délicates ici pendant un temps, Jack, entre vous et Carter. »

O'Neill cligna des yeux. « Oui, monsieur, » répondit-il, révélant toujours peu, bien qu'il y avait un soupçon d'émotion dans sa voix. « Mais je pense que nous avons tous les deux… tourné la page depuis, monsieur. »

« Tourné la page ? » répéta Hammond, scrutant le visage de son ami. Il n'avait encore aucune preuve, rien sur quoi s'appuyer sinon son instinct. Son instinct, cependant, s'était rarement trompé. O'Neill rencontra son regard clairvoyant avec stoïcisme, mais refusa de reculer d'un pouce. Il était clair que si Hammond voulait une confession, il aurait à en faire une demande claire et nette. Une confession était la dernière chose qu'il voulait. Eh bien, presque la dernière. Il pouvait dire qu'il était heureux pour lui, mais il se rappelait comment Jack avait été cette nuit-là quand il avait été au bord de la rupture, et il savait que l'alternative était probablement de perdre sa meilleure équipe. Il n'avait pas de problème avec le fait de plier un peu le règlement pour les garder là, à faire leur job. Bien sûr, s'il avait ne serait-ce qu'un soupçon de problème ou une seule plainte pour comportement déplacé… « Je vous fait confiance, Jack, » dit-il, baissant son regard sur ses mains, ne souhaitant pas reconnaître le vrai sujet de leur conversation en rencontrant ses yeux. « Je sais que vous me le diriez si les choses n'allaient pas. Je voudrais savoir à l'avance si les choses tournaient au vinaigre. »

Il eut un long silence, et puis, Jack dit d'une voix basse, calme. « Vous avez ma parole, monsieur. » C'était le plus proche d'une confirmation de ses soupçons qu'il aurait probablement. Et il ne voulait pas aller plus près.

Hammond hocha sèchement la tête. « C'est tout ce dont j'ai besoin, fiston. » Il leva les yeux. « Allez prendre du repos, Colonel. Ce n'était pas une mission facile et je sais que votre équipe mérite ses congés. »

« A vos ordres, monsieur, » répondit O'Neill, se mettant sur ses pieds. « Merci, mon Général. J'apprécie… » Quoi qu'il ait été sur le point de dire, il changea d'avis et hocha simplement la tête. « Merci. »

« Ne me remerciez pas, » avertit Hammond, prenant une pile de dossiers de son plateau 'à faire'. « Simplement, ne me décevez pas. »

O'Neill se raidit. « Non, monsieur, absolument pas, monsieur. »

Et levant les yeux sur l'homme, son ami, il sut que c'était vrai Jack O'Neill pliait peut-être le règlement presque au-delà du raisonnable parfois, mais il n'y avait personne dans la montagne en qui il avait davantage confiance. Pour Hammond, cela était une justification suffisante pour fermer les yeux il espérait juste que les ragots de la base ne le forceraient pas à les ouvrir un jour. « J'attends que vous me soumettiez votre rapport de mission avant votre départ, O'Neill, » dit-il, en guise de congé et se retint de dire davantage sur le sujet. Franchement, moins il était dit, mieux ce serait.

« A vos ordres, monsieur, » acquiesça Jack, et avec un dernier signe de tête bref, il se tourna et laissa Hammond à ses dossiers.

Le Général soupira et écarta résolument le sujet de son esprit. Et si un petit sourire apparut sur son visage alors qu'il regardait Jack passer d'un pas léger devant la fenêtre de son bureau, et après ? Il était juste heureux que son équipe phare soit de retour et fonctionne si bien. Et il défierait quiconque suggérerait autre chose.

oOoOoOo

Il était tard lorsque Jack arriva chez lui. Une lampe était allumée dans le salon, mais le reste de la maison était silencieuse et sombre. Il ferma la porte silencieusement, ôta ses chaussures et jeta sa veste sur le dossier de la chaise la plus proche. L'attrait d'une bière le tira brièvement vers la cuisine, avant qu'un bâillement ne fende son visage et il décida qu'il était vraiment trop fatigué pour autre chose que le lit. Et dormir.

