SUR UN AIR... D'ENTERREMENT

sushi-la-seule-l'unique : Tiens, ça fait un an que j'ai publié ici. Aujourd'hui, j'avais une envie de reprendre un peu la plume pour un one-shot quelque peu déprimant. Si vous êtes en passe de vous suicider, ne le lisez pas. Conseil d'amie et puis je m'en voudrai. Personnellement je suis plutôt de bonne humeur mais j'avais envie d'écrire aujourd'hui ce que vous allez peut-être lire. Désolée pour mes lectrices de D.G-School mais la suite n'est pas pour bientôt. Je préfère attendre pour vous offrir le meilleur en temps voulu.

Résumé : Ceci n'est pas une songfic mais vous pouvez écouter la chanson de Serge Gainsbourg Je suis venu te dire que je m'en vais. Ah, et puis il s'agit d'une deathfic avec spoil sur le chapitre 200.

Bonne lecture à vous !


Le vieux avait passé un accord avec les Noah. Aucun mal ne leur serait fait jusqu'à la Fin. Ils pourraient compiler cette mémoire inutile jusqu'à la fin du Grand Oeuvre du Comte, car, il fallait être réaliste, les humains n'avaient plus l'ombre d'une chance.

Un accord tacite s'établit entre les bookmen alors qu'ils rentraient au quartier général de la Congrégation.

Attablés au réfectoire, la bande de joyeux scientifiques et Lenalee. Lavi redevint celui qu'il avait toujours été en leur présence, servant un sourire fatigué adapté à leur situation. Une fois le repas entamé, la Chinoise lui fit un discret signe de tête. Il suivit la jeune femme dans un couloir désert. Après tout, il ne restait plus grand monde à la Congrégation.

La brune le prit dans ses bras, comme tentant de le réconforter d'un blessure prochaine. S'écartant de lui, elle le mit au courant de ce qui s'était passé à l'aile américaine. Tout avait été soudain. Les Noah, arrivés sans crier gare, prenant les scientifiques en otage. Puis, il y avait eu cet Alma Karma et la folie des exorcistes de troisième génération. Allen et Kanda avaient combattu. Ensuite, tout était confus. Elle tourna vers lui le regard qu'elle arborait de plus en plus souvent depuis que la guerre avait réellement commencé. Une larme, une seule, coula le long de sa joue qui n'était recouverte par son bandage. Selon les hautes instances, l'albinos avait trahi en emmenant Kanda et Alma on ne savait où à l'aide de l'Arche. Maintenant, il était prisonnier. Comme d'habitude, elle était impuissante.

Lavi avait tressailli au nom d'Alma. Ce nom était celui que Yuu avait murmuré dans son sommeil agité, les rares nuits durant lesquelles le roux n'avait pas été expulsé de la chambre après leurs ébats. Le bookman passa une main rassurante dans le dos de celle qu'il avait considéré comme une camarade. Il ne pouvait rien pour Lenalee, pas plus qu'il ne pouvait quelque chose pour le monde. Il prétexta avoir besoin de repos et la confia aux bons soins de Komui.

Allen avait été mis en cellule sous surveillance. Coupé du monde, il n'était plus ni exorciste ni noah mais une sorte d'hybride hors du monde et du temps. Bien sûr, il n'avait droit à aucune visite. Bien sûr, on ne refusait rien à la neutralité d'un bookman.

Les lourdes portes s'ouvrirent sur un être amaigri devant un plateau repas intouché. Le roux s'accroupit près du jeune homme qui semblait dormir contre un Timcanpy ronronnant dont la taille avait décuplé.

- Allen, Allen, appela-t'il doucement en le secouant par l'épaule recouverte, ainsi que tout le reste de son corps, de parchemins ensorcelés.

Au bout de plusieurs minutes, l'adolescent aux mèches blanches ouvrit des yeux fatigués. Tiens, Lavi était venu lui rendre visite. C'était étrange mais il ne s'étonnait plus de rien. Le borgne semblait inquiet et Allen savait pourquoi. La lassitude l'envahit. En dehors de l'inconscience, ses yeux lui montraient l'ombre du Quatorzième plus rayonnante que jamais.

- Allen, tu m'entends ?

