Ma première fic Naruto, un KakaIru (j'adoooore Kakashi!). Je l'ai écrite en juillet 2009, quand j'étais au tout début de la série (genre tome 5), ce qui fait qu'il y aura peut-être des contre-sens... par exemple pour le passé de Kakashi (je n'en parle pas beaucoup, mais ce que j'en dis est erronné... désolée...)

Disclaimer: Ni le dauphin ni l'épouvantail ne sont à moi... dommage, je les aime bien. Ils sont à Kishimoto, mais l'histoire est bien de moi !

Les âmes sœurs couchées sur papier

Chapitre 1

J'entrouvre un œil pour ensuite le refermer, démoralisé par avance.

Encore une journée pourrie en perspective, à courir après des ennemis potentiels.

Qu'est-ce qui me pousse à me lever chaque matin ?

Rien.

En dehors de mes missions, ma vie est désespérément vide.

Et mes missions sont ennuyeuses à mourir : trouver un ninja ennemi, tuer le ninja ennemi, ramener au Hokage les documents volés par le ninja ennemi.

Puis un rapport.

Puis de nouveau le vide intersidéral jusqu'à la mission suivante.

Ce vide est peuplé, bien sûr, de quelques visages plus ou moins amis : Naruto, Sasuke, Sakura, Gaï, …

Et pour tromper l'ennui je me plonge dans ces bouquins pervers qui n'ont de roman que le nom.

Souvent, je prends conscience du vide à mes pieds. Je ne suis rien de plus qu'un ninja copieur, un stupide shinobi payé pour tuer d'autres shinobis. Et, immanquablement, je sens ma poitrine se déchirer, comme si quelqu'un avait enfin réussi à percer ma défense et à m'enfoncer un kunaï dans le sternum.


J'entrouvre un œil pour ensuite le refermer, démoralisé par avance.

Encore une journée pourrie en perspective, à courir après Konohamaru et sa clique.

Qu'est-ce qui me pousse à me lever chaque matin ?

Oh, des tas de choses : voir Naruto, manger des ramen avec lui à Ichiraku, donner cours à mes petits monstres, partager mon bento avec mes amis, rentrer chez moi à pied en savourant l'air frais du soir, boire un peu avant de me coucher pour une nouvelle nuit.

En dehors de cela, ma vie est vide.

Personne n'est jaloux du temps que je passe avec Naruto, personne ne propose de manger des ramen avec moi, personne ne m'encourage avant une journée face à mes monstres, personne ne me prépare mon bento, personne ne marche avec moi main dans la main, personne ne boit avec moi avant de se coucher à mes côtés.

Souvent je prends conscience du vide à mes pieds. Je ne suis rien de plus qu'un type comme un autre, un ninja pas assez doué qui a dû devenir prof pour enseigner à d'autres futurs ninjas ce que n'importe qui d'autre pourrait leur apprendre. Et, immanquablement, je sens ma poitrine se déchirer, comme si Konohamaru avait enfin réussi à me prendre par surprise et à m'enfoncer un kunaï dans le sternum.


Kakashi ferma le petit carnet dans lequel il avait décidé de noter ses impressions chaque jour.

Un journal intime, en d'autres termes.

Il avait besoin, bizarrement, de faire part à quelqu'un de sa peine. Quoi de mieux qu'un carnet, alors ?

Quand il écrivait, il se sentait comme libéré d'un poids. Il lui semblait que c'était quelqu'un d'autre qui écrivait à sa place, tant les mots lui venaient facilement.

Kakashi se leva et gratta son menton, avant d'enfiler son masque. Il déambula en sous-vêtements dans son appartement et se servit une tasse de café. Il se regarda dans le miroir au-dessus de son lavabo, à l'autre bout de la pièce, et fut soudain dégoûté parce qu'il y voyait. Il saisit un shuriken et le lança vers la glace. Il se ficha en plein milieu du front de son reflet et le miroir se brisa.

Le ninja copieur se traîna jusqu'à sa chambre et s'habilla. Il glissa son carnet dans une poche de sa veste, avec son Icha Icha Paradise.

Il attrapa son bandeau frontal et le noua de façon à masquer son sharingan.

Il sortit sans un regard pour son appartement vide aux murs nus.


Iruka referma son carnet.

Il n'en revenait pas d'avoir eu cette idée stupide d'écrire ses tracas, mais ça le soulageait quand même.

Il ne se reconnaissait pas quand il se relisait. C'était comme si sa peine avait investi tout son corps et avait écrit à sa place.

Il sentit une larme rouler sur sa joue.

Il se traita d'imbécile en essuyant son visage.

Ce n'était qu'en écrivant qu'il avait pris conscience de ce qui lui manquait : quelqu'un dans sa vie.

Et c'était déjà beaucoup trop.

Il attacha ses cheveux en queue de cheval et s'habilla pour aller donner cours à ses élèves.

Il glissa son carnet dans la poche de sa veste. Il valait mieux que personne ne tombe là-dessus.


Kakashi croisa deux enfants qui se poursuivaient en riant. Il ressentit soudain le besoin pressant d'écrire quelque chose, de mettre sur papier la douleur qu'il avait éprouvée en voyant ces gamins courir. Il bondit sur la branche d'un arbre, se dissimula dans le feuillage et sortit son carnet.

C'est l'œuf qui fait l'oiseau, la chenille qui fait le papillon. C'est donc l'enfant qui fait l'homme.

Si un œuf est petit, l'oiseau sera minuscule. Si la chenille est colorée, le papillon sera magnifique. Donc, l'état de l'homme dépend de ce qu'il fut enfant.

Si l'enfant est intelligent, l'homme sera un génie.

Si l'enfant est mignon, l'homme sera beau.

Si l'enfant est costaud, l'homme sera fort.

Si l'enfant n'est pas, l'homme ne sera pas non plus.

Je ne fus jamais enfant. Est-ce pour cela que je ne me sens pas homme ? Est-ce pour cela que je ressens un vide immense au creux de mon ventre ?

J'aurais peut-être dû profiter de ce temps-là, ce temps où on a droit à l'erreur, où on apprend à devenir quelqu'un de bien, où on comprend que l'amour d'un ami vaut infiniment plus que la mort d'un ennemi.

Si Iruka aimait tant son métier, c'est parce qu'il pouvait donner à tous ces futurs shinobis tout ce qu'il n'avait jamais reçu étant enfant.

Il leur donnait des sourires et des encouragements, parce que les enfants en ont plus besoin que de promesses de carrière ninja.

Il arriva une demi-heure en avance dans sa classe et en profita pour écrire encore un peu.

Peut-être que si mes parents n'avaient pas été de si brillants ninjas, j'aurais eu une meilleure enfance. Je n'aurais pas été seul. Je crois que tout ce que vit un enfant se répercute dans sa vie future.

Si aujourd'hui je suis si seul, c'est parce que hier mes parents me laissaient derrière eux.

Je ne demande rien de plus qu'une présence, une unique présence qui vaudrait à mes yeux toutes les vies de Konoha.

Mais je ne sais pas si je suis capable de trouver cette personne. Enfant, je n'ai jamais appris si elle existait seulement.

J'aurais dû chercher à être heureux en ce temps-là. Maintenant, c'est certainement trop tard.


Kakashi vit au loin Sakura dévorer Sasuke du regard.

Il se sentit un peu jaloux d'elle, de lui. Ils avaient tout le temps du monde pour aimer et être aimé. Lui déjà n'était plus qu'un ninja au cœur froid et dur comme la pierre.

Le ninja copieur se cacha pour écrire à nouveau.

De toute façon, un quart d'heure de retard de plus ou de moins…


Iruka regarda, par la fenêtre, un couple s'embrasser dans la rue, de simples gens normaux, pas des ninjas, juste des gens qui s'aimaient sans avoir à s'inquiéter du fait que l'un d'eux risquait de ne pas revenir de mission, puisque de toute façon ils ne partaient pas en mission.


Un ninja peut-il tomber amoureux ?

Dans mon cas personnel, la question ne se pose même pas : non. Je suis trop replié sur moi-même pour pouvoir tomber amoureux.

Mais pour les autres ? Un ninja pourrait-il imaginer aimer quelqu'un, alors qu'il a toutes les chances de mourir en mission ?

Quelqu'un serait assez cruel pour imposer à l'autre cette possibilité, cette éventualité de mort imminente ?

Je me demande parfois si je préfèrerais être avec quelqu'un qui risque de mourir d'un jour à l'autre, ou être seul.

Je préfèrerais aimer. Mais rien en moi ne mérite d'être aimé.


Un ninja peut-il tomber amoureux ?

Oui, bien sûr. Il y a tant de couples de ninjas.

Mais moi, serais-je capable de supporter cette menace de mort perpétuelle ?

Sûrement pas.

De toute façon, la question ne se pose même pas. Qui voudrait d'un stupide Chuunin, infichu de passer Jonin ?

Je me demande parfois si je préfèrerais être avec quelqu'un qui risque de mourir d'un jour à l'autre, ou être seul.

Je préfèrerais aimer. Mais rien en moi ne mérite d'être aimé.


Kakashi leva la tête, l'air infiniment blessé.

Même si l'écriture lui ôtait un poids, elle le mettait face à ses manquements, ses défauts, ses lacunes.

Et c'était extrêmement douloureux.


Iruka rangea son carnet. Ses élèves entraient en classe, sa journée commençait pour de bon.

Il regarda successivement chaque petite tête ronde en priant pour que ces enfants ne connussent jamais ses tourments.

A suivre...