Il se brossa les dents et se déshabilla dans la salle de bain, lassant ses vêtements en tas. A quoi d'autre servait le sol de toute façon ? Puis il se faufila dans la chambre, sans allumer, et se glissa sous les couvertures. Il soupira joyeusement en trouvant un corps chaud contre lequel se pelotonner, glissant son bras autour d'une taille fine et embrassant délicatement les cheveux soyeux, à la douce senteur pour ne pas la déranger.

Comme si.

« Tu es en retard, » murmura une voix endormie, et il sourit, la serrant davantage.

« Paperasse, » lui dit-il. « J'en avais un tas et je voulais m'en débarrasser avant de partir. »

« Hein ? » renifla-t-elle doucement, se tortillant pour s'étendre sur son dos pour pouvoir voir son visage. Dans l'obscurité, ses grands yeux étaient lumineux, sa peau pâle et belle. « Depuis quand finis-tu ta paperasse ? »

Il sourit lentement et ne put résister à l'envie d'embrasser ses lèvres chaudes. « Depuis que j'ai une raison de ne pas aller au travail pendant mes congés. »

Des doigts chauds caressèrent sa nuque, passant avec douceur dans ses cheveux. « Bonne réponse, » murmura-t-elle entre ses baisers. Et puis, le repoussant un peu en arrière, elle dit, « Que voulait le Général Hammond ? Après le briefing ? »

Ah. Il savait qu'elle l'avait remarqué. Il soupira légèrement, se mettant lui-même sur le dos et la prenant dans ses bras. « Il voulait savoir comment tu allais, » lui dit-il.

« Que lui as-tu dit ? »

Il eut un grand sourire dans l'obscurité. « Je lui ai dit que tu étais spectaculaire. »

Sam se redressa hors de ses bras en un éclair. « Tu as quoi ? »

« Je plaisante ! » la rassura-t-il, en la reprenant dans ses bras.

Elle souriait aussi maintenant, mais elle fit semblant de mordre son épaule par vengeance. « La vérité, » demanda-t-elle.

« La vérité, » acquiesça-t-il. « D'accord, la vérité est que je lui ai dit que tu allais bien. Que nous allions tous bien, et qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. »

Sam se recoucha à nouveau, sa tête délicieusement lourde sur son épaule. « Penses-tu qu'il soit au courant ? »

« Oui. »

Elle soupira. « Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

« Rien, » lui dit-il, ses doigts trouvant une délicieuse étendue de peau nue à sa taille. « Nous continuons simplement. » Hmmm, comment faisait-elle pour avoir toujours une peau si chaude et douce ?

« Un jour, nous serons découverts, » murmura-t-elle, sa voix soudain rauque envoyant des frissons partout où il fallait. Peut-être qu'il n'était pas si fatigué que cela après tout ? Ses doigts explorateurs remontèrent un peu plus haut.

« Peut-être, » acquiesça-t-il, changeant de position pour qu'elle soit étendue sur son dos et qu'il puisse regarder ses yeux assombris. « Mais 'un jour' est bien loin. Nous pourrions être morts d'ici là. »

Elle sourit. « A jamais optimiste. »

« Je dis simplement que, » murmura-t-il alors que sa main rencontrait le doux renflement de son sein, « nous devrions vivre le jour présent. »

Sam soupira avec bonheur et l'attira pour l'embrasser à nouveau. « Ou la nuit ? » souffla-t-elle.

« Oh, il y aura toujours la nuit, » acquiesça-t-il, son besoin de parler commençant à s'évanouir alors que d'autres désirs, plus urgents, montaient à la surface. Il l'embrassa à nouveau, profondément et passionnément, jusqu'à ce qu'ils abandonnent tout intérêt à la conversation et embarquent sur un rapport bien plus intime, éloquent et significatif. Ses derniers mots, avant qu'il ne s'abandonne au ravissement de leur étreinte, furent murmurés doucement contre son oreille, « Je t'aime tellement. »

Sa réponse fut silencieuse, dite avec des baisers affectueux et une tendre caresse, mais c'était la plus douce des réponses qu'il avait jamais reçues – une déclaration d'amour qui vivrait avec lui pour toujours et illuminerait la plus sombre des nuits.

Fin

Note de l'auteur : Merci d'avoir lu mon histoire. J'essaie toujours d'améliorer mon écriture, donc tout feedback constructif sera reçu avec reconnaissance.