Oh oui, il ne l'entendait que trop bien, cette inquiétude dans sa voix qui ne lui était pas destinée. Pendant un instant, Allen regretta que Lavi n'ait pas amené Lenalee avec lui. Quoique la jeune femme avait assez de ses propres blessures pour ne s'encombrer des siennes, n'est-ce pas ? Mais à présent, il ne songeait plus qu'à ses propres souffrances. Un élan d'égoïsme s'empara de lui. S'il disait à Lavi, il partirait et il ne voulait pas rester seul, pas avec Lui, si heureux de savoir que son heure était proche.

- Où ? Allen...

Lavi le suppliait. Voilà qui était nouveau. L'unique pupille verte le fixait avec tout le sérieux possible. Lui aussi avait bien changé. Cette guerre avait fait son lot de dégâts et continuerait à en faire.

- Matel, souffla-t'il péniblement à l'oreille du rouquin.

Ah, il avait lâché l'info. Tant pis. Il était encore plus niais que ce qu'il pouvait imaginer mais cela n'avait plus une grande importance. Maintenant, c'était une lueur d'espoir mêlée de compassion qui avait pris place dans l'émeraude. Allen persifla en lui-même. Qu'est-ce qu'il croyait vraiment trouver là-bas ? Kanda était mort et tous les autres le seraient bientôt que ce soit par la main du Comte ou celle de l'un de ses sbires. Lui aussi, mais peut-être qu'entre-temps il laisserait le Quartorzième et son insupportable bonne humeur prendre le pas sur lui. Il sourit faiblement au bookman lui serrant fortement l'épaule.

- Sois fort, Allen.

Puis les gardes refermèrent la lourde porte de la cellule sur lui.

Matel. La première mission d'Allen et Kanda les avaient conduits dans cette ville abandonnée. Il s'était tellement imprégné des rapports des missions qu'il lui semblait que les souvenirs étaient les siens. Lavi s'y rendit en moins de temps qu'il fallait pour rendre son dernier souffle.

La ville était toujours aussi désolée. Voilà bien un endroit sur Terre qui ne changerait pas beaucoup malgré la prise de pouvoir du Comte. L'héritier des bookmen se fraya un chemin parmi les décombres d'un bâtiment, vestiges d'une lutte acharnée contre un akuma de niveau deux. C'est fou ce que le menu fretin des armes du vieux Millénaire pouvait faire comme dégâts. Il déambula tel un spectre s'amusant du fait que si quelqu'un le surprenait en ce moment la rumeur sur cette cité lugubre reprendrait de plus belle. Seulement, il n'était pas sûr qu'il reste assez d'humains pour faire courir un bruit sur quelque sujet que ce fût.

Sentant un courant d'air frais, il souleva la dalle sur laquelle il était passé et déboucha sur des escaliers taillés dans la pierre brute. Sans savoir pourquoi, il se mit à courir.

Son souffle brisa le silence d'une immense salle souterraine plus si souterraine que ça. Le plafond s'était effondré, donnant l'impression qu'il avait cédé aux assauts des rayons de lune.

Il le retrouva là.

Ou plutôt, il les retrouva.

Les seconds exorcistes s'étaient éteints.

Et Il reposait là, la plus belle expression que Lavi ait jamais pu voir sur son visage, ce qui restait d'un corps monstrueux en lambeaux serré contre sa poitrine. Ses longs cheveux avaient changé de couleur, prenant une teinte violette qui rappelait tant celle des fleurs de lotus, fleurissant parfois après plusieurs siècles passés dans la vase. Une floraison que lui, Lavi, n'avait pu lui faire atteindre. Le tableau était grotesque, saisissant de beauté et de laideur, de pureté et de péché, tel les icônes de cette femme qui un jour écrasa le serpent de son talon.

Yuu Kanda était... mort.

Oui, son coeur avait arrêté de battre depuis longtemps. Pourtant, Lavi pouvait encore l'entendre résonner dans cette salle, ricochant entre les colonnes, plus fort que l'atténuation du sable. Clamant les retrouvailles avec son amour en maudissant le nom de Dieu.

Il se laissa tomber à genoux près du corps de celui qui avait été son amant mais n'osa le toucher.

Son coeur ne lui avait jamais appartenu

Jamais il n'eut aussi mal

Détournant le regard comme s'il n'avait vu

Il repartit Bookman.


Si je ne vous ai pas complètement cassé le moral je pourrais avoir une petite review